par Karukinka | Août 15, 2024 | Actualités sportives , Expéditions Karukinka , Navigations 2024 , Océan et navigation , Patagonie
Bonjour Ă tous,
Vous l’avez peut-ĂȘtre remarquĂ©, le programme des stages pour la saison 2024-2025 est en ligne. Avec des navigations cĂŽtiĂšres et hauturiĂšres au nord et au sud, il y en a pour tous les goĂ»ts !
Milagro est actuellement en Irlande et Ecosse pour des stages cĂŽtiers au dĂ©part de Dublin jusqu’Ă mi-septembre, puis ce sera au tour des navigations hauturiĂšres avec deux aller-retour entre Dublin et la Loire Atlantique en septembre et octobre, avant de faire franchement cap au sud, sur la Patagonie , le bout du monde auquel est dĂ©diĂ© Karukinka depuis ses dĂ©buts.
Karukinka est le nom de la Terre de Feu en selk’nam, peuple vivant entre le sud du dĂ©troit de Magellan et le canal Beagle. Certains travaux indiquent qu’il signifierait aussi “la derniĂšre terre des hommes” ce qui dans l’histoire des migrations prend tout son sens puisqu’il s’agit de la derniĂšre terre atteinte Ă pied de l’histoire des migrations humaines.
Nous retournerons donc cette annĂ©e dans les canaux de Patagonie de la rĂ©serve de biosphĂšre du cap Horn pour complĂ©ter les travaux de Lauriane dans le cadre du projet “Cap Nord – Cap Horn” dĂ©butĂ© en 2022. Nous proposons Ă©galement quatre stages de voile de 18 jours au dĂ©part d’Ushuaia ou Puerto Williams entre fĂ©vrier et avril 2025 pour explorer ensemble ces Ăźles, fjords, montagnes et glaciers aussi beaux que passionnants.
Et avant cela, entre octobre 2024 et janvier 2025, nous vous proposons une sĂ©rie de stages haute mer durant les plus de 7000mn qui composent ce voyage, avec de belles escales en perspectives : Bretagne – Canaries (14 jours), Canaries – Cap Vert (9 jours), transatlantique Cap Vert – BrĂ©sil (20 jours), BrĂ©sil – Argentine (15 jours) et Buenos Aires – Terre de Feu (21 jours).
Depuis quelques semaines il est possible de rĂ©server nos stages directement en ligne via la plateforme HelloAsso et toutes les dates sont indiquĂ©es sur les pages des stages, avec un rĂ©sumĂ© des tarifs et conditions dans l’onglet “Demande de rĂ©servation “. Pour toute question nous sommes aussi joignables par mail (contact@karukinka.eu) tĂ©lĂ©phone et messagerie WhatsApp (+33 6 72 83 03 94).
Au plaisir de naviguer ensemble “ici”, “lĂ ” ou “lĂ -bas”, nous comptons toujours sur vous pour que le bouche Ă oreille et la soif d’aventure continuent de nous composer de belles Ă©quipes Ă bord !
Damien
PS: nous prĂ©voyons de carĂ©ner Milagro Ă la Turballe la deuxiĂšme quinzaine de septembre: avis aux amateurs de dĂ©pense d’huile de coude pour nous filer un coup de main !
par Karukinka | Juil 25, 2024 | Karukinka , Actualités sportives , Expéditions Karukinka , Navigations 2024 , Océan et navigation
De bon matin nous levons lâancre au moment de lâĂ©tale et Ă quelques encablures du chĂąteau Moy, dans le Loch Buie (Ăźle Mull). La nuit dans ce loch ouvert au sud-ouest a Ă©tĂ© moyennement agrĂ©able : en cause une petite houle du sud arrivĂ©e avant le vent prĂ©vu dans la mĂȘme direction et qui fait que Milagro a eu la fĂącheuse tendance Ă se maintenir travers Ă cette houle (et Ă nous bercer, certes, mais nous nous en serions passĂ©!).
Entre le dĂ©marrage moteur, la levĂ©e du mouillage, le nettoyage du lot de graviers et vase qui maculait la chaĂźne et lâancre, et lâenvoi des voiles pour nâavancer que grĂące Ă elles, nous Ă©tablissons un nouveau record du temps dâutilisation minimale du moteur : 20 minutes ! Câest sous artimon et yankee que nous sortons du loch, au prĂšs Ă 5,5 noeuds : Ă quoi bon forcer ?
Les prĂ©visions sont bonnes (Sud 3 Ă 5 Ă©voluant 2 Ă 4 durant quelques heures, avant de passer 3 Ă 5 puis de changer de direction pour Nord-Ouest 4 Ă 6 au sud de lâĂźle Mull. Nous profitons de la marĂ©e descendante pour rester Ă bonne distance de la cĂŽte sud malgrĂ© une allure travers. Cette partie de lâĂźle situĂ©e entre le Loch Scridain (au nord) et la fin du Firth of Lorn (au sud) forme une pĂ©ninsule appelĂ©e Ross of Mull. Plus nous nous dirigeons vers lâouest plus les fonds deviennent complexes, avec de nombreux rĂ©cifs entre lesquels passer pour atteindre notre objectif : Iona.
