Argentine: un incendie détruit 600 hectares d’un site Unesco (L’Obs – AFP, 27/1/2024)

Argentine: un incendie détruit 600 hectares d’un site Unesco (L’Obs – AFP, 27/1/2024)

Argentine: un incendie détruit 600 hectares d'un site Unesco
Image de l’agence de presse Télam montrant un helicoptère combar un feu de forêt au Parc National Los Alerces dans la province argentine de Chubut, en Patagonie, le 26 janvier 2024 ((c) Afp)

Par AFP

Publié le 27 janvier 2024 à 21h31

Buenos Aires (AFP) – Les pompiers argentins luttent samedi contre un incendie « hors de contrôle » dans le Parc national de Los Alerces, en Patagonie, qui a déjà dévasté près de 600 hectares de ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a rapporté l’agence de presse officielle Télam.

En plein coeur de l’été austral, des températures record de plus de 40°C frappent ces jours-ci la Patagonie argentine, région désertique habituellement froide et venteuse de l’extrême sud du pays.

Des brigadiers et du personnel de la province de Chubut tentaient d’empêcher les flammes d’atteindre les villes voisines d’Esquel et de Trevelin, à environ 2.000 km au sud-ouest de Buenos Aires.

« L’incendie est hors de contrôle », a déclaré Mario Cardenas, chef du département des incendies, des communications et des urgences (ICE) du parc national, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017.

L’incendie s’est déclaré jeudi soir et a déjà brûlé plus de 577 hectares de forêt, dépassant le périmètre du parc, selon la même source.

Les conditions « sont défavorables car nous avons encore beaucoup de vent et des températures élevées. Cela rend notre travail très difficile », a déclaré M. Cardenas.

L’incendie est situé dans la zone du ruisseau Centinela, près de la baie de Rosales, selon l’agence Télam.

Sur son compte Instagram, le Parc national de Los Alerces a indiqué que vendredi soir, un drone a survolé la zone pour évaluer la progression de l’incendie, et que des équipes de pompiers d’Esquel et Trevelin « sont présents pour protéger les villes proches de l’incendie ».

Les températures record en Patagonie argentine ont amené les provinces de Chubut et de Rio Negro à déclarer l’état d’urgence en raison du risque d’incendies jusqu’au mois d’avril.

Le Parc de Los Alerces couvre 188.379 ha avec une zone tampon d’environ 207.313 ha. Les glaciations successives ont façonné le paysage de la région et créé une variété de formes spectaculaires, cirques glaciaires, chapelets d’étangs, lacs aux eaux claires, vallées suspendues, roches moutonnées et vallées en U.

Il abrite certaines des dernières parcelles de forêt patagonienne d’un seul tenant ainsi que de nombreuses espèces de faune et de flore endémiques et menacées, notamment la plus ancienne population d’alerces ou cyprès de Patagonie, un conifère endémique d’Amérique du Sud.

Source : https://www.nouvelobs.com/monde/20240127.AFP6541/argentine-un-incendie-detruit-600-hectares-d-un-site-unesco.html

Au Chili, un arbre vieux de 5.000 ans, « capsule temporelle » de l’adaptation au changement climatique (L’Obs – AFP, 22/4/2023)

Au Chili, un arbre vieux de 5.000 ans, "capsule temporelle" de l'adaptation au changement climatique
Antonio Lara, chercheur à l’Université australe et au Centre chilien des sciences du climat et de la résilience, observe un cyprès géant de Patagonie, au Chili, le 10 avril 2023 ((c) Afp)

Par AFP

Publié le 22 avril 2023 à 5h00·Mis à jour le 23 avril 2023 à 20h50

Valdivia (Chili) (AFP) – Dans une forêt du sud du Chili, un cyprès de Patagonie géant, en passe d’être certifié comme le plus vieil arbre de la planète, renfermerait des informations précieuses pour la science en matière d’adaptation au changement climatique.

