La 6ᵉ Rencontre Internationale de Muralistes du Bout du Monde s’est terminée (InfoFueguina, 25/03/2025)

La cérémonie de clôture de l’ “EMUSH 2025” [Rencontre internationale de Muralistes à Ushuaia, Terre de Feu] a eu lieu dans la salle Niní Marshall de la Maison de la Culture. Les onze artistes qui ont participé ont ajouté leurs œuvres aux plus de 350 fresques murales que compte actuellement la ville.

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Le Secrétariat à la Culture et à l’Éducation de la Municipalité d’Ushuaia a organisé la cérémonie de clôture de la 6e Rencontre Internationale de Muralistes du Bout du Monde “EMUSH 2025”, dans la salle Niní Marshall de la Maison de la Culture.

Lors de l’événement, auquel a assisté le maire de la ville, Walter Vuoto, les travaux réalisés par les 11 artistes sélectionnés ont été présentés, et un certificat de participation à la Rencontre leur a été remis.

À cette occasion, on a pu découvrir le travail d’Antonela Gualla et Rodrigo Crespo d’Ushuaia, Enrique Jorge Bernard et Sofía Hst de Río Grande, Julia Anahí Tiscornia de Río Negro, Adrián Cola et Martín Agazzi de Buenos Aires, Agustina Cantoni de San Juan, Soledad Moisas d’Ayacucho, Lucas Artola de La Plata, ainsi que l’artiste invité Sebastián Daels, aux côtés des participants incluant des muralistes et artistes de la ville, des diplômés du Polivalente de Arte et Agustín, un jeune en situation de handicap qui se consacre à l’aquarelle et a accompagné les travaux à divers endroits de la ville.

« Nous sommes fiers de partager cette cérémonie de clôture avec la communauté, en poursuivant ce grand défi d’une politique publique culturelle intégrale que nous a confiée le maire Walter Vuoto », a déclaré la secrétaire à la Culture et à l’Éducation d’Ushuaia, Belén Molina, qui a confirmé que « l’Emush compte aujourd’hui 60 interventions artistiques à son actif, représentant sur nos murs des aspects de notre identité ».

La responsable a remercié « tous ceux qui ont rendu possible cette nouvelle édition de l’Emush, les artistes et les habitants qui ont offert leurs murs, les participants qui ont collaboré et accompagné le processus, ainsi que l’ambassadrice et l’ambassadeur d’Ushuaia, María José Pazos et Omar Lemul, qui ont soutenu tout le processus »

Source: https://www.infofueguina.com/tu-ciudad/ushuaia/2025/3/25/finalizo-el-6-encuentro-internacional-de-muralistas-en-el-fin-del-mundo-81306.html (traduit de l’espagnol par l’association Karukinka)


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Argentine : après les forêts de Patagonie, les feux de prairies du nord (Sciences & Avenir, 11/02/2025)

Outre les incendies de forêt qui ont détruit depuis deux mois plus de 30.000 hectares en Patagonie (sud), l’Argentine s’alarme pour les feux de prairie ou pâturages du nord, qui selon les autorités ont affecté des centaines de milliers d’hectares cette année. #forêts de patagonie

Article publié par la revue Sciences&Avenir et citant l’AFP, le . Lien vers la source : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/argentine-apres-les-forets-de-patagonie-les-feux-de-prairies-du-nord_183975

Dans la province de Corrientes (nord-est), a peu près de la taille de l’Autriche, entre 200.000 et 250.000 hectares ont été touchés par le feu depuis le début 2025, selon les estimations mardi de Bruno Lovinson, de la Défense civile, et de l’Association des sociétés rurales de Corrientes.

Les divers foyers actifs chaque jour sont, à Corrientes, moins spectaculaires que les feux affectant les forêts patagoniennes – dont des parcs naturels – et n’ont pas engendré d’évacuations importantes (une trentaine), car touchant surtout des champs, cultures, et quelques pinèdes, peu densément peuplées.

Incendies forêts de Patagonie argentine (AFP - Gustavo IZUS, Gabriela VAZ)
Incendies en Patagonie argentine (AFP – Gustavo IZUS, Gabriela VAZ)

Mais une femme de 30 est décédée il y a huit jours à Mariano I. Loza (600 km de Buenos Aires), en aidant son père à lutter contre le feu dans son champ, a révélé la maire du village Zulema Fernandez sur la radio locale Radio Sudamericana.

