Parti de Concarneau, Captain Darwin s’est échoué en Patagonie (Le Télégramme, 04/02/2024)

Ni dégâts majeurs, ni blessé, mais une belle frayeur pour le navire d’exploration Captain Darwin. Le voilier, parti de Concarneau en 2021 sur les traces du célèbre naturaliste, s’est échoué, en Patagonie. Mais il va repartir.

Source : https://www.letelegramme.fr/finistere/concarneau-29900/parti-de-concarneau-captain-darwin-sest-echoue-en-patagonie-6518927.php

Déjà près de deux ans et demi que Captain Darwin a quitté Concarneau, pour son tour du monde. Une expédition scientifique qui n’est pas sans risque, comme vient de le rappeler Victor Rault.
Déjà près de deux ans et demi que Captain Darwin a quitté Concarneau, pour son tour du monde. Une expédition scientifique qui n’est pas sans risque, comme vient de le rappeler Victor Rault. (Archives Le Télégramme/Guirec Flécher)

Victor Rault ne cache pas la peur qu’il vient de connaître, en témoignant sur les réseaux sociaux de la mésaventure qu’il vient de vivre avec son équipage et son bateau, Captain Darwin, en Patagonie, à la pointe méridionale de l’Amérique du Sud. Parti en 2021 de Concarneau sur les traces de Charles Darwin, il y a échoué son voilier de 12 m, à l’occasion d’une manœuvre délicate. « Tout le monde va bien, et le bateau est tiré d’affaire, par nos propres moyens, rassure-t-il. Nous reprenons bientôt le programme d’exploration. »

(La suite sur le site du Télégramme)

Jean Malaurie, monument de la recherche scientifique en Arctique et membre d’honneur de notre association, est décédé hier

Jean Malaurie, monument de la recherche scientifique en Arctique et membre d’honneur de notre association, est décédé hier

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris hier le décès de Jean Malaurie, de celui qui a soutenu mes premiers pas de chercheuse et avec qui j’ai eu l’honneur de travailler pendant sept ans, sur différents projets.

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Monsieur Malaurie,

Vous aviez tant à transmettre et vous avez tant fait en 101 ans d’existence qu’il paraît invraisemblable que cela puisse avoir une fin.

Je me souviendrais toujours de votre esprit brillant, de votre exigence et de votre énergie qui me semblait intarissable quand il était question de défendre les opprimés, de s’indigner et de combattre l’injustice sous toutes ses formes. Le colonialisme et ses multiples expressions en tête de liste.

Je pourrais m’étendre sur votre parcours sans pareil, sur les innombrables projets, missions et distinctions qui ont jalonné votre vie, mais ce que je garderais surtout c’est le souvenir de votre générosité, de tout ce que vous m’avez appris de la vie grâce à la vôtre et de l’Homme au-delà des théories, de votre humour, et enfin de tous ces moments simples de la vie de tous les jours, hors du temps de la recherche et ses exigences, en compagnie de votre épouse à Dieppe, en tête à tête à Paris dans votre cuisine ou dans le petit studio où vous stockiez non sans mal des décennies d’archives.

S’il ne fallait retenir qu’un seul de vos innombrables conseils, transmis droit dans les yeux un jour où le doute cherchait à me faire vaciller, ce serait celui-ci, résumant finalement assez bien votre chemin parmi nous : “Face à l’injustice, n’abandonnez jamais !”.

Il s’impose désormais avec encore plus de force qu’hier, pour continuer le chemin que vous nous avez ouvert sans compromis toute votre vie, avec dignité, détermination et courage.

A l’heure où les premiers rayons du soleil réapparaissent au-delà du cercle arctique, il est enfin venu pour vous l’heure de retrouver votre épouse, Uutaaq et tous ceux qui vous ont précédé pour ce voyage au-delà de l’horizon.

Bon sillage vers les retrouvailles Monsieur Malaurie, mes remerciements infinis vous accompagnent.

Lauriane

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Et pour l’écouter parler de son parcours, je vous recommande cette émission “Visages” enregistrée en 2916 en compagnie de Thierry Lyonnet (RCF Radio) : https://youtu.be/7InErN0A1nE?feature=shared

Oeuvre lumineuse pour la reconnaissance et la réparation du peuple selk’nam (Obra lumínica por el reconocimiento y la reparación del pueblo selknam, El Mostrador, 2/2/2024)

Oeuvre lumineuse pour la reconnaissance et la réparation du peuple selk’nam (Obra lumínica por el reconocimiento y la reparación del pueblo selknam, El Mostrador, 2/2/2024)

Avec des projections lumineuses itinérantes, des artistes de la Corporation Traitraico et du Delight Lab visibilisent l’histoire de dépossession à l’encontre du peuple Selk’nam et la lutte pour sa reconnaissance et sa réparation.

