L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario)

Le lobbyiste d’affaires Eduardo Frei a déclaré que pour que le Chili devienne un pays développé et puisse beaucoup exporter, « la première chose que nous devons faire est tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili ».

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L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario) 2

Osaka, Japon, 19 juin 2025 (radiodelmar.cl) – Lors du sommet d’affaires Chili-Japon à l’Expo d’Osaka, qui s’est tenu le 16 juin au Japon, l’ancien président et actuel lobbyiste d’affaires, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, a été invité par le gouvernement de Gabriel Boric ainsi que par les associations patronales forestières, agro-industrielles et salmonicoles, afin de défendre les groupes exportateurs chiliens et les investissements des multinationales japonaises au Chili.

Lors de cette rencontre d’affaires, cité par El Mercurio, l’ex-président a indiqué : « Par exemple, dans le secteur du saumon, nous sommes les deuxièmes producteurs mondiaux et les entreprises japonaises sont prêtes à investir pour doubler nos exportations. Mais pour cela, la première chose que nous devons faire est de tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili. Je le dis sans détour ! »

La Loi Lafkenche (n° 20.249) est une législation de la République qui permet aux peuples autochtones, ainsi qu’aux activités de pêche artisanale, aux communautés et entreprises locales (gastronomie, tourisme), de demander la protection de zones du littoral via la mise en place des Espaces Côtiers Marins des Peuples Autochtones (ECMPO).

Les propos de Frei ont été publiés par El Mercurio de Santiago du Chili. Ce média a également recueilli les réactions de Sady Delgado, directeur général de la méga-entreprise AquaChile, propriété du groupe AgroSuper de la famille Vial et membre du patronat Conseil du Saumon, qui a remercié « la clarté avec laquelle l’ex-président Frei a exposé les difficultés auxquelles le secteur est confronté ».

Delgado a ajouté que l’ex-président « a tout à fait raison dans ce qu’il dit, car c’est une loi qui affecte fortement le développement de la salmoniculture et qui affectera aussi d’autres industries ».

Des lois contre la “permisologie” pour accélérer l’extractivisme au Chili

Suite aux propos de Frei, Susana Jiménez, présidente de la Confédération de la Production et du Commerce (CPC), a déclaré à El Mercurio que l’ex-président « a fait référence à une situation réelle. Les processus de renouvellement de concessions et de nouveaux projets d’investissement sont bloqués. Et cela a beaucoup à voir avec la manière dont la loi a été gérée. Il ne devrait pas y avoir de demandes d’espaces incroyablement grands qui bloquent les investissements et ne finissent que par être des transferts de richesse ».

À l’Expo Osaka, Eduardo Frei a exposé deux autres points qu’il considère comme essentiels à débloquer dans notre pays : la lenteur du système politique à traiter les questions stratégiques. Il a pris pour exemple la manière dont l’Accord Transpacifique (TPP11) a été traité : « Nous avons mis quatre ans à le ratifier et nous avons perdu des marchés en Asie. Quatre ans perdus, en commerce international, c’est beaucoup ».

La deuxième revendication de Frei concerne les infrastructures : « Le Chili ne dispose d’aucun port de grande envergure et cela doit changer, sinon ce sera un frein à notre potentiel exportateur », a argumenté l’ex-président.

Ce sommet d’affaires s’est terminé par une visite du pavillon du Chili à l’Expo Osaka, où le public a pu déguster des saumons et des vins, proposés par les associations de producteurs de saumon et le groupe Vinos de Chile.

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/ex-presidente-eduardo-frei-y-el-empresariado-salmonero-en-japon-hay-que-matar-la-ley-lafkenche/ Cet article, publié en espagnol par Diario Mapuche, a été traduit par les bénévoles de l’association Karukinka

Pour en apprendre davantage sur l’actualité patagonne au Chili et en Argentine rendez-vous sur la page dédiée du blog de l’association Karukinka : ici

[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025)

Le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, composé de cinq peuples (Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán) a dénoncé les attaques et l’invisibilisation subies au Chili malgré une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive : la loi Lafkenche. #unoc3 peuples autochtones chili

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[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025) 4

Lors de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC3), qui s’est tenue du 9 au 13 juin 2025 à Nice (France), le Chili a projeté une image de leader mondial en matière de politiques océaniques, annonçant son engagement à protéger plus de la moitié de son océan — dépassant ainsi l’objectif 30×30 —, à accueillir le Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à se porter candidat pour co-présider la prochaine Conférence des Océans (UNOC4).

