Condor : l’homme s’acharne à détruire ce roi des oiseaux, des passionnés tentent de le sauver (L’Obs, 23/7/2023)

Andino, un jeune condor de 4 ans recueilli bébé, et le premier à avoir été remis en liberté par l’ONG Rewilding Chile, juste avant son envol dans le parc national de Patagonie, en 2014. (Linde Waidhofer)
Andino, un jeune condor de 4 ans recueilli bébé, et le premier à avoir été remis en liberté par l’ONG Rewilding Chile, juste avant son envol dans le parc national de Patagonie, en 2014. (LINDE WAIDHOFER)

ESPECES DISPARUES (4/4 ). En Californie, il a été déclaré éteint, avant d’être sauvé in extremis. Dans les Andes, il continue de se battre pour sa survie. Toujours menacé d’extinction, le roi des rapaces renvoie l’homme à ce qu’il a de pire et de meilleur.

Par Philippe Boulet-Gercourt

Publié le 23 juillet 2023 à 7h30· Mis à jour le 23 juillet 2023 à 16h01

Qui n’a jamais rêvé de voler comme un oiseau ? Cristián Saucedo, lui, est allé plus haut. Plus loin. Il a rêvé qu’il était un condor. C’était il y a quelques semaines. « Je devais me décider à sauter de mon perchoir et m’envoler. J’avais très peur, je ne savais pas si je devais me lancer ou non. Mais j’étais un condor. Et quand j’ai fait le saut, ça a été fantastique. Je me suis réveillé heureux, c’était merveilleux. » Le temps d’un rêve, tout en haut du ciel de Patagonie, Cristián avait rejoint ceux qu’il tente de sauver.

Les rêves du responsable de la gestion de la faune, au sein de la fondation Rewilding Chile (« Réensauvager le Chili »), ne sont pas tous aussi beaux. Certains sont mêmes des cauchemars. Comme de voir le condor des Andes subir le même sort que le condor de Californie, son cousin du Nord, déclaré éteint dans son milieu naturel, avant d’être sauvé in extremis par la capture des 22 derniers spécimens sauvages existants.

Au Venezuela, le condor des An…

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Au Chili, un arbre vieux de 5.000 ans, “capsule temporelle” de l’adaptation au changement climatique (L’Obs – AFP, 22/4/2023)

Au Chili, un arbre vieux de 5.000 ans, "capsule temporelle" de l'adaptation au changement climatique
Antonio Lara, chercheur à l’Université australe et au Centre chilien des sciences du climat et de la résilience, observe un cyprès géant de Patagonie, au Chili, le 10 avril 2023 ((c) Afp)

Par AFP

Publié le 22 avril 2023 à 5h00·Mis à jour le 23 avril 2023 à 20h50

Valdivia (Chili) (AFP) – Dans une forêt du sud du Chili, un cyprès de Patagonie géant, en passe d’être certifié comme le plus vieil arbre de la planète, renfermerait des informations précieuses pour la science en matière d’adaptation au changement climatique.

Ce Fitzroya cupressoides de 28 mètres de haut et quatre de diamètre, baptisé “Grand Abuelo” (arrière-grand-père), serait âgé de quelque 5.000 ans. Il serait ainsi plus vieux que le doyen actuellement reconnu, le “Mathusalem”, un pin Bristlecone de 4.850 ans, préservé dans un endroit tenu secret aux Etats-Unis.

“C’est un survivant. Aucun autre arbre n’a eu l’occasion de vivre aussi longtemps”, assure face au spécimen Antonio Lara, chercheur à l’Université australe du Chili et au Centre chilien des sciences du climat et de la résilience, qui fait partie de l’équipe chargée d’étudier l’âge de l’arbre.

Au bord du ravin où il se trouve, dans la région de Los Rios, à 800 km au sud de Santiago, il a échappé aux incendies et à la surexploitation de cette espèce endémique du sud du continent américain, dont le bois, extrêmement résistant, a servi pendant des siècles à la construction de maisons et de bateaux.

– Histoire de famille –

Avant même son entrée au Guinness des records, les touristes marchent pendant une heure dans une forêt de mélèzes plus jeunes (300 à 400 ans) pour réaliser un selfie au côté de l’arbre au tronc épais et sinueux recouvert de mousses et de lichens.

Sa notoriété grandissante a poussé l’Office national des forêts à augmenter le nombre de gardes forestiers et limiter les visites, seulement sur inscription préalable.

Le “Gran Abuelo” a été découvert en 1972 par un garde forestier, Anibal Henriquez, qui “ne voulait pas que les gens et les touristes sachent (où il se trouve), parce qu’il savait qu’il était très précieux”, explique sa fille Nancy Henriquez, elle-même garde forestière.

