Elle avait 56 ans. Virginia Choquintel est décédée à Río Grande. Elle avait souffert du déracinement, de la solitude, de l’alcoolisme et de la contradiction d’être la descendante d’un père et d’une mère selk’nam tout en ignorant l’histoire et la culture de son peuple.
Le décès de Virginia Choquintel à Río Grande à l’âge de 56 ans marque la fin d’une vie marquée par le déracinement et la quête d’identité. Née en 1942, à une époque où la population Selk’nam était décimée par la violence et les maladies, Choquintel incarna la paradoxale condition d’être descendante d’un peuple autochtone qu’elle ne connaissait pourtant pas.
Elle ne gardait que quelques souvenirs flous de son père, durant son enfance à la Mission salésienne : « Tous les après-midis, il venait me chercher et m’emmenait faire des promenades à cheval », mais elle ne se souvenait pas « si nous parlions ». Sa mère succomba à une épidémie : « De ma mère, je me souviens à peine… elle est morte quand j’étais toute petite » (entretien avec l’auteur en mai 1994).
Son enfance s’est déroulée dans une mission salésienne, où ses liens culturels se sont affaiblis. Ses souvenirs de ses parents étaient fragmentaires, et l’histoire de son peuple lui était étrangère. Les informations sur les massacres d’indigènes, qu’elle n’apprit que tardivement, la plongèrent dans l’angoisse.
Après des années de travail comme employée domestique à Buenos Aires, une rencontre fortuite favorisa son retour à Río Grande en 1989. Là, elle commença à reconstruire son passé et à renouer avec ses racines. Son histoire attira l’attention d’étudiants et de chercheurs, bien qu’elle reconnaissait elle-même sa connaissance limitée de la culture Selk’nam.
« On me demande si je sais comment les Indiens faisaient du feu, je ne savais pas… eux me disaient que c’était avec des pierres, maintenant je le sais. Ils me posaient beaucoup de questions, au final ils en savaient plus que moi… »
Dans ses dernières années, Choquintel connut la reconnaissance tardive d’une société tentant d’atténuer sa culpabilité face au génocide. Cependant, ces hommages ne parvinrent pas à dissiper le sentiment de solitude et d’oubli qui l’accompagnait. Tourmentée par les contradictions, elle se sentit à la fois reconnue comme « la dernière Selk’nam » et profondément étrangère à son propre héritage. Sa vie fut un témoignage éloquent de l’impact dévastateur de la perte culturelle et de la difficulté à retrouver une identité arrachée.
La Pacification de l’Araucanie : analyse exhaustive de l’invasion, de la dépossession et du génocide Mapuche
L’histoire du Chili comporte un chapitre écrit avec des euphémismes et du sang : la mal nommée « Pacification de l’Araucanie ». Cet article plonge dans les détails de ce processus (1861-1883), déconstruisant le récit officiel pour révéler une opération complexe de conquête militaire, de dépossession légale et de colonisation forcée qui a redéfini le destin de l’État chilien et du peuple Mapuche, laissant un héritage de conflit qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Pacification de l’Araucanie ou ¿Génocide Mapuche? (01/06/2025, conociendo.cl)
Contexte historique : Le Wallmapu autonome et l’État chilien expansionniste
Les acteurs clés du conflit
Le plan de l’État : La proposition d’occupation de Cornelio Saavedra
L’exécution militaire : Phases d’une guerre asymétrique
4.1. Première phase (1861-1868) : Avancée et fortification
4.2. Deuxième phase (1869-1881) : Pause diplomatique et consolidation
4.3. Troisième phase (1881-1883) : L’offensive finale
La dépossession légale : Comment les lois ont anéanti la propriété mapuche
5.1. La loi de radication de 1866 : L’arme juridique
5.2. Les « titres de merced » : Le confinement dans les réductions
La colonisation dirigée : Terres pour certains, dépossession pour d’autres
La catastrophe humaine et le débat sur le génocide
7.1. Génocide et ethnocide : Le débat conceptuel
7.2. Perspectives historiographiques en débat
7.3. Éléments de la dévastation démographique
L’impact total : La désarticulation de la société mapuche
Résistance et résilience mapuche
Héritage et dette historique : Les racines du conflit actuel
Analyse comparative : Araucanie, le « désert » argentin et l’Ouest américain
1. Contexte historique : Le Wallmapu autonome et l’État chilien expansionniste
Au milieu du XIXe siècle, la frontière sud du Chili était clairement délimitée par le fleuve Biobío. Au sud s’étendait le Wallmapu, territoire ancestral du peuple Mapuche, nation indépendante de facto ayant résisté à la conquête espagnole pendant plus de 300 ans. La société Mapuche était organisée en une structure sociale et politique complexe basée sur le lof (clan familial), l’ayllarewe (fédération de lofs) et les butalmapus (grandes alliances territoriales).
