« C’est une étape historique pour la communauté autochtone » (Aire Libre, 23/04/2025 « Esto es un paso histórico para la comunidad indígena”)

« C’est une étape historique pour la communauté autochtone » (Aire Libre, 23/04/2025 « Esto es un paso histórico para la comunidad indígena”)

Le Gouvernement de la Province a procédé ce lundi à Tolhuin à la remise des cinq premiers actes de naissance intégrant l’identité autochtone à des membres de la communauté (autochtone) des peuples de Terre de Feu, délivrés par le Registre Civil. Après cet événement historique pour la communauté, AIRE LIBRE FM a interrogé la vice-présidente de la Communauté Selk’nam Rafaela Ishton, Antonela Guevara, au sujet de cette avancée.

Guevara a déclaré : « Nous avons les six premiers actes de naissance reconnaissant l’appartenance autochtone. Principalement, nier ou omettre l’identité d’une personne dès l’acte de naissance est un acte grave, qui était une pratique du colonialisme. Donc, aujourd’hui, il faut le souligner, ce n’est pas l’État national qui le reconnaît, mais l’État provincial : en reconnaissant nos actes de naissance avec l’appartenance autochtone, il vient garantir les droits collectifs, tout ce que cela implique pour la cosmovision de notre communauté, la vie sur le territoire, vivre sur un territoire communautaire et non en propriété privée, le respect des coutumes ancestrales ; c’est donc bien plus qu’un simple acte administratif. »

« Justement, en sortant de cette cérémonie, ils m’ont dit, non maman, pour nous, comme me l’a dit Valentín, il m’a dit : je veux que tu saches maman que pour nous c’est important et écouter tout ce que tu as dit autour de la table nous apprend que nous devons maintenir vivante la mémoire de notre peuple. Je crois donc qu’ils sont nés dans la communauté, ils ont vécu de nombreuses années le conflit de la communauté, ils savent ce que signifie la lutte pour défendre nos droits et pour essayer de bien faire les choses, ils ont donc un engagement et une conscience de ce qu’ils font. C’est aussi important », a exprimé la vice-présidente de la Communauté Selk’nam Rafaela Ishton.

« C’est un fait historique, non seulement dans la province, mais aussi dans le pays. C’est la première fois que cela arrive, comme l’a exprimé le Secrétaire à la Justice, Gonzalo Carrillo, et grâce au fait qu’hier on a pu visibiliser d’une certaine manière ce qui se passait, beaucoup de familles de notre peuple se sont jointes, plusieurs autres démarches ont été entamées hier même et plus de 15 personnes rassemblent leurs documents pour faire la demande, et aussi avec la nouvelle que le peuple Yagán m’a contactée hier pour que je leur explique comment faire, donc sûrement, je ne sais pas si ce sera cette semaine, mais la prochaine il y aura des nouvelles concernant l’autre communauté de la province de Terre de Feu, le peuple Yagán, qui dispose d’une personnalité juridique et pourra également effectuer cette démarche. Parce que l’un des critères est de disposer de la personnalité juridique », a-t-elle assuré.

« Voyage au bout du monde » une expérience sonore et immersive en Patagonie, depuis la Rochelle !

« Voyage au bout du monde » une expérience sonore et immersive en Patagonie, depuis la Rochelle !

Voyage au bout du monde, en Patagonie, depuis la Rochelle !

Si vous prévoyez de passer à la Rochelle cet été, ne manquez pas ce voyage au bout du monde ! Créée par Sébastien Laurier et en partenariat avec l’association du phare du bout du monde et la ville de la Rochelle, cette fiction sonore et immersive vous transporte pendant une heure à l’extrême sud de la Patagonie, au départ du bureau du port de la pointe des Minimes.

Un projet avec plusieurs de nos membres : Mirtha Salamanca (selk’nam), Marie-Pierre Lemasson et Lauriane Lemasson

Plusieurs membres de l’association Karukinka ont participé à ce projet, dont Mirtha Salamanca (femme selk’nam membre du conseil participatif indigène d’Argentine) et confiant sa voix française à Marie-Pierre Lemasson, trésorière de l’association et que Mirtha connaît depuis 2019, lors de sa première venue en France, dans le cadre du projet Haizebegi. Et oui, le personnage principal, Lauriane, n’est pas sans faire écho à la fondatrice de Karukinka…

Infos pratiques

Pour en savoir plus et préparer votre téléportation en Terre de Feu et dans les canaux du sud du détroit de Magellan, rendez-vous sur la page dédiée de l’office du tourisme de la Rochelle (https://www.larochelle-tourisme.com/a-faire/activites-de-loisirs/activites-de-loisirs-outdoor/voyage-au-bout-du-monde-une-fiction-sonore) et sur le site de l’association du phare du bout du monde (https://lephareduboutdumonde.com).