Cependant, depuis cette même tribune internationale, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, représentant les visions collectives des cinq peuples qui le composent — Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán —, ainsi que l’Identité Territoriale Lafkenche et d’autres leaders des peuples côtiers du sud du Chili, ont exposé une contradiction douloureuse : le pays qui cherche à diriger la conservation marine mondiale attaque et invisibilise chez lui une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive.

Il s’agit de la Loi 20.249, qui crée les Espaces Côtiers Maritimes des Peuples Autochtones (ECMPO), une réglementation issue de la lutte légitime des peuples autochtones. Cette loi permet d’attribuer l’administration d’espaces maritimes côtiers délimités à des communautés ayant historiquement exercé leur usage coutumier, dans le but de préserver les pratiques traditionnelles, de conserver les ressources naturelles, de garantir le bien-être et le lien ancestral avec la mer, et de promouvoir une gouvernance participative et inclusive du littoral entre les différents acteurs territoriaux.

Comme l’a expliqué Pamela Mayorga Caro, coordinatrice du Réseau, lors de la conférence, cette loi est « un outil de co-administration qui rend visibles et donne la possibilité aux communautés d’avoir une voix démocratisée sur l’avenir de leurs territoires ».

Alors que le Chili aspire à diriger la conservation marine mondiale, ses avancées océaniques n’intègrent pas de manière substantielle les côtes continentales et les eaux intérieures, épicentre des conflits socio-environnementaux. Et, paradoxalement, la Loi 20.2491, qui pourrait être l’un des outils clés pour progresser dans ce sens, ne fait pas partie de l’agenda officiel des politiques océaniques du pays et, au contraire, fait l’objet de fortes attaques de la part de secteurs industriels et politiques qui cherchent à la modifier.

Comme l’a réitéré Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale de l’ONU, lors de plusieurs interventions à la Conférence des Océans, et dans un récent article publié dans El País, dans l’élaboration de politiques océaniques efficaces « la reconnaissance des droits des communautés côtières est essentielle, car environ 500 millions de personnes dépendent de la pêche artisanale et, tout comme le peuple mapuche lafkenche, beaucoup d’entre elles sont des peuples autochtones dont l’expérience sert à protéger la vie de l’océan. Cependant, elles sont rarement incluses dans les processus de prise de décision, alors qu’elles sont essentielles pour trouver des solutions. »2

Ingrid Echeverría Huequelef, coordinatrice du Réseau, s’est exprimée depuis Nice en affirmant qu’il s’agit « d’une loi née de la spiritualité du peuple mapuche lafkenche, une loi inclusive… mais qui, en raison de l’ignorance, est très durement attaquée par les industries extractives et par un certain mouvement politique chilien. » De son côté, Yohana Coñuecar Llancapani, coordinatrice du Réseau et représentante des peuples autochtones à la Commission régionale d’utilisation du littoral de la Région des Lacs, a ajouté qu’en tant que femmes défenseures du territoire, « nous subissons des campagnes de haine et de racisme, et sommes constamment invisibilisées par l’État. »

Cette loi et sa défense reposent sur une compréhension profonde de l’océan, que les représentantes du Réseau ont exprimée clairement : « La mer est pour nous un espace de mémoire, de subsistance, de spiritualité, de culture et de travail. » Cette perspective ancestrale, qui contraste fortement avec les politiques extractivistes de « l’Économie Bleue » promues par les gouvernements et les industries, offre des alternatives concrètes et durables pour la protection des océans, fondées sur des systèmes de gouvernance communautaire et des savoirs transmis de génération en génération. Face à un modèle qui considère la mer comme une ressource à exploiter, les femmes autochtones proposent une relation de réciprocité et de soin qui a prouvé son efficacité depuis des siècles.

Cette vision intégrale se traduit par une proposition politique concrète et sans ambiguïté : « les politiques publiques ne peuvent être fondées sur le centralisme, elles doivent émaner des territoires. Elles ne peuvent être influencées par le pouvoir économique des industries. » Leur position, forgée par des années de résistance, est inébranlable : « nous, femmes de la mer, ne permettrons pas le recul des droits que nous avons obtenus de haute lutte, pour nous-mêmes et pour les gens qui vivent et travaillent sur la mer, la naviguent et récoltent non seulement des poissons, mais aussi des algues, des coquillages, pour ceux qui résistent et protègent les esprits qui habitent les territoires. » — Ingrid Echeverría Huequelef.

