Il s’agit d’une initiative présentée par la conseillère municipale Cintia Susñar, à la demande du groupe de femmes selknam « Khol Hol Naa ». Elle sera débattue en commission à partir de la semaine prochaine et vise à reconnaître « les femmes qui ont lutté et qui continuent de lutter pour les droits des peuples autochtones ».
À travers un projet d’ordonnance, la conseillère municipale Cintia Susñar propose que l’on donne à un groupe de rues de Río Grande des noms de femmes autochtones selknam, répondant ainsi à une demande de l’Agrupación « Khol Hol Naa ».
Parmi les arguments de sa proposition, Susñar affirme que « l’identité d’une ville se construit en valorisant ses origines », c’est pourquoi « dans le but de renforcer la culture de la ville, nous devons reconnaître, nommer et faire connaître les origines de notre culture, avec ses femmes qui ont été un pilier fondamental pour toute organisation de la société ».
En ce sens, l’élue considère que « nous devons encourager ce type d’actions afin que tous les représentants de notre ville reçoivent l’hommage et la reconnaissance qu’ils méritent », soulignant que « les premières femmes ont été des pionnières sur notre terre, et c’est ainsi que nous devons leur accorder la reconnaissance qu’elles méritent, afin de mettre en valeur leur travail, leur dévouement et leurs milliers de traces si fécondes dans notre quotidien ».
Par ailleurs, Susñar a mis en avant l’Agrupación « Khol Hol Naa », assurant qu’elle « travaille sans relâche pour que ses valeurs et principes soient transmis de génération en génération », ajoutant que « dans les temps que nous vivons, il est plus qu’important de donner la place qui revient aux femmes qui, par leurs efforts, ont forgé notre histoire ».
Six artères, actuellement sans nom, seront incluses dans le projet :
Dans la note adressée à Susñar, les membres de l’Agrupación « Khol Hol Naa » (qui signifie « le retour des femmes » en langue selknam) ont indiqué que l’objectif est de « consolider le genre féminin et, surtout, nos racines », assurant que l’on cherche ainsi à rendre hommage « à toutes nos sœurs qui ont lutté et qui luttent encore pour les droits des peuples autochtones ».
« C’est pourquoi l’idée a toujours été de préserver et de sauvegarder la culture selknam, qui a été exclue pendant des années. Nous voulons faire valoir respectueusement notre histoire et celle de chacune de celles qui ont subi les pires atrocités et mauvais traitements », ont-elles indiqué.
Enfin, depuis l’entité, elles ont souligné que « compte tenu du contexte actuel de la ville, alors que nous célébrons notre centenaire, nous souhaitions demander cordialement de donner le nom de nos femmes autochtones à des rues, des places, des placettes, des ronds-points ou tout autre espace public ».
« Dans le contexte actuel, la femme a gagné une place méritée, réalisant d’importants progrès pour notre société, mais nous ne pouvons pas oublier nos sœurs qui ont lutté pour notre terre, où elles ont subi les pires actes de violence, d’abus et où elles ont été totalement vulnérables face à l’invasion », ont-elles affirmé.
Qui sont les femmes selknam proposées pour cet hommage ?
Virginia Choquintel, du peuple selk’nam (Rio Grande Terre de Feu)
Virginia Ángela Choquintel Napoleón
est née le 20 juillet 1942 à la Mission salésienne de Río Grande, où elle a été pensionnaire, a effectué ses études primaires et a vécu une grande partie de sa vie. Elle a été témoin de la fin des peuples autochtones de la Terre de Feu, qui, à cette époque, ne comptaient plus que quelques survivants du génocide selknam, du métissage et des maladies importées par les Blancs.
Elle gardait très peu de souvenirs de son enfance. Elle se rappelait que son père, Natalio Choquintel, qui vivait dans une maison de la Mission salésienne, l’emmenait tous les après-midis faire du cheval. De sa mère, Magdalena Saenes, elle ne se souvenait de rien, car celle-ci avait succombé aux maladies apportées par les Occidentaux alors que Virginia n’avait que 4 ans. Virginia est décédée le 2 juin 1999 à Río Grande, à l’âge de 56 ans
Enriqueta Gastelumendi
« La India Varela » (1913-2004) est née un jour d’hiver, fille d’une mère selknam et d’un père basque espagnol. Elle a été femme, mère, grand-mère et, par-dessus tout, une femme qui nous a légué son art, ses œuvres ou, comme elle disait, « ses petits travaux » qui semblaient avoir une vie propre, cette vie transmise de l’identité fuégienne, incarnée dans le lenga, se transformant d’un arbre tombé en sang de la terre devenu art, sculptant différentes œuvres, par exemple : le Christ ona parmi tant d’autres créations. Enriqueta est décédée le 29 août 2004.