Traduction de l’article publié par le journal El Mostrador (Chili)


Une œuvre lumineuse dédiée à la reconnaissance et à la réparation du peuple selk’nam a sillonné le sud de la Patagonie chilienne.

Le Selk’nam est un peuple indigène qui habite la Patagonie depuis des milliers d’années. Durant la colonisation ils furent persécutés, assassinés, violés et capturés pour être exhibés dans les zoos humains d’Europe. L’Eglise les a bannis et les a obligé à laisser leur culture. L’Etat du Chili ne les considérait pas comme des sujets de droit et plus tard a considéré cette culture pour morte.

Grâce à deux décennies de lutte et d’organisation, en septembre 2023 le Congrès a approuvé une réforme à la loi 19.253 dans laquelle l’Etat reconnaît le peuple indigène Selk’nam comme culture vivante, s’ajoutant à la liste d’autres ethnies comme la Mapuche et l’Aimara.

“Maintenant nous allons promouvoir notre culture avec plus d’insistance. Nous avons besoin d’une présence politique, de lois qui protègent notre patrimoine, parce qu’il y a beaucoup d’appropriation culturelle. Il est de la responsabilité de l’Etat de réparer, à travers l’éducation, le contenu des enseignements aux collèges et dans l’histoire officielle qui indiquent que le peuple Selk’nam est éradiqué” dit Mauricio Astroza, jeune selk’nam membre de l’Assemblée Telkacher.

Comme exercice de mémoire, visibilisation et soutien, l’organisation culturelle et environnementale Corporation Traitraico et le collectif de vidéoprojection Delight Lab ont recueilli des témoignages de personnes Selk’nam du Chili et d’Argentine et ont projeté des images significatives en utilisant le territoire comme toile.

“Nous approchons les gens à la lutte actuelle du peuple selk’nam qui exige que soit réparée une dette historique en lien avec le négationnisme collectif de son génocide. Ceci est un précédent pour que plus jamais quelque chose de similaire soit répété ni dans le pays ni dans le monde”, dit Francisco Polla, fondateur de la Corporation Traitraico et directeur du projet.

L’investigation s’est déroulée durant l’année 2023 et est réunie dans le microdocumentaire Relatos de Fuego (Histoires de Feu). Les projections ont été réalisée avec de l’énergie propre dans des sites somme Cerro Sombrero, Porvenir, Lago Blanco et le Parc Karukinka.

“A travers de cette fantasmagorie contemporaine nous évoquons des personnes qui ont habité le territoire et leur spiritualité cachée, leur respect de la nature et, pour d’autres personnes, quelque chose de très différent aux valeurs du libre échange et de l’extractivisme d’aujourd’hui. C’est un sauvetage de la mémoire ancestrale mais en même temps une question sur qu’est-ce qu’être Selk’nam aujourd’hui”, dit Octavio Gana, cofondateur du Delight Lab et directeur artistique de l’oeuvre.

Les projections font partie du projet “Relatos de luz” (Histoires de Lumière), qui est né en 2019 et qui se présente de manière itinérante dans différents territoires australs. L’équipe a également été présente à Los Lagos, Aysén, Los Ríos et La Araucanía.

La tournée s’est faite grâce au Fonds Artistique Régional de la Culture des Peuples Originaires de la Région de Magallanes et de l’Antarctique Chilien 2021 et le Fonds Artistique National des Arts y al Fondart Nacional des Arts de la Visualité, de la Création et de la Production 2021, du Ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine. Soutiennent et collaborent l’Assemblée Telkacher, Bandera Selk’nam, l’Académie de la langue Selk’nam, le groupe de femmes Selk’nam Khol Hool Na de la lignée de Lola Kiepja et représentantes de la communauté indigène Rafaela Ishton.

https://www.elmostrador.cl/cultura/2024/02/02/obra-luminica-por-el-reconocimiento-y-la-reparacion-del-pueblo-selknam/

Pont Radman : “C’est une oeuvre magnifique qui est liée au tourisme et au développement” (Gouvernement de Terre de Feu, 31/1/2024, “Puente Radman: “Es una obra magnífica que tiene que ver con el turismo y el desarrollo”)

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Le gouverneur de la Terre de Feu AIAS (Antarctique et Îles de l’Atlantique Sud), Gustavo Melella, accompagné de la présidente de la Direction provinciale des routes, Ileana Zarantonello, a visité les travaux achevés du pont Radman sur la rivière Rasmussen, sur la route complémentaire B, essentielle pour permettre le passage de la frontière internationale de Bellavista qui reliera l’Argentine au Chili. La visite a été accompagnée par le chef de cabinet du ministre, Agustín Tita, le secrétaire des Malouines, de l’Antarctique, des Îles de l’Atlantique Sud et des Affaires internationales, Andrés Dachary et le législateur Federico Greve. Des personnels de la Gendarmerie Nationale ont également participé

Les travaux comprenaient la réalisation des remblais, l’installation et le montage de 6 grands ponceaux, ainsi que la structure et le mur de soutènement.

