Parlement des Liens : conférence, «Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie» (Libération)

Lauriane Lemasson, musicienne et ethnomusicologue, va réaliser un «portrait sonore de région» dans le cadre du forum du Parlement des Liens organisé à Uzès.

par Didier Arnaud publié le 11 octobre 2022 à 15h43. Lien : https://www.liberation.fr/forums/le-nom-du-lieu-est-le-premier-son-quon-associe-a-notre-lieu-de-vie-20221011_VXFMHZ6WK5DUZPURZ2X6GWWPYM/

Avec quels mots répondre aux grands défis de notre temps ? Pour y répondre, trois jours de débats à Uzès (Gard), du 14 au 16 octobre 2022, organisés par le Parlement des Liens et Libération.

Lauriane Lemasson est musicienne, photographe et… ethnomusicologue, spécialiste de l’étude des musiques du monde, des sons et de leur signification. Dans le cadre du Parlement des Liens à Uzès, avec son collègue Antonin-Tri Hoang, elle va réaliser un «portrait sonore de la région» en captant la musicalité des paysages, des rivières, de certains bois ou forêts avec des espèces remarquables… Dans un second temps, elle travaillera sur le patrimoine historique. Il s’agit de comprendre la vie à Uzès ces vingt dernières années, en récoltant des témoignages autour des projets en cours, passés et à venir. Ici, la région est vallonnée, la roche calcaire. Il y a des vignes et de l’olive. On y pratique des métiers comme la taille de pierre ou la céramique. La région est un gros vivier d’artistes et d’artisans céramistes, détaille Lauriane Lemasson qui ajoute : «L’intérêt d’un portrait sonore de région, c’est aussi d’y inclure les langues locales. On n’obtiendrait pas les mêmes résultats ailleurs.»

Si la musicologue note la «diminution drastique du nombre de locuteurs», elle insiste aussi sur cette revendication nouvelle qui «passe par la langue». «Les gens n’ont plus cette honte du parler rural vis-à-vis du parler urbain, comme le basque et le breton. Il existe un intérêt toujours plus grand pour la préservation et l’enseignement de ces dialectes, qui vont nous expliquer les lieux dans lesquels on vit. Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie. On arrive à comprendre pourquoi tel nom est associé à tel endroit. La carte et la manière dont on nomme le lieu font partie de notre héritage et sont des éléments qui restent.»

La musicologue a longtemps travaillé en Patagonie, où l’une des premières volontés des colons a été d’empêcher la sauvegarde de la langue autochtone. «On ne s’exprime pas de la même manière si on retire cette richesse-là en vous imposant un autre système de pensée.» L’uniformisation et appauvrissement linguistique, «ce sont des savoirs qui se perdent».

Au Chili, la folle croissance de l’industrie du saumon, visée pour ses conséquences sur l’environnement (Le Monde, 7/2/2022)

Salmon cages in San Rafel Bajo, Calbuco On Thursday, September 8th. 2022. Puerto Montt. Chile. Cristóbal Olivares pour Le Monde
CRISTOBAL OLIVARES POUR « LE MONDE »

Par Flora Genoux (Cabulco, Pargua, Puerto Varas (Chili), envoyée spéciale) Publié le 07 octobre 2022 à 06h12, modifié le 07 octobre 2022 à 09h09

Le Chili est le deuxième producteur mondial de saumon, après la Norvège. Ses exportations ont bondi ces dix dernières années.

Sur l’océan gris, lisse comme un drap, quatorze enclos verts : des cages submergées où les saumons sont engraissés. De nouveau, après un bras de mer, sur une eau rendue bleue, cette fois, par un ciel patagonique aux revirements capricieux : dix, puis douze enclos, plus au large. Le long de la même côte, toujours, une usine de fabrication d’aliments pour poissons d’où émane une odeur âcre. Dans la région de Los Lagos (Les Lacs, 1 000 kilomètres au sud de Santiago), l’industrie du saumon d’élevage est omniprésente : la porte d’entrée de la Patagonie chilienne constitue son cœur historique et, en quête d’eaux pour asseoir sa croissance, elle a continué de s’étaler jusqu’à l’extrême sud, dans la région de Magallanes.

Colossal, le secteur représente près de la moitié des exportations alimentaires du pays, selon un rapport du Consejo del salmon (Conseil du saumon, l’une des organisations patronales du saumon). Il s’agit même du deuxième produit d’exportation, après le cuivre, la locomotive d’une économie chilienne aujourd’hui en perte de vitesse (la croissance est attendue à 1,8 % cette année puis 0 % en 2023, sur fond d’inflation). Le marché est florissant : les ventes à l’étranger de saumons et de truites ont bondi de 33 % entre 2012 et 2021, représentant près de 650 000 tonnes et plus de 5 milliards de dollars en 2021, selon Salmon Chile (Saumon Chili, l’autre organisation patronale du secteur, rassemblant 60 % de la production).

Une usine de saumon Aquachile, près du village de Pargua, le 8 septembre 2022.

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