Pour l’État chilien, consolidé après les guerres d’indépendance et sous l’influence des idées européennes de progrès, cette autonomie était un problème. Les élites politiques et économiques, sous les présidences de Manuel Montt (1851-1861) puis José Joaquín Pérez (1861-1871), ont vu l’occupation comme une nécessité pour :
S’approprier les ressources : les terres de l’Araucanie étaient considérées comme le « grenier du Chili ».
Unifier le territoire : relier la zone centrale aux colonies de Valdivia et Llanquihue.
Affirmer la souveraineté : éliminer la frontière intérieure et projeter une image de nation moderne.
2. Les acteurs clés du conflit
Ce processus historique a été mené par des figures et groupes aux intérêts radicalement opposés.
Catégorie
Acteurs principaux
Rôle dans le conflit
État chilien (officiels)
José Joaquín Pérez, Federico Errázuriz Z., Aníbal Pinto, Domingo Santa María
Présidents ayant impulsé la politique d’occupation
Colons chiliens et européens, Orélie Antoine de Tounens
Occupé les terres, prétexte pour la conquête
3. Le plan de l’État : La proposition de Cornelio Saavedra
En 1861, le colonel Cornelio Saavedra Rodríguez a présenté au Congrès chilien un plan détaillé de « Pacification de l’Araucanie ». Il proposait d’abandonner la politique des traités pour une occupation matérielle, fondée sur trois axes :
Avancer la frontière militaire du Biobío au Malleco, avec des forts.
Subdiviser et vendre les terres « sécurisées ».
Promouvoir l’installation de colons chiliens et étrangers pour « chileniser » la région.
Le plan a suscité débat, mais a été approuvé par le Congrès, déclenchant l’invasion.
4. L’exécution militaire : Phases d’une guerre asymétrique
La conquête militaire s’est déroulée en plusieurs phases, interrompues par des soulèvements Mapuche et la Guerre du Pacifique.
Première phase (1861-1868) : Avancée et fortification Fondation de forts (Angol, Mulchén, etc.), résistance Mapuche immédiate, tactique de « terre brûlée » appliquée par l’armée.
Deuxième phase (1869-1881) : Pause diplomatique et consolidation Ralentissement de l’avancée, consolidation territoriale, introduction du télégraphe et du chemin de fer.
Troisième phase (1881-1883) : L’offensive finale Dernier grand soulèvement Mapuche en 1881, répression militaire massive, fondation de Temuco, fin militaire de la « Pacification ».
5. La dépossession légale : Comment les lois ont anéanti la propriété Mapuche
La conquête militaire fut indissociable d’une conquête juridique. Loi de Radication de 1866 :
Définition de « terres vacantes » : toute terre non « occupée continuellement » par les indigènes devient propriété de l’État.
Imposition de la propriété privée individuelle, étrangère à la culture Mapuche.
Création de commissions de radication, processus entaché d’abus et de corruption.
Les « Titres de Merced » : Confinement dans des réductions
Attribution de petites portions de terres (environ 6 hectares/personne), insuffisantes pour l’économie traditionnelle.