Les falaises de basalte (encore des orgues!) ont par endroit pris la forme de grottes et dâarches sculptĂ©es par lâĂ©rosion, et sont entrecoupĂ©es de magnifiques cascades et de criques de couleur turquoise. Abstraction faite de la tempĂ©rature de lâeau (14 dĂ©grĂ©s), cette couleur nous inciterait Ă la baignade ! InterpelĂ©s par la beautĂ© du paysage, nous changeons de cap pour nous approcher au portant de la cascade de Malcolmâs Point, avant de reprendre notre route vers lâouest.
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 7
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 8
Progressivement apparaissent les passages plus exigeants, dont ceux des Torran Rocks signalĂ©s par la cardinale Bogha nan Ramfhear et lâentrĂ©e vers le sud du Sound of Iona. Une fois encore, de nombreux moments de solitude (et de rire Ă©videmment) ponctuent nos indications de noms des rochers, baies, Ă©cueils, Ăźles et caps ! Nos rencontres avec des locaux ne parlant pas gaĂ©lique nous ont tout de suite rassurĂ©s quand nous avons Ă©voquĂ© ce point avec eux : ils bredouillent eux aussi ! Pour vous faire une petite idĂ©e, nous vous invitons Ă jeter un oeil Ă la carte de cette zone!
Carte extraite de la 3e Ă©dition du guide du Clyde Cruising Club, du Kintyre Ă Ardnamurchan (p.180)
Nous entrons dans le chenal sĂ©parant le Ross of Mull de Iona Ă la voile (au portant, 5,5 noeuds). Seul voilier Ă la voile dans le chenal en cette fin dâaprĂšs-midi, nous nous refusons de gagner le nord Ă lâaide du moteur. Nous prĂ©fĂ©rons prendre le temps de bien Ă©tudier la carte et de chercher les repĂšres visuels Ă terre pour rĂ©aliser la traversĂ©e du chenal en nous basant exclusivement sur les alignements (cathĂ©drale, Bull Hole,âŠ) et indications du sondeur, plutĂŽt que de suivre les Ă©crans. Nous rĂ©alisons plusieurs relĂšvements au compas et manoeuvres dâempannage dans des passages relativement Ă©troits pour contourner des sondes dâun grand banc de sable et rochers comprises entre 10cm et 1m60, puis lâĂźle Eilean nam Ban et ses couleurs incroyables sur notre tribord. A la sortie lâespace sâouvre Ă nouveau et nous rejoignons le mouillage de Port na Fraing et sa plage de sable blanc, rien que pour nous et sur 7m de fond ! (ceux de Martyrsâ Bay ou de Bull Hole sont plus frĂ©quentĂ©s). Les 4 Ă 6 Beaufort prĂ©vus arrivent en fin de journĂ©e et nous sommes bien Ă lâabri dans le chenal, sous le vent dâIona.
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 9
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 10
AprĂšs une nuit reposante, nous partons en annexe vers le quai du ferry de Martyrsâ Bay pour visiter ce lieu sacrĂ© de lâhistoire Ă©cossaise dont nous avait parlĂ© Vicky Gunn, chercheuse en histoire mĂ©diĂ©vale que nous avions rencontrĂ© Ă Loch Melfort.
Iona est une petite Ăźle ouverte sur lâAtlantique avec pour seul terre Ă©mergĂ©e vers lâouest Ă cette latitude les dangereux parages de Skerryvore (aprĂšs eux câest le Canada). Elle est bordĂ©e de rĂ©cifs dont les noirs rochers contrastent avec des plages de sable blanc. DotĂ©e dâun petit village comprenant tous les services essentiels (dont une petite Ă©cole primaire) et plusieurs artisans (potiers, sculpteurs sur bois, joaillers, vanniers, tisseursâŠ), Iona est considĂ©rĂ©e comme lâun des principaux lieux spirituels dâEcosse. Nombreux sont ceux qui y viennent en pĂšlerinage et/ou pour trouver le calme lors de retraites spirituelles.
Pourquoi cette petite Ăźle est-elle donc si importante ? Câest ce que nous allons vous partager plus en dĂ©tails grĂące aux informations transmises par Vicky, lors de notre visite puis des lectures et recherches qui sâen sont suivies.
Le premier constat est que lâimportance culturelle et historique dâIona est complĂštement disproportionnelle Ă sa taille. HabitĂ©e au moins depuis lâĂge du Bronze comme le montrent le site de BlĂ r Buidhe, ce nâest quâĂ partir du VIe siĂšcle que lâimportance dâIona est documentĂ©e. Plusieurs toponymes lui sont associĂ©s, dont âĂâ, âĂ Challuim Chilleâ (Iona de St Columba pour Ă©viter les confusions), âEilean Idheâ (lâĂźle de Iona) et âĂ nam ban bĂČidheachâ (Iona de la belle femme en gaĂ©lique), et ses habitants sâappellent les Idheach.
