[Cap au Sud #12] de Buenos Aires (Argentine) à Puerto Williams (Chili) Troisième partie

[Cap au Sud #12] de Buenos Aires (Argentine) à Puerto Williams (Chili) Troisième partie

Notre départ de Camarones se fait sous voile, nous permettant une bonne moyenne de vitesse jusqu’à ce que le vent faiblisse trop fortement, nous obligeant à un peu de moteur en fin d’après-midi. Naviguer en Patagonie c’est toujours faire l’expérience de conditions changeantes !

Nous accompagnent pendant plusieurs dizaines de milles nautiques des goélands faisant de la patinette sur les panneaux solaires. Nous nous amusons de ce petit groupe aux mouvements synchronisés avec ceux du navire et de leurs prises de bec (au sens propre et figuré!). Le caïd de la bande, au bec déformé par les affrontements, se fait respecter et conservera lui la meilleure place tout du long !

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Réunion de goélands sur les panneaux solaires (descente de l’Argentine, Patagonie en voilier)

Le vent revient dans la soirée et pour le quart de début de nuit, 25/30 nœuds, Milagro file à 7/8 nœuds. Avec ses 45 tonnes, le « Gro » aime la brise. Force 6-7 pour lui (et pour nous) c’est parfait : sa masse et son inertie lui permettent d’écraser la houle et de conserver sa vitesse. Le crépuscule est magnifique : Vénus, Mars et la Lune se lèvent sous l’œil de la Croix du Sud, tandis que le vent, parfaitement régulier, permet de ne pas toucher aux réglages des voiles pendant plusieurs heures.

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[Cap au Sud #12] de Buenos Aires (Argentine) à Puerto Williams (Chili) Troisième partie 23
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Coucher de soleil sur le phare de Puerto Deseado (Patagonie argentine)

En fin de nuit le vent retombe mais la journée est magnifique : pas un nuage de la journée et en t-shirt dans les 40e Sud ! Une troupe (20 à 30 individus) de dauphins de Commerson nous escorte cap au 180° et régulièrement se joignent à eux des dauphins Lagénorhynchus australis (aussi appelés Dauphins de Peale), plus grands et tout aussi joueurs avec Milagro. Ils sautent hors de l’eau et se croisent de la proue à la poupe.

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Dauphin de Commerson jouant à la proue du voilier en Patagonie (Atlantique Sud)

Cette journée de calme nous fait alterner voile et moteur et se termine par un superbe coucher de soleil. Cette descente de l’Atlantique Sud nous permet de contempler des nuits étoilées inoubliables, avec pour seule pollution lumineuse les feux de navigation du navire. La Voie Lactée, le nuage de Magellan et les constellations de l’hémisphère Sud semblent à portée de main depuis le grand large et c’est un des luxes qu’offre la navigation hauturière.

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Et une bougie pour Milagro, Damien, Lauriane et Toupie : il y a un an tout juste ils arrivaient à Nantes ! Que de chemin parcouru depuis ! Vous remarquerez que, comme pour le cap Nord (Nordkapp, Norvège), le pâté Hénaff était de sortie…

Mon quart de fin de nuit se déroule dans un grand calme et la nouvelle journée s’annonce aussi belle que la précédente ! Les conditions sont toujours incroyablement clémentes alors que nous approchons du 49ème degré Sud ! La faune australe commence à bien se manifester : nous croisons nos premiers lions de mer parfois réunis autour d’un radeau improvisé de branchages et observons de magnifiques albatros qui survolent Milagro. Dans le lointain nous apercevons le souffle d’une baleine, une première qui, espérons le, en appellera beaucoup d’autres ! Nous filons toutes voiles dehors, toujours plus au sud pour quitter les Quarantièmes Rugissants et entrer dans les Cinquantièmes Hurlants.

La nuit suivante je suis réveillé par les mouvements du navire qui me secouent dans ma bannette. En prenant mon quart à 8h sur le pont, l’atmosphère a bien changée : une forte houle s’est installée et les crêtes des vagues commencent à se briser et blanchir. Force 7-8 et des creux d’environ 2,50m. L’océan nous rappelle que nous approchons les 50èmes. Ça ne me fait pas du tout la même impression que la Manche par force 7, c’est plus hostile, plus rude. Ici il n’y a personne pour nous aider rapidement en cas d’urgence, d’où la vigilance accrue de l’équipage lors des manœuvres et l’importance de veiller les uns sur les autres. Je ressens vraiment l’immensité et la dureté de cette région réputée inhospitalière, sensation contrebalancée par la carcasse massive et rassurante de Milagro qui semble trouver toute sa mesure dans ces conditions un peu plus exigeantes.