Perte de plus de 90% du territoire Mapuche.
Fragmentation sociale et isolement des communautés.
6. La colonisation dirigée : Terres pour certains, dépossession pour d’autres
Traitement du peuple Mapuche : confinement dans des réductions, absence de soutien étatique, statut de « mineurs » sous tutelle. Traitement des colons européens/chiliens : grandes parcelles, soutien étatique (voyages, outils, animaux, assistance médicale), statut de citoyens à part entière.
7. La catastrophe humaine et le débat sur le génocide
La « Pacification » fut une catastrophe humaine ayant décimé la population Mapuche, alimentant un débat sur le terme « génocide » selon la définition de l’ONU (1948).
Destruction de l’économie, dépossession des terres, confinement dans des zones invivables, famines et épidémies massives.
Etnocide : destruction de la culture par interdiction de la langue, de la religion, de l’éducation propre.
Perspectives historiographiques
Traditionnelle : processus inévitable pour l’unification du Chili.
Révisionniste : conquête impérialiste, violence systématique, étiquette d’etnocide ou génocide.
Mapuche : invasion d’un pays souverain, début d’une relation coloniale persistante.
Effondrement démographique
Entre 20 000 et 30 000 Mapuche morts de faim et de maladies entre 1881 et le début du XXe siècle.
La population Mapuche, estimée à un demi-million avant la conquête, a subi un effondrement démographique dont elle ne s’est remise qu’après plus d’un siècle.
8. L’impact total : Désarticulation de la société Mapuche
La « Pacification » a provoqué une rupture structurelle dans tous les aspects de la vie Mapuche :
Politique : perte d’autorité des lonkos.
Économique : passage d’une société prospère à la pauvreté.
Sociale : fragmentation et migration forcée vers les villes.
Culturelle : assimilation forcée, menace sur la langue et la vision du monde Mapuche.
9. Résistance et résilience Mapuche
Malgré la dévastation, la résistance Mapuche a perduré, se transformant en luttes politiques et juridiques au XXe siècle. La mémoire et l’identité culturelle ont survécu clandestinement, témoignant d’une résilience remarquable.
10. Héritage et dette historique : Les racines du conflit actuel
La « Pacification de l’Araucanie » est à l’origine directe du conflit actuel au Chili. Les revendications territoriales et d’autonomie du mouvement Mapuche s’appuient sur cette dépossession historique. La « dette historique » est centrale dans le débat public, et les recommandations de réparation restent largement non appliquées.
11. Analyse comparative : Araucanie, le « désert » argentin et l’Ouest américain
Le processus chilien n’est pas isolé :
Conquête du Désert (Argentine, 1878-1885) : justification idéologique similaire, tactiques de guerre totale, objectif de libération des terres pour l’élevage.
Guerres indiennes (États-Unis, XIXe siècle) : expansion vers l’ouest, réserves, dépossession et violence similaires.
Dans tous les cas, les États-nations ont utilisé leur supériorité militaire et un cadre légal pour déposséder les peuples autochtones, laissant un legs de traumatisme et de lutte pour la justice.
Conclusion : Une histoire à revendiquer
La « Pacification de l’Araucanie » fut une guerre de conquête qui a dépossédé un peuple de son territoire et cherché à anéantir sa culture. La comprendre dans toute sa complexité est un devoir pour toute société aspirant à la justice. Reconnaître ce passé n’est pas rouvrir des blessures, mais commencer à les guérir sur la base de la vérité et de la réparation.
Après « Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès », l’auteur valentinois Romain Puértolas récidive avec « Ma vie sans moustache », un roman-quête aussi passionnant que drôle. L’hypothèse de départ : Adolf Hitler aurait trouvé refuge et coulé des jours heureux en Argentine après 1945.
