Kreeh Chinen, un festival qui réunit des artistes de toute la province (Desde las Bases, 08/05/2025)

Kreeh Chinen, un festival qui réunit des artistes de toute la province (Desde las Bases, 08/05/2025)

La quatrième édition du festival artistique « Kreeh Chinen » s’est tenue à Ushuaia. Des artistes des trois localités de la province y ont participé. L’événement a bénéficié du soutien et de la contribution de l’association « Karukinka », d’origine française, qui mène des activités avec des membres des peuples autochtones de la région. La prochaine édition du festival aura lieu en juillet, dans la ville de Río Grande. Certains des organisateurs ont souligné le caractère indépendant et solidaire de l’événement. 

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Lauriane Lemasson, José Pineiro et Alejandro Pinto (Desde las Bases, 08/05/2025, Rio Grande, Tierra del Fuego, Argentine)
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Alejandro Pinto (Desde las Bases, 08/05/2025)
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Lauriane Lemasson (Desde las Bases, 08/05/2025)

Lauriane Lemasson, chercheuse française, et Alejandro Pinto, écrivain et poète de Río Grande, ont participé à l’émission de radio « Desde las Bases », diffusée sur Radio Provincia [aux côtés de José Pineiro]. Ils y ont évoqué la quatrième édition du festival Kreeh Chinen, qui s’est tenue cette fois-ci dans la ville d’Ushuaia.

En commentant l’organisation du festival Kreeh Chinen, Pinto a mentionné qu’avec cette initiative « Nous avons commencé l’année dernière, l’idée est de faire trois rencontres par an, une dans chaque ville. La première que nous avons faite cette année a été la quatrième édition et elle s’est déroulée samedi dernier, le 3 mai, à Ushuaia, au Latino Pub. Elle a débuté par ce que nous appelons une cérémonie artistique, car cela s’inspire un peu des cérémonies des peuples autochtones. Kreeh Chinen est un mot qui vient du selk’nam et sa signification, pas littérale mais plutôt métaphorique, est : accrochés à la lune », a expliqué l’écrivain.

Il a ensuite souligné que « l’intention est de faire une rencontre artistique, en essayant autant que possible d’impliquer des artistes de toute la province, des trois villes. Et ce n’est pas seulement une rencontre d’artistes, mais il y a aussi des initiatives locales des trois villes qui nous accompagnent. Des producteurs locaux, des artisans et de petits commerçants également, qui nous soutiennent. D’une certaine manière, nous nous aidons mutuellement, pour qu’ils puissent proposer leurs produits et aussi nous accompagner dans ce mouvement artistique », a-t-il détaillé.

Au cours de l’entretien, ils ont également mentionné que, parfois, des organisations environnementales comme « Estepa Viva » et l’« Asamblea Comunidad Costera de TDFeIAS » ont participé au festival, aux côtés de membres des peuples autochtones. « L’idée est de rendre visibles les thématiques régionales, environnementales, culturelles des peuples autochtones. Ainsi, en tenant compte aussi des thèmes artistiques de la province, qui sont toujours un peu liés aux peuples autochtones, à la géographie, à l’histoire de l’île », ont-ils indiqué.

Concernant le rôle de l’association « Karukinka », Lauriane Lemasson a expliqué qu’en plus d’avoir participé en jouant de l’accordéon lors du festival organisé à Ushuaia, cela avait à voir avec le sens de « cette association que j’ai fondée avec des passionnés de France et Ale (Pinto), qui sont là depuis le début de ce projet. C’était en 2014 et à cette époque, nous n’imaginions pas qu’un jour nous aurions un bateau pour développer nos propres projets au niveau local. L’idée de l’association a toujours été de créer le pont qui manquait entre l’Europe et la Terre de Feu », a-t-elle souligné.

La chercheuse a insisté sur le fait que « l’indépendance, aujourd’hui, je crois que c’est le plus important, et aussi faire en sorte que les gens se réunissent, non pas pour se réunir dans un but de profit économique sinon avec de l’utopie, des rêves et l’envie de changer les choses en apportant chacun un peu, la part du colibri. Je crois beaucoup au pouvoir du collectif totalement indépendant, et c’est pourquoi, quand Ale m’a parlé de son idée de créer Kreeh Chinen, il y a un peu plus d’un an maintenant, j’ai dit oui, tout de suite ».

