Rafaela Ishton : le parcours d’une femme Selk’nam à une période charnière

Rafaela Ishton demeure l’une des figures les plus importantes et emblématiques de la résistance culturelle et de la mémoire Selk’nam de Terre de Feu. Fille de Felipe Ishton et de Petronila Tial, tous deux Selk’nam ayant vécu selon les habitudes ancestrales de leur peuple, elle incarne la dignité, la résilience et la transmission d’une identité qui a bravé l’extermination, l’exil puis la marginalisation au XXe siècle.

Son nom reste aujourd’hui associé à la communauté autochtone Selk’nam d’Argentine (Comunidad Indígena Selk’nam Rafaela Ishton), en hommage à son combat pour la mémoire et les droits des peuples indigènes Selkn’am et Haush.

Son enfance sur la Grande Île de Terre de Feu

Née le 1er août 1919 à l’estancia La Herminita, Rafaela baigne dès l’enfance dans la culture et la langue maternelle de son peuple. À l’âge de 5 ans, elle perd sa mère et est prise en charge par la Mission salésienne, institution catholique à la fois refuge, lieu de maltraitances et vecteur d’acculturation. Jusqu’à ses 20 ans, elle y mène sa jeunesse, subissant de plein fouet la disparition progressive des modes de vie traditionnels, alors que son peuple est violemment confronté aux bouleversements coloniaux.

La disparition accélérée du mode de vie ancestral Selk’nam — décimations, spoliations, migration — façonne sa jeunesse. C’est aussi dans ces années qu’elle apprend à naviguer entre plusieurs univers : autochtone, missionnaire, rural et ouvrier.

Une résistance silencieuse et en famille

Rafaela Ishton traverse une époque où la négation identitaire et la dépossession foncière sont la règle. Après les massacres et la réduction massive de la population au début du XXe siècle, les Selk’nam sont souvent réduits à l’exil répété, à la précarité et à une invisibilité sociale entretenue. L’intégration forcée dans l’économie des estancias (travail rural, domestique, pêche) contraste avec la mémoire d’une existence nomade et autonome.

En décembre 1940, elle épouse Santiago Rupatini et le couple part s’installer sur les rives du lac Khami (Fagnano), à l’estancia La Pampa, pour élever du bétail et tenter de maintenir une économie familiale dans un espace autrefois saisi aux Selk’nam. Rafaela travaille également comme cuisinière dans différentes estancias de la région, à Sara et San Sebastián, témoignage du rôle économique occupé par de nombreux survivants et descendants de survivants dans la nouvelle société de Terre de Feu en mutation.

Rafaela Ishton femmes selk'nam résistance culturelle patagonie et terre de feu argentine
source de l’image: https://www.eldiariodelfindelmundo.com/noticias/2025/08/01/112075-nace-rafaela-ishton-emblema-de-la-cultura-originaria

La famille finit par s’installer à Ushuaia, capitale provinciale. Rafaela s’y emploie à la municipalité et élève ses cinq enfants : Juan Carlos, María Esther, Amalia, Carlos Armando et Aldo Domingo. Elle laisse aussi une importante postérité, de nombreux petits-enfants et descendants, portant aujourd’hui la fierté Selk’nam dans l’espace public.

Figure de mémoire et de la renaissance d’une communauté

Rafaela Ishton décède à l’âge de 66 ans, en 1985, à Ushuaia. Elle laisse derrière elle un héritage qui devient rapidement référence pour les descendants Selk’nam et symbole de l’engagement pour la mémoire autochtone. Son prénom est choisi par les siens pour nommer la « Communauté indigène Rafaela Ishton », reconnue en 1996 par l’Institut National des Affaires Indigènes d’Argentine, première entité Selk’nam officiellement enregistrée dans le pays. C’est également une référence pour toute la mouvance indigène du Sud austral (y compris les Haush et les Yagan).

La communauté impulsera des actions en faveur de la restitution foncière, de la revitalisation des pratiques culturelles, de la consultation auprès des pouvoirs publics, et demeure aujourd’hui l’interlocutrice principale pour la défense de la mémoire et des droits Selk’nam en Argentine.

La « Communauté indigène Rafaela Ishton » est à l’origine de nombreuses mobilisations. Son territoire communautaire à Tolhuin a reçu la première reconnaissance foncière autochtone argentine en 2014, sur la rive est du Lac Khami (Fagnano), un acte historique pour les peuples indigènes d’Argentine. Elle œuvre aujourd’hui dans l’inclusion des droits autochtones dans l’état civil (actes de naissance intégrant l’appartenance indigène), la participation à la gestion des forêts et du territoire, et la perpétuation de la mémoire orale de la culture Selk’nam.

Rafaela Ishton reste ainsi un symbole vivant, honoré dans les discours et la pratique, autour de l’idée de résistance, de dignité, mais aussi de vie au quotidien et d’ancrage sur la terre ancestrale. Sa trajectoire individuelle illustre la lutte pour la transmission identitaire et la résistance pacifique d’un peuple déclaré disparu mais qui n’a pourtant jamais cessé d’être vivant.

La Mission scientifique française du cap Horn (1882-1883) : une exploration pluridisciplinaire aux confins du monde

La Mission scientifique française du cap Horn (1882-1883) : une exploration pluridisciplinaire aux confins du monde

La mission scientifique française du cap Horn de 1882-1883 a été menée dans le cadre de la première Année polaire internationale. Cette expédition multidisciplinaire a permis de rassembler une documentation extraordinaire sur les aspects géographiques, hydrographiques, géomagnétiques et géologiques de l’archipel fuégien. Sous le commandement de Louis-Ferdinand Martial et à bord du navire La Romanche, l’expédition a établi sa base principale dans la baie Orange, sur l’île Hoste, à environ 40 kilomètres au nord-ouest du cap Horn.

Le contexte géopolitique et scientifique de l’expédition

La genèse de l’Année polaire internationale

L’initiative de cette mission s’inscrit dans un mouvement scientifique international d’une ampleur inédite : en 1879, lors du Congrès international de météorologie de Rome, onze pays européens associés aux États-Unis décident de coordonner leurs recherches pour étudier simultanément les phénomènes géodésiques autour des pôles. Cette première Année polaire internationale représente un tournant dans l’histoire de la coopération scientifique mondiale, avec des stations d’observation établies simultanément dans l’Arctique et l’hémisphère sud.

La France choisit stratégiquement la Terre de Feu comme terrain d’exploration, motivée par une double ambition : affirmer sa capacité scientifique face aux puissances rivales (notamment l’Angleterre et l’Allemagne) et contribuer à la connaissance exhaustive d’un territoire alors largement méconnu. Le programme scientifique international visait principalement l’étude du magnétisme terrestre, de la météorologie et l’observation du passage de Vénus devant le Soleil le 6 décembre 1882.

L’organisation de la mission scientifique française du cap Horn

L’expédition bénéficie du patronage conjoint des ministères de la Marine et de l’Instruction publique, placée sous le contrôle scientifique du Muséum national d’histoire naturelle et de l’Académie des sciences. L’Académie des sciences de Paris créé une commission spéciale dirigée par Jean-Baptiste Dumas, secrétaire perpétuel, et comprenant notamment Alphonse Milne-Edwards, pionnier de l’océanographie française. Cette organisation reflète la volonté institutionnelle française de faire de cette mission un modèle d’excellence scientifique.