Le petit-fils d’Anibal, Jonathan Barichivich, a grandi en jouant parmi ces cyprès de Patagonie et est aujourd’hui l’un des scientifiques qui étudient l’espèce au sein du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, à Paris.

En 2020, dans le cadre de ses recherches sur le changement climatique, il a extrait, avec Antonio Lara, un échantillon de l’arbre à l’aide de la plus longue foreuse manuelle existante. Mais ils n’ont pu atteindre son centre.

Cet échantillon a été formellement estimé à 2.400 ans et, grâce à un modèle prédictif, “80% des trajectoires possibles indiquent que l’arbre aurait 5.000 ans”, explique M. Barichivich, qui espère publier ses travaux prochainement.

L’étude a suscité l’enthousiasme du monde scientifique, car la dendrochronologie –l’étude de l’âge des arbres à partir des cernes de leur tronc– a ses limites lorsqu’il s’agit de mesurer des spécimens plus anciens, car beaucoup ont des noyaux pourris.

– “Symboles de résilience” –

“Ce n’est pas seulement son âge, il y a beaucoup d’autres raisons qui donnent à cet arbre de la valeur et du sens et qui justifient la nécessité de le protéger”, explique M. Lara.

Témoin des 5.000 dernières années, il est considéré comme une formidable “capsule temporelle” qui stocke des informations sur le passé et sur la manière dont ces arbres ont réussi à s’adapter aux changements climatiques et à leur environnement.

Rares sont les arbres si anciens. La plupart ont moins de 1.000 ans et très peu ont vécu plus de 2 à 3.000 ans.

“Ils sont comme un livre ouvert”, explique Carmen Gloria Rodriguez, assistante de recherche au laboratoire de dendrochronologie et de changement global de l’Université australe.

Ils témoignent notamment des années sèches (avec des anneaux plus étroits) et des années pluvieuses (plus larges) et peuvent donner des indications des incendies et tremblements de terre.

“Ils sont des symboles de résilience et d’adaptation. Si ces arbres disparaissent, une clé importante de la façon dont la vie s’adapte aux changements de la planète disparaît avec eux”, assure M. Barichivich.

Source : https://www.nouvelobs.com/monde/20230422.AFP9690/au-chili-un-arbre-vieux-de-5-000-ans-capsule-temporelle-de-l-adaptation-au-changement-climatique.html

Patagonie : l’autre poumon de la planète se refait une santé (L’Obs, 26/12/2022)

Les dix-sept parcs nationaux de la route des Parcs, au sud du Chili, constituent l’un des plus ambitieux efforts de conservation jamais entrepris : des dizaines d’espèces se réapproprient des territoires dévastés par l’homme. En bonne partie grâce aux dons de millionnaires américains, qui ont racheté puis donné ces terres à l’Etat.

Par Philippe Boulet-Gercourt publié le 26 décembre 2022 à 07h00

On ne prend pas rendez-vous avec Alejandra Saavedra. Elle n’a ni internet ni téléphone. Pour la rencontrer, une seule solution : monter dans son 4×4, rouler une bonne heure sur une route de gravier dans l’une des plus belles vallées du monde, et chercher l’entrée d’un chemin au pied des Andes, juste avant la frontière avec l’Argentine. Au bout de ce bout du monde, une vieille bicoque. Et juste à côté, le motif de notre visite : des enclos remplis de nandous de Darwin.

Alejandra est garde forestière, et coordinatrice du centre de reproduction de ces petites autruches d’Amérique latine que le jeune Charles Darwin avait cherché sans succès à capturer, avant de réaliser, un soir de janvier 1834, qu’on venait de lui en servir une à dîner. Alejandra vit là, le plus souvent seule dans ce coin sublime mais battu par les vents, relayée toutes les deux semaines pour un break de quelques jours. La solitude ? Elle adore.

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Expédition Cap Nord – Cap Horn : un projet lauréat du programme “Mondes Nouveaux” du ministère de la culture français !

C’est désormais officiel, notre expédition initiée par Lauriane Lemasson a été lauréate du programme “Mondes Nouveaux” du ministère de la culture français. Reçue à cette occasion au Palais de l’Elysée, notre présidente et fondatrice est plus que jamais déterminée à faire avancer la recherche sous les hautes latitudes, faisant appel cette fois aux connaissances des Saamis pour compléter son approche géographique au sud de Hatitelen, plus connu sous le nom de détroit de Magellan.

