Des progrĂšs sont rĂ©alisĂ©s dans le procĂšs du gĂ©nocide de la « ConquĂȘte du dĂ©sert » (21/11/2024, CTA Autonoma)

Le juge fĂ©dĂ©ral Rafecas estime que le procĂšs pour la vĂ©ritĂ© initiĂ© par Lamngen Ivana Huenelaf contre la politique d’extermination impliquĂ©e par la campagne « ConquĂȘte du dĂ©sert » doit ĂȘtre traitĂ© devant la Justice FĂ©dĂ©rale de NeuquĂ©n.

Source : https://ctaa.org.ar/se-avanza-en-el-juicio-al-genocidio-conquista-del-desierto/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

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La plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par Ivana Noemi Huenelaf, une femme indigĂšne Mapuche Tehuelche, de son propre chef et conjointement avec son avocat parrain, l’avocat Fernando Cabaleiro. Dans sa prĂ©sentation, elle demande qu’un procĂšs pour la vĂ©ritĂ© soit initiĂ© pour enquĂȘter sur la commission d’Ă©vĂ©nements qui entreraient dans le cadre lĂ©gal du « gĂ©nocide », commis par l’État argentin au cours des annĂ©es 1878 et 1890, durant ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© la politique d’État « ConquĂȘte du DĂ©sert », dĂ©finissant ledit processus comme un objectif systĂ©matique, planifiĂ© et prĂ©mĂ©ditĂ© d’extermination de tous les membres des peuples indigĂšnes Mapuche, Tehuelche, Pampa et Ranquel qui habitaient les territoires de la rĂ©gion bio patagonienne-pampĂ©enne.

Il y est indiquĂ© que ce plan « comprenait des fusillades, des disparitions et des abandons de populations indigĂšnes, la coercition illĂ©gale, la torture, des actes cruels et inhumains visant Ă  causer la mort ou des atteintes graves Ă  l’intĂ©gritĂ© physique et mentale, le recrutement de femmes, de personnes ĂągĂ©es, de garçons, de filles et d’adolescents avec transferts et dĂ©placements forcĂ©s vers des camps de concentration, discipline, dĂ©personnalisation et annulation de la langue, de la culture et des croyances, vol de leur identitĂ© ancestrale, dĂ©sintĂ©gration et sĂ©paration des communautĂ©s pour Ă©viter les naissances au sein des familles indigĂšnes, appropriation des mineurs puis soumission Ă  la servitude, traite des ĂȘtres humains, voire esclavage.

Elle affirme Ă©galement que « Bien que les auteurs intellectuels et matĂ©riels de tous les crimes commis dans le cadre de la campagne de « ConquĂȘte du dĂ©sert » soient morts, l’État argentin est responsable des consĂ©quences nĂ©fastes, atroces, perverses et sanguinaires qu’il a reprĂ©sentĂ©es et reprĂ©sente dans la mĂ©moire vivante de chaque membre des peuples Mapuche, Tehuelche, Ranquel et Pampa, une situation qui s’aggrave inĂ©vitablement car il n’y a pas eu de justice ni mĂȘme de reconnaissance explicite par l’État argentin du gĂ©nocide. Cette campagne a signifiĂ©, avec la politique nĂ©gationniste constante des droits des peuples indigĂšnes Ă  la vĂ©ritĂ© et Ă  la rĂ©paration historique, Ă  leur propre identitĂ©, Ă  la rĂ©cupĂ©ration de leurs territoires ancestraux et au dĂ©veloppement de la personnalitĂ© et de la vision du monde indigĂšnes, des droits de l’homme dont la violation persiste malgrĂ© le texte constitutionnel.

En ce sens, elle demande qu’un jugement dĂ©claratoire soit rendu en rĂ©fĂ©rence Ă  l’ensemble du processus appelĂ© «ConquĂȘte du DĂ©sert» comme gĂ©nocide et que la juridiction soit ordonnĂ©e par les mesures ordonnatoires et les actes rĂ©parateurs qui correspondent Ă  la loi.

