Cartographie autochtone
Collecte, localisation et mise en forme des cartes composées de toponymes yagan, selknam et haush

Au cœur de l’immensité patagonienne : une exploration au-delà des paysages
Un territoire mythique aux confins du monde
Depuis plus d’une décennie, nos expéditions nous mènent aux extrémités de la planète, là où les cartes marines portent encore la mention énigmatique « non hydrographié ». Des eaux tumultueuses du détroit de Magellan aux labyrinthes glacés des canaux patagoniens, de la Terre de Feu battue par les vents jusqu’au redoutable détroit de Le Maire, chaque mission révèle des paysages d’une beauté sauvage inouïe, sculptés par les forces de la nature.
Ces territoires grandioses, qui s’étendent sur des milliers de kilomètres carrés jusqu’à la Réserve de Biosphère du cap Horn, constituent l’un des derniers sanctuaires sauvages de notre planète. Ici, les glaciers millénaires plongent directement dans les fjords d’un bleu profond, les condors des Andes planent au-dessus de forêts primaires de Nothofagus, et les albatros à sourcil noir défient les cinquantièmes hurlants dans un ballet fascinant avec les éléments.
La cartographie autochtone, héritage invisible des premiers habitants
Pourtant, cette apparente virginité cache une vérité plus complexe et bouleversante. Ces terres que nous parcourons aujourd’hui en quête d’aventure et de découverte furent autrefois celles de civilisations millénaires. Les Selk’nam ou Onas, chasseurs cueilleurs de la steppe fuégienne, les Yagan ou Yámana, navigateurs émérites des canaux fuégiens, et les Haush, gardiens de la péninsule Mitre, avaient développé une connaissance intime de ces environnements extrêmes, transmise de génération en génération pendant plus de 10 000 ans.
Le silence qui règne aujourd’hui sur ces immensités désertes résonne tragiquement du génocide méthodique perpétré entre la seconde moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle. En moins de cinquante ans, des milliers d’âmes ont disparues par la cupidité coloniale, emportant avec elles une sagesse ancestrale, des langues uniques et une vision du monde irremplaçable.
Cette absence criante transforme chaque expédition en pèlerinage mémoriel. Chaque campement établi sous les étoiles australes, chaque mouillage dans une crique oubliée devient une occasion de rendre hommage à ces premiers habitants et de perpétuer leur mémoire.
Une quête scientifique au service de la mémoire
C’est dans cet esprit que notre association a initié depuis 2013 un véritable travail de détective archéologique et ethnographique. Équipés de nos appareils photo, de nos enregistreurs et mircophones haute fidélité et guidés par notre passion de l’exploration, nous nous rendons à pied et en voilier dans les recoins les plus reculés de ces territoires pour écouter ce que les lieux devenus espaces, les vents et les eaux peuvent encore nous raconter.
Cette mission titanesque a déjà porté ses fruits : notre recensement exhaustif a permis d’identifier et de géolocaliser plusieurs milliers d’emplacements de huttes traditionnelles, de campements saisonniers, de sites cérémoniels et de lieux de passage. Chaque coordonnée GPS enregistrée, chaque photographie prise, chaque son capturé constitue une pièce du puzzle géant que nous reconstituons patiemment.
La renaissance d’une géographie humaine rayée de la cartographie officielle
Parallèlement à ce travail de terrain, nous avons constitué une base de données toponymique unique, regroupant plus de 3 000 noms de lieux en langues selk’nam, yagan et haush. Certains de ces toponymes, transmis oralement par les derniers locuteurs avant leur disparition, n’avaient jamais été cartographiés. D’autres, mentionnés dans les carnets d’explorateurs des XIXème et XXème siècles, attendaient d’être relocalisés avec précision.
Cette cartographie sensible révèle peu à peu la richesse insoupçonnée de la géographie humaine fuégienne : ici un promontoire évoquait « la cordilllère de l’infini qui mène vers les ancêtres », là un énorme rocher évoque Kuanip, divinté selk’nam créatrice des humains. Chaque nom raconte une histoire, évoque une légende, témoigne d’une relation intime entre l’homme et son environnement.
Une mission collaborative au service des peuples autochtones
Cette œuvre de mémoire ne pourrait voir le jour sans la collaboration précieuse de nos informateurs locaux : membres des peuples fuégiens, chercheurs passionnés, guides expérimentés qui partagent généreusement leurs connaissances et leur attachement viscéral à ces terres ancestrales.
Ensemble, nous menons un travail archivistique minutieux, croisant les sources historiques, les témoignages oraux, les données ethnographiques et nos observations de terrain. Cette approche pluridisciplinaire permet de redonner progressivement du sens à des territoires que l’histoire officielle avait vidés de leur signification première et de leur âme.
L’appel de l’exploration responsable
Aujourd’hui, ces espaces extraordinaires s’explorent loin des circuits touristiques classiques, ces territoires privatisés ou désertés ne se révèlent qu’aux explorateurs authentiques, prêts à affronter les conditions extrêmes du bout du monde pour vivre une expérience transformatrice.
Rejoindre nos expéditions, c’est participer à cette quête de sens, contribuer à la sauvegarde d’un patrimoine immatériel unique et vivre l’aventure ultime aux confins de la planète. C’est aussi honorer la mémoire des premiers habitants de ces terres et perpétuer leur héritage pour les générations futures.
L’aventure vous appelle. La Patagonie vous attend. Les ancêtres nous guident.


Suivre
Contact
contact@karukinka.eu
+33 2 40 56 31 95
+33 6 72 83 03 94