4 août 2025
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Au cœur de la Patagonie chilienne s’étend l’un des passages maritimes les plus emblématiques de la planète : le détroit de Magellan. Cette voie d’eau naturelle de 570 kilomètres, qui sépare la Patagonie continentale de la Terre de Feu, constitue le principal corridor bi-océanique reliant les océans Atlantique et Pacifique. Habité depuis plusieurs millénaires par les peuples autochtones Selknam, Kawesqar et Tehuelches et découvert il y a plus de 500 ans par Ferdinand Magellan, ce passage stratégique continue de fasciner par son histoire exceptionnelle, sa géographie unique et sa biodiversité remarquable.

Histoire et découverte : sur les traces de Magellan

L’expédition historique de 1520

Le 21 octobre 1520 marque une date cruciale dans l’histoire de la navigation mondiale. C’est ce jour-là que l’expédition espagnole menée par le navigateur portugais Ferdinand Magellan découvre l’entrée orientale du détroit qui portera son nom. Parti de Séville en septembre 1519 avec cinq navires et 237 hommes, Magellan recherchait un passage vers les îles Molucas, sources lucratives d’épices.

L’explorateur baptise initialement ce passage “Estrecho de Todos los Santos” (Détroit de Tous les Saints) en référence à la fête religieuse célébrée le jour de sa découverte. Ce n’est qu’après sa mort aux Philippines que Charles Quint, souverain d’Espagne, rebaptise le détroit en l’honneur de son découvreur.

carte detroit de magellan 1520 histoire maritime pigafetta
Carte du détroit par Antonio Pigafetta

Une navigation périlleuse et révolutionnaire

La traversée du détroit par l’expédition de Magellan s’avère particulièrement difficile. Les navigateurs doivent affronter des vents violents, des courants imprévisibles et un labyrinthe de canaux bordés de montagnes enneigées. Antonio Pigafetta, chroniqueur de l’expédition, décrit ce passage comme ayant “110 leguas de long” (environ 440 milles) avec “des ports très sûrs, d’excellentes eaux, du bois de cèdre, du poisson, des sardines, des moules et du céleri”.

Cette découverte révolutionne la navigation mondiale en offrant une alternative au redoutable passage du cap Horn. De nombreuses expéditions furent menées pour faire évoluer les connaissances hydrographiques nécéssaires pour améliorer la sécurité de la navigation; parmis celles-ci, l’expédition de Beauchesne. Avant l’ouverture du canal de Panama en 1914, le détroit de Magellan devint rapidement la principale route maritime reliant l’Europe aux côtes pacifiques des Amériques.

carte du détroit de magellan établie sur les observations de l'expédition beauchesne
Carte du détroit de Magellan (1699) établie sur les observations de l’expédition française de Beauchesne

Géographie et caractéristiques physiques

Dimensions et configuration

Le détroit de Magellan s’étend sur 570 kilomètres de longueur, depuis la pointe Dungeness à l’est jusqu’aux îlots Evangelistas à l’ouest. Sa largeur varie considérablement : elle atteint seulement 2 kilomètres à son point le plus étroit près de l’île Carlos III, tandis qu’elle peut s’élargir jusqu’à 32 kilomètres dans certaines sections.

Les profondeurs du détroit sont remarquables, oscillant entre 28 mètres minimum près de l’île Magdalena et 1,080 mètres maximum au niveau du phare Cooper Key. Cette configuration géologique complexe résulte de millions d’années d’activité tectonique et glaciaire qui ont façonné le paysage patagonique.

Formation géologique

L’origine du détroit remonte au Crétacé tardif, il y a environ 80 millions d’années. Les mouvements terrestres ont créé des fractures aux parois plates qui ont donné naissance aux canaux de patagonie. Durant le Pléistocène, il y a 1,5 million d’années, l’action glaciaire a approfondi et élargi ces passages naturels.

Cette histoire géologique explique la morphologie unique du détroit, caractérisée par des fjords profonds, des îles rocheuses et des canaux tortueux qui créent un véritable labyrinthe maritime.

