[Les Kawésqar et les Yagan sont des groupes nomades. La navigation en canoë se faisait pour la subsistance et dans les fjords, canaux et îles de Patagonie]

Selon les registres de la Corporation nationale indigène (Conadi) au niveau national, 3 213 communautés et 1 843 associations indigènes ont été créées à ce jour [au Chili]. La loi Lafkenche a comblé une lacune dans l’accès des peuples autochtones côtiers aux ressources et à la protection de leurs usages traditionnels. De cette manière, différents peuples autochtones pourront accéder à ce nouveau statut, selon leurs coutumes ancestrales. Le peuple Mapuche, entre les huitième et onzième régions, les peuples Chango et Diaguita au nord. Quant au peuple Kawésqar, l’extension s’applique du golfe de Penas au détroit de Magellan.

Contrairement à d’autres peuples, les Kawésqar et les Yagan se caractérisent par le fait qu’ils vivent en canoë et sont des groupes nomades. La navigation se faisait en canoë, avec un feu allumé au centre, pour la subsistance et dans chacun des fjords, canaux et îles explorés par nos Taiwaselok hoyok (ancêtres). Ces anciennes coutumes sont devenues illégales et impraticables dans le monde actuel et ses lois modernes.

Le voyage pour les Kawésqar servait également de moyen d’enseignement par transmission orale, des adultes aux enfants, en leur faisant découvrir les noms des différents lieux, la flore et la faune, ainsi que les techniques de navigation, de chasse, de pêche et de cueillette. Le territoire qu’ils parcouraient comprenait deux grands secteurs, divisés d’est en ouest : jáutok et málte, qui étaient occupés selon les saisons de chasse, de pêche et de cueillette. Jáutok est le nom donné à la zone des canaux intérieurs, où les eaux sont plus calmes ; tandis que Malte était le nom donné à la côte extérieure faisant face au Pacifique et au détroit de Magellan aujourd’hui.

Cela dit, compte tenu du vaste territoire parcouru par nos ancêtres et celui que nous parcourons aujourd’hui, où nous pouvons légitimement revendiquer, protégés par la loi, les usages et la protection de la mer, ce serait une erreur de le considérer comme exclusif d’activités telles que la pêche artisanale. Le peuple Kawésqar avait un régime alimentaire basé principalement sur les fruits de mer, consommant de la viande de mammifères marins et terrestres, du poisson et des crustacés, complétés par des fruits sauvages, des plantes et des champignons.

La loi Lafkenche vise à harmoniser et à rendre compatibles les usages coutumiers du littoral avec les autres activités exercées dans les mêmes zones. Par rapport à la vision du monde des anciens, des activités telles que la voile, la plongée, la pêche ou, aujourd’hui, la cinématographie, le tourisme et la recherche, sont compatibles avec l’environnement maritime. L’objectif ultime est d’assurer la protection des écosystèmes, et tant que ces activités ne perturbent pas l’équilibre naturel des eaux, elles ne constitueront pas un obstacle.

Cette vision du territoire maritime est fréquemment déformée par des discours de désinformation qui cherchent à aliéner les peuples autochtones d’autres secteurs, afin de désinformer sur les demandes d’espaces marins côtiers des peuples autochtones (ECMPO), afin qu’elles soient rejetées par les autorités de l’État chilien. Le lobbying intense derrière les décisions prises a déjà été évoqué dans des chroniques précédentes, qui est loin de respecter les normes minimales de transparence et, au contraire, stigmatise et promeut les discours racistes et haineux contre les peuples autochtones du territoire.

Nous, les Kawésqar, ne réclamons pas l’exclusivité, ni ne voulons posséder quoi que ce soit, mais plutôt le droit d’exister sur notre territoire sans être étiquetés comme des obstacles au développement. La loi Lafkenche doit être considérée comme un pont, et non une barrière, entre la vie de nos ancêtres qui ont navigué sur les eaux et la vie d’un pays qui doit apprendre à coexister sans effacer leur mémoire. Face au lobbying et à la désinformation, tout ce que nous pouvons faire est de continuer à naviguer avec la vérité au premier plan, jusqu’à ce que notre droit devienne une réalité.

Groupes familiaux de nomades marins de la communauté de Kawésqar

Source: https://laprensaaustral.cl/2025/04/13/el-legado-canoero-de-los-kawesqar-y-la-resistencia-desde-el-mar/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

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