Patagonie : mais où sont donc les peuples Yagan, Haush et Selk’nam ? (partie 1)
Si l’on regarde une carte de Terre de feu, l’une des premières sensations est celle de vide, un criant vide de sens. Le territoire est immense mais les toponymes manquent pour décrire ce qui m’entoure.
parLauriane Lemasson, chercheuse en ethnomusicologie, acoustique et géographie à Sorbonne Université et fondatrice de l’association Karukinka – publié le 14 juin 2021 à 10h58
En 2011 j’ai posé pour la première fois mon regard sur ce Finistère américain : l’extrême sud de la Patagonie, au sud du détroit Hatitelen, plus connu sous le nom de détroit de Magellan. Après avoir étudié un large corpus d’ouvrages disponibles en Europe, les conclusions étaient sans appel concernant les premiers habitants de ces terres : il ne restait plus qu’une seule femme yagan à Villa Ukika, au Chili, et plus aucun Haush ou Selk’nam en Patagonie. Tous avaient disparu à la suite des maladies importées d’Europe, malgré les bonnes volontés des missions anglicanes et salésiennes qui tentèrent de les sauver en leur apportant refuge, nourriture, vêtements, et surtout«civilisation».
Voici en résumé ce que dit l’histoire officielle. Je décidai malgré tout de m’y rendre pour la première fois en janvier 2013 et pendant un peu plus de trois mois. Je savais que j’allais sûrement sillonner un désert vidé de ses premiers habitants pendant toute cette période, mais peut-être que les paysages, eux, auraient encore des choses à me conter. Je partis donc, principalement seule et en autonomie complète, avec pour compagnons d’expédition mon sac à dos, ma tente, mon duvet, et de quoi manger, photographier et enregistrer. Passés ces trois premiers mois d’exploration et beaucoup d’autres missions à la suite, je peux vous assurer que oui, ces lieux devenus espaces continuent de beaucoup m’apprendre sur l’horreur du génocide dont ont été victimes les peuples Yagan, Haush et Selk’nam.
Si l’on regarde une carte de Terre de feu, l’une des premières sensations est celle de vide, un criant vide de sens. Le territoire est immense mais les toponymes manquent pour décrire ce qui m’entoure. Des rivières, montagnes, collines, plaines… devaient pourtant avoir des noms, avant, lorsqu’ils faisaient partie d’un quotidien, que des voix troublaient le silence. Où sont-ils désormais ? Et ces restes de vie, ces ustensiles de pierre taillée qui jonchent le sol de ces anciens campements, ne sont-ils pas les témoins de l’exode, de la fuite face à l’arrivée des génocidaires ? Imaginez un dîner familial et faites-en disparaître tous les membres assis autour de la table : voici la sensation qui vous prend aux tripes quand vous vous retrouvez là. Le temps s’y est arrêté et ces bribes de vie quotidienne vous entourent, sans leurs acteurs. Où sont-ils ? Qu’ont-ils vécu ici ? Ont-ils pu s’en sortir en s’engouffrant dans l’inextricable forêt fuégienne ? Ou bien ont-ils été capturés et déportés comme tant d’autres vers les missions, la prison de Rawson ou le camp de concentration de l’île Dawson, séparés de leur territoire, pour favoriser l’expansion des élevages d’ovins et de bovins ? Tout cela s’est déroulé durant la conquête d’un désert qui n’en était pas un : la colonisation aussi macabre que rapide initiée par l’Argentine et le Chili entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles en Patagonie.
Sinistre trafic humain
Durant la même période se développèrent en Europe occidentale les théories d’anthropologie physique. Convaincus d’avoir trouvé en Patagonie le chaînon manquant entre l’homme et l’animal, de nombreux chercheurs firent appel à des explorateurs ou se rendirent sur place pour les étudier. L’objectif était de confirmer leurs théories empreintes des conclusions de Charles Darwin lors de son passage dans l’extrême sud patagon. Il était difficile de convaincre les Selk’nam, Haush et Yagan de se soumettre à toutes sortes de mesures anthropométriques, comme le montrent certains témoignages, dont ceux de Paul Hyades. Ces personnes connaissaient depuis plusieurs décennies déjà le cruel traitement que leur réservaient les Blancs en ces terres de non-droit. Le réflexe était donc celui de la fuite. Alors les chercheurs et explorateurs se mirent à déterrer les cadavres, malgré l’opposition des familles, et à les envoyer vers différents musées, dont le musée d’Ethnographie du Trocadéro, devenu en 1937 musée de l’Homme, faisant fi de l’éthique et violant les pratiques funéraires des populations concernées.
