quelques images de notre transatlantique en voilier, du Cap Vert au Brésil
![[Cap au Sud #7] Traversée de l’Atlantique 1/2 : du Cap Vert à l’archipel de Sao Pedro et Sao Paulo (Brésil)](https://karukinka.eu/wp-content/uploads/2024/12/Hamac-sous-spi_Milagro_Karukinka-1080x675.jpg)
Loi 1901 - d'intérêt général
quelques images de notre transatlantique en voilier, du Cap Vert au Brésil
L’histoire du Chili comporte un chapitre écrit avec des euphémismes et du sang : la mal nommée « Pacification de l’Araucanie ». Cet article plonge dans les détails de ce processus (1861-1883), déconstruisant le récit officiel pour révéler une opération complexe de conquête militaire, de dépossession légale et de colonisation forcée qui a redéfini le destin de l’État chilien et du peuple Mapuche, laissant un héritage de conflit qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
(source : https://conociendo.cl/pacificacion-de-la-araucania-o-genocidio-mapuche/ et un podcast disponible sur SPOTIFY (en espagnol), l’article lié à ce podcast est traduit de l’espagnol par l’association Karukinka)
Table des Matières
Au milieu du XIXe siècle, la frontière sud du Chili était clairement délimitée par le fleuve Biobío. Au sud s’étendait le Wallmapu, territoire ancestral du peuple Mapuche, nation indépendante de facto ayant résisté à la conquête espagnole pendant plus de 300 ans. La société Mapuche était organisée en une structure sociale et politique complexe basée sur le lof (clan familial), l’ayllarewe (fédération de lofs) et les butalmapus (grandes alliances territoriales).
Pour l’État chilien, consolidé après les guerres d’indépendance et sous l’influence des idées européennes de progrès, cette autonomie était un problème. Les élites politiques et économiques, sous les présidences de Manuel Montt (1851-1861) puis José Joaquín Pérez (1861-1871), ont vu l’occupation comme une nécessité pour :
Ce processus historique a été mené par des figures et groupes aux intérêts radicalement opposés.
Catégorie | Acteurs principaux | Rôle dans le conflit |
---|---|---|
État chilien (officiels) | José Joaquín Pérez, Federico Errázuriz Z., Aníbal Pinto, Domingo Santa María | Présidents ayant impulsé la politique d’occupation |
État chilien (militaires) | Cnel. Cornelio Saavedra, Gral. Gregorio Urrutia, Cnel. Basilio Urrutia | Dirigé les campagnes militaires |
Peuple Mapuche (chefs) | Lonko Mañilwenü, Lonko Külapang, Lonko Esteban Romero | Dirigé la résistance militaire et diplomatique |
Autres | Colons chiliens et européens, Orélie Antoine de Tounens | Occupé les terres, prétexte pour la conquête |
En 1861, le colonel Cornelio Saavedra Rodríguez a présenté au Congrès chilien un plan détaillé de « Pacification de l’Araucanie ». Il proposait d’abandonner la politique des traités pour une occupation matérielle, fondée sur trois axes :
Le plan a suscité débat, mais a été approuvé par le Congrès, déclenchant l’invasion.
La conquête militaire s’est déroulée en plusieurs phases, interrompues par des soulèvements Mapuche et la Guerre du Pacifique.
La conquête militaire fut indissociable d’une conquête juridique.
Loi de Radication de 1866 :
Les « Titres de Merced » : Confinement dans des réductions
Traitement du peuple Mapuche : confinement dans des réductions, absence de soutien étatique, statut de « mineurs » sous tutelle.
Traitement des colons européens/chiliens : grandes parcelles, soutien étatique (voyages, outils, animaux, assistance médicale), statut de citoyens à part entière.
La « Pacification » fut une catastrophe humaine ayant décimé la population Mapuche, alimentant un débat sur le terme « génocide » selon la définition de l’ONU (1948).
Perspectives historiographiques
Effondrement démographique
La « Pacification » a provoqué une rupture structurelle dans tous les aspects de la vie Mapuche :
Malgré la dévastation, la résistance Mapuche a perduré, se transformant en luttes politiques et juridiques au XXe siècle. La mémoire et l’identité culturelle ont survécu clandestinement, témoignant d’une résilience remarquable.
La « Pacification de l’Araucanie » est à l’origine directe du conflit actuel au Chili. Les revendications territoriales et d’autonomie du mouvement Mapuche s’appuient sur cette dépossession historique. La « dette historique » est centrale dans le débat public, et les recommandations de réparation restent largement non appliquées.
Le processus chilien n’est pas isolé :
Dans tous les cas, les États-nations ont utilisé leur supériorité militaire et un cadre légal pour déposséder les peuples autochtones, laissant un legs de traumatisme et de lutte pour la justice.
La « Pacification de l’Araucanie » fut une guerre de conquête qui a dépossédé un peuple de son territoire et cherché à anéantir sa culture. La comprendre dans toute sa complexité est un devoir pour toute société aspirant à la justice. Reconnaître ce passé n’est pas rouvrir des blessures, mais commencer à les guérir sur la base de la vérité et de la réparation.
Partagé par l’association à but non lucratif Karukinka, basée en France et dédiée à la Patagonie.