Climat et conditions de navigation

Ce passage maritime historique présente des conditions météorologiques particulièrement exigeantes pour la navigation. Le climat subantarctique se caractérise par des vents d’ouest persistants, souvent appelés “williwaw” (un mot kawésqar), qui peuvent atteindre des vitesses de plus de 100 nœuds (185 km/h).

Ces vents descendant des montagnes côtières (vents catabatiques) créent des rafales violentes et imprévisibles, rendant la navigation périlleuse. Les températures varient généralement entre -5°C et 15°C, avec des précipitations fréquentes et une visibilité souvent réduite par le brouillard.

Les peuples autochtones : premiers gardiens du détroit

Bien avant que Ferdinand Magellan ne découvre ce passage maritime en 1520, le détroit et ses environs étaient habités depuis plus de 11,000 ans par différents peuples autochtones. Ces premiers habitants avaient développé des cultures complexes et diversifiées, parfaitement adaptées aux conditions extrêmes de la Patagonie australe. Trois groupes ethniques principaux coexistaient dans cette région : les Kawésqar, les Tehuelche (Aónikenk) et les Selknam.

Homme selk'nam assis avec son arc, et une femme kawésqar et son enfant
Photographies des archives salésiennes : un homme selknam assis avec son arc, et une femme kawésqar avec son fils

Ces peuples originaires possédaient une connaissance approfondie du territoire et naviguaient déjà ces eaux difficiles des siècles avant l’arrivée des Européens. C’est d’ailleurs leurs feux de camp, observés par l’expédition de Magellan, qui donnèrent son nom à la “Tierra del Fuego” (Terre de Feu).

Avant de s’appeler “détroit de Magellan” et dans le cadre des activités de reconstruction des cartographies autochtones de l’association Karukinka, l’une des transcriptions du nom selknam de ce passage entre le continent et la Terre de Feu est Hatitelen. Pour en savoir plus sur ce projet, rdv ici : https://karukinka.eu/fr/cartographie-autochtone-toponymes-yagan-selknam-haush/

Les Kawésqar : nomades des canaux

Les Kawésqar ou Kawashkar, également appelés à tords Alacalufs par les navigateurs européens, constituent l’un des peuples des canaux patagoniques. Nomades des mers, ils parcouraient en canoës les canaux et fjords entre le golfe de Penas et le détroit de Magellan depuis environ 6,000 ans.

Mode de vie et territoire

Le territoire kawésqar s’étendait sur une zone immense, comprenant la partie occidentale du détroit, l’île Wellington, l’île Santa Inés et l’île Desolación. Ces navigateurs exceptionnels vivaient pratiquement sur leurs embarcations, des canoës construits en écorce d’arbre qui leur permettaient de se déplacer à travers le labyrinthe de canaux patagons.

Leur société était organisée en petits groupes familiaux qui se déplaçaient constamment en quête de ressources marines. Ils se nourrissaient principalement de loups marins, mollusques, poissons et collectaient également des cholgas (moules géantes pouvant atteindre 17 cm). Leur nom signifie littéralement “personne” ou “être humain” dans leur langue.

Spiritualité et rituels

Les Kawésqar possédaient un système de croyances centré sur Xólas, être créateur omnipresent et céleste. Leurs rituels complexes impliquaient des cérémonies où les femmes se rassemblaient dans des chozas spécialisées, le corps peint, pour communier avec les forces spirituelles.

L’utilisation de peinture corporelle constituait un élément central de leur culture, particulièrement lors des cérémonies religieuses et des rituels de passage/initiatiques. Ces pratiques révélaient une cosmovision sophistiquée adaptée à leur environnement maritime extrême.

Les Tehuelche (Aónikenk) : géants de la steppe continentale

Les Aónikenk, branche la plus australe du groupe Tehuelche, occupaient les vastes steppes patagoniennes entre le río Santa Cruz et le détroit de magellanique. Ces chasseurs-cueilleurs nomades furent les premiers autochtones rencontrés par l’expédition de Magellan en 1520.

