Les corps de cinq d’entre eux, exhibés dans des zoos européens à la fin du XIXe siècle, viennent d’être rendus à leur terre, en Patagonie.
DE PUERTO ÉDEN (CHILI), Robert Mur pour la Vanguardia-Barcelone (Courrier International)
Ici, il n’y a pas de rues, juste une longue passerelle de bois face aux habitations précaires de l’une des localités les plus reculées du Chili. A une journée de bateau de Puerto Natales, Puerto Edén est situé sur l’île Wellington, au milieu des canaux patagoniens. Sa population n’atteint pas 300 habitants, parmi lesquels les onze derniers représentants d’un peuple en voie d’extinction, les Kawésqars.
Cette ethnie oubliée est sortie pendant quelques heures de son ostracisme : le 12 janvier, les squelettes de cinq de ses membres ont été rapatriés en avion depuis la Suisse vers Santiago, où ils ont été reçus en grande pompe [lors d’une cérémonie présidée par la présidente du Chili, Michelle Bachelet] avant d’être acheminés vers leurs terres ancestrales.
En 1881, onze Indiens Kawésqars étaient capturés comme des animaux par une expédition allemande et emmenés en Europe pour être exhibés au Jardin d’acclimatation de Paris et au zoo de Berlin. Après une tournée en Allemagne, ils ont fini leurs jours à Zurich, où ils n’ont pu survivre longtemps.
En 2007, des chercheurs travaillant sur ces “zoos humains” – qui firent florès en Europe au XIXe siècle – ont retrouvé la trace de cinq de ces Indiens à l’université de Zurich. Après de nombreuses démarches, leurs dépouilles ont été autorisées à regagner leur terre d’origine. Grethe, Lise, Piskouna, Henry et Capitan (des noms donnés par leurs ravisseurs) ont été emmenés en avion de Santiago à Punta Arenas. Dans la capitale de la Patagonie, la veillée funèbre a duré jusqu’au lendemain, puis les dépouilles ont été transportées à bord d’un bâtiment de la marine vers l’île Karukinka, dans le détroit de Magellan. Là, les membres de la communauté kawésqar, dans le cadre d’un rite réservé, sans témoins non indiens, les ont déposés au fond de cavernes, dans leurs paniers de joncs, comme le veut la tradition.
Angel Acuña, professeur d’anthropologie sociale à l’université de Grenade, étudie le peuple kawésqar sur le terrain. Il n’est pas optimiste quant à leur avenir. “Il n’y a pas plus de dix personnes qui peuvent se faire comprendre en kawésqar, explique-t-il. Et, hormis un couple qui la parle en privé, personne ne pratique cette langue au quotidien. […] Dans les institutions chiliennes, je n’ai vu aucune initiative vraiment efficace pour faire renaître la culture kawésqar. On ne peut même plus parler de préservation, car la culture de ce peuple autochtone a disparu il y a des années.”
Jusqu’à l’arrivée de l’exterminateur blanc, les Kawésqars naviguaient dans les fjords glacés de Patagonie. Ils y ramassaient des fruits de mer et capturaient des phoques dont ils tiraient leurs vêtements et leur combustible. Aujourd’hui, la peau de phoque sert à recouvrir artisanalement les petits canoës que des vieillards, les derniers Kawésqar, vendent comme souvenirs pour 2 000 pesos [moins de 3 euros], dans des échoppes installées sur la passerelle, aux touristes en croisière qui font escale une fois par semaine à Puerto Edén.
SommaireMardi 28 Janvier 2025 : départ de l'expédition en voilier dans les canaux de Patagonie chilienneMercredi 29 Janvier 2025 : en attendant les formalités -> randonnée sur l'île Navarino !Jeudi 30 Janvier 2025 : cap à l'Ouest dans le canal Beagle, vers l'île...
La cordillère Darwin représente l'une des dernières frontières sauvages de notre planète, un massif montagneux d'une beauté saisissante mais d'une hostilité redoutable, situé à l'extrême sud-ouest de la Terre de Feu chilienne. Cette chaîne de montagnes, connue des...
Au cœur de la Patagonie chilienne s'étend l'un des passages maritimes les plus emblématiques de la planète : le détroit de Magellan. Cette voie d'eau naturelle de 570 kilomètres, qui sépare la Patagonie continentale de la Terre de Feu, constitue le principal corridor...
La réserve de biosphère de Cabo de Hornos (Réserve naturelle cap Horn), établie en 2005, constitue l’une des aires protégées les plus méridionales et les plus vastes du globe, couvrant plus de 4 884 000 hectares de terres et d’eaux australes. Elle concentre des...
Le cap Horn (Cabo de Hornos en espagnol, Kaap Hoorn en néerlandais, Loköshpi en langue yagan) représente bien plus qu'un simple point géographique. Situé à 55°58' de latitude sud et 67°16' de longitude ouest, ce promontoire...
Une entreprise spécialisée dans le développement de programmes environnementaux et la gestion stratégique des investissements issus de fonds climatiques, elle pilote le projet Respira Patagonia. #projet carbone patagonie Illustration du projet Respira Patagonia dans...