En 563 arrivĂšrent du nord de lâIrlande et Ă la voile Columba et ses douze disciples. Ils fondĂšrent la deuxiĂšme mission de christianisation de lâEcosse, un siĂšcle et demi aprĂšs la prĂ©cĂ©dente menĂ©e par Ninian sur lâĂźle Whithorn en 397 et dont les prĂ©ceptes auraient Ă©tĂ© diffusĂ©s jusquâaux Ăźles Shetlands. Le choix dâĂ©tablir une Ă©glise et un monastĂšre sur Iona Ă©tait stratĂ©gique puisque cette Ăźle Ă©tait situĂ©e sur une voie navigable permettant de relier Inverness et lâIrlande, mais aussi tout le monde celte. Comme Holy Island et Portmahomack, Iona devint rapidement un pĂŽle de diffusion de la version celte de la religion chrĂ©tienne et de nouvelles idĂ©es et crĂ©ations (dont enluminure/calligraphie, musique, peinture et artisanat dâart). Le faire depuis cet endroit Ă©tait trĂšs efficace car il Ă©tait situĂ© sur un axe dâĂ©changes culturels et commerciaux principal de lâĂ©poque. La petite communautĂ© installĂ©e lĂ dĂ©veloppa Ă©galement une Ă©conomie de subsistance avec une importante activitĂ© agricole (cultures cĂ©rĂ©aliĂšres et Ă©levage), de pĂȘche et de construction. Ils nâĂ©taient pas non plus complĂštement autonomes puisque pour un usage liturgique ils faisaient venir du vin, des pigments et des huiles du sud de la France ! Durant 34 ans, Columba dĂ©veloppa des liens Ă©troits avec la royautĂ©, convertissant par exemple le roi Bruce et les Picts au christianisme, Ă la suite dâun combat spirituel quâil gagna contre le rĂ©fĂ©rent de leur royaume. Columba aida Ă©galement, jusquâĂ sa mort en 597, Ă lâĂ©tablissement dâun royaume indĂ©pendant en Ecosse de lâouest : lâArgyll. La plupart de ces informations est parvenue jusquâĂ nous grĂące Ă AdomnĂ n, diplomate, successeur et biographe de St Columba ayant dirigĂ© la mission durant 25 ans, au VIIe siĂšcle. Il est lâauteur de plusieurs ouvrages majeurs pour comprendre cette Ă©poque dont La Vie de Saint Columba (âVita Sancti Columbaeâ, env. 690) et La Loi des Innocents (âLex Innocentiumâ de 697).
Aux VIIIe et IXe siĂšcles, les Vikings attaquĂšrent Ă plusieurs reprises Iona, attirĂ©s par les trĂ©sors du monastĂšre. En 825 eu lieu lâun des pires raids viking : lâabbĂ© Blathmac et les moines lâaccompagnant furent torturĂ©s dans le but de leur faire avouer le lieu oĂč Ă©taient cachĂ©es les reliques de St Columba, un poĂšme indiquant quâils reposeraient dans un coffre recouvert dâor et dâargent. Suite Ă lâabsence dâaveux, ils furent massacrĂ©s dans une baie nommĂ©e ensuite Martyrsâ Bay. La peur de ces raids et leur rĂ©pĂ©tition Ă©taient telles que sâen Ă©tait dĂ©jĂ suivit un exode de nombreux religieux qui avaient pris le soin dâemporter avec eux les plus importantes reliques (dont les os de St Columba) et un autre trĂ©sor: le Livre de Kells (crĂ©Ă© Ă Iona 200 ans aprĂšs la mort de St Columba, ce livre est considĂ©rĂ© comme lâun des plus remarquables ouvrages religieux de lâĂ©poque et est dĂ©sormais visible au Trinity College de Dublin). MalgrĂ© ces attaques continues, le monastĂšre resta actif et ce nâest quâau Xe siĂšcle que la frĂ©quence des raids diminua, lorsque les Vikings installĂ©s dans les HĂ©brides se convertirent au christianisme, adoptant St Columba comme leur saint patron. Plusieurs pierres tombales gravĂ©es et conservĂ©es dans le musĂ©e montrent lâinfluence viking avec des inscriptions runiques.
Au XIe siĂšcle Iona et la plupart des Ăźles de lâouest Ă©cossais Ă©taient sous le pouvoir du roi de NorvĂšge. La distance compliquant grandement les possibilitĂ©s de gouverner la rĂ©gion, ce dernier confia cette tĂąche Ă un guerrier gaĂ©lico-norvĂ©gien : Somerled. Ce dernier devint le premier Seigneur des Ăles, prenant le contrĂŽle dâune rĂ©gion sâĂ©tendant du Kintyre aux HĂ©brides extĂ©rieures et ayant pour descendants les MacDougalls of Lorn, MacDonalds of Islay et MacRuairis of Garmoran, plusieurs dâentre eux ayant jouĂ© un rĂŽle essentiel dans les manoeuvres politiques et guerres dâindĂ©pendance du XIVe siĂšcle.
