Des représentants des communautés des peuples autochtones de Terre de Feu voyagent en France pour présenter leurs cultures ancestrales, dans le cadre du mois de la science et de la culture qui se déroule dans ce pays. 2019 a été déclarée par l’ONU l’Année international des Langues Indigènes, dans le but de diffuser son important apport à la culture des peuples.
La secrétaire des Relations Internationales Cecilia Fiocchi a fait remarqué la présence en de représnetants des communautés autochtones : « C’est une fierté pour tous les fuéguiens que des membres des communautés autochtones puissent participer à des événements internationaux comme celui-ci, qui est né de l’impulsion de chercheurs de l’Université de la Sorbonne et du Centre National de Recherches Scientifiques, institutions académiques françaises de grand prestige. ». » C’est une opportunité de visibiliser les cultures ancestrales de notre province » valorise-t-elle.
Mirtha Salamanca, membre de communauté selk’nam de Río Grande, Víctor Vargas, membre du peuple yagán de Ushuaia et José González Calderón, de la communauté yagán de Puerto Williams voyagent en France pour présenter les cultures ancestrales autochtones de Tierra del Fuego.
Mirtha Salamanca est membre du Conseil National des Peuples Indigènes, en tant que représentante du peuple selk´nam. “Nous allons voyager en France invités par des chercheurs de ce pays, pour visibiliser là-bas notre culture ancestrale et compléter une série de recherches que nous réalisons sur notre peuple. En plus de participer en tant qu’intervenants au cours de présentations et conférences dans plusieurs parties du pays, nous pourrons visiter les archives d’Anne Chapman, laquelle fût une grande chercheuse de notre culture, et compléter les études que nous nous sommes en train de réaliser pour faire connaître notre cosmovision. Nous avons l’espoir que cela promeuve l’enracinement à notre terre et le droit à l’identité autochtone » exprima-t-elle.
Pour sa part, Víctor Vargas est auteur du livre “Mi Sangre Yagán” (« Mon sang yagan »), édité en 2017 par les Editions Culturelles de Terre de Feu, et il travaille au Musée del Fin del Mundo de Ushuaia, au sein duquel il promeut la culture et l’histoire de son peuple lors de communications et recherches. « Ceci a pour objet d’unir le passé avec le présent. Les yagans sont la communauté humaine qui a habité de manière permanente la part la plus au sud de tout le continent. »
En ce qui concerne José González Calderón, il réside à Puerto Williams, Chili, et il faut savoir qu’il est le neveu de Cristina Calderón, laquelle fût déclarée trésor humain vivant, étant la dernière locutrice vivante de la langue yagan. Cette année, l’ONU a déclaré l’année internationale des langues indigènes.
Grâce à l’invitation de Denis Laborde, directeur du festival Haizebegi, Lauriane Lemasson a pu inviter trois de ses fidèles informateurs à venir témoigner en France de leur histoire. Mirtha Salamanca, José German Gonzalez Calderon et Victor Vargas Filgueira seront donc en France (Bretagne, Bayonne et Paris) du 2 au 23 octobre 2019. Lauriane les accompagnera pendant ce séjour au programme chargé : rencontre avec l’historien spécialiste de l’histoire coloniale Pascal Blanchard (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pascal_Blanchard_(historien)), collecte de joncs (atelier de vannerie yagan) et visite du site mégalithique de Saint Just, rencontre avec Jean-Luc Nahel à Paris (responsable des relations internationales de la Conférence des Présidents d’Université), visite du Panthéon, rencontre avec l’équipe de la bibliothèque Brou de Dampierre de l’Université de Nanterre et consultation du Fonds Anne Chapman, animation et participation à des conférences, tables rondes et ateliers (vannerie yagan) à Bayonne et San Sebastian, puis retour à Paris pour la visite du Musée de l’Homme, la conférence dans le cadre du séminaire d’études ethnomusicologiques de Sorbonne Université (dirigé par Pr. François Picard), rencontre avec l’équipe dédiée à la conservation de la collection « Amériques » du Musée du Quai Branly, et enfin seconde consultation du Fonds Anne Chapman avant le retour à Nantes et le vol de retour à Ushuaia.
