Récit d’Aude, équipière de Saint Nazaire à Ushuaia !
-Stage hauturier du Brésil à l’Argentine-
Salvador, sûrement l’escale la plus en musique que nous ayons eu! L’arrivée de la transat était là! De Saint Nazaire à Salvador, quelques milles ont été parcourus et deux continents ont été reliés durant ce stage de voile hauturier.
Arrivée à SalvadorArrivée à Salvador 2
L’escale ne doit durer malheureusement que 2 jours. Contrairement au Cap Vert, les douanes sont rapides et l’escale à Fernando de Noronha aura permis de préparer le dossier. Nous étions attendus et les formalités ont été éclair! Bémol : les douanes sont fermées le week-end et nous obligent, après une arrivée le jeudi dans l’après midi, à formaliser la sortie du territoire le vendredi soir à minuit. Nous étions autorisés à rester sur le bateau après mais pas le droit de sortir de la marina.
Marina de SalvadorLes navires à passagers à côté de la marina
La marina de Salvador jouxte un terminal de bateau proposant des balades à la journée et donnant lieu à des scènes assez improbables au son (puissant) de chaque bateau. Peu après le lever du jour commence la musique à fort volume, nous obligeant à fermer les panneaux de pont et hublots au moment où nous pouvions apprécier un peu de fraîcheur (relative…) avant l’arrivée d’une chaleur étouffante dès 9h du matin. Nous apprenons quelques jours plus tard qu’une loi a été votée pour interdire l’usage d’enceintes particulières dans le domaine public tant le brouhaha était intense sur les plages et autres lieux de détente partagés! À vous qui venez de traverser l’Atlantique au son de la mer et du vent dans les voiles, à vous de vous adapter à tout ce bruit et cette chaleur! Inutile de vous dire que ça a parfois été compliqué et que c’était quelque peu fatiguant… De loin l’escale la moins reposante de notre périple !
Au complet à Salvador de Bahia !
À peine arrivée, nous faisons la connaissance de Henri qui nous attend sur le ponton. Il est français et a immigré au nord de Montréal depuis quelques années. Il embarque avec nous pour l’Argentine tandis que Juliane et Étienne préparent leurs bagages pour continuer leur voyage à terre au Brésil.
Nous partons explorer le quartier historique sur les hauteurs de la ville. Un rapide tour dans le quartier entre la marina et le téléphérique nous aura bien vite sensibilisé à la pauvreté qui touche le pays. Nous pensions monter avec nos petites jambes mais cette idée nous est bien vite déconseillée par trois locaux. Arrivés dans le quartier historique, nous comprenons rapidement l’enjeu sécuritaire. Militaires et policiers sont postés à chaque coin de rue. La place de la cathédrale est l’occasion d’admirer les décos de Noël sponsorisés par Coca Cola. C’est omniprésent! Nous en sommes tous surpris mais c’est à l’image des restaurants où il est plus facile de trouver du soda en 2l que de l’eau! Le centre historique est riche de l’histoire de la colonisation.
Toupie, Etienne et les décos de NoëlDans les rues de Salvador de BahiaDans les rues de Salvador de BahiaDans les rues de Salvador de BahiaDans les rues de Salvador de BahiaDans les rues de Salvador de Bahia
Le lendemain, une équipe part faire les courses. Henri étant un ancien cuisinier, il y va avec Lauriane. C’était une très bonne idée : il nous régalera de bons petits plats pendant cette descente du Brésil qui s’avèrera coriace. Damien et François restent pour les vidanges et autres bricolages du bord. Quant à Étienne, Juliane et moi, nous partons explorer la ville.
Toupie toujours au coeur de l’action
Nous pensions aller au musée national voir des œuvres d’arts, ce sera finalement un musée de l’infirmière nationale, Ana Néri. C’est leur Virginia à eux à une époque à peu près similaire à la nôtre. Puis nous allons au musée de la monnaie, à une expo photo puis à la cathédrale. Le struc y fait son effet. Ancienne possession des jésuites, ceux-ci ont laissé une trace de leur passage dans le splendide plafond. C’est aujourd’hui une église du diocèse. Le soir, après une séance d’ostéopathie improvisée en pleine rue (!), nous fêtons au restaurant l’arrivée de Henri et le départ d’Etienne et Juliane qui partiront le lendemain dans l’après midi.