Cette fois depuis la Conférence sur les Océans, demain depuis différents territoires côtiers du Chili, et en novembre à Belém lors de la COP30, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer maintiendra sa voix haute et continuera d’interpeller directement le gouvernement chilien, la FAO, les organisations internationales, les bailleurs de fonds, les industries et tous les acteurs impliqués dans la gouvernance de la mer. Le message est clair :

  • Mettre fin à la marchandisation de l’océan au nom de la croissance bleue et à d’autres mesures de conservation fondées sur les aires, qui ne respectent ni nos droits ni nos modes de vie.
  • Assurer une approche interculturelle et de genre transversale dans les politiques océaniques et une participation active et centrale des peuples autochtones et des communautés de la mer dans la gouvernance marine.
  • Garantir la non-régression des droits dans les territoires côtiers-marins acquis à travers des processus de lutte légitimes.
  • Prévenir, arrêter et garantir la justice face aux menaces et à la criminalisation des défenseur·e·s de la mer.
  • Exiger de la cohérence au gouvernement chilien dans sa politique océanique pour pouvoir se porter candidat à l’accueil du Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à l’organisation de l’UNOC4.

Le Réseau rappelle un principe fondamental : garantir des océans sains exige d’inclure les voix de celles et ceux qui vivent de la pêche, de la récolte et de la cueillette, qui habitent les côtes et comprennent de première main l’interdépendance entre la santé des océans, les activités humaines et la justice territoriale.

Le Chili doit résoudre ses incohérences internes et honorer ses engagements et responsabilités légales envers les communautés, avant de prétendre à la reconnaissance de son leadership mondial en matière de politiques océaniques.

« Le Chili parle très bien à l’extérieur, mais à la maison, il doit régler ses comptes. » — Pérsida Cheuquenao Aillpán, Présidente de l’Identité Territoriale Lafkenche et coordinatrice du Réseau des Femmes.

Nice a montré que cette contradiction n’est pas exceptionnelle, mais fait partie d’une crise mondiale plus profonde où il existe toujours un fossé abyssal entre le discours environnemental et la pratique extractiviste, face auquel il n’y a pas de place pour la complaisance ni pour le silence complice.

Lire l’Appel à l’Action complet ici [en espagnol].

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/declaracion-de-la-agrupacion-mujeres-originarias-frente-a-la-politica-oceanica-de-chile-en-la-conferencia-de-oceanos/ Traduit et partagé par l’association Karukinka, dédiée à la Patagonie

Quel rôle joue le nouveau voilier de 20m dans la réalisation des activités de Karukinka ?

Quel rôle joue le nouveau voilier de 20m dans la réalisation des activités de Karukinka ?

Un camp de base flottant polyvalent en Patagonie insulaire

Milagro est un voilier d’expédition acquis par l’association Karukinka en 2023 grâce au soutien de ses membres. C’est un ketch Bruce Roberts de 20 mètres en acier qui joue un rôle fondamental dans la réalisation de nos activités associatives. Ce navire, construit en Suède et ayant déjà effectué deux tours du monde, est un véritable « camp de base flottant » permettant d’accueillir diverses initiatives qu’elles soient artistiques, scientifiques ou sportives. #voilier patagonie

Avec ses caractéristiques techniques adaptées (longueur de 20m, maître-bau de 5m25, tirant d’eau de 2m30, motorisation Cummins 180CV, voilure 180m² au près et 295m² au portant), le Milagro offre une plateforme robuste et adaptée pour nos expéditions en régions polaires et subpolaires, domaines d’activité privilégiés de Karukinka.

