A l’occasion de la troisième édition du Parlement des Liens et après le lancement de quatre résidences en Uzège, venez découvrir les premiers résultats de ces enquêtes et participer aux échanges et débats prévus les 29 et 30 septembre 2023 à l’Ombrière (Uzès).
Voici le programme (en détail, téléchargeable ici) :
– Vendredi 29 septembre – Restitution des Résidences/expérimentations qui visent à documenter le territoire sous le prisme des liens et des interdépendances. 5 expérimentations ont été lancées il y a 1 an sur les questions de l’eau, des systèmes agraires, de l’économie locale, de la santé globale, et sur la constitution de la bande son du territoire Avec Eloi Laurent, Sophie Marinopoulos, Emmanuel Delannoy, Matthias Cambreling, Lauriane Lemasson, Antonin Trí Hoàng, collectif Hydromondes.
– Samedi 30 septembre – Forum Les Liens qui Libèrent Thèmes : « Quand les savoirs entrent en résistance », « L’avenir est-il désobéissant ? » et « Comment agir dans un monde fini ? » Avec Vinciane Despret, Isabelle Stengers, Dominique Bourg, Johann Chapoutot, Réjane Sénac, Allessandro Pignocchi, Virginie Maris, Jean-Francois Caron, Léa Falco et Thierry Salomon – Performance « Portraits Sonores du Territoire » : pour la première fois en France, la clôture de l’événement sera marquée par une performance unique, qui proposera de restituer et de composer les sons du territoire (qu’ils soient environnementaux, humains, historiques) afin de livrer un portrait sonore sensible du Pays d’Uzès. Avec Lauriane Lemasson et Antonin Tri Hoang. A cette occasion seront édités et diffusés gratuitement les 4 Carnets du Parlement des Liens. Ils porteront sur l’eau des bassins versants, l’économie locale, la santé et l’environnement sonore.
Le Parlement des Liens a été initié en 2021 par les éditions Les Liens qui libèrent et l’agence Comuna. Il est soutenu depuis son lancement dans le pays d’Uzès par la Communauté de communes du pays d’Uzès (CCPU), le département du Gard et la région Occitanie. S’ajoutent à ces partenaires publics, Harmonie Mutuelle, la MNT et la Banque des Territoires.
Arles accueille du 21 au 27 août, la 4e édition du festival Agir pour le Vivant. Projections, conférences, ateliers, balades ou cafés citoyens : autant d’occasions de faire émerger une société du vivant. « Nous serons un peuple quand ? » Tel était le thème de la conférence qu’a suivi Bleu Tomate.
Quels sont les liens entre le climat et le racisme, le colonialisme ou la pauvreté ? Pour Fatima Ouassak, politologue et militante écologiste, « il existe en France un processus de désancrage des populations assignées à certains territoires, qui subissent spoliation et dévastation. On leur répète que cette terre n’est pas la leur, et ils ne sont pas considérés légitimes à discuter des projets qui les concernent ».
Déficit de démocratie ici…
La militante de citer en exemple l’installation de data centers ou de nouvelles autoroutes. Egratignant au passage certains artistes ou militants écologistes prompts à soutenir les luttes lointaines mais peu engagés pour les quartiers et leurs habitants racisés.
Une parole non reconnue et non entendue également sous d’autres cieux. Lauriane Lemasson est ethnomusicologue. Elle travaille depuis des années avec les peuples de la Terre de Feu. Survivants d’un génocide qui les a vus disparaitre à 95%, ils ont été classés à l’époque entre les animaux et les humains, donc « sous-humanisés ». Les colons se sont accaparé leurs territoires, voués aux estancias d’élevage.
… Et ailleurs
Et même si le droit international reconnait aujourd’hui le droit des peuples sur leurs territoires, ils ont beaucoup de mal à monter des dossiers pour prouver leur antériorité sur ces espaces qui leur sont aujourd’hui interdits.
La jeune chercheuse donne l’exemple d’un gigantesque projet de fabrication d’hydrogène et d’ammoniac (dit vert, car à partir de l’énergie éolienne). Aucune concertation avec les représentants des peuples autochtones, mis devant le fait accompli.
La responsabilité du colonialisme
« Le colonialisme rime avec la destruction de la planète » explique Arturo Escobar. Le célèbre anthropologue, chercheur-activiste voit quatre moments dans son histoire. La découverte de l’Amérique du XVe au XVIIe siècle, avec la destruction non seulement des peuples eux-mêmes, mais aussi de leur culture et de leurs connaissances.