Ce Fitzroya cupressoides de 28 mètres de haut et quatre de diamètre, baptisé « Grand Abuelo » (arrière-grand-père), serait âgé de quelque 5.000 ans. Il serait ainsi plus vieux que le doyen actuellement reconnu, le « Mathusalem », un pin Bristlecone de 4.850 ans, préservé dans un endroit tenu secret aux Etats-Unis.

« C’est un survivant. Aucun autre arbre n’a eu l’occasion de vivre aussi longtemps », assure face au spécimen Antonio Lara, chercheur à l’Université australe du Chili et au Centre chilien des sciences du climat et de la résilience, qui fait partie de l’équipe chargée d’étudier l’âge de l’arbre.

Au bord du ravin où il se trouve, dans la région de Los Rios, à 800 km au sud de Santiago, il a échappé aux incendies et à la surexploitation de cette espèce endémique du sud du continent américain, dont le bois, extrêmement résistant, a servi pendant des siècles à la construction de maisons et de bateaux.

– Histoire de famille –

Avant même son entrée au Guinness des records, les touristes marchent pendant une heure dans une forêt de mélèzes plus jeunes (300 à 400 ans) pour réaliser un selfie au côté de l’arbre au tronc épais et sinueux recouvert de mousses et de lichens.

Sa notoriété grandissante a poussé l’Office national des forêts à augmenter le nombre de gardes forestiers et limiter les visites, seulement sur inscription préalable.

Le « Gran Abuelo » a été découvert en 1972 par un garde forestier, Anibal Henriquez, qui « ne voulait pas que les gens et les touristes sachent (où il se trouve), parce qu’il savait qu’il était très précieux », explique sa fille Nancy Henriquez, elle-même garde forestière.

Le petit-fils d’Anibal, Jonathan Barichivich, a grandi en jouant parmi ces cyprès de Patagonie et est aujourd’hui l’un des scientifiques qui étudient l’espèce au sein du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, à Paris.

En 2020, dans le cadre de ses recherches sur le changement climatique, il a extrait, avec Antonio Lara, un échantillon de l’arbre à l’aide de la plus longue foreuse manuelle existante. Mais ils n’ont pu atteindre son centre.

Cet échantillon a été formellement estimé à 2.400 ans et, grâce à un modèle prédictif, « 80% des trajectoires possibles indiquent que l’arbre aurait 5.000 ans », explique M. Barichivich, qui espère publier ses travaux prochainement.

L’étude a suscité l’enthousiasme du monde scientifique, car la dendrochronologie –l’étude de l’âge des arbres à partir des cernes de leur tronc– a ses limites lorsqu’il s’agit de mesurer des spécimens plus anciens, car beaucoup ont des noyaux pourris.

– « Symboles de résilience » –

« Ce n’est pas seulement son âge, il y a beaucoup d’autres raisons qui donnent à cet arbre de la valeur et du sens et qui justifient la nécessité de le protéger », explique M. Lara.

Témoin des 5.000 dernières années, il est considéré comme une formidable « capsule temporelle » qui stocke des informations sur le passé et sur la manière dont ces arbres ont réussi à s’adapter aux changements climatiques et à leur environnement.

Rares sont les arbres si anciens. La plupart ont moins de 1.000 ans et très peu ont vécu plus de 2 à 3.000 ans.

« Ils sont comme un livre ouvert », explique Carmen Gloria Rodriguez, assistante de recherche au laboratoire de dendrochronologie et de changement global de l’Université australe.

Ils témoignent notamment des années sèches (avec des anneaux plus étroits) et des années pluvieuses (plus larges) et peuvent donner des indications des incendies et tremblements de terre.

« Ils sont des symboles de résilience et d’adaptation. Si ces arbres disparaissent, une clé importante de la façon dont la vie s’adapte aux changements de la planète disparaît avec eux », assure M. Barichivich.