Rejoindre l’association et explorer ensemble

Et si vous voulez aller encore plus loin, rejoignez notre association et venez avec nous visiter le « vrai » phare du bout du monde avec nous l’hiver et le printemps (du nord!) prochains (février-avril 2025) à bord du voilier de l’association : Milagro. Plus d’informations sur : https://karukinka-exploration.com/patagonie-2025/ ou https://karukinka.eu/fr/canaux-de-patagonie-en-voilier/

A vos agendas ! Exposition d’une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024

A vos agendas ! Exposition d’une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024

Affiche expo nantes 2024
A vos agendas ! Exposition d'une rétrospective photographique et sonore pour les dix ans de Karukinka, à Nantes du 16 au 31 mars 2024 2

Quoi de mieux que de partager un maté, des empanadas et des alfajores pour faire un saut à l’extrême sud de l’Amérique ?

En partenariat avec El Almacén, un resto bar argentin situé à deux pas de la place Royale (4 rue de l’Arche sèche à Nantes), nous vous convions à l’exposition de sons et d’images réalisés en Patagonie lors de nos différentes expéditions à pieds et à la voile.

Pensée sous la forme d’une rétrospective de dix années passées en territoires selk’nam, yagan et haush, cette présentation d’une partie de nos activités sera complétée, le 16 mars à 18h30, par une conférence de Lauriane Lemasson, fondatrice de l’association.

Au plaisir de vous rencontrer et de vous faire découvrir nos activités passées, présentes et futures,

Jacques Sax, président de l’association Karukinka

PS: pour l’écoute, n’oubliez pas vos écouteurs et, si besoin, d’installer une application de lecture de QR codes

La mystérieuse découverte archéologique de Tolhuin : la municipalité n’a pas expliqué ce qui a été trouvé (InfoTDF, 19/2/2024 « El misterioso hallazgo arqueológico en Tolhuin: el Municipio no explicó que encontraron »)

30

Des découvertes et recherches archéologiques en Patagonie : Tolhuin, en Terre de Feu argentine

Sur le chemin menant au Cerro Michi [Terre de Feu, Patagonie], une équipe d’archéologues du GIATMA (rattaché au CADIC-CONICET) a fait une découverte significative : lors des travaux de terrain, les archéologues ont trouvé des matériaux et un nouveau site archéologique sur lesquels ils ont alors commencé à travailler.

Cette découverte s’inscrit dans le cadre du projet ImpaCT.AR, défi 2, « Patrimoine Culturel Archéologique à Tolhuin », soutenu par la municipalité et accompagné depuis la première gestion de Daniel Harrington. L’objectif principal est l’identification et la protection du patrimoine culturel archéologique de la région.

L’équipe de chercheurs a mené des travaux de terrain, comprenant des prospections et des fouilles au sein du périmètre urbain de Tolhuin, dans le but d’établir une carte des risques archéologiques permettant de zoner les secteurs sensibles. Cela fournit aux autorités municipales des informations cruciales pour la préservation du patrimoine lors de projets d’infrastructures.

Le projet ImpaCT.AR ne se limite pas à l’identification de sites archéologiques, il inclut aussi la formation du personnel impliqué, directement ou indirectement, dans les modifications du paysage urbain. Les travailleurs sont sensibilisés à l’importance du patrimoine archéologique et à la nécessité d’être vigilants lors d’activités impliquant des mouvements du sol.

La découverte sur le chemin du Cerro Michi s’ajoute à d’autres trouvailles à Tolhuin, comme sur le chemin du quai, à la Laguna Varela, à la descente du lac Fagnano et dans le quartier résidentiel de Las Laderas del Kamuk. La stratégie centrale de cette collaboration entre le CADIC-CONICET et la municipalité de Tolhuin est la prévention, afin de garantir que les travaux d’infrastructure se déroulent avec soin et dans le respect du patrimoine partagé par la communauté.

Qu’est-ce qu’une découverte archéologique ?