Pour compléter ces informations, quelques mots de Denis Laborde, organisateur du festival et responsable de la carte blanche donnée à Lauriane Lemasson (et de fait à ses informateurs) :
« Du 10 au 20 octobre : 10 films, 5 concerts, 14 rencontres et débats, 2 colloques, 3 expositions, 5 conférences, 1 spectacle de danse contemporaine, 7 stages et ateliers et le Grand Bal Tango du 18 au Gaztetxe. Et cette « cérémonie de résilience » au Musée Basque de Bayonne, le 12 octobre à 11 heures. Ce jour-là, des membres des peuples Selk’nams et Yahgans venus d’Ushuaia, de Rio Grande et de Puerto Williams, en Terre de Feu, racontent l’histoire de leurs peuples : les exploitations, les génocides, les zoos où leurs ancêtres furent exhibés et les restes humains dans les musées du monde. Gérard Collomb, ethnologue au CNRS, sera là pour les écouter. Et Lars Christian Koch viendra leur remettre, au nom des Archives sonores de Berlin qu’il dirige, les enregistrements réalisés entre 1907 et 1923 par les missions ethnographiques en Terre de Feu. Cette cérémonie se fait sous l’égide de l’UNESCO dans le cadre de l’Année Internationale des Langues Indigènes. À Bayonne, ce 12 octobre, la voix de leurs ancêtres sera restituée aux Selk’nams et aux Yahgans.
Vous êtes étonnés que tout cela se passe au prétexte de musique ? Souvenez-vous que la musique est un art de l’écoute et que cette capacité se doit d’être mise au service d’autres dispositifs. Comme sut le dire Florence Delay lors de la première édition du festival en 2014, « il faut savoir écouter pour pouvoir s’entendre ».
Alors voilà. Le festival Haizebegi n’a d’autre ambition que d’être un tiers terme qui catalyse des rencontres. Cela est vrai pour les Selk’nams et les Yahgans, cela est vrai aussi pour les si belles photos réalisées par Lauriane Lemasson en Terre de Feu et qui sont exposées dans le cloître de la Cité des Arts, cela est vrai pour les chercheurs brésiliens qui viennent présenter les documentaires sur l’immigration musicale au Brésil, cela est vrai aussi pour le travail de photographe que Jean-Marie Colin a effectué au Centre Atherbea qui accueille les blessés de nos mondes sociaux et cherche à favoriser leur réinsertion sociale. Les portraits de résidents qu’il a réalisés seront exposés sur les rives de l’Adour. Et par ce geste artistique unique, trace de l’implication de chacun dans sa propre histoire, ces personnes que nous avons nous-mêmes tellement de mal à apercevoir retrouvent une pleine visibilité dans l’espace public. La musique, un art de l’écoute.
Denis Laborde, Directeur artistique Haizebegi«
Pour en savoir plus et connaître le programme détaillé du festival, rendez-vous sur le site https://haizebegi.eu
Publié le 05/04/2019 à 09:57, mis à jour le 05/04/2019 à 09:57
FIGAROVOX/TRIBUNE – À l’occasion des 150 ans de Vingt mille lieues sous les mers et de la réédition du Comte de Chanteleine, le sénateur du Finistère Michel Canévet rend hommage à l’écrivain et à son oeuvre «remède de cheval contre les pessimismes.
Michel Canévet est sénateur du Finistère, il a préfacé la réédition d’un des premiers romans de Jules Verne, Le Comte de Chanteleine, (Paris, Magellan & Compagnie, 2018).
Jules Verne fait partie de ces noms de la culture française qui règnent dans chaque recoin de nos vies quotidiennes sans même qu’on y prenne garde. Des rues portent son nom, des musées exposent et célèbrent son œuvre, des écoles se placent sous ses auspices. Mais encore: des bourses, des navires, des centres de loisirs, un vaisseau spatial, une université picarde, une soufflerie nantaise et jusqu’à une course de running, qui se tient chaque année à Amiens, honorent le souvenir de l’écrivain français le plus traduit au monde. Est-ce un hasard si Emmanuel et Brigitte Macron ont choisi de s’entretenir avec Donald Trump et son épouse, lors de leur première rencontre, dans un restaurant parisien de la Tour Eiffel, baptisé en hommage à l’auteur du Vingt mille lieues sous les mers dont nous fêtons le cent-cinquantième anniversaire?
Jules Verne est d’abord l’un de nos grands romanciers d’aventure et d’anticipation. Mais c’est aussi, à ce que nous en dit sa renommée mondiale, un magnifique exemple d’une France qui s’exporte culturellement et dont la créativité, l’audace et l’esprit d’invention sont des marques de fabrique. Peu d’auteurs auront su incarner à ce point les tentations de l’ouverture et de l’enracinement, de l’exploration du monde et de l’attachement aux origines, dans une fresque hétéroclite où se côtoient les paysages lunaires, les immensités sous-marines, les déserts de Patagonie, les nuits lugubres des Carpates, mais aussi les rivages du Finistère et les rues de Paris au XXe siècle. Face aux velléités du repli comme solution à tous nos maux, Jules Verne nous offre une vision du monde où la curiosité, la soif d’apprendre et l’espérance viennent défaire les certitudes en enseignant l’altérité. C’est une leçon utile en période de gros temps lorsque chacun voit en l’autre une menace.
