Voyage au bout du monde, en Patagonie, depuis la Rochelle !
Si vous prévoyez de passer à la Rochelle cet été, ne manquez pas ce voyage au bout du monde ! Créée par Sébastien Laurier et en partenariat avec l’association du phare du bout du monde et la ville de la Rochelle, cette fiction sonore et immersive vous transporte pendant une heure à l’extrême sud de la Patagonie, au départ du bureau du port de la pointe des Minimes.
Un projet avec plusieurs de nos membres : Mirtha Salamanca (selk’nam), Marie-Pierre Lemasson et Lauriane Lemasson
Plusieurs membres de l’association Karukinka ont participé à ce projet, dont Mirtha Salamanca (femme selk’nam membre du conseil participatif indigène d’Argentine) et confiant sa voix française à Marie-Pierre Lemasson, trésorière de l’association et que Mirtha connaît depuis 2019, lors de sa première venue en France, dans le cadre du projet Haizebegi. Et oui, le personnage principal, Lauriane, n’est pas sans faire écho à la fondatrice de Karukinka…
Ce samedi 13 juillet 2024 à Ushuaia (Terre de Feu) se déroulera la deuxième édition de la rencontre artistique « Krèeh Chinen ». Ce nouvel évènement, et suite au succès de la première rencontre dans la ville de Tolhuin, s’est enrichi du soutien d’un groupe d’assistants, permettant d’ouvrir de nouvelles possibilités créatives.
Les artistes qui participeront à cette rencontre sont : les musiciens Hanus, Santiago Marquin, Ignacio Boreal et Nadia Rojo ; et les poètes Sol Rodríguez, Joaquín A. Masotta, Gabriela Rivero, Alejandro Ogando, María Clara Vickacka, Florencia Lobo, Alejandro Pinto et Luis Comis.
Pour cette édition, le projet bénéficie à nouveau du soutien de l’entreprise Neurona (produits fuégiens) et de l’association Karukinka.
Rendez-vous ce soir à 20h au sein de l’espace artistique indépendant « Casa Cultura » situé au 114 de la rue Lapataia (entrée gratuite et possibilité de restauration sur place).
[Partenariat] Krèeh Chinen est de retour, ce soir à Ushuaia! 2
Rejoindre l’association Karukinka, c’est intégrer une communauté engagée pour la préservation, la valorisation et l’exploration des terres australes, notamment la Patagonie et la Terre de Feu. L’association d’intérêt général accueille toute personne physique ou morale partageant ses objectifs et souhaitant soutenir ses actions.
Deux façons de s’engager :
Membre simple : il suffit de soutenir les objectifs de l’association et de remplir le formulaire d’adhésion en ligne. Cette démarche est ouverte à tous, particuliers comme organisations.
Membre actif : pour s’impliquer davantage dans les projets, il suffit de faire part de ses motivations via le formulaire de contact.
Une équipe passionnée et reconnue
Karukinka s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire et bénéficie du soutien de membres d’honneur prestigieux, issus des mondes autochtones, littéraires et scientifiques : représentants selknam et yagan, écrivains, poètes, explorateurs et chercheurs.
Pourquoi adhérer à l’association Karukinka ?
Soutenir des projets d’exploration, de transmission et de sauvegarde des patrimoines naturels et culturels des terres australes.
Rejoindre un réseau international de passionnés, d’experts et d’acteurs locaux.
Participer à des initiatives concrètes et innovantes, en lien avec les peuples autochtones et les territoires extrêmes.
Rejoignez Karukinka et prenez part à une aventure humaine, scientifique et solidaire tournée vers les terres les plus fascinantes de la planète !
Pourquoi devenir membre de l’association Karukinka ? 4
Pour découvrir le club de voile habitable de l’association, rdv ici ou sur le site dédié
Il y a trois jours un mouvement que je pensais inaliénable pour la reconnaissance des peuples de Patagonie s’est brusquement interrompu : Manuel Adorni, porte-parole du gouvernement de Javier Milei, a annoncé depuis la Casa Rosada le changement de nom d’un lac situé à quelques kilomètres à l’ouest d’Ushuaia, pour « rétablir l’ordre dans le sud du pays », « protéger les propriétaires des terres prises » dans le cadre d' »usurpations de terres par des pseudo-mapuches ». La décision a été prise par le gouvernement le vendredi 7 juin 2024 et est soutenue par le Président de l’Administration des Parcs Nationaux, Cristian Larsen.