Tout commence en 2015, lorsque Romain Puértolas reçoit un étrange message d’une centenaire argentine. Cette femme affirme avoir été la cuisinière d’Adolf Hitler en Patagonie de 1945 à 1963. Une affirmation qui, à première vue, semble farfelue. L’Histoire nous apprend que le dictateur se serait en effet donné la mort en 1945 dans son bunker berlinois. Intrigué par cette déclaration, Puértolas fait quelques recherche et découvre qu’en Argentine, il est communément admis que le Führer aurait coulé des jours heureux pendant près de vingt années après la fin de la guerre à San Carlos de Bariloche, commune de Patagonie. Il ne lui en faut pas plus pour prendre son billet d’avion et entreprendre une enquête sur les traces du tyran.
« Il n’y a aucune preuve à cent pour cent qu’Adolf Hitler s’est bien suicidé à Berlin en 1945 » Romain Puértolas
Rappelons que Romain Puértolas fut par le passé Lieutenant de police et que le « débunkage » de théories complotistes est son dada. Rappelons aussi qu’il est le facétieux auteur de Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès, mi-enquête mi-roman, drôlissime et passionnant. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour qu’il récidive avec un roman-quête consacré cette fois au plus grand criminel de l’Histoire.
« C’est sérieux. C’est pas sérieux. Il y en a pour tous les goûts. C’est ce que j’aime faire ! » Romain Puértolas
Ma vie sans moustache, c’est une enquête fouillée et bourrée de références historiques. C’est aussi une aventure exotique qui nous embarque de Malaga à la Patagonie, en passant par Jérusalem et Beyrouth. C’est enfin un roman réjouissant où l’auteur nous mène par le bout du nez jusqu’au tour de passe-passe final !
Ma vie sans moustache de Romain Puértolas est paru chez Albin Michel
Mirtha Salamanca, originaire de la Terre de Feu argentine et descendante de Lola Kiepja, est née à Río Grande le 8 septembre 1959 et est très fière d’être « fueguina » et d’être née sur sa terre, son Oroski, qui en langue selknam signifie Río Grande.
Mirtha Esther Salamanca est née à Río Grande, dans une fratrie de cinq enfants, quatre filles et un garçon. Ils ont toujours vécu rue Ameghino. Elle se souvient avoir eu une enfance belle et heureuse ; des hivers avec beaucoup de neige et de froid : « adulte, on ressent le froid et le vent, mais pendant l’enfance, c’était merveilleux » et « les cours n’étaient pas suspendus à cause du vent ou de la neige, il fallait aller à l’école quoi qu’il arrive ».
Son père était menuisier et chaque année, il leur fabriquait de nouveaux traîneaux et bâtons. L’hiver, avec les voisins du quartier, ils faisaient des courses de traîneaux et restaient dehors jusqu’à tard ; il n’y avait pas de danger, il n’y avait pas de voitures dans la rue. Tout le quartier se retrouvait pour patiner jusqu’à ce que les parents les fassent rentrer pour le dîner. Le quartier a marqué son enfance.
La mémoire collective du génocide selk’nam transmise de génération en génération
Mirtha est descendante de Lola Kiepja, qui était sa bisaïeule du côté de sa mère, Elvira Oray. Mirtha se souvient d’une histoire très triste, celle des femmes de sa famille. Elle parle de ses femmes parce que les hommes avaient déjà été tués. Les femmes ont été emmenées de la réserve indigène du lac Khami. On les a transportées en charrette jusqu’à la Mission salésienne. À la Mission, elles ont toutes été séparées, sans contact possible, et il leur était interdit de parler leur langue.
Toute cette partie de l’histoire est empreinte de tristesse, selon les témoignages qu’elle a recueillis de ses aïeules. Elles ont subi des coups, des humiliations. Elle se souvient que sa mère lui racontait que, lorsqu’elle faisait pipi au lit, on la forçait à défiler nue avec le matelas devant les autres pour la couvrir de honte. Tout cela fait partie de la triste histoire de sa famille, de ses femmes, dont Lola Kiepja, sa bisaïeule.