Les “Géants patagons”

Les navigateurs européens furent impressionnés par la stature imposante des Aónikenk, qui mesuraient généralement plus d’1,80 mètre, soit une taille remarquable comparée aux Européens de l’époque (moins d’1,65 mètre). Cette différence physique donna naissance au mythe des “géants patagons” et au nom même de Patagonie.

Le terme “Patagón” fut créé par Antonio Pigafetta en référence au géant Pathoagon, personnage de roman de chevalerie, marquant ainsi l’imaginaire européen. Les Aónikenk se désignaient eux-mêmes comme “aonek’enk”, signifiant “gens du sud”.

Organisation sociale et territoire

La société aónikenk était fondamentalement égalitaire, organisée en bandes de chasseurs-recolecteurs qui se déplaçaient à pied à travers leurs territoires de chasse. Ils possédaient une connaissance détaillée de leur environnement et établissaient périodiquement leurs campements (aike) dans des lieux stratégiques.

Leur territoire était divisé zones de chasse familiales aux limites géographiques clairement établies. La transgression de ces territoires pouvait provoquer des conflits entre groupes, démontrant l’importance de l’organisation spatiale dans leur société.

Les Selknam : gardiens de la Terre de Feu

Les Selknam, également appelés Onas par leurs voisins Yagans, habitaient la grande île de la Terre de Feu et représentaient l’une des cultures les plus sophistiquées de la région. Arrivés à pieds sur l’île avant la fin de la dernière glaciation, alors que le détroit était encore fermé par les glaces, ils développèrent une société complexe avec des rituels élaborés.

Organisation territoriale et sociale

La société selknam était structurée autour de lignages habitant des territoires communs appelés haruwen. L’île était divisée en plusieurs de ces territoires, regroupés en sept “cielos” (cieux), divisions majeures à caractère exogamique qui obligeaient les membres d’un groupe à se marier avec des personnes d’un autre.

Cette organisation complexe révélait une société hautement stratifiée où chaque élément de la nature était associé à des ancêtres mythiques et à des territoires spirituels spécifiques.

La cérémonie du Hain

Le rituel le plus remarquable des Selknam était la cérémonie du Hain, complexe initiation masculine qui pouvait durer plusieurs mois. Cette cérémonie servait à initier les jeunes à l’âge adulte tout en maintenant la domination masculine au sein de la société selk’nam, à travers une représentation théâtrale sophistiquée.

Durant le Hain, les hommes adultes se déguisaient en esprits en utilisant des peintures corporelles élaborées et des masques, terrorisant les femmes qui devaient croire en la réalité de ces manifestations surnaturelles. Les Selknam utilisaient uniquement trois couleurs : noir (charbon et cendre), blanc (argile blanche) et rouge (ocre).

Tanu, l'une des divinités représentée lors du Hain, rituel selknam
Tanu, l’une des divinités représentées durant le Hain, rituel initatique des jeunes hommes selknam (photographie de Martin Gusinde)

Chamanisme et spiritualité

Les chamanes selknam, appelés xo’on, jouissaient d’un grand prestige social. Ils entraient en transe par des chants prolongés, leur âme tentant d’ascendre vers l’un des “cielos” pour obtenir leur pouvoir spirituel. Ces pratiques chamaniques témoignaient d’une spiritualité complexe connectée à leur cosmovision territoriale.

Impact de la colonisation et génocide

L’arrivée de la colonisation européenne au XIXe siècle marqua le début d’une tragédie humaine sans précédent pour ces peuples. La colonisation chilienne et argentine, avec l’établissement d’estancias ovines et le développement de l’industrie baleinière, déclencha un véritable génocide contre les populations autochtones.

L’extermination systématique

Entre 1870 et 1900, les autorités chiliennes et argentines organisèrent des campagnes d’extermination contre les peuples patagons et fuégiens. Les estancieros payaient des primes pour les oreilles d’autochtones tués, transformant la chasse à l’homme en activité lucrative.