Ce sinistre trafic se déroula principalement entre 1880 et 1920 en Patagonie. Ces personnes, une fois arrivées par bateau, furent morcelées, classées et stockées, comme objets d’une collection. Ils font partie aujourd’hui encore de la collection de restes humains modernes du musée de l’Homme qui regroupent officiellement plus de 1 000 squelettes et 18 000 crânes. Les restes humains de Terre de feu ont entre autres été collectés par la mission scientifique du cap Horn dans la baie Orange (1882-1883) et la mission de Henri Rousson et Polydore Willems en péninsule Mitre (1890-1891), mais aussi grâce aux dons réalisés par Martin Gusinde et Perito Moreno, ce dernier étant aussi l’un des principaux collecteurs et collectionneurs des restes humains composant la collection du musée de La Plata en Argentine. Et au musée de La Plata se trouvent aussi… des Français ! Agriculteurs, cordonniers, trappeurs, couturières, tisseuses… Ils y sont classés par sexe, métier et lieu d’origine.
Elles ne passent pas inaperçues lorsqu’on déambule dans Trentemoult. Rue Roiné, rue du Port, rue de la Californie notamment, les imposantes maisons de capitaines racontent une histoire aux contours encore mystérieux. Qui étaient leurs occupants, plus souvent en mer que sur la terre ferme ? Auteur nantais d’ouvrages sur la marine marchande, Frédéric Grellier a mené l’enquête. « A partir des recensements sur la période 1891-1921, on dénombre 96 capitaines au long cours ayant vécu à Trentemoult. Parmi eux, j’ai identifié 36 capitaines cap-horniers », rapporte-t-il.
Le capitaine Kervégan, figure de Trentemoult
S’il n’est pas né à Rezé, le Lorientais Alphonse Kervégan est pour Serge Plat* « une vraie figure trentemousine ». Marié à Élisabeth Agaisse une jeune fille du village et fille d’un capitaine au cabotage, il a dirigé, après sa retraite de navigateur au long cours, le service des Roquios. Depuis le bureau de sa maison donnant sur la Loire, il surveillait la ponctualité des petits vapeur. Après la guerre 39-45 Il s’est aussi investi dans la reconstruction du port de Rezé, et de la remise en état du service des vedettes. Il est devenu conseiller municipal rezéen de 1951 à 1959. Pour son courage pendant la guerre 14-18 son parrain, le Préfet de Loire Inférieure, lui a remit en 1937 l’insigne de la Légion d’honneur. Il s’est éteint, entouré des siens en 1963.
Auteur de l’ouvrage Des Roquios aux Navibus, éditions Coiffard, Serge Plat prépare un livre sur la vie maritime du capitaine Kervégan.
Capitaines trentemousins
En 1893, le Gouvernement français relance la navigation à voile, menacée par la vapeur, en promulguant la loi des primes à la navigation. De 1897 à 1902, 107 grands voiliers cap-horniers de primes sont construits dans les chantiers nantais. Pour recruter des officiers, les armateurs se tournent logiquement vers Trentemoult. On retrouve à la tête de ces navires qui partent au Chili, en Californie, en Australie, en Nouvelle-Calédonie, au Japon… des capitaines issus de familles de marins : Lesage, Bessac, Boju, Lancelot, Lemerle… D’autres, tels les capitaines Salaün ou Kervégan, viennent de Bretagne pour étudier à Nantes puis s’installent à Trentemoult. Les équipages se constituent en majorité dans les contrées bretonnes, très pauvres à l’époque.
Traversées périlleuses
Sur ces trois mâts d’une centaine de mètres de long, qui peuvent transporter jusqu’à 3 000 tonnes de marchandises (nitrates, charbon, blé, nickel, bois…), 20 à 25 hommes embarquent pour un an. Les traversées sont périlleuses, notamment aux abords du fameux Cap Horn. « C’était excessivement dangereux. Les navires étaient très élégants, mais difficiles à manœuvrer, pas adaptés à une mer dure », relate Frédéric Grellier. Plus de 100 voiliers cap-horniers français firent ainsi naufrage entre 1890 et 1932. Le capitaine Alphonse Kervégan, qui franchit cinq fois le Cap Horn, échappa de justesse à ce funeste sort. En 1906, il éprouva en effet une grande frayeur, sur le Montebello. « Il fit naufrage à l’île Kangourou. Il fut l’un des seuls à s’en sortir et à sauver son équipage », raconte, émue, sa petite-fille, Jacqueline Le Rouzic. « Il dégageait une grande sérénité. C’était son métier, il le faisait avec cœur et courage », poursuit celle qui habite aujourd’hui la maison du capitaine.