Avec le bateau ballotté par l’océan ça va être pour moi une après-midi de repos et farniente à écouter de la musique sous la couette car ça bouge et il commence à faire frais. Toupie la mascotte corgi est quant à elle fidèle à ses habitudes, drôle et imperturbable quelles que soient les conditions. Elle se prélasse dans sa douillette niche du carré tout en veillant sur les entrées et sorties de « son » équipage, réclame jeux, biscuits et câlins. Par contre à l’heure des croquettes plus rien d’autre n’existe : elle intègre le rythme de la houle et attend patiemment, en équilibre avant-arrière et gauche-droite sur ses pattes, le moment opportun pour traverser dans la foulée du carré jusqu’à la cuisine et sa gamelle.

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Toupie, marin expérimentée et welsh corgi mascotte du bord !

Nous sommes à moins de 50 milles nautiques du détroit de Magellan et 150mn de Rio Grande, la grande ville argentine du Nord-Est de la Grande Île de Terre de Feu. Dans la soirée nous laissons sur notre tribord l’embouchure Est du détroit de Magellan pour continuer notre descente de l’Argentine en voilier et atteindre progressivement les eaux fuégiennes.

L’agitation de la mer diminue durant la nuit, la houle tombe à 1,5-2m et le vent faiblit à 20/25 nœuds. Nous avançons à >7 nœuds avant le retour de la pétole, d’une mer d’huile et du ronronnement du moteur. Aujourd’hui c’est ma fête, la Saint Sébastien et notre maîtrise du timing est telle que nous arrivons ce même jour au large de la baie… San Sebastián ! Cette immense baie du Nord de l’île de Terre de Feu est partiellement protégée par une longue langue de terre : la Punta Páramo. J’avais exploré ces environs avec Lauriane en 2013 et y revenir 12 ans après à la voile est toujours synonyme d’aventure et de grands espaces.

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Petits pétrels de l’Atlantique Sud

A la mi-journée nous arrivons enfin en vue des côtes de cette terre mythique. Comme le dit Lauriane, on ne se lasse pas de la Terre de Feu, plus on l’explore plus on se rend compte de sa richesse, les amis deviennent une deuxième famille, et revenir devient un véritable besoin car, bien au-delà des recherches scientifiques menées, une part de soi est désormais là-bas.

Il est 15h lorsque Milagro jette son ancre pour la première fois en Terre de Feu, plus précisément dans la Caleta Misión, petite échancrure dans cette côte parsemée de récifs et située à proximité du Cabo Domingo. Il nous faut anticiper les changements de marées car le marnage nous rappelle celui de la Bretagne nord : entre 6 et 12m !

Face à nous une immense plage de sable précède les étendues fuégiennes : la pampa et ses herbes jaunies par le vent et le froid, que seuls les lointains reliefs de la Cordillère Darwin interrompent à l’horizon. Près de nous, au sud, une digue délabrée depuis plusieurs décennies, le « futur » port de Rio Grande et au loin la ville. Un petit ilot voisin du navire héberge ses colonies d’animaux : au « rez de chaussée » les lions de mer et dans les « étages » des couples de cormorans et quelques manchots de Magellan (les fameux « pingüinos »).

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Nous y sommes ! Le voilier Milagro sur la côte atlantique de Tierra del Fuego argentine (c) Maria Lokvicic

Les conditions sont aussi idylliques qu’inespérées : depuis des semaines les conditions étaient dantesques et il aurait été inenvisageable de faire escale ici. A notre arrivée c’est mer d’huile et grand soleil. Nous sortons la pavillonnerie : les pavillons breton et français sont remplacés par de nouveaux et le drapeau de la province de Terre de Feu argentine prend place, celui-là même qui avait été offert à l’association lors de la venue en France de Mirtha Salamanca, en 2019. Comme elle le dira plus tard : « Vous êtes les bienvenus et la Terre de Feu vous accueille comme il se doit, comme vous le méritez ».

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Les drapeaux Breton, de Karukinka, argentin et de la province de Terre de Feu sont tous de sortie pour l’occasion !

L’arrivée de Milagro fait sensation dans cette ville de >100000 habitants qui ne voit jamais de voilier (le dernier en date, un voilier russe, avait fait naufrage sur les plages du quartier de la Margen Sur en 2014…). Il n’y a pas le moindre petit port et c’était un véritable défi pour nous d’y faire escale pour fêter notre arrivée à Karukinka, la Terre de Feu en langue selk’nam. De nombreuses voitures s’arrêtent pour prendre des images, des vétérans de la guerre des Malouines sont aux abois et nous aurons même les honneurs des informations de la radio locale !