Le navire La Romanche : un laboratoire flottant adapté aux mers australes

Caractéristiques techniques et adaptations

La Romanche est un trois-mâts barque de la marine nationale française, de 1 700 tonneaux et 64 mètres de long. Pour l’adapter à cette mission spécifique dans les mers australes, le navire subit plusieurs transformations intérieures cruciales. Ces modifications incluent l’installation d’équipements scientifiques spécialisés, de laboratoires et d’espaces de stockage pour les instruments de mesure et les collections.

L’équipage comprend 140 personnes, réparties entre marins, officiers et personnel scientifique. Cette importante dotation humaine permet d’assurer simultanément les opérations maritimes complexes et les programmes scientifiques multidisciplinaires. La division de l’équipe en deux groupes – l’un à terre pour les observations fixes, l’autre en mer pour les relevés hydrographiques – témoigne de l’ambition de l’expédition.

mission scientifique du cap horn 1882-1883 La Romanche au mouillage au sud de la Terre de Feu durant la mission scientifique française du cap horn
La Romanche, navire de la mission scientifique française du cap Horn, au mouillage dans l’archipel fuégien (Baie Romanche, nord de l’île Gordon, Chili)

Itinéraire et navigation vers la Terre de Feu

L’expédition quitte Cherbourg le 17 juillet 1882, effectuant des escales stratégiques à Santa Cruz de Tenerife et Montevideo. À Montevideo, Louis-Ferdinand Martial rencontre l’expédition italo-argentine dirigée par le commandant Giacomo Bove, échangeant des informations précieuses sur les conditions de navigation et les particularités de la région australe.

La Romanche atteint la baie Orange le 6 septembre 1882, après avoir navigué dans des conditions particulièrement difficiles. Le choix de ce site résulte d’une analyse minutieuse : la baie offre un mouillage de qualité, une proximité immédiate avec le cap Horn, et la disponibilité en bois et eau douce indispensables à un séjour prolongé.

L’installation scientifique de la baie Orange : une base d’observation d’exception

Architecture et équipements de la station terrestre

L’installation terrestre, établie sur les flancs d’une colline abrupte, s’étend sur 450 m² et constitue un véritable complexe scientifique. Les infrastructures comprennent :

  • Un observatoire magnétique équipé des instruments les plus avancés de l’époque pour les mesures de déclinaison, inclinaison et intensité magnétiques
  • Un observatoire astronomique pour les observations du passage de Vénus et les calculs de position précise
  • Une cabane spécialisée pour l’appareil de dosage de l’acide carbonique atmosphérique, innovation remarquable pour l’époque
  • Une station marégraphique avec un pont de 30 mètres installé avec l’aide d’un scaphandrier pour les mesures précises des marées
  • Des laboratoires photographiques et d’histoire naturelle équipés pour le traitement des échantillons
  • Des chambres barométriques pour les mesures atmosphériques continues

Instrumentation scientifique de pointe

L’équipement scientifique embarqué représente l’état de l’art de l’instrumentation météorologique et géophysique des années 1880. Les instruments incluent des marégraphes enregistreurs automatiques, des thermomètres de précision, des baromètres étalonnés, des appareils de dosage gazeux, des photomètres pour l’étude de la radiation solaire, et un ensemble complet d’instruments magnétiques calibrés au laboratoire central de France.

Cette instrumentation permet d’effectuer des mesures continues et précises sur une gamme étendue de paramètres physiques, constituant l’une des premières stations d’observation multidisciplinaire de l’hémisphère sud.

Les observations météorologiques : une documentation climatologique exhaustive

Programme et méthodologie des relevés atmosphériques

Le programme météorologique, dirigé par le capitaine de frégate Jules Lephay, constitue l’un des volets les plus systématiques de la mission. Les observations, réalisées entre octobre 1882 et septembre 1883, couvrent l’ensemble des paramètres atmosphériques : pression barométrique, température de l’air et de l’eau de mer, humidité relative, nébulosité, direction et force du vent, précipitations.

La fréquence des observations atteint un niveau remarquable pour l’époque : relevés horaires pendant les périodes d’activité normale, observations continues pendant les phénomènes météorologiques exceptionnels. Plus de 120 000 données numériques sont compilées durant le séjour, constituant la base de données climatologique la plus complète jamais rassemblée pour cette région.

Innovations dans l’étude de la physique atmosphérique

L’expédition française innove particulièrement dans l’étude de la composition chimique atmosphérique. Sous l’impulsion d’Achille Müntz et d’Eugène Aubin, 39 mesures de concentration en dioxyde de carbone sont effectuées dans la baie Orange, complétées par 6 mesures durant le voyage de retour vers Cherbourg. Ces observations, parmi les premières au monde de ce type, révèlent une concentration moyenne de 256 ppm, fournissant des données précieuses pour la compréhension des variations géographiques du CO₂ atmosphérique.

Les études incluent également des recherches sur l’électricité atmosphérique, les radiations solaires, l’évaporation de l’eau douce, et la décroissance de la température avec l’altitude. Ces travaux, publiés dans le tome III de la mission sous le titre “Recherches sur la constitution chimique de l’atmosphère”, constituent une contribution majeure à la physique atmosphérique naissante.

Caractérisation du climat fuégien

Les résultats météorologiques permettent une caractérisation précise du climat de l’archipel du cap Horn. Jules Lephay documente la fréquence exceptionnelle des tempêtes (plus de 200 jours de vent fort par an), l’instabilité permanente des conditions atmosphériques, et l’influence des masses d’air antarctiques sur le régime météorologique local. Les données sur les précipitations révèlent un total annuel dépassant 3 000 mm, avec une répartition saisonnière marquée par l’intensité hivernale.

Ces observations enrichissent considérablement la connaissance des “parages tourmentés du cap Horn” et fournissent aux navigateurs des informations essentielles pour la sécurité de la navigation dans cette région réputée redoutable.

Le programme géomagnétique : cartographier le champ magnétique austral

Méthodologie et instrumentation magnétique

Le programme géomagnétique, dirigé par François-Octave Le Cannellier, constitue l’un des volets les plus sophistiqués techniquement de l’expédition. Les observations portent sur la détermination des éléments magnétiques absolus : déclinaison magnétique, inclinaison magnétique et intensité horizontale. L’instrumentation comprend des théodolites magnétiques de précision, des inclinomètres, des magnétomètres à oscillations et des appareils d’enregistrement continu des variations magnétiques.

La station magnétique de la baie Orange est établie selon les normes internationales les plus strictes, avec un observatoire en bois non magnétique, isolé des perturbations métalliques du campement principal. Les instruments, calibrés dans les observatoires de référence européens, permettent d’atteindre une précision de mesure remarquable pour l’époque.

Contribution à la cartographie magnétique mondiale

Les observations géomagnétiques de la mission française s’inscrivent dans le vaste programme international de cartographie du champ magnétique terrestre initié par Carl Friedrich Gauss et Wilhelm Weber. Les mesures effectuées dans la baie Orange complètent les données arctiques et contribuent à la détermination de la position du pôle magnétique sud et à la modélisation mathématique du champ géomagnétique global.

Les résultats, publiés dans le tome III “Magnétisme terrestre”, incluent les valeurs absolues des éléments magnétiques, les variations diurnes et les perturbations magnétiques observées. Ces données restent référencées dans les travaux géomagnétiques postérieurs et contribuent à la compréhension de l’évolution séculaire du champ magnétique terrestre.

Phénomènes magnétiques particuliers observés

L’équipe française documente plusieurs phénomènes magnétiques remarquables spécifiques aux hautes latitudes australes. Les observations incluent des variations magnétiques corrélées aux aurores australes, des perturbations liées aux orages magnétiques, et des anomalies locales attribuées aux formations géologiques particulières de l’archipel fuégien. Ces observations enrichissent la compréhension des interactions entre le champ magnétique terrestre et les phénomènes atmosphériques de haute altitude.