Ensuite, elle met en lumiĂšre divers travaux de recherche qui documentent le gĂ©nocide que reprĂ©sente la « conquĂȘte du dĂ©sert », impliquant des recherches et des thĂšses de doctorat rĂ©alisĂ©es par des historiens, des anthropologues, des sociologues, des politologues, qui abordent la question indigĂšne dans notre pays, « qui ont fait il est possible d’analyser, de rĂ©viser et de systĂ©matiser les donnĂ©es et les documents qui se rĂ©fĂšrent audit sujet, permettant ainsi de reconstruire et de rĂ©vĂ©ler fidĂšlement et objectivement des faits qui font partie des processus historiques qui ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s, rĂ©duits au silence, non racontĂ©s devant la suprĂ©matie des rĂ©cits officiels Ă©manant des institutions Ă©tatiques elles-mĂȘmes, dans le but inacceptable de prĂ©senter la conquĂȘte du dĂ©sert comme un projet civilisationnel (y compris dans les contenus curriculaires des niveaux moyen et universitaire du systĂšme Ă©ducatif public) ), et qu’Ă  la lumiĂšre de la pleine validitĂ© des droits de l’homme, la Constitution nationale de l’Argentine elle-mĂȘme, en vigueur depuis 1853, a une entitĂ© gĂ©nocidaire claire et incontestable.

Ensuite, comme toile de fond, elle se rĂ©fĂšre au massacre de NapalpĂ­, qui, dans le procĂšs pour la vĂ©ritĂ©, a dĂ©clarĂ© la responsabilitĂ© de l’État national argentin « dans le processus de planification, d’exĂ©cution et de dissimulation dans la commission du crime d’homicide aggravĂ© de cruautĂ© » « avec pulsions de perversitĂ© brutale » (art. 80, inc. 2 du C.P-selon la rĂ©daction de 1921-) dans la rĂ©itĂ©ration de faits qui se concurrencent et la rĂ©duction Ă  la servitude (art. 140 CP) en rĂ©itĂ©ration d’Ă©vĂ©nements qui se font concurrence, tous deux en compĂ©tition rĂ©elle (art. 55 du CP.) -, par lesquels entre 400 et 500 personnes des peuples Moqovit et Qom ont Ă©tĂ© assassinĂ©es lors de la concentration d’Indiens NapalpĂ­ situĂ©s sur le territoire national du Chaco.

Concernant la compĂ©tence territoriale, elle souligne que « bien que nous soyons confrontĂ©s Ă  la prĂ©sence de plusieurs Ă©vĂ©nements atroces survenus dans plusieurs juridictions (dont la Ville autonome de Buenos Aires), nous considĂ©rons qu’ils font partie d’un plan gĂ©nocidaire systĂ©matique, formant un plexus d’action qui a pour origine les actes de l’État Ă©manant du Pouvoir ExĂ©cutif National, c’est-Ă -dire les instructions donnĂ©es par le PrĂ©sident de la Nation NicolĂĄs Avellaneda lui-mĂȘme et par le Ministre de la Guerre de la Nation Julio Argentino Roca avec siĂšge Ă  la ville de Buenos Aires pour l’exĂ©cution des expĂ©ditions qui faisaient partie de la ConquĂȘte du DĂ©sert”, en sollicitant l’unification de l’enquĂȘte des faits devant cette juridiction.

« L’Ă©vĂ©nement signalĂ© a atteint un point oĂč il n’y a aucun Ă©lĂ©ment dans cette juridiction qui justifie la poursuite de l’enquĂȘte dans la ville autonome de Buenos Aires, Ă©tant entendu que c’est la Justice fĂ©dĂ©rale de la province de NeuquĂ©n qui doit se concentrer sur l’Ă©tude de cette affaire. Je considĂšre que toute preuve qui pourrait ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e dans ces archives (telles que les archives appartenant Ă  la province oĂč auraient eu lieu les Ă©vĂ©nements, la vĂ©rification des antĂ©cĂ©dents des archives des peuples indigĂšnes Ă  travers un systĂšme de recensement effectuĂ© avant ladite province, les actes de naissance (et certificats qui prouvent ces liens, entre autres) auront leur Ă©picentre dans la province de NeuquĂ©n », a dĂ©clarĂ© le juge Rafecas.