Le départ de Juliane et Etienne
Le dimanche sonne l’heure du départ. Pendant que l’équipage s’affaire à préparer le bateau, je file à la messe qui a lieu à 500m. C’est jour de fête car ce sont les 170 ans de la consécration de la paroisse à l’Immaculée Conception. Étonnant d’’avoir’écouter le texte de l’Annonciation à quelques jours de Noël. Puis c’est partie pour une descente du Brésil à 5! Depuis Saint Nazaire Milagro n’a jamais eu un équipage aussi réduit.
Départ de SalvadorDépart de Salvador 2
Pour cette navigation il faut passer le cap Frio et après ça descend… en fait pas tant que ça!
Escale à Vitoria, deuxième plus grand port de minerais du monde
La traversée est assez longue. Nous devons faire deux escales pour des raisons de vent trop violent. La question du vent sera essentielle dans cette descente tout sauf évidente. Après le confort des alizés, c’est un peu brutal. Après le passage du cap Frio, nous essuyons une dépression au large de Rio Grande do Sul, apparue d’un coup et sans lieu de replis pendant plus de 350mn! La côte est une bande de sable avec des ports soit trop petits pour Milagro, soit barrés par un banc de sable rendant l’approche trop dangereuse dans les conditions qui étaient les nôtres. Il faut donc serrer les fesses, ranger l’intégralité du bateau pour que rien ne risque de chuter et nous blesser et préparer quelques repas d’avance! Finalement, nous ne subirons pas grand chose au regard de ce qui est annoncé. Lauriane fera du routage très précis pour nous éviter la rencontre de deux grosses cellules orageuses et altèrnera les quarts avec Damien pour ne pas nous exposer à du gros temps (4-6m de houle, 40-45 noeuds).
L’activité orageuse dans la nuit du 19 au 20 décembre, où nous nous trouvons…
Nous abîmerons dans cette bataille pendant la nuit le gros coffre à gaz arraché par une vague plus grosse que les autres venue casser sur le bâbord, et perdrons la boîte de matériel de pêche qui était amarrée dessus (des bribes seront miraculeusement retrouvées sur le pont). Le gaz sera raccordé le lendemain dans la matinée avec, chose notable, l’installation d’un nouveau raccord olive de 8mm dehors dans 4m de creux… Dans la matinée, le bateau est remis en ordre et la météo s’est un peu arrangée. Le vent se calme et nous reprenons tous le rythme des quarts et la vie à bord. À cette perte temporaire du gaz, ajoutons la déchirure de la grand voile au niveau des prises de ris 2 et 3 et le groupe électrogène qui fait des siennes et refuse de produire la tension voulue (ce qui veut aussi et surtout dire que nous devons tenir jusqu’à l’arrivée sur l’eau restante dans le bateau faute de déssalinisateur sans générateur… Nous avons de la marge mais tout de même) !
un visiteur du Rio de la PlataRemontée du fleuve vers la capitale Argentine[Cap au Sud #9] de Salvador de Bahia (Brésil) à Buenos Aires (Argentine) 30
La remontée du Rio de la Plata a un goût particulier: l’idée de savoir que la terre est au bout et que l’arrivée est proche est plaisante. Surtout que la remonté se fait sur une eau chargée de limon. Nous arrivons au Yacht Club Argentin le 24 décembre à 21h30 après une manœuvre de port épique et fêtons Noël autour un punch pastèque improvisé et de quelques mets préparés dans la journée.
Réveillon de Noël à Buenos Aires, à bord de Milagro !
Nous passons la journée du 25 à faire une grasse matinée bien méritée puis les papiers… pas une mince affaire : les trois autorités ne sont pas raccord sur la procédure et l’emplacement des douanes… Après maintes tergiversations, nous finissons par être dirigés au bon endroit et être en règle pour notre entrée en Argentine. Le nouvel équipage est partiellement arrivé à Buenos Aires et à 19h pile nous fuyons du navire pour éviter un combat perdu d’avance avec des centaines et des centaines de moustiques arrivant tout droit des marais situés juste à côté du Yacht Club Argentin. Un enfer. Le coût de la vie est élevé et les salaires n’ont pas suivi. Le pays fait fasse à une augmentation de la pauvreté avec plus de 57% de la population argentine sous le seuil de pauvreté. Nous voyons partout des personnes fouiller les poubelles, des artistes de rue de 80 ans tentant de gagner quelques pièces en plus, des parents venant demander de la nourriture pour leurs enfants… triste situation pour un pays pourtant si riche !