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Le voilier Milagro au pied d’un glacier de la Cordillère Darwin, Tierra del Fuego, canaux de Patagonie, Chili (Photographie: Diego Quiroga, du voilier Pic La Lune, Ushuaia)

Un navire support pour la logistique de nos expéditions scientifiques, sportives et artistiques

Une infrastructure adaptée aux recherches de terrain

Le Milagro constitue un support logistique essentiel pour les expéditions scientifiques et artistiques menées par Karukinka. Entièrement équipé et isolé, ce navire permet d’accueillir jusqu’à 12 personnes (10 personnes pour les projets de plus d’une semaine) grâce à ses cinq cabines (quatre doubles et une quadruple). Cette capacité d’accueil importante facilite la constitution d’équipes pluridisciplinaires, conformément à l’approche de notre association qui réunit des compétences sportives, artistiques et scientifiques.

L’autonomie considérable du navire (1500L de gasoil, 1000L d’eau + dessalinisateur, groupe électrogène, panneaux solaires…) lui permet d’atteindre des zones reculées et d’y séjourner suffisamment longtemps pour mener à bien nos travaux. Le navire est également équipé pour les télécommunications en zone A4 et d’un accès à internet, garantissant la sécurité et la connectivité même dans les régions les plus isolées comme les canaux de Patagonie (Terre de Feu, Cordillère Darwin, cap Horn, Antarctique…).

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Exploration d’un fjord de la Cordillère Darwin (Terre de Feu) où vèle l’un des nombreux glaciers de Patagonie (voilier Milagro, canaux de Patagonie, Chili, mars 2025)

Un outil pour les projets ambitieux

Grâce au Milagro, Karukinka a pu élargir considérablement ses actions et mettre en place des expéditions et résidences de recherches scientifiques et artistiques en toute indépendance. Le navire est mené par un équipage professionnel bénévole composé de deux à trois personnes diplômées du Brevet d’État Voile et de la Marine Marchande française.

L’acquisition de ce voilier a notamment permis la réalisation de l’expédition Cap Nord – Cap Horn (2023-2025), un projet majeur soutenu par le programme « Mondes Nouveaux » du Ministère de la Culture. Cette expédition, qui relie à la voile le cap Nord en Norvège au cap Horn en Patagonie, s’est conclut par une arrivée en Terre de Feu le 24 janvier 2025, après un voyage de plus de 15 000 milles nautiques et par le passage du cap Horn à la voile en mars et avril 2025.

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Milagro au mouillage dans une des nombreuses baies de la Réserve de Biosphère du Cap Horn (2025)

Financement des activités de l’association

Une section voile pour l’autofinancement

Depuis 2023, Karukinka dispose d’une section voile affiliée à la Fédération Française de Voile. L’association propose des stages de voile réservés à ses membres, ce qui permet de financer ses actions en faveur des peuples autochtones et de garantir la réalisation de projets ambitieux.

Compte tenu du budget nécessaire à la maintenance et à l’utilisation d’un voilier de 20 mètres, et de l’ampleur des projets à long terme de l’association (digitalisation de documents/archives, création de bases de données en ligne, financement de séjours en Europe pour des membres des communautés autochtones), Karukinka définit chaque année en Assemblée Générale la cotisation nécessaire pour participer aux différentes activités de navigation et ainsi pérenniser ses actions.


Un soutien pour la recherche indépendante

Consciente des difficultés rencontrées par les laboratoires et chercheurs pour obtenir des financements en milieux polaires et subpolaires, Karukinka met tout en œuvre pour soutenir des projets scientifiques, artistiques, sportifs et humanistes. Le voilier Milagro joue ainsi un rôle crucial dans cette stratégie d’autofinancement et de soutien à la recherche indépendante.

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Pêche artisanale dans les canaux de Patagonie avec José Germán Gonzalez Calderón (patron de pêche et artisan yagan, membre d’honneur de Karukinka et parrain du navire)

L’association propose également ses services pour la réalisation de missions de terrain à bord du Milagro pour des laboratoires, instituts et groupes de chercheurs et/ou artistes. Cette approche permet de mutualiser les ressources et de rendre accessibles des terrains d’étude difficiles d’accès.

Un outil de liberté pour les projets futurs

L’acquisition du Milagro a considérablement élargi les horizons de notre association. Grâce à ce navire nous avons désormais toute la liberté de poursuivre nos actions et recherches au sud du détroit de Magellan, pour commencer de 2025 à 2030 !

Le voilier permet à l’association de mener des projets pluridisciplinaires dans des régions difficiles d’accès, comme les canaux de Patagonie, l’Antarctique, la Géorgie du Sud… Il facilite également la poursuite des travaux avec les peuples autochtones selk’nam, haush et yagan du sud de la Patagonie, qui constituent l’un des axes principaux de travail de l’association.