Puis au XVIIIe, s’impose une vision scientifique qui sépare l’humain de la nature et les blancs européens des autres humains auxquels on ne reconnait justement pas de conscience.
Avec le XIXe siècle vient le capitalisme, économique mais aussi comme un concept de vie. Il voit l’humain individualiste, agressif et compétitif. Au XXe enfin, la pensée libérale arrive au bout de son cycle. Elle affiche « un cosmos patriarcal, séparatiste et dominateur sur l’autre », explique le scientifique.
Alors, quand fait-on peuple ?
Fort de ces constats, quelles solutions ? Chacun des intervenants a apporté sa pierre à la réflexion, devant un public nombreux, dans une chapelle du Méjan surchauffée par la canicule extérieure.
Fatima Ouassak l’exprime comme un cri : « On a besoin d’autonomie, de liberté, laissez-nous respirer ! On est chez nous, on veut transmettre notre langue, notre culture, notre religion, c’est notre droit ».
Dans ces territoires où la classe ouvrière et les personnes racisées ont si peu accès au débat démocratique et renoncent souvent au bulletin de vote, « on doit avoir des partis, des syndicats, des collectifs », poursuit la militante écologiste engagée à Bagnolet. Et se saisir du pouvoir politique, car « les AMAP, le tri et les jardins partagés on fait déjà, mais cela ne suffit pas ».
Le thème du festival en 2023 : « Climat et inégalités sociales »
La 2e conquête du désert
En Patagonie et bientôt en Finlande avec les Samis, Lauriane Lemasson agit, sac à dos. Elle documente les territoires pour aider les communautés à faire valoir leurs droits. Ici, elle trouve les traces d’un lieu rituel, là une montagne connue pour être repère entre deux migrations saisonnières. L’ethnomusicologue étudie les rapports entre les sons, les habitants et les territoires.
Sentir-penser pour penser-agir
Pour Arturo Escobar, il faut changer de paradigme et penser différemment. Il met pour cela en avant le concept de « sentir-penser », (créé par le sociologue colombien Orlando Fals-Borda). « Il revient à chacun de nous à présent d’apprendre à sentir-penser avec les territoires, les cultures et les connaissances des peuples ». Manière pour l’anthropologue, de se connecter avec les flux de l’univers.
Sa réponse à la pensée libérale est de travailler à plusieurs mondes. « Un non à la globalisation, et plusieurs oui ». Oui aux luttes ancrées, enracinées dans les territoires, aux alternatives locales et radicales, aux actions des collectifs en réseaux. En citant la lutte contre l’extractivisme, Arturo Escobar rappelle que la technologie numérique est particulièrement gourmande de minerais extraits dans le Sud global.
Dans le cadre de la 3e édition du festival « Agir pour le Vivant », l’expédition cap Nord – cap Horn sera mise à l’honneur, avec un vernissage de l’exposition sonore et photographique prévue le 22 août à 16h30 à la chapelle du Méjan.
La première étape de cette expédition a été réalisée grâce au soutien du programme Mondes Nouveaux (Ministère de la Culture) et cette exposition présentera, sous forme de rétrospective, les travaux menés au nord de la Norvège et au sud de la Patagonie, sous l’égide de l’association Karukinka.
Lauriane, Damien et Toupie seront présents à Arles pour présenter ces travaux, avec une participation de Lauriane lors du débat « Nous serons un peuple quand? » le jeudi 24 août à la chapelle du Méjan et en compagnie d’Arturo Escobar et de Fatima Ouassak.
Au plaisir de vous rencontrer lors de cette manifestation!
Après s’être approché à quelques dizaines de milles nautiques de la frontière russo-norvégienne nord, l’équipage a fait cap à l’ouest pour franchir toutes voiles dehors et pour la deuxième fois le Kinarodden, le point le plus septentrional de l’Europe continentale, puis pour la première fois cette fois Davvenjárga, le cap Nord, suivi du Knivskjellodden, la pointe la plus au nord, devançant quelque peu le cap Nord.
Une nouvelle étape de l’expédition a donc été franchie, avec des conditions de navigation parfaites. Nous avons même pu voir le navire grâce à la webcam en temps réel et à 360°. Les captures d’écran pâtissent du manque de résolution mais couplées aux données MarineTraffic, nous avons bien pu voir qu’ils étaient là, seul voilier au milieu des navires de pêche !
L’équipage est en pleine forme et se réjouit de vous partager le fruit de ses recherches en terres samis lors de son retour en France à la fin du mois.
Ils nous ont transmis quelques images et nous en ajouterons en fonction de leurs envois.