Une histoire yagan : le colibri (Omora ou Sámakéar)

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Aujourd’hui nous vous faisons découvrir une histoire yagan dédiée au colibri contée par Úrsula Calderón et Cristina Calderón en 2001 dans la baie Mejillones (île Navarino, Chili). Elle a été publiée dans les pages 170 et 171 du livre “Guia Multi-Etnica de Aves de los bosques subantárticos de Sudamérica” (2017) et traduite de l’espagnol au français par l’association Karukinka.

L’histoire yagan du colibri Sephanoides sephaniodes
“Autrefois, lorsque les oiseaux étaient encore des humains, une grande sécheresse s’abattit sur la région du cap Horn et ses habitants mouraient de soif. L’astucieux renard (cilawáia, le renard de Magellan) trouva une lagune et, sans en parler à personne, construisit autour un enclos de rameaux d’umush (calafate en yagan) afin que personne ne puisse entrer. Ainsi caché, il buvait seul beaucoup d’eau, se préoccupant seulement de lui.
Au bout d’un certain temps, les autres découvrirent l’existence de cette lagune et en groupe, ils allèrent demander un peu d’eau au cilawáia. Mais il ne voulut même pas écouter leurs supplications et les expulsa avec des paroles brutales. La condition des personnes s’aggravait à chaque moment et, dans leur désespoir, ils se souvinrent d’omora. Ils envoyèrent alors un message à ce petit visiteur occasionnel qui, dans d’autres pénuries similaires, leur avait sauvé la vie.
Le colibri ou petit omora était toujours prêt à aider et vint très rapidement. Bien que diminué, cette petite créature (humaine ou esprit) est plus courageuse et intrépide que n’importe quel géant. À son arrivée, les gens lui racontèrent ce qui s’était passé, en détail, au sujet de ses grandes pénuries. Omora, en écoutant ce qui se passait, s’indigna et s’éleva en volant vers l’endroit où se trouvait cilawáia. Egoïste, le renard se confronta à lui. Et omora lui dit alors: « Écoute! Est-ce vraiment vrai ce que les autres m’ont raconté? Tu as accès à une lagune, et tu ne veux pas partager ton eau avec les autres. Sais-tu que si tu ne leur donnes pas d’eau, ils mourront de soif? » Le renard répliqua: « Qu’est-ce que cela peut me faire? Cette lagune contient très peu d’eau, juste assez pour moi et certains de mes proches parents.» En écoutant cela, omora devint furieux et, sans répondre au cilawáia, il retourna au campement.
Il réfléchit et, avec empressement, s’éleva en prenant son bâton et retourna là où était cilawáia. En chemin, omora collecta plusieurs pierres pointues, et lorsqu’il s’approcha suffisamment du renard il cria: « Partageras-tu enfin l’eau avec tous? » L’egoïste cilawáia répondait: « Qu’ils meurent de soif. Je ne peux pas donner de l’eau à chacun d’eux, sinon moi et ma famille nous mourrons de soif. » Omora était si furieux qu’il ne put se retenir et s’élança avec son bâton, tuant le renard au premier coup.
Les autres qui regardaient arrivèrent heureux en courant au lieu, cassèrent l’enclos pour s’approcher de la lagune et commencèrent à boire pour calmer leur soif, toute l’eau. Quelques oiseaux arrivés tard purent à peine mouiller leurs gorges. Alors, la sage petite chouette sirra (la grand-mère d’omora) dit aux oiseaux qui étaient arrivés tard: « Allez chercher de la boue du fond de la lagune et volez vers les sommets des montagnes, au-dessus desquels vous devez arrroser. »
Les petits oiseaux et leurs balles de boue firent naître des sources verticales à l’origine des cours d’eau qui dégringolent des montagnes, formant de petits ruisseaux et de grands fleuves qui coulent par les ravins. Quand tout le monde vit cela, ils étaient extrêmement heureux et tous burent de grandes quantités d’eau fraîche et pure, ce qui était bien meilleur que l’eau de la lagune que cilawáia, le renard, gardait. Maintenant, tous se trouvaient sauvés. Jusqu’à aujourd’hui, tous ces cours d’eau coulent depuis les montagnes et fournissent une eau exquise. Depuis ce moment, personne ne doit mourir de soif.”
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