Quelques images de la réception à l’Elysée, pour les lauréats du programme.

La suite prochainement… et une présentation du projet ici

L’équipe de Karukinka

Il était des voix : à l’écoute du vivant, un podcast de la Gaîté Lyrique, avec David Commeillas, Joakim, Antoine Bertin et Lauriane Lemasson (29/11/2022)

Gaîté Lyrique — 29 novembre 2022 à 1h42

Écouter l’épisode

À l'écoute du vivant

Connaissons-nous le chant, ou plutôt le ronflement des baleines? Saurions-nous reconnaître dans la nuit le cri d’une chouette? Tandis que l’Occident n’a eu de cesse de réduire les animaux à des instincts ou des déterminismes biologiques, d’autres cultures les considèrent dotés d’une âme et d’une intelligence capable d’apprécier le beau. La crise environnementale actuellement à l’œuvre pousse les créateurs et créatrices à nous relier de nouveau aux autres formes de vie, pour prendre le temps d’écouter ce que le reste du vivant a à nous dire.

Dans ce deuxième épisode de la saison 3 d’Il était des voix, nous avons voulu nous intéresser à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels. Avec:
–David Commeillas, journaliste, co-auteur du podcast Bruit. (Brut, 2022)
–Antoine Bertin, artiste sonore, auteur de Conversation Métabolite, Edge of the Forest et Species Counterpoint;
–Joakim, producteur, compositeur de l’album Seconde Nature (Tiger Sushi, 2021);
–Lauriane Lemasson, ethnomusicologue, géographe et musicienne.

Il était des voix est un podcast produit par Sonique – Le studio pour la Gaité Lyrique, en partenariat avec le Paris Podcast Festival.
Animation : Christophe Payet
Réalisation : Lucile Aussel
Production : Christophe Payet / Sonique – Le studio

https://www.slate.fr/audio/il-etait-des-voix/18-a-lecoute-du-vivant

Parlement des Liens : conférence, «Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie» (Libération)

Lauriane Lemasson, musicienne et ethnomusicologue, va réaliser un «portrait sonore de région» dans le cadre du forum du Parlement des Liens organisé à Uzès.

par Didier Arnaud publié le 11 octobre 2022 à 15h43. Lien : https://www.liberation.fr/forums/le-nom-du-lieu-est-le-premier-son-quon-associe-a-notre-lieu-de-vie-20221011_VXFMHZ6WK5DUZPURZ2X6GWWPYM/

Avec quels mots répondre aux grands défis de notre temps ? Pour y répondre, trois jours de débats à Uzès (Gard), du 14 au 16 octobre 2022, organisés par le Parlement des Liens et Libération.

Lauriane Lemasson est musicienne, photographe et… ethnomusicologue, spécialiste de l’étude des musiques du monde, des sons et de leur signification. Dans le cadre du Parlement des Liens à Uzès, avec son collègue Antonin-Tri Hoang, elle va réaliser un «portrait sonore de la région» en captant la musicalité des paysages, des rivières, de certains bois ou forêts avec des espèces remarquables… Dans un second temps, elle travaillera sur le patrimoine historique. Il s’agit de comprendre la vie à Uzès ces vingt dernières années, en récoltant des témoignages autour des projets en cours, passés et à venir. Ici, la région est vallonnée, la roche calcaire. Il y a des vignes et de l’olive. On y pratique des métiers comme la taille de pierre ou la céramique. La région est un gros vivier d’artistes et d’artisans céramistes, détaille Lauriane Lemasson qui ajoute : «L’intérêt d’un portrait sonore de région, c’est aussi d’y inclure les langues locales. On n’obtiendrait pas les mêmes résultats ailleurs.»

Si la musicologue note la «diminution drastique du nombre de locuteurs», elle insiste aussi sur cette revendication nouvelle qui «passe par la langue». «Les gens n’ont plus cette honte du parler rural vis-à-vis du parler urbain, comme le basque et le breton. Il existe un intérêt toujours plus grand pour la préservation et l’enseignement de ces dialectes, qui vont nous expliquer les lieux dans lesquels on vit. Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie. On arrive à comprendre pourquoi tel nom est associé à tel endroit. La carte et la manière dont on nomme le lieu font partie de notre héritage et sont des éléments qui restent.»

La musicologue a longtemps travaillé en Patagonie, où l’une des premières volontés des colons a été d’empêcher la sauvegarde de la langue autochtone. «On ne s’exprime pas de la même manière si on retire cette richesse-là en vous imposant un autre système de pensée.» L’uniformisation et appauvrissement linguistique, «ce sont des savoirs qui se perdent».