Peintures rupestres du sud de la Patagonie Argentine ont 3100 ans (Dicyt 02/01/2024)

Des scientifiques du CONICET ont daté pour la premiÚre fois des peintures rupestres du sud de la Patagonie, trouvées dans le champ volcanique Pail Aike (Santa Cruz)

CONICET/DICYT Le champ volcanique de Pali Aike est situĂ© dans la partie la plus mĂ©ridionale du dĂ©sert de Patagonie, Ă  la frontiĂšre entre la province de Santa Cruz et la rĂ©gion chilienne de Magallanes, Ă  quelques kilomĂštres du dĂ©troit du mĂȘme nom. Un paysage difficile oĂč il est difficile d’imaginer, avec les yeux d’aujourd’hui, Ă  quoi ressemblait la vie des gens qui y voyageaient il y a des milliers d’annĂ©es Ă  la recherche de nourriture et d’un abri. Mais l’archĂ©ologie, et en particulier l’étude de l’art rupestre, permet de mieux comprendre la vie quotidienne de ces communautĂ©s nomades du passĂ© en Ă©tudiant les traces laissĂ©es dans les grottes, les surplombs et les falaises. L’analyse se concentre sur la forme, la taille et la distribution spatiale de ces reprĂ©sentations, ainsi que sur l’ñge et la composition des mĂ©langes de pigments.

Une Ă©tude rĂ©cente a Ă©tĂ© publiĂ©e dans le Journal of Archaeological Science. Les rapports de deux chercheurs du CONICET ont rĂ©vĂ©lĂ© des aspects inconnus et nouveaux de l’art rupestre dĂ©couvert dans le sud de Santa Cruz. Dans l’abri sous roche Romario BarrĂ­a, situĂ© dans le bassin du fleuve Gallegos, les scientifiques ont obtenu les premiĂšres datations directes au radiocarbone AMS de peintures rupestres du sud de la Patagonie. Des Ă©tudes ont montrĂ© que ces reprĂ©sentations ont plus de 3 100 ans, alors qu’on pensait auparavant qu’elles avaient au plus 2 000 ans. Il a Ă©galement Ă©tĂ© possible d’Ă©tablir un ordre chronologique dans l’utilisation des couleurs (rouge, blanc et noir) et de dĂ©terminer la composition des mĂ©langes de pigments utilisĂ©s.

Selon les conclusions des scientifiques dans l’ouvrage publiĂ©, ces rĂ©sultats fournissent la premiĂšre datation des activitĂ©s de peinture dans le champ volcanique de Pali Aike, attribuĂ© au style dit RĂ­o Chico, prolongeant son antiquitĂ© Ă  environ 1 000 ans.

Le style RĂ­o Chico est un style de figures gĂ©omĂ©triques rĂ©alisĂ©es Ă  l’aide de traits linĂ©aires et la couleur prĂ©dominante est le rouge, qui est utilisĂ© dans plus de 90 pour cent des reprĂ©sentations. Les Noirs et les Blancs sont des minoritĂ©s.