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Arrivée du voilier Milagro dans le canal Beagle, Patagonie, après 15 000mn (photographie de José Germán González Calderón, à côte de Puerto Williams, île Navarino, région du Cap Horn, Chili, 2025)

Le voilier Milagro représente bien plus qu’un simple moyen de transport et n’est pas une fin sinon un moyen. Il constitue un véritable outil stratégique qui permet à l’association de réaliser pleinement sa mission d’exploration, de recherche scientifique et de création artistique en régions polaires et subpolaires.

Grâce à ce navire, Karukinka peut mener des projets ambitieux, autofinancer ses activités, soutenir la recherche indépendante et poursuivre son travail avec les peuples autochtones. Le Milagro incarne ainsi la philosophie de l’association : indépendance, bienveillance et engagement au service de la connaissance et de la préservation des cultures et des environnements des régions extrêmes de notre planète.

Départ du voilier Milagro au port de pêche de Puerto Williams avec un équipage international (Argentine, Chili et France) Aude, Lauriane, Sébastien, Clément, Alejandro, Shenü, Damien, Mirtha (marraine du navire), Alicia, Maria et Vaïna, filmé par José, le parrain de Milagro (janvier 2025)
« C’est une étape historique pour la communauté autochtone » (Aire Libre, 23/04/2025 « Esto es un paso histórico para la comunidad indígena”)

« C’est une étape historique pour la communauté autochtone » (Aire Libre, 23/04/2025 « Esto es un paso histórico para la comunidad indígena”)

Le Gouvernement de la Province a procédé ce lundi à Tolhuin à la remise des cinq premiers actes de naissance intégrant l’identité autochtone à des membres de la communauté (autochtone) des peuples de Terre de Feu, délivrés par le Registre Civil. Après cet événement historique pour la communauté, AIRE LIBRE FM a interrogé la vice-présidente de la Communauté Selk’nam Rafaela Ishton, Antonela Guevara, au sujet de cette avancée.

Guevara a déclaré : « Nous avons les six premiers actes de naissance reconnaissant l’appartenance autochtone. Principalement, nier ou omettre l’identité d’une personne dès l’acte de naissance est un acte grave, qui était une pratique du colonialisme. Donc, aujourd’hui, il faut le souligner, ce n’est pas l’État national qui le reconnaît, mais l’État provincial : en reconnaissant nos actes de naissance avec l’appartenance autochtone, il vient garantir les droits collectifs, tout ce que cela implique pour la cosmovision de notre communauté, la vie sur le territoire, vivre sur un territoire communautaire et non en propriété privée, le respect des coutumes ancestrales ; c’est donc bien plus qu’un simple acte administratif. »

« Justement, en sortant de cette cérémonie, ils m’ont dit, non maman, pour nous, comme me l’a dit Valentín, il m’a dit : je veux que tu saches maman que pour nous c’est important et écouter tout ce que tu as dit autour de la table nous apprend que nous devons maintenir vivante la mémoire de notre peuple. Je crois donc qu’ils sont nés dans la communauté, ils ont vécu de nombreuses années le conflit de la communauté, ils savent ce que signifie la lutte pour défendre nos droits et pour essayer de bien faire les choses, ils ont donc un engagement et une conscience de ce qu’ils font. C’est aussi important », a exprimé la vice-présidente de la Communauté Selk’nam Rafaela Ishton.

« C’est un fait historique, non seulement dans la province, mais aussi dans le pays. C’est la première fois que cela arrive, comme l’a exprimé le Secrétaire à la Justice, Gonzalo Carrillo, et grâce au fait qu’hier on a pu visibiliser d’une certaine manière ce qui se passait, beaucoup de familles de notre peuple se sont jointes, plusieurs autres démarches ont été entamées hier même et plus de 15 personnes rassemblent leurs documents pour faire la demande, et aussi avec la nouvelle que le peuple Yagán m’a contactée hier pour que je leur explique comment faire, donc sûrement, je ne sais pas si ce sera cette semaine, mais la prochaine il y aura des nouvelles concernant l’autre communauté de la province de Terre de Feu, le peuple Yagán, qui dispose d’une personnalité juridique et pourra également effectuer cette démarche. Parce que l’un des critères est de disposer de la personnalité juridique », a-t-elle assuré.