Le voilier Milagro filmé depuis le Cap Domingo par un habitant de Rio Grande (Tierra del Fuego, Argentine)

En soirée c’est au tour des retrouvailles sur la plage avec les amis de longue date : Mirtha, Alejandro, Maria, Ezequiel dit « Vaina », José et sa compagne Adriana. Maté, facturas et embrassades… l’émotion est palpable car depuis des années Lauriane leur disait qu’elle reviendrait un jour à la voile. Les années passaient et c’était presque devenu une blague à chacun de ses retours en avion… et là… c’est avec une certaine stupéfaction que s’exprime « Lo hiciste boluda ! »… Car oui, c’est sa marque de fabrique : contre vents et marées elle ne cesse de travailler et n’abandonne jamais ses rêves, nous embarquant de près ou de loin tous dedans !

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Retrouvailles en Terre de Feu, pas même le temps de retirer le gilet pour la photo pendant que Damien gère l’annexe! (plage de Rio Grande, Patagonie argentine) (c) Maria Lokvicic

Tout ce petit monde prend donc place dans l’annexe, grâce à une méthode de portage que seul Damien maîtrise dans sa tenue de Casimir (à cheval sur son dos !). Après visite de notre chaleureux Milagro, nous fêtons tous ensemble et dignement notre arrivée en Terre de Feu, qui plus est le jour des 30 ans de Clément ! Le retour sur la plage sera lui aussi inoubliable, par une nuit sans Lune et avec la houle qui va bien pour remplir les bottes au moment de débarquer sur la plage.

Au petit matin nous devrons reprendre notre route pour contourner la péninsule Mitre, les prévisions météo sont parfaites. A croire que les divinités fuégiennes nous ouvrent grand les bras pour ce retour dans les canaux de Patagonie.

Des signes d’espoir alors que les éléphants de mer se rétablissent de la grippe aviaire dans un fjord reculé du Chili (Mongabay, 04/06/2025)

Des signes d’espoir alors que les éléphants de mer se rétablissent de la grippe aviaire dans un fjord reculé du Chili (Mongabay, 04/06/2025)

Une épidémie de grippe aviaire en 2023 a frappé une colonie d’éléphants de mer du sud dans la région de la Terre de Feu au Chili, entraînant une baisse de 50 % de sa population.

  • Mais au cours de la saison de reproduction 2024-2025, la population de la colonie s’est rétablie, avec 33 petits nés.
  • Une alliance entre la branche chilienne de la Wildlife Conservation Society et le département régional de l’environnement surveille cette colonie depuis des années, bravant l’isolement et les conditions météorologiques extrêmes à la pointe sud des Amériques.
  • Les experts avancent que le site, la baie Jackson, pourrait servir de refuge naturel contre la grippe aviaire grâce à son isolement géographique en tant que fjord.

Source: https://news.mongabay.com/2025/06/signs-of-hope-as-elephant-seals-rebound-from-avian-flu-in-remote-chilean-fjord/ traduit de l’anglais par l’association Karukinka

D’année en année, une colonie d’éléphants de mer arrive dans la baie Jackson, sur les rives de la Terre de Feu à l’extrême sud du Chili, pour muer et se reproduire. Cependant, en 2023, une épidémie de grippe aviaire a dévasté la région, et la population de la colonie a chuté de moitié.

En 2020, lorsque la grippe aviaire a causé des pertes dévastatrices dans les colonies d’oiseaux marins en Europe et en Afrique australe, les experts pensaient initialement que la propagation du virus aux mammifères se limiterait aux carnivores terrestres. Cependant, lors de l’épidémie de 2021 et 2022, le virus a touché des phoques et des baleines en Europe et en Amérique du Nord. En 2023, lorsque le virus est arrivé sur la côte sud-américaine, l’agent pathogène a montré qu’il pouvait causer une mortalité massive chez les mammifères marins. L’éléphant de mer du sud (Mirounga leonina) a été l’une des espèces les plus touchées.

Mais une bonne nouvelle est arrivée en avril 2025, lorsque des chercheurs ont constaté que la population d’éléphants de mer dans la baie Jackson avait doublé pour atteindre 200 individus, dont 33 petits.

« C’est une excellente nouvelle pour la conservation de l’espèce, car Jackson [Bay], du fait qu’elle se trouve dans les eaux intérieures des fjords et des canaux, peut agir comme une barrière protectrice contre les pandémies », déclare Cristóbal Arredondo, vétérinaire et coordinateur du programme terrestre pour la Wildlife Conservation Society (WCS) du Chili. Depuis 2008, WCS Chili surveille cette colonie aux côtés du département de l’environnement de la région de Magallanes, qui englobe la Terre de Feu.

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Éléphants de mer dans la baie Jackson. Image avec l’aimable autorisation de Francisco Brañas.

Un refuge contre le virus

La baie Jackson abrite « la plus grande colonie d’éléphants de mer du Chili », selon Javiera Constanzo, vétérinaire et responsable de l’approche One Health pour WCS Chili. La baie est située entre deux aires protégées : la zone marine et côtière protégée à usages multiples Seno Almirantazgo (ou Admiralty Sound), administrée par le ministère de l’Environnement, et le parc naturel Karukinka, une initiative privée de conservation gérée par WCS Chili.