Lola Kiepja venait à Río Grande pour faire ses courses puis retournait dans son habitat, avec ses guanacos et ses coutumes. C’est ainsi que Mirta a connu sa bisaïeule ; elle se souvient qu’elle l’attendait quand elle venait en ville, qu’elles prenaient le maté avec des tortas fritas. Mirta se demandait toujours pourquoi sa mère et sa bisaïeule Lola Kiepja parlaient bizarrement et se couvraient la bouche.
Plus tard, on lui expliqua qu’elles parlaient ainsi à cause de leur langue d’origine, le selknam, qu’elles avaient cessé de parler par peur, à cause de tout ce qu’elles avaient enduré : coups, sévices et terreur vécus en tant que femmes. Petite, elle voyait les choses différemment d’aujourd’hui, mais en découvrant ces témoignages, elle a commencé à comprendre. Sa mère raconte la même chose, la souffrance vécue par les femmes de sa famille.
Mirtha se souvient que sa mère lui a toujours dit la vérité et qu’elle-même a eu des actes de résistance : à la mission salésienne, vers 10 ou 12 ans, elle s’enfuyait pour échapper aux coups.
La réforme de 1994 et l’évolution des lois indigènes en Argentine
Mirtha a toujours su qu’elle était indigène, et sa mère la protégeait pour qu’on ne la traite pas d’« Indienne » à l’école. Avec la réforme de la Constitution nationale argentine en 1994, ces histoires, longtemps tues, ont commencé à être racontées. Les témoignages existaient, mais ils n’avaient jamais été révélés, car on ne savait pas à qui les dire, à qui les confier ; ce n’était pas par honte, mais par ignorance de l’interlocuteur et par la responsabilité, en tant que communauté, de continuer à faire connaître leur histoire.
C’est donc à partir de la réforme de 1994 que les voix jusque-là réduites au silence ont pu s’exprimer. Mirtha s’est alors intéressée à d’autres lois, aux lois indigènes, aux conventions, à la loi sur les terres et à l’importance de continuer à travailler. « Savoir qui nous sommes, d’où nous venons, pour pouvoir transmettre. Parce qu’il se peut qu’un jour tu découvres que tu es indigène et il faut alors lutter, pour la reconnaissance et contre l’adversité quotidienne, et pouvoir tout transmettre », raconte Mirtha.
Mirtha a parcouru tout le pays, elle appartient à l’ETNOPO (Rencontre nationale des organisations territoriales des peuples autochtones) qui regroupe les Selknam, Mapuche et Tehuelche. Elle a travaillé sur la loi 25.517 en 2011 concernant la restitution des restes humains conservés dans les musées. Elle a travaillé avec cette loi dans la ville de Malargüe avec des archéologues et des anthropologues, pour commencer à retirer les corps des expositions dans les musées et les rendre à leur peuple, aux autochtones, les rendre à leurs frères d’où ils avaient été pris.