En embarquant en 1766 à bord d’un des bateaux de l’expédition Bougainville, Jeanne Barret, travestie en homme, est devenue l’une des premières exploratrices françaises. Experte en supercherie, mais aussi en herboristerie.
Publié le 23 août 2020 à 20h26· Mis à jour le 23 août 2020 à 20h28
Décembre 1766, rade de Rochefort, en Pays de la Loire : on s’active sur le pont de la flûte « l’Etoile »,chargée à bloc de denrées de ravitaillement. Tous les regards se tournent vers ce grand navire dont la vapeur tamise le bleu du ciel. On parle de lui dans les tavernes, les maisons, les fermes, les presbytères. C’est la flûte « l’Etoile » qui s’apprête à faire voile pour le tour du monde ! Pour la première fois, un équipage français va se lancer dans cette expédition.
En retrait, un homme et son jeune valet attendent d’embarquer. Elancé et mince, l’homme, la quarantaine, a le regard sévère. Le jeune garçon à ses côtés est petit, trapu, les joues roses couvertes de tâches de son. Tous deux attendent de monter à bord pour ce périple de deux ans autour du globe, une grande expédition officielle voulue par le roi Louis XV, conduite par Louis Antoine de Bougainville. Au programme : exploration de nouvelles terres,…
Le cap Horn, c’est là où semble s’arrêter la planète, à l’extrême sud de la terre de Feu. Un caillou mythique qui fascine autant qu’il effraie les aventuriers. Pour y arriver, il faut naviguer dans des mers agitées, d’abris en ports. Et pour le découvrir réellement, il faut accoster, puis randonner.
Patricia Oudit Publié le 17/01/2019 à 12h07 – Mis à jour le 18/01/2019
Pourquoi aller là-haut ? Manquer de se faire engloutir par cette lande écossaise marécageuse, qui fait trampoline sous les pieds, crevée de lochs en son sommet, se faire agripper dans ces petites forêts pleines d’arbustes morts, se faire écorcher par des buissons piquants ? Perdre son chemin alors que la vue est dégagée ? En tout cas, il n’y a personne dans le coin. Que des canards sprintant à la surface de l’eau, impuissants comme l’albatros de chez Baudelaire. On y croise aussi des skuas, des caiquenes et autres majestueux volatiles qui se sont arrêtés de voler au bord du monde. C’est normal, après il n’y a plus rien, que le vent qui glace les os en haut de cette île déserte. Le mouillage s’est fait à Caleta Martial, à 9 milles du Horn. On vous reparlera plus loin de ce spot où phoques et otaries assurent discrètement le comité d’accueil.
Au sommet, le soleil passe un rayon timide hors de sa couverture nuageuse et l’âme d’explorateur refait surface avec lui. Combien sommes-nous à avoir vu le cap Horn à l’envers ? Est-ce un titre de gloire ? Pour les marins, le rocher est le témoin muet d’un duel permanent entre les océans Atlantique et Pacifique et signe le bon de sortie de l’enfer, ou le ticket d’entrée, ça dépend du vent, comme disent les Normands. Vu de dos, par la face nord, le cap Horn est une large plaine jaune-brun-ocre qui s’évase sur les côtés et pourrait être transformée en terrain de golf le plus austral de la planète. Un green extrême.
En son sommet, le Horn parlerait plus aux grimpeurs, surtout côté droit, où l’obsédé des ouvertures trouverait sans doute son bonheur dans cette falaise, même si elle n’est pas calcaire. Et pourquoi pas tendre une slackline ? On pourrait peut-être en parler à Andy Lewis, l’athlète américain, pionnier de la discipline. Il trouverait sûrement stupide d’installer une ligne là où le vent décorne les bœufs sans faiblir, mais ça pourrait toutefois l’amuser. Les comparaisons s’arrêtent là. Le Horn, c’est la Tombe du Diable, comme l’écrit l’immense écrivain chilien Francisco Coloane. Découverte du cap Horn en quatre étapes…
Puerto Williams
Avenue Juan Pablo II, sur les coques des bateaux de pêche sont tagués de mots d’amour et des messages. « Boris, te quiero e mi gusta », gravé sur celle du Tormenta II. Les Banksy locaux n’ont pas de murs pour exprimer leur art, les maisons qui bordent les routes en gravier sont de bois et de tôle ondulée. Que peut faire un jeune dans cette ville militaire, où le centre commercial est installé sur une micro-place composée d’une petite dizaine d’échoppes d’artisanat local, dont le best-seller est le bonnet multicolore à pompon tricoté main ? Heureusement, il y a du wi-fi. Les habitants ont donc Facebook et tweetent peut-être. Ils savent probablement vivre sans les réseaux sociaux, mais nous ne saurions vivre comme eux. Eux ont appris qu’il ne faut jamais donner à manger aux chiens errants, sous peine qu’ils ne vous suivent et ne finissent par déféquer sur le pont de votre voilier.