Le parc naturel Karukinka est un vaste refuge naturel qui s’étend sur environ 300 000 hectares (741 000 acres) de divers écosystèmes. Admiralty Sound, qui entoure les côtes de Karukinka, reçoit de l’eau douce de plusieurs glaciers de la cordillère Darwin, une chaîne de montagnes couverte de glace. Comme Admiralty Sound est un grand fjord — une vallée profonde et étroite d’origine glaciaire remplie d’eau de mer — son mélange d’eau douce et d’eau salée le rend très productif. Et en tant que zone protégée par le gouvernement, Admiralty Sound est vital pour la population d’éléphants de mer, explique Constanzo, en interdisant les activités qui pourraient affecter l’espèce.

Surtout, l’isolement de la baie Jackson pourrait en faire un refuge pour la colonie d’éléphants de mer. Cette hypothèse est encore à l’étude, mais « ce que l’on observe est très positif pour la conservation de l’espèce », affirme Constanzo.

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Au cours de la saison la plus récente, 33 petits sont nés. Image avec l’aimable autorisation de la WCS

Surveillance réussie après la grippe aviaire de 2023

Les données des émetteurs satellites montrent que certains éléphants de mer de la baie Jackson restent sur place tandis que d’autres migrent depuis d’autres endroits, venant de l’océan Pacifique ou voyageant dans l’Atlantique jusqu’à la péninsule Valdés, au centre de la Patagonie argentine.

En 2023, lors de l’épidémie de grippe aviaire hautement pathogène, il y a eu une mortalité massive d’éléphants de mer en Argentine : selon une étude publiée dans Nature Communications, environ 17 000 animaux sont morts.

À la baie Jackson, les chercheurs n’ont enregistré qu’environ 100 individus dans la colonie cette année-là, soit moins de la moitié du nombre enregistré les années précédentes.

« Nous espérions vivement qu’au cours de la saison suivante, les effectifs de la colonie se rétabliraient », déclare Arredondo. Et c’est ce qui s’est produit. La saison 2024-2025 a dissipé tout doute : 200 éléphants de mer ont été observés dans la baie Jackson en décembre, le mois où la population de la colonie atteint normalement son maximum. Les chercheurs ont également enregistré la naissance de plus de 30 petits éléphants de mer, soit le même nombre qu’en 2023.

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Des chercheurs de WCS Chili et du département régional de l’environnement de Magallanes dans la baie Jackson. Image avec l’aimable autorisation de Francisco Brañas

La colonie de la baie Jackson a « maintenant retrouvé ses effectifs après la grippe aviaire », selon Constanzo.

Les experts attribuent le rétablissement rapide de la colonie d’éléphants de mer de la baie Jackson à plusieurs facteurs. D’une part, sa localisation dans les eaux intérieures des fjords et des canaux, loin des autres colonies touchées, a pu servir de barrière naturelle contre la grippe aviaire, réduisant le risque de contagion.

Les chercheurs suggèrent que les éléphants de mer ayant contracté le virus de la grippe aviaire hautement pathogène n’ont probablement pas réussi à revenir à la baie Jackson, mourant probablement avant d’atteindre leur destination.

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Environ 200 éléphants de mer ont été vus dans la baie Jackson en décembre 2024. Image avec l’aimable autorisation de la WCS

Surveillance dans une zone extrême

Les vents dans la baie Jackson peuvent atteindre jusqu’à 120 kilomètres par heure, ce qui représente un défi important pour les chercheurs lors du débarquement. Cela n’a cependant pas empêché la biologiste marine Marina Maritza Sepúlveda de se rendre dans la baie Jackson en 2023 avec une équipe de scientifiques chiliens et britanniques. Ils ont équipé plusieurs éléphants de mer de la baie Jackson d’émetteurs satellites, dans le cadre d’un projet en cours soutenu par WCS Chili.

Sepúlveda explique que les émetteurs aident les scientifiques à suivre la colonie alors qu’elle voyage le long du courant du Cap Horn, l’un des courants « les moins étudiés et connus du Chili », et qui est « extrêmement important à comprendre ».

WCS Chili s’est également joint à l’équipe pour surveiller la colonie d’éléphants de mer. Étant donné le coût logistique élevé pour atteindre la zone, chaque occasion de collecter des données est exploitée.

« La présence des animaux sur place nous permet de maximiser les chances de recueillir des données scientifiques précieuses », explique Sepúlveda. Par exemple, des vétérinaires comme Arredondo et Constanzo prélèvent des écouvillons nasaux et anaux pour étudier le microbiome des éléphants de mer, y compris leur charge bactérienne et virale.

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La baie Jackson est située dans une zone où la vitesse du vent peut dépasser les 120 km/h. Image avec l’aimable autorisation de la WCS.