Ils ont également cité certaines des activités menées par l’association « Karukinka », tant dans des pays européens qu’en Terre de Feu, dans un accompagnement constant pour le développement de différents projets liés aux peuples autochtones de la région. Tout cela en contact permanent avec les communautés, dont un voyage important réalisé en 2019 par Mirtha Salamanca, petite-fille de la Selk’nam Lola Kiepja ; Víctor Vargas Filgueira et José González Calderón, tous deux appartenant au peuple yagán, en France ; dans le but de participer à un festival organisé dans la ville de Bayonne, entre autres activités.

Enfin, concernant la prochaine édition, ils ont indiqué qu’il n’y a pas encore de date exacte, « mais ce sera pendant les vacances d’hiver, car il y a des artistes qui étudient ou travaillent dans le nord, et profitent des vacances pour revenir. Alors, à leur retour, ils auront déjà un espace artistique, nous avons déjà parlé avec certains, et nous soupçonnons que ce sera le deuxième week-end des vacances d’hiver, ici à Río Grande », ont-ils finalement annoncé.

Source: https://red23noticias.com.ar/nota/12118/un-festival-que-reune-artistas-de-toda-la-provincia/

Enregistrement de l’interview disponible (en espagnol) via le lien suivant : https://desdelasbases.com.ar/nota/8348/un-festival-artistico-que-crece-desde-el-pie/ ou ici

Brève alerte au tsunami après un puissant séisme en mer à l’extrême sud de l’Argentine et du Chili (Le Monde, 2 mai 2025)

Le Centre sismologique national chilien a évalué le tremblement de terre survenu vendredi à une magnitude de 7,5 tandis que l’Institut américain de géophysique a mesuré une magnitude de 7,4.

Voici le lien vers un des nombreux articles dédiés à une alerte au tsunami au sud du Chili (mer de Drake) et publié par le journal Le Monde (avec l’AFP) le 2 mai 2025 à 18h50 (et modifié le 02 mai 2025 à 19h19) : https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/05/02/breve-alerte-au-tsunami-apres-un-puissant-seisme-en-mer-a-l-extreme-sud-de-l-argentine-et-du-chili_6602317_3244.html

Un puissant séisme en mer au sud du Chili et de l’Argentine a déclenché, vendredi 2 mai, une brève alerte au tsunami et un ordre d’évacuation des populations en zone côtière de cette région peu peuplée proche de l’Antarctique.

Le tremblement de terre a été enregistré à 9 h 58, heure locale (14 h 58 heure de Paris), à dix kilomètres de profondeur en mer, à 218 kilomètres au sud de la localité de Puerto Williams et à environ 2 500 kilomètres au sud de Santiago, selon le Centre sismologique national, dépendant de l’Université du Chili. Le Centre sismologique national l’a évalué à une magnitude de 7,5 tandis que l’Institut américain de géophysique (USGS) a mesuré une magnitude de 7,4.

Le Service national de prévention et de réponse aux catastrophes (Senapred) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOA) du Chili ont immédiatement déclenché l’appel à évacuer : « [Le] Senapred face à la menace de tsunami demande d’évacuer le secteur du bord de mer de la région de Magallanes », a écrit l’organisme sur X. Peu après, le Senapred a demandé « d’évacuer la zone de plage du territoire antarctique ».

Mais peu avant midi (17 heures, heure de Paris), l’alerte au tsunami a été levée. « L’évacuation préventive est terminée. En d’autres termes, tout le monde reprend ses activités. Tous les secteurs devraient fonctionner normalement, à l’exception de toutes les activités économiques sur la côte », a dit Juan Carlos Andrade, directeur régional du Senapred de Magallanes.

Convergence de trois plaques tectoniques

En Argentine voisine, les autorités de la province de Terre de Feu ont appelé la centaine d’habitants de la petite ville de Puerto Almanza à évacuer « préventivement (…), [à] se rendre dans des endroits élevés et sûrs » et à « suspendre tout type d’activité aquatique et de navigation dans le canal Beagle » jusqu’à 15 h 30 (20 h 30 à Paris).

Dans la ville d’Ushuaïa, à 75 kilomètres de Puerto Almanza, « il n’y a pas d’alerte », a rapporté sur la chaîne de télévision TN Pedro Franco, secrétaire de la protection civile de la province, et « seules les activités aquatiques ont été suspendues ». « Il n’y a pas de dommages aux structures des bâtiments », a-t-il ajouté.

