La barrière de Ross, en Antarctique, le 18 avril 2009. Michael Van Woert, NOAA/FLICKR CC 2.0
Des fréquences sonores émises par la barrière de Ross, une plateforme de glace en Antarctique, ont été enregistrées par des scientifiques américains qui ont publié le 16 octobre le résultat de leurs recherches.
“Les fréquences [des sons enregistrés] sont trop basses pour être perçues naturellement par l’homme mais, quand on les accélère, on croirait entendre le son sinistre qui annonce l’arrivée d’un monstre dans un film d’horreur.” Ainsi le site Quartz décrit-il les curieuses plaintes d’un plateau de glace de l’Antarctique.
La barrière de Ross, d’une taille comparable à celle de l’Espagne, a livré de nouveaux secrets à des scientifiques de l’université d’État du Colorado. Équipés de sismographes, ils ont repéré par hasard puis étudié, pendant deux ans, “la fréquence sonore émise par la neige alors qu’elle vibre sous les effets du vent et de la fonte”, détaille Quartz. Ces sons pourraient même permettre d’établir des prévisions sur de possibles ruptures d’iceberg liées à la fonte des glaces. Devant les perspectives inquiétantes du réchauffement climatique, particulièrement pour la hausse du niveau des océans, “peut-être le son de la vibration de la neige est-il un sinistre augure tout à fait approprié”, conclut le site d’information.
Le chanteur Abd al Malik commente le documentaire édifiant d’Arte sur ces «bêtes de foire» du XIXe siècle.
C’est un documentaire qui fera date que propose ce soir Arte. Sauvages, au cœur des zoos humains nous raconte un pan oublié de l’histoire, quand des hommes exhibaient d’autres hommes.
Ils se nomment Petite Capeline, Moliko, Ota Benga, Marius Kaloïe ou Jean Thiam. Ils viennent de Patagonie, d’Australie, de Guyane, du Congo ou du Sénégal. Tous font partie d’une triste famille composée de 35 000 hommes et femmes qui furent exhibés dans le monde entier de 1810 à 1940 au fil d’expositions universelles ou coloniales, dans des cirques ou des zoos! Ils y furent présentés à un milliard et demi de visiteurs comme des sauvages ou des monstres… Le documentaire d’Arte fait resurgir ce pan oublié de l’histoire de l’humanité.
« S’imaginer que des gens sont allés au zoo pour aller voir d’autres êtres humains mis en scène tels des bêtes, cela fait froid dans le dos »Abd al Malik
«Quand on se rend compte que ces choses-là ont eu lieu il n’y a pas si longtemps, c’est fort, commente Abd al Malik, qui prête sa voix au film pour nous raconter cette histoire. On est nous-mêmes parents. On emmène nos enfants dans des zoos voir des animaux. S’imaginer que des gens l’ont fait pour aller voir d’autres êtres humains mis en scène tels des bêtes, cela fait froid dans le dos.» Sauvages retrace les destins de six de ces exhibés oubliés, s’appuyant sur des images d’archives inédites, des images exceptionnelles, le récit d’historiens et de spécialistes, et surtout les témoignages de leurs descendants. Leurs analyses nous permettent de comprendre la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée de «l’autre» pour légitimer la domination coloniale.
«Ces expositions, ces zoos étaient à Paris, à Berlin et dans d’autres grandes villes d’Europe ou aux États-Unis, explique Abd al Malik. On y voit les préambules et la construction d’une grande idéologie raciste. D’une certaine manière, cela explique aussi que les instincts et les réflexes négatifs que l’on peut avoir vis-à-vis de “l’autre” participent de la construction de longue date d’un regard.» Pour l’artiste, poser sa voix sur un document aussi fort est forcément impliquant. «Que ce soit dans des chansons, des livres ou au cinéma, je suis un raconteur d’histoires. Ici, mon outil, c’est ma voix. Mes parents sont originaires du Congo Brazzaville. Alors forcément, quand je parle de la vie d’Ota Benga, un Pygmée exhibé originaire du Congo belge, cela devient très personnel. Cette émotion, je la laisse transparaître.»
Dans « Faux calme », l’écrivaine argentine Maria Sonia Cristoff retourne dans la région de son enfance, que l’oubli menace, et en rapporte d’intenses témoignages.