Lors de notre excursion Ă terre et pour nous rendre Ă lâabbaye, nous avons traversĂ© les ruines dâun couvent et suivi la rue des morts (âSrĂ id nam marbhâ), une rue pavĂ©e de granit rose reliant la baie des Martyrs avec le tombeau de St Columba situĂ© au centre de lâabbaye bĂ©nĂ©dictine construite au XVe siĂšcle. Cet itinĂ©raire nâest autre que celui empruntĂ© par les pĂ©lerins et lors des processions dĂ©diĂ©es aux sĂ©pultures dâacteurs importants du monde gaĂ©lique dans le cimetiĂšre Reilig Odhrain entourant la chapelle St Oran construite au XIIe siĂšcle (la plus vieille structure intacte de lâĂźle). Dans ce cimetiĂšre reposeraient 48 rois dâEcosse (dont Macbeth / Mac Bethad), des membres du clan MacDonald Seigneur des Ăles ayant pour certains des ascendants Norse (MacKinnons, MacLeans et Macleods) et, dans la petite chapelle dâune simplicitĂ© dĂ©concertante, les corps des plus importants seigneurs et chefs de guerre des Ăźles de lâouest Ă©cossais. De nombreuses pierres tombales anciennes sculptĂ©es sont encore dans ce cimetiĂšre et dâautres ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©es pour mieux les prĂ©server dans le musĂ©e ou le cloĂźtre de lâabbaye. Les premiĂšres croix sur les tombes, assez conventionnelles aujourdâhui, seraient apparues Ă Iona aux environs de lâan 600, comme le montre les plus anciennes croix ornĂ©es de symboles sophistiquĂ©s et aux designs variĂ©s, comme le montrent les diffĂ©rents exemples vus dans le musĂ©e adjacent Ă lâabbaye.
Nous sortons ensuite de ce cimetiĂšre pour nous rendre sur le promontoire rocheux (âTorr an abaâ) faisant face Ă lâabbaye et dâoĂč Columba travaillait. Cet emplacement offre une vue imprenable sur le Sound of Iona, lâextrĂ©mitĂ© du Ross of Mull et la petite chapelle abritant le tombeau de St Columba situĂ©e juste derriĂšre la rĂ©plique dâune imposante croix en granit sculptĂ©e et dĂ©diĂ©e Ă St Jean (lâoriginale est dans le musĂ©e). Cette abbaye a Ă©tĂ© construite aprĂšs lâarrivĂ©e au XIIIe siĂšcle de moines bĂ©nĂ©dictins et de soeurs augustiniennes invitĂ©s par Ranald, Seigneur des Ăles et descendant de Somerled, pour revitaliser la vie religieuse sur lâĂźle et moyennant des moyens de subsistances plus consĂ©quents. Plusieurs attaques armĂ©es vinrent saboter ce nouveau monastĂšre, plusieurs chefs religieux irlandais nâacceptant pas de perdre leur connexion et leur influence sur Iona. A la suite du traitĂ© de Perth (1266) entre la NorvĂšge et lâEcosse, Iona revint au royaume dâEcosse et devint progressivement un important lieu de pĂšlerinage, jusquâĂ la RĂ©formation de 1560 qui signa la fin des monastĂšres en Ecosse.
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 11
Plusieurs tentatives de restauration ont ensuite Ă©tĂ© menĂ©es, sans succĂšs, conduisant progressivement les bĂątiments Ă lâĂ©tat de ruines Ă la fin du XIXe siĂšcle, comme lâattestent plusieurs photographies prises avant dâimportants travaux. Le 8e Duc dâArgyll, propriĂ©taire de lâĂźle, commissionna un architecte pour consolider les ruines puis cĂ©da lâabbaye, le cimetiĂšre et le couvent au Iona Cathedral Trust en 1899. Dâimportants travaux de rĂ©novation furent lancĂ©s et 6 ans plus tard, un premier office pu dĂ©jĂ ĂȘtre rĂ©alisĂ© dans lâĂ©glise partiellement rĂ©novĂ©e. Les dĂ©cennies suivantes furent dĂ©diĂ©es Ă la restauration du monastĂšre et de toute la partie ouest du cloĂźtre, sous lâimpulsion de la Iona Community, une communautĂ© chrĂ©tienne travaillant pour la paix et la justice sociale et ayant des membres dispersĂ©s dans le monde entier. En 2000 le Iona Cathedral Trust finit par cĂ©der lâabbaye, le cimetiĂšre, lâĂ©glise Saint Ronan et le couvent au monuments historiques dâEcosse. La cathĂ©drale est aujourdâhui en bon Ă©tat et entretenue grĂące aux fonds issus des visites et de dons.