Au Chili est attendu dans les prochaines heures, sur les côtes de la péninsule antarctique, le train de vagues générées par le séisme, avec des hauteurs estimées entre 30 centimètres et un mètre. Les bases militaires chiliennes Bernardo O’Higgins et Arturo Prat, en Antarctique, devraient être les premières affectées.

Les chaînes de télévision ont montré l’évacuation ordonnée par les populations qui se réunissaient dans des points hauts et éloignés de la mer.

La localité de Puerto Williams, la plus proche de l’épicentre du tremblement de terre, compte environ 2 800 habitants. La région de Magallanes en compte 170 000.

Le Chili est l’un des pays qui a enregistré le plus de séismes au monde. Sur son territoire convergent trois plaques tectoniques : la plaque de Nazca, la plaque sud-américaine et la plaque antarctique. En 1960, la ville de Valdivia (Sud) a été dévastée par un séisme de magnitude 9,5, considéré comme le plus puissant jamais enregistré, qui a fait 9 500 morts.

Le Monde avec AFP

L’héritage du canoë Kawésqar et la résistance depuis la mer (La Prensa Austral 13/04/2025, « El legado canoero de los Kawésqar y la resistencia desde el mar »)

[Les Kawésqar et les Yagan sont des groupes nomades. La navigation en canoë se faisait pour la subsistance et dans les fjords, canaux et îles de Patagonie]

Selon les registres de la Corporation nationale indigène (Conadi) au niveau national, 3 213 communautés et 1 843 associations indigènes ont été créées à ce jour [au Chili]. La loi Lafkenche a comblé une lacune dans l’accès des peuples autochtones côtiers aux ressources et à la protection de leurs usages traditionnels. De cette manière, différents peuples autochtones pourront accéder à ce nouveau statut, selon leurs coutumes ancestrales. Le peuple Mapuche, entre les huitième et onzième régions, les peuples Chango et Diaguita au nord. Quant au peuple Kawésqar, l’extension s’applique du golfe de Penas au détroit de Magellan.

Contrairement à d’autres peuples, les Kawésqar et les Yagan se caractérisent par le fait qu’ils vivent en canoë et sont des groupes nomades. La navigation se faisait en canoë, avec un feu allumé au centre, pour la subsistance et dans chacun des fjords, canaux et îles explorés par nos Taiwaselok hoyok (ancêtres). Ces anciennes coutumes sont devenues illégales et impraticables dans le monde actuel et ses lois modernes.

Le voyage pour les Kawésqar servait également de moyen d’enseignement par transmission orale, des adultes aux enfants, en leur faisant découvrir les noms des différents lieux, la flore et la faune, ainsi que les techniques de navigation, de chasse, de pêche et de cueillette. Le territoire qu’ils parcouraient comprenait deux grands secteurs, divisés d’est en ouest : jáutok et málte, qui étaient occupés selon les saisons de chasse, de pêche et de cueillette. Jáutok est le nom donné à la zone des canaux intérieurs, où les eaux sont plus calmes ; tandis que Malte était le nom donné à la côte extérieure faisant face au Pacifique et au détroit de Magellan aujourd’hui.

Cela dit, compte tenu du vaste territoire parcouru par nos ancêtres et celui que nous parcourons aujourd’hui, où nous pouvons légitimement revendiquer, protégés par la loi, les usages et la protection de la mer, ce serait une erreur de le considérer comme exclusif d’activités telles que la pêche artisanale. Le peuple Kawésqar avait un régime alimentaire basé principalement sur les fruits de mer, consommant de la viande de mammifères marins et terrestres, du poisson et des crustacés, complétés par des fruits sauvages, des plantes et des champignons.

La loi Lafkenche vise à harmoniser et à rendre compatibles les usages coutumiers du littoral avec les autres activités exercées dans les mêmes zones. Par rapport à la vision du monde des anciens, des activités telles que la voile, la plongée, la pêche ou, aujourd’hui, la cinématographie, le tourisme et la recherche, sont compatibles avec l’environnement maritime. L’objectif ultime est d’assurer la protection des écosystèmes, et tant que ces activités ne perturbent pas l’équilibre naturel des eaux, elles ne constitueront pas un obstacle.