Je reviens sur le bateau après deux jours de vadrouille en ville et découvre que les réparations ont déjà bien avancé sur la grand-voile et que le générateur est de nouveau opérationnel après changement des condensateurs. Tout est fait entre membres avec Damien, Clément, Lauriane, Sébastien, Jacques, Patrick et Philippe. Pour la suite de notre périple nous aurons d’ailleurs de supers enceintes SONOSAX pour écouter de la musique et ce qui se passe dans l’eau, installées dans le carré (et non sans mal) par Jacques, Lauriane et Clément.
Milagro au Yacht Club ArgentinoDémarches administratives à la préfecture navale de Buenos Airesinstallation des enceintes de JacquesRéparation de la grand-voileintallation d’un nouveau support d’antenne Révision des chariots de GVArrivée de Sébastien (secrétaire de l’asso) et de Jacques (président)
Je profite que nous soyons à terre pour aller à la messe à la cathédrale. Qu’il est surprenant de voir le drapeau de l’Etat argentin dans le cœur de l’église et l’armée qui veille sur le mausolée de San Martin. Il faut voir le lien entre l’Eglise et l’Etat: pas très clair et très sain cette histoire ! Après cette opération, je pars chercher du pain. La ville a plusieurs boulangeries que nous les testons au fur et à mesure. Bonne pioche pour le pain, un peu moins pour les desserts! Après 2,5 mois en mer, il faut avouer qu’une bonne baguette manque un peu… S’en suivent deux autres journées de réparations, préparations et rangement du bateau. Clément et Sébastien sont arrivés de France avec plein de matériel qu’il faut ajouter à tout ce qui était déjà à bord!
Le départ se fait proche, et au bout de 5-6 jours le large commence déjà à manquer un peu.
Parmi les belles rencontres de cette escale est à distinguer celle avec Carlos Salamanca, frère de Mirtha (membre d’honneur de notre association) et qui suit nos activités depuis 2019, lorsque sa soeur est venue nous rendre visite en France pour consulter les archives de sa famille. Entre café et alfajores, nous avions déjà les pensées tout au sud de l’Argentine et milles projets à réaliser. La suite d’ici peu avec notre projet des Voix des Grands-Mères.
Nous ne vous parlerons pas du beurre qui était en rupture de stock à bord, >3kg ont été écoulés depuis St Nazaire et nous sommes passés à deux doigts d’aborder des navires que nous croisions sur la route pour récupérer une plaquette !
Nous sommes partis des Canaries tout début novembre après avoir laissé à quai nos 2 p’tits suisses et Laurent qui s’en sont retournés à leurs mères patries et Juliane, une étudiante de 21 ans, est venue compléter l’équipage jusqu’au Brésil. L’équipage qui était jusqu’alors majoritairement masculin est devenu féminin.
[Cap au Sud #5] Stage haute mer de Radazul (Tenerife, Canaries) à Praia (Cap Vert) 43
Après un départ au moteur faute de vent, nous avons récupéré la veine de vent (n’y voyez pas un manque du métier de Aude, c’est bien le terme technique). Nous marchons au portant; c’est à dire avec un vent arrière ou de travers, ce qui rend le bateau relativement plat en dépit d’un roulis persistant. La houle est d’1-1,5m ce qui rend la vie à bord plus confortable que les semaines précédentes. Et le soleil continue d’égayer nos journées!! On est bien bien bien comme le dit l’expression !
[Cap au Sud #5] Stage haute mer de Radazul (Tenerife, Canaries) à Praia (Cap Vert) 44
La meilleure preuve que nous allons bien est la consistance de nos assiettes. Du poulet riz nous passons au poulpe à la galicienne et aux empanadas préparés par Lauriane, un maigre à la cuisson parfaite concocté par Damien, des fajitas végétariennes et pancakes à la banane réalisés par Juliane… bref, les présentations et richesses des menus sont bien visibles ! Et nous profitons de la faible zone de trafic pour prendre nos repas tous ensemble, tout en gardant un œil attentif à la veille.
Poulpe à la galicienneEmpanadas banane-chocolatEmpanadas aux encornets et empanadas au fromage
Le manque de beurre aux cristaux de sel, qui pourrait faire sourire voire même rire, est en soit un véritable problème : nous ne pouvons plus faire de crêpes, de gâteaux ou de scones! Mais surtout, retrouver du beurre salé sous les tropiques est peu probable ! Allons-nous pouvoir continuer… ?
