Les océans ont cessé d’être silencieux. A en croire une étude publiée dans le journal « Biology Letters », les navires sont si bruyants que les dauphins sont contraints de communiquer moins efficacement : leurs sifflements sont de moins en moins complexes.
Des dauphins.• Crédits : George Karbus Photography – Getty
L’activité humaine n’a pas seulement contribué à réchauffer les océans : elle a aussi troublé leur silence. Hélices de navires et minages océaniques polluent constamment la quiétude des fonds marins, et les animaux qui y vivent, longtemps habitués au silence, sont contraintes de modifier leurs comportements.
Selon une étude parue dans le journal Biology Letters de la Royal Society, l’équivalent de l’Académie des sciences en France, les dauphins et autres mammifères marins, comme les baleines, ont commencé à moduler leurs sifflements en fonction du bruit ambiant. L’étude, intitulée “Les Dauphins simplifient leur appels vocaux en réponse à l’accroissement du bruit ambiant” (“Dolphins simplify their vocal calls in response to increased ambient noise”), menée par les biologistes marins Helen Bailey et Leila Fouda, de l’université du Maryland, a porté sur l’analyse de plus de 200 enregistrements de cris de dauphins, collectés au cours de trois mois passés au Nord de l’océan Atlantique.
Les dauphins émettent normalement des sifflements avec un ton montant et descendant et des variations de fréquence. Les résultats obtenus montrent que, lorsque le bruit ambiant dû à des bateaux est important, plus les fréquences utilisées sont élevées et les sifflements, qui permettent aux dauphins de s’identifier, moins complexes. “La simplification de ces sifflements pourrait réduire les informations dans ces signaux acoustiques et rendre plus difficile la communication pour les dauphins”, a assuré la Dr. Leila Fouda. “C’est un peu comme essayer de répondre à une question dans un bar bruyant et, après plusieurs tentatives répétées pour être entendu, on finit par donner la réponse la plus courte possible”, a renchéri la Dr. Helen Bailey.
Plongée sonore
Dès mars 1993, l’émission Chasseurs de sons rappelait l’utilité de l’expression sonore pour les dauphins, et proposait une plongée sonore immersive dans les fonds marins, en compagnie des baleines, bélugas et rorquals :
Les dauphins émettent des ultra-sons brefs, lancés au rythme de 5 à plusieurs centaines par seconde, sur une bande de fréquence allant de 20 à 170 kHz, leur permettant d’avoir des fonctions identiques à celles d’un sonar. Mais outre ces sons inaudibles pour l’oreille humaine, ils produisent toute une panoplie de cris divers. Des cris, des sifflements, des claquements leur permettant de communiquer entre eux. Certaines expériences avec des dauphins apprivoisés ont montré que chaque individu possédait sa propre voix. Ils échangeaient des messages complexes, favorisant un développement très poussé de leur vie sociale et de leurs rapports avec l’homme.
Écouter
Chasseurs de sons (21/03/1993)
L’étude publiée de la Royal Society préconisait, quant à elle, faute de pouvoir diminuer le nombre de navires en mer ou d’en revenir aux voiliers, de réfléchir à des moyens de rendre les moteurs plus silencieux. Et de permettre aux océans de retrouver un peu de calme.
La barrière de Ross, en Antarctique, le 18 avril 2009. Michael Van Woert, NOAA/FLICKR CC 2.0
Des fréquences sonores émises par la barrière de Ross, une plateforme de glace en Antarctique, ont été enregistrées par des scientifiques américains qui ont publié le 16 octobre le résultat de leurs recherches.
“Les fréquences [des sons enregistrés] sont trop basses pour être perçues naturellement par l’homme mais, quand on les accélère, on croirait entendre le son sinistre qui annonce l’arrivée d’un monstre dans un film d’horreur.” Ainsi le site Quartz décrit-il les curieuses plaintes d’un plateau de glace de l’Antarctique.
La barrière de Ross, d’une taille comparable à celle de l’Espagne, a livré de nouveaux secrets à des scientifiques de l’université d’État du Colorado. Équipés de sismographes, ils ont repéré par hasard puis étudié, pendant deux ans, “la fréquence sonore émise par la neige alors qu’elle vibre sous les effets du vent et de la fonte”, détaille Quartz. Ces sons pourraient même permettre d’établir des prévisions sur de possibles ruptures d’iceberg liées à la fonte des glaces. Devant les perspectives inquiétantes du réchauffement climatique, particulièrement pour la hausse du niveau des océans, “peut-être le son de la vibration de la neige est-il un sinistre augure tout à fait approprié”, conclut le site d’information.
Roald Amundsen plantait le drapeau norvégien sur le point le plus austral de la Terre le 14 décembre 1911.
Ce fut une victoire inespérée. Le 14 décembre 1911, à l’époque ou les explorateurs se livrent une bataille sans merci pour parcourir les coins les plus reculés de la planète jamais encore atteint, l’Antarctique reste la dernière terre à conquérir. Deux équipes s’affrontent : d’un côté, celle du Norvégien Roald Amundsen, de l’autre celle menée par Robert Falcon Scott, engagé par la couronne britannique. Le premier, que l’on surnomme « le dernier des Vikings » crée la surprise en plantant le drapeau de la Norvège au pôle Sud. Il double sur la ligne d’arrivée les Anglais, ses principaux adversaires dans la conquête des pôles.