Cette vision du territoire maritime est fréquemment déformée par des discours de désinformation qui cherchent à aliéner les peuples autochtones d’autres secteurs, afin de désinformer sur les demandes d’espaces marins côtiers des peuples autochtones (ECMPO), afin qu’elles soient rejetées par les autorités de l’État chilien. Le lobbying intense derrière les décisions prises a déjà été évoqué dans des chroniques précédentes, qui est loin de respecter les normes minimales de transparence et, au contraire, stigmatise et promeut les discours racistes et haineux contre les peuples autochtones du territoire.

Nous, les Kawésqar, ne réclamons pas l’exclusivité, ni ne voulons posséder quoi que ce soit, mais plutôt le droit d’exister sur notre territoire sans être étiquetés comme des obstacles au développement. La loi Lafkenche doit être considérée comme un pont, et non une barrière, entre la vie de nos ancêtres qui ont navigué sur les eaux et la vie d’un pays qui doit apprendre à coexister sans effacer leur mémoire. Face au lobbying et à la désinformation, tout ce que nous pouvons faire est de continuer à naviguer avec la vérité au premier plan, jusqu’à ce que notre droit devienne une réalité.

Groupes familiaux de nomades marins de la communauté de Kawésqar

Source: https://laprensaaustral.cl/2025/04/13/el-legado-canoero-de-los-kawesqar-y-la-resistencia-desde-el-mar/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

[Cap au Sud #9] de Salvador de Bahia (Brésil) à Buenos Aires (Argentine)

[Cap au Sud #9] de Salvador de Bahia (Brésil) à Buenos Aires (Argentine)

Récit d’Aude, équipière de Saint Nazaire à Ushuaia !

-Stage hauturier du Brésil à l’Argentine-

Salvador, sûrement l’escale la plus en musique que nous ayons eu! L’arrivée de la transat était là! De Saint Nazaire à Salvador, quelques milles ont été parcourus et deux continents ont été reliés durant ce stage de voile hauturier.

L’escale ne doit durer malheureusement que 2 jours. Contrairement au Cap Vert, les douanes sont rapides et l’escale à Fernando de Noronha aura permis de préparer le dossier. Nous étions attendus et les formalités ont été éclair! Bémol : les douanes sont fermées le week-end et nous obligent, après une arrivée le jeudi dans l’après midi, à formaliser la sortie du territoire le vendredi soir à minuit. Nous étions autorisés à rester sur le bateau après mais pas le droit de sortir de la marina.

La marina de Salvador jouxte un terminal de bateau proposant des balades à la journée et donnant lieu à des scènes assez improbables au son (puissant) de chaque bateau. Peu après le lever du jour commence la musique à fort volume, nous obligeant à fermer les panneaux de pont et hublots au moment où nous pouvions apprécier un peu de fraîcheur (relative…) avant l’arrivée d’une chaleur étouffante dès 9h du matin. Nous apprenons quelques jours plus tard qu’une loi a été votée pour interdire l’usage d’enceintes particulières dans le domaine public tant le brouhaha était intense sur les plages et autres lieux de détente partagés! À vous qui venez de traverser l’Atlantique au son de la mer et du vent dans les voiles, à vous de vous adapter à tout ce bruit et cette chaleur! Inutile de vous dire que ça a parfois été compliqué et que c’était quelque peu fatiguant… De loin l’escale la moins reposante de notre périple !

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Au complet à Salvador de Bahia !

À peine arrivée, nous faisons la connaissance de Henri qui nous attend sur le ponton. Il est français et a immigré au nord de Montréal depuis quelques années. Il embarque avec nous pour l’Argentine tandis que Juliane et Étienne préparent leurs bagages pour continuer leur voyage à terre au Brésil.

Nous partons explorer le quartier historique sur les hauteurs de la ville. Un rapide tour dans le quartier entre la marina et le téléphérique nous aura bien vite sensibilisé à la pauvreté qui touche le pays. Nous pensions monter avec nos petites jambes mais cette idée nous est bien vite déconseillée par trois locaux. Arrivés dans le quartier historique, nous comprenons rapidement l’enjeu sécuritaire. Militaires et policiers sont postés à chaque coin de rue. La place de la cathédrale est l’occasion d’admirer les décos de Noël sponsorisés par Coca Cola. C’est omniprésent! Nous en sommes tous surpris mais c’est à l’image des restaurants où il est plus facile de trouver du soda en 2l que de l’eau! Le centre historique est riche de l’histoire de la colonisation.

Le lendemain, une équipe part faire les courses. Henri étant un ancien cuisinier, il y va avec Lauriane. C’était une très bonne idée : il nous régalera de bons petits plats pendant cette descente du Brésil qui s’avèrera coriace. Damien et François restent pour les vidanges et autres bricolages du bord. Quant à Étienne, Juliane et moi, nous partons explorer la ville.

