Un nouveau « cousin » du Tyrannosaure découvert en Patagonie (Le Monde – AFP, 14/7/2016)

Cette nouvelle espèce, datant d’environ 90 millions d’années, présente des ressemblances avec le T. rex, notamment ses deux bras minuscules, mais appartient à une lignée différente.

Le Monde avec AFP Publié le 14 juillet 2016 à 06h30, modifié le 14 juillet 2016 à 06h47

Une nouvelle espèce de dinosaure carnivore datant d’environ 90 millions d’années a été découverte en Patagonie (Argentine), mercredi 13 juillet, et présente des ressemblances avec le Tyrannosaure, notamment avec ses deux bras minuscules. S’il appartient a priori à une lignée différente, le Gualichoshinyae, de son petit nom, est un théropode – un dinosaure bipède –, mais fait partie d’une autre branche de cette famille de saurischiens, majoritairement carnivores.

Ses deux pattes avant, ridiculement courtes, avec deux griffes chacune, à l’instar du dinosaure star de Jurassic Park, sont un trait caractéristique, qui n’a pas résulté de l’évolution d’un ancêtre commun. « Le Gualicho est une sorte de dinosaure mosaïque, avec des caractéristiques anatomiques qu’on trouve normalement chez différentes espèces de théropodes », explique Peter Makovicky, responsable de la section dinosaures au Field Museum, le musée d’histoire naturelle de Chicago.

La taille d’un ours polaire

« Le Gualicho est vraiment inhabituel, car il est différent des autres dinosaures carnivores mis au jour dans cette même formation géologique, et n’entre parfaitement dans aucune des catégories », précise ce scientifique. Le squelette fossilisé découvert en Patagonie argentine est incomplet, mais les scientifiques estiment que ce prédateur était de taille moyenne, pesant environ 450 kilos, ce qui est comparable à un ours polaire.

Le nom du dinosaure fait référence à l’histoire de sa découverte lors d’une expédition menée en 2007 dans la formation riche en fossiles de Huincul, au nord de la Patagonie. « Shinyae » a été retenu en l’honneur du découvreur Akiko Shinya, du Field Museum à Chicago, tandis que le nom générique Gualicho est dérivé de « Gualichu », un esprit vénéré par les Tehuelches, des Amérindiens de Patagonie.

Le Monde avec AFP

https://www.lemonde.fr/paleontologie/article/2016/07/14/un-nouveau-cousin-du-tyrannosaure-decouvert-en-patagonie_4969272_1650762.html

Plus de 300 baleines retrouvées mortes dans un fjord de Patagonie (Le Monde – AFP, 2/12/2015)

Plusieurs centaines de baleines ont été retrouvées mortes en Patagonie. Une vision apocalyptique sans précédent pour les chercheurs.

Le Monde avec AFP Publié le 02 décembre 2015 à 13h48, modifié le 02 décembre 2015 à 12h47

Photo prise le 21 avril 2015 au sud du Chili lors de la découverte d'une première série de baleines Sei échouées. Cliché publié le 1er décembre 2015.
Photo prise le 21 avril 2015 au sud du Chili lors de la découverte d’une première série de baleines Sei échouées. Cliché publié le 1er décembre 2015. VRENI HAUSSERMANN / AP

Plus de trois cents baleines ont été retrouvées mortes dans un fjord isolé de la Patagonie chilienne, à 2 000 km au sud de la capitale, Santiago. L’échouage, annoncé mardi 1er décembre par une équipe de chercheurs, pourrait être le plus grand jamais constaté.

« C’était une vision apocalyptique. Je n’avais rien vu de semblable », a déclaré à l’AFP Vreni Häussermann, la directrice du centre scientifique Huinay, qui a participé à l’expédition ayant découvert les baleines, mise en place après qu’une vingtaine de cétacés de l’espèce protégée Sei eurent été retrouvés morts en avril, dans la même région.

En juin, lors d’un vol de reconnaissance au-dessus de la zone, cette équipe de scientifiques avait constaté un nombre bien plus élevé de cétacés échoués. « Nous avons pu compter trois cent trente-sept cadavres ou squelettes de baleines » à l’aide de photos aériennes et satellites, rapporte Vreni Häussermann.

« Il y a encore de nombreuses zones que nous n’avons pas pu atteindre, il est donc probable qu’il y ait davantage de baleines mortes. »

Les scientifiques à l’origine de la découverte ont souligné qu’aucune des baleines ne portait de traces de blessures, privilégiant la piste d’un excès d’algues ou d’un virus.
Une enquête des autorités chiliennes après la découverte du mois d’avril avait écarté toute intervention humaine dans la mort des cétacés.