Une sécheresse liée au phénomène El Nino, des températures avoisinant les 40 degrés ces derniers jours, mais aussi selon l’organisation Greenpeace des “défrichements qui pour la moitié sont illégaux” sont le panorama des incendies au nord argentin.

Des pluies orageuses importantes y étaient toutefois attendues à partir de mercredi.

A 2.200 km au sud, la Patagonie connaît “ses pires incendies de forêt” depuis trois décennies, estime Greenpeace, avec environ 37.000 hectares touchés depuis le début de l’été austral il y a deux mois, soit déjà plus de quatre fois plus que l’été dernier.

Les provinces de Rio Negro, Chubut et Neuquen — a peu près entre elle la superficie de la France — restent aux prises quotidiennement avec des incendies, dont le bilan humain est à ce jour d’un mort — il y a dix jours,– de 120 habitations détruites, et un millier de personnes évacuées.

En l’absence de statistiques nationales, les zones les plus affectées, selon les données provinciales collectées par Greenpeace, sont le vaste Parc national Lanin (216.000 ha) où plus de 15.000 ha ont brûlé, et l’immense (717.000 ha) Nahuel Hualpi, où 10.000 ha ont été détruits.

Au Bolson (1.700 km de Buenos Aires), zone d’une victime et de la plupart des évacuations, selon le chef des pompiers locaux Alejandro Namor, le danger est désormais circonscrit aux zones forestières. Mais sur la radio AM 1350, il a prédit mardi un “travail de fourmi” et “jusqu’à mars-avril” pour éteindre totalement le feu.

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Portrait de Mirtha Salamanca, descendante selk’nam de Kiepja (“Femmes de notre histoire”, pour le centenaire de la ville de Rio Grande)

Portrait de Mirtha Salamanca, descendante selk’nam de Kiepja (“Femmes de notre histoire”, pour le centenaire de la ville de Rio Grande)

Mirtha Salamanca, originaire de la Terre de Feu argentine et descendante de Lola Kiepja, est née à Río Grande le 8 septembre 1959 et est très fière d’être « fueguina » et d’être née sur sa terre, son Oroski, qui en langue selknam signifie Río Grande.

Mirtha Esther Salamanca est née à Río Grande, dans une fratrie de cinq enfants, quatre filles et un garçon. Ils ont toujours vécu rue Ameghino. Elle se souvient avoir eu une enfance belle et heureuse ; des hivers avec beaucoup de neige et de froid : « adulte, on ressent le froid et le vent, mais pendant l’enfance, c’était merveilleux » et « les cours n’étaient pas suspendus à cause du vent ou de la neige, il fallait aller à l’école quoi qu’il arrive ».

Son père était menuisier et chaque année, il leur fabriquait de nouveaux traîneaux et bâtons. L’hiver, avec les voisins du quartier, ils faisaient des courses de traîneaux et restaient dehors jusqu’à tard ; il n’y avait pas de danger, il n’y avait pas de voitures dans la rue. Tout le quartier se retrouvait pour patiner jusqu’à ce que les parents les fassent rentrer pour le dîner. Le quartier a marqué son enfance.

La mémoire collective du génocide selk’nam transmise de génération en génération

Mirtha est descendante de Lola Kiepja, qui était sa bisaïeule du côté de sa mère, Elvira Oray. Mirtha se souvient d’une histoire très triste, celle des femmes de sa famille. Elle parle de ses femmes parce que les hommes avaient déjà été tués. Les femmes ont été emmenées de la réserve indigène du lac Khami. On les a transportées en charrette jusqu’à la Mission salésienne. À la Mission, elles ont toutes été séparées, sans contact possible, et il leur était interdit de parler leur langue.

Toute cette partie de l’histoire est empreinte de tristesse, selon les témoignages qu’elle a recueillis de ses aïeules. Elles ont subi des coups, des humiliations. Elle se souvient que sa mère lui racontait que, lorsqu’elle faisait pipi au lit, on la forçait à défiler nue avec le matelas devant les autres pour la couvrir de honte. Tout cela fait partie de la triste histoire de sa famille, de ses femmes, dont Lola Kiepja, sa bisaïeule.

Lola Kiepja venait à Río Grande pour faire ses courses puis retournait dans son habitat, avec ses guanacos et ses coutumes. C’est ainsi que Mirta a connu sa bisaïeule ; elle se souvient qu’elle l’attendait quand elle venait en ville, qu’elles prenaient le maté avec des tortas fritas. Mirta se demandait toujours pourquoi sa mère et sa bisaïeule Lola Kiepja parlaient bizarrement et se couvraient la bouche.