Source : https://www.nouvelobs.com/monde/20230422.AFP9690/au-chili-un-arbre-vieux-de-5-000-ans-capsule-temporelle-de-l-adaptation-au-changement-climatique.html

Il était des voix : à l’écoute du vivant, un podcast de la Gaîté Lyrique, avec David Commeillas, Joakim, Antoine Bertin et Lauriane Lemasson (29/11/2022)

À l'écoute du vivant

Connaissons-nous le chant, ou plutôt le ronflement des baleines? Saurions-nous reconnaître dans la nuit le cri d’une chouette? Tandis que l’Occident n’a eu de cesse de réduire les animaux à des instincts ou des déterminismes biologiques, d’autres cultures les considèrent dotés d’une âme et d’une intelligence capable d’apprécier le beau. La crise environnementale actuellement à l’œuvre pousse les créateurs et créatrices à nous relier de nouveau aux autres formes de vie, pour prendre le temps d’écouter ce que le reste du vivant a à nous dire.

Dans ce deuxième épisode de la saison 3 d’Il était des voix, nous avons voulu nous intéresser à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels. Avec:
–David Commeillas, journaliste, co-auteur du podcast Bruit. (Brut, 2022)
–Antoine Bertin, artiste sonore, auteur de Conversation Métabolite, Edge of the Forest et Species Counterpoint;
–Joakim, producteur, compositeur de l’album Seconde Nature (Tiger Sushi, 2021);
–Lauriane Lemasson, ethnomusicologue, géographe et musicienne.

Il était des voix est un podcast produit par Sonique – Le studio pour la Gaité Lyrique, en partenariat avec le Paris Podcast Festival.
Animation : Christophe Payet
Réalisation : Lucile Aussel
Production : Christophe Payet / Sonique – Le studio

https://www.slate.fr/audio/il-etait-des-voix/18-a-lecoute-du-vivant

Gaîté Lyrique — 29 novembre 2022 à 1h42

Il était des voix : à l’écoute du vivant (Gaîté Lyrique, 29 novembre 2022)

https://www.slate.fr/audio/il-etait-des-voix/18-a-lecoute-du-vivant

Épisode 18 – Un épisode qui s’intéresse à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels.

À l'écoute du vivant

Connaissons-nous le chant, ou plutôt le ronflement des baleines ? Saurions-nous reconnaître dans la nuit le cri d’une chouette ? Tandis que l’Occident n’a eu de cesse de réduire les animaux à des instincts ou des déterminismes biologiques, d’autres cultures les considèrent dotés d’une âme et d’une intelligence capable d’apprécier le beau. La crise environnementale actuellement à l’œuvre pousse les créateurs et créatrices à nous relier de nouveau aux autres formes de vie, pour prendre le temps d’écouter ce que le reste du vivant a à nous dire. 

Dans ce deuxième épisode de la saison 3 d’Il était des voix, nous avons voulu nous intéresser à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels.

Il était des voix : À l’écoute du vivant avec :
-David Commeillas, journaliste, co-auteur du podcast Bruit. (Brut, 2022)
-Antoine Bertin, artiste sonore, auteur de Conversation Métabolite, Edge of the Forest et Species Counterpoint
-Joakim, producteur, compositeur de l’album Seconde Nature (Tiger Sushi, 2021)
-Lauriane Lemasson, ethnomusicologue, géographe et musicienne

  Il était des voix est un podcast produit par Sonique – Le studio pour la Gaité Lyrique, en partenariat avec le Paris Podcast Festival.
  Animation : Christophe Payet

Réalisation : Lucile Aussel
Production : Christophe Payet / Sonique – Le studio

Au Chili, la traque du castor, la plaie qui met en péril les forêts de Patagonie (L’Obs – AFP, 22/4/2020)

Publié le 22 avril 2020 à 10h00·Mis à jour le 22 avril 2020 à 13h00

Puerto Williams (Chili) (AFP) – Armé de son fusil, Miguel Gallardo fait face à une tâche colossale: traquer le castor, introduit dans la région dans les années 1940 et devenu depuis une plaie qui menace les forêts de la Patagonie chilienne.