Bref, vous lâaurez compris, Iona est le lieu Ă ne pas manquer lorsque vous vous rendez aux HĂ©brides, câest un peu le âSt Jacques de Compostelleâ Ă©cossais et quitte Ă faire le pĂšlerinage, celui-ci se fait selon nous plutĂŽt Ă la voile quâĂ pieds. MĂȘme si vous nâĂȘtes pas passionnĂ©.e dâhistoire, la beautĂ© du monument et de ses environs sont marquants, ils ouvrent une parenthĂšse qui vous transporte Ă diffĂ©rentes Ă©poques et permettent de porter ensuite un autre regard sur ces Ăźles. Iona crĂ©e un vĂ©ritable espace pour lâimaginaire, faisant finalement Ă©cho Ă ce que nous recherchons aussi dans la navigation et les longues dĂ©connexion du tumulte quâelle procure, en harmonie avec car dĂ©pendants des Ă©lĂ©ments. Cette sensation se retrouve aussi rĂ©sumĂ©e dans les mots du compositeurs Felix Mendelssohn, en 1829, mentionnĂ©s sur lâun des murs de la sortie du cloĂźtre : âWhen in some future time I shall sit in a madly crowded assembly with music and dancing round me, and the wish arises to retire into the loneliest loneliness, I shall think of Iona.â (traduction : âQuand dans le futur je serai assis au sein dâune assemblĂ©e follement bondĂ©e, avec de la musique et des danses autour de moi, et que se fera sentir le dĂ©sir de me retirer dans la solitude la plus solitaire, je penserai Ă Iona.â)
[#8 â Irlande â Ecosse 2024] de Loch Buie Ă lâĂźle sacrĂ©e Iona 12
Nâayant pas vu le temps passer, ce nâest que tard dans lâaprĂšs-midi que nous rejoignons Milagro, grignotant rapidement quelque chose avant de lever lâancre pour profiter des bonnes conditions pour rejoindre Staffa puis Ulva avant la tombĂ©e de la nuit.
Petit bonus : les lumiÚres du couchant sur les récifs et embruns au sud de Iona quelques semaines plus tard, au retour des ßles Treshnish.
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Pour aller plus loin, voici nos sources :
âPocket Scottish Historyâ, ouvrage collectif dirigĂ© par James Mackay, Lomond Books, Broxburn, 2019.
âAbout Mull, Iona, Ulva, Staffa, Treshnish islesâ, dirigĂ© par Rosalind Jones, St Columba Gruline, Argyll, ?.
âIona Abbey and Nunneryâ, Peter Yeoman et Nicki Scott, Historic Scotland Alba Aosmhor, Ădinbourg, 2022.
âKintyre to Ardnamurchanâ Clyde Cruising Club, Imray, Cambridgeshire, 2020.
âHebridean Voyages : an anthology of sea crossings to the western islnads of Scotland, 1822-1955â Colin Tucker, Acair, Stornoway, 2023.
âA Journey to Scotland and the Hebridesâ Samuel Johnson et James Boswell, Everymanâs Library, Londres, 2002 (1909)
âThe Placenames of Scotlandâ Iain Taylor, Birlinn, Ădinbourg, 2022.
âMull family names for ancestor huntersâ Jo Currie, Brown et Whittaker, Tobermory, 2017.
https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-4682486/Archaeologists-prove-wooden-hut-used-St-Columba.html
par Karukinka | Mai 24, 2024 | Océan et navigation , Actualités sportives , Patagonie
Sonia Blampain relate sa navigation en Ă©quipage qui a menĂ© Capella, un sloop de 40 pieds, de la Bretagne jusquâĂ la Terre de Feu. Ă lâarrivĂ©e Ă Ushuaia, un grand moment de bonheur et de fiertĂ©.
Le canal de Beagle | D.R.
Cela fait bientĂŽt huit mois que je vis avec le capitaine le voyage de Capella vers le cap Horn ! Nous avons dâabord Ă©tĂ© six mois en Ă©quipage, Ă quatre. Capella , câest un sloop de 40 pieds de 2007 de chez BĂ©nĂ©teau. AchetĂ© en 2011 Ă Cherbourg, il a Ă©tĂ© entiĂšrement prĂ©parĂ©Ì lâhiver dernier pour ce pĂ©riple, aprĂšs un convoyage, Ă lâĂ©tĂ© 2022, avec un ami, Ăric, de LĂ©ros en GrĂšce jusquâĂ LocmiquĂ©lic en Bretagne, oĂč jâĂ©tais dĂ©jĂ !âŠ. Il sâest assurĂ© que je tenais la mer. Avec Patrick, le second de cette nouvelle aventure, ils ont notamment fabriquĂ© une casquette en contreplaquĂ© marine et plexiglas, pour affronter les vents redoutables de la terre de feu, du canal de Beagle , du dĂ©troit Le Maire et de lâarchipel du HornâŠ
Patrick et le capitaine font la casquette⊠| D.R.
Câest son Graal de marin, le Horn : le capitaine navigue depuis lâenfance, il a tout appris de son pĂšre, pilote dâun sous-marin et heureux propriĂ©taire dâun pĂȘche-promenade â un luxe dans les annĂ©es 70. Dâautres de la lignĂ©e ont eu Ă©galement le pied marin ; ce passage du fameux cap, câest un clin dâĆil Ă Ì tous ces ancĂȘtres, grands-oncles (dont un qui fut capitaine au long cours), un arriĂšre-grand-pĂšre maĂźtre saleur sur un terre-neuvas (encore Ă Ì la voile), mort dâune gangrĂšne et inhumĂ© en mer Ă Ì Terre-Neuve et son grand-pĂšre maternel, dĂ©corĂ©Ì de la Croix de guerre aprĂšs la bataille de NorvĂšge, lors de la Seconde Guerre mondiale⊠Tous des grands bourlingueurs des mers !
Capella face au cap Horn, le 16 janvier 2024. | D.R.