Plus tard, on lui expliqua qu’elles parlaient ainsi à cause de leur langue d’origine, le selknam, qu’elles avaient cessé de parler par peur, à cause de tout ce qu’elles avaient enduré : coups, sévices et terreur vécus en tant que femmes. Petite, elle voyait les choses différemment d’aujourd’hui, mais en découvrant ces témoignages, elle a commencé à comprendre. Sa mère raconte la même chose, la souffrance vécue par les femmes de sa famille.

Mirtha se souvient que sa mère lui a toujours dit la vérité et qu’elle-même a eu des actes de résistance : à la mission salésienne, vers 10 ou 12 ans, elle s’enfuyait pour échapper aux coups.

La réforme de 1994 et l’évolution des lois indigènes en Argentine

Mirtha a toujours su qu’elle était indigène, et sa mère la protégeait pour qu’on ne la traite pas d’« Indienne » à l’école. Avec la réforme de la Constitution nationale argentine en 1994, ces histoires, longtemps tues, ont commencé à être racontées. Les témoignages existaient, mais ils n’avaient jamais été révélés, car on ne savait pas à qui les dire, à qui les confier ; ce n’était pas par honte, mais par ignorance de l’interlocuteur et par la responsabilité, en tant que communauté, de continuer à faire connaître leur histoire.

C’est donc à partir de la réforme de 1994 que les voix jusque-là réduites au silence ont pu s’exprimer. Mirtha s’est alors intéressée à d’autres lois, aux lois indigènes, aux conventions, à la loi sur les terres et à l’importance de continuer à travailler. « Savoir qui nous sommes, d’où nous venons, pour pouvoir transmettre. Parce qu’il se peut qu’un jour tu découvres que tu es indigène et il faut alors lutter, pour la reconnaissance et contre l’adversité quotidienne, et pouvoir tout transmettre », raconte Mirtha.

Mirtha a parcouru tout le pays, elle appartient à l’ETNOPO (Rencontre nationale des organisations territoriales des peuples autochtones) qui regroupe les Selknam, Mapuche et Tehuelche. Elle a travaillé sur la loi 25.517 en 2011 concernant la restitution des restes humains conservés dans les musées. Elle a travaillé avec cette loi dans la ville de Malargüe avec des archéologues et des anthropologues, pour commencer à retirer les corps des expositions dans les musées et les rendre à leur peuple, aux autochtones, les rendre à leurs frères d’où ils avaient été pris.

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Mirtha Salamanca à Punta Arenas (2018)

Un engagement pour son peuple qui rayonne au-delà de l’Argentine

Mirtha donne chaque année des conférences à l’université de Punta Arenas (Chili) et à l’université de Porvenir (Chili). Lors d’un voyage à Punta Arenas, au musée salésien Maggiorino Borgatello, où elle cherchait des photos et des documents sur sa famille, on ne lui a rien donné car elle n’avait pas d’argent. Les photos étaient vendues comme cartes postales, même si sa mère, sa grand-mère y figuraient… Elle a aussi été invitée à la Nuit Selknam où elle a pu témoigner. Lors de ces voyages à Punta Arenas, Mirtha a rencontré Lauriane Lemasson, chercheuse à l’université de la Sorbonne. Grâce à elle, elle a voyagé en France en 2019 dans le cadre du Festival Haizebegi et participé aux activités suivantes :