La population selknam, estimée à plus de 3,000 personnes en 1896, chuta dramatiquement à 279 en 1919 selon l’ethnologue Martín Gusinde, puis à seulement 25 en 1945 selon les chiffres officiels. Ces chiffres se doivent d’être pris avec beaucoup de précautions puisqu’ils prennenent en compte l’un des filtres de l’époque, le métissage, et la nécéssité de ne pas revendiquer d’appartenance autochtone pour se protéger.

Exhibitions humaines

L’humiliation culmina avec l’exhibition de groupes d’autochtones dans les “zoos humains” européens et sudaméricains. Entre 1878 et 1900, des représentants des peuples Tehuelche, Selknam et Kawésqar furent capturés pour être exposés comme des curiosités. Beaucoup ne survécurent pas à ces exhibitions dégradantes, l’une des expressions les plus abjectes du colonialisme et fondement même du racisme.

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M. Maître et plusieurs personnes Selknam capturées en accord avec les autorités chiliennes pour être exhibées lors des zoos humains organisés en Europe (1889)

Renaissance et reconnaissance contemporaine

Malgré les tentatives d’extermination, ces peuples ne sont pas totalement éteints. Une renaissance culturelle et politique remarquable s’observe depuis les dernières décennies.

Reconnaissance officielle

L’Argentine reconnut officiellement les Selknam en 1994, tandis que le Chili les reconnut en 2023 par la loi 21.606. Le recensement argentin de 2010 révèle l’existence de 2,761 personnes s’identifiant comme Selknam, dont plus de 294 vivent en Terre de Feu. Au Chili, 1,144 personnes se déclarent Selknam selon le recensement de 2017.

Les Kawésqar sont reconnus par la loi indígena 19.253 depuis 1993 et s’organisent en 14 Communautés Indigènes. Selon le recensement chilien de 2017, 3,448 personnes se déclarent Kawésqar.

Recherche et réhabilitation

Des universités chiliennes, notamment l’Universidad de Magallanes et l’Universidad Católica Silva Henríquez, mènent des recherches pour documenter l’histoire réelle de ces peuples. Ces travaux révèlent que les Selknam étaient plus nombreux qu’estimé précédemment et remet en question les narratifs historiques établis par les colonisateurs.

Cette renaissance culturelle témoigne de la résilience extraordinaire de ces peuples qui, malgré un génocide systématique, maintiennent vivante leur identité et revendiquent leur place dans l’histoire du détroit de Magellan.

Biodiversité et écosystèmes marins

Faune marine exceptionnelle

Le détroit de Magellan abrite une biodiversité marine remarquable qui en fait l’une des zones les plus riches de l’hémisphère sud. Les eaux froides et riches en nutriments favorisent le développement d’un écosystème unique où prospèrent de nombreuses espèces endémiques.

Les manchots de Magellan

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Manchots de Magellan sur l’île Magdalena

L’île Magdalena, située à 32 kilomètres au nord-est de Punta Arenas, héberge la plus importante colonie de manchots de Magellan (Spheniscus magellanicus) du détroit. Cette colonie compte environ 50,000 couples reproducteurs qui se rassemblent chaque année entre octobre et mars pour la saison de reproduction.

Ces manchots, nommés en l’honneur de Ferdinand Magellan qui les observa en 1520, peuvent mesurer jusqu’à 76 centimètres et peser entre 2,7 et 6,5 kilogrammes. Ils se distinguent des autres espèces par leurs deux bandes noires caractéristiques sur la poitrine.

Mammifères marins

Le détroit accueille également une riche population de mammifères marins. Les baleines à bosse fréquentent particulièrement l’aire marine protégée Francisco Coloane, créée spécifiquement pour leur conservation. Cette zone constitue l’un des meilleurs sites d’observation de cétacés au monde.