Cela pourrait sembler dérisoire, un nom de lac, mais la symbolique qu’il revêt dépasse de loin ce que mon esprit pouvait imaginer. Ce n’est que depuis le début des années 2000, sous la présidence de Cristina Kirchner, que ce lac avait retrouvé son nom yagan « Acigami », s’ajoutant ainsi à la liste des rares toponymes d’origine yagan, selk’nam, haush ou kawesqar encore présents dans les bases de données géographiques officielles en Argentine et au Chili.
Selon mes analyses du catalogue de l’Institut Géographique National d’Argentine, en 2019 moins de 8% des toponymes de la province de Terre de Feu avaient une origine indigène, ce qui signifie que plus de 90% des noms de lieux sont liés aux différentes vagues d’exploration et de colonisation de cette région. Le lac Acigami faisait donc partie jusqu’à il y a peu des rares noms yagan a avoir retrouvé sa place après qu’un autre nom, « Lac Roca », lui ait pris sa place durant de nombreuses décennies.
Lors de la revue de presse du 12 juin 2024, Manuel Adorni a déclaré : « le lac Acigami, qui est un nom aborigène qui signifie « poche allongée », Dieu sait ce que cela a à voir avec, le lac Roca a été rebaptisé, comme il l’était avant 2008, en l’honneur du héros, ancien président de la République et architecte de la consolidation de l’État-nation, qui avec sa vision et son leadership a fini par délimiter l’extension de notre territoire » (“El lago Acigami, que es un nombre aborigen que significa ‘bolsa alargada’, vaya a saber Dios qué tenía que ver, se volvió a llamar al lago Roca, como lo hizo hasta 2008, en honor al prócer, expresidente de la República y artífice de la consolidación Estado-nación, quien con su visión y liderazgo terminó por delimitar la extensión en nuestro territorio”).
En plus d’un ton dépréciatif non dissimulé à l’égard de ce nom yagan et plus généralement envers ce peuple qualifié de « pseudo-mapuche », nous pouvons reprocher aux décisionnaires une méconnaissance de l’histoire argentine liée à ce lieu. Ce lac se nommait ainsi bien avant que les terribles effets de la Conquête du Désert (qui n’en était pas un!) menée par le Général Roca ne s’y manifestent. Pour rappel, et ce rappel démontre à quel point ce changement de nom est idéologiquement terrible, Julio Argentino Roca, avant de devenir président de 1880 à 1886, était un militaire et a eu pour mission de conquérir les terres situées au sud du Rio Negro, la Patagonie donc, afin d’y affirmer la souveraineté argentine. Nommée « Conquête du Désert », cette expédition de plusieurs années a eu pour effet le génocide des peuples de Patagonie, encore trop peu documenté à ce jour et d’une ampleur effroyable, afin que des colons les remplacent en s’y installant avec leurs ovins.
Il est à noter que nous retrouvons la mention de ce nom de lieu dès 1883, à la page 81 du rapport d’expédition de Giacomo Bove réalisée à la demande du gouvernement argentin et en partenariat avec le Consulat Italien à Buenos Aires, durant la présidence de Julio Argentino Roca. Il apparaît également dans de nombreuses sources (Thomas Bridges, Nathalie Goodall,…) et pas toujours orthographié de la même manière (Acacima, Ucasimae, Acagimi, Asigami,…).
carte extraite de « Expedición Austral Argentina » (p.81) de Giacomo Bove, imprimé à Buenos Aires par le Département National de l’Agriculture et présenté au sein du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de la Guerre et de la Marine.
Affirmer qu’avant 2008 ce lac avait pour seul nom « Roca » démontre une méconnaissance des archives de l’Institut Géographique National et un mépris protéiforme pour l’histoire. Les yagans habitent ces territoires depuis des milliers d’années et le retour de ce nom de lieu était lié à des obligations légales relatives aux peuples indigènes, l’Argentine ayant ratifiée la Convention 169 de l’OIT en 2000.