Les levés hydrographiques et la découverte de la fosse Romanche

Campagnes de sondages bathymétriques

Parallèlement aux observations terrestres, La Romanche effectue d’importantes campagnes hydrographiques le long des côtes fuégiennes et dans l’Atlantique Sud. Entre septembre 1882 et novembre 1883, le navire réalise sept voyages entre Punta Arenas et les îles de l’extrême sud, ainsi qu’un séjour aux îles Malouines. Ces campagnes permettent d’effectuer des relevés cartographiques précis et des sondages bathymétriques systématiques dans des eaux largement inexplorées.

L’équipement hydrographique comprend des sondeurs à ligne, des chronomètres de marine pour la détermination précise de la longitude, des sextants perfectionnés pour les observations astronomiques, et des instruments de mesure des courants marins. Ces campagnes permettent de corriger et de compléter significativement les cartes existantes de la région australe.

La découverte exceptionnelle de la fosse Romanche

L’événement hydrographique le plus remarquable de l’expédition survient lors du voyage de retour. Le 11 octobre 1883, dans l’Atlantique équatorial, La Romanche effectue un sondage révélant une profondeur de 7 761 mètres, découvrant ainsi la fosse Romanche. Cette découverte majeure révèle l’existence de la troisième fosse océanique la plus profonde de l’Atlantique, après la fosse de Porto Rico et celle des îles Sandwich du Sud.

La fosse Romanche, longue de 300 kilomètres et large de 19 kilomètres en moyenne, constitue une fracture fondamentale de la dorsale médio-atlantique. Sa découverte par l’expédition française contribue significativement à la compréhension de la géographie des fonds océaniques et préfigure les développements futurs de l’océanographie abyssale. Le nom de “fosse Romanche” perpétue la mémoire de cette découverte française remarquable.

Études des marées et de l’océanographie côtière

Les observations marégraphiques effectuées dans la baie Orange constituent l’un des premiers enregistrements systématiques des marées dans l’hémisphère sud austral. Le marégraphe enregistreur, installé sur un pont spécialement construit, permet d’étudier les caractéristiques du régime de marée semi-diurne de l’archipel fuégien, avec des amplitudes atteignant plusieurs mètres.

Ces études révèlent les particularités de la propagation des ondes de marée dans les chenaux complexes de l’archipel, l’influence de la topographie sous-marine sur les courants de marée, et les phénomènes de résonance dans les baies fermées. Les données collectées contribuent à améliorer la sécurité de la navigation dans cette région aux courants particulièrement forts.

L’exploration géologique : révéler la structure de l’archipel fuégien

Géologie structurale et pétrographie

Le programme géologique, dirigé par Paul Hyades, vise à élucider la structure géologique complexe de l’archipel fuégien. Les investigations portent sur la stratigraphie, la pétrographie, la tectonique et les processus géomorphologiques. L’équipe française effectue des levés géologiques détaillés, des collectes d’échantillons rocheux et des études de terrain dans des conditions souvent extrêmes.

Les résultats révèlent la complexité géologique exceptionnelle de la région, avec des formations métamorphiques anciennes, des intrusions granitiques, et des séquences sédimentaires déformées par les mouvements tectoniques andins. Cette diversité géologique explique les paysages spectaculaires de l’archipel et les variations importantes de la topographie sous-marine observées lors des sondages.

Paléontologie et géologie historique

Les recherches paléontologiques permettent de découvrir des fossiles caractéristiques qui contribuent à la datation des formations géologiques et à la reconstitution de l’histoire géologique de la région. Ces découvertes enrichissent la compréhension de l’évolution géodynamique de l’extrême sud de l’Amérique du Sud et de ses relations avec l’Antarctique.

L’étude des formations quaternaires révèle les traces des glaciations anciennes, avec des moraines, des stries glaciaires et des dépôts erratiques témoignant de l’extension passée des glaciers dans l’archipel. Ces observations contribuent à la reconstitution paléoclimatique de la région et à la compréhension des variations climatiques passées.

Volcanisme et activité géothermique

Bien que la région ne présente pas d’activité volcanique récente, l’équipe française documente les traces de volcanisme ancien et étudie les phénomènes géothermiques locaux. Ces études contribuent à la compréhension de l’évolution magmatique de la cordillère des Andes australes et de ses relations avec la subduction de la plaque de Nazca.

La cartographie et la géodésie : préciser la géographie australe

Levés topographiques et triangulations

L’expédition française effectue des levés topographiques précis de la baie Orange et des régions avoisinantes. Ces travaux, utilisant les méthodes géodésiques les plus avancées de l’époque, permettent de corriger les cartes existantes et de fournir des positions géographiques d’une précision inégalée. Les triangulations s’appuient sur des observations astronomiques répétées et des mesures d’angles horizontaux et verticaux avec des théodolites de précision.

Ces levés révèlent les inexactitudes importantes des cartes antérieures et contribuent significativement à l’amélioration de la cartographie de l’archipel fuégien. Les positions déterminées servent encore de référence pour les cartographies modernes de la région.

Détermination astronomique des coordonnées

Les observations astronomiques, effectuées tant à terre qu’en mer, visent à déterminer avec la plus grande précision possible les coordonnées géographiques des stations d’observation. Ces travaux utilisent les méthodes classiques de l’astronomie de position : observations méridiennes, hauteurs correspondantes, occultations stellaires. La qualité exceptionnelle du ciel austral, malgré la fréquence des nuages, permet d’obtenir des résultats d’une précision remarquable.

L’observation du passage de Vénus du 6 décembre 1882 constitue l’un des objectifs prioritaires de la mission. Cet événement astronomique rare permet de contribuer à la détermination de la parallaxe solaire et donc de la distance Terre-Soleil, enjeu scientifique majeur de l’époque.

Les études géomorphologiques et l’évolution du paysage

Processus d’érosion et sédimentation

L’équipe française documente minutieusement les processus géomorphologiques actifs dans l’archipel fuégien. L’érosion marine, particulièrement intense en raison des tempêtes fréquentes et des amplitudes de marée importantes, sculpte constamment les côtes rocheuses. Les observations révèlent des taux d’érosion exceptionnellement élevés, avec des reculs de falaise mesurables à l’échelle humaine.

Les processus fluviatiles, bien que limités par la taille modeste des cours d’eau, participent activement au modelé du relief par l’incision des vallées et le transport sédimentaire. Les études révèlent l’influence déterminante des cycles gel-dégel sur la désagrégation des roches et la production de sédiments.

Impact des glaciers et héritages glaciaires

L’archipel fuégien porte les traces évidentes de glaciations anciennes et actuelles. L’équipe française documente l’extension des glaciers contemporains, notamment ceux qui atteignent encore la mer, et étudie les formes d’érosion glaciaire : cirques, vallées en U, fjords. Ces observations contribuent à la compréhension de l’évolution paléogéographique de la région et des variations climatiques quaternaires.

Les dépôts morainiques, les blocs erratiques et les stries glaciaires témoignent de l’extension passée des glaciers, permettant de reconstituer les paléogéographies glaciaires et d’estimer l’ampleur des changements climatiques anciens.