Les chercheurs recueillent également des données à l’aide d’une échographie pour mesurer l’épaisseur de la couche de graisse des éléphants de mer, ce qui permet d’évaluer leur condition physique. Ils prélèvent des moustaches et des poils pour analyser l’écologie trophique des phoques et vérifier la présence de métaux lourds, et collectent des excréments pour rechercher des parasites.

Au cours de la saison la plus récente, les chercheurs ont également prélevé des échantillons pour confirmer la présence de la grippe aviaire dans la colonie. Ces échantillons sont actuellement en cours d’analyse.

« Le travail d’équipe nous permet d’optimiser les ressources, de partager les connaissances et de garantir la collecte de données précieuses qui contribuent à la compréhension et à la conservation de cette colonie d’éléphants de mer », explique Arredondo.

Les chercheurs surveillent la colonie d’éléphants de mer de la baie Jackson dans le cadre d’un projet de long terme depuis plus de 16 ans.

Chaque année, entre octobre et avril, une petite équipe parcourt toute la plage et la zone côtière. Lors de ces inspections, les chercheurs classent les éléphants de mer par âge et par sexe, ce qui les aide à comprendre la composition de la population de la colonie. Cependant, selon la position d’un phoque au sol, certains individus ne peuvent pas être identifiés ; dans ces cas, les scientifiques les placent dans la catégorie « sexe non déterminé », explique Constanzo.

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Chaque année entre octobre et avril une petite équipe de chercheurs parcourt toute la plage et la zone côtière pour recueillir des informations sur les éléphants de mer. Image avec l’aimable autorisation de la WCS

Les éléphants de mer passent la majeure partie de leur vie dans l’eau et ne viennent à terre que pour se reproduire et muer, un processus qui dure environ un mois. Pendant cette période, ils ne retournent pas à l’eau pour se nourrir. Cela signifie que tout changement qui augmente leur consommation d’énergie est problématique, selon Arredondo. C’est pourquoi les chercheurs veillent à garder une distance de sécurité avec les phoques afin de « ne pas perturber » leur comportement.

En plus de compter les éléphants de mer en personne, ils utilisent également des drones pour cartographier la zone. Cela aide les chercheurs à obtenir des images détaillées de l’emplacement des éléphants de mer.

Francisco Brañas, expert à l’unité des aires protégées du département régional de l’environnement, explique que le traitement de ces images permet aux chercheurs d’obtenir des informations supplémentaires, telles que les mesures individuelles. Les chercheurs peuvent estimer le poids corporel des éléphants de mer et évaluer leur condition physique pour déterminer s’ils disposent de suffisamment de nourriture, selon Brañas.

« Les images capturées par les drones nous offrent une vue plus complète et précise de la colonie », dit-il. La surveillance régulière a été essentielle pour évaluer le rétablissement de la colonie, qui a été décrite pour la première fois en 2006. Cette année-là, 46 individus ont été recensés. Depuis, les effectifs ont globalement augmenté.

L’augmentation spectaculaire de la population d’éléphants de mer dans la baie Jackson témoigne non seulement de la résilience de l’espèce, mais aussi des efforts de collaboration essentiels à la réalisation de ce suivi dans une zone isolée et soumise à des conditions météorologiques extrêmes.

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Les éléphants de mer passent la majeure partie de leur vie dans l’eau et ne viennent à terre que pour se reproduire et muer. Image avec l’aimable autorisation de Pablo Lloncón.

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Un jour comme aujourd’hui décédait Virginia Choquintel, « la dernière Selk’nam » (02/06/2025, La Contra Tapa)

Elle avait 56 ans. Virginia Choquintel est décédée à Río Grande. Elle avait souffert du déracinement, de la solitude, de l’alcoolisme et de la contradiction d’être la descendante d’un père et d’une mère selk’nam tout en ignorant l’histoire et la culture de son peuple.


virginia choquintel

Le décès de Virginia Choquintel à Río Grande à l’âge de 56 ans marque la fin d’une vie marquée par le déracinement et la quête d’identité. Née en 1942, à une époque où la population Selk’nam était décimée par la violence et les maladies, Choquintel incarna la paradoxale condition d’être descendante d’un peuple autochtone qu’elle ne connaissait pourtant pas.

Elle ne gardait que quelques souvenirs flous de son père, durant son enfance à la Mission salésienne : « Tous les après-midis, il venait me chercher et m’emmenait faire des promenades à cheval », mais elle ne se souvenait pas « si nous parlions ». Sa mère succomba à une épidémie : « De ma mère, je me souviens à peine… elle est morte quand j’étais toute petite » (entretien avec l’auteur en mai 1994).

Son enfance s’est déroulée dans une mission salésienne, où ses liens culturels se sont affaiblis. Ses souvenirs de ses parents étaient fragmentaires, et l’histoire de son peuple lui était étrangère. Les informations sur les massacres d’indigènes, qu’elle n’apprit que tardivement, la plongèrent dans l’angoisse.