La vie semble dure ici. Le vent balaie la poussière. Un militaire se met au garde-à-vous toutes les heures quand la cloche près de sa petite cahute retentit. Une marina est en phase de construction. Enfin, on ne sait plus vraiment, tant la ville semble être un chantier permanent. Puerto Williams est une escale plus ou moins obligée pour les bateaux en route vers le cap Horn et l’Antarctique. Les marins y trouvent un abri sûr dans sa baie encerclée de sommets enneigés dès le printemps, et le lieu est égayé par les cargos colorés qui y mouillent. Abri, c’est vite dit… Quand le vent souffle à 50 nœuds (environ 90 km/h), il fait claquer les lampadaires à chapeau pointu près des épaves. Il y a peut-être moyen de surfer au large, une bonne grosse houle cap-hornière ? Les Chiliens du coin n’en savent rien. « Ici, il y a surtout des vaches, des moutons à cuire en asado (barbecue local en croix) et des militaires », précise Estefania, 15 ans, rencontrée au supermarché remarquablement approvisionné. « Tu m’étonnes, sans Chipster et sans confiture de lait, on pourrait crever ! Tu me prends comme ami sur Facebook ? Je n’ai pas d’amis français ! », rajoute sa copine Eugenia, qui écoute Beyoncé sur son iPod. Tiens, c’est drôle, on en parlait des militaires, ils tentent un truc fou, un jogging par 50 nœuds de vent, ils se plient beaucoup en avant. On sent qu’ils ont l’habitude des sports extrêmes. On leur souhaite bien du soulagement au retour avec le vent dans le dos. Ils viennent de passer devant le panneau « Paris 15 000 km ». Juste à côté, il y a un autre panneau « voie d’évacuation en cas de tsunami ». On n’avait donc pas tort d’imaginer du surf, et du gros. D’un coup, on est inquiets pour ceux qui vivent dans des baraquements qu’on imagine voler très facilement.
Sur la route, on peut croiser des intrépides. Pablo, militaire évidemment, s’inquiète. Les habitants de Puerto Williams ont perdu le titre si convoité de ville la plus australe de la planète. Un hold-up selon lui. « Soi-disant qu’il n’y avait pas assez d’habitants ici, alors c’est Ushuaïa qui a récupéré l’emblème. Pour nous, c’est un manque à gagner, ça marche bien avec les touristes, l’étiquette “austral”. » Et puis, il y a le Micalvi, bateau de guerre allemand qui s’est échoué penché et a été réaménagé en yacht-club. Comme il y a une connexion wi-fi, très lente, c’est le hot-spot du coin. Au premier étage, on se croirait dans un club anglais du XIXe siècle, ambiance vieux bois foncé. Table à cartes antiques et globe d’un autre siècle trônent en face du gouvernail d’époque d’où on a une vue imprenable sur la proue du navire. Au rez-de-chaussée, c’est plus coloré, des centaines de drapeaux et de tee-shirts tapissent chaque parcelle de mur et de plafond. Tous les marins du monde, amateurs et pros, semblent être passés ici un jour ou l’autre. Ils ont tous écrit des petits mots pour remercier les Chiliens de ce moment inoubliable.
Puerto Toro
Partir de Puerto Williams, c’est dire ciao à la civilisation. Le Horn est à 95 milles nautiques (175 km). Pour le wi-fi et le portable, c’est terminé. Une fois dans le canal Beagle, mince frontière entre l’Argentine et le Chili, à hauteur de l’île Gable, on voit la cordillère Darwin, battue par les vents, celle-là même qui a été traversée d’ouest en est par une équipée d’alpinistes pendant 35 jours (voir l’excellent documentaire de 90 minutes intitulé Sur le fil de Darwin). Sommets saupoudrés. Nuages lenticulaires. Cormorans bruyants. Devant nous, les « Gremlins ». Une paire de rochers que l’on appelle ainsi à cause de leur petit air sournois et méchant qui fait que quelques-uns leur sont rentrés dedans. Au niveau des fourberies locales, il y aussi les kelps, algues géantes et tentaculaires capables de coincer un bateau. L’épave rouillée qui gît juste devant nous est celle du Logos, un bateau-bibliothèque de Mormons qui distribuaient des bibles et qui s’est échoué sur un rocher en face de l’îlot Snipe, le 4 janvier 1988.