L’héritage scientifique et les publications

Les sept tomes de la publication officielle

Les résultats de la mission sont publiés entre 1885 et 1891 en sept tomes constituant l’une des publications scientifiques les plus complètes de l’époque. Cette œuvre monumentale comprend :

  • Tome I : Histoire du voyage (Louis-Ferdinand Martial)
  • Tome II : Météorologie (Jules Lephay)
  • Tome III : Magnétisme terrestre et constitution chimique de l’atmosphère (Le Cannellier, Müntz, Aubin)
  • Tome IV : Géologie (Paul Hyades)
  • Tome V : Botanique (Hariot, Petit, Bescherelle, Franchet)
  • Tome VI : Zoologie (Milne-Edwards, Oustalet, Vaillant)
  • Tome VII : Anthropologie et Ethnographie (Hyades, Deniker)

Cette publication constitue une référence scientifique majeure, citée encore aujourd’hui dans les travaux de recherche sur l’Antarctique et l’océan Austral.

Impact sur la géographie et la navigation australes

Les travaux géographiques et hydrographiques de l’expédition révolutionnent la connaissance de l’archipel fuégien et améliorent considérablement la sécurité de la navigation dans le passage du cap Horn. Les cartes corrigées, les données météorologiques et les observations sur les courants marins sauvent de nombreuses vies humaines en permettant une navigation plus sûre dans cette région.

La découverte de la fosse Romanche ouvre de nouvelles perspectives à l’océanographie et préfigure les grands programmes d’exploration des abysses du XXe siècle. Cette découverte française majeure illustre l’impact durable de cette expédition sur les sciences marines.

L’innovation technologique et méthodologique

L’expédition française innove dans plusieurs domaines technologiques. Les adaptations spécifiques des instruments aux conditions extrêmes de l’environnement austral préfigurent les développements futurs de l’instrumentation polaire. Les techniques de protection contre l’humidité, le froid et les tempêtes développées par l’équipe française sont adoptées par les expéditions ultérieures.

L’utilisation systématique de la photographie scientifique, tant pour la documentation des phénomènes naturels que pour l’anthropologie, constitue une innovation remarquable. Les 323 plaques photographiques rapportées représentent l’une des premières documentations photographiques complètes d’une région polaire.

Pour en savoir plus sur le volet ethnologique et anthropologique de la mission, rdv ici : https://karukinka.eu/fr/mission-scientifique-du-cap-horn-1882-1883/

Un jalonnement scientifique exceptionnel

La mission scientifique française du cap Horn de 1882-1883 représente un accomplissement scientifique et technique remarquable qui transcende largement ses objectifs initiaux. Au-delà des contributions spécifiques à la météorologie, au géomagnétisme, à l’hydrographie et à la géologie, cette expédition établit les fondements méthodologiques de l’exploration scientifique polaire moderne.

L’installation de la baie Orange, véritable laboratoire scientifique aux confins du monde, démontre la capacité française à mener des programmes de recherche d’excellence dans les conditions les plus extrêmes. Les 120 000 observations météorologiques, les mesures géomagnétiques continues, les 39 analyses atmosphériques de CO₂, les levés hydrographiques systématiques et la découverte de la fosse Romanche constituent un patrimoine scientifique d’une richesse exceptionnelle.

Cette mission illustre parfaitement l’esprit scientifique de la fin du XIXe siècle, alliant rigueur méthodologique, innovation technologique et ambition géographique. Elle témoigne de la contribution française majeure à la première Année polaire internationale et établit la réputation d’excellence de l’océanographie française qui perdure encore aujourd’hui.

L’héritage de cette expédition dépasse le cadre purement scientifique pour s’inscrire dans l’histoire de l’exploration humaine et de la coopération internationale. Les sept tomes de publication, les collections scientifiques conservées dans les institutions françaises, et l’impact durable sur la cartographie australe constituent un témoignage permanent de cette réussite.

Bibliographie

Sources primaires et documents d’archives

Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883. Paris : Ministères de la Marine et de l’Instruction publique, 1885-1891, 7 volumes. Internet Archive.

Martial, Louis-FerdinandMission scientifique au Cap Horn 1882-1883. Observatoire de la Côte d’Azur, Collections numérisées.

Lephay, JulesMission scientifique du cap Horn, 1882-1883: Météorologie. Paris, 1885-1891.

Le Cannellier, François-Octave. “Magnétisme terrestre”. In Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883, Tome III. Paris : Ministères de la Marine et de l’Instruction publique, 1885-1891.

Müntz, Achille & Aubin, Eugène. “Recherches sur la constitution chimique de l’atmosphère”. In Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883, Tome III. Paris : Ministères de la Marine et de l’Instruction publique, 1885-1891.

Sources académiques contemporaines

Baker, F.W.G. “The First International Polar Year (1882–1883): French Measurements of Carbon Dioxide Concentrations in the Atmosphere at Bahia Orange, Hoste Island, Tierra del Fuego”. Polar Record, vol. 45, no. 3, juillet 2009, p. 204-208. Cambridge University Press.

Chapman, Anne, Barthe, Christine & Revo, ChristopheCap Horn, 1882-1883. Rencontre avec les Indiens Yahgan. Paris : Éditions de la Martinière, 1995.

Ouvrages et articles spécialisés

“Terrestrial magnetism II. Into the field”Lyell Collection, chapitre 3, 24 novembre 2024. Geological Society of London.

“Missions magnetiques organisees par le Bureau des longitudes”Astrophysics Data System, Harvard University, 1903.

“The International Polar Year 1882–1883”Academia.edu, 8 décembre 2016.

Martin Gusinde Anthropological Museum. Collections et documentation sur les expéditions scientifiques en Terre de Feu. Musée Yaganusi, Chili.

Publications d’institutions scientifiques

Observatoire de la Côte d’Azur. “Expo Livre : La Mission scientifique au Cap horn 1882-1883 par Louis-Ferdinand Martial”. Collections numérisées, 10 mai 2023.

Service bibliothèque de l’Observatoire de la Côte d’Azur. “Geophysics — Horn, Cape (Chile)”. Catalogue en ligne, 2003.

SUDOC (Système universitaire de documentation). “Mission scientifique du Cap Horn, 1882-1883 Tome III”. Notice bibliographique, 2018.

Sources océanographiques et géophysiques

“Summary of hydrographic observations in Drake Passage”CLIVAR, Documents de recherche océanographique.

“THE BATHYMETRIC SOUNDINGS OF THE OCEANS”International Hydrographic Review, University of New Brunswick.

“Topo-bathymetric and oceanographic datasets for coastal flooding”Earth System Science Data, Copernicus Publications, 2021.

“THE INTERNATIONAL HYDROGRAPHIC REVIEW”. Organisation hydrographique internationale, novembre 2021.

Blogs et sites spécialisés

“La Romanche en Terre de Feu et au Cap Horn (1882-1883)”Bibulyon – Carnet de la bibliothèque de Lyon, 10 janvier 2021.bibulyon.hypotheses

“WDC-MARE Reports”EPIC – Electronic Publication Information Center, Alfred Wegener Institute.epic.awi

Sources complémentaires sur l’exploration polaire

“ANNALS OF THE INTERNATIONAL GEOPHYSICAL YEAR 1959”National Snow and Ice Data Center (NSIDC).ftp.nsidc

“History of geomagnetism”. Encyclopedia Britannica / Wikipedia, 23 octobre 2011.wikipedia

“European and American voyages of scientific exploration”. Encyclopedia of exploration history, 30 avril 2011.wikipedia

Archives photographiques et visuelles

“Engravings of Tierra del Fuego”Wikimedia Commons, 31 décembre 2021.wikimedia

Archives photographiques de la mission du Cap Horn. Collections du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac et de la Bibliothèque nationale de France, Paris.