Enriqueta Gastelumendi, femme autochtone et témoin de la culture selk’nam
Elvira Oray
Elle est née à Río Grande le 4 août 1934, fille d’Adela Parra (selknam) et de Ramón Oray, appartenant à la lignée de Lola Kiepja. À l’âge de 6 ans, elle fut amenée, avec le groupe de femmes de la famille, à vivre à la Mission salésienne, où elles furent ensuite séparées. Elvira a subi toutes sortes de violences, étant vulnérable du fait d’être « orpheline » et autochtone. À sa majorité, elle s’est mariée avec Sabino Salamanca et ils ont eu six enfants. Elle a travaillé à l’abattoir CAP et au Centre sportif municipal. Elle est décédée le 7 juillet 1987 à Río Grande
Femmes selk’nam en haut de gauche à droite : Kiepja, Cecilia Oray dans les bras de Carmen Venegas; Anita Oray dans les bras d’Adela Parra et ? / En bas : Elvira Oray, Ejej et Leonor Oray. Photo prise à la fin du génocide selk’nam dans les années 1920 à la Mission Salésienne Rio Grande
Rosario Imperial
Selknam, propriétaire de la première pension de Río Grande, où séjournaient des gens de la campagne et des « paisanos » selknam. C’était un lieu où ils se réunissaient pour parler leur langue. Elle est décédée en 1970.
Rosario Imperial, femme selk nam ayant vécu à Rio Grande (Terre de feu argentine)
Herminia Vera Hilioyen
Herminia Vera Hilioyen, selknam, fille de Matilde Hilioyen (selknam) et d’Antonio Vera, est née le 27 octobre 1922 à l’estancia Viamonte, où elle a passé son enfance. Par la suite, elle a été envoyée à Punta Arenas pour commencer l’école primaire, puis elle est revenue à la Mission salésienne où on lui a dispensé l’enseignement de l’époque. Elle s’est mariée à 21 ans et a eu 10 enfants. Herminia a toujours gardé à l’esprit qu’elle avait traversé des périodes de discrimination, ce qui a conduit à ce que ses origines soient cachées. Elle était reconnue pour sa chaleur humaine et sa gentillesse envers toute personne qui dialoguait avec elle. Herminia est décédée le 5 juillet 2014
Herminia Vera Hilioyen
Covadonga
Femme du peuple selknam, également connue sous le surnom de « chonga ». Elle a été arrachée à son habitat à l’âge de 10 ans pour être mise en servitude, se faisant aimer pour sa sympathie et sa gentillesse. Elle a appris à lire et à écrire, parlait allemand et espagnol. On la voyait très à l’aise et joyeuse avant sa mort soudaine (tuberculose) en 1899. Sa mort a toujours été entourée de doutes, car il a été découvert qu’elle transmettait des informations à un jeune cacique tehuelche.
Covadonga, une des figures du génocide selknam ayant disparu à Punta Arenas (Chili)
Sans pathos, ce documentaire (dédié aux zoos humains) décortique le racisme pseudoscientifique à l’origine de cette pratique qui persista jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Par Pierre Lepidi Publié le 05 septembre 2020 à 20h00
Exhiber des « sauvages » derrière des grilles, c’était avant tout légitimer la colonisation et prouver la prétendue supériorité de l’homme blanc. Photo non datée, probablement fin du XIXe siècle. GROUPE DE RECHERCHE ACHAC/ARTE
ARTE – SAMEDI 5 SEPTEMBRE À 20 H 50 – DOCUMENTAIRE
A l’exception peut-être de Saartjie Baartman, mieux connue sous le pseudonyme de « Vénus hottentote », une jeune femme originaire d’Afrique du Sud arrivée en Europe en 1810 et dont le destin a été porté à l’écran par Abdellatif Kechiche dans Vénus noire (2010), l’histoire populaire n’a retenu aucun nom, aucun visage. Pendant tout le XIXe siècle et jusqu’à la seconde guerre mondiale, près de 35 000 personnes ont pourtant été exhibées dans des cirques ou lors d’expositions universelles et coloniales en Europe et aux Etats-Unis. Devant un public avide de sensations fortes et assoiffé d’exotisme, des hommes, des femmes et des enfants ont été présentés comme des bêtes sauvages ou des monstres sexuels.