En se rapprochant de la baie de Puerto Toro, on se demande qui peut bien vivre là. Puerto Toro, c’est un rocher égaré à 51 kilomètres au sud de Puerto Williams, qui prend rétrospectivement des allures de capitale. Parmi les quelques cabanes où habitent une petite dizaine de pêcheurs, il y a pourtant une école. Avec un instituteur qui fait classe à quatre élèves de 10 à 16 ans. Tous les trois ans, il est relevé, mais pour le moment, c’est lui le maître le plus austral de la planète. En juin, Puerto Toro revit, nous dit-on. Sa baie se remplit alors d’une dizaine de chaluts qui viennent pour repartir ensuite les cales pleines de king crabs, le trésor local qui vaut de l’or sur nos marchés mais qui, ici, s’échange de bateau à bateau, contre deux paquets de cigarettes, un pack de bières et quelques biscuits.
Caleta Martial
La baie de Nassau a mauvaise réputation. C’est une mauvaise fille qui envoie ses marins par le fond avec ses vents déments, imprévisibles, à plus de 90 km/h. On s’imagine sauter à pieds joints dans le canot de sauvetage, surtout bien viser, l’eau est à 3°C, et rallier la côte en tentant de ne pas s’y faire déchiqueter. Ne plaisantons pas trop. Ce jour-là, la baie de Nassau a pris deux hommes, deux marins-pêcheurs. Ce ne seront sûrement pas les seuls du mois. Survol d’hélico dès le lendemain pour les localiser. Un seul passage est effectué. Ces pauvres bougres cherchés mollement allongeront certainement la liste des disparus. « Le naufrage est une sorte de sport national, ici », dédramatise le capitaine. C’est un cercueil, fait d’écueils et de deuils, aurait pu écrire cet amateur de vers en mer. Celle-ci s’est un peu déchaînée pendant quelques heures avant le jeter d’ancre à Caleta Martial. Surprise : une plage de sable blanc et fin et des eaux cristallines. Avec dix degrés de plus, ce serait les tropiques en Écosse. Pourquoi n’y a-t-il pas une seule carte postale disponible de ce spot terrible ? Après avoir épuisé les distractions locales, parties de Scrabble dans le carré et nourrir les skuas sur le pont avec les restes avariés de l’agneau embarqué à bord, il n’y a plus qu’à monter pour voir l’envers du Horn.
Le Horn
A la fin de ce dédale d’archipels, « chaque mille peut être une torture ». Le capitaine du bateau est un poète, décidément. Le Horn, il l’a vu plus de soixante fois. Devant le rocher, il a penché son bateau jusqu’à la limite oblique, quand le vent, qui n’est plus freiné par aucun obstacle, gémit comme un fantôme entre les voiles. Il a vu les lumières blanches de l’Antarctique, à 950 kilomètres de là, éclairer ses voiles de nuit. Mais aujourd’hui, la Tombe du Diable, coupable de plus de 800 naufrages, se montre clémente. On voudrait sonder le fond, pour retrouver ces centaines de mâts plaqués au sol comme des gisants. Le rocher sombre éclairé par la lumière rasante du matin, un albatros qui flotte au-dessus des voiles… Où sont vagues scélérates, vaisseaux fantômes, hordes de pirates ? Esprit du Horn, où es-tu ? Dans le calme ambiant, on se prend à customiser le rocher : une plateforme de cliff-diving à 27 mètres, là, ce serait pas mal… Et y aurait-il assez de marge pour un saut en base-jump de tout là-haut ? Ce n’était qu’un jour sans au cap Horn. Le diable était en RTT. On pensera à revenir pour voir les prédictions du capitaine Robert Mieth prendre corps : « Cape Horn is the place where the devil made the biggest mess he could » («Le cap Horn est le lieu où le diable a créé le plus gros bazar dont il était capable.»)
En 1910, une ambitieuse expédition se met en route pour l’Antarctique. Objectif ? Atteindre pour la première fois le pôle Sud.
En 1910, une ambitieuse expédition se met en route pour l’Antarctique. Objectif ? Atteindre pour la première fois le pôle Sud.