Publications officielles historiques

“L’Exploration : journal des conquêtes de la civilisation sur tous les points du globe”Gallica – Bibliothèque nationale de France, 14 octobre 2007.

“FIFTY YEARS AGO…”International Hydrographic Review, Archives historiques de la navigation.

Réserve de biosphère de Cabo de Hornos : un sanctuaire subantarctique d’exception

Réserve de biosphère de Cabo de Hornos : un sanctuaire subantarctique d’exception

La réserve de biosphère de Cabo de Hornos (Réserve naturelle cap Horn), établie en 2005, constitue l’une des aires protégées les plus méridionales et les plus vastes du globe, couvrant plus de 4 884 000 hectares de terres et d’eaux australes. Elle concentre des écosystèmes terrestres et marins uniques, des forêts subantarctiques intactes, une biodiversité exceptionnelle – notamment plus de 5% de la diversité mondiale de brióphytes – et les dernières populations du peuple Yaghan, qui perpétuent un lien millénaire avec ces paysages extrêmes.

La réserve de biosphère de Cabo de Hornos a été inscrite au programme « L’Homme et la biosphère » de l’UNESCO en juin 2005, devenant la plus australe et l’une des plus étendues du continent sud-américain. S’étendant sur environ 4 884 274 hectares, elle se compose d’une aire terrestre de 1 917 238 ha et d’une zone marine de 2 967 036 ha, intégrant pour la première fois au Chili des écosystèmes marins et terrestres sous un statut unique de conservation1. Les parcs nationaux Alberto de Agostini et Cabo de Hornos constituent la zone cœur protégée, où tout développement d’infrastructures est strictement interdit.


1. Géographie et zonation de la réserve naturelle cap Horn

Géographiquement, la réserve s’étend dans l’archipel de Terre de Feu, entre les latitudes 54,1° S et 56,2° S, et les longitudes 66,1° W et 72,5° W. Elle englobe les îles Wollaston, Hermite, Navarino et Hoste, ainsi que les canaux (dont le canal Beagle), fiords et courants qui dessinent un paysage façonné par les glaciations et l’activité tectonique. La zonation de la réserve MAB Unesco (réserve de biopshère Cabo de Hornos, soit la réserve marine sud du Chili) comprend trois niveaux :
– La zone cœur (Parc national Alberto de Agostini comprenant la cordillère Darwin, et le parc national Cabo de Hornos) strictement protégée.
– La zone tampon, où des activités légères et durables sont autorisées.
– La zone de transition, incluant des villages isolés comme Puerto Williams et des infrastructures limitées sous un schéma de développement durable.

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Carte issue de l’ouvrage “Reservas de la biosfera de Chile: laboratorios para la sustentabilidad” de Moreira-Muñoz, Andrés et Borsdorf, Axel, UNESCO, 2014 (page 55).

2. Écosystèmes terrestres et marins

2.1 Forêt subantarctique et tourbières

Les forêts subantarctiques de la réserve sont les plus méridionales sur Terre. Dominées par trois essences de Nothofagus – N. pumilio, N. betuloides et N. antarctica –, elles forment des peuplements caducifoliés et sempervirents, entrecoupés de turberas et de landes d’altitude. Ces massifs constituent l’un des rares cas de forêt tempérée non fragmentée à l’échelle mondiale. Les sols riches en matière organique abritent de vastes tapis de bryophytes, caractéristique d’un environnement humide et frais, qui jouent un rôle crucial dans le cycle hydrologique et la séquestration du carbone.

2.2 Écosystèmes marins et côtiers

La composante marine de la réserve s’articule autour d’un réseau complexe de fjords, canaux et plateaux sous-marins. Les courants de Humboldt et le mélange des eaux froides du Pacifique et de l’Atlantique ont favorisé le développement de forêts de kelp (Macrocystis pyrifera, Durvillaea antarctica) formant des « forêts sous-marines » abritant une riche faune invertébrée et des communautés de poissons. Les habitats intertidaux hébergent des espèces de macroalgues et un cortège d’invertébrés endémiques, tandis que l’eau froide et oxygénée soutient des populations de phoques, de lions de mer et de plusieurs espèces de cétacés.

3. Diversité biologique et endémisme : la biodiversité subantarctique

3.1 Bryophytes et lichens

Avec plus de 300 espèces d’hépatiques et 450 espèces de mousses, la réserve représente un hotspot mondial des bryophytes, soit plus de 5% de la diversité mondiale, sur moins de 0,01% de la surface terrestre de la planète. Ces communautés, qualifiées de « bosquets miniatures », servent de sentinelles pour évaluer l’impact du changement climatique et de l’augmentation des radiations UV.

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Exemple de bryophytes / forêt miniature (mousses, hépatiques et lichens) de la réserve de biopshère du cap Horn (MAB-UNESCO); île Navarino, 2020 (c) Lauriane Lemasson.

3.2 Faune terrestre et marine

La faune terrestre inclut le huillín ou loutre australe (Lontra provocax), le carpintero negro ou pic de Magellan (Campephilus magellanicus) et d’autres oiseaux endémiques. En milieu marin, les eaux environnantes abritent des albatros à sourcil noir, des pétrels géants, des manchots de Magellan et des populations stables d’otaries à fourrure et de phoques léopards, témoignant de l’importance écologique de cette aire protégée.

4. Dimension bioculturelle et ethnologie Yaghan

La réserve est aussi un sanctuaire culturel. Les Yagan, peuple nomade des canaux australs, sont les plus méridionaux au monde : leur présence remonte à plus de 7 500 ans, comme en attestent les sites archéologiques de l’île Navarino. Toujours porteurs d’une connaissance fine de la navigation en canoë et de l’écologie subantarctique, ils ont activement collaboré aux recherches menées dans la réserve, en particulier via le parc ethnobotanique Omora, situé à proximité de Puerto Williams. Leurs traditions orales, leur langue et leurs savoirs sur la flore et la faune locales sont intégrés dans les programmes éducatifs et de conservation. L’écotourisme en patagonie est également l’une des activités phares des activités d’Omora.

5. Gouvernance et gestion

La gestion de la réserve est assurée par un conseil d’administration présidé par le gouverneur régional, associé à des services publics et à des organisations locales. Le comité scientifique, coordonné par le parc Omora et l’Université de Magallanes, pilote la recherche, le suivi écologique et les actions de conservation participative. En 2006, la réserve a rejoint le réseau Ibero-MAB de l’UNESCO, renforçant ainsi la coopération transnationale pour la recherche et la formation.

6. Menaces et enjeux de conservation

Malgré son isolement, la réserve fait face à plusieurs menaces :
– Le développement touristique non maîtrisé, notamment les croisières de l’extrême sud et l’augmentation des passages autour du Cap Horn, génère un risque de pollution et de perturbation de la faune marine.
– L’élevage intensif de saumons dans les fjords situés plus au nord dissémine des espèces exotiques et altère la qualité de l’eau. Des saumons se reproduisent désormais dans les eaux de cette réserve, impactant les espèces natives dont le robalo.
– L’expansion du castor d’Amérique et du vison, deux espèces introduites, met en péril les forêts proches des cours d’eau, les habitats rivulaires et la nidification des oiseaux de rivage.
Les programmes de suivi à long terme, comme celui de l’initiative Omora et les stations LTER (Long-Term Ecological Research), évaluent l’impact de ces pressions et proposent des mesures adaptatives. Ce suivi est fortement limité par le gigantisme de l’aire considérée et son accès complexe en terme de logistique.