Les lions de mer d’Amérique du Sud (Otaria flavescens) et les éléphants de mer du Sud établissent leurs colonies sur les îles rocheuses du détroit. L’île Marta, proche de l’île Magdalena, abrite plus de 1,000 lions de mer ainsi que diverses espèces d’oiseaux marins.

otaries à fourrure canaux de patagonie biodiversite subantarctique patagonie chilienne
Petite colonie d’otaries à fourrure (Otaria flavescens) en Patagonie chilienne

Diversité aviaire

Les eaux du détroit attirent de nombreuses espèces d’oiseaux marins. Les cormorans impériaux, les albatros à sourcils noirs, les pétrels géants antarctiques et les majestueux condors des Andes survolent régulièrement ces eaux.

Flore terrestre et écosystèmes côtiers

La végétation des côtes du détroit reflète l’adaptation remarquable de la flore aux conditions climatiques extrêmes de la Patagonie. Les forêts de Nothofagus, comprenant le coigüe de Magellan (Nothofagus betuloides), le lenga (Nothofagus pumilio) et le ñirre (Nothofagus antarctica), dominent les paysages boisés marqués par l’anémomorphose.

Patagonia is a massive, untouched, wind blown and raw land of southern South America. It is typically divided into three principle sections: northern, central, and southern. The climate of southern Patagonia is most extreme. On the Chilean side it is heavily influenced by the close proximity of the ocean. Antarctic currents with average temperatures of 4°C flow past the coast and violent westerlies bring the famous Patagonia wind along with staggering quantities of snow or rain.
Un hêtre impacté par les vents de Patagonie, Estrecho de Magallanes, Chili

Dans les zones plus exposées se développent des matorrals composés de romerillo (Chiliotrichum diffusum), de chaura (Pernettya pumila) et du célèbre calafate (Berberis microphylla), arbuste à petits fruits emblématique de Patagonie. La région abrite également une diversité exceptionnelle de mousses et lichens, véritables forêts miniatures de bryophytes emblématiques de ces écosystèmes subantarctiques.

Pilotage obligatoire et sécurité maritime

Depuis 1978, la navigation dans le détroit de Magellan requiert un pilotage obligatoire pour tous les navires commerciaux. Cette mesure, mise en place par l’autorité maritime chilienne, vise à garantir la sécurité dans ces eaux difficiles et à préserver l’environnement marin exceptionnel.

Les pilotes embarquent généralement à la baie Posesión pour l’entrée orientale et accompagnent les navires jusqu’à la sortie occidentale près des îlots Evangelistas. Ce service de pilotage s’appuie sur un réseau de phares et de stations de contrôle du trafic maritime répartis tout au long du détroit. Le site de l’Armada chilienne DIRECTEMAR fournit les détails de ces aides à la navigation.

Renaissance économique et géopolitique

Contrairement aux prédictions pessimistes suivant l’ouverture du canal de Panama, le détroit de Magellan connaît aujourd’hui une renaissance stratégique remarquable. L’Armada du Chili rapporte une augmentation de 25% du trafic maritime en 2024 par rapport à l’année précédente, avec une projection d’augmentation de 70% pour l’ensemble de l’année.

Cette croissance s’explique par plusieurs facteurs convergents : les tensions géopolitiques mondiales, les limitations du canal de Panama face aux navires de grande taille, et l’émergence de l’Asie-Pacifique comme centre économique mondial. La route du détroit présente l’avantage d’être 390 milles nautiques plus courte que le passage par le cap Horn, économisant environ 32 heures de navigation.

Le potentiel de l’hydrogène vert

La région de Magallanes se positionne actuellement comme un acteur majeur de l’hydrogène vert grâce à ses conditions climatiques exceptionnelles. Les vents constants et puissants du détroit offrent un potentiel éolien capable de produire sept fois la capacité actuelle de la matrice électrique chilienne.

Ce développement controversé transformerait le détroit en corridor énergétique stratégique pour l’approvisionnement mondial en hydrogène vert. Les investissements chinois et japonais dans la région témoignent de l’intérêt international croissant pour cette nouvelle activité économique.