Par Ariane Singer (Collaboratrice du « Monde des livres ») Publié le 13 septembre 2018 à 07h30, modifié le 13 septembre 2018 à 09h24
Faux calme. Voyage dans les villes fantômes de Patagonie (Falsa Calma. Un recorrido por los pueblos fantasma de la Patagonia), de Maria Sonia Cristoff, traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet, Le Sous-sol, 240 p., 21,50 €.
Un village de la province patagonienne de Santa Cruz (Argentine). MICHEL GUNTHER / BIOSPHOTO
Maria Sonia Cristoff n’a pris conscience de l’isolement de la Patagonie – l’une des régions les moins densément peuplées au monde – qu’à l’adolescence, lorsque l’appel de la civilisation et la promesse d’un accès plus aisé aux livres l’ont décidée à s’installer à Buenos Aires. Vingt ans après avoir quitté sa province natale, l’écrivaine argentine, née en 1966 à Trelew, y est retournée pour saisir ce trait « éminemment patagonique » qu’est l’isolement. Le débusquer « dans ses aspects les plus extrêmes ». C’est nourrie de récits de voyage qu’elle a cherché à pénétrer l’esprit de cette contrée reculée. A mille lieues des clichés dépeignant la Patagonie comme une terre d’évasion exotique, elle a choisi à dessein cinq villages « fantômes » – plus exactement quatre villages et une petite ville –, cinq expressions d’une solitude plus ou moins assumée, plus ou moins sclérosante, qui lui ont parfois donné l’impression d’être dans un « décor de science-fiction ». Ce sentiment d’étrangeté infuse, parfois jusqu’au vertige, chacun des dix chapitres de Faux calme : un livre dense, dont l’écriture, aride et intense, ainsi que la proximité brute entre la narratrice et ses sujets d’observation rappellent certains textes de Joan Didion sur l’Amérique rurale des années 1960 et 1970.
L’auteure y évoque ainsi la légende, bien ancrée dans la population d’El Cuy, du Maruchito : un jeune garçon tué par son contremaître pour avoir joué de la guitare, et devenu un faiseur de miracles après sa mort. Malheur à qui omet de s’arrêter devant son sanctuaire et d’y déposer une offrande. La narratrice en fera l’expérience lorsque…
Publié le 13/09/2018 à 16:24, mis à jour le 13/09/2018 à 16:40
Cette exploratrice, ancienne avocate en « fusac », est détentrice du record du monde de la plus longue expédition en Antarctique à skis. Dans un livre qui vient de paraître, elle loue les bienfaits de l’aventure. En conditions extrêmes et au quotidien.
Comme chaque année, Stéphanie Gicquel a couru les 177 kilomètres du Grand Raid du golfe du Morbihan. Et, comme chaque année, elle a fait mieux que l’année précédente. En juin 2017, elle avait mis 26 heures. 26 heures de course à pied. Et cette année, elle est arrivée première, sous une forte chaleur, «avec un temps de 23 heures 46’55’ , se plaçant ainsi en tête des candidates.
« Avant de partir pour l’Antarctique, en 2014, je tirais des pneus sur la plage et courais dans les entrepôts frigorifiques d’Orly à -23°C pour être au niveau »Stéphanie Gicquel
La performance semble pourtant normale pour cette exploratrice recordwoman de la plus longue expédition en Antarctique à skis. Et, entre deux récits dantesques en Patagonie, cette petite brune aux bras musclés donne sa recette magique: «Il faut surtout de l’entraînement et de la volonté. Avant de partir pour l’Antarctique, en 2014, je tirais des pneus sur la plage et courais dans les entrepôts frigorifiques d’Orly à -23°C pour être au niveau. C’est comme ça que j’ai relié l’idée à l’action!»
On pense en l’écoutant au film Forrest Gump, cette course d’un Candide du XXe siècle à travers les États-Unis. D’ailleurs, Stéphanie…
“Las investigaciones sobre nuestros pueblos originarios se renuevan y fortalecen con el paso del viento. Ahora en manos de una joven científica, Lauriane Lemasson, que viajó desde Bretaña, un pueblo francés, hasta el sur del Estrecho de Magallanes, empujada por la pasión que le despierta el conocimiento, la belleza de los paisajes y las voces de la naturaleza. Esta noche vamos a juntarnos a hablar con ella en Radio Acción, 88.7 fm. Para llevar a cabo un trabajo así no sólo hay que disponer de una gran fuerza de voluntad, sino además de una sensibilidad extraordinaria. No se lo pierdan.”