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Lac créé au pied d’un glacier par les castors, photographié lors d’une expédition en voilier en Patagonie (canal Beagle, île Hoste, Réserve de Biosphère du Cap Horn, Chili)

7. Initiatives de recherche et d’éducation

7.1 Parc ethnobotanique Omora

Créé en 2000, l’Omora Ethnobotanical Park est le cœur d’une approche transdisciplinaire alliant écologie, philosophie environnementale et éducation par la « philosophie du terrain ». Il propose des circuits pédagogiques, dont les « forêts miniatures », pour sensibiliser le public à la richesse des bryophytes et au lien entre biodiversité et culture Yagan.

7.2 Cape Horn International Center (CHIC)

Inauguré en 2020 à Puerto Williams, le CHIC a pour objectif de fédérer chercheurs, artistes et communautés autochtones pour développer un modèle de conservation bioculturelle, de formation technique et de développement durable. Ses programmes portent sur les réponses de la biodiversité aux changements climatiques, la gestion des invasives et la consolidation de politiques publiques adaptées aux zones subantarctiques.

……..

La réserve de biosphère de Cabo de Hornos reste l’un des rares refuges où s’exprime pleinement la cohabitation harmonieuse entre les habitants et des écosystèmes littéralement à la limite du monde. Pour assurer son avenir, il convient de renforcer la gouvernance participative, de contrôler les espèces invasives et d’encadrer le tourisme polaire sous la bannière d’un écotourisme responsable. Enfin, l’intégration permanente des savoirs Yagan dans les programmes de recherche et d’éducation garantira la préservation à la fois biologique et culturelle de ce sanctuaire subantarctique unique.

Glacier Pia, Canaux de Patagonie, Cordillère Darwin, Réserve de Biosphère du Cap Horn, Magallanes, Chili, 2025 reserve naturelle cap horn
Glacier Pia, Canaux de Patagonie, Cordillère Darwin, Réserve de Biosphère du Cap Horn, Magallanes, Chili, 2025

Bibliographie

  1. Rozzi, R. et al. (2006). Ten Principles for Biocultural Conservation at the Southern Tip of the Americas: The Cape Horn Biosphere ReserveEcology and Society, 11(1). https://www.ecologyandsociety.org/vol11/iss1/art43/
  2. Rozzi, R. et al. (2008). Multi-ethnic and Intercultural Education in the Biosphere Reserve at the Southern End of the Americas. In Price, M. F. (ed.), Biosphere Reserves of the World. UNESCO-MAB. https://www.unesco.org/new/en/natural-sciences/environment/ecological-sciences/biosphere-reserves/
  3. Rozzi, R. et al. (2004). Omora Ethnobotanical Park: A Model for Integrating Biocultural Conservation and Environmental Philosophy in the Cape Horn Biosphere ReserveEnvironmental Ethics, 26(2), 131–169. https://doi.org/10.5840/enviroethics200426226
  4. Mittermeier, R. A. et al. (2003). Hotspots: Earth’s Biologically Richest and Most Endangered Terrestrial Ecoregions. Conservation International. https://www.conservation.org
  5. CONAF (Corporación Nacional Forestal). (2023). Reserva de la Biósfera Cabo de Hornos. Gobierno de Chile. https://www.chilebosque.cl
  6. Cape Horn International Center (CHIC). (2021). CHIC Strategic Plan 2021–2026. Universidad de Magallanes. https://www.centrochic.cl
  7. Anderson, C.B. et al. (2011). Exotic ecosystem engineers transform sub-Antarctic forest structure and functionBiological Invasions, 13, 545–561. https://doi.org/10.1007/s10530-010-9841-4
  8. Anderson, C.B. et al. (2019). Cape Horn’s Lessons for SustainabilityScience Advances (UNESCO CHIC/UMAG). https://advances.sciencemag.org/
  9. Unesco-MAB. (2005). Cape Horn Biosphere Reserve Dossier. UNESCO. https://unesdoc.unesco.org/
  10. Rozzi, R. et al. (2010). La Reserva de Biósfera Cabo de Hornos: una propuesta educativa y de desarrollo sustentable en el extremo austral de Chile. Universidad de Magallanes. Disponible sur la bibliothèque CHIC.

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Où se trouve le cap Horn? Localisation et caractéristiques d’un point géographique mythique

Où se trouve le cap Horn? Localisation et caractéristiques d’un point géographique mythique

Le cap Horn (Cabo de Hornos en espagnol, Kaap Hoorn en néerlandais, Loköshpi en langue yagan) représente bien plus qu’un simple point géographique. Situé à 55°58′ de latitude sud et 67°16′ de longitude ouest, ce promontoire rocheux de 425 mètres d’altitude constitue le point le plus austral de l’archipel de la Terre de Feu et marque symboliquement la rencontre des océans Atlantique et Pacifique. À 965 kilomètres du continent antarctique et à seulement 138 kilomètres d’Ushuaia, le cap Horn se dresse comme l’ultime sentinelle de l’Amérique avant l’immensité des mers australes.

Localisation géographique précise du cap Horn

Position dans l’archipel fuégien

Le cap Horn est situé sur l’île Horn (Isla Hornos), l’île la plus méridionale de l’archipel L’Hermite, lui-même faisant partie du vaste complexe insulaire de la Terre de Feu. Cette île de dimensions modestes (environ 6 km sur 2 km) appartient administrativement à la commune de Cabo de Hornos, dans la province de l’Antarctique chilien, région de Magallanes et de l’Antarctique chilien.

Contrairement à une idée répandue, le cap Horn n’est pas le point le plus austral de l’Amérique du Sud – ce titre revient aux îles Diego Ramírez, situées à 105 kilomètres à l’ouest-sud-ouest du cap Horn. Cependant, il demeure le plus méridional des grands caps historiques de navigation et le point de repère nautique le plus symbolique de l’hémisphère sud.

Coordonnées et distances stratégiques

Les coordonnées exactes du cap Horn – 55°58’28” de latitude sud et 67°16’10” de longitude ouest – le placent dans une position géographique unique. Cette localisation en fait un point de convergence naturel entre les principaux océans de l’hémisphère sud :

  • Distance à Ushuaia (Argentine) : 138 kilomètres au nord-nord-ouest
  • Distance à Puerto Williams (Chili) : 56 kilomètres au nord
  • Distance au continent antarctique : 965 kilomètres au sud
  • Distance au pôle Sud géographique : 2 535 kilomètres
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Carte géographique montrant le cap Horn à l’extrémité sud de l’Amérique du Sud, les eaux adjacentes comprenant le passage de Drake, ainsi que les îles voisines situées dans les océans Pacifique, Atlantique et Austral (Source : Wikipedia)

Formation géologique et géomorphologie

Contexte géologique régional

La région du cap Horn s’inscrit dans l’histoire géologique complexe de la Terre de Feu, marquée par l’orogenèse andine et les glaciations quaternaires. L’archipel résulte de l’effondrement et de la fragmentation de l’extrémité australe de la cordillère des Andes, processus accentué par l’érosion glaciaire et l’élévation du niveau marin post-glaciaire.

Les formations géologiques de l’île Horn appartiennent principalement aux séries sédimentaires et volcaniques du Crétacé supérieur, témoins de l’intense activité tectonique qui a accompagné la fermeture du bassin marginal de Rocas Verdes et le début de la compression andine. Cette histoire géologique explique la topographie accidentée de la région, caractérisée par des reliefs modérés mais des côtes extrêmement découpées.