Cette traversĂ©e audacieuse sâest faite en deux temps : partant de LocmiquĂ©lic, nous avons mis le cap pour les Canaries en aoĂ»t 2023. Ă bord, Patrick, CĂ©cile, le capitaine et moi-mĂȘme. Nous avons eu des conditions de navigation idĂ©ales, nous avons Ă©tĂ© souvent entourĂ©s de dauphins, il y a eu une petite saute dâhumeur de « Robert », le pilote automatique, un soir de vent mais rien dâalarmant ! Nous avons fait une escale Ă Porto puis Ă Lisbonne. Ensuite nous avons dĂ©couvert (ou redĂ©couvert pour certains) MadĂšre avec le dĂ©part de CĂ©cile et lâarrivĂ©e de Marc en VIP.
Escale aux Selvagens
Nous avons repris nos navigations vers les Canaries et nous avons dĂ©barquĂ© tels des aventuriers, jouant avec le ressac sur lâarchipel des Selvagens oĂč lâun des gardiens nous a promenĂ©s parmi les rochers et les nids de puffins, magnifique !
Enfin, nous sommes arrivĂ©s jusquâĂ la jolie ville de Santa Cruz de la Palma pour atteindre un peu plus tard Tenerife, oĂč le bateau nous attendra trois semaines, le temps dâun retour en Bretagne afin de rĂ©gler des affaires et de revoir les proches, notamment le fils du capitaine, Josselin, sportif des mers lui aussi⊠Et pour moi, lâoccasion de faire un vol planĂ© dans des escaliers ! Pas de casse mais un corps couvert dâecchymoses, un pied droit foulĂ© me donnant un handicap certain pendant les deux mois suivants, et sur un voilier, câest pas le pied !
Capella sous spi quittant la Canaries. | D.R.
La deuxiĂšme partie du pĂ©riple vers le grand sud, mi-octobre, sâorganise encore Ă quatre mais cette fois avec Pierre-Ahn, moussaillon sur le bateau familial dĂšs lâenfance. Il a pris la place de CĂ©cile dans la cabine avant !
Le 23 octobre 2023, nous larguons les amarres, cap sur Mindelo⊠Comme la voile est une activitĂ© sportive pleine de surprises, câest Ă Ì ce moment-lĂ que le pilote dĂ©cide de faire de sĂ©vĂšres caprices, un coup je marche, un coup je ne marche pas, sans prĂ©venir et sans logique ! Nous sommes aux aguets et le capitaine trĂšs soucieux⊠Responsable, il nous invite Ă Ì continuer Ă Ì dessiner de nouveaux sillages avec Capella , il va trouver une solution. Lors dâune prise de ris, câest la grand-voile qui va se dĂ©chirer, un mouillage sâimpose pour une rĂ©paration illico presto. En prime, un boulon qui tient le safran est cassĂ© ! La mer : « Ne rien attendre sinon lâinattendu ! »
« Roberta », un nouveau pilote
Nous poursuivons notre route, la dĂ©cision a Ă©tĂ© prise de changer de pilote. Murielle, une amie, nous rejoindra Ă Ì Mindelo avec « Roberta », un nouveau modĂšle qui pour ce long pĂ©riple loin dâĂȘtre anodin, nous est essentiel ! Sa valise sera chargĂ©eâŠ
Car, au cours du trajet, vers trois heures du matin, câest au tour du rail de chariot de grand-voile de nous faire des siennes, il explose lors dâun empannage, Ă cause des caprices de Robert⊠Allez hop ! Tout le monde sur le pont, Ă Ì aider Ă la rĂ©alisation dâune rĂ©paration de fortune. Le vent souffle Ă 25 nĆuds, on est sous gĂ©nois seul. Câest grĂące aux manilles textiles que le capitaine aime Ă Ì fabriquer et Ă lâintervention efficace de chacun, en synergie, que nous pouvons continuer notre route. Les poissons volants nous accompagnent par sĂ©rie ! En fĂ©licitĂ© ! Jâadore les regarder !
âLa petite sirĂšneâ⊠| D.R.
Notre arrivĂ©e au Cap-Vert est musclĂ©e, jâai appris Ă barrer en pleine nuit, pendant lâun de mes quarts, 2 heures et demie dâaffilĂ©e, par force 6/7, car Robert a totalement rendu lâĂąme⊠à quai, aprĂšs lâarrivĂ©e de Murielle et du matĂ©riel adĂ©quat, le capitaine va rester enfermĂ© trois jours dans ce quâil nomme la cave afin dâinstaller Roberta ! Ce nâest pas une mince affaire.
Sa persĂ©vĂ©rance, malgrĂ© les 30° C en journĂ©e, nous amĂšne jusquâau jour J de lâessai. FrĂ©missant dâimpatience, nous constatons avec joie que ce nouveau pilote est heureux du savoir-faire de son capitaine : Capella est fin prĂȘt pour la grande aventure, il a une cinquiĂšme Ă©quipiĂšre fiable qui saura nous seconder, en sĂ©curitĂ©, jusquâau grand Sud !