« La datation au radiocarbone rĂ©alisĂ©e par Alejandro Cherkinsky, chercheur au Centre d’Ă©tudes isotopiques appliquĂ©es de l’UniversitĂ© de GĂ©orgie (États-Unis), nous a montrĂ© que le rouge est la couleur la plus utilisĂ©e depuis 3 120 ± 60 ans avant le prĂ©sent. Si le rouge est utilisĂ© depuis des milliers d’annĂ©es, le noir, en revanche, a commencĂ© Ă  l’ĂȘtre au cours des 760 derniĂšres annĂ©es avant le prĂ©sent, ce qui explique pourquoi les motifs de cette couleur sont beaucoup moins frĂ©quents. Quoi qu’il en soit, des datations supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour le confirmer », explique Judith Charlin, chercheuse CONICET Ă  l’Institut patagonien des sciences sociales et humaines (IPCSH, CONICET), co-auteure de l’Ă©tude avec Liliana Manzi, chercheuse Ă  l’Institut multidisciplinaire d’histoire et de sciences humaines (IMHICIHU, CONICET). Dans le mĂȘme temps, il dĂ©plore que « l’échantillon de peinture blanche ne contenait pas suffisamment de matiĂšre organique pour ĂȘtre datĂ©, nous n’avons donc pas de chronologie absolue de l’utilisation de cette couleur, bien que nous supposions qu’elle Ă©tait antĂ©rieure au noir, comme l’indiquent les superpositions de motifs noirs sur blanc. »

Cette activitĂ© picturale est liĂ©e Ă  une augmentation de l’intensitĂ© de l’occupation du site dans la rĂ©gion au cours des 3 500 derniĂšres annĂ©es. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements picturaux suggĂ©rĂ©s par la superposition de motifs, les variations tonales et les chronologies directes obtenues Ă  Romario BarrĂ­a indiquent une utilisation prolongĂ©e et rĂ©currente du site.

En gĂ©nĂ©ral, les reprĂ©sentations d’art rupestre du champ volcanique de Pali Aike se trouvent dans des zones du paysage qui ne sont pas spĂ©cifiquement liĂ©es Ă  des sites d’habitation, comme c’est le cas, par exemple, Ă  Cueva de la Manos au nord-ouest de Santa Cruz, mais elles servaient plutĂŽt de marqueurs dans le paysage de zones d’approvisionnement en ressources, telles que des sources de roches pour la fabrication d’artefacts en pierre, ou de grandes lagunes et riviĂšres, oĂč se concentrait la faune : guanacos, choiques ou autres types d’oiseaux. « Les sites d’art rupestre que nous avons Ă©tudiĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă  des routes ou Ă  des zones de circulation. L’Ă©tude de leur localisation dans le paysage Ă  l’aide de systĂšmes d’information gĂ©ographique (SIG) montre que ces sites ne sont pas associĂ©s Ă  des lieux prĂ©sentant une abondance et une diversitĂ© importantes de vestiges archĂ©ologiques », explique l’archĂ©ologue.

Les techniques et matériaux utilisés pour les peintures rupestres de la Patagonie

Les scientifiques en dĂ©duisent que les doigts ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour crĂ©er la plupart des peintures Ă©tudiĂ©es, comme le suggĂšre Ă©galement l’existence de restes phalangiens positifs sur d’autres sites archĂ©ologiques de la rĂ©gion.

Concernant les techniques, nous savons que les doigts ont Ă©tĂ© utilisĂ©s, ainsi qu’une sorte de pinceau qui aurait pu ĂȘtre fabriquĂ© Ă  partir de restes vĂ©gĂ©taux, de guanaco ou de cheveux humains. Bien qu’il n’y ait aucune preuve de cela et que nous en sachions trĂšs peu, les diffĂ©rences d’Ă©paisseur des traits permettent de savoir s’il s’agit de doigts ou de pinceaux. Mais c’est un aspect que nous Ă©valuons en fonction de la dispersion de la peinture. Nous effectuons des analyses d’empreintes digitales, appelĂ©es palĂ©odermatoglyphes, une innovation pour notre pays. Nous travaillons avec des spĂ©cialistes de la police scientifique. Nous sommes allĂ©s sur le terrain relever des empreintes digitales sur les peintures rupestres afin d’identifier le sexe et l’Ăąge des peintres », explique la chercheuse.