Espaces Marins Côtiers pour les Peuples autochtones chiliens (ECMPO) (Subpesca.cl)

Il s’agit d’espaces marins délimités dont l’administration est confiée à des communautés autochtones ou à des associations de celles-ci qui ont exercé un usage coutumier dudit espace tel que vérifié par la CONADI.

Source (en espagnol): https://www.subpesca.cl/portal/616/w3-propertyvalue-50834.html. Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Les communautés autochtones inscrites à la CONADI (Corporation Nationale des Droits Indigènes) peuvent postuler pour ces espaces.

La délimitation nécessaire est déterminée par la surface qui assure l’exercice de l’usage traditionnel. Cet espace côtier sera cédé par le Sous-secrétariat aux Forces Armées au Sous-secrétariat aux Pêches et à l’Aquaculture, qui signera un accord d’utilisation avec l’association des communautés ou la communauté affectée une fois que la commission intersectorielle aura approuvé le plan d’administration présenté par la communauté ou association de communautés.

L’utilisation et l’administration de l’ECMPO seront la responsabilité de l’association ou de la communauté pour laquelle le plan d’administration a été approuvé. Ce plan détaille les activités à réaliser, les utilisateurs et les autres exigences établies par la réglementation. La durée de l’administration d’un espace côtier est indéterminée, sauf en cas de non-respect ou de violation.

Le droit coutumier désigne les pratiques ou comportements réalisés par les communautés de manière régulière et qui font partie de leur culture, tels que les pratiques religieuses, économiques, récréatives, entre autres.

Avis pour que les peuples autochtones participent au Conseil consultatif provincial des forêts natives (Radio Universidad, le 26/8/2024)

Avis pour que les peuples autochtones participent au Conseil consultatif provincial des forêts natives (Radio Universidad, le 26/8/2024)

La présidente de la Commission 3 du Parlement Provincial, la législatrice Laura Colazo, a dirigé une réunion avec les communautés de peuples indigènes. Il s’agit d’une initiative de la députée verte elle-même de les inclure dans la prise de décision au sein de la Commission Consultative des Forêts Indigènes (CCBN). « Nous avons l’opportunité de reconnaître et de rendre visibles les peuples autochtones de notre Province, qui ont vécu et vivent encore sur ces terres, et de proposer une réparation historique », a-t-elle déclaré. Elle a également évoqué la nécessité d’élargir la matrice énergétique de la province pour soutenir un processus de production viable.

Source : https://www.radiouniversidad.com.ar/2024/08/26/dictamen-para-que-pueblos-originarios-participen-en-el-consejo-consultivo-provincial-de-bosques-nativos/ Traduit de l’espagnol au français par l’association Karukinka.

Río Grande.- La législatrice María Laura Colazo (Parti Vert) a participé jeudi dernier à une nouvelle réunion de la Commission des Ressources Naturelles n°3, qu’elle préside, une occasion au cours de laquelle a été évoquée son initiative dédiée à « l’Affaire No. 109/24 », dans le but de promouvoir la participation permanente des représentants des peuples autochtones à la Commission consultative des forêts indigènes (CCBN).

En ce sens, le parlementaire a apprécié que les membres des communautés soient présents à la réunion : Rafaela Ishton et Paiakoala. « Nous avons l’opportunité de reconnaître et de rendre visibles les peuples autochtones de notre province, qui ont vécu et vivent encore sur ces terres, et de proposer une réparation historique », a déclaré Colazo.

Le parlementaire a également soutenu qu’il est de la plus haute importance que la voix des peuples Selk’nam et Yagán fasse partie du CCBN et qu’ils aient leur place dans cet organe consultatif. « C’est pourquoi nous les avons invités, nous voulions avoir leur soutien. »

Elle a également ajouté qu’ils sont ainsi « intégrés » aux processus de discussion et de planification territoriale. Le peuple Selk’nam est le seul peuple autochtone qui possède son titre de propriété communautaire », a-t-elle précisé.

Il convient de noter que l’initiative incorpore des modifications à la loi provinciale n°869. À l’article quatorze de la norme susmentionnée, on ajoute le paragraphe «q», qui indique l’incorporation d’un représentant pour chaque communauté indigène originaire de la province avec un statut juridique enregistré au niveau national.