Le vent étant bien stable, nous sortons le spinnaker. Pour tous ceux qui ont eu à gréer cette voile, vous en connaissez la signification : beau temps, belle mer et surtout, surtout elle doit être hissée pour longtemps ! Pari réussi car nous faisons de longs bords sous spi, dépassant même les 180mn en 24h. (10-15 nœuds de vent) Il faut préciser que les empannages demandent un peu de logistique et de forces dans les bras! 90 kg de voile à hisser sur chaque bord (il y a 1 drisse par bord), et repasser le bras (il est unique car il n’est pas possible de faire passer la voile devant les 2 voiles d’avant à poste).
Hisse la chaussette ! Spinnaker du voilier Milagro
Après avoir passé la barre des 300 milles nautiques nous séparant de l’arrivée, au petit matin, durant le quart qui ouvre le jour, un grand POUM est entendu et le bateau ralentit brusquement, passant de 8,5 à 4 nœuds. Juliane, Lauriane et Aude qui étaient de quart se regardent pour donner une signification à ce bruit totalement inhabituel. Lauriane monte sur le pont et un : « Damien, on n’a plus de spi ! » résonne dans le carré. À notre grande surprise le spi est à l’eau, le long de la coque de Milagro ! Nous voici lancés dans une manœuvre qui durera moins d’une heure. Ne pas se précipiter, chercher comment récupérer ce spi encore retenu par les points d’amure et d’écoute. Un peu de réflexion est nécessaire; l’artimon est affalé, il nous faut empanner pour ne pas que le bateau passe sur le spi, ce qui rendrait la récupération sérieusement plus complexe. Ce serait une très mauvaise idée d’allumer le moteur, au risque d’ajouter des problèmes au problème en coinçant par exemple un bout ou la voile dans l’hélice… Il faut donc barrer avec la houle et le vent, sans voile à poste, pour maintenir une certaine distance entre le franc bord et la voile. Décision est prise de larguer l’écoute pour récupérer la voile par l’avant du navire. Après des efforts assez intenses (180m² de voile, quand même…), le spi est dans son sac et l’ensemble des bouts sont à bord, l’artimon est de nouveau hissé, le yankee et la trinquette déroulés et la route reprend, un peu moins vite certes mais elle reprend. Un café coule, nous sommes tous les quatre contents de la tournure des événements : une leçon de voile grandeur nature ! Il est certain que garder son calme est d’une grande aide dans ce genre de situation.
Une quarantaine de grands dauphins viennent jouer à l’étrave, quelques poissons volants sont visibles et d’autres s’échouent sur le bateau, une Océanite du Cap Vert vient aussi jouer les passagères clandestines plusieurs heures sur le pont durant la nuit du samedi au dimanche 10 novembre… mais toujours pas de baleine, ceci malgré nos demandes répétées au capitaine !
Océanite du Cap Vert – Juliane GoninetGrand dauphin – Juliane Goninet
La nuit reste une partie de plaisir, les constellations égayent toujours nos quarts. Parfois, le ciel est plus voilé mais les étoiles filantes restent bien visibles. C’est aussi l’occasion de croiser des cargos qui laisse Milagro pensif. En effet, nous croisons des navires de 300 m de long et cela nous invite à réfléchir à ce qu’ils transportent pour notre consommation: gaz, pétrole et objets de pacotille; les écolos nombreux à bord se sentent un peu dépassés par cette vision. Inutile de préciser qu’une collision avec ce type de navire nous laisserait aucune chance! La vielle est donc bien nécessaire d’autant plus qu’ils apparaissent à l’AIS parfois bien après que leurs nombreuses lumières soient visibles. En revanche, les équipiers de quart hallucinent avec les sons improbables qui sortent de la VHF en veille sur le canal 16 ! Miaulements, rires,… tout y passe !