À cet égard, Melella a exprimé que “c’est un travail magnifique, très nécessaire pour un pas vers le Chili et qui est lié au développement et au tourisme, après qu’il soit resté si longtemps inactif”.

« Il est également important de souligner l’excellent travail réalisé par tout le personnel des routes provinciales, des fonctionnaires qui ont réfléchi à un travail et qui l’ont réalisé avec une très grande capacité technique, mais surtout avec un grand engagement. Cela les remplit de fierté et nous aussi », a-t-il ajouté.

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De même, le Gouverneur a souligné que “ce travail est le produit d’un Etat actuel qui met à la disposition des résidents les meilleures infrastructures pour promouvoir dans ce cas ce qui touche au tourisme, au développement et à la connectivité routière”.WhatsApp Image 2024 01 31 at 08.28.06

Pour sa part, la Présidente des Routes Provinciales, Ileana Zarantonello, a indiqué que « nous sommes vraiment fiers d’avoir réalisé ce travail très important et aussi très heureux que le Gouverneur nous ait rendu visite et ait pu être, plus que tout, avec tous les travailleurs qui « ont participé pour rendre cela possible.»

« Les principaux travaux effectués concernent une chaîne de six ponceaux et de nombreux travaux de déplacement du sol en dessous. Contrairement à d’autres travaux réalisés dans le passé, dans ce cas, les travaux d’ingénierie ont été réalisés et planifiés par l’ingénieur José Caldera, afin d’assurer la durabilité et la sécurité du pont pendant une longue période », a-t-il expliqué.

Enfin, le responsable a soutenu que « tout ce qui concerne la connectivité contribue à la croissance de n’importe quel lieu, car dans ce cas nous parlons d’un pont qui nous permettra d’accueillir le tourisme, ce qui est très important pour la Terre de Feu ».

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Source : https://www.tierradelfuego.gob.ar/blog/2024/01/31/puente-radman-es-una-obra-magnifica-que-tiene-que-ver-con-el-turismo-y-el-desarrollo/ Traduction : Karukinka

Argentine: un incendie détruit 600 hectares d’un site Unesco (L’Obs – AFP, 27/1/2024)

Argentine: un incendie détruit 600 hectares d’un site Unesco (L’Obs – AFP, 27/1/2024)

Argentine: un incendie détruit 600 hectares d'un site Unesco
Image de l’agence de presse Télam montrant un helicoptère combar un feu de forêt au Parc National Los Alerces dans la province argentine de Chubut, en Patagonie, le 26 janvier 2024 ((c) Afp)

Par AFP

Publié le 27 janvier 2024 à 21h31

Buenos Aires (AFP) – Les pompiers argentins luttent samedi contre un incendie “hors de contrôle” dans le Parc national de Los Alerces, en Patagonie, qui a déjà dévasté près de 600 hectares de ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a rapporté l’agence de presse officielle Télam.

En plein coeur de l’été austral, des températures record de plus de 40°C frappent ces jours-ci la Patagonie argentine, région désertique habituellement froide et venteuse de l’extrême sud du pays.

Des brigadiers et du personnel de la province de Chubut tentaient d’empêcher les flammes d’atteindre les villes voisines d’Esquel et de Trevelin, à environ 2.000 km au sud-ouest de Buenos Aires.

“L’incendie est hors de contrôle”, a déclaré Mario Cardenas, chef du département des incendies, des communications et des urgences (ICE) du parc national, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017.

L’incendie s’est déclaré jeudi soir et a déjà brûlé plus de 577 hectares de forêt, dépassant le périmètre du parc, selon la même source.

Les conditions “sont défavorables car nous avons encore beaucoup de vent et des températures élevées. Cela rend notre travail très difficile”, a déclaré M. Cardenas.

L’incendie est situé dans la zone du ruisseau Centinela, près de la baie de Rosales, selon l’agence Télam.

Sur son compte Instagram, le Parc national de Los Alerces a indiqué que vendredi soir, un drone a survolé la zone pour évaluer la progression de l’incendie, et que des équipes de pompiers d’Esquel et Trevelin “sont présents pour protéger les villes proches de l’incendie”.

Les températures record en Patagonie argentine ont amené les provinces de Chubut et de Rio Negro à déclarer l’état d’urgence en raison du risque d’incendies jusqu’au mois d’avril.