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Toupie toujours au coeur de l’action

Nous pensions aller au musée national voir des œuvres d’arts, ce sera finalement un musée de l’infirmière nationale, Ana Néri. C’est leur Virginia à eux à une époque à peu près similaire à la nôtre. Puis nous allons au musée de la monnaie, à une expo photo puis à la cathédrale. Le struc y fait son effet. Ancienne possession des jésuites, ceux-ci ont laissé une trace de leur passage dans le splendide plafond. C’est aujourd’hui une église du diocèse. Le soir, après une séance d’ostéopathie improvisée en pleine rue (!), nous fêtons au restaurant l’arrivée de Henri et le départ d’Etienne et Juliane qui partiront le lendemain dans l’après midi.

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Le départ de Juliane et Etienne

Le dimanche sonne l’heure du départ. Pendant que l’équipage s’affaire à préparer le bateau, je file à la messe qui a lieu à 500m. C’est jour de fête car ce sont les 170 ans de la consécration de la paroisse à l’Immaculée Conception. Étonnant d’’avoir’écouter le texte de l’Annonciation à quelques jours de Noël. Puis c’est partie pour une descente du Brésil à 5! Depuis Saint Nazaire Milagro n’a jamais eu un équipage aussi réduit.

Pour cette navigation il faut passer le cap Frio et après ça descend… en fait pas tant que ça!

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Escale à Vitoria, deuxième plus grand port de minerais du monde

La traversée est assez longue. Nous devons faire deux escales pour des raisons de vent trop violent. La question du vent sera essentielle dans cette descente tout sauf évidente. Après le confort des alizés, c’est un peu brutal. Après le passage du cap Frio, nous essuyons une dépression au large de Rio Grande do Sul, apparue d’un coup et sans lieu de replis pendant plus de 350mn! La côte est une bande de sable avec des ports soit trop petits pour Milagro, soit barrés par un banc de sable rendant l’approche trop dangereuse dans les conditions qui étaient les nôtres. Il faut donc serrer les fesses, ranger l’intégralité du bateau pour que rien ne risque de chuter et nous blesser et préparer quelques repas d’avance! Finalement, nous ne subirons pas grand chose au regard de ce qui est annoncé. Lauriane fera du routage très précis pour nous éviter la rencontre de deux grosses cellules orageuses et altèrnera les quarts avec Damien pour ne pas nous exposer à du gros temps (4-6m de houle, 40-45 noeuds).

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L’activité orageuse dans la nuit du 19 au 20 décembre, où nous nous trouvons…

Nous abîmerons dans cette bataille pendant la nuit le gros coffre à gaz arraché par une vague plus grosse que les autres venue casser sur le bâbord, et perdrons la boîte de matériel de pêche qui était amarrée dessus (des bribes seront miraculeusement retrouvées sur le pont). Le gaz sera raccordé le lendemain dans la matinée avec, chose notable, l’installation d’un nouveau raccord olive de 8mm dehors dans 4m de creux… Dans la matinée, le bateau est remis en ordre et la météo s’est un peu arrangée. Le vent se calme et nous reprenons tous le rythme des quarts et la vie à bord. À cette perte temporaire du gaz, ajoutons la déchirure de la grand voile au niveau des prises de ris 2 et 3 et le groupe électrogène qui fait des siennes et refuse de produire la tension voulue (ce qui veut aussi et surtout dire que nous devons tenir jusqu’à l’arrivée sur l’eau restante dans le bateau faute de déssalinisateur sans générateur… Nous avons de la marge mais tout de même) !

La remontée du Rio de la Plata a un goût particulier: l’idée de savoir que la terre est au bout et que l’arrivée est proche est plaisante. Surtout que la remonté se fait sur une eau chargée de limon. Nous arrivons au Yacht Club Argentin le 24 décembre à 21h30 après une manœuvre de port épique et fêtons Noël autour un punch pastèque improvisé et de quelques mets préparés dans la journée.

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Réveillon de Noël à Buenos Aires, à bord de Milagro !