Que vive le plus longtemps possible la mémoire de Jules Verne pour inspirer tous ceux qui doutent encore que l’imaginaire soit un ferment d’action et d’émancipation.
Bien sûr, Jules Verne n’échappe pas à son temps. On trouve chez lui les marques d’une IIIe République fière de son empire colonial. Mais si certaines des croyances de l’époque ont bel et bien changé, on n’ôtera pas à l’œuvre de Jules Verne sa vertu cardinale: la conviction intime que l’homme est capable de surpasser ses failles et de franchir toutes les frontières du monde. En 1905, la nécrologie du Figaro, qui avait accueilli plusieurs de ses nouvelles dans son supplément illustré, le désignait très justement comme le «plus inventif peut-être de nos romanciers» avant d’y voir le «patriarche de l’imagination française». Plus d’un siècle plus tard, on ne l’honore pas moins. Au moment où se tient, à Nantes, une belle exposition sur les héroïnes de Jules Verne et que Le Monde lance une collection dédiée aux Voyages extraordinaires, je ne peux souhaiter qu’une chose: que vive le plus longtemps possible la mémoire de Jules Verne pour inspirer tous ceux qui doutent encore que l’imaginaire soit un ferment d’action et d’émancipation. Jules Verne est un remède de cheval contre les pessimismes.
Pour les parisiens ou ceux qui seront de passage à Paris :
Conférence de Lauriane sur l’espace sonore de la Terre de Feu jeudi 14 janvier à 19:00 à la Maison de l’Amérique Latine. http://mal217.org/fr/agenda/tribune-de-la-musique
Au plaisir de vous y retrouver et avec tous nos bons voeux pour cette nouvelle année !
• L’univers sonore de la Patagonie
Passionnée par la Patagonie insulaire, Lauriane Lemasson est musicienne, photographe et audio-naturaliste. Ses recherches en écologie sonore appliquée à l’ethnomusicologie (doctorante contractuelle au sein du laboratoire IreMus, Université Paris Sorbonne) concernent les liens qui se tissent entre l’homme et les sons de la nature en milieux extrêmes. Depuis 2014, elle dirige l’association Karukinka, en référence au mot indien selk’nam signifiant « la dernière terre des hommes ». Cette association se fonde sur un échange interculturel et pluridisciplinaire. Elle œuvre dans le but d’explorer les liens qui se tissent entre l’homme et son environnement, en associant des chercheurs et des acteurs locaux et internationaux.
Pour Lauriane Lemasson, l’écologie sonore a pour vocation d’intégrer l’étude des sons de l’environnement dans différents domaines dont l’anthropologie, la géographie et les sciences cognitives. Elle travaille sur la manière dont était utilisé le paysage sonore par les nomades des canaux et les chasseurs-cueilleurs du sud du détroit de Magellan, parmi lesquels les Selk’nam, Haush et Yahgan qui ont habité ces territoires pendant des millénaires. En Terre de Feu argentine, elle a suivi les pas de peuples décimés par les maladies apportées d’Europe au début du XXème siècle, ou par les chasseurs de têtes payés par des estancieros. Un hommage à la grande ethnologue Anna Chapman (1922-2010) sera également rendu par Lauriane Lemasson.
Publié le 09/04/2015 à 19:47, mis à jour le 09/04/2015 à 21:36
L’œuvre romanesque de l’écrivain Jean Raspail a donné naissance à un royaume imaginaire : la Patagonie. Des milliers de Français, parmi lesquels Didier Decoin, Michel-Édouard Leclerc ou Jean-Laurent Cochet, revendiquent aujourd’hui cette nationalité. Une manière décalée de résister aux temps présents.
Dans le recueil de romans de l’écrivain Jean Raspail, que vient de réunir la prestigieuse collection «Bouquins», sous le titre Là-bas, au loin, si loin, on peut lire à la fin de son plus grand livre: «Par les temps qui courent et par les temps qui viennent, je tiens désormais pour honneur de me déclarer patagon. Du cimetière de Tourtoirac, en Dordogne, où Antoine de Tounens a transporté son gouvernement et siège pour la fin des temps, j’ai reçu mes lettres de créance, moi Jean Raspail, consul général de Patagonie…»
Une phrase de roman, dira-t-on, sans conséquence, donc. Et pourtant, aujourd’hui, ils sont environ 5000 à se revendiquer patagons, dans le sillage de Raspail. Dans la France de François Hollande, ils ne forment pas un parti, ni une association de 1901. Ils ne sont pas non plus un lobby mais sont bien plus puissants: car ils sont unis par un commun état d’esprit, une sorte de confrérie du cœur. La mythologie patagonne est née en 1976. Jusqu’alors, Jean Raspail était essentiellement…
(La suite de cet article est réservée aux abonnés)