Le Pouvoir Exécutif Provincial considère qu’il s’agit d’un « fait historique dans le pays », puisque le province de « Terre de feu est la première province qui reconnaît et élargit le droit à l’identité des peuples indigènes, donnant la possibilité d’indiquer dans les actes de naissance l’appartenance à une communauté indigène.
Traduction en français de l’article paru en espagnol sur le site du journal InfoFueguina le 12 octobre 2023.
Le gouvernement provincial a habilité – via une Résolution – l’incorporation de l’identité indigène dans les actes de naissance émis par le Registre Civil, à travers le Secrétariat de la Justice et le Secrétariat des Droits Humains et de la Diversité.
Le document a été remis à des représentants de peuples indigènes, durant la marche du 11 octobre à Ushuaia, en présence du Secrétaire à la Justice, Gonzalo Carrillon et de la sous-secrétaire des Peuples Autochtones, Pamela Altamirando.
Depuis le Pouvoir Exécutif Provincial il a d’ores et déjà été indiqué que la semaine prochaine sera réalisée la présentation officielle et protocolaire devant les communautés invitées.
La résolution pour l’incorporation de l’identité indigène dans les actes de naissance se base sur un solide engagement pour les droits humains et la diversité culturelle, soulignant la reconnaissance constitutionnelle de la préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes argentins (article 75, sous-section 17 de la Constitution Nationale).
De plus, cet engagement se démarque de traités internationaux, comme la Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles, la Loi Nationale 26.994 et la Loi Provinciale 235, qui soulignent l’obligation de l’Etat Provincial à fortifier les identités indigènes.
« Cette initiative représente un acte de reconnaissance, de renforcement de la diversité culturelle et une action de réparation historique pour une partie de la population qui a été marginalisée et discriminée durant très longtemps », dit Carrillo.
Le fonctionnaire a considéré « important, dans le cadre du « Dernier jour de Liberté des Peuples Autochtones », que cette résolution soit envoyée aujourd’hui, le 11 octobre, reconnaissant et respectant l’identité indigène et la diversité culturelle » ajouta-t-il.
Pour sa part, Pamela Altamirando a rappelé que « la gestation de cette initiative a eu lieu un 9 septembre, coïncidant avec le Jour de la Femme Indigène, et c’est en cette journée significative qu’a été soulevée la nécessité de réaffirmer l’identité, et aujourd’hui, le 11 octobre, nous célébrons une avancée importante pour la reconnaissance des droits, qui se résonnera au niveau provincial et national. »
« Il est crucial de souligner que notre province a toujours marqué des lignes directrices au niveau normatif, et compter maintenant sur cette reconnaissance dans une résolution est un pas significatif. Cet exploit, inscrit dans un document officiel, marquera sûrement un précédent exemplaire pour d’autres juridictions du pais », a fait remarquer la fonctionnaire.
A partir de cette nouvelle norme, toute personne née dans la province peut être inscrite ou solliciter que soit inscrite son identité indigène dans son acte de naissance. La demande doit être accompagnée par un Acte-aval de la Communauté Indigène inscrite dans le Registre National des Communautés Indigènes (ReNaCi) à laquelle il ou elle appartient. »
La deuxième édition du Parlement des liens s’est tenue vendredi et samedi à Uzès. En deux temps, le vendredi étant réservé à la restitution des enquêtes en cours sur le territoire, et le samedi à des temps d’échanges avec des intellectuels de renom.
« Il y a des idées qui amincissent le monde et d’autres qui l’épaississent » : la citation du philosophe américain William James, choisie par l’éditeur de la maison Les Liens qui libèrent Henri Trubert, à l’initiative du Parlement des liens avec l’agence Comuna en partenariat avec entre autres la Région, le Département et la CCPU, pour ouvrir cette deuxième édition, sonnait comme un manifeste. Car sur deux jours, « le but de ce Parlement des liens, c’est de l’épaissir », annonce-t-il. L’épaissir en prenant en compte « les interdépendances » dans la manière d’aborder les problématiques et les remèdes à y apporter.
Alors le Parlement des liens a entrepris, il y a désormais plus d’un an, un vaste travail d’enquêtes sur le territoire du Pays d’Uzès, sur la perma-économie, la pleine santé, l’eau ou encore le portrait sonore du territoire et de ses habitants. Cette dernière, moins attendue, est menée par l’ethnomusicologue Lauriane Lemasson et le musicien Antonin Tri-Hoang, a pour but de « réaliser un portrait sonore de l’Uzège », résume la première citée. De captations sonores en entretiens avec les élus et associations du territoire, il en ressort le bruit des cours d’eau, les sons de la nature en général, des cigales aux chouettes, les coups de fusil de chasse, les moteurs des tracteurs, un « parler local » en lent déclin, mais aussi et surtout les clochers, emblèmes des villages ruraux.