Ce documentaire retrace la vie de Petite Capeline, Tambo, Moliko, Ota Benga ou Jean Thiam. Ils ont été arrachés au Congo, à la Guyane, à la Patagonie ou à l’Australie. Sans pathos, le film de Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet retrace leur vie grâce à d’innombrables archives (vidéos, affiches, films, cartes postales, articles de presse…), à des éclairages d’universitaires parmi lesquels l’anthropologue Gilles Boëtsch (CNRS) et des historiens comme Benjamin Stora et Sandrine Lemaire. A l’écran, le résultat final ressemble à un hommage aussi fort qu’émouvant.
Asservir et coloniser
« Vouloir se souvenir, ça ne veut pas dire vouloir culpabiliser les gens », prévient au début du documentaire Lilian Thuram, ancien pilier de l’équipe de France de football et président de la Fondation Education contre le racisme. Le film conserve le même esprit grâce, notamment, aux commentaires du rappeur et écrivain Abd Al Malik, qui accompagne les récits des « déracinés » et ceux de leurs descendants. L’évolution des zoos humains montre comment la société européenne est passée d’un racisme pseudoscientifique à un racisme de masse, les « sauvages » étant montrés comme des êtres inférieurs qu’il faut asservir et coloniser pour assurer leur développement.
Dans les années 1880, en Europe, il faut montrer d’authentiques « primitifs » dans les zoos, quitte à faire croire qu’ils sont cannibales. Le grand public veut ressentir le même frisson que les aventuriers lors de leurs expéditions lointaines. Petite Capeline a été capturée à l’âge de 2 ans avec dix membres de son village de Patagonie. Morte d’une broncho-pneumonie après quelques mois en France, elle est enterrée à deux pas du Jardin d’acclimatation, à Paris. Quant à sa famille, elle est exposée en Allemagne puis en Suisse. Deux membres survivront et reverront leur terre natale, mais en y rapportant un virus respiratoire qui décimera leur peuple.
Aux Etats-Unis, Phineas Barnum a construit sa fortune en présentant dans ses spectacles des femmes à barbe, des frères siamois, des obèses, mais aussi des aborigènes d’Australie ou des Pygmées du Congo. Ces derniers, en raison de leur petite taille, qui leur a pourtant permis de survivre dans les forêts d’Afrique centrale, ont longtemps été classés au dernier rang de l’espèce humaine.
En Allemagne, au début du XXe siècle, Carl Hagenbeck a été l’un des plus grands imprésarios d’Europe. Marchand d’animaux, il a aussi alimenté en « sauvages » des cirques, des ménageries et des jardins zoologiques. Un siècle après sa mort, en 1913, un zoo de Hambourg porte encore son nom. De hautes statues décorent la porte d’entrée. Elles représentent des hommes originaires de contrées lointaines au milieu d’animaux sauvages.
Par Ariane Singer (Collaboratrice du « Monde des livres ») Publié le 27 août 2020 à 19h00
A travers la Patagonie. CORNELIA DOERR/GO FREE/GRAPHICOBSESSION
« Patagonie route 203 » (La marca del viento), d’Eduardo Fernando Varela, traduit de l’espagnol (Argentine) par François Gaudry, Métailié, 358 p., 22,50 €, numérique 15 €.
La route pour seul horizon. Tel est le quotidien de Parker. A bord de son camion, ce chauffeur routier sillonne les vastes steppes de la Patagonie pour transporter, jusqu’aux ports de l’Atlantique, ses cargaisons de fruits exotiques de contrebande. Son vieux saxophone à ses côtés, cet homme au passé turbulent cherche à « vivre en paix une existence errante », tout en empruntant les artères secondaires, surveillées par des polices locales moins regardantes sur le contenu de son chargement, et « plus faciles à corrompre » que les autorités fédérales.
Lorsqu’une avarie mécanique le contraint à une halte imprévue dans un des hameaux qu’il traverse, Parker n’a d’autre choix que de prendre son mal en patience. Là, une visite à la fête foraine va changer le cours de son existence : tombé sous le charme de la femme du propriétaire des manèges, Maytén, juste avant que les forains ne lèvent le camp pour une destination inconnue, ce solitaire impénitent décide de la retrouver coûte que coûte. Et de reprendre la route, peu importe où celle-ci le mènera.