Selon le Guide pour la formulation du protocole de découvertes fortuites de patrimoine archéologique et d’archéologie publique, une découverte archéologique est la rencontre imprévue de matériaux archéologiques tels que des vases ou fragments, des objets lithiques (pierres ou roches), des ossements animaux ou humains, des figurines, des ustensiles en bois ou en métal, ou tout autre élément ancien. À ce sujet, la municipalité de Tolhuin était attendue sur la nature précise des matériaux trouvés afin de contextualiser la nouvelle, mais la communauté devra attendre un prochain rapport pour en savoir davantage.

F:CT

Source : infotdf.com/tolhuin/el-misterioso-hallazgo-arqueologico-en-tolhuin-el-municipio-no-explico-que-encontraron/ traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Un bateau d’expédition en escale à Nantes (Télénantes – Ouest France, 27/02/2024)

Un bateau d’expédition en escale à Nantes (Télénantes – Ouest France, 27/02/2024)

« Vous l’avez peut-être remarqué, un navire d’expédition a fait escale à Nantes, au ponton Belem. Il va rester encore un mois, avant de partir direction le grand nord. Pendant les vacances, il est possible de rencontrer l’équipage. Lauriane Lemasson est la fondatrice de l’association Karukinka. »

La vidéo de l’interview est disponible sur : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/video-un-bateau-d-expedition-en-escale-a-nantes-f14ea1d9-4690-3155-9c50-533f77182f61

image 2
Un bateau d'expédition en escale à Nantes (Télénantes - Ouest France, 27/02/2024) 4

#karukinka_fr; #symilagro; #ouestfrance; #télénantes; #sailingexpedition; #association; #expéditionpolaire; #arctique; #nonprofitorganization; #loireatlantique; #paysdelaloire; #nantes; #saintnazaire; #voilierdexpédition; #voilier; #finnmark; #norvège; #écosse; #navigation; #troms; #capnord; #expéditionarctique; #pontonbelem;

Une recherche reconstruit l’histoire des peuples autochtones de Terre de Feu (DYCIT, 16/10/2023 « Una investigación reconstruye la historia de los pueblos originarios de Tierra del Fuego »)

Des scientifiques du CONICET étudient les objets des yagans

Yagans ou Yámanas, Selk’nam ou Onas, Kawésqar ou Alakaluf sont les noms qu’ils se donnent entre eux et que donnèrent les explorateurs aux peuples qui habitaient l’archipel fuéguien au moment du contact avec les les européens à partir du XVIème siècle. Les photos de ces personnes, de leurs visages, corps et gestes, représentent un moment donné et, en même temps, immobilisent des milliers d’années d’histoire dans cet instant. « La profondeur historique des peuples autochtones de la Terre de Feu est difficile à retracer, mais pas impossible. La colonisation a tenté d’effacer la mémoire orale, et il n’existe aucun témoignage écrit laissé par les autochtones eux-mêmes, ni aucune peinture rupestre ni aucun grand bâtiment », note María Paz Martinoli, archéologue au CONICET. Cependant, le scientifique souligne que grâce au travail archéologique des scientifiques du Centre Austral de Recherche Scientifique (CADIC, CONICET), mené depuis des décennies, a permis de récupérer des artefacts et des vestiges qui permettent de reconstituer cette histoire comme un énorme puzzle enfoui dans différents endroits de l’île.

« Nous savons, par exemple, que le peuplement de la côte sud a débuté environ huit mille ans avant notre ère. Nous n’y avons retrouvé que des vestiges d’outils en pierre que les chasseurs-cueilleurs utilisaient pour leurs activités quotidiennes, ainsi que quelques traces laissées par leurs foyers, comme des os d’animaux servant de nourriture ou de matière première. Mille ans plus tard, des amas coquilliers ont commencé à apparaître dans cette région, de vastes accumulations formées à partir des restes de coquillages abandonnés qu’ils consommaient, mais qu’ils utilisaient également pour fabriquer des outils et des ornements. Cette matière organique nous a permis de mieux comprendre le mode de vie de ces colons autochtones », explique Martinoli, spécialiste de l’étude des restes de mammifères marins sur les sites archéologiques, dont les travaux visent à comprendre comment ces animaux étaient exploités par les groupes autochtones.