Le Parc de Los Alerces couvre 188.379 ha avec une zone tampon d’environ 207.313 ha. Les glaciations successives ont façonné le paysage de la région et créé une variété de formes spectaculaires, cirques glaciaires, chapelets d’étangs, lacs aux eaux claires, vallées suspendues, roches moutonnées et vallées en U.

Il abrite certaines des dernières parcelles de forêt patagonienne d’un seul tenant ainsi que de nombreuses espèces de faune et de flore endémiques et menacées, notamment la plus ancienne population d’alerces ou cyprès de Patagonie, un conifère endémique d’Amérique du Sud.

Source : https://www.nouvelobs.com/monde/20240127.AFP6541/argentine-un-incendie-detruit-600-hectares-d-un-site-unesco.html

On a vu un paysage vieux de millions d’années sous l’Antarctique (Sciences & Vie, 20/1/2024)

Sous l’épaisse glace de l’Antarctique, un immense paysage figé depuis près de 34 millions d’années vient d’être découvert. Ce relief composé de vallées et de crêtes sculptées par des rivières témoigne d’une ancienne nature luxuriante.

Les géographes connaissaient l’existence du socle rocheux sur lequel reposent ces étendues glacées familières.

La terre sous la calotte de glace de l’Antarctique est moins connue que la surface de Mars, lance Stewart Jamieson, professeur de géographie à l’université de Durham, au Royaume-Uni. Personne n’avait jamais posé les yeux sur le paysage qui se trouve dessous. Avec une équipe internationale de glaciologues et d’océanographes, le chercheur en réalise pourtant une esquisse dans une récente étude.

La suite de l’article d’Olivier Donnars ici : https://www.science-et-vie.com/article-magazine/on-a-vu-un-paysage-vieux-de-millions-dannees-sous-lantarctique

Milagro, le navire de Karukinka, est en escale à Nantes, ponton Belem au premier trimestre 2024

Milagro, le navire de Karukinka, est en escale à Nantes, ponton Belem au premier trimestre 2024

Après convoyage depuis la Grande Motte en décembre/janvier, le voilier Milagro et son équipage sont arrivés à Nantes, ponton Belem, pour une escale mêlant préparation technique et rencontres avec le public jusqu’à fin mars 2024.

Sont au programme :

  • une exposition mêlant sons et photographies;
  • des conférences et rencontres dédiées à la Patagonie et au Finnmark
  • L’installation d’un nouveau chauffage, la réfection de quelques hublots, la révision du matériel de sécurité et quelques optimisations des manœuvres, en vue d’un départ fin mars vers l’Ecosse (Hébrides, Orcades et Shetlands) et la Norvège (Troms et Finnmark).

Informations pratiques : https://karukinka-exploration.com

Au plaisir de vous rencontrer à bord (+33 6 72 83 03 94, contact@karukinka.eu) !

Exposition « Crépuscules arctiques », pastels de Jean Malaurie (UNESCO, 19-25/01/2024)

L’UNESCO expose un panorama des pastels de Jean Malaurie, Ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO chargé des questions polaires arctiques, à l’occasion des célébrations du centenaire de sa naissance.

Pastel

Jean Malaurie

Jean Malaurie est mondialement connu pour ses travaux en géomorphologie et géocryologie arctique ainsi que ses récits circumpolaires ethnographiques dédiés aux Inuit, ses maîtres penseurs.

Ses pastels représentent un aspect moins connu de son œuvre, mais important dans la mesure où elles sont le témoignage de ses 31 missions dans le Grand Nord.

L’exposition sera ouverte en Salle des Actes du 18 au 25 janvier (fermée le weekend), de 9h à 17h30. 

Inauguration : jeudi 18 janvier 2024, à 18 heures.

Lien vers le site de l’UNESCO

Nouvelle inauguration du musée le plus austral du monde, avec un nouveau nom et une nouvelle muséographie ( source: Service National du Patrimoine Culturel chilien, 10 janvier 2024)

Nouvelle inauguration du musée le plus austral du monde, avec un nouveau nom et une nouvelle muséographie ( source: Service National du Patrimoine Culturel chilien, 10 janvier 2024)

Publié hier, l’article suivant témoigne d’une étape fondamentale pour la communauté yagan et le musée dédié à leur culture situé à Puerto Williams.

Traduction de l’espagnol par l’association Karukinka

Le Musée Anthropologique Martin Gusinde de Puerto Williams initie une nouvelle étape avec une nouvelle présentation et un nouveau nom: à partir d’aujourd’hui il s’appelle le Musée Territorial Yagan Usi – Martín González Calderón, et sa muséographie se centre sur cette culture ancestrale et sur l’établissement de ponts entre la vision du passée et la communauté actuelle.