  • Interview pour le journal basque « Sud Ouest »,
  • Rencontre et conférence avec Pascal Blanchard (historien, ACHAC-CNRS) sur les zoos humains et la naissance du racisme, à l’Espace Culturel Louis Delgrès à Nantes
  • Collecte et préparation de joncs pour des ateliers de vannerie,
  • Visite du site mégalithique de Saint-Just et de la vallée du Don (Bretagne),
  • Consultation des archives françaises d’Anne Chapman à la Bibliothèque universitaire Brou-Dampierre de Nanterre,
  • Rencontre avec Jean-Luc Nahel, président de la Conférence des présidents d’universités (CPU) de France et responsable des relations internationales,
  • Visite du Panthéon et du bâtiment historique de la Sorbonne,
  • Conférences au Musée Basque de Bayonne et cérémonie de restitution des enregistrements de Gusinde, Furlong et Koppers de l’archive phonogrammique de Berlin par Lars-Kristian Koch, ethnomusicologue et directeur du Musée ethnographique de Berlin,
  • Rencontre avec les élèves des classes internationales du Collège Alexandre Dumas de Bayonne,
  • Exposition d’artisanat Selknam, atelier de vannerie et exposition d’artisanat pour la Journée des Sciences à Hendaye,
  • Présentation de la cérémonie du Hain à la salle Abbadia de Hendaye,
  • Conférence et débat avec des chercheurs et artistes sur ce que l’artiste et/ou le chercheur emporte ou restitue des cultures yagan et selk’nam, en présence de Federico Vladimir Pezdirc, Pablo Esbert Lilienfeld, Pantxika Telleria et Joaquín Cofreces,
  • Conférence à l’université de Donostia (Saint-Sébastien) avec les étudiants de quatrième année,
  • Conférence avec Lauriane Lemasson et débat ouvert sur le rôle du chercheur et la toponymie actuelle du sud de Hatitelen (détroit de Magellan en selknam),
  • Conférence et débat sur les lois étatiques et la réalité des peuples originaires au Chili et en Argentine avec José German Gonzalez Calderon et Víctor Vargas Filgueira,
  • Débat sur la diversité culturelle, l’environnement et les luttes pour la protection des relations des peuples autochtones avec leur environnement (Bayonne et Paris)
  • Visite impromptue du Musée de l’Homme pour obtenir une réponse de l’institution de référence concernant les restes humains yagan et selk’nam conservés au Musée,
  • Séminaire universitaire de master en ethnomusicologie au Centre Clignancourt (Université de la Sorbonne) invité par le professeur François Picard de l’Institut de Recherches en Musicologie (IReMus) du CNRS, sur le thème : Archives et patrimoines « de l’humanité » (mise en perspective des voix familiales, nécessité de poursuivre le dialogue avec les peuples)
  • Rencontre avec les responsables des collections d’objets et de photographies du Musée du quai Branly à Paris avec Ana Paz Núñez, Christine Barthe, Dominique Legoupil. Consultation des archives photographiques.
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Mirtha Salamanca lors de la visite des collections “Terre de Feu” du Musée du Quai Branly (Paris, octobre 2019)

Mirtha a été sollicitée par Lauriane Lemasson, dans le cadre d’une carte blanche reçue de l’ethnologue Denis Laborde, directeur de recherche au CNRS et qui étudie les peuples autochtones.

La chercheuse a été surprise au tout début de ses recherches en 2013 car elle pensait qu’il n’y avait plus de Selknam. Lors du festival en France, Mirtha a parlé de ce qu’avaient vécu ses ancêtres et a découvert le fonds Anne Chapman, où elle a entendu les chants de sa grand-mère et vu les archives conservées. Ces chants chamaniques enregistrés par Chapman étaient des chants interdits, qui ne doivent pas être diffusés ni reproduits.

Au musée de Berlin, il y a aussi des corps selknam qui ont été emmenés pour être étudiés et comprendre leur mode de vie. Le directeur du musée de Berlin a déclaré que la restitution des corps est une décision politique. À Ushuaia, ils les ont emmenés à Necochea où ils sont conservés. Là aussi, c’est une décision politique. Ils ne sont pas reconnus, mais ce sont des corps selknam prélevés autour de la mission salésienne.

En 2016, elle a remporté les élections du CPI (Conseil participatif indigène) en tant que représentante du peuple Selknam au niveau national.

Le groupe de femmes descendantes de la lignée de Kiepja : Khol Hol Naa

Mirtha fait partie de l’organisation « Khol Hol Naa » (que reviennent les femmes), une organisation de sœurs, nièces, tantes, toutes issues de la lignée de Lola Kiepja, défendant tout ce qui touche à la mémoire collective des femmes selk’nam.

Le combat de Mirtha est de revendiquer l’histoire de son peuple, car on avait fini par croire que le peuple Selknam avait disparu, qu’ils avaient tous été exterminés. Lola Kiepja fut la dernière chamane, la dernière Sho’on ; mais la lignée ne s’est pas arrêtée là. Elle n’a de cesse de lutter pour le patrimoine de son peuple et de sa famille, pour la restitution des matériaux dans les musées et la mise en valeur de la culture autochtone de la Terre de Feu et de Río Grande.