La chercheuse explique que ces communautés utilisaient des os d’animaux — baleines, otaries, guanacos, oiseaux — pour fabriquer des ustensiles et des outils, comme des harpons, des coins pour séparer l’écorce et fabriquer des canoës, et des poinçons. Mais ils étaient également utilisés pour fabriquer des ornements personnels et des objets décoratifs, notamment entre 6400 et 4400 ans avant nos jours. « Ils n’étaient pas en reste non plus avec les pierres : ils fabriquaient des grattoirs pour préparer les peaux, des grattoirs pour couper et préparer différents matériaux, différents types de pointes d’armes pour chasser, et même les pointes de flèches qui ont commencé à apparaître environ 1 500 ans avant aujourd’hui », explique Martinoli.

Comme l’explique la spécialiste, ces modes de vie et ces relations avec la nature ont été interrompus par la conquête et la colonisation européennes et créoles de la Terre de Feu, qui ont eu lieu à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Contrairement à d’autres régions du pays, elle est restée aux mains de missionnaires religieux et d’éleveurs, avec une faible présence de l’État. L’établissement des missionnaires anglicans dans la baie d’Ushuaia et des missions salésiennes dans le nord de l’île se caractérisa par la perturbation de la vie nomade de ces peuples, la séparation des familles, la surpopulation, l’enseignement des évangiles et des langues d’origine (anglais ou espagnol), et des épidémies de tuberculose et d’autres maladies extérieures à la région, qui conduisirent à un déclin tragique des populations autochtones.

L’étude de nombreux textes de voyageurs, de missionnaires et d’ethnographes, ainsi que de photographies d’époque du peuple Yagan, a permis aux scientifiques du CONICET d’observer que certaines pratiques de subsistance résistaient au processus de transculturation occidentale : depuis les canoës, les hommes utilisaient des harpons pour capturer des otaries, et les femmes ramaient assises pour chasser leurs proies à travers les vagues avec une grande habileté. C’est ce qu’explique Ana Butto, archéologue au CONICET, spécialisée dans l’étude et l’analyse des collections archéologiques, ethnographiques et du patrimoine contemporain, et elle précise également : « D’autres pratiques ont été adoptées plus rapidement par les autochtones, comme le port d’un pantalon et d’une chemise ou d’une robe. »

C’est alors, selon Butto, que commença l’effacement des peuples autochtones, à la fois physiquement et symboliquement. Depuis le début du XXe siècle, les Selk’nam, les Yagan et les Kawésqar ont commencé à vivre comme des travailleurs urbains ou ruraux, des hispanophones et des écoliers, dans un récit stigmatisant de la diversité culturelle. Ils les ont également représentés comme des citoyens d’États-nations qui considéraient les peuples autochtones comme un obstacle à surmonter pour construire une nation blanche et civilisée, une nation « descendante des navires » et excluant donc tout ce qui était considéré comme « autre » : Indiens, Noirs et métis », explique Butto.

Avec la fondation de la ville d’Ushuaia en 1884 et l’arrivée d’agents du gouvernement, poursuit la scientifique, les missionnaires anglicans se sont déplacés vers d’autres localités et en 1916 ils ont fermé les missions, mais ont maintenu leurs estancias à Puerto Harberton et Punta Remolino, qui sont devenues un lieu de travail pour certains Yagans comme ouvriers agricoles, ainsi qu’un refuge contre les attaques des mineurs et des chercheurs d’or du nord de l’île. L’autre vecteur majeur de la colonisation en Terre de Feu fut l’élevage de laine, établi à partir de 1885, lorsque les États argentin et chilien commencèrent à octroyer des terres dans le nord-ouest de l’île. Dans les années qui suivirent, de nombreuses concessions foncières furent accordées à des entreprises étrangères et à la Société d’exploitation de la Terre de Feu, propriété chilienne, cédant ainsi la plupart des territoires ancestralement habités par les Selk’nams, ajoute Butto.

Comme le souligne la chercheuse, « nous assistons actuellement à des processus de reclassification ethnique, c’est-à-dire à la résurgence de communautés autochtones luttant pour la revendication collective de leur différence culturelle. Ainsi, ces dernières années, nous avons assisté à la visibilité et à l’émergence sur la scène publique de nombreuses communautés autochtones qui n’étaient pas prises en compte par les politiques publiques et qui réclament la reconnaissance de leurs droits », conclut la chercheuse.

Source: https://www.dicyt.com/viewNews.php?newsId=47353 (traduit de l’espagnol par l’association Karukinka)