Morphologie côtière

Le cap Horn se présente aux navigateurs sous la forme d’une falaise de 425 mètres d’altitude plongeant directement dans l’océan. Cette configuration géomorphologique particulière résulte de l’action combinée de l’érosion marine, des cycles glaciaires-interglaciaires quaternaires et de la tectonique active de la région.

La faille de Magellan-Fagnano, système de décrochement sénestre actif qui traverse la Terre de Feu d’est en ouest, influence indirectement la géomorphologie de la région du cap Horn. Cette faille, avec une vitesse de déplacement d’environ 6,4 mm/an, témoigne de la dynamique tectonique continue qui façonne cette partie du monde.

Environnement océanographique et climatique

Le passage de Drake et ses caractéristiques

Le cap Horn marque la limite nord du passage de Drake, détroit de 809 kilomètres de largeur séparant l’Amérique du Sud de la péninsule Antarctique. Ce passage constitue la plus courte distance entre l’Antarctique et les autres terres du monde, avec seulement 135 kilomètres entre le cap Horn et l’île Snow au nord de la péninsule Antarctique.

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Carte du courant circumpolaire antarctique et des fronts de densité de l’eau de mer autour de l’Antarctique indiquant la profondeur de l’océan et les principaux fronts près de l’océan Austral et des continents environnants (source : Wikipedia)

Courant circumpolaire antarctique

Le passage de Drake constitue le point de constriction maximale du courant circumpolaire antarctique, le plus puissant courant océanique de la planète. Ce courant, qui transporte en moyenne 150 millions de mètres cubes par seconde (soit environ 100 fois le débit de tous les fleuves du monde réunis), atteint son intensité maximale au niveau du cap Horn.

Cette particularité océanographique explique en grande partie les conditions météorologiques extrêmes qui règnent dans la région. Le courant circumpolaire, non entravé par des masses terrestres, génère un système de vents d’ouest permanents d’une violence exceptionnelle, connus sous les noms évocateurs de “Quarantièmes rugissants” et “Cinquantièmes hurlants”.

Climat subpolaire océanique

Le cap Horn bénéficie d’un climat subpolaire océanique caractérisé par des températures relativement stables mais fraîches toute l’année. Les températures moyennes oscillent autour de 5°C, avec des précipitations importantes atteignant 2 000 mm par an et 278 jours de pluie annuels.

Les vents constituent l’élément climatique dominant, avec des vitesses moyennes de 30 km/h et des rafales régulièrement supérieures à 100 km/h. Ces conditions extrêmes résultent de la position du cap dans la zone des “Cinquantièmes hurlants”, où les dépressions atmosphériques se succèdent sans être freinées par des obstacles continentaux.

Biodiversité et statut de conservation

Réserve de Biosphère du cap Horn (UNESCO)

Depuis 2005, le cap Horn fait partie de la Réserve de biosphère Cabo de Hornos, reconnue par l’UNESCO dans le cadre du Programme sur l’Homme et la Biosphère (MAB). Cette réserve couvre une superficie totale de 4 884 273 hectares, incluant une aire centrale de 1 347 417 hectares constituée des parcs nationaux Alberto de Agostini et Cabo de Hornos.

île horn expédition au cap horn en voilier canaux de patagonie
Le sud-ouest de l’île Horn lors du passage du cap Horn en voilier (Réserve de Biosphère du cap Horn, Patagonie, Chili, lors d’une expédition de l’association Karukinka, 2025)

Parc national Cabo de Hornos

Le Parc national Cabo de Hornos, créé le 26 avril 1945, s’étend sur 63 093 hectares et englobe les archipels des îles Wollaston et L’Hermite. Ce parc constitue l’aire protégée la plus australe de la planète et abrite des écosystèmes uniques adaptés aux conditions subantarctiques.

Biodiversité exceptionnelle

La région du cap Horn héberge l’écosystème forestier le plus méridional au monde et abrite 5% des espèces mondiales de bryophytes (mousses et hépatiques). La flore se caractérise par des forêts subpolaires de Magellan composées principalement de lengas et de coigües, ainsi qu’une grande variété de mousses, lichens et fougères adaptées aux conditions climatiques rigoureuses.

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Forêt primaire dans la baie Tekenika (Réserve de Biosphère du cap Horn, expédition Karukinka, 2018)

La faune marine présente une richesse exceptionnelle, avec la présence de baleines à bosse, dauphins australs, otaries à fourrure, éléphants de mer du sud. L’avifaune comprend notamment les albatros à sourcils noirs, pétrels géants, manchots de Magellan, cormorans royaux et condors des Andes.

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Baleines observées lors d’une expédition en voilier dans les canaux de Patagonie (Chili) en automne 2018 (c) Karukinka

Histoire maritime et découverte européenne

La découverte de 1616

Le cap Horn fut découvert le 29 janvier 1616 par l’expédition hollandaise menée par Willem Schouten et Jacob Le Maire. Ces navigateurs cherchaient une route alternative au détroit de Magellan pour contourner le monopole de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.

Le cap reçut son nom en l’honneur de la ville de Hoorn aux Pays-Bas, port d’attache de l’expédition. Cette découverte bouleversa les équilibres maritimes mondiaux en ouvrant une nouvelle route océanique entre l’Atlantique et le Pacifique, plus large que le détroit de Magellan mais infiniment plus dangereuse.

Une route commerciale historique

Pendant près de trois siècles, le cap Horn constitua un passage crucial des routes commerciales mondiales. Les grands voiliers transportaient les marchandises entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie, notamment le guano, le nitrate, les céréales, la laine et l’or en provenance d’Australie.

Cette époque des “cap-horniers” se termina avec l’ouverture du canal de Panama en 1914. Le dernier voilier commercial à passer le cap Horn fut le Pamir en 1949, marquant la fin d’une époque légendaire de la navigation à voile.

carte des îles du canal de Beagle au cap Horn mission française du cap horn 1882-1883
L’une des nombreuses cartes établies lors de la Mission Française du Cap Horn (1882-1883) dirigée par le Commandant Martial

Contexte culturel et peuples autochtones

Le peuple originel

Avant l’arrivée des Européens et la colonisation entre 1860 et 1920, la région du cap Horn était uniquement habitée par le peuple yagan (ou yámana), nomades marins qui naviguaient dans leurs canoës d’écorce entre les îles et canaux de l’archipel. Ces peuples chasseurs-cueilleurs avaient développé une culture maritime remarquablement adaptée aux conditions extrêmes de cette région.

Les Yagan appelaient le cap Horn “Loköshpi”, terme qui s’inscrit dans leur riche toponymie maritime. Selon les travaux de l’association Karukinka, plus de 3 000 toponymes en langues yagan, haush et selk’nam ont été recensés dans la région s’étendant du détroit de Magellan au cap Horn, témoignant d’une connaissance précise et sensible de ce territoire par ses premiers habitants.

Mémoire et transmission

L’association Karukinka, fondée en 2014 par Lauriane Lemasson, mène depuis plus de dix ans un travail de documentation et de préservation de la mémoire des peuples autochtones de la région. Leurs expéditions dans les canaux de Patagonie, de la Terre de Feu au cap Horn, contribuent à la collecte d’archives sonores et à la cartographie des toponymes autochtones.

Ce travail de mémoire prend une dimension particulière quand on sait que ces peuples ont été victimes d’un génocide au tournant du XXe siècle, leur population passant de plus de 10 000 personnes à moins de 500 dans les années 1920.

Enjeux contemporains et perspectives

Tourisme et conservation

Aujourd’hui, le cap Horn attire un tourisme d’expédition croissant, avec des croisières partant principalement d’Ushuaia ou de Punta Arenas. Cette fréquentation, bien que limitée par les conditions météorologiques extrêmes, pose des défis de conservation pour un écosystème particulièrement fragile.