Tourisme et découverte

Croisières et observation de la faune

Le détroit de Magellan s’est imposé comme une destination touristique de premier plan, attirant près de 77,691 passagers lors de la saison 2024-2025. Punta Arenas, principal port de la région, accueille 175 croisières de 47 navires différents, positionnant la région comme le principal système portuaire chilien pour le tourisme de croisière.

Les excursions vers l’île Magdalena représentent l’activité touristique phare. Ces navigations d’une demi-journée permettent aux visiteurs d’observer les manchots de Magellan et les baleines dans leur habitat naturel, accompagnés de guides spécialisés qui partagent leurs connaissances sur la biologie et le comportement de ces oiseaux et cétacés remarquables.

Tourisme antarctique

Le détroit constitue également la porte d’entrée privilégiée vers l’Antarctique. Plus de 60% des croisiéristes (47,222 passagers) optent pour des programmes antarctiques, faisant de Punta Arenas et Puerto Williams les points de départ principaux de ces expéditions polaires via le passage de Drake.

punta arenas route commerciale atlantique pacifique naturelle et transit maritime international
Vue sur la ville de Punta Arenas, une escale pour le transit maritime international (Province de Magallanes, Chili, Amérique du Sud)

Cette spécialisation renforce la position stratégique de la région dans le tourisme polaire international, avec des infrastructures adaptées aux standards de l’Association Internationale des Opérateurs Touristiques Antarctiques (IAATO).

Conservation et défis environnementaux

Aires protégées marines

La conservation de l’écosystème unique du détroit s’appuie sur plusieurs aires marines protégées. Le parc marin Francisco Coloane constitue le premier parc marin du Chili, créé spécifiquement pour protéger les cétacés et leur habitat.

Le Monument Naturel Los Pingüinos, établi en 1982, protège les îles Magdalena et Marta ainsi que leur faune exceptionnelle. Ces mesures de conservation visent à préserver l’équilibre écologique tout en permettant un tourisme durable.

Enjeux climatiques

Le changement climatique représente un défi majeur pour l’écosystème du détroit. Les modifications des courants marins, l’évolution des températures et les changements dans la distribution des espèces nécessitent une surveillance scientifique constante.

La région de Magallanes fait l’objet d’études approfondies pour comprendre l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité subantarctique. Ces recherches contribuent à la compréhension globale des changements environnementaux dans les régions polaires.

Un passage d’avenir

Le détroit de Magellan incarne parfaitement la rencontre entre l’histoire et l’avenir, entre la préservation et le développement. Ce passage mythique, découvert il y a plus de cinq siècles, retrouve aujourd’hui une importance stratégique majeure dans un monde en transition énergétique et géopolitique.

Corridor bi océanique unique et sanctuaire d’une biodiversité exceptionnelle, le détroit de Magellan s’affirme comme l’un des espaces les plus fascinants de notre planète. Sa capacité à concilier développement économique, préservation environnementale et rayonnement touristique en fait un potentiel modèle pour les régions polaires du XXIe siècle.

Pour les voyageurs en quête de découvertes exceptionnelles, ce passage maritime offre une expérience inoubliable à l’extrême sud de la Patagonie, avec une rive continentale et l’autre insulaire. Entre histoire maritime, faune extraordinaire et paysages grandioses, ce passage légendaire continue d’écrire les plus belles pages de l’aventure humaine aux confins du monde.