L’explorateur britannique Robert Falcon Scott, en 1910, se met en tête d’entreprendre une ambitieuse expédition en Antarctique. Son rêve : mettre le pied sur des terres inconnues, mener des études scientifiques et surtout devenir par là même occasion le premier homme à atteindre le pôle Sud.
Cette mission avait donc tout d’un énorme challenge. L’année d’avant, un certain Ernest Shackleton avait déjà approché le pôle à moins de 200 kilomètres. Un autre explorateur, le Norvégien Roald Amundsen, avait également des vues sur ce record à battre.
Alors, immédiatement après avoir obtenu des fonds publics et privés, l’expédition britannique (plus populairement appelée l’expédition de Terra Nova, du nom du navire d’approvisionnement) n’a pas perdu de temps et s’est mise en route pour l’Antarctique.
En janvier 1911, le navire atteint la dépendance de Ross, une région glacée située au sud de la Nouvelle-Zélande et dominée par la barrière de Ross, la plus grande barrière de glace de la région. C’est au bord de cette barrière, sur les rives volcaniques de l’île de Ross, que l’expédition a déchargé ses chiens de traîneau, ses poneys, ses traîneaux motorisés ainsi qu’une cabane en bois préfabriquée et isolée grâce à des algues matelassées.
Le Terra Nova, dans toute sa splendeur, 1910.
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Des hommes et des chiens, à bord du Terra Nova, 1910.
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Le matelot Mortimer McCarthy, aux commandes du Terra Nova, 1910.
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Le médecin de bord George Murray Levick écorche un pingouin, en 1910.
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Le 28 décembre 1910, un pingouin traverse une plaque de glace de la dépendance de Ross.
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5 janvier 1911 : le géologue Thomas Griffith Taylor et le météorologue Charles Wright observent leTerra Nova depuis l’intérieur d’une grotte de glace.
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Le 23 janvier 1911, des hommes montent le campement sur le cap Evans. À l’arrière plan de la photo, on aperçoit le volcan du mont Erebus.
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En décembre 1910, le capitaine Lawrence Oates se tient près des poneys dans leur étable, à bord du Terra Nova.
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En 1911, le docteur Edward Wilson en compagnie de Nobby le poney.
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Quelques chiens se reposent près d’un iceberg.
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Le Terra Nova, au loin, en 1911.
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Le Terra Nova, au loin, en 1911.
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Un pingouin empêche le photographe Herbert Ponting de s’approcher de son nid sur l’île de Ross, en 1911.
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Chris le chien à traîneau écoute de la musique, planté devant le gramophone.
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C’est une fois le camp installé que les membres de l’expédition ont pu poursuivre leurs explorations.
7 février 1911 : les hommes réchauffent leurs repas au campement.
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Le docteur Edward Wilson en tenue de traîneau, en avril 1911.
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Le commandant de bord Victor Campbell avait choisi six hommes pour l’accompagner sur le Terra Nova, dans l’espoir de mener des travaux scientifiques sur la terre du Roi-Édouard-VII. Un jour, sur le chemin du retour à leur campement, ils ont été surpris de tomber sur une autre expédition arrivée entre temps : celle de Roald Amundsen, qui avait posé ses valises dans la baie des Baleines.
Encore plus près du pôle
Les deux expéditions ont échangé quelques plaisanteries cordiales, puis Campbell s’est empressé de revenir au camp pour informer Scott de l’arrivée des rivaux. Un peu abasourdi par la nouvelle, Scott a choisi de poursuivre la mission comme prévu et a ordonné le déplacement des cargaisons plus près du pôle.
La manœuvre n’a pas été une partie de plaisir. Presque immédiatement, les complications sont arrivées : violents blizzards, fatigue des chevaux commençant à s’affamer… Seuls deux des huit présents au début de la mission ont d’ailleurs pu survivre.
Le maître-chien Cecil Meares et le capitaine Lawrence Oates cuisinent de la graisse de baleine pour les chiens, en mai 1911. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
Pendant ce temps-là, des groupes de géologues exploraient les régions avoisinantes.
Les 25 hommes de la fête se sont installés dans la hutte, au début de l’hiver en Antarctique, en avril 1911, tuant le temps à lire, étudier et parfois jouer quelques matchs de foot. Scott poursuit, au même moment, ses calculs et ses plans pour organiser le voyage vers le pôle.
Au cours de l’hiver, le docteur Edward Wilson, scientifique en chef, a mené plusieurs hommes dans une sortie pour récupérer des œufs de manchots empereurs dans une colonie de rochers, situé à plus de 100 kilomètres du campement.