Une nouvelle vision du musée et du travail communautaire a été le marqueur de la ré inauguration à Puerto Williams du musée le plus austral du monde, avec un nouveau nom et une exposition permanente renouvelée. A partir d’aujourd’hui, l’espace connu initialement comme Musée Anthropologique Martin Gusinde s’appellera Musée Territorial Yagan Usi – Martín González Calderón, dénomination en cohérence avec la nouvelle exposition, centrée sur la culture de ce peuple ancestral qui habite l’extrême austral du Chili et de l’Argentine depuis sept mille ans.

La cérémonie a été dirigée par la déléguée présidentielle de Puerto Williams, María Luisa Muñoz; la secrétaire du Patrimoine Carolina Pérez Dattari; la directrice nationale du Service du Patrimoine Culturel (Serpat) Nélida Pozo Kudo; le maire de Cabo de Hornos Patricio Fernández, et plusieurs familles de la Communauté Indigène Yagan de la Baie Mejillones, avec leur représentant Luis Gómez Zarraga.

Le directeur du musée, Alberto Serrano, a fait remarqué que cette transformation relève de la dimension territoriale, comme Martín González Calderón, membre de la Communauté Indigène Yagan de la Baie Mejillones à Villa Ukika et référent de l’art de la navigation ancestrale en canoë et de la culture traditionnelle Yagan. Martín González Calderón a réalisé maints efforts et initiatives orientées vers la diffusion de son savoir ancestral et a collaboré étroitement avec le musée. Résultat de la pandémie de Covid-19, il est décédé le 18 octobre 2020, victime, comme beaucoup de ses ancêtres, des maladies introduites.

La secrétaire Carolina Pérez a fait remarqué que “nous sommes très heureux de pouvoir faire partie de cette étape qui permettra de reconnaître la communauté Yagan et dans laquelle se réouvre un espace patrimonial pour les citoyens. Nous espérons que le projet muséographique qui a été travaillé pendant deux ans par l’équipe de la Sous-Direction Nationale des Musées, et qui incorpore une présentation avec une vision territoriale, se convertira en un espace de rencontre pour les habitants et habitantes de la région”.

Pour sa part, la directrice nationale du Serpat, Nélida Pozo, a jouté que “cet espace est maintenant imprégné d’une vision surgie du territoire lui-même, de la main de la communauté Yagan de la Baie Mejillones, en pleine conscience et avec la certitude que nous sommes en présence d’une culturel ancestrale vivante, qui se pense, se projette et revitalise, et, en même temps, qui nous parle d’une nouvelle manière de penser les musées, comme des institutions accessibles et inclusives, qui encouragent la diversité et la durabilité avec la participation des communautés”.

La vision territoriale et culturelle de la nouvelle exposition

La proposition de rénovation muséographique a involucré un long processus de dialogue et de recherche avec les communautés résidentes et avec la Communauté Indigène Yagan de la Baie Mejillones, dans le but de préserver la mémoire locale et tous les éléments qui la compose historiquement et contemporainement. De ce fait, ce fût la communauté elle-même qui sollicita le changement du nom de cet espace.

Le nouveau parcours muséographique a pour protagoniste le peuple Yagan, et rend compte des modes de vie et des processus historiques, sociaux et culturels expérimentés par la communauté, étant aussi étudié l’apport culturel de l’archipel, et l’objectif de contribuer aux processus de revitalisation de la communauté, tout en dédiant des espaces de réflexion et de dialogue au sujet des processus de colonisation par la culture occidentale et l’Etat chilien à l’extrême sud du pays.

La nouvelle narration crée constamment des ponts entre l’ancestral et le contemporain, pour connecter les traditions avec les nouvelles générations. En outre, durant toute la présentation, sont utilisés des mots de yagankuta [langue yagan] pour revitaliser la langue et le patrimoine immatériel. De plus, elle incorpore la perspective du genre pour donner de la visibilité aux barrières que la communauté indigène et les kipayamalim [les femmes yagan] ont affronté.

Au premier étage se déploie un tour par le Yagan Usi (le territoire yagan) durant lequel les collections arquéologiques et ethnographiques abordent le peuplement de l’Archipel du Cap Horn, situé durant l’Holocène Moyen il y a approximativement 6500 ans BP. Les caractéristiques du territoire dialoguent avec l’existence humaine à travers les vestiges arquéologiques, la navigation, la chasse, la vannerie, l’artisanat, les rituels et la présence du yagankuta, une langue qui refuse de disparaître.