[Cap au Sud #5] Stage haute mer de Radazul (Tenerife, Canaries) à Praia (Cap Vert) 45
François, qui nous rejoint au Cap Vert, apporte un livre sur l’astronomie et sur la navigation de secours : nous allons comprendre le cycle de la Lune qui nous laisse encore pensifs : de rapide apparition et pas de logique dans la progression des quarts et de la position. Ce quart est aussi l’occasion de constater la chance que nous avons d’être là où nous sommes, présents à nous. C’est de la régalade! Avancer sous spi à 7 – 8 nœuds dans le clair de lune et avec une chaleur qui s’améliore est une réelle chance. Les quarts de nuits sont aussi propices aux discussions de fond et les échanges sont plus profonds. Chanceuses durant leur quart nocturne en commun, Juliane et Lauriane ont pu voir les voiles de Milagro illuminées par une chute de météorite !
Quant au quart du matin, après un passage « froid », nous assistons au lever du jour : petit à petit mais assez rapidement la lueur du jour devient clarté et enfin jour. Les couleurs sont changeantes : d’une nuit sombre jaillit doucement un éclat de lumière, le gris s’éclaircit devenant jaune orangé puis enfin jaune… et le soleil fait son apparition. Les premiers rayons du soleil réchauffent : cela veut aussi dire qu’il est l’heure du petit dej sur le pont en admirant ce spectacle.
Il faut tout de même faire un point poisse dans ce décor de rêve : – D’abord l’humidité de nuit qui transperce. Nous devenons poisseux! Ça passe ce n’est pas très grave puisque le teck du bateau n’est mouillé que jusqu’à 11h le matin. Les planches de natations sont d’excellents sous fesses pour ne pas mouiller notre séant dans cette humidité! En passant sous le 20ème degré nord, cela s’arrange, nous pouvons faire les quarts en shorts. – Le toilette avant qui était bouché! Nous vous avions passé ce détail dans les précédents récits mais pour qui a navigué, une histoire « toilette » est obligatoire. Toujours est-il que Damien a eu le courage, à défaut du plaisir, d’aller déboucher pour la 4ème fois la pompe dans lequel se coinçait les tampons de la lunette des wc. Les tampons sont aujourd’hui vissés et nous avons mission de veiller à ce que les 4 restent bien en place!!
Arrivée de nuit dans la baie de Praia, le réveil se fait au son de la ville : voitures, chiens et coqs se relaient… entendus depuis le mouillage pour un retour en douceur à terre. Rapidement nous nous mettons à l’ouvrage pour pouvoir repartir dans les prochains jours : Milagro se transforme en laverie et l’avitaillement en produits frais fait le bonheur de nos papilles avides de découverte de nouvelles saveurs.
Le voilier Milagro dans la baie de Praia (Cap Vert)
PS : On nous demande dans l’oreillette l’origine de notre équipier à antennes : Parebat’. C’est un escargot écossais (un petit gris des îles Hébrides s’il vous plaît) arrivé tout seul en juillet dernier, sur le pont du bateau qui était pourtant au mouillage. Découvert un soir, il était prévu qu’il retrouve la terre ferme le lendemain matin… Sauf qu’entre-temps, Toupie a eu la bonne idée de se coucher sur lui dans le cockpit… lui rompant la coquille. En conséquence, Lauriane a pris en pitié ce gastéropode voué à une fin sans suspense si remis à terre… et elle lui a fourni le régime alimentaire visant à la réparation de sa coquille avant de le libérer (farine, coquille d’œuf broyée et verdure variée). La convalescence étant finalement assez longue, il a lui aussi embarqué pour la Patagonie où il ne sera pas possible de le relâcher faute de congénères dans ces contrées…
Après le départ de Vigo nous traçons notre route direction les Canaries, et plus précisément l’île de Tenerife. Les prévisions de l’AEMET (agence météorologique espagnole) pour les zones qui nous concernent ces prochaines 48h sont :
FINISTERRE : Ouest – Nord Ouest 5 à 6 occasionnellement 7 la nuit au Sud Ouest de la zone. Mer forte à très forte, augmentant à l’aube à l’extrême nord de la zone. Houle Nord Ouest 3 à 4m, localement 5m. Averses et orages localement.
PORTO : Nord Ouest 5 à 6, temporairement 7 à l’aube. Mer forte à très forte durant la nuit. Houle Nord Ouest 3 à 4m. Averses occasionnelles.
JOSEPHINE : Nord – Nord Est 5 à 6 tournant Nord Ouest 6 au nord. Mer très agitée augmentant forte au nord est de la zone. Averses occasionnelles.
