Par: María del Mar Parra | Publié le 08.10.2021

Marca de nombre yagan reabre debate sobre apropiación cultural y patrimonio indígenaMarque Yahgan Seafoods /

L’utilisation du nom yagan par une marque de vente de produits de la mer a réveillé le désagréement au sein de la communauté Yagan de la Baie Mejillones qui lutte pour conscientiser sur les bonnes pratiques de protection et d’approche à sa culture.

Le nom yagan utilisé comme marque pour vendre un filet de saumon fût l’image qui a commencé le débat. D’un côté, une petite entreprise chilienne et française cherchant à « rendre hommage à un peuple originaire admirable ». D’un autre côté, une communauté yagan qui lutte pour conscientiser la population et les autorités nationales sur le respect dans l’usage du patrimoine culturel de leur peuple.

« Nous ne sommes pas un peuple disparu comme le disent certains livres d’histoire. Nous sommes un peuple vivant et actif, nous sommes ici dans le territoire et s’ils utilisent notre nom et notre culture, ils parlent de nous, donc le premier pas avant de le faire est de se rapprocher de la communauté et qu’ils nous interrogent. Mais s’ils vont nous associer à un produit qui symbolise une industrie qui a utilisé notre territoire comme zone de sacrifice, cela est indigne », résume María Luisa Muñoz, représentante de la communauté indigène yagan de la Baie de Mejillones. 

Depuis la Yahgan Seafoods s’exprime l’ouverture à dialoguer sur le sujet avec la communauté, et ils clarifient que leur entreprise n’est pas un élevage de saumons (salmoniculture) sinon un atelier qui donne une valeur ajoutée à une matière première d’origine marine. « Dans notre portefolio, la préoccupation de travailler avec la plus large gamme de matières premières marines a toujours été présente. Cependant, la tendance de nos clients et du marché national nous a dirigé vers les produits élaborés à partir du saumon »; ils signalent.

“L’entreprise s’est approchée par le biais d’un courrier électronique et nous sommes en train de voir quoi répondre. Quand le nom est déjà utilisé et que la marque est déjà enregistrée, qu’est-ce qui se fait ? Ce sont des situations qui sont déjà établies, donc c’est difficile d’entrer à dialoguer à cette étape et avec une entreprise liée à une activité qui est tellement néfaste pour nous », explique María Luisa. 

Les bonnes pratiques pour protéger la culture yagan

Comme le commente María Luisa, ce n’est pas la première fois que sa communauté s’affronte à des situations de ce type. « La brasserie australe a une bière Yagan et dans le contenant se trouve la photo d’une arrière-grand-mère d’une des familles d’ici. Il y a quelques temps est apparût à Buenos Aires un puzzle avec le visage d’une artisane de la communauté. La Fondation Omora a un parc ethnobotanique où sont utilisés les noms de la végétation dans notre langue mais si toi tu vas là-bas, tu ne rencontreras personne de la communauté travaillant comme guide par exemple », énumère-t-elle.

Motivés par ces situations, a été élaboré par la communauté un protocole des bonnes pratiques pour la protection du patrimoine culturel indigène yagan. Le protocole a été diffusé avec la Sous-direction Nationale des Peuples Indigènes. “Nous cherchons la conscientisation des acteurs publics et privés, et pour cela nous avons élaboré ce protocole. Nous sommes l’unique communauté du pays à avoir un protocole, nous avons beaucoup travaillé dessus et il a servi pour que d’autres communautés réalisent des choses similaires. », commente María Luisa.

Pour la représentante yagan, le problème se joue au niveau national et des autorités. « Le même Etat, à travers des initiatives de Corfo et Prochile, ou de l’institut de propriété industrielle, inscrivent ces noms sans questionnements ni protocoles, et c’est super facile d’inscrire un nom et ça reste là pour toujours si vous pouvez le payer. Nous, comme communauté, avions inscrit le nom yagan et nous l’avons perdu parce que nous ne pouvions pas continuer de payer, et de suite une autre entreprise l’a pris. Visibiliser ces situations et générer des protocoles et les diffuser est une partie de ce que nous faisons en tant que communauté »; elle soutient. 

L’objectif final n’est pas de fermer la porte mais plutôt de générer de meilleures pratique d’approche à leur culture. « Au niveau local, beaucoup de gens ont de petites entreprises et envoient une lettre pour demander l’utilisation du nom. Nous voyons que c’est une entreprise appartenant à quelqu’un des environs et qui a du respect pour la communauté, et nous n’avons pas d’inconvénient à donner notre approbation, mais cela peu de personnes le font », conclue María Luisa. 

Saumons durables 

Le point majeur de désaccord selon l’entreprise Yahgan Seafoods est due à l’association du nom yagan pour commercialiser des produits dérivés du saumon. “Nous travaillons seulement avec des fournisseurs qui ont des piscicultures certifiées. Nous soutenons le changement pertinent dans l’industrie du saumon afin de la rendre durable, soutenant la révolution qui s’opère dans ce secteur avec le développement d’élevages de saumon 100% à terre, recyclant l’eau et utilisant les résidus comme engrais naturel pour l’agriculture » signalent-ils dans un communiqué depuis l’entreprise.

Mais cet éclaircissement ne tranquillise pas la communauté. “Nous nous avons lutté de manière infatigable contre l’industrie du saumon qui a des effets dévastateurs sur notre territoire ancestral. Ce dont nous sommes certains c’est qie les lois chiliennes et lien avec l’environnement ne sont pas une garantie pour la protection. Ce type d’activité, même si elle a lieu à terre, ne coincide pas pour nous avec notre culture et ne prend pas soin de ce qui nous entoure. Nous avons vu des salmonicultures mentir, occulter des rapports et présager de bonnes pratiques. Ils ne peuvent pas nous demander de confier en eux”, analise María Luisa. 

Traduction de l’article publié en espagnol à l’adresse : https://www.eldesconcierto.cl/bienes-comunes/2021/10/08/marca-de-nombre-yagan-reabre-debate-sobre-apropiacion-cultural-y-patrimonio-indigena.html

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