Après des années de travail comme employée domestique à Buenos Aires, une rencontre fortuite favorisa son retour à Río Grande en 1989. Là, elle commença à reconstruire son passé et à renouer avec ses racines. Son histoire attira l’attention d’étudiants et de chercheurs, bien qu’elle reconnaissait elle-même sa connaissance limitée de la culture Selk’nam.

« On me demande si je sais comment les Indiens faisaient du feu, je ne savais pas… eux me disaient que c’était avec des pierres, maintenant je le sais. Ils me posaient beaucoup de questions, au final ils en savaient plus que moi… »

Dans ses dernières années, Choquintel connut la reconnaissance tardive d’une société tentant d’atténuer sa culpabilité face au génocide. Cependant, ces hommages ne parvinrent pas à dissiper le sentiment de solitude et d’oubli qui l’accompagnait. Tourmentée par les contradictions, elle se sentit à la fois reconnue comme « la dernière Selk’nam » et profondément étrangère à son propre héritage. Sa vie fut un témoignage éloquent de l’impact dévastateur de la perte culturelle et de la difficulté à retrouver une identité arrachée.

Source: https://lacontratapatdf.com/nota/30841/un-dia-como-hoy-fallecia-virginia-choquintel–la-ultima-selk–039-nam/ traduit de l’espagnol par l’association Karukinka. Pour découvrir d’autres articles liés aux peuples autochtones de Patagonie, rendez vous sur la page dédiée.

Quel rôle joue le nouveau voilier de 20m dans la réalisation des activités de Karukinka ?

Quel rôle joue le nouveau voilier de 20m dans la réalisation des activités de Karukinka ?

Un camp de base flottant polyvalent en Patagonie insulaire

Milagro est un voilier d’expédition acquis par l’association Karukinka en 2023 grâce au soutien de ses membres. C’est un ketch Bruce Roberts de 20 mètres en acier qui joue un rôle fondamental dans la réalisation de nos activités associatives. Ce navire, construit en Suède et ayant déjà effectué deux tours du monde, est un véritable « camp de base flottant » permettant d’accueillir diverses initiatives qu’elles soient artistiques, scientifiques ou sportives. #voilier patagonie

Avec ses caractéristiques techniques adaptées (longueur de 20m, maître-bau de 5m25, tirant d’eau de 2m30, motorisation Cummins 180CV, voilure 180m² au près et 295m² au portant), le Milagro offre une plateforme robuste et adaptée pour nos expéditions en régions polaires et subpolaires, domaines d’activité privilégiés de Karukinka.

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Le voilier Milagro au pied d’un glacier de la Cordillère Darwin, Tierra del Fuego, canaux de Patagonie, Chili (Photographie: Diego Quiroga, du voilier Pic La Lune, Ushuaia)

Un navire support pour la logistique de nos expéditions scientifiques, sportives et artistiques

Une infrastructure adaptée aux recherches de terrain

Le Milagro constitue un support logistique essentiel pour les expéditions scientifiques et artistiques menées par Karukinka. Entièrement équipé et isolé, ce navire permet d’accueillir jusqu’à 12 personnes (10 personnes pour les projets de plus d’une semaine) grâce à ses cinq cabines (quatre doubles et une quadruple). Cette capacité d’accueil importante facilite la constitution d’équipes pluridisciplinaires, conformément à l’approche de notre association qui réunit des compétences sportives, artistiques et scientifiques.

L’autonomie considérable du navire (1500L de gasoil, 1000L d’eau + dessalinisateur, groupe électrogène, panneaux solaires…) lui permet d’atteindre des zones reculées et d’y séjourner suffisamment longtemps pour mener à bien nos travaux. Le navire est également équipé pour les télécommunications en zone A4 et d’un accès à internet, garantissant la sécurité et la connectivité même dans les régions les plus isolées comme les canaux de Patagonie (Terre de Feu, Cordillère Darwin, cap Horn, Antarctique…).

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Exploration d’un fjord de la Cordillère Darwin (Terre de Feu) où vèle l’un des nombreux glaciers de Patagonie (voilier Milagro, canaux de Patagonie, Chili, mars 2025)

Un outil pour les projets ambitieux

Grâce au Milagro, Karukinka a pu élargir considérablement ses actions et mettre en place des expéditions et résidences de recherches scientifiques et artistiques en toute indépendance. Le navire est mené par un équipage professionnel bénévole composé de deux à trois personnes diplômées du Brevet d’État Voile et de la Marine Marchande française.