Pendant cette aventure, nous avons traversĂ© bien des pĂ©ripĂ©ties : un orage Ă©norme avec des Ă©clairs en ronde autour du bateau, la perte de notre radeau de survie que nous avons su repĂȘcher malgrĂ©Ì les 27 nĆuds dans les canaux, la sortie houleuse de la ria San Blas en Argentine, qui a cassĂ© le rĂ©ducteur du guindeau et a fendu un plexi avec une vague Ă©norme, un OFNI qui nous a frĂŽlĂ©s, un cargo qui nous fait de lâĆil⊠LâexpĂ©rience du capitaine, des autres marins, mon attention, moi qui suis un matelot depuis Ă peine trois ans et notre bonne Ă©toile ont toujours Ă©pargnĂ© notre belle embarcation, Capella la bien nommĂ©e.
Le capitaine et lâartiste Joachim Torres Garcia. | D.R.
Lors de ce voyage, aprĂšs Mindelo, nous avons mis le cap sur Fernando de Noronha, Ăźle brĂ©silienne Ă©tonnante de beautĂ©, une escale entre robes-filets transparentes oĂč lâon devine des bikinis et les plages de sable fin splendides, bordĂ©es de cocotiers⊠Pendant la traversĂ©e de lâAtlantique, ensemble nous avons vĂ©cu le passage de lâĂ©quateur, oĂč Neptune est venu baptiser les novices des mers comme il se doit afin de les accueillir dans son royaume.
Gourmandises argentines
Nous avons voguĂ© dans le pot au noir avec ses gros grains, savourĂ© des douches sur le pont et tout au long des nombreux milles, les pĂȘches toujours plus Ă©normes de Pierre-Ahn et des marins enthousiastes comme des gamins, et un jour jusquâĂ deux thons jaunes de plus de 15 kilos coup sur coup. On en offrira dĂšs notre arrivĂ©e, lors dâune escale Ă Quequen, en Argentine, afin dâĂ©viter un force 8 car lâaccueil au club nautique Vito Dumas sera merveilleux de gentillesseâŠ
Câest lĂ que nous ferons connaissance avec la Prefectura, soit le lourd processus administratif de lâArgentine⊠Et que la tendresse de la viande Ă©levĂ©e dans la pampa des ranchs, accompagnĂ©e de vins locaux ainsi que les empanadas, dĂ©licieuses spĂ©cialitĂ©s de petits chaussons fourrĂ©s, nous rĂ©galeront⊠Le voyage, câest aussi cela, des gourmandises !
Pierre-Ahan vient de pecher un thon. | D.R.
Enfin est venu le moment de lâentrĂ©e dans le dĂ©troit Le Maire puis dans le canal de Beagle, le moment des mouillages sauvages et hors norme comme seul sait le faire le capitaine. Puis lâarrivĂ©e triomphante Ă UshuaĂŻa oĂč nous attend un couple dâamis, navigateurs aussi, ravi de partager un bout de lâaventure, celui qui va dessiner les sillages dans lâarchipel du Horn et le passage du cap ! Et ce sera une rĂ©ussite ! Le cap se laissera approcher sous voiles et deviner dans une brume digne dâun paysage de Bretagne Nord ! Nous sommes heureux, heureux comme qui⊠le capitaine !
LâĂ©quipage au cap Horn. | D.R.
Dans le club dâUshuaĂŻa, oĂč flottent des unitĂ©s hors norme, en acier ou en alu, comme dans les ports de Puerto Williams, de Punta Arena, de Puerto Deseado, de Piriapolis ou de La Paloma, quand les marins viennent causer avec nous en nous demandant notre programme, ils sont toujours stupĂ©faits et de concert, regardant Capella le magnifique, sloop de plastique rutilant dâentretien, nous lancent : « Vous avez fait le cap Horn avec ça ? »
On a fait ça avec « ça »
Oui, le capitaine et notre Ă©quipage, nous avons rĂ©ussi Ă dĂ©ployer les voiles de Capella Ă travers les eaux de la terre de feu, dans les canaux de Patagonie et dans lâAtlantique. Capella a dĂ©jĂ Ì sillonnĂ© une bonne partie de la MĂ©diterranĂ©e et a rĂ©alisĂ© plusieurs fois la traversĂ©e vers les Antilles⊠Câest bien avec « ça » que nous sommes maintenant cap-horniers ! Que nous avons remontĂ© lâavenue des glaciers oĂč un soir, lors dâun mouillage, prĂšs du glacier de Pia, Capella sâest retrouvĂ© entourĂ© de grelots, dont un de plusieurs tonnes qui a sĂ©journĂ©Ì gentiment toute la nuit, bloquĂ© par les amarres Ă terre, se languissant de sâĂȘtre fait prendre ainsi, Ă quelques mĂštres du bateau⊠Il a disparu au petit matin ! Ouf ! Enfin, pour regagner lâAtlantique, nous avons empruntĂ©, avec « ça » , le mythique canal de Magellan, avec des vents Ă contre⊠Comme lâa Ă©crit Antoine de Saint-ExupĂ©ry : « Lâimpossible recule toujours quand on marche vers lui. »
Capella et les grelots. | D.R.