Bibliographie – Le Détroit de Magellan

Article publié par l’association Karukinka – 4 août 2025


Sources Historiques et Exploration

 Revista de Marina (2025). La incorporación del estrecho de Magallanes. Article de revue maritime. Disponible en ligne : https://revistamarina.cl/articulo/la-incorporacion-del-estrecho-de-magallanes

 Wikipedia Contributors (2003-2025). Strait of Magellan. Encyclopedia Britannica Online. https://en.wikipedia.org/wiki/Strait_of_Magellan

 National Geographic España (2025). Fernando de Magallanes y la insaciable búsqueda del Estrecho. Historia National Geographic. https://historia.nationalgeographic.com.es/a/fernando-magallanes-insaciable-busqueda-estrecho_7378

 Encyclopædia Britannica (1998-2025). Strait of Magellan: Location, Map, Importance, Climate, & Facts. Encyclopedia Britannica. https://www.britannica.com/place/Strait-of-Magellan

 Memoria Chilena (2000). Navegantes europeos en el estrecho de Magallanes. Biblioteca Nacional de Chile. https://www.memoriachilena.gob.cl/602/w3-article-641.html

 Google Arts & Culture (2024). Estrecho de Magallanes: la frontera de agua. Exposition virtuelle collaborative. https://artsandculture.google.com/story/estrecho-de-magallanes-la-frontera-de-agua/OgVBx7rjDX9OLQ


Géographie et Géologie

 WorldAtlas (2021). Strait Of Magellan. Atlas géographique mondial. https://www.worldatlas.com/straits/strait-of-magellan.html

 Wikipedia Colaboradores (2004-2025). Estrecho de Magallanes. Wikipedia, la enciclopedia libre. https://es.wikipedia.org/wiki/Estrecho_de_Magallanes

 Revista Mittofire (2019). El Estrecho de Magallanes – Origen geológico (Parte 1). Publication scientifique régionale. https://mittofire.com/origen-geologico-del-estrecho-de-magallanes-parte-1/

 iMariners (2023). Everything You Need to Know About the Strait of Magellan. Guide maritime professionnel. https://imariners.com/strait-of-magellan/

 DIRECTEMAR (2022). Generalidades del Estrecho de Magallanes. Dirección General del Territorio Marítimo y de Marina Mercante, Chile. https://www.directemar.cl/directemar/generalidades-del-estrecho-de-magallanes

 Marine Insight (2024). 5 Strait of Magellan Facts You Must Know. Maritime Knowledge Platform. https://www.marineinsight.com/know-more/5-strait-of-magellan-facts-you-must-know/


Peuples autochtones

Sources générales

Peuple Kawésqar

Peuple Tehuelche-Aónikenk

Peuple Selknam

Chamanisme et spiritualité

Contexte colonial et génocide


Faune et Biodiversité

 Ladera Sur (2020). Los pioneros vegetales del Estrecho de Magallanes. Revista de montaña y naturaleza. https://laderasur.com/fotografia/los-pioneros-vegetales-del-estrecho-de-magallanes/

 The Modern Postcard (2021). Magdalena Island and the Magnificent Magellanic Penguins. Guide touristique Punta Arenas. https://www.themodernpostcard.com/punta-arenas-chile-magdalena-island-the-magnificent-magellanic-penguins/

 AFAR Media (2022). Wildlife in the Strait of Magellan. Guide de voyage spécialisé. https://www.afar.com/places/strait-of-magellan-e7d95066-c6bf-4619-971d-650efbca0c6a

 Parque del Estrecho de Magallanes (2025). Flora y Fauna. Site officiel du parc national. https://parquedelestrecho.cl/flora-y-fauna-2/

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 Swoop Patagonia (2015-2025). See Penguins in Chile & Argentina. Guide spécialisé Patagonie. https://www.swoop-patagonia.com/visit/wildlife/penguins

 Howlanders Travel (2025). Navegación Isla Magdalena e Isla Marta. Opérateur touristique Punta Arenas. https://www.howlanders.com/es/tours-chile/punta-arenas/navegacion-isla-magdalena

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 Colegio Sofia Infante Hurtado (2021). Manual Flora Nativa de Magallanes. Guide pédagogique régional (PDF). https://www.colegiosofiainfantehurtado.cl/wp-content/uploads/2021/06/Manual-Flora-Nativa-de-Magallanes.pdf


