Le Chili et l’Argentine en sont presque arrivés aux mains pour un empiètement de trois mètres d’un poste militaire argentin en territoire chilien, en Patagonie, aux confins sud des deux pays.

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Paysage hivernal dans les confins sud de la Patagonie chilienne (c) Lauriane Lemasson, 2018

Le président chilien Gabriel BORIC était hier à Paris pour une visite officielle… Il en a profité pour faire une drôle de déclaration destinée à l’Argentine :

« Si les Argentins ne retirent pas leurs panneaux solaires de notre territoire au plus vite, nous nous en chargerons nous-mêmes ! ». Une déclaration qui a d’autant plus surpris que les deux pays se donnent d’ordinaire du « pays frère » et « nation sœur ».

Que s’est-il passé pour en arriver à une telle tension ?

Tout commence le 29 avril dernier, lors de la rénovation d’un « Poste de surveillance et de contrôle maritime » de l’Armée argentine à l’extrême sud du pays, en Patagonie.

Il se trouve que ce territoire battu par les vents australs est partagé depuis le 19esiècle entre les deux pays. Or, ce poste militaire est – à l’agacement permanent des Chiliens, installé pile sur la frontière. Sauf qu’avec ces travaux, ils ont débordé un peu, côté chilien.

Comment ça ils ont débordé « un peu » ?

De trois mètres exactement, et pour y installer des panneaux solaires ! Fureur des Chiliens qui réclament leur retrait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Argentins ne se sont pas pressés : Ils ont d’abord minimisé l’affaire, parlant d’un unique panneau solaire. Puis ils ont tenté d’expliquer que l’erreur était due à l’installateur qui s’est fié au tracé d’une vieille palissade.

Mais, devant le ton glacial adopté par le président chilien hier, le président argentin Milei a tout de même donné l’ordre hier de tout retirer au plus vite.

Les deux pays se sont déjà fait la guerre ?

Les seules fois où Buenos Aires et Santiago ont failli s’affronter, c’est justement en Patagonie au 19e siècle, puis une autre en 1978.

Mais, l’arrivée au pouvoir du président Milei a tendu les relations : à Santiago, le gouvernement est très à gauche alors qu’à Buenos Aires, le président Milei n’a pas de mots assez durs contre le Brésil et la Colombie, eux aussi gouvernés à gauche.

Jusqu’à présent, Gabriel Boric avait été épargné. Peut-être parce que le président chilien a assisté à l’investiture de son homologue argentin le 10 décembre, contrairement au Brésilien Lula et au Colombien Gustavo Petro qui s’étaient fait porter pâle.

Comment expliquer cette poussée de fièvre ?

En fait, il y a un éléphant dans le magasin de porcelaine patagonien : les Etats-Unis. Sitôt arrivé au pouvoir, Javier Milei a retiré son pays des BRICS, cette association de pays du sud-global où l’Argentine côtoyait la Chine et la Russie, pour s’aligner entièrement, complétement, sur Washington.

Une position qui s’est immédiatement traduite, au début de ce mois, par des exercices militaires maritimes conjoints entre les marines argentine et étasunienne. Et, devinez où ? Pile dans cette région de Patagonie.

Le Chili n’a probablement pas apprécié cette démonstration de forces à ses frontières… ni donc les panneaux solaires argentins débordant de trois mètres sur son territoire.

Lien vers la source (France Inter, Radio France) : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-mardi-18-juin-2024-2281691

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