Parmi les différents objets, la muséographie fait remarquer la restitution de 29 objets de la collection Martin Gusinde provenant du Musée National d’Histoire Naturelle et de 32 pièces de vannerie yagan comme des paniers, cordages et filets de pêche élaborés en jonc par Cristina Calderón Harbán, Julia González Calderón, Claudia González Vidal, Marta Balfor Clemente, et beaucoup d’autres femmes et artisanes qui ont cultivé cette technique ancestrale. La vannerie, élément de la culture matériel et immatérielle, reflète une importante connexion entre les savoirs de la nature, le climat, la récolte de matières premières et les points de tressage qui ont été transmis durant des générations.

Le public des visiteurs, en plus de voir ces objets, pourra observer une infographie qui expose différents type de paniers et de techniques de fabrication, écouter un enregistrement audiovisuelle et apprendre les mots de la yagankuta [la langue yagan] qui renforcent la mémoire collective.

Au deuxième étage continue le récit avec Poluaóala Shanatara (les étrangers arrivent) dont les collections de caractère historiques présentent les transformations et vicissitudes qui ont été vécues dans la région depuis le XVIème siècle et jusqu’à présent. Les processus d’immigration des expéditions européennes, nord-américaines et le peuplement impulsé par les états argentin et chilien installent un contexte de rencontres, conflits et conséquences pour la culture indigène locale. Dans cette salle, en plus de comprendre les processus de contact (découverte, exploration et colonisation) il est aussi possible de s’approcher de la biodiversité magallanique avec la présentation de plus de 30 espèces de taxidermie qui illustrent la faune et le paysage le plus austral du Chili.

L’exposition est aussi remarquable de par ses caractéristiques technologiques et son design, comptant avec des plateformes interactives, des espaces audiovisuelles et des espaces d’écoute.

Source : https://www.museoyaganusi.gob.cl/noticias/reinaugurado-museo-mas-austral-del-mundo-con-nuevo-nombre-y-museografia

Tanana, être prêt à partir naviguer : le passionnant documentaire de Martin Gonzalez Calderon et Alberto Serrano dédié à la navigation à la voile dans les canaux de Patagonie

Tanana, être prêt à partir naviguer : le passionnant documentaire de Martin Gonzalez Calderon et Alberto Serrano dédié à la navigation à la voile dans les canaux de Patagonie

Parce qu’il est selon nous l’un des meilleurs documentaires dédiés à la région du cap Horn et ses habitants, nous vous recommandons de découvrir “Tánana, estar listo para zarpar” (être prêt à partir naviguer), une véritable expédition sensible dans ces territoires majestueux à ne pas manquer pour découvrir ces visages qui font les lieux..

Ce film a été principalement tourné dans une des baies du nord de l’île Navarino : la baie Mejillones. Il est dédié à la construction d’un petit voilier, le Pepe II, selon la tradition yagan. Toute la famille de Martin apparaît au fil des séquences, que ce soit pour le choix de l’arbre à utiliser pour la construction que pour fabriquer ce navire puis le mettre à l’eau. S’ensuit la navigation ancestrale à la voile et à la rame dans les canaux de Patagonie, menée par Martin Gonzalez Calderon et son gendre, tout cela aussi grâce au soutien de pêcheurs locaux, tant la législation complique la navigation traditionnelle à l’approche, entre autres, des glaciers de la cordillère Darwin et du faux cap Horn.

Vous pouvez le visionner sous titré en français sur la plateforme Youtube : https://youtube.com/watch?v=1g35XTtaMdQ%3Ffeature%3Doembed

Un témoignage exceptionnel de la navigation yagan au bout du monde

Il aura fallu cinq ans pour obtenir ce documentaire d’une grande beauté scénique et surprenant d’intimité. Dans “Tánana” (2016, 74 minutes), l’anthropologue Alberto Serrano, directeur du Musée Martin Gusinde de Puerto Williams, et le réalisateur Cristóbal Azócar témoignent de comment Martín González Calderón (62 ans) est retourné naviguer dans les îles de Tierra del Fuego, sur un bateau à voile qu’il a construit face à la caméra.

Ce long-métrage nous plonge au cœur de l’archipel du cap Horn, là où un habile charpentier de marine construit son bateau et part naviguer, comme ses ancêtres, dans ces eaux tumultueuses. Fils d’Ursula Calderón et neveu de Cristina Calderón, elles aussi filmées quelques années auparavant par Paola Castillo dans le documentaire poignant intitulé “La Ultima Huella”, le personnage principal se souvient avec beaucoup de nostalgie qu’enfant, il a visité tous les canaux et toutes les îles.

Le titre même du film, “Tánana” – qui signifie “être prêt à naviguer” en langue yagan – résume parfaitement l’esprit de ce peuple nomade maritime qui sillonne toujours, bien que de manière différente depuis la colonisation de leurs territoires, les eaux de l’archipel fuégien depuis des millénaires.