La base militaire chilienne présente sur l’île Horn, comprenant une caserne, une chapelle et un phare, constitue les seules installations permanentes. Le gardien du phare et sa famille représentent les uniques résidents permanents de cette terre isolée.

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Le phare du cap Horn avec le promontoire du cap en arrière plan lors du passage du cap Horn en voilier en avril 2025 (Expédition Karukinka, voilier Milagro)

Recherche scientifique

La région du cap Horn continue d’attirer l’attention scientifique, notamment dans le cadre d’études sur le changement climatique et l’évolution des écosystèmes subantarctiques. Les recherches menées par l’association Karukinka et ses partenaires contribuent à la compréhension de ces environnements extrêmes et de leur évolution.

Conclusion

Le cap Horn occupe une position géographique exceptionnelle qui en fait bien plus qu’un simple point sur la carte. Situé à l’extrémité de l’île Horn dans l’archipel L’Hermite, par 55°58′ de latitude sud et 67°16′ de longitude ouest, il constitue le point de convergence symbolique entre les océans Atlantique et Pacifique, entre l’Amérique et l’Antarctique.

Cette localisation particulière explique les conditions océanographiques et climatiques extrêmes qui ont forgé sa réputation légendaire. Point de constriction du courant circumpolaire antarctique, théâtre des “Cinquantièmes hurlants”, le cap Horn demeure l’un des passages maritimes les plus redoutés de la planète.

Mais au-delà de sa géographie physique, le cap Horn s’inscrit dans une histoire humaine riche et complexe. Territoire ancestral des peuples yagan qui l’appelaient Loköshpi, découvert par les Européens en 1616, route commerciale majeure pendant trois siècles, il est aujourd’hui protégé comme réserve de biosphère UNESCO.

Cette multiplicité des dimensions – géographique, historique, écologique et culturelle – fait du cap Horn un lieu unique au monde, synthèse parfaite entre l’extrême et l’universel, entre l’isolement géographique et la connexion océanique mondiale. Comprendre où se trouve le cap Horn, c’est ainsi saisir la complexité d’un point géographique devenu symbole, sentinelle australe de notre planète face aux immensités antarctiques.

Bibliographie détaillée

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    https://www.unesco.org/en/mab/cabo-de-hornos
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    https://doi.org/10.1038/s41467-025-58458-2
  3. Goffinet B. & Mackenzie R. « First bryophyte records from Diego Ramírez Archipelago ». Anales del Instituto de la Patagonia 48-3 (2020).
    https://www.scielo.cl/pdf/ainpat/v48n3/0718-686X-ainpat-48-03-127.pdf
  4. Rozzi R. et al. Reserva de Biosfera Cabo de Hornos. Univ. de Magallanes, 2006.
    https://omora.org/biblioteca/
  5. Hall M. et al. « Glacier retreat in Cordillera Darwin since LGM ». Quaternary Science Reviews 221 (2019).
    https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2019.105883
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    https://pubs.er.usgs.gov/publication/70010375
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    https://www.nybg.org/science-project/bryoflora-of-cape-horn-archipelago/
  8. NASA Earth Observatory. « Cape Horn: A Mariner’s Nightmare », 2017.
    https://earthobservatory.nasa.gov/images/91472
  9. Wikipedia. « Cabo de Hornos National Park » (consulté 2025-07-20).
    https://en.wikipedia.org/wiki/Cabo_de_Hornos_National_Park
  10. Karukinka Association. « Cap Nord – Cap Horn Expedition », 2025.
    https://karukinka.eu/en/expedition-cape-north-to-cape-horn-2023-2025/
  11. Schouten W. & Le Maire J. Journal ou description du merveilleux voyage (éd. 1619).
    https://www.loc.gov/item/2021668424/
  12. Lamy F. et al. « Southern Ocean fronts and ACC during last glacial cycle ». Nature Geoscience 14-9 (2021).
    https://doi.org/10.1038/s41561-021-00818-5
  13. Rifo F. « Météorologie du passage de Drake ». Marine Chile, 2018.
    https://www.meteochile.gob.cl/drake
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  15. Britannica. « Dangerous journey around Cape Horn », 2024 (vidéo).
    https://www.britannica.com/video/192449
[Projet carbone Patagonie] Une entreprise régionale pilote l’un des plus grands projets carbone à l’échelle nationale (Radio Polar, Chili, 17/07/2025)

[Projet carbone Patagonie] Une entreprise régionale pilote l’un des plus grands projets carbone à l’échelle nationale (Radio Polar, Chili, 17/07/2025)

Une entreprise spécialisée dans le développement de programmes environnementaux et la gestion stratégique des investissements issus de fonds climatiques, elle pilote le projet Respira Patagonia. #projet carbone patagonie

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Illustration du projet Respira Patagonia dans la partie nord de Tierra del Fuego

Un nouveau jalon a été franchi avec la mise en place d’une cartographie numérique inédite de la steppe magellanique en Patagonie chilienne, annoncée par la société Plan-C, spécialisée dans le développement de projets environnementaux et la gestion stratégique des investissements issus de fonds climatiques. Cet outil couvre une superficie de 350 000 hectares.

Manuel Sanhueza, directeur général de Plan-C et chef de projet Respira Patagonia, a indiqué que « cette cartographie numérique sera essentielle pour soutenir le modèle mathématique de la courbe carbone et pour les stratégies foncières basées sur des plans de gestion régénérative destinés à la restauration écosystémique et à la protection de la biodiversité, en accord avec les objectifs du projet ».

Grâce au haut niveau de résolution des images multispectrales obtenues par les satellites Sentinel-2 et Landsat 8, complétées par des images radar (SAR) de Sentinel-1, cette cartographie thématique a fourni des données inédites sur la couverture végétale à l’échelle foncière, telles que les formations végétales, les degrés d’érosion, la dégradation de la strate herbacée, entre autres aspects.

La zone d’étude a couvert 67 propriétés dans la région de Magallanes, pour une superficie totale de 350 000 hectares. « Nous sommes très fiers du travail et de la gestion des connaissances réalisés par notre équipe d’experts. Nous avons travaillé avec une cartographie inédite de la composition des sols, des statistiques sur les couvertures végétales par propriété, ainsi que des prélèvements sur le terrain, pour lesquels nous avons utilisé la technique d’analyse élémentaire, considérée comme la méthode la plus précise pour mesurer la concentration de carbone organique dans les sols, conjuguée à l’analyse des données satellitaires et aux croisements de données », a expliqué l’ingénieur agronome MSc Fernando Baeriswyl.

Qu’est-ce que le marché du crédit carbone et comment fonctionne-t-il ?

Il s’agit de titres liés à la réduction ou à l’élimination des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, quantifiés en équivalent dioxyde de carbone. Les crédits carbone ont pour fonction de promouvoir l’atténuation des impacts du changement climatique global et se traduisent par une compensation financière et des bénéfices directs.

Pour garantir la transparence et la crédibilité de ces compensations, les organisations impliquées dans ces marchés — ONG, consultants, auditeurs, universités, entre autres — ont créé plusieurs standards pour vérifier la quantification des réductions d’émissions et des absorptions générées par les projets de compensation.

Source : https://www.radiopolar.com/empresa-regional-lidera-proyectos-carbono-nivel-pais traduit de l’espagnol par l’association Karukinka. Pour découvrir d’autres actualités de Patagonie, rdv sur cette page : https://karukinka.eu/fr/patagonie/