Elle souhaite que ses filles continuent à maintenir vivante la mémoire de l’identité de leur peuple.

Elle ne changerait rien à sa vie, elle se souvient de son enfance avec beaucoup de bonheur et de fierté, fière de ses racines et de son héritage de sang.

Elle revendique la lutte et l’union des femmes, « elle leur demande de ne jamais abandonner, malgré la difficulté de la vie de femme, de toujours aller de l’avant et qu’ensemble, elles y arriveront toujours. Elle demande aux nouvelles générations de respecter et de ne pas oublier leurs anciens ».

« J’aime Río Grande, mon Oroski, la pluie, le vent, le froid, la neige et la chaleur de ses habitants et leur solidarité ».

Jusqu’à la réalisation de cette interview, aucun recensement des autochtones n’a été effectué, mais on estime qu’il y a environ 600 personnes entre Ushuaia, Río Grande et Tolhuin.

Source (en espagnol, traduit par l’association Karukinka) : https://100rgmujeres.com.ar/mujeres/mirtha-esther-salamanca

“Un Rémois, Roi de Patagonie” (série de podcasts Les trésors de Champagne-Ardenne, France Bleu, 06/01/2025)

“Un Rémois, Roi de Patagonie” (série de podcasts Les trésors de Champagne-Ardenne, France Bleu, 06/01/2025)

Achille Laviarde, Roi de Patagonie

Un lieu, un événement, un personnage célèbre, Grégory Duchatel vous raconte les “Trésors de Champagne-Ardenne”.

Si la Cathédrale de Reims a accueilli le Sacre de nombreux Rois, il y a un, installé à Reims, qui a eu un destin pas ordinaire.

A Reims, entre la Vesle et le canal, rue de la Roseraie, un parc public a servi de lieu de vie d’un Rémois qui a eu un destin singulier. L’espace était autrefois un jardin de près de 4000 m2 dessiné par l’architecte-paysager Édouard Redon. Au milieu de ce jardin se trouvait “le château des grenouilles vertes » qui appartenait à Achille Laviarde, Roi de Patagonie.

Mais comment un rémois est-il devenu Roi de cette région située entre l’Argentine et le Chili ? Achille n’avait pas vraiment de travail. Il s’illustre tout de même dans l’aviation. C’est à lui que l’on doit le premier vol en dirigeable entre Reims et Warmeriville. En fait, il était davantage intéressé par la vie mondaine parisienne …

Le podcast est écoutable sur la page de France Bleu : https://www.radiofrance.fr/francebleu/podcasts/les-tresors-de-champagne-ardenne/un-remois-roi-de-patagonie-4110562

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[Cap au Sud #9] de Salvador de Bahia (Brésil) à Buenos Aires (Argentine)

[Cap au Sud #9] de Salvador de Bahia (Brésil) à Buenos Aires (Argentine)

Récit d’Aude, équipière de Saint Nazaire à Ushuaia !

-Stage hauturier du Brésil à l’Argentine-

Salvador, sûrement l’escale la plus en musique que nous ayons eu! L’arrivée de la transat était là! De Saint Nazaire à Salvador, quelques milles ont été parcourus et deux continents ont été reliés durant ce stage de voile hauturier.

L’escale ne doit durer malheureusement que 2 jours. Contrairement au Cap Vert, les douanes sont rapides et l’escale à Fernando de Noronha aura permis de préparer le dossier. Nous étions attendus et les formalités ont été éclair! Bémol : les douanes sont fermées le week-end et nous obligent, après une arrivée le jeudi dans l’après midi, à formaliser la sortie du territoire le vendredi soir à minuit. Nous étions autorisés à rester sur le bateau après mais pas le droit de sortir de la marina.

La marina de Salvador jouxte un terminal de bateau proposant des balades à la journée et donnant lieu à des scènes assez improbables au son (puissant) de chaque bateau. Peu après le lever du jour commence la musique à fort volume, nous obligeant à fermer les panneaux de pont et hublots au moment où nous pouvions apprécier un peu de fraîcheur (relative…) avant l’arrivée d’une chaleur étouffante dès 9h du matin. Nous apprenons quelques jours plus tard qu’une loi a été votée pour interdire l’usage d’enceintes particulières dans le domaine public tant le brouhaha était intense sur les plages et autres lieux de détente partagés! À vous qui venez de traverser l’Atlantique au son de la mer et du vent dans les voiles, à vous de vous adapter à tout ce bruit et cette chaleur! Inutile de vous dire que ça a parfois été compliqué et que c’était quelque peu fatiguant… De loin l’escale la moins reposante de notre périple !