La renaissance d’une tradition familiale : la construction du “Pepe II”

Ce film a été principalement tourné dans une des baies du nord de l’île Navarino : la baie Mejillones. Il est dédié à la construction d’un petit voilier, le Pepe II, selon la tradition yagan adaptée aux matériaux contemporains. Le tournage permet de documenter tout le processus de construction du bateau, depuis le choix des arbres jusqu’à un important témoignage de la grande maîtrise du protagoniste dans l’art de la charpente marine.

Plusieurs membres de la famille de Martin apparaissent au fil des séquences, de la fabrication du navire à sa mise à l’eau. Cette dimension familiale illustre parfaitement l’approche communautaire traditionnelle yagan, où chaque projet mobilise l’ensemble du groupe selon les compétences et les rôles de chacun.

Le processus révèle comment les Yagan ont su adapter leurs techniques ancestrales aux contraintes contemporaines. Alors que leurs embarcations traditionnelles, les canoës appelés “ánan”, étaient entièrement construites en écorce de hêtre austral, le “Pepe II” utilise des planches de bois assemblées selon des techniques de charpenterie plus modernes intégrées au fil des générations.

Une expédition au cœur des territoires secrets de Patagonie

Quand Martin leva les voiles, les réalisateurs le suivirent pendant quinze jours dans une navigation ancestrale à la voile et à la rame menée par Martin González Calderón et son gendre. Cette expédition s’effectue grâce au soutien de pêcheurs locaux, tant la législation chilienne complique désormais la navigation traditionnelle à l’approche des glaciers de la cordillère Darwin et du faux cap Horn.

Ils voyagèrent ainsi dans des îles où plus personne ne vit et où les maisons yagan sont devenues des ruines, témoins silencieux de l’histoire de ce peuple. Les réalisateurs furent étonnés par les peintures rupestres et les lieux secrets découverts lors de cette odyssée maritime. “Par sa géographie, c’est un lieu unique, très extrême. En hiver il n’y a que peu de jour et il n’y a pratiquement pas de nuit en été. J’apprécie beaucoup la faune : les oies, baleines et dauphins sont à portée de main. Et les condors volent au ras de la mer”, témoigne Azócar.

Les histoires du protagoniste sont concises et pleines de sens. Il a traversé quatre fois le faux cap Horn. La première fois fut avec son père et la plus difficile car une tempête avait endommagé le petit bateau. Son père a commencé à le réparer et il a alors su que c’était à son tour de gérer la navigation. Il avait 12 ans.

Alberto Serrano : un regard anthropologique respectueux

“Nous avons eu l’idée de voyager dans ces lieux où il n’avait jamais pu revenir, mais aussi de partager cette réalité avec son contexte. Le discours de l’extinction domine tout mais en vérité il y a des nuances. (…) L’héritage yagan est vivant ; et il y a des personnes comme Don Martín qui continue de parcourir les archipels de manière traditionnelle”, explique Alberto Serrano, qui vit à Puerto Williams.

Cette approche nuancée caractérise l’ensemble du documentaire. Loin des clichés sur l’extinction culturelle, le film montre la vitalité contemporaine de la tradition yagan et sa capacité d’adaptation. “Le plus puissant et important de la navigation traditionnelle est son lien avec le lieu ; chaque baie est une maison. Don Martin a une sagesse qui lui a été transmise par l’amour de son espace de vie. Mais cette connaissance est en train de disparaître, il se trouve donc dans une phase charnière : ses parents ont toujours navigué mais ses enfants n’en ont pas la possibilité”, ajoute l’anthropologue.

Un témoignage essentiel pour les générations suivantes

Une tradition maritime d’exception : 7 000 ans de navigation

Les Yagan représentent l’une des rares civilisations entièrement maritime de l’humanité. Pendant plus de 7 000 ans, ils ont développé une culture nomade basée exclusivement sur l’exploitation des ressources marines et la navigation constante dans l’archipel fuégien. Cette adaptation exceptionnelle leur a permis de vivre et prospérer dans un environnement que les Européens considéraient comme totalement inhospitalier.

Leur expertise de navigation repose sur une connaissance empirique exceptionnellement sophistiquée : lecture des vents, interprétation des courants, prévision météorologique basée sur l’observation des nuages et de la faune marine. Cette maîtrise se transmet oralement de génération en génération, intégrant observations scientifiques empiriques et savoirs spirituels.

Avant la colonisation, le territoire traditionnel yagan s’étendait de la côte sud de la grande île de Terre de Feu jusqu’à l’archipel du cap Horn, incluant le canal Beagle qu’ils appellent Onashaga. Les centaines d’îles, milliers de canaux, baies protégées et passages dangereux constituent un environnement où seule une navigation experte assure la sécurité.

