Expédition 2013
à l’origine de l’association Karukinka
3 mois et demi en autonomie totale
En 2013 Lauriane Lemasson a sillonné la partie argentine de la Terre de Feu, du cap Jólwen (Espiritu Santo, extrême nord) à la baie Lapataia (sud-ouest). Accompagnée par Sébastien Pons pendant trois semaines puis en solitaire, elle a réalisé plusieurs milliers de kilomètres en trois mois et demi, pris plus de 4500 photographies et enregistré une centaine d’heures de paysages sonores d’anciens territoires selk´nam, haush et yagán. Sous ses yeux se sont alternés, au son du vent d’ouest omniprésent, les plaines à perte de vue du nord, les chaînes de montagnes couvertes de forêts vierges quasi-impénétrables, et les baies tantôt accueillantes tantôt hostiles de la rive nord du canal Onashaga (Beagle).
Préparation et déroulement
En amont, la majeure partie du matériel avait été testée en France, et ce dès l’automne 2012. Plusieurs sessions furent organisées en France, dans les Alpes du Nord et dans les Hautes Pyrénées, afin de vérifier la résistance du matériel dans des conditions proches de celles qu’elle allait connaître en Terre de Feu. Enregistreur Nagra, appareil photographiques Leica, microphones Rode, tentes, sacs de couchage, sacs à dos, vêtements… rien n’a été négligé pour assurer sa sécurité, évoluer de manière optimale dans des conditions souvent difficiles, et donc réussir cette première reconnaissance de terrain. A chaque ravitaillement à Ushuaia, Tolhuin ou Rio Grande, Lauriane transmit des données (sons, images et textes) à la petite équipe restée en France et assura un dialogue régulier et riche avec ses partenaires.
Du point de vue scientifique, cette reconnaissance de terrain permit de recueillir des informations d’ordres archéologique, anthropologique, géographique, géologique et ethnologique (Musée Yamana d’Ushuaia, Musée d’Art moderne d’Ushuaia et de Rio Grande, Museo del fin del Mundo d’Ushuaia, Bosque Yatana d’Ushuaia, et la Maison des artisans de Rio Grande). Plusieurs hypothèses scientifiques de Lauriane se sont vues confirmées, en faisant alors naître de nouvelles auxquelles seule une longue période passée sur le terrain permettra de répondre. Elle a également pu accéder à une information d’importance cruciale pour la suite des recherches et qui donna naissance quelques mois plus tard à l’association Karukinka : les peuples yagan, haush et selk’nam sont biens vivants aujourd’hui, certaines personnes étant réunies au sein de communautés et se battant pour faire reconnaître leur existence et mettre fin à la négation dont ces populations sont victimes. Pas de derniers donc, sinon des peuples bien vivants et fiers de leurs cultures.
Au niveau artistique, les photographies, les récits de voyage et les paysages sonores ont donné lieu à plusieurs types de communications, pendant et après la présence de Lauriane sur le terrain. Des images et sélections de récits ont été relayées sur les sites du Leica Store de Paris, sur la page du projet d’exploration sonore « Explora’sons » et sur le site de l’ONG Life Celebration Project (gérée par Yohan Giaume et Richard Vagnon). Des paysages sonores de la Terre de Feu enregistrés par Lauriane ont également été diffusés le 7 mai 2013 lors de son invitation à l’émission « Tout un monde » (France Culture) présentée par Marie-Hélène Fraïssé, et, plus récemment, en 2019 pour le portrait de son travail dans un dossier du magazine Géo et en 2020, pour le podcast « Les ombres de la Terre de Feu » édité par Les Baladeurs.