Au complet à Salvador de Bahia !

À peine arrivée, nous faisons la connaissance de Henri qui nous attend sur le ponton. Il est français et a immigré au nord de Montréal depuis quelques années. Il embarque avec nous pour l’Argentine tandis que Juliane et Étienne préparent leurs bagages pour continuer leur voyage à terre au Brésil.

Nous partons explorer le quartier historique sur les hauteurs de la ville. Un rapide tour dans le quartier entre la marina et le téléphérique nous aura bien vite sensibilisé à la pauvreté qui touche le pays. Nous pensions monter avec nos petites jambes mais cette idée nous est bien vite déconseillée par trois locaux. Arrivés dans le quartier historique, nous comprenons rapidement l’enjeu sécuritaire. Militaires et policiers sont postés à chaque coin de rue. La place de la cathédrale est l’occasion d’admirer les décos de Noël sponsorisés par Coca Cola. C’est omniprésent! Nous en sommes tous surpris mais c’est à l’image des restaurants où il est plus facile de trouver du soda en 2l que de l’eau! Le centre historique est riche de l’histoire de la colonisation.

Le lendemain, une équipe part faire les courses. Henri étant un ancien cuisinier, il y va avec Lauriane. C’était une très bonne idée : il nous régalera de bons petits plats pendant cette descente du Brésil qui s’avèrera coriace. Damien et François restent pour les vidanges et autres bricolages du bord. Quant à Étienne, Juliane et moi, nous partons explorer la ville.

Toupie toujours au coeur de l’action

Nous pensions aller au musée national voir des œuvres d’arts, ce sera finalement un musée de l’infirmière nationale, Ana Néri. C’est leur Virginia à eux à une époque à peu près similaire à la nôtre. Puis nous allons au musée de la monnaie, à une expo photo puis à la cathédrale. Le struc y fait son effet. Ancienne possession des jésuites, ceux-ci ont laissé une trace de leur passage dans le splendide plafond. C’est aujourd’hui une église du diocèse. Le soir, après une séance d’ostéopathie improvisée en pleine rue (!), nous fêtons au restaurant l’arrivée de Henri et le départ d’Etienne et Juliane qui partiront le lendemain dans l’après midi.

Le départ de Juliane et Etienne

Le dimanche sonne l’heure du départ. Pendant que l’équipage s’affaire à préparer le bateau, je file à la messe qui a lieu à 500m. C’est jour de fête car ce sont les 170 ans de la consécration de la paroisse à l’Immaculée Conception. Étonnant d’’avoir’écouter le texte de l’Annonciation à quelques jours de Noël. Puis c’est partie pour une descente du Brésil à 5! Depuis Saint Nazaire Milagro n’a jamais eu un équipage aussi réduit.

Pour cette navigation il faut passer le cap Frio et après ça descend… en fait pas tant que ça!

Escale à Vitoria, deuxième plus grand port de minerais du monde

La traversée est assez longue. Nous devons faire deux escales pour des raisons de vent trop violent. La question du vent sera essentielle dans cette descente tout sauf évidente. Après le confort des alizés, c’est un peu brutal. Après le passage du cap Frio, nous essuyons une dépression au large de Rio Grande do Sul, apparue d’un coup et sans lieu de replis pendant plus de 350mn! La côte est une bande de sable avec des ports soit trop petits pour Milagro, soit barrés par un banc de sable rendant l’approche trop dangereuse dans les conditions qui étaient les nôtres. Il faut donc serrer les fesses, ranger l’intégralité du bateau pour que rien ne risque de chuter et nous blesser et préparer quelques repas d’avance! Finalement, nous ne subirons pas grand chose au regard de ce qui est annoncé. Lauriane fera du routage très précis pour nous éviter la rencontre de deux grosses cellules orageuses et altèrnera les quarts avec Damien pour ne pas nous exposer à du gros temps (4-6m de houle, 40-45 noeuds).