Nous partons très vite au large de l’Espagne puis du Portugal. Il faut nous éloigner d’une petite zone sans vent située à la côte au sud de Vigo, tout en nous préservant d’atteindre une zone de gros temps située plus à l’ouest. Par conséquent, nous voguons avec comme points de repère 2 longitudes : entre 9°30 et 10°30 Ouest. La houle est toujours très forte. Sauf imprévu, nous garderons les 4m de creux pendant quelques jours ! Cette fois-ci, contrairement au golfe de Gascogne, elle est mieux supportée! Bonne nouvelle pour nous :)
Sous artimon, yankee et trinquette, la vitesse de Milagro oscille entre 5,5 et 7 nœuds, avant que le vent s’installe avant la tombée de la nuit, nous faisant réduire un peu le yankee pour filer à plus de 8 nœuds, cap au 210°. L’absence de la Grand Voile nous permet de gagner en stabilité tout en gardant une bonne vitesse. Nous actualisons nos infos météo sur le site de l’Organisation Météorologique Mondiale (WMO) pour plusieurs zones de la METAREA II, dont voici la teneur :
PORTO : Nord – Nord Ouest 4 à 6, virant Nord ensuite. Mer forte à très forte. Houle Nord Ouest
SAO VICENTE : Nord Ouest 5 à 6, virant Nord ensuite. Mer forte à très forte. Houle Nord Ouest.
En fin de nuit le samedi 26 octobre le vent devient variable et nous oblige à manœuvrer à plusieurs reprises avant que, passé le petit-déjeuner les premiers grains pointent le bout de leurs nez à l’étrave… avec des rafales à 35-40 nœuds, nous varions régulièrement la surface de voile pour garder un confort relatif par mer très forte. Le trafic à l’approche du rail de Lisbonne (DST : Dispositif de Séparation du Trafic) augmente, nous obligeant à accentuer la veille sur le pont et à l’AIS. Les averses s’enchaînent en milieu de nuit… « Alors, heureuse ? » Deux mots prononcés dans le cockpit sous des seaux d’eau suffiront à nous faire rire un bon moment… Au petit matin le rail est derrière nous et un vent régulier de 25-30 nœuds nous fait évoluer au portant et réaliser plusieurs empannages dans la journée, sous artimon et yankee. L’après-midi le beau temps revient et les BN au chocolat sont de sortie dans le cockpit !
La météo pour les prochaines 24h (même source que précédemment) sont:
SAO VICENTE: Nord 4 à 5, localement 6 à l’ouest de la zone, tournant Nord – Nord Est à l’aube. Mer forte. Houle Nord Ouest.
CASABLANCA: à l’ouest de la zone Nord 5 à 6, tournant Nord Est ensuite. Mer forte au nord ouest.
MADEIRA: Nord – Nord Est 5 à 6. Mer forte. Houle Nord.
[Cap au Sud #4] Stage haute mer de Vigo (Galice) à Radazul (Tenerife, Canaries) 53
La fin de journée et la nuit se déroulent donc avec 20-30 nœuds de vent, à une vitesse de 8-9 nœuds, avec de jolies pointes à 11 nœuds, cap au 215°. Quelques éclairs lointains illuminent le ciel étoilé. La Voie Lactée, en l’absence de pollution lumineuse autre que le traceur du poste de barre et nos feux de navigation, nous semble par moment à portée de main ! Nous repérons les constellations principales : Orion, le Taureau, les Pléiades, le Cygne, Draco, Delfinus, Cassiopée… tout en restant très vigilants car le trafic de cargo reste bien visible au loin sur notre bâbord. Dans les échanges entre les équipiers, c’est toujours les nuits sous les étoiles qui reviennent dans le top des activités. La voûte étoilée, le coucher de soleil et le lever de Lune en berceau, la contemplation de la création pour les croyants, de la beauté fascinante de ce qui nous entoure pour les autres, et savoir que nous sommes les seuls à voir que nous voyons à cet instant. La journée c’est plutôt s’émerveiller des poissons et cétacés qui accompagnent notre sillage. Tout cela contrebalance bien « l’inconfort » du bateau. Le prix à payer est faible et la joie est grande et profonde. En début de matinée la houle diminue et avec 15-20 nœuds de vent chacun sent revenir le calme… temporairement !
De nouveau les prévisions nous promettent du vent :
CASABLANCA : Nord – Nord Est 5 à 6, tournant Ouest 5 à 6 à la fin. Mer forte et visibilité temporairement mauvaise sous averses orageuses.