L’acquisition de ce voilier a notamment permis la réalisation de l’expédition Cap Nord – Cap Horn (2023-2025), un projet majeur soutenu par le programme « Mondes Nouveaux » du Ministère de la Culture. Cette expédition, qui relie à la voile le cap Nord en Norvège au cap Horn en Patagonie, s’est conclut par une arrivée en Terre de Feu le 24 janvier 2025, après un voyage de plus de 15 000 milles nautiques et par le passage du cap Horn à la voile en mars et avril 2025.

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Milagro au mouillage dans une des nombreuses baies de la Réserve de Biosphère du Cap Horn (2025)

Financement des activités de l’association

Une section voile pour l’autofinancement

Depuis 2023, Karukinka dispose d’une section voile affiliée à la Fédération Française de Voile. L’association propose des stages de voile réservés à ses membres, ce qui permet de financer ses actions en faveur des peuples autochtones et de garantir la réalisation de projets ambitieux.

Compte tenu du budget nécessaire à la maintenance et à l’utilisation d’un voilier de 20 mètres, et de l’ampleur des projets à long terme de l’association (digitalisation de documents/archives, création de bases de données en ligne, financement de séjours en Europe pour des membres des communautés autochtones), Karukinka définit chaque année en Assemblée Générale la cotisation nécessaire pour participer aux différentes activités de navigation et ainsi pérenniser ses actions.


Un soutien pour la recherche indépendante

Consciente des difficultés rencontrées par les laboratoires et chercheurs pour obtenir des financements en milieux polaires et subpolaires, Karukinka met tout en œuvre pour soutenir des projets scientifiques, artistiques, sportifs et humanistes. Le voilier Milagro joue ainsi un rôle crucial dans cette stratégie d’autofinancement et de soutien à la recherche indépendante.

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Pêche artisanale dans les canaux de Patagonie avec José Germán Gonzalez Calderón (patron de pêche et artisan yagan, membre d’honneur de Karukinka et parrain du navire)

L’association propose également ses services pour la réalisation de missions de terrain à bord du Milagro pour des laboratoires, instituts et groupes de chercheurs et/ou artistes. Cette approche permet de mutualiser les ressources et de rendre accessibles des terrains d’étude difficiles d’accès.

Un outil de liberté pour les projets futurs

L’acquisition du Milagro a considérablement élargi les horizons de notre association. Grâce à ce navire nous avons désormais toute la liberté de poursuivre nos actions et recherches au sud du détroit de Magellan, pour commencer de 2025 à 2030 !

Le voilier permet à l’association de mener des projets pluridisciplinaires dans des régions difficiles d’accès, comme les canaux de Patagonie, l’Antarctique, la Géorgie du Sud… Il facilite également la poursuite des travaux avec les peuples autochtones selk’nam, haush et yagan du sud de la Patagonie, qui constituent l’un des axes principaux de travail de l’association.

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Arrivée du voilier Milagro dans le canal Beagle, Patagonie, après 15 000mn (photographie de José Germán González Calderón, à côte de Puerto Williams, île Navarino, région du Cap Horn, Chili, 2025)

Le voilier Milagro représente bien plus qu’un simple moyen de transport et n’est pas une fin sinon un moyen. Il constitue un véritable outil stratégique qui permet à l’association de réaliser pleinement sa mission d’exploration, de recherche scientifique et de création artistique en régions polaires et subpolaires.

Grâce à ce navire, Karukinka peut mener des projets ambitieux, autofinancer ses activités, soutenir la recherche indépendante et poursuivre son travail avec les peuples autochtones. Le Milagro incarne ainsi la philosophie de l’association : indépendance, bienveillance et engagement au service de la connaissance et de la préservation des cultures et des environnements des régions extrêmes de notre planète.

Départ du voilier Milagro au port de pêche de Puerto Williams avec un équipage international (Argentine, Chili et France) Aude, Lauriane, Sébastien, Clément, Alejandro, Shenü, Damien, Mirtha (marraine du navire), Alicia, Maria et Vaïna, filmé par José, le parrain de Milagro (janvier 2025)
Kreeh Chinen, un festival qui réunit des artistes de toute la province (Desde las Bases, 08/05/2025)

Kreeh Chinen, un festival qui réunit des artistes de toute la province (Desde las Bases, 08/05/2025)

La quatrième édition du festival artistique « Kreeh Chinen » s’est tenue à Ushuaia. Des artistes des trois localités de la province y ont participé. L’événement a bénéficié du soutien et de la contribution de l’association « Karukinka », d’origine française, qui mène des activités avec des membres des peuples autochtones de la région. La prochaine édition du festival aura lieu en juillet, dans la ville de Río Grande. Certains des organisateurs ont souligné le caractère indépendant et solidaire de l’événement. 