L’activité orageuse dans la nuit du 19 au 20 décembre, où nous nous trouvons…

Nous abîmerons dans cette bataille pendant la nuit le gros coffre à gaz arraché par une vague plus grosse que les autres venue casser sur le bâbord, et perdrons la boîte de matériel de pêche qui était amarrée dessus (des bribes seront miraculeusement retrouvées sur le pont). Le gaz sera raccordé le lendemain dans la matinée avec, chose notable, l’installation d’un nouveau raccord olive de 8mm dehors dans 4m de creux… Dans la matinée, le bateau est remis en ordre et la météo s’est un peu arrangée. Le vent se calme et nous reprenons tous le rythme des quarts et la vie à bord. À cette perte temporaire du gaz, ajoutons la déchirure de la grand voile au niveau des prises de ris 2 et 3 et le groupe électrogène qui fait des siennes et refuse de produire la tension voulue (ce qui veut aussi et surtout dire que nous devons tenir jusqu’à l’arrivée sur l’eau restante dans le bateau faute de déssalinisateur sans générateur… Nous avons de la marge mais tout de même) !

La remontée du Rio de la Plata a un goût particulier: l’idée de savoir que la terre est au bout et que l’arrivée est proche est plaisante. Surtout que la remonté se fait sur une eau chargée de limon. Nous arrivons au Yacht Club Argentin le 24 décembre à 21h30 après une manœuvre de port épique et fêtons Noël autour un punch pastèque improvisé et de quelques mets préparés dans la journée.

Réveillon de Noël à Buenos Aires, à bord de Milagro !

Nous passons la journée du 25 à faire une grasse matinée bien méritée puis les papiers… pas une mince affaire : les trois autorités ne sont pas raccord sur la procédure et l’emplacement des douanes… Après maintes tergiversations, nous finissons par être dirigés au bon endroit et être en règle pour notre entrée en Argentine. Le nouvel équipage est partiellement arrivé à Buenos Aires et à 19h pile nous fuyons du navire pour éviter un combat perdu d’avance avec des centaines et des centaines de moustiques arrivant tout droit des marais situés juste à côté du Yacht Club Argentin. Un enfer. Le coût de la vie est élevé et les salaires n’ont pas suivi. Le pays fait fasse à une augmentation de la pauvreté avec plus de 57% de la population argentine sous le seuil de pauvreté. Nous voyons partout des personnes fouiller les poubelles, des artistes de rue de 80 ans tentant de gagner quelques pièces en plus, des parents venant demander de la nourriture pour leurs enfants… triste situation pour un pays pourtant si riche !

Je reviens sur le bateau après deux jours de vadrouille en ville et découvre que les réparations ont déjà bien avancé sur la grand-voile et que le générateur est de nouveau opérationnel après changement des condensateurs. Tout est fait entre membres avec Damien, Clément, Lauriane, Sébastien, Jacques, Patrick et Philippe. Pour la suite de notre périple nous aurons d’ailleurs de supers enceintes SONOSAX pour écouter de la musique et ce qui se passe dans l’eau, installées dans le carré (et non sans mal) par Jacques, Lauriane et Clément.

Je profite que nous soyons à terre pour aller à la messe à la cathédrale. Qu’il est surprenant de voir le drapeau de l’Etat argentin dans le cœur de l’église et l’armée qui veille sur le mausolée de San Martin. Il faut voir le lien entre l’Eglise et l’Etat: pas très clair et très sain cette histoire ! Après cette opération, je pars chercher du pain. La ville a plusieurs boulangeries que nous les testons au fur et à mesure. Bonne pioche pour le pain, un peu moins pour les desserts! Après 2,5 mois en mer, il faut avouer qu’une bonne baguette manque un peu… S’en suivent deux autres journées de réparations, préparations et rangement du bateau. Clément et Sébastien sont arrivés de France avec plein de matériel qu’il faut ajouter à tout ce qui était déjà à bord!

Le départ se fait proche, et au bout de 5-6 jours le large commence déjà à manquer un peu.


Parmi les belles rencontres de cette escale est à distinguer celle avec Carlos Salamanca, frère de Mirtha (membre d’honneur de notre association) et qui suit nos activités depuis 2019, lorsque sa soeur est venue nous rendre visite en France pour consulter les archives de sa famille. Entre café et alfajores, nous avions déjà les pensées tout au sud de l’Argentine et milles projets à réaliser. La suite d’ici peu avec notre projet des Voix des Grands-Mères.

Pour en savoir plus sur notre club de voile associatif : https://karukinka.eu/fr/club-de-voile/ ou https://karukinka-exploration.com/

Carlos et Lauriane (Yacht Club Argentino, Buenos Aires)