MADEIRA : Nord – Nord Est 5 à 6 diminuant 4 à 5 à la fin. Rafales. Mer forte. Houle Nord.
Le lundi 28 octobre ressemble donc pour beaucoup au jour précédent, avec en prime des rafales plus fortes dépassant par moment les 35 nœuds. Durant la nuit nous passons sous la barre es 400mn nous séparant de Santa Cruz de Tenerife et la diminution de la houle se trouvant désormais derrière nous rend la navigation vraiment plus confortable. En milieu de matinée les conditions sont vraiment idylliques : 17-23 nœuds de vent et 7,5 nœuds de vitesse, sous un grand ciel bleu.
[Cap au Sud #4] Stage haute mer de Vigo (Galice) à Radazul (Tenerife, Canaries) 54
En fin d’après-midi c’est sous le seuil des 300mn que nous passons, le 2ème ris de l’artimon est largué et les prévisions laissent présager que ces conditions vont perdurer.
La vie reprend à bord. Certains trouvent le temps long, d’autres se réjouissent de ces parenthèses offertes car il est rare d’avoir autant de temps pour soi. Nous en profitons pour lire, contempler la mer et les nuages, regarder les étoiles et la lune, combler certaines lacunes en astronomie, prendre le temps d’être présent à soi en respectant son rythme, sa fatigue et ses envies tout en faisant attention à la vie en collectivité. Il faut bien avoir en tête que toutes les actions prennent plus de temps en mer. Un simple riz – poulet – poireaux qui prend maximum 1h à terre demande au moins 2h en mer. Alors ralentir et anticiper devient une nécessité. Le temps s’écoule autrement à bord, « au temps suspend ton envol ».
[Cap au Sud #4] Stage haute mer de Vigo (Galice) à Radazul (Tenerife, Canaries) 55
Les journées du 30 et 31 octobre se suivent et se ressemblent, les sourires sont sur tous les visages et la navigation de « plaisance » est cette fois bien illustrée par les conditions qui nous entourent. Nous fêtons l’anniversaire d’une équipière : petit buffet et crème au chocolat maison, avec « LA » bougie évidemment! En fin de journée nous déduisons la présence de la terre à l’horizon grâce aux nuages qui la surplombe et à 21h30 ce 31/10 nous sommes à 75 milles nautiques de Santa Cruz de Tenerife. Le vent faiblit drastiquement (<5 nœuds), nous obligeant à mettre en route le moteur. Celle que nous avons devinée une nuit entière guidés par son phare prend forme. La chaleur de la terre s’en ressent, le vent se fait plus faible. Ce lever du jour, dans la pétole et escortés par plusieurs globicéphales, s’accompagne de nuages lenticulaires sur les sommets et de magnifiques couleurs sur le massif montagneux du nord de l’île (Anaga) et le sommet du Teide, volcan et point culminant de l’île (~3700m). Toupie hume l’air, truffe pointée vers la Terre, de nouvelles odeurs synonymes du retour de ballades différentes que le tour du pont de Milagro.
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A l’arrivée au port, d’un coup, les bruits semblent intenses, vifs, agressifs. Le large manque déjà. Le temps de passer à l’heure espagnole (nous étions restés sur l’heure française de manière à garder le rythme les quarts) et le rangement du bateau s’amorce; nettoyage du pont, frotter les tapis, faire la lessive, faire les courses (chou blanc, nous sommes le 1er novembre dans un pays catholique).
[Cap au Sud #4] Stage haute mer de Vigo (Galice) à Radazul (Tenerife, Canaries) 58
Quelques heures plus tard, nous voici autour d’une belle tablée pour fêter le départ de 3 joyeux lurons (les deux petits suisses qui s’en retournent à leurs montagnes, Philippe et Jean-Michel, et Laurent l’alsacien). Tous trois laissent place à Juliane, venue des Alpes, et à François, qui nous attend sous peu au Cap Vert, et qui nous accompagneront tous deux jusqu’au Brésil.