De son côté, Eleonora Anderson Varela, de la communauté Rafaela Ishton, a remercié cet espace : « Nous sommes très heureux d’avoir une place au CCBN, c’est un événement historique pour nous. La communauté possède environ trente-six mille hectares, dont quatre-vingts pour cent sont constitués de forêts », a-t-elle déclaré.

Un autre membre de la communauté, Alexis González Palma, leur a dit que « c’est très important pour nous car ils nous redonnent notre dignité et la possibilité d’aborder les questions qui nous concernent en tant que peuples autochtones de ces terres », a-t-il déclaré.

Il convient de noter que Tarcisio Vargas et Damián Nenes Vargas, du peuple Yagán, ont également participé à la réunion de la Commission, en tant que représentants de la communauté Paiakoala.

« Aujourd’hui, les peuples autochtones commencent à être respectés. Prendre soin des forêts est bon non seulement pour les communautés, mais pour l’ensemble de la population. Nous risquons de perdre le canelo et nous devons en prendre soin ensemble », a déclaré Vargas, un référent Yagán.

Les législateurs Raúl Von Der Ensuren et Jorge Lechman (SF), Juan Carlos Pino (PJ), Federico Greve et Federico Sciurano (FORJA), ainsi que la législatrice Gisela Dos Santos (SF) étaient présents.

Deux millions de dollars pour les Forêts Natives

Il convient de rappeler que la législatrice María Laura Colazo a participé à la deuxième réunion annuelle de la Commission consultative des forêts indigènes, dont elle est également membre, et qui s’est tenue au Secrétariat du Tourisme de Tolhuin début août.

Là, les axes de travail qui seront suivis ont été analysés, après avoir appris l’arrivée du programme « Fonds vert pour le climat », qui sera exécuté à travers l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et qui naît d’une initiative menée par le gouvernement national et la province appelée Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD).

Le programme arrive en Terre de Feu, avec une composante qui sera affectée au travail de conservation des forêts avec les communautés autochtones, notamment le Plan communautaire global avec la communauté Selk’nam Rafaela Ishton ; également au développement productif du bassin forestier de Tolhuin et l’autre composante sera également utilisée dans la prévention des incendies de forêt à l’interface d’Ushuaia. Il convient de noter que, selon le programme de prévention des incendies à l’interface forêt – zone urbaine, on entend par « incendie qui se développe dans les zones de transition entre les zones urbaines et rurales ou forestières, où les structures des bâtiments se mêlent à la végétation ».

Environ deux millions de dollars sont affectés pour la province de Terre de Feu « et le projet en général, comme l’a mentionné l’ingénieur Francisco Jofré qui est le représentant de la FAO qui était dans la province, est d’environ 85 millions de dollars pour l’ensemble du pays dans ce programme nommé RedMás, qui est un programme spécifique également lié au changement climatique.

Des membres de l’équipe de la Direction Nationale des Forêts et de la FAO pour le projet Paiement aux Résultats étaient présents à la réunion, ainsi que des responsables du gouvernement provincial et des représentants des institutions qui composent le CCBN.

Il convient de mentionner que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ou mieux connue sous le nom de FAO, est une agence spécialisée de l’ONU qui dirige les activités internationales visant à éradiquer la faim.

L’organisation exécute divers projets mis en œuvre dans tout le pays. Elle joue un rôle fondamental dans l’avancement de la sécurité alimentaire, le renforcement de l’agriculture familiale, la transformation des systèmes agroalimentaires et le développement durable.

“Beaucoup de familles vivent du secteur forestier”

Dans un dialogue avec « La Mañana de Tecno », diffusée sur Radio Universidad 93,5 MHz, la parlementaire Vert a rappelé que la commission consultative forestière « se déroule dans le cadre de la loi provinciale 869, qui est un espace composé de divers acteurs ». qui ont un lien avec tout ce qui concerne l’utilisation de l’ensemble du secteur forestier, ce qui est actif dans notre province. Donc, en tant que représentante de l’Assemblée législative, je dois participer à cet espace. »