Lauriane Lemasson José Pineiro et Alejandro Pinto
Lauriane Lemasson, José Pineiro et Alejandro Pinto (Desde las Bases, 08/05/2025, Rio Grande, Tierra del Fuego, Argentine)
Alejandro Pinto
Alejandro Pinto (Desde las Bases, 08/05/2025)
Lauriane Lemasson
Lauriane Lemasson (Desde las Bases, 08/05/2025)

Lauriane Lemasson, chercheuse française, et Alejandro Pinto, écrivain et poète de Río Grande, ont participé à l’émission de radio « Desde las Bases », diffusée sur Radio Provincia [aux côtés de José Pineiro]. Ils y ont évoqué la quatrième édition du festival Kreeh Chinen, qui s’est tenue cette fois-ci dans la ville d’Ushuaia.

En commentant l’organisation du festival Kreeh Chinen, Pinto a mentionné qu’avec cette initiative « Nous avons commencé l’année dernière, l’idée est de faire trois rencontres par an, une dans chaque ville. La première que nous avons faite cette année a été la quatrième édition et elle s’est déroulée samedi dernier, le 3 mai, à Ushuaia, au Latino Pub. Elle a débuté par ce que nous appelons une cérémonie artistique, car cela s’inspire un peu des cérémonies des peuples autochtones. Kreeh Chinen est un mot qui vient du selk’nam et sa signification, pas littérale mais plutôt métaphorique, est : accrochés à la lune », a expliqué l’écrivain.

Il a ensuite souligné que « l’intention est de faire une rencontre artistique, en essayant autant que possible d’impliquer des artistes de toute la province, des trois villes. Et ce n’est pas seulement une rencontre d’artistes, mais il y a aussi des initiatives locales des trois villes qui nous accompagnent. Des producteurs locaux, des artisans et de petits commerçants également, qui nous soutiennent. D’une certaine manière, nous nous aidons mutuellement, pour qu’ils puissent proposer leurs produits et aussi nous accompagner dans ce mouvement artistique », a-t-il détaillé.

Au cours de l’entretien, ils ont également mentionné que, parfois, des organisations environnementales comme « Estepa Viva » et l’« Asamblea Comunidad Costera de TDFeIAS » ont participé au festival, aux côtés de membres des peuples autochtones. « L’idée est de rendre visibles les thématiques régionales, environnementales, culturelles des peuples autochtones. Ainsi, en tenant compte aussi des thèmes artistiques de la province, qui sont toujours un peu liés aux peuples autochtones, à la géographie, à l’histoire de l’île », ont-ils indiqué.

Concernant le rôle de l’association « Karukinka », Lauriane Lemasson a expliqué qu’en plus d’avoir participé en jouant de l’accordéon lors du festival organisé à Ushuaia, cela avait à voir avec le sens de « cette association que j’ai fondée avec des passionnés de France et Ale (Pinto), qui sont là depuis le début de ce projet. C’était en 2014 et à cette époque, nous n’imaginions pas qu’un jour nous aurions un bateau pour développer nos propres projets au niveau local. L’idée de l’association a toujours été de créer le pont qui manquait entre l’Europe et la Terre de Feu », a-t-elle souligné.

La chercheuse a insisté sur le fait que « l’indépendance, aujourd’hui, je crois que c’est le plus important, et aussi faire en sorte que les gens se réunissent, non pas pour se réunir dans un but de profit économique sinon avec de l’utopie, des rêves et l’envie de changer les choses en apportant chacun un peu, la part du colibri. Je crois beaucoup au pouvoir du collectif totalement indépendant, et c’est pourquoi, quand Ale m’a parlé de son idée de créer Kreeh Chinen, il y a un peu plus d’un an maintenant, j’ai dit oui, tout de suite ».

Ils ont également cité certaines des activités menées par l’association « Karukinka », tant dans des pays européens qu’en Terre de Feu, dans un accompagnement constant pour le développement de différents projets liés aux peuples autochtones de la région. Tout cela en contact permanent avec les communautés, dont un voyage important réalisé en 2019 par Mirtha Salamanca, petite-fille de la Selk’nam Lola Kiepja ; Víctor Vargas Filgueira et José González Calderón, tous deux appartenant au peuple yagán, en France ; dans le but de participer à un festival organisé dans la ville de Bayonne, entre autres activités.

Enfin, concernant la prochaine édition, ils ont indiqué qu’il n’y a pas encore de date exacte, « mais ce sera pendant les vacances d’hiver, car il y a des artistes qui étudient ou travaillent dans le nord, et profitent des vacances pour revenir. Alors, à leur retour, ils auront déjà un espace artistique, nous avons déjà parlé avec certains, et nous soupçonnons que ce sera le deuxième week-end des vacances d’hiver, ici à Río Grande », ont-ils finalement annoncé.

Source: https://red23noticias.com.ar/nota/12118/un-festival-que-reune-artistas-de-toda-la-provincia/

Enregistrement de l’interview disponible (en espagnol) via le lien suivant : https://desdelasbases.com.ar/nota/8348/un-festival-artistico-que-crece-desde-el-pie/ ou ici