Les Britanniques étaient pourtant partis favoris. Ils sont les premiers à prendre la mer. Pendant ce temps, en Norvège, Roald Amundsen prépare officiellement une expédition vers le pôle Nord. Mais impossible pour lui de laisser les Britanniques lui arracher son rêve.
Il part à l’assaut du Sud à bord du Fram, dans le plus grand secret. Les deux équipes arrivent à quelques kilomètres de l’Antarctique et organisent leur camp. L’explorateur norvégien réussit l’exploit en premier. Quelques jours plus tard, Scott retrouve une tente enfouie sous la neige. À l’intérieur, une lettre signée Amundsen, leur indiquant qu’ils sont passés ici même, et avant eux.
Rien ne se passera décidément comme prévu pour les Anglais. Acharnement du sort, alors que le bateau de Roald Amundsen rentrera en vainqueur en Norvège, tout l’équipage de Scott trouvera la mort sur le chemin du retour.
Explorez depuis votre ordinateur les paysages sonores de Bernie Krause actuellement en exposition à la Fondation Cartier. Laissez vous guider par la voix française de l’artiste Camille ! Une expérience enrichissante, pour ceux qui n’auraient pas l’opportunité de se rendre à la Fondation Cartier avant le 17 janvier 2017.
À l’occasion de l’ exposition « Le grand orchestre des animaux » (Fondation Cartier), plongée dans l’univers sonore animal avec deux bio acousticiens : Bernie Krause et Thierry Aubin
Bernie Krause est un musicien , ingénieur du son et scientifique de l’écoute.Il consacre sa vie à connaitre et à faire connaitre la diversité , la complexité et l’extrême beauté du monde sonore animale qu’il a appelé la biophonie. Ses travaux nous enseignent quechaque espèce animale possède sa propose signature acoustique qui, à l’instar d’un instrument de musique dans un orchestre, vient s’inscrire avec précision et subtilité dans la trame de la grande partition du paysage sonore de l’écosystème où elle vit. Il est l’auteur de « Chansons animales et cacophonie humaines, Manifeste pour la sauvegarde des paysages sonores naturels » Ed Actes Sud et Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Thierry Aubin, est bio acousticien et directeur de recherche au Cnrs et responsable de l’équipe » communication acoustique « à l’Institut des Neuroscience Paris Saclay. Il s’intéresse à l’adaptation des systèmes de communication acoustiques aux contraintes environnementales, à la sélection sexuelle liée aux communications acoustiques ou encore au rôle des communications acoustiques dans la structuration des groupes animaux.
Le plus grand sanctuaire marin au monde va être créé en Antarctique, aux termes d’un accord obtenu après des années de négociations. Il s’étendra sur une superficie de plus de 1,55 million de kilomètres carrés, dont 1,12 million km2 interdits à la pêche.
Vendredi 28 octobre, après des années de négociations, les 25 membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) ont approuvé à l’unanimité un accord « historique ». Après quelques modifications apportées au texte d’origine présenté par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande, «l’ accord final tient en équilibre la protection marine, la pêche durable et les intérêts scientifiques », a détaillé Murray McCully, le ministre des affaires étrangères néo-zélandais.
Ce sanctuaire exceptionnel est destiné à protéger la zone immaculée de la mer de Ross en Antarctique ; une immense baie côté pacifique, sous juridiction néo-zélandaise. Du nom de l’explorateur britannique James Clark Ross qui l’a découverte en 1841, elle fait office de zone vierge de toute pollution, de surpêche et d’espèces invasives. On la surnomme « le dernier océan », abritant une très riche biodiversité dont un tiers des manchots Adélie et d’innombrables krills (petites crevettes nourrissants poissons, phoques, baleines et oiseaux marins).
Ce projet porte sur une zone de 1,57 million de kilomètres carrés dont 1,12 million seront totalement protégés de tout prélèvement, pêche comprise. L’équivalent en surface de l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie réunies.
Jusqu’en 2015, le gouvernement chinois y était réticent, avant de s’incliner. Ne manquait plus que l’accord de la Russie, qui s’opposait au projet en raison des droits de pêche. Désormais, l’accord est signé, courant sur 35 ans.
« Une avancée majeure pour la protection de la vie sauvage », saluée par le WWF France. Sa présidente et ancienne navigatrice Isabelle Autissier ajoute : « l’accord qui a été trouvé est un moment décisif pour l’avenir et la protection de l’Antarctique et de l’océan Austral […] Après des années d’impasse lors des réunions annuelles de la CCAMLR, cette décision va donner un nouvel élan au sein de la Commission qui nous permettra, nous l’espérons, d’atteindre un statut de protection permanent pour la mer de Ross au cours des prochaines années et d’obtenir par ailleurs un statut d’Aire Marine Protégée en Antarctique Est et dans la mer de Weddell ».