Les canoës yagan : chefs-d’œuvre maritimes

Les embarcations traditionnelles yagan, appelées “ánan”, constituent de véritables chefs-d’œuvre de technologie maritime adaptée. Entièrement construites en écorce de hêtre austral (Nothofagus betuloides), elles mesuraient entre 3,75 et 5,5 mètres de long pour 70 à 90 cm de large. Légères, rapides, elles peuvent naviguer dans les algues qui entravent les embarcations européennes plus lourdes et à quille.

Bien qu’elles ne duraient généralement que quelques mois, ces canoës permettent une navigation exceptionnellement efficace dans l’environnement complexe des canaux patagoniens. Les familles yagan y transportaient tout leurs effets domestiques : foyer central pour le feu, espaces dédiés aux hommes, femmes et enfants, compartiments pour les provisions et les outils.

La construction de ces embarcations mobilisait l’ensemble de la famille selon une répartition précise des tâches. Les hommes s’occupaient de la structure principale, tandis que les femmes maîtrisaient le calfatage avec des algues et un mélange d’argile et de graisse animale.

Un lien intime avec l’océan austral

La relation des Yagan à l’océan dépasse la simple subsistance pour devenir une véritable symbiose culturelle. Leur organisation sociale, leur spiritualité, leur mythologie, leur calendrier saisonnier – tout s’articule autour des cycles marins et des phénomènes océaniques.

Les techniques de subsistance illustrent parfaitement cette adaptation : chasse aux otaries par les hommes, plongée pour la récolte des coquillages par les femmes, récupération de viande de baleine échouée, cueillette de végétaux côtiers. Le film restitue cette dimension spirituelle en montrant comment Martín González Calderón retrouve cette connexion ancestrale lors de son voyage. Chaque baie devient effectivement une maison, chaque île un territoire familier chargé de mémoire et de significations.

La famille González Calderón : gardiens de la tradition

Le documentaire révèle également l’importance de la transmission familiale dans la préservation des savoirs yagan. Martín incarne cette génération charnière qui a vécu l’enfance dans la tradition nomade maritime avant d’être confrontée à la sédentarisation forcée par les autorités chiliennes.

L’objectif déclaré de Martín González Calderón est de “léguer sa grande sagesse sur le territoire et sa culture”. Cette démarche s’inscrit dans une volonté consciente de préservation culturelle, où les derniers détenteurs des savoirs traditionnels assument la responsabilité de leur transmission.

Pour la petite anecdote, Martin est le grand frère de Julia (experte reconnue de la vannerie yagan) et d’un des membres d’honneur de notre association : José German González Calderón, venu nous rendre visite en France en octobre 2019 et qui navigue très régulièrement avec nous. Sa présentation de la version française de ce documentaire et de la navigation telle qu’il l’a vécue dès son plus jeune âge avec sa famille dans les canaux de Patagonie a été un des moments forts du festival Haizebegi #6.

Cette continuité familiale témoigne de la vitalité de la culture yagan. José German, pêcheur professionnel et artisan, possède lui aussi des décennies d’expérience de navigation dans les canaux patagoniens, combinant savoirs ancestraux (ex: fabrication des harpons en os de baleine) et techniques de navigation contemporaines.

Reconnaissance et diffusion internationale

“Tánana” a reçu le premier prix au Festival de Cinéma de la Patagonie dans la catégorie “Territoire filmique”, reconnaissance de son excellence dans la représentation des paysages et cultures des canaux patagoniens. Le film a également obtenu le prix Kinêma décerné par le Conseil de la culture du Chili, récompensant les productions qui promeuvent le mieux le territoire national.

Cette reconnaissance officielle témoigne de l’importance culturelle du projet. Le documentaire a pu compter sur le financement du Fonds Audiovisuel du Conseil national de la culture et des arts (CNCA), ainsi que le soutien de la Direction des bibliothèques, archives et musées (DIBAM) et du Conseil de la culture et des arts de la province de Magallanes.

Le film est en accès libre sur internet (avec sous-titrages en français et en anglais) et bénéficie de fait d’une diffusion internationale remarquable, avec des projections en Europe, Amérique du Nord et Amérique latine. 

Au-delà de sa valeur cinématographique, “Tánana” constitue un outil pédagogique exceptionnel pour sensibiliser aux cultures autochtones et à la préservation des savoirs traditionnels. Le documentaire sert de support dans les universités, musées et centres culturels, contribuant à une meilleure compréhension de la diversité culturelle maritime mondiale.

Vous pouvez visionner le documentaire Tanana sous-titré en français sur YouTube, une occasion unique de découvrir la culture yagan et de comprendre comment elle continue de naviguer vers l’avenir et au sein de la Réserve de Biosphère du cap Horn, en gardant le cap sur ses traditions ancestrales.

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