Et tout ça « soulève beaucoup plus de questions que le son en lui-même, il y a tout ce qui se trouve derrière : le changement climatique, l’identité des territoires, la perte de certains sons, aussi pour prendre conscience de ce qu’on perd, et de ce qu’on pourrait sauver », développe Lauriane Lemasson. Le travail continue, et s’est provisoirement achevé ce samedi soir par une restitution des premiers travaux sonores.
Parmi les autres thèmes abordés, l’eau et les bassins versants. L’enjeu : « Comprendre d’où vient et où part l’eau du robinet », résume l’équipe du collectif Hydromondes, qui conduit cette enquête. Les questions du tourisme, des piscines privées, de l’irrigation des cultures ou encore du transfert de la compétence eau et assainissement à la Communauté de communes à l’horizon 2026 sont revenus dans les divers échanges. « L’année prochaine, nous voulons approfondir ce qu’on a compris cette année, la garrigue et sa complexité », avance François Guerroué d’Hydromondes. Et une nouvelle Fête des lavoirs devrait se tenir en juin, pour poursuivre la restitution et le partage du travail mené.
Les savoirs en résistance
Ce samedi, place au Forum, co-organisé par le journal Libération. Un forum ouvert par une table ronde sur le thème « Quand les savoirs entrent en résistance », car « il y a une scission de plus en plus forte entre les institutions et les savoirs », estime Henri Trubert. Pour en débattre, trois philosophes, Isabelle Stengers, Dominique Bourg et Vinciane Despret, et un historien, Johann Chapoutot.
Une discussion où il a été question de désobéissance civile, bridée par « un délaissement de la démocratie participative extrêmement dangereux » de la part des militants écologistes, selon Dominique Bourg, spécialiste du domaine. Une invitation à l’engagement, notamment des scientifiques, invités à sortir de leur réserve. « Déjà, choisir sa spécialité est une prise de position », pose Johann Chapoutot, spécialiste de l’histoire du nazisme et de l’Allemagne.
Des prises de position de plus en plus indispensables pour l’historien, face à un pouvoir « d’idéologues, de forcenés, de fossiles aux présupposés d’avant-hier. » Le point défendu est que le politique et le droit ont un temps de retard considérable sur l’état des savoirs notamment sur la question climatique. Or, « il y a une difficulté chez beaucoup de scientifiques à penser la mise en politique des sciences », estime Isabelle Stengers. Pas forcément à politiser les sciences, mais « à considérer que les activités scientifiques ont des comptes à rendre au collectif », précise-t-elle.
Ce fut le cas il y a une vingtaine d’années avec les OGM. « Là, il y a eu une mise en politique des sciences », affirme la philosophe, qui regrette que cet épisode n’ait pas eu de véritables suites : « On n’a pas tiré les leçons des OGM, mais on a empêché que cette mise en politique se reproduise. »
« Ne vous étonnez pas qu’on soit tous devenus cons »
Aussi du fait des scientifiques eux-mêmes. La philosophe Vinciane Despret, qui a travaillé sur les scientifiques, dénonce « une mise à distance » de l’opinion publique de certaines sciences, comme les sciences humaines. Un constat nourri par certains dispositifs utilisés dans les protocoles, « qui mettent les gens en position d’être bêtes, dans une grande impuissance. » Le manque de moyens des chercheurs revient aussi, avec des universités « où on privilégie le quantitatif sur le qualitatif, on alimente une surchauffe dans le champ scientifique qui nous rend stupides », lance Johann Chapoutot.
Dominique Bourg dénonce pour sa part une « hyper-spécialisation », qui serait issue d’une « organisation néolibérale du savoir. » Cette spécialisation à outrance donnerait donc des prismes forts : « Ne vous étonnez pas qu’on soit tous devenus cons, et que face au danger il n’y ait rien », tonne le philosophe. Se rajoute « un glissement majeur dans les universités françaises, d’une logique structurelle à une logique de projets », affirme Johann Chapoutot.
Parfois, ce sont les méthodes employées qui sont en cause. Sur la question climatique, « le GIEC s’est adressé aux États et pas aux populations, et c’est une catastrophe », estime Dominique Bourg. Un ratage qui ouvre la porte à l’opinion « sur un objet scientifique et pas un objet d’opinion », poursuit-il. Les derniers sondages dans de nombreux pays démontrent « qu’une partie non-négligeable de la population refuse d’entendre » et se réfugie dans le déni, diagnostique Dominique Bourg.