Nous passons la journée du 25 à faire une grasse matinée bien méritée puis les papiers… pas une mince affaire : les trois autorités ne sont pas raccord sur la procédure et l’emplacement des douanes… Après maintes tergiversations, nous finissons par être dirigés au bon endroit et être en règle pour notre entrée en Argentine. Le nouvel équipage est partiellement arrivé à Buenos Aires et à 19h pile nous fuyons du navire pour éviter un combat perdu d’avance avec des centaines et des centaines de moustiques arrivant tout droit des marais situés juste à côté du Yacht Club Argentin. Un enfer. Le coût de la vie est élevé et les salaires n’ont pas suivi. Le pays fait fasse à une augmentation de la pauvreté avec plus de 57% de la population argentine sous le seuil de pauvreté. Nous voyons partout des personnes fouiller les poubelles, des artistes de rue de 80 ans tentant de gagner quelques pièces en plus, des parents venant demander de la nourriture pour leurs enfants… triste situation pour un pays pourtant si riche !

Je reviens sur le bateau après deux jours de vadrouille en ville et découvre que les réparations ont déjà bien avancé sur la grand-voile et que le générateur est de nouveau opérationnel après changement des condensateurs. Tout est fait entre membres avec Damien, Clément, Lauriane, Sébastien, Jacques, Patrick et Philippe. Pour la suite de notre périple nous aurons d’ailleurs de supers enceintes SONOSAX pour écouter de la musique et ce qui se passe dans l’eau, installées dans le carré (et non sans mal) par Jacques, Lauriane et Clément.

Je profite que nous soyons à terre pour aller à la messe à la cathédrale. Qu’il est surprenant de voir le drapeau de l’Etat argentin dans le cœur de l’église et l’armée qui veille sur le mausolée de San Martin. Il faut voir le lien entre l’Eglise et l’Etat: pas très clair et très sain cette histoire ! Après cette opération, je pars chercher du pain. La ville a plusieurs boulangeries que nous les testons au fur et à mesure. Bonne pioche pour le pain, un peu moins pour les desserts! Après 2,5 mois en mer, il faut avouer qu’une bonne baguette manque un peu… S’en suivent deux autres journées de réparations, préparations et rangement du bateau. Clément et Sébastien sont arrivés de France avec plein de matériel qu’il faut ajouter à tout ce qui était déjà à bord!

Le départ se fait proche, et au bout de 5-6 jours le large commence déjà à manquer un peu.


Parmi les belles rencontres de cette escale est à distinguer celle avec Carlos Salamanca, frère de Mirtha (membre d’honneur de notre association) et qui suit nos activités depuis 2019, lorsque sa soeur est venue nous rendre visite en France pour consulter les archives de sa famille. Entre café et alfajores, nous avions déjà les pensées tout au sud de l’Argentine et milles projets à réaliser. La suite d’ici peu avec notre projet des Voix des Grands-Mères.

Pour en savoir plus sur notre club de voile associatif : https://karukinka.eu/fr/club-de-voile/ ou https://karukinka-exploration.com/

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Carlos et Lauriane (Yacht Club Argentino, Buenos Aires)

Espaces Marins Côtiers pour les Peuples autochtones chiliens (ECMPO) (Subpesca.cl)

Il s’agit d’espaces marins délimités dont l’administration est confiée à des communautés autochtones ou à des associations de celles-ci qui ont exercé un usage coutumier dudit espace tel que vérifié par la CONADI.

Source (en espagnol): https://www.subpesca.cl/portal/616/w3-propertyvalue-50834.html. Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Les communautés autochtones inscrites à la CONADI (Corporation Nationale des Droits Indigènes) peuvent postuler pour ces espaces.

La délimitation nécessaire est déterminée par la surface qui assure l’exercice de l’usage traditionnel. Cet espace côtier sera cédé par le Sous-secrétariat aux Forces Armées au Sous-secrétariat aux Pêches et à l’Aquaculture, qui signera un accord d’utilisation avec l’association des communautés ou la communauté affectée une fois que la commission intersectorielle aura approuvé le plan d’administration présenté par la communauté ou association de communautés.

L’utilisation et l’administration de l’ECMPO seront la responsabilité de l’association ou de la communauté pour laquelle le plan d’administration a été approuvé. Ce plan détaille les activités à réaliser, les utilisateurs et les autres exigences établies par la réglementation. La durée de l’administration d’un espace côtier est indéterminée, sauf en cas de non-respect ou de violation.

Le droit coutumier désigne les pratiques ou comportements réalisés par les communautés de manière régulière et qui font partie de leur culture, tels que les pratiques religieuses, économiques, récréatives, entre autres.