Mirtha Salamanca à Punta Arenas (2018)
Un engagement pour son peuple qui rayonne au-delà de l’Argentine
Mirtha donne chaque année des conférences à l’université de Punta Arenas (Chili) et à l’université de Porvenir (Chili). Lors d’un voyage à Punta Arenas, au musée salésien Maggiorino Borgatello, où elle cherchait des photos et des documents sur sa famille, on ne lui a rien donné car elle n’avait pas d’argent. Les photos étaient vendues comme cartes postales, même si sa mère, sa grand-mère y figuraient… Elle a aussi été invitée à la Nuit Selknam où elle a pu témoigner. Lors de ces voyages à Punta Arenas, Mirtha a rencontré Lauriane Lemasson, chercheuse à l’université de la Sorbonne. Grâce à elle, elle a voyagé en France en 2019 dans le cadre du Festival Haizebegi et participé aux activités suivantes :
Interview pour le journal basque « Sud Ouest »,
Rencontre et conférence avec Pascal Blanchard (historien, ACHAC-CNRS) sur les zoos humains et la naissance du racisme, à l’Espace Culturel Louis Delgrès à Nantes
Collecte et préparation de joncs pour des ateliers de vannerie,
Visite du site mégalithique de Saint-Just et de la vallée du Don (Bretagne),
Consultation des archives françaises d’Anne Chapman à la Bibliothèque universitaire Brou-Dampierre de Nanterre,
Rencontre avec Jean-Luc Nahel, président de la Conférence des présidents d’universités (CPU) de France et responsable des relations internationales,
Visite du Panthéon et du bâtiment historique de la Sorbonne,
Conférences au Musée Basque de Bayonne et cérémonie de restitution des enregistrements de Gusinde, Furlong et Koppers de l’archive phonogrammique de Berlin par Lars-Kristian Koch, ethnomusicologue et directeur du Musée ethnographique de Berlin,
Rencontre avec les élèves des classes internationales du Collège Alexandre Dumas de Bayonne,
Exposition d’artisanat Selknam, atelier de vannerie et exposition d’artisanat pour la Journée des Sciences à Hendaye,
Présentation de la cérémonie du Hain à la salle Abbadia de Hendaye,
Conférence et débat avec des chercheurs et artistes sur ce que l’artiste et/ou le chercheur emporte ou restitue des cultures yagan et selk’nam, en présence de Federico Vladimir Pezdirc, Pablo Esbert Lilienfeld, Pantxika Telleria et Joaquín Cofreces,
Conférence à l’université de Donostia (Saint-Sébastien) avec les étudiants de quatrième année,
Conférence avec Lauriane Lemasson et débat ouvert sur le rôle du chercheur et la toponymie actuelle du sud de Hatitelen (détroit de Magellan en selknam),
Conférence et débat sur les lois étatiques et la réalité des peuples originaires au Chili et en Argentine avec José German Gonzalez Calderon et Víctor Vargas Filgueira,
Débat sur la diversité culturelle, l’environnement et les luttes pour la protection des relations des peuples autochtones avec leur environnement (Bayonne et Paris)
Visite impromptue du Musée de l’Homme pour obtenir une réponse de l’institution de référence concernant les restes humains yagan et selk’nam conservés au Musée,
Séminaire universitaire de master en ethnomusicologie au Centre Clignancourt (Université de la Sorbonne) invité par le professeur François Picard de l’Institut de Recherches en Musicologie (IReMus) du CNRS, sur le thème : Archives et patrimoines « de l’humanité » (mise en perspective des voix familiales, nécessité de poursuivre le dialogue avec les peuples)
Rencontre avec les responsables des collections d’objets et de photographies du Musée du quai Branly à Paris avec Ana Paz Núñez, Christine Barthe, Dominique Legoupil. Consultation des archives photographiques.
Mirtha Salamanca lors de la visite des collections « Terre de Feu » du Musée du Quai Branly (Paris, octobre 2019)
Mirtha a été sollicitée par Lauriane Lemasson, dans le cadre d’une carte blanche reçue de l’ethnologue Denis Laborde, directeur de recherche au CNRS et qui étudie les peuples autochtones.
La chercheuse a été surprise au tout début de ses recherches en 2013 car elle pensait qu’il n’y avait plus de Selknam. Lors du festival en France, Mirtha a parlé de ce qu’avaient vécu ses ancêtres et a découvert le fonds Anne Chapman, où elle a entendu les chants de sa grand-mère et vu les archives conservées. Ces chants chamaniques enregistrés par Chapman étaient des chants interdits, qui ne doivent pas être diffusés ni reproduits.
Au musée de Berlin, il y a aussi des corps selknam qui ont été emmenés pour être étudiés et comprendre leur mode de vie. Le directeur du musée de Berlin a déclaré que la restitution des corps est une décision politique. À Ushuaia, ils les ont emmenés à Necochea où ils sont conservés. Là aussi, c’est une décision politique. Ils ne sont pas reconnus, mais ce sont des corps selknam prélevés autour de la mission salésienne.