En ce qui concerne les matĂ©riaux utilisĂ©s, les analyses de la composition des peintures rouges, rĂ©alisĂ©es Ă  l’aide d’une technique appelĂ©e spectroscopie Raman, ont indiquĂ© que le pigment le plus utilisĂ© dans le temps et dans l’espace est l’hĂ©matite, qui provient des affleurements volcaniques de la rĂ©gion. Le basalte, altĂ©rĂ© par le processus de transformation de la couleur, de la texture, de la composition ou de la fermetĂ© des roches et des minĂ©raux en raison de l’action de l’eau ou de l’environnement, produit de l’hĂ©matite. Les scientifiques parviennent ainsi Ă  conclure que la matiĂšre premiĂšre utilisĂ©e pour la fabrication des peintures a Ă©tĂ© obtenue localement.

Pour obtenir les Ă©chantillons que nous avons datĂ©s, nous avons grattĂ© une trĂšs petite partie de la surface des peintures afin de prĂ©server ces preuves. Des analyses par diffraction des rayons X sont en cours Ă  la FacultĂ© des Sciences Exactes et Naturelles de l’UniversitĂ© de Buenos Aires (UBA) afin d’identifier la composition des pigments noirs et blancs. Pour l’instant, nous savons que les pigments noirs ne semblent pas ĂȘtre du carbone, mais de l’oxyde de manganĂšse, et les blancs, des carbonates. Ces analyses sont toutefois en cours et nous n’avons pas encore les rĂ©sultats. De plus, les recherches antĂ©rieures dans ce domaine sont trĂšs limitĂ©es.

Enfin, les scientifiques soulignent que la datation au radiocarbone a Ă©tĂ© possible car, en plus des minĂ©raux utilisĂ©s dans les mĂ©langes de pigments, qui donnaient aux peintures leur couleur, d’autres substances organiques ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es. On les appelle « liants », car ils donnent de la consistance au mĂ©lange de pigments. Il semble qu’il s’agisse de restes de plantes, selon certains indicateurs, mais il existe Ă©galement des preuves ailleurs de l’utilisation d’ossements fauniques broyĂ©s ou pulvĂ©risĂ©s. « Sur le plateau central de Santa Cruz, on parle Ă©galement de l’utilisation de tissus et de graisses d’herbivores (probablement des guanacos) et de blancs d’Ɠufs de cauquĂ©n ou de choique. Par consĂ©quent, ce qui est datĂ© dans ces peintures est prĂ©cisĂ©ment la composante organique de leur composition », conclut Charlin.

Source : https://www.dicyt.com/noticias/pinturas-rupestres-del-sur-de-la-patagonia-argentina-tienen-3-100-anos-de-antiguedad Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

La rĂ©alitĂ© complexe des langues autochtones d’Argentine (DICYT, 08/05/2019)

Des chercheuses en sciences sociales du CONICET partagent leurs Ă©tudes culturelles et leurs expĂ©riences liĂ©es aux langues des peuples autochtones d’Argentine.

Les langues autochtones d’Argentine

CONICET/DICYT Cancha, poncho, gaucho, morocho, carpa, vincha, pucho
 Un grand nombre de mots de notre langage quotidien proviennent du quechua, une langue inca qui est en contact avec l’espagnol depuis cinq cents ans. Le quechua est une langue indigĂšne dynamique, sous ses diverses formes, que l’on trouve dans certaines rĂ©gions d’Argentine, de Bolivie, du PĂ©rou, du BrĂ©sil, du Chili, de Colombie et d’Équateur. Mais ce n’est pas la seule : au moins quatorze langues indigĂšnes sont parlĂ©es aujourd’hui en Argentine, sur les trente-cinq qui Ă©taient parlĂ©es avant l’arrivĂ©e des Espagnols. Que sait-on d’elles ? Pourquoi est-il important de prendre soin d’elles, de les valoriser et de les promouvoir ?

« Dans notre pays, nous comptons 39 groupes autochtones – MbyĂĄ-GuaranĂ­, MocovĂ­, PilagĂĄ, Toba-Qom, WichĂ­ et Huarpe, entre autres – certains sont nombreux, d’autres plus restreints. Selon les estimations du dernier recensement de la population (INDEC, 2010), sur les 40 millions d’habitants, 2,4 % se dĂ©clarent autochtones, soit plus de 950 000 personnes », expliquent Ana Carolina Hecht, Noelia Enriz et Mariana GarcĂ­a Palacios, anthropologues et chercheuses du CONICET.