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VRENI HAUSSERMANN / AP

Le Monde avec AFP

https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/12/02/plus-de-300-baleines-retrouvees-mortes-dans-un-fjord-de-patagonie_4822348_3244.html

« Liverpool » : l’errance fantomatique d’un marin descendu à terre (Le Monde, 4/8/2009)

La quatrième réalisation de l’Argentin Lisandro Alonso, a pour décor la Terre de Feu

Par Isabelle Regnier Publié le 04 août 2009 à 15h10, modifié le 23 juillet 2010 à 11h40 

En 1960, Michelangelo Antonioni (1912-2007) créait la stupéfaction avec L’Avventura en faisant disparaître son personnage principal, Claudia (Monica Vitti), à la moitié du film. Près d’un demi-siècle plus tard, comme si le cinéma avait tellement muté, sous tant de formes différentes, qu’il en avait oublié ce geste, il y a encore (à nouveau ?) de l’audace à l’accomplir. Dans Liverpool, quatrième long métrage de l’Argentin Lisandro Alonso, l’évaporation après cinquante minutes d’un personnage qui avait pratiquement occupé chacun des plans du film produit ainsi un chancellement salutaire de la perception, un questionnement stimulant sur ce que peut le cinéma.

Il ne s’agit pas de placer ce film sur le même plan que le chef-d’oeuvre d’Antonioni, mais plutôt de relever l’ambition qui anime son auteur. Porté par une foi ascétique dans les puissances primitives de son art, Lisandro Alonso, 34 ans, qui s’est fait connaître en 2001 avec le très aride La Libertad, continue de creuser, sans concession, la même veine minérale. Par le soin qu’il apporte au cadre, au son (ce qui fut son premier métier sur les plateaux de cinéma), il insuffle à ses décors une vitalité crépitante, en anime jusqu’à l’élément le plus trivial. Les personnages s’y meuvent comme les composantes d’un tout qui les dépasse, chaque mouvement de leur corps, chaque expression de leur visage se chargeant sous son regard d’une formidable puissance fictionnelle.

Aussi ne faut-il pas longtemps pour qu’un suspense se crée autour de Farrel (Juan Fernandez), loup de mer solitaire prématurément vieilli par les embruns et l’alcool blanc. De l’arrière-plan flouté où il apparaît dans un bar, caché par deux adolescents plantés devant un écran, il gagne peu à peu le centre du cadre. Quelques longs plans fixes auront montré entre-temps, dans une économie narrative remarquable, l’intérieur du cargo sur lequel Farrel travaille, l’atmosphère à bord, autant que l’état de solitude et d’alcoolisme avancé qui caractérise le personnage.

Le premier vrai dialogue intervient alors, qui résume à peu près toute l’intrigue : Farrel dit au capitaine son souhait de descendre à terre à la prochaine escale – non pas Liverpool, comme on pourrait s’y attendre, mais Ushuaïa, en Terre de Feu. Sa mère vit dans la région, il ne l’a pas vue depuis vingt ans et voudrait vérifier si elle est toujours vivante.

Ce qui se passe ensuite est de l’ordre du prodige. Braquée sur le visage de Farrel, accoudé de nuit à la rambarde du bateau, tirant sur une cigarette alors que scintillent sous ses yeux les lumières de la petite ville portuaire, la caméra enregistre les mouvements de ses traits comme les variations d’un paysage sous l’effet du vent. Un éclat dans ses yeux, l’esquisse d’un sourire, le mouvement d’un sourcil… Une émotion passe, forte, qui lie pour de bon le personnage au spectateur. Sans que rien soit dévoilé de son mystère, sa dimension s’est étoffée d’un coup. Il devient héros romantique avec une histoire, une blessure, un projet dont on ne sait rien des tenants et des aboutissants mais dont l’intensité affective fait vibrer l’écran. Accroché à ce drôle de type mutique, on s’attend à en savoir un peu plus. Sur sa mère, sur lui, sur les raisons de leur séparation… Rien de tel n’adviendra pourtant.

Dans sa note d’intention, le cinéaste décrit sa méthode de travail comme visant avant tout à « laisser les choses apparaître ». Et il ne fait rien d’autre. Fraîchement débarqué dans cette ville fantomatique, Farrel y distille sa présence au fil de la trajectoire qu’il improvise en tétant régulièrement le goulot de sa bouteille.