Laura Colazo a expliqué que « les membres de la FAO, qui est une organisation internationale dans le cadre des Nations Unies, disposent de programmes de financement spécifiques qui servent à gérer divers projets dans notre pays. Et dans ce projet, qui est vraiment très important, qui est en cours de réalisation dans 23 provinces, dans notre province nous travaillons sur ces trois points, qui sont ceux dont nous avons discuté au sein de la commission pour donner l’approbation à tous les membres, pour faire des progrès dans ce domaine, en étant en mesure d’accompagner les plans d’intégration communautaire que la Direction Générale des Forêts travaille très bien avec les personnes Selk’nam qui ont formé leurs autorités très récemment, qui ont tenu des élections, et la vérité est qu’ils ont des projets très intéressants à réaliser dans notre province, en particulier dans leur propriété communautaire, qui représente 35 000 hectares qu’ils possèdent dans la région de Tolhuín, et il nous semble très important qu’une utilisation durable puisse être réalisée, et la vérité est que nous pensons aussi qu’il est important de les accompagner car il faut aussi des moyens pour mettre en œuvre ces projets. »

« Nous trouvons très intéressant d’accompagner, tout cela passe par des étapes ; Le travail de conseil technique sera effectué par l’intermédiaire d’organisations telles que le CIEFAP (Centre andin de recherche et de vulgarisation forestière de Patagonie), qui est une organisation qui travaille également dans notre province depuis de nombreuses années, qui fournira tous les conseils techniques. Et il semble également important de le faire. Je dis que le maire de Tolhuin (Daniel Harrington) est présent dans l’espace parce qu’il s’agit de stimuler le développement productif de ce secteur afin qu’il continue à générer des sources de travail comme c’est le cas aujourd’hui dans la ville de Tolhuin.

À cet égard, la législatrice Laura Colazo a observé que « de nombreuses familles vivent du travail dans le secteur forestier et il lui semble important d’ajouter de la valeur, de pouvoir générer de la formation, de pouvoir utiliser de manière durable ces ressources et tout au long de la chaîne de production, non seulement dans le bois brut mais aussi dans l’utilisation des résidus forestiers.

Elle a compris qu’« il existe une grande opportunité de générer des entreprises plus productives et de générer plus de travail tout en prenant soin de l’environnement, car nous parlons de résidus forestiers qui, dans certains cas, sont brûlés et qui pourraient générer un produit, une matière première à transformer », capable de générer de nouveaux produits qui « peuvent s’inscrire dans le paradigme de l’économie circulaire, pour pouvoir les récupérer et les réinsérer dans le secteur productif ».

« Matrice productive et matrice énergétique vont de pair »

La parlementaire Vert a compris qu’« il faut se concentrer sur l’économie que nous offre le secteur forestier ; Il ne s’agit pas de générer un produit de manière linéaire, les déchets vont à la décharge, mais il s’agit plutôt de pouvoir prendre ces déchets comme une ressource et les renvoyer comme matière première pour pouvoir générer de nouveaux produits compétitifs dans le secteur marchant et qui génèrent du travail ».

Interrogée sur le déficit énergétique dont dispose Tolhuin pour soutenir un processus industriel, elle a rappelé que « fin 2022, nous avons voté pour une autorisation pour que la province puisse accéder à un crédit qui a été accordé par la CAF, la Confédération andine de développement et par d’autres fonds qui pourraient parvenir à la province. En 2022 déjà, nous avons constaté la nécessité d’investir dans l’ensemble de l’expansion de la matrice énergétique de la Terre de Feu. Il y a quelques jours, on a appris que l’autorisation du gouvernement national était en train d’être obtenue pour pouvoir contracter des crédits et investir dans des équipements. Je pense que c’est fondamental pour le développement et, surtout, pour réfléchir à la transition énergétique que notre province doit faire. Aujourd’hui, nous nous approvisionnons en gaz. Le gaz est un carburant de transition. Ainsi, toutes les ressources générées par les redevances, du fait d’être l’une des premières provinces productrices de gaz d’Argentine, peuvent utiliser ces ressources générées par les redevances pour pouvoir développer une nouvelle matrice énergétique largement alimentée par des énergies renouvelables. . Et ce projet de financement, que nous avons approuvé en 2022 à la Législature et qui avance maintenant avec l’autorisation de la Nation, le montre un peu.

« C’est une question centrale, si nous voulons parler d’expansion de la matrice productive, cela doit aller de pair avec une expansion de la matrice énergétique de la province », a-t-elle finalement déclaré.