En même temps, « on sort d’une période de lessivage intense des cerveaux, affirme Isabelle Stengers. On sort d’un moment où on nous a demandé d’être bêtes et croyants. » La solution, pour Vinciane Despret, serait de « réapprendre à raconter des histoires contre les grands récits, nous sommes découragés car nous n’imaginons plus la victoire possible. »
Documentaire d’une expédition avec des membres des peuples autochtones Kawésqar et Yagán dans la réserve nationale Kawésqar, dans le sud du Chili. Ensemble, ils explorent certaines des régions marines les plus uniques et les moins étudiées de la planète, notamment de vastes forêts de varech, des glaciers et des fjords, dans le but de les protéger contre les menaces posées par l’élevage continu du saumon dans la réserve.
Une expérience poétique et scientifique à Uzès, dans le Gard : des passionnés viennent de réaliser un « portrait sonore » du Pays d’Uzès. Sons de la nature, témoignages : une réflexion sur l’histoire de nos villages et de nos territoires.
C’est une expérience étonnante à vivre ou plutôt à écouter. Un portrait sonore du pays d’Uzès présenté ce week-end dans le cadre de la deuxième édition du « Parlement des liens« , qui a pour « ambition de participer à une réflexion sur les enjeux à affronter en partant du territoire du Pays d’Uzès et de la Région Occitanie pour mettre en œuvre des idées et des pratiques qui répondent aux immenses défis de notre temps ».
Lauriane Lemasson une ethnomusicologue et Antonin Tri Hoang, musicien-compositeur ont compilé des centaines d’heures de sons de la nature, mais aussi de témoignages d’élus et d’habitants des villages de l’Uzège. Une performance qu’ils vont présenter au public au centre culturel de l’Ombrière à Uzès ce samedi soir. Au delà de la carte postale sonore, une véritable réflexion sur la vie des villages, leur histoire, leur présent, mais aussi leur avenir.
Les auteurs ont notamment demandé aux élus quels étaient les bruits qui, selon eux, caractérisaient le mieux leur commune.
Henri Trubert est l’organisateur du « parlement des liens » : « Ce qui est intéressant, c’est que beaucoup des sons que les personnes aiment sont en train de disparaître,. les cours d’écoles, les oiseaux, les coqs, les clochers. Or ils racontent notre propre histoire, nos émotions, notre façon de vivre ».
Entre la mélodie des cloches et le hululement des oiseaux, une ethnomusicologue et un compositeur ont sillonné le Pays d’Uzès pour en dresser une carte d’identité sonore.
par Anne-Laure Pineau, publié le 29 septembre 2023 à 1h54
Lauriane Lemasson ne connaissait pas Uzès et sa région, et ne savait pas à quoi s’attendre en débarquant au printemps 2022 avec ses micros et ses carnets de notes. D’ordinaire, l’ethnomusicologue et audio-naturaliste originaire de Loire-Atlantique travaille à l’autre bout du monde. Elle mène des recherches sur les liens qui se tissent entre l’homme et les sons de la nature et a fondé l’association Karukinka signifiant «la dernière terre des hommes»en langue selk’nam, un peuple indien de l’extrême sud du continent américain.
Il y a un monde entre Uzès et la Patagonie, mais depuis plus d’un an, accompagnée du musicien compositeur parisien Antonin-Tri Hoang, elle enquête dans les vallées et la garrigue de l’Uzège pour dresser un portrait sonore du territoire sur chaque saison. Armés de leurs micros bisoniques (pour faire des enregistrements 3D), les deux partenaires enregistrent les derniers mots d’occitan dans les villages, le bruit du tour du céramiste, les ceps que l’on coupe au sécateur, les fusils des chasseurs et les hululements du petit duc.
«Cour de récréation»
Le Parlement des liens leur a donné carte blanche pour dessiner une carte d’identité sonore. «On a sillonné les routes à partir des cartes IGN et ce qu’on pouvait y repérer d’intéressant : des lavoirs, d’anciens fours utilisés pour cuire les poteries… On a essayé d’être les plus ouverts et exhaustifs possible. Antonin a travaillé sur une partie liée à la musique en retrouvant une mélodie perdue puis retrouvée, la “fadaise d’Uzès”, une chanson des maçons uzétiens. On a également fait une grande enquête sur les clochers de 34 communes… Des clochers perçus soit comme du patrimoine soit comme une nuisance sonore.»
Les deux compères ont aussi condensé des récits d’habitants du territoire. «J’ai enfilé ma panoplie d’ethnologue, souligne Lauriane Lemasson. Les maires de plusieurs petites communes par exemple, quand je leur demandais quel était le son qu’ils préféraient, me répondaient que c’était le celui de la cour de récréation de leur école… Car cela signifiait que le village continuerait à vivre longtemps. C’était synonyme d’avenir.»
Le travail des deux musiciens fera l’objet d’un fascicule d’une cinquantaine de pages (publié par Les liens qui libèrent) qui sera mis à disposition lors du forum, les morceaux créés lors de cette expérience seront accessibles sur Internet.