A partir des 10 couples introduits en 1946, on compte aujourd’hui quelque 100.000 individus dans la zone de la Terre de feu, partagée entre le Chili et l’Argentine. Marcelo, lui, ne parvient à en abattre qu’une soixantaine à chaque saison.

« Le castor est très mignon, très intelligent, mais malheureusement, les dommages qu’il est en train de causer sur la végétation indigène et la faune sont énormes », déclare à l’AFP ce chasseur qui a 15 ans d’expérience et organise aussi des visites touristiques sur l’Ile Navarino, à proximité de Puerto Williams, à l’extrême sud du Chili.

Avec leurs puissantes dents et leurs talents de bâtisseurs, le castors se sont parfaitement acclimatés à ce nouvel habitat, totalement dépourvu de prédateurs.

« Il faut les éradiquer, mais il ne s’agit pas non plus d’arriver et de leur tirer dessus dans l’eau et qu’ils y pourrissent », ajoute ce chasseur, qui récupère les spécimens abattus pour utiliser leur fourrure « de très bonne qualité et assez chaude ».

En 1946, des militaires argentins ont rapporté d’Amérique du Nord dix couples de castors du Canada (castor canadensis) dans le but de monter une affaire de peaux et de fourrures en Terre de feu. Mais cela n’a finalement pas marché et ces castors ont été relâchés dans la nature.

Les deux pays voisins effectuent depuis les années 1980 des campagnes de contrôle pour tenter de réduire les populations de ces rongeurs, par des pièges ou des abattages. En face, les ONG de protection de l’environnement, comme l’Union de défense du droit animal de Punta Arenas, dénoncent la cruauté de ces méthodes ainsi que leur manque d’efficacité.

« Les défenseurs des animaux, je les comprends; je comprends que tuer un être vivant, un petit animal intelligent, c’est douloureux. Mais malheureusement, si nous ne prenons pas de mesures concernant le castor, nous allons nous retrouver sans forêt et sans végétation », met en garde Miguel Gallardo.

– 23.000 hectares dévastés –

« Penser à éradiquer le castor n’est en rien un combat contre le castor mais un besoin de protéger le patrimoine naturel de notre pays », abonde Charif Tala Gonzalez, responsable du département de conservation des espèces au ministère de l’Environnement.

En quelques années, ces rongeurs semi-aquatiques au pelage marron qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre et peser 32 kilos ont fini par coloniser tout l’archipel de la Terre de feu.

Outre qu’il n’a pas de prédateurs naturels dans cette partie du globe, le castor vit en général longtemps, de 10 à 12 ans, durant lesquels il peut avoir 5 à 6 petits chaque année.

Cet animal est connu pour construire des barrages à partir de la végétation existante. Il installe ensuite sa tanière au milieu de la retenue qui se forme alors.

Cette montée des eaux fait mourir la végétation indigène et le peu d’arbres qui survivent sont abattus par les castors pour renforcer leur construction. Ils raffolent particulièrement des lengas centenaires, également appelés hêtres de la Terre de feu, et des coihues, connus sous le nom de hêtres de Magellan.

« La forêt ne peut pas se défendre (…) Tout ce qui reste au milieu de l’eau meurt, car nos forêts ne sont pas préparées à l’excès d’eau », explique Miguel, le chasseur.

Les autorités chiliennes estiment que depuis leur introduction, les castors ont dévasté plus de 23.000 hectares de végétation indigène, entraînant un manque à gagner évalué à 62,7 millions de dollars à cause de la destruction du bois.

Ils ont également eu un effet sur l’ensemble de la flore et la faune de la zone, leurs barrages provoquant des inondations qui ont coupé des routes, des zones de pâturage et de culture.

« Les écosystèmes de la Patagonie sont uniques (…) Pour qu’ils redeviennent pleinement des forêts, nous parlons en centaines d’années, si les conditions sont réunies », souligne Charif Tala Gonzalez.

Source : https://www.nouvelobs.com/topnews/20200422.AFP5823/au-chili-la-traque-du-castor-la-plaie-qui-met-en-peril-les-forets-de-patagonie.html