Bien loin de la démarche ethnologique du romancier Bruce Chatwin (1940-1989), parti dans la région saisir ses habitants les plus marginaux et ses espaces infinis (En Patagonie, Grasset, 1979), Eduardo Fernando Varela, scénariste pour la télévision et le cinéma, prend le parti d’un humour ravageur pour dérouler ce road-trip argentin. En témoignent les noms des lieux fictifs qu’il fait traverser à son protagoniste, tous plus loufoques les uns que les autres (Saline du désespoir, Montagne trouble, Pampa de l’enfer…)
Comique de répétition
Se riant des écrivains et des voyageurs attachés au mythe d’une Patagonie pétrie de légendes et peuplée d’excentriques, le romancier propose sa propre galerie de personnages bizarres, comme sortis d’une autre dimension. On croise ainsi un journaliste,
En embarquant en 1766 à bord d’un des bateaux de l’expédition Bougainville, Jeanne Barret, travestie en homme, est devenue l’une des premières exploratrices françaises. Experte en supercherie, mais aussi en herboristerie.
Publié le 23 août 2020 à 20h26· Mis à jour le 23 août 2020 à 20h28
Décembre 1766, rade de Rochefort, en Pays de la Loire : on s’active sur le pont de la flûte « l’Etoile »,chargée à bloc de denrées de ravitaillement. Tous les regards se tournent vers ce grand navire dont la vapeur tamise le bleu du ciel. On parle de lui dans les tavernes, les maisons, les fermes, les presbytères. C’est la flûte « l’Etoile » qui s’apprête à faire voile pour le tour du monde ! Pour la première fois, un équipage français va se lancer dans cette expédition.
En retrait, un homme et son jeune valet attendent d’embarquer. Elancé et mince, l’homme, la quarantaine, a le regard sévère. Le jeune garçon à ses côtés est petit, trapu, les joues roses couvertes de tâches de son. Tous deux attendent de monter à bord pour ce périple de deux ans autour du globe, une grande expédition officielle voulue par le roi Louis XV, conduite par Louis Antoine de Bougainville. Au programme : exploration de nouvelles terres,…
Au cours de ses 21 années d’existence, l’enregistrement auprès de la Direction nationale des musées n’avait pas commencé. L’actuelle Direction Municipale a mené les démarches pertinentes afin de mettre en valeur cet espace culturel et historique emblématique de Río Grande.
La municipalité de Río Grande célèbre que, depuis le 22 juillet dernier, le musée municipal « Virginia Choquintel » fait partie du registre national des musées argentins.
Il convient de rappeler que le 1er juin dernier, le Musée municipal a célébré ses 21 ans d’histoire. Cette propriété, qui a été offerte par l’Association Rurale de Terre de Feu au milieu des années 80, grâce à l’initiative de voisins qui ont entrepris le « Centre Documentaire Historique », est aujourd’hui en cours de rénovation et d’actualisation.
Bien que l’institution existe depuis 21 ans, son enregistrement auprès de la Direction nationale des musées n’avait jamais commencé auparavant. C’est pourquoi, depuis le début de cette année, l’actuelle Direction Municipale a entamé les démarches pertinentes pour que ledit espace adhère au Registre des Musées Argentins.
À cet égard, le sous-secrétaire à la Culture, Carlos Gómez, a indiqué qu’« il est de la plus haute importance pour le maire Martín Pérez et pour cette administration de réévaluer le patrimoine culturel que possède la ville, en tenant compte du fait qu’elle est en route vers le centenaire ». ” et a ajouté que “les principaux objectifs de la décision adoptée étaient précisément de valoriser le patrimoine local conservé dans le Musée et de redonner du sens à cet espace culturel et historique de Río Grande”.
Le Registre des Musées Argentins (RMA) vise à rendre visible la communauté muséale sur tout le territoire national, en contribuant à la construction d’espaces d’échange entre les institutions et en travaillant en collaboration avec la Direction Nationale des Musées, les autorités patrimoniales et autres musées du pays.
Dans ce sens, le sous-secrétaire a souligné que “l’appartenance au RMA nous donne la possibilité, à travers sa plateforme en ligne, d’être consultés par les professionnels d’autres musées, ainsi que par ceux qui souhaitent nous rendre visite et nous connaître”.
“Cette initiative, fondamentale pour ouvrir un écran sur le monde, recrée la possibilité de faire connaître nos collections, les activités culturelles développées à partir du Musée municipal ‘Virginia Choquintel’, ainsi que les programmes éducatifs et tous les services offerts tout au long de l’année”, a-t-il noté.
De même, Gómez a souligné qu’« un autre avantage de l’intégration du RMA est que nous ferons également partie du Registre des musées ibéro-américains -RMI- de l’Observatoire ibéro-américain des musées ».
Enfin, le responsable a exprimé que “du Sous-secrétariat à la Culture de la Municipalité nous aspirons à générer différentes actions avec la mission fondamentale d’intégrer, d’interagir en permanence avec d’autres institutions de la zone et d’offrir à nos visiteurs un échantillon d’excellence”.