 Mundo Marítimo (2025). Puerto de Punta Arenas y el Estrecho de Magallanes aumentan su importancia para el transporte marítimo global. Publication maritime spécialisée. https://www.mundomaritimo.cl/noticias/puerto-de-punta-arenas-y-el-estrecho-de-magallanes-aumentan-su-importancia-para-el-transporte-maritimo-global

 Armada de Chile (2025). Autoridad Marítima de Punta Arenas y el paso del “Boka Vanguard” por el Estrecho de Magallanes. Communiqué officiel de la marine chilienne. https://www.armada.cl/noticias-navales/seguridad-e-intereses-del-territorio-maritimo/autoridad-maritima-de-punta-arenas-y-el-paso-del-boka-vanguard-por-el

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 GetBoat Blog (2025). Sailing the Strait of Magellan – Ultimate Boater’s Navigation Guide. Guide technique de navigation. https://blog.getboat.com/travel-tips-advice/sailing-the-strait-of-magellan-navigation-guide/

 DIRECTEMAR (2008). Sailing along strait of magellan or drake passage. Guide technique bilingue. https://web.directemar.cl/pilotaje/pageb.html

 DIRECTEMAR (2000). Pilotaje por el estrecho de magallanes, canales y fiordos chilenos. Manuel de pilotage maritime. https://web.directemar.cl/pilotaje/paginab.html


Climat et Météorologie

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 Sea Temperature Info (2025). Pronóstico del tiempo Estrecho de Magallanes. Service météorologique maritime. https://seatemperature.info/es/estrecho-de-magallanes-prevision-del-tiempo.html

 Wikipedia Colaboradores (2009-2025). Williwaw. Encyclopédie des phénomènes météorologiques. https://es.wikipedia.org/wiki/Williwaw


Tourisme et Croisières

 Chile Excepcion (2025). Observation des baleines du détroit de Magellan en Patagonie. Opérateur touristique spécialisé. https://www.chile-excepcion.com/circuits-chili/escapades-chili/baleines-detroit-magellan-patagonie

 InterPatagonia (2025). Magdalena and Santa Marta Islands. Guide touristique Punta Arenas. https://www.interpatagonia.com/puntaarenas/navigation-magdalena-santa-marta-islands.html

 ITV Patagonia (2025). Magallanes cierra temporada de cruceros 2024-2025 con un total de 77 mil pasajeros. Média régional – statistiques touristiques. https://www.itvpatagonia.com/noticias/regional/25-04-2025/magallanes-cierra-temporada-de-cruceros-2024-2025-con-un-total-de-77-mil-pasajeros/


Économie et Développement

 Liga Marítima de Chile (2025). “El Estrecho de Magallanes es una joya en bruto”. Association maritime professionnelle. https://www.ligamar.cl/el-estrecho-de-magallanes-es-una-joya-en-bruto

 TRT Global Español (2024). ¿Por qué el estrecho de Magallanes es un paso estratégico en el comercio mundial?. Analyse géopolitique internationale. https://trt.global/espanol/article/1493351100

 Revista de Marina (2025). Estrecho de Magallanes e hidrógeno verde, gran potencial económico. Publication navale officielle. https://revistamarina.cl/articulo/estrecho-de-magallanes-e-hidrogeno-verde-gran-potencial-economico

 SP Logistics (2025). Punta Arenas y Estrecho de Magallanes ganan relevancia en el transporte marítimo global. Analyse logistique spécialisée. https://web.splogistics.com/blog/post/1135/punta-arenas-y-estrecho-de-magallanes-ganan-relevancia-en-el-transporte-maritimo

 BioBío Chile (2025). El estrecho de Magallanes como gran corredor bioceánico de Chile. Article d’opinion stratégique. https://www.biobiochile.cl/noticias/opinion/columnas-bbcl/2025/06/05/estrecho-magallanes-corredor-bioceanico-estrategia-chile.shtml

 Memoria Chilena (2002). Punta Arenas y la economía magallánica (1848-1950). Archives historiques nationales. https://www.memoriachilena.gob.cl/602/w3-article-784.html

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