Carolina Ă©tudie la socialisation linguistique, la vitalitĂ© et le dĂ©placement de la langue Toba Qom dans diffĂ©rents espaces (familial, domestique, scolaire) dans les communautĂ©s urbaines Qom de la province de Buenos Aires del Chaco ; Noelia travaille avec les communautĂ©s MbyĂĄ-GuaranĂ­ de Misiones, en Ă©tudiant les connaissances qui circulent Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur de l’Ă©cole interculturelle bilingue, et Mariana analyse comment les enfants des quartiers Qom de Buenos Aires et du Chaco construisent leurs connaissances du monde social, en particulier leurs connaissances religieuses, dans des contextes communautaires et scolaires interculturels. Ensemble, ils participent au projet « InterculturalitĂ© et Ă©ducation dans les communautĂ©s Toba/Qom et MbyĂĄ-GuaranĂ­ d’Argentine : une approche historique et ethnographique de la diversitĂ© ethnique et linguistique dans les Ă©coles », qui fait partie du programme d’anthropologie et d’Ă©ducation de l’UniversitĂ© de Buenos Aires.

Leurs recherches les ont mĂȘme amenĂ©s Ă  vivre des expĂ©riences de cohabitation lors de travaux de terrain. « J’ai passĂ© du temps avec la communautĂ© avec laquelle je travaillais. Nous avons Ă©galement fait de l’observation participante : nous avons pris part Ă  des activitĂ©s communautaires », explique Noelia. « Nous essayons de dĂ©velopper des activitĂ©s que les communautĂ©s elles-mĂȘmes demandent », ajoute Carolina, « par exemple, des confĂ©rences et des ateliers dans des Ă©coles bilingues interculturelles et des instituts de formation des enseignants oĂč nous discutons de l’interculturalitĂ©, des enfants autochtones, des langues en contact, de la diversitĂ© et des inĂ©galitĂ©s. »

Langues et territoires autochtones

Selon les scientifiques, les langues indigĂšnes argentines sont celles qui proviennent de familles linguistiques originaires de notre territoire ; ParallĂšlement, il existe Ă©galement d’autres langues parlĂ©es en Argentine qui ont Ă©tĂ© apportĂ©es par des migrants des pays voisins. « Les peuples autochtones sont toujours plus nombreux que les langues autochtones parce que de nombreux peuples ont cessĂ© de parler leurs propres langues en raison de processus historiques d’invisibilitĂ©, de discrimination, de dĂ©ni, d’assujettissement, entre autres facteurs », note Hecht.

Aujourd’hui, l’Ă©ventail des situations est trĂšs diversifiĂ© : des langues qui ne sont plus parlĂ©es, d’autres qui n’ont qu’une seule mĂ©moire, des situations bilingues, des communautĂ©s indigĂšnes oĂč l’espagnol prĂ©domine, des communautĂ©s oĂč la langue indigĂšne reste vitale dans la famille et la communautĂ©. « Ces situations peuvent mĂȘme affecter la mĂȘme communautĂ© : les enfants Qom qui parlent espagnol comme premiĂšre langue et d’autres qui parlent espagnol comme deuxiĂšme langue », ajoute Mariana.

La population MbyĂĄ est un cas trĂšs particulier. Il possĂšde sa propre langue et vit Ă  Misiones, une partie du Paraguay et du BrĂ©sil. La langue parlĂ©e permet Ă  ses locuteurs de communiquer dans les trois pays en tant que lingua franca. Cependant, cela s’Ă©crit diffĂ©remment dans les trois territoires. « Dans l’un, c’est influencĂ© par le portugais ; au Paraguay, par le guarani standard ; et ici, par l’espagnol », explique Noelia. Par exemple, ce qui ressemble Ă  un « ch Â» chez nous s’Ă©crit avec un « x Â» au BrĂ©sil. Cela illustre la complexitĂ© de la langue indigĂšne.