Le capitaine Scott, en bout de table, célèbre son 43e anniversaire, le 6 juin 1911. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
12 juillet 1911 : le géologue Frank Debenham écrase des bouts de pierre. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
22 juillet 1911 : le photographe Herbert Ponting dans sa chambre noire. IMAGE: HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
Un traîneau, en 1912. HULTON-DEUTSCH COLLECTION/CORBIS/CORBIS VIA GETTY IMAGES
Apsley Cherry-Garrard, en octobre 1911. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
7 octobre 1911 : le capitaine Scott écrit dans son journal intime. Il a accroché des photos de sa femme et de son fils sur le mur derrière lui. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
8 octobre 1911 : un homme se tient en haut du Matterhorn, avec le volcan Erebus en arrière plan. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
9 octobre 1911 : Henry Robertson Bowers, Lawrence Oates, Cecil Meares, Edward L. Atkinson et Apsley Cherry-Garrard se reposent. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
2 décembre 1911 : Anton Omelchenko se trouve sur le glacier Barne, sur l’île de Ross. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
Janvier 1912, Cecil Meares joue du piano. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
Novembre 1911 : le capitaine Scott prêt à aller vers le pôle Sud. IMAGE: HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES
À l’arrivée du printemps, Scott a établi son plan pour atteindre le pôle Sud. Une première troupe de 16 hommes s’est mise en marche pour la grande barrière de glace, transportant des fournitures et des traîneaux à moteur, des poneys ainsi que des chiens.
Janvier 1912 : le capitaine Scott mène un convoi vers le pôle Sud. HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES
Janvier 1912, un plutôt gelé Charles Wright est revenu au campement après avoir atteint la barrière de Ross. HERBERT PONTING/SCOTT POLAR RESEARCH INSTITUTE, UNIVERSITY OF CAMBRIDGE/GETTY IMAGES
Le 4 décembre, la mission a atteint le bord le plus éloigné de la barrière de Ross et a commencé à grimper le glacier Beardmore.
Le 20 décembre, les hommes atteignent enfin le début du vaste plateau vide qui se trouvait entre eux et le pôle. Les chiens sont alors renvoyés à la base, et le 3 janvier 1912, Scott choisit les quatre hommes qui le rejoindraient dans la partie polaire : le scientifique en chef Edward Wilson, Lawrence Oates, Henry Bowers et Edgar Evans.
Arrivés un mois trop tard
Les cinq derniers hommes poussent alors vers le sud. Le 16 janvier, au milieu d’une immense étendue de néant blanc autour d’eux, ils aperçoivent quelque chose – un drapeau noir flottant sur un traîneau. Une note a été jointe. Amundsen les avait battus d’un mois. Crestfallen, Scott et ses compagnons atteignirent le pôle Sud le lendemain et découvrirent le camp qu’Amundsen avait laissé derrière lui le lendemain.
Le docteur Wilson, les capitaines Scott et Oates, Henry Bowers ainsi que Edgar Evans posent au pôle Sud, le 18 janvier 1912. DOMAINE PUBLIC
18 janvier 1912 : le capitaine Scott trouve une tente noire derrière Amundsen, plantée là un mois plus tôt. HULTON-DEUTSCH COLLECTION/CORBIS/CORBIS VIA GETTY IMAGES
Bien que n’étant pas le triomphe qu’ils avaient imaginé, leur mission avait enfin été menée à bien. Sur cette satisfaction, le groupe décide de retourner au campement. Mais Evans, souffrant de gelures sévères et d’autres blessures, s’effondre et meurt au bord du glacier le 17 février. Les quatre hommes survivants traversent alors la barrière de Ross pour retrouver leurs chiens.
Ceux-ci ne sont pas présents au rendez-vous. Or, les pieds gelés d’Oates ne lui permettent plus de marcher plus d’une dizaine de kilomètres par jour. Le 17 mars, à l’âge de 32 ans, il perd l’usage de ses mains. Conscient d’être un frein pour le groupe, un jour, il assure à ses partenaires sous leurs tentes qu’il sort juste prendre l’air un moment. Il ne reviendra jamais.
« Dehors, la tempête gronde. Je n’ai plus beaucoup d’espoir »
Scott, Bowers et Wilson ont continué, devenant plus faibles et malades tout au long du voyage. Le 20 mars, à seulement une vingtaine de kilomètres du grand campement, ils sont immobilisés par une féroce tempête de neige.