Il passe, sans échanger un mot avec qui que ce soit, d’un coin de rue informe à un restaurant, d’un bar à putes à un local désaffecté où il s’endort, révélant au fur et à mesure, de manière presque palpable, quelque chose de l’esprit des lieux. Au matin, par une température visiblement bien inférieure à 0.0C, il embarque à l’arrière d’un semi-remorque, son corps continuant d’interagir, tout au long du trajet, avec le paysage.

Le marin arrivera finalement au hameau familial, un trou paumé dans un océan de neige, miné par une pauvreté désolante. Le temps de découvrir une mère agonisante, une soeur dont il ignorait l’existence, de rôder quelques heures comme une bête indésirable, il repart, laissant le film se poursuivre sans lui, tenu par les seules traces de son passage.

Ce n’est qu’à la lumière de celles-ci que le titre du film auquel on ne pensait plus livre sa signification : inscrit sur un porte-clés, ce mot, « Liverpool », surgit dans le dernier plan du film comme un gisement de rêves et de possibles, à la fois dérisoire et infini.


Film argentin de Lisandro Alonso. Avec Juan Fernandez, Giselle Irrazabal, Nieves Cabrera. (1 h 24.)

Isabelle Regnier

https://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/08/04/liverpool-l-errance-fantomatique-d-un-marin-descendu-a-terre_1225590_3476.html

La mort de José Donoso (Le Monde, 10/12/1996)

L’écrivain chilien José Donoso est mort à Santiago du Chili, samedi 7 décembre, victime d’un cancer, à l’âge de soixante-douze ans.

Par RAMON CHAO Publié le 10 décembre 1996 à 00h00, modifié le 14 mars 2022 à 11h31

Le personnage principal et narrateur de l’un des romans de José Donoso, Julio Méndez, est lui-même un romancier qui s’étonne de n’être pas aussi célèbre que Julio Cortazar, Mario Vargas Llosa, Gabriel Garcia Marquez ou Carlos Fuentes. C’est une question que Donoso se posait peut-être et que nous nous posons douloureusement aujourd’hui.

Il est vrai que Donoso ne correspondait en rien à l’image que l’on a en Europe de ce que doit être un écrivain d’Amérique latine : baroque, sentant bon la violence et la magie, sur fond de mythologies indiennes. Il était discret, réservé, il rejetait le romantisme révolutionnaire et, après avoir condamné le régime du général Pinochet, il fut le premier exilé de stature internationale à retourner vivre dans son pays. Son œuvre est singulière à tous les points de vue. Sans délaisser l’engagement social, il nous décrit un monde étrange, déroutant, souvent insaisissable, à la limite du conte de fées.

Il était né en 1924, dans le quartier bourgeois de Santiago. Son père était médecin, professeur d’université et lecteur de Proust. Sa mère appartenait à la famille propriétaire du plus grand quotidien du Chili. Après ses études, ses parents l’envoient apprendre la littérature anglaise à Princeton, aux Etats-Unis, où il se passionne pour Henry James, Faulkner et Joyce. Revenu à Santiago, il s’enfuit pour devenir berger en Patagonie.

Il sait qu’il veut être écrivain et se fixe l’âge de trente ans pour se prouver à lui-même qu’il en a la capacité. Il s’installe à la campagne, où il vit en anachorète et en émerge quelques jours avant son trentième anniversaire avec un recueil de nouvelles, Veraneo y otros cuentos, qui connaît un succès d’estime. C’est son premier roman, Le Couronnement (Calmann-Lévy), qui le place parmi les grands de la génération dite du « boom ». Il y expose le thème du jardin délabré (souvenir de celui de ses parents, métaphore de l’ébranlement d’un ordre social périmé), qui réapparaîtra avec des variations multiples dans tous ses romans.

Anachorète

En 1963, il retourne aux Etats-Unis pour la sortie de la traduction anglaise. Ce sera le début d’un exil volontaire de dix-huit ans. A l’université de l’Iowa, il enseigne l’anglais aux Américains, parmi lesquels John Irving. Il a déjà publié Ce dimanche-là (Calmann-Lévy), Le Lieu sans limite (Calmann-Lévy) et prépare L’Obscène Oiseau de la nuit (Editions du Seuil), qu’il ne parvient pas à terminer car l’ambiance n’est pas propice pour écrire en castillan. Il parcourt l’Espagne et, en 1970, le termine, nous donnant ainsi l’un des plus beaux romans de ces décennies. Après L’Obscène Oiseau de la nuit,…

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