L’Ă©norme dĂ©fi de l’Ă©cole

Ce scĂ©nario complexe reprĂ©sente un dĂ©fi majeur pour l’éducation interculturelle bilingue (EIB), une forme d’éducation qui garantit les droits constitutionnels des peuples autochtones. Comme le reflĂšte la loi sur l’éducation nationale n° 26 206 (chapitre XI, article 52), l’EIB « favorise un dialogue mutuellement enrichissant de connaissances et de valeurs entre les peuples autochtones et les populations ethniquement, linguistiquement et culturellement diffĂ©rentes, et favorise la reconnaissance et le respect de ces diffĂ©rences ».

Cependant, les chercheurs constatent que ces situations disparates et nuancĂ©es auxquelles sont confrontĂ©es les langues autochtones ne sont pas toujours prises en compte dans les politiques Ă©ducatives. « La lĂ©gislation relative Ă  l’EIB s’adresse davantage aux enfants autochtones vivant en milieu rural, parlant des langues autochtones et ayant trĂšs peu de contacts avec l’espagnol. Aujourd’hui, la situation la plus rĂ©pandue concerne les enfants autochtones en milieu urbain, avec des niveaux variables de maĂźtrise de ces langues », explique Carolina.

Pour les chercheuses en sciences sociales, l’idĂ©al serait que ces lois prennent en compte la diversitĂ© des rĂ©alitĂ©s et des nuances sociales. L’Ă©ducation interculturelle bilingue devrait ĂȘtre un dĂ©fi commun Ă  tous ; une forme d’Ă©ducation pour toute la sociĂ©tĂ© argentine, et pas seulement pour les populations ethniquement dĂ©finies ; et ainsi dĂ©montrer que l’Argentine est un pays multiculturel. De plus, nous devrions envisager des interventions impliquant les communautĂ©s elles-mĂȘmes, et pas seulement des interventions extĂ©rieures.

ReconnaĂźtre l’histoire pour regarder vers le futur

« Ce n’est pas parce qu’un peuple ne parle plus activement sa langue aujourd’hui qu’il est moins autochtone », explique Carolina, qui Ă©voque la dimension historique pour analyser cette question. Certains processus historiques ont dĂ©terminĂ© les diffĂ©rentes situations que nous connaissons aujourd’hui. Si nous nous concentrons uniquement sur le prĂ©sent, nous aurons tendance Ă  privilĂ©gier les situations actuelles sans tenir compte des processus qui y ont conduit. Les liens entre langue et identitĂ© sont toujours trĂšs complexes, car mĂȘme Ă  l’Ă©cole, de nombreuses personnes sont perçues comme moins autochtones parce qu’elles ne parlent pas la langue autochtone. « La langue est importante pour identifier les peuples, mais ce n’est pas le seul trait d’identification », ajoute Mariana.

Noelia demande : « Pourquoi ne pas prĂ©server la richesse culturelle d’un pays ? Pourquoi la nier ? Pourquoi demander aux gens d’ĂȘtre diffĂ©rents ? La diversitĂ© est le patrimoine de l’Argentine. Rien n’indique que s’attaquer Ă  la diversitĂ© ne soit pas prĂ©judiciable Ă  la sociĂ©tĂ©. De plus, dans ce cas prĂ©cis, la diversitĂ© est liĂ©e aux origines de l’espace dans lequel le pays Ă©volue actuellement, et ces populations sont antĂ©rieures aux États-nations. »

Pour prendre soin et protĂ©ger la diversitĂ© linguistique, « il faut d’abord des politiques d’amĂ©nagement linguistique et d’éducation qui dĂ©coulent de cette situation complexe actuelle », rĂ©sument-elles. Il serait donc intĂ©ressant de promouvoir davantage d’espaces oĂč ces questions sont rĂ©flĂ©chies et dĂ©battues, afin de dĂ©manteler des idĂ©es profondĂ©ment ancrĂ©es dans le sens commun le plus rĂ©pandu et, en fin de compte, de renforcer la lĂ©gislation sur l’Ă©ducation interculturelle bilingue afin qu’elle ne soit pas seulement un idĂ©al mais qu’elle soit mise en pratique dans tout le pays.