Lâaudace et la confiance du capitaine tout au long de ce pĂ©riple, nous ont procurĂ© la joie de rencontrer des grands marins dâacier comme Christophe Augier, Marc et Sylvie, Robin et Amanda de Chamade, ThĂ©o, Samantha, Gabriel et Fabien de Metapassion, Ăric et Patricia Ă La Palma, AndrĂ© Brenner, qui a construit le phare du bout du monde sur lâĂźle de Los Estados, au dĂ©troit Le Maire, et bien dâautres encore comme Thibault Ă La Paloma sur son Yka , GĂ©rard et Klorane sur leur vieux grĂ©ement unique au monde, LâAlbatros , FrĂ©dĂ©ric et Martha, respectivement skipper et chef cuisinier sur des yachts de 28 mĂštresâŠ
Au BrĂ©sil, oĂč nous allons bientĂŽt laisser le bateau pour quelques mois, lors dâun mouillage face Ă la praia Tereza, Ă Ilhabela, la merveilleuse, Fanch viendra toquer sur la coque de Capella qui arbore toujours fiĂšrement son Gwen ha Du et avec un grand sourire nous prĂ©sentera une assiette de crĂȘpes toutes fraiches ! Quelle belle madeleine de Proust ! VoilĂ trois ans quâil navigue, il est parti du Crouesty. Il est animateur et cuisinier, amoureux de la mer. SacrĂ©s marins !
Des équipiers comblés
Lâaudace et la confiance naturelles du capitaine lui ont permis dâaccepter ma demande, moi la « petite sirĂšne » â câest ainsi quâil mâa nommĂ©e dĂšs notre rencontre â, ma demande de voyager Ă ses cĂŽtĂ©s, de continuer Ă dĂ©couvrir et Ă apprendre la navigation dans cette aventure de plusieurs mois, dâoser le cap et la pleine mer, sachant mon caractĂšre entier Ă©pris de solitude ! Il a acceptĂ©, je lâen remercie. Il a construit diffĂ©rents Ă©quipages oĂč CĂ©cile la Bretonne, fĂ©rue de voile, est venue un bout, au dĂ©but, oĂč nous avons Ă©tĂ© soudĂ©s des mois entiers avec Patrick, le second, passionnĂ© de photographie et de randonnĂ©e â dâailleurs lors de lâune dâentre elles nous avons dĂ©couvert, Ă©mus, le squelette dâune Ă©norme baleine Ă©tendu dans lâhumiditĂ© ombragĂ©e dâun espace sablonneux, au Chili.
Le capitaine et la âpetite sirĂšneâ. | D.R.
Marc nous a rĂ©galĂ© de son bon sens marin, de ses connaissances dâingĂ©nieur en Ă©lectricitĂ©Ì, de ses recettes et de ses blagues. Pierre-Ahn, le quartier-maĂźtre, passionnĂ© lui aussi de photographie, embarquĂ© sur Capella avec son drone, nous a offert des vues et des lumiĂšres Ă couper le souffle, Ă la hauteur de sa rĂ©activitĂ©Ì marine et de sa sagesse. Puis Jean Bernard et Christine, toujours heureux de vivre, les sens Ă fleur dâeau, dâair, de ciel comme le capitaine, qui naviguent comme ils respirent, sont venus spĂ©cialement en Terre de Feu pour le CapâŠ
AprĂšs leur dĂ©part, câest Cauane, la BrĂ©silienne dont le prĂ©nom signifie tortue, mordue de kitesurf, qui a goĂ»tĂ© Ă la navigation Ă la voile ; elle sâest Ă©tonnĂ©e de tous les bruits et les mouvements constants dâun bateau mais mĂȘme lors de ses craintes elle ne sâest jamais plainte et elle a essayĂ© dâĂȘtre rapidement apte Ă la solitude des quarts ! Aujourdâhui, en cet automne de lâhĂ©misphĂšre Sud, nous bouclons une autre Ă©tape, de Buenos Aires Ă Paraty, Ă deux ! La pleine mer en Ă©quipage est aussi une aventure de promiscuitĂ©Ì humaine qui demande bienveillance et communication, ce nâest pas toujours chose aisĂ©e ! La mer exige une grande Ă©nergie physique et mentale, de la souplesse, de la rigueur, de la patience, de la concentration et tant dâautres qualitĂ©s⊠Câest lâĂ©cole de la mer. Pour tout un chacun, quel que soit lâĂągeâŠ
De tout ce pĂ©riple, nous retiendrons Ă©galement lâimmense rĂ©volution satellitaire Starlink qui nous a permis dâavoir Internet au large donc la mĂ©tĂ©o et tant dâautres liens utiles partout oĂč nous sommes passĂ©s, jusquâau cap Horn ! La nĂ©cessitĂ© dâune prĂ©paration du bateau aux petits oignons car malgrĂ© tout, il y aura des imprĂ©vus et des avaries⊠Et lâassurance, dĂšs le dĂ©part, que le chemin se dessine au fur et Ă mesure des sillages, des morceaux de vie apprĂ©cies, des difficultĂ©s dĂ©passĂ©esâŠ
« â Alors, capitaine, en route pour de nouvelles aventures ?
â Oui petite sirĂšne, cap sur les CaraĂŻbes ! »