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Entre la mélodie des cloches et le hululement des oiseaux, une ethnomusicologue et un compositeur ont sillonné le Pays d’Uzès pour en dresser une carte d’identité sonore.

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L’église Saint-Etienne, à Uzès. (René Mattes/Hemis. AFP)

par Anne-Laure Pineau, publié le 29 septembre 2023 à 1h54

Lauriane Lemasson ne connaissait pas Uzès et sa région, et ne savait pas à quoi s’attendre en débarquant au printemps 2022 avec ses micros et ses carnets de notes. D’ordinaire, l’ethnomusicologue et audio-naturaliste originaire de Loire-Atlantique travaille à l’autre bout du monde. Elle mène des recherches sur les liens qui se tissent entre l’homme et les sons de la nature et a fondé l’association Karukinka signifiant «la dernière terre des hommes»en langue selk’nam, un peuple indien de l’extrême sud du continent américain.

Il y a un monde entre Uzès et la Patagonie, mais depuis plus d’un an, accompagnée du musicien compositeur parisien Antonin-Tri Hoang, elle enquête dans les vallées et la garrigue de l’Uzège pour dresser un portrait sonore du territoire sur chaque saison. Armés de leurs micros bisoniques (pour faire des enregistrements 3D), les deux partenaires enregistrent les derniers mots d’occitan dans les villages, le bruit du tour du céramiste, les ceps que l’on coupe au sécateur, les fusils des chasseurs et les hululements du petit duc.

«Cour de récréation»

Le Parlement des liens leur a donné carte blanche pour dessiner une carte d’identité sonore. «On a sillonné les routes à partir des cartes IGN et ce qu’on pouvait y repérer d’intéressant : des lavoirs, d’anciens fours utilisés pour cuire les poteries… On a essayé d’être les plus ouverts et exhaustifs possible. Antonin a travaillé sur une partie liée à la musique en retrouvant une mélodie perdue puis retrouvée, la “fadaise d’Uzès”, une chanson des maçons uzétiens. On a également fait une grande enquête sur les clochers de 34 communes… Des clochers perçus soit comme du patrimoine soit comme une nuisance sonore.»

Les deux compères ont aussi condensé des récits d’habitants du territoire. «J’ai enfilé ma panoplie d’ethnologue, souligne Lauriane Lemasson. Les maires de plusieurs petites communes par exemple, quand je leur demandais quel était le son qu’ils préféraient, me répondaient que c’était le celui de la cour de récréation de leur école… Car cela signifiait que le village continuerait à vivre longtemps. C’était synonyme d’avenir.»

Le travail des deux musiciens fera l’objet d’un fascicule d’une cinquantaine de pages (publié par Les liens qui libèrent) qui sera mis à disposition lors du forum, les morceaux créés lors de cette expérience seront accessibles sur Internet.

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