En 2016, elle a remporté les élections du CPI (Conseil participatif indigène) en tant que représentante du peuple Selknam au niveau national.
Le groupe de femmes descendantes de la lignée de Kiepja : Khol Hol Naa
Mirtha fait partie de l’organisation « Khol Hol Naa » (que reviennent les femmes), une organisation de sœurs, nièces, tantes, toutes issues de la lignée de Lola Kiepja, défendant tout ce qui touche à la mémoire collective des femmes selk’nam.
Le combat de Mirtha est de revendiquer l’histoire de son peuple, car on avait fini par croire que le peuple Selknam avait disparu, qu’ils avaient tous été exterminés. Lola Kiepja fut la dernière chamane, la dernière Sho’on ; mais la lignée ne s’est pas arrêtée là. Elle n’a de cesse de lutter pour le patrimoine de son peuple et de sa famille, pour la restitution des matériaux dans les musées et la mise en valeur de la culture autochtone de la Terre de Feu et de Río Grande.
Elle souhaite que ses filles continuent à maintenir vivante la mémoire de l’identité de leur peuple.
Elle ne changerait rien à sa vie, elle se souvient de son enfance avec beaucoup de bonheur et de fierté, fière de ses racines et de son héritage de sang.
Elle revendique la lutte et l’union des femmes, « elle leur demande de ne jamais abandonner, malgré la difficulté de la vie de femme, de toujours aller de l’avant et qu’ensemble, elles y arriveront toujours. Elle demande aux nouvelles générations de respecter et de ne pas oublier leurs anciens ».
« J’aime Río Grande, mon Oroski, la pluie, le vent, le froid, la neige et la chaleur de ses habitants et leur solidarité ».
Jusqu’à la réalisation de cette interview, aucun recensement des autochtones n’a été effectué, mais on estime qu’il y a environ 600 personnes entre Ushuaia, Río Grande et Tolhuin.
Un lieu, un événement, un personnage célèbre, Grégory Duchatel vous raconte les « Trésors de Champagne-Ardenne ».
Si la Cathédrale de Reims a accueilli le Sacre de nombreux Rois, il y a un, installé à Reims, qui a eu un destin pas ordinaire.
A Reims, entre la Vesle et le canal, rue de la Roseraie, un parc public a servi de lieu de vie d’un Rémois qui a eu un destin singulier. L’espace était autrefois un jardin de près de 4000 m2 dessiné par l’architecte-paysager Édouard Redon. Au milieu de ce jardin se trouvait « le château des grenouilles vertes » qui appartenait à Achille Laviarde, Roi de Patagonie.
Mais comment un rémois est-il devenu Roi de cette région située entre l’Argentine et le Chili ? Achille n’avait pas vraiment de travail. Il s’illustre tout de même dans l’aviation. C’est à lui que l’on doit le premier vol en dirigeable entre Reims et Warmeriville. En fait, il était davantage intéressé par la vie mondaine parisienne …
Le Breton Hervé Peaudecerf s’est plongé dans l’histoire des cap-horniers, une épopée qu’il retrace dans un ouvrage à la fois pédagogique, historique et ludique, un livre richement illustré de photos, cartes, dessins et autres documents.
Hervé Peaudecerf présentant son livre sur les cap-horniers, dont bon nombre sont originaires de Bretagne. (Photo Jacques Chanteau)
Intitulé « Quatre mousses au Cap Horn. Hissez les voiles ! », le livre évoque ainsi ces grands voiliers marchands français qui, pendant plus de 100 ans, jusqu’en 1925, ont emprunté la route du Cap Horn reliant l’Europe aux ports du Pacifique. Dans leurs cales, ces bateaux ramenaient guano, nitrate, céréales, bois, métaux, minerai de nickel…
La suite sur : https://www.letelegramme.fr/culture-loisirs/plongeon-dans-lhistoire-des-cap-horniers-6620966.php