Et surtout, cette décision ne manque pas d’ironie puisque sous couvert de modernisation et de regard tourné vers un Occident présenté comme modèle, le gouvernement de Milei fait l’exact inverse de ce qui se passe de plus en plus généralement en Europe, avec la cohabitation de toponymes dans diverses régions, la mienne par exemple (Bretagne, avec des noms en français, gallo et breton).
En tant que chercheuse dédiée aux questions de toponymie (>3000 noms de lieux recensés), je dénonce cette attaque contre les yagan et apporte tout mon soutien à ce peuple dont le porte-parole, Victor Vargas Filgueira, n’a de cesse de lutter pour visibiliser son peuple, comme il a pu le faire en présentiel en France lors du festival Haizebegi de Bayonne en 2019 et durant lequel l’association Karukinka était investie.
Pour terminer cet article bien amer, je citerai les mots réconfortants de David Alday, ex-président de la communauté yagan de la baie Mejillones au Chili : « L’histoire et la mémoires de nos peuples originaires ont des milliers d’années et cela ne s’efface pas comme ça, quelque soit les annonces qu’ils font, il y a toujours quelqu’un pour enseigner et souligner la réalité de notre riche toponymie. Il est temps d’écouter et d’observer tranquillement Marraku [Victor], écouter et observer. » (« La historia y memoria de nuestros pueblos originarios tienen miles de años, no se borra por más anuncios que se hagan, siempre hay alguien que enseñe y señale la realidad de nuestra rica toponimia. Es tiempo de escuchar y observar tranquilos Marraku, escuchar y observar. »)
Ecoutons et observons, ils ne peuvent rien contre la mémoire collective.
Des colonies d’Errina antarctica ont été découvertes à l’extrême sud de la Patagonie chilienne, dans le détroit de Magellan, l’endroit le plus méridional et le moins profond où il n’ait jamais été observé.
Photo diffusée par l’organisation Rewilding Chile le 6 juin 2024 d’un corail rouge Errina Antarctica observé dans le détroit de Magellan, au Chili, le 28 août 2023
Un type de corail rouge a été découvert à l’extrême sud de la Patagonie chilienne, dans le détroit de Magellan, l’endroit le plus méridional et le moins profond où il n’ait jamais été observé, ont annoncé des scientifiques vendredi 7 juin 2024.
Des colonies d’Errina antarctica ont été découvertes dans la réserve nationale de Kawésqar, une vaste zone marine protégée de l’extrême sud du continent américain. Publiée fin avril 2024 dans la revue Scientific Reports, elle a été rendue publique vendredi, à la veille de la Journée des océans commémorée le 8 juin.
Ces coraux ne bénéficient actuellement d’aucune protection
Des plongeurs accompagnés de robots sont descendus dans les eaux glacées du détroit de Magellan et ont observé ces coraux à une profondeur comprise entre 1,3 m et 47 mètres.
Malgré leur rôle prépondérant dans le développement des fonds marins, ces coraux ne bénéficient d’aucune protection, bien qu’ils se trouvent dans un état de conservation vulnérable au Chili.
« Il est nécessaire de les protéger, de les conserver et de chercher des moyens de les gérer pour qu’ils continuent à vivre longtemps », a estimé auprès de l’AFP Ingrid Espinoza, coauteur de l’étude et directrice de conservation de Rewilding Chile.
« L’une des régions marines les moins connues et les moins bien comprises du monde »
L’étude, réalisée entre 2021 et 2023, souligne le peu de données disponibles sur la présence de forêts marines animales dans les eaux patagoniennes. « Cette région reste l’une des régions marines les moins connues et les moins bien comprises du monde », indique-t-elle.
Les coraux sont menacés par les activités humaines, telles que l’élevage de saumon, qui s’est étendu aux eaux de la région méridionale du détroit de Magellan, le changement climatique ou encore la pollution des océans.
Ces petits animaux, appelés polypes et qui peuvent constituer des colonies avec un squelette commun, contribuent de manière « extrêmement importante » à la biodiversité, en tant que « sentinelles des impacts et perturbations environnementales », a rappelé Mme Espinoza.
Dans le monde, les récifs coralliens représentent environ 0,1% des fonds marins. En raison de leur grande valeur écologique, ils ont été classés comme l’un des écosystèmes les plus riches en biodiversité de la planète, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).