Source: https://www.dicyt.com/noticias/la-compleja-re traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Un nouveau « cousin » du Tyrannosaure dĂ©couvert en Patagonie (Le Monde – AFP, 14/7/2016)

Cette nouvelle espĂšce, datant d’environ 90 millions d’annĂ©es, prĂ©sente des ressemblances avec le T. rex, notamment ses deux bras minuscules, mais appartient Ă  une lignĂ©e diffĂ©rente.

Le Monde avec AFP Publié le 14 juillet 2016 à 06h30, modifié le 14 juillet 2016 à 06h47

Une nouvelle espĂšce de dinosaure carnivore datant d’environ 90 millions d’annĂ©es a Ă©tĂ© dĂ©couverte en Patagonie (Argentine), mercredi 13 juillet, et prĂ©sente des ressemblances avec le Tyrannosaure, notamment avec ses deux bras minuscules. S’il appartient a priori Ă  une lignĂ©e diffĂ©rente, le Gualichoshinyae, de son petit nom, est un thĂ©ropode – un dinosaure bipĂšde –, mais fait partie d’une autre branche de cette famille de saurischiens, majoritairement carnivores.

Ses deux pattes avant, ridiculement courtes, avec deux griffes chacune, Ă  l’instar du dinosaure star de Jurassic Park, sont un trait caractĂ©ristique, qui n’a pas rĂ©sultĂ© de l’évolution d’un ancĂȘtre commun. « Le Gualicho est une sorte de dinosaure mosaĂŻque, avec des caractĂ©ristiques anatomiques qu’on trouve normalement chez diffĂ©rentes espĂšces de thĂ©ropodes Â», explique Peter Makovicky, responsable de la section dinosaures au Field Museum, le musĂ©e d’histoire naturelle de Chicago.

La taille d’un ours polaire

« Le Gualicho est vraiment inhabituel, car il est diffĂ©rent des autres dinosaures carnivores mis au jour dans cette mĂȘme formation gĂ©ologique, et n’entre parfaitement dans aucune des catĂ©gories Â», prĂ©cise ce scientifique. Le squelette fossilisĂ© dĂ©couvert en Patagonie argentine est incomplet, mais les scientifiques estiment que ce prĂ©dateur Ă©tait de taille moyenne, pesant environ 450 kilos, ce qui est comparable Ă  un ours polaire.

Le nom du dinosaure fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’histoire de sa dĂ©couverte lors d’une expĂ©dition menĂ©e en 2007 dans la formation riche en fossiles de Huincul, au nord de la Patagonie. « Shinyae Â» a Ă©tĂ© retenu en l’honneur du dĂ©couvreur Akiko Shinya, du Field Museum Ă  Chicago, tandis que le nom gĂ©nĂ©rique Gualicho est dĂ©rivĂ© de « Gualichu Â», un esprit vĂ©nĂ©rĂ© par les Tehuelches, des AmĂ©rindiens de Patagonie.

Le Monde avec AFP

https://www.lemonde.fr/paleontologie/article/2016/07/14/un-nouveau-cousin-du-tyrannosaure-decouvert-en-patagonie_4969272_1650762.html

« La Patagonie : un petit coin du Pays de Galles en Amérique du Sud » (Wales.com, 02/2004)

L’histoire de la langue et de la culture galloises en Patagonie. Jude Rogers part Ă  la dĂ©couverte de l’incroyable histoire derriĂšre la dĂ©cision de 150 personnes de parcourir pas loin de 13 000 kilomĂštres pour Ă©tablir une colonie galloise reculĂ©e, et raconte comment l’hĂ©ritage de cette aventure donne des frissons encore aujourd’hui.

La suite sur : https://www.wales.com/fr/le-pays/langue/lhistoire-des-gallois-en-patagonie