En Argentine, le combat d’un vétéran des Malouines pour récupérer sa carte militaire (Le Monde, 11/5/2022)

Le document appartenant à Edgardo Esteban, fait prisonnier par les Britanniques en 1982 à l’issue de la capitulation de Buenos Aires, une blessure toujours à vif dans le pays, avait été repéré sur un site de vente aux enchères au Royaume-Uni.

Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante) Publié le 11 mai 2022 à 03h20, modifié le 11 mai 2022 à 09h43

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Edgardo Esteban, ému, brandit sa carte militaire, à l’issue d’une cérémonie de remise officielle, organisée au ministère des affaires étrangères, à Buenos Aires, le 21 avril 2022.
Edgardo Esteban, ému, brandit sa carte militaire, à l’issue d’une cérémonie de remise officielle, organisée au ministère des affaires étrangères, à Buenos Aires, le 21 avril 2022. INSTAGRAM @EDGARDOJESTEBAN

LETTRE DE BUENOS AIRES

Les yeux brillants, Edgardo Esteban, 59 ans, brandit sa carte d’identité militaire, le point final à « un puzzle de quarante ans », selon ses déclarations, à l’issue de cette cérémonie filmée, organisée au ministère des affaires étrangères, à Buenos Aires, le 21 avril. Sur le précieux papier, une photo de lui en noir et blanc, en tenue de soldat. Il a 18 ans et les cheveux coupés à ras, à son grand dam – ce fan de Queen préférait les porter longs, comme la jeunesse de cette époque. Le tampon de l’armée est apposé, au-dessus de la mention de son groupe sanguin, A +, et de la date de la délivrance du document, le 2 juin 1981.

L’Argentine est alors en pleine dictature militaire, depuis le coup d’Etat de 1976, et c’est cette pièce d’identité que le jeune Edgardo Esteban porte sur lui quand il décide de rejoindre, comme soldat, l’archipel des Malouines, en avril 1982, à environ 500 km des côtes de la Patagonie argentine, un peu « comme une aventure », comme « s’[il allait] sur la Lune ». Avant de découvrir, à même pas 20 ans, « le mot mort », durant cette guerre qui oppose pendant soixante-quatorze jours, du 2 avril au 14 juin, l’Argentine au Royaume-Uni. Sous contrôle britannique depuis 1833, auparavant argentines, ces îles ont toujours été revendiquées par Buenos Aires. En 1982, la junte militaire, alors malmenée par une économie moribonde, voit là l’occasion de fédérer le pays autour d’une cause commune. Bilan : 649 morts côté argentin, 254 côté britannique. Une défaite qui accélère la chute de la dictature et le retour à la démocratie, en 1983.

« Je suis un homme qui aime la vie, mais cette blessure de la guerre, que je pensais fermée, s’est ouverte de nouveau avec intensité. [Ce document] me ramène à son souvenir », confie Edgardo Esteban, journaliste, actuellement directeur du Musée des Malouines et de l’Atlantique Sud, à Buenos Aires. Une carte d’identité volatilisée pendant des décennies, qui a voyagé à son insu depuis cet archipel situé à 12 000 km de Londres jusqu’au Royaume-Uni, avant de…

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200 Argentins se recueillent aux Malouines (Le Figaro – AFP, 27/3/2018)

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/03/27/97001-20180327FILWWW00012-200-argentins-se-recueillent-aux-malouines.php

200 Argentins se recueillent aux Malouines

Par Le Figaro.fr avec AFP

Publié le 27/03/2018 à 06:44, mis à jour le 27/03/2018 à 06:46

Environ 200 proches de 90 soldats argentins tombés aux Malouines ont pu, pour la première fois depuis la guerre en 1982, se recueillir devant leur sépulture dans le cimetière militaire de Darwin sur ces îles appelées Falkland par les Britanniques.

« Ce fut une très longue journée. Tout a été très émouvant: arriver dans notre patrie, dans les îles, au cimetière, voir le lieu de repos de mon père », a témoigné à son retour à Buenos Aires Sergio Aguirre, fils d’un marin mort durant le conflit.

L’Argentine revendique la souveraineté sur ces îles stratégiques britanniques, pour le contrôle desquelles Londres et Buenos Aires se sont livré une guerre éclair de 74 jours en 1982 qui a fait 649 morts côté argentin et 255 côté britannique.

« Maintenant je sais où il est. J’ai pu parlé avec lui. Je l’ai senti proche. Cela m’apaise de savoir où est Daniel », a dit Dalal Massad, la mère de Daniel Massad, un soldat tombé le 11 juin 1982.

L’identification des restes date de 2017, quand une mission d’experts encadrés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pu mettre un nom sur 90 des 121 croix blanches du cimetière, non loin du champ de bataille.

Jusque là, l’inscription en anglais « Soldat argentin seulement connu de Dieu » apparaissait sur toutes les tombes.

Au total, 237 sépultures sont installées dans le cimetière. « Ce que nous avons vécu aujourd’hui fut très émouvant. C’est un cimetière plein de vie », a déclaré à son retour le secrétaire argentin aux droits de l’Homme, Claudio Avruj, à la radio Once Diez.

« Cela ne va pas changer l’histoire, cela va rien changer à la perte d’un être cher, mais pouvoir s’incliner devant une plaque avec son nom et son prénom, cela prend une autre valeur », avait dit aux familles le ministre argentin des Affaires étrangères, Jorge Faurie, avant leur départ pour les Malouines.

L’Argentine revendique les Iles Malouines, à 400 kilomètres de la Patagonie, un territoire qu’elle a occupé de 1820 à 1833. Les Iles ont depuis été administrées par le Royaume-Uni.

Buenos Aires demande en vain à Londres d’entamer un dialogue sur la souveraineté des Malouines, préconisé par une résolution de l’ONU de 1965.

Londres refuse, arguant que lors du référendum d’autodétermination organisé en 2013, les 3.000 habitants des Malouines ont réaffirmé leur attachement à la couronne britannique.