« Nous tentons de rejoindre notre grand campement, mais dehors, la tempête gronde. Je n’ai plus beaucoup d’espoir. Bien sûr, nous allons tout faire pour tenir le choc, mais il faut faire face à l’évidence : nous sommes de plus en plus faibles. Même si le grand campement n’est plus bien loin. Je n’ai pas l’énergie d’écrire davantage. R. Scott. Pour l’amour de Dieu, prenez soin de nos hommes », peut-on lire dans le journal de Robert Falcon Scott, à la date du 23 mars 1912. Ce sera la dernière entrée de son carnet.
Deux semaines tard, les corps de Scott, Wilson et Bowers ont été retrouvés par les hommes restés au campement.
Les membres de l’expédition retournent en Nouvelle Zélande, à bord du Terra Nova, après avoir retrouvé les corps de Scott et de ses coéquipiers. HULTON-DEUTSCH COLLECTION/CORBIS/CORBIS VIA GETTY IMAGES
Étape mythique des grandes traversées, le célèbre Cap Horn. Un lieu chargé en histoire maritime… et en mystères.
Par Julien Baldacchino, source : https://www.radiofrance.fr/franceinter/le-cap-horn-ce-bout-du-monde-qui-fascine-5448157
Le Cap Horn, qui marque le début de la remontée des navires vers la France est le dernier des trois caps que passent les skippers de la célèbre course, après les caps de Bonne-Espérance (au sud de l’Afrique) et Leeuwin (au sud de l’Australie). Il est le point le plus au sud de l’Amérique, à l’extrême sud de l’archipel chilien de la Terre de Feu.
Et c’est, pour tous les skippers, et au-delà, pour tous les navigateurs depuis plusieurs siècles, l’un des passages les plus compliqués du monde entier en mer. Et c’est ce qui fait la renommée du Cap Horn : de nombreux bateaux y ont fait naufrage, et des dizaines de marins y ont perdu la vie.
Vents et vagues
Franchi pour la première fois par Jacob Le Maire et Willem Schouten (qui avaient été financés par la ville hollandaise de Hoorn, qui lui a donné son nom) il y a 400 ans, en 1616, le cap Horn a la particularité de se situer à une latitude de 56° sud.
Soit bien en-dessous de la latitude de 40° au-delà de laquelle les vents sont particulièrement violents (les fameux “Quarantièmes rugissants”). Plus exactement, avec sa latitude, le cap Horn se situe entre les “cinquantièmes hurlants” et les “soixantièmes stridents”.
Et les vents violents donnent lieu, en plus, à des vagues très fortes et des courants importants. Les plus hautes vagues dans la zone peuvent atteindre 30 mètres de haut.
Un cap incontournable jusqu’au XXe siècle
Mais si ce cap est si compliqué à franchir, pourquoi tant de navigateurs s’y sont-ils frottés pendant des siècles ? Parce qu’il n’y avait pas le choix ! Avant la construction du canal de Panama, inauguré en 1914, le sud du Chili était le seul passage entre l’océan Atlantique et le Pacifique. Il existe deux routes : le détroit de Magellan, qui passe entre le sud du continent américain et la Terre de Feu, et le passage de Drake, entre la Terre de Feu et l’Antarctique, près du Cap Horn donc.
Ainsi, l’année 1982, quelque 1.200 voiliers sont par le Cap Horn, essentiellement des navires de commerce. Après 1914 et l’ouverture du canal de Panama, ce nombre n’a cessé de décroître : en 1949, le Cap Horn a vu passer son dernier bateau commercial, le Pamir, un navire allemand.
Aujourd’hui, ce célèbre cap n’est plus franchi que par des navigateurs sportifs qui veulent défier leurs limites. Et il reste une épreuve compliquée : en 2009 par exemple sur le Vendée Globe, le skipper Jean Le Cam a chaviré peu avant d’arriver au Cap Horn, obligeant deux de ses concurrents, Vincent Riou et Armel Le Cléac’h, à se détourner Vendée Globe pour aller à son secours.
Chansons et littérature
Bien qu’il ne soit plus aussi emprunté, le Cap Horn reste un lieu fort pour la culture populaire. Plusieurs chants de marins l’évoquent, et de nombreux ouvrages littéraires, dont beaucoup de récits de voyage (comme Jean Raspail qui a consacré plusieurs livres à la Patagonie et à la Terre de feu).
Enfin, le Cap Horn a aussi laissé sa trace dans l’histoire scientifique : pour écrire son fameux “De l’origine des espèces”, Charles Darwin a fait un tour du monde en bateau pendant cinq ans qui l’a conduit notamment sur la Terre du Feu. Dans Le voyage du Beagle”, il raconte lui aussi son passage épique du Cap Horn.