[Cap au Sud #4] Stage haute mer de Vigo (Galice) à Radazul (Tenerife, Canaries) 59
Le lundi 21/10, nous quittons la Corogne. Peu de temps après avoir quitté la place du port, plus de sondeur, plus d’anémomètre et plus de pilote ! Un peu fâcheux pour naviguer…
Après des tentatives de réparation pendant que le bateau sortait de la rade avec pas mal de houle, la sagesse nous fait faire demi tour pour régler ça au calme. Nous prenons une place au Club Nautico de Sada où l’accueil y est absolument génial. Lauriane, formée à l’électronique, finit par trouver l’élément déclencheur de la panne et part en quête d’une solution en remuant le réseau local et son réseau d’amis espagnols. 2h après une solution est trouvée grâce à la solidarité des gens de mer et la menace de la fermeture de la fenêtre météo! Un grand drame pour tous les marins! Il faudra aller à Vigo demain chercher le boiter qui fait tout bugger!
Aude et Lauriane partent de bon matin en direction de Vigo, autant vous dire que le trajet fut joyeux! A 12h30 le boîtier était récupéré, accompagné des précieux et généreux conseils de José Luis (Stay Center – Vigo). Merci à lui ! Damien anticipe certains entretiens : générateur, pompe eau de mer de la cuisine,… et répare la pompe électrique des WC…
Vers 17h30, de retour au bateau avec la pièce, Lauriane s’y remet, lampe frontale vissée sur le front et pince à sertir et tournevis à la main. C’est reparti pour un tour en fond de cale… Le lendemain matin, après un petit tour dans un restaurant du port et une Estrella Galicia bien fraîche la veille, la nuit porte conseil et la panne qui s’avérait être double est terminée, des modifications sur l’installation sont faites pour empêcher la répétition ce genre de déconvenue et tout a retrouvé sa place pour un départ à 17h, non sans un au revoir préalable à Rafa, le chargé du port, qui nous apporte des polos offerts par le club pour chacun de nous.
[Cap au Sud #3] Stage haute mer de La Corogne (Galice, Espagne) à… Vigo 61
Cap sur Vigo (Marina Davila Sport) où nous attend le lendemain José Luis, le charmant technicien rencontré la veille, pour faire un point sur l’installation avec Lauriane, en vue d’améliorer la fiabilité et la simplicité de l’ensemble pour la suite des aventures. Il faut dire que l’association Karukinka est la 5ème propriétaire de Milagro et que ce dernier est passé entre plusieurs mains, dans différents pays… faisant que les diagnostics ne sont pas toujours facilités par des étiquettes en suédois, danois, espagnol et allemand !
Le départ se fait dans une brume sur la côte, le paysage apparaît au fur et à mesure. Quant à la nuit, une lune en berceau vient nous éclairer; les pêcheurs font de même. Il faut rester vigilant avec les navires non présents à l’AIS, les pêcheurs avancent très vite (plus de 8 nœuds), font des ronds avec des sennes ou déploient leurs chaluts ou casiers.
Une nuit au moteur et une arrivée à Vigo. Nous nous rapprochons de la frontière portugaise et ça c’est une bonne nouvelle !
Nous sommes partis de bon matin mardi 15/10 pour une traversée plutôt « calme » du golfe de Gascogne; dégolfer est le terme technique.
Les prévisions pour la zone IROISE – YEU nous promettent un vent d’Ouest à Sud-Ouest, 2 à 4 virant Est à Sud-Est 3 à 4, avant de fraîchir 4 à 5 en tournant plus Sud.
Très vite, la terre disparaît, le champs d’éoliennes en mer de St Nazaire s’efface et nous voici seuls face à l’océan avec une route la plus directe possible vers la Galice. Le planning des quarts se met en place : Damien et Lauriane alterneront toutes les trois heures, et le reste de l’équipage se relaiera. Chaque équipier sera de veille et à la manœuvre pendant 3h, en binôme avec un autre équipier et avec un changement par tranche d’1h30.
[Cap au Sud #2] Stage haute mer de Saint Nazaire (Loire Atlantique, France) à La Corogne (Galice, Espagne) - traversée du Golfe de Gascogne 65
Si le début du trajet nous permet une route relativement directe, la suite est moins directe. Un besoin de moteur pour combler une pénurie de vent et après c’est le début d’une route beaucoup moins droite! La mer est assez formée avec heureusement une houle longue ce qui rend le bateau plutôt stable; à défaut de nos estomacs! S’amariner disent les marins!!
Grand-Voile, Artimon, Yankee et Trinquette, avec 15 -18 nœuds de vent nous font avancer à 7 nœuds sur une mer peu agitée. Dans l’après-midi, passée la latitude de l’île d’Yeu, le vent forcit et Milagro évolue dès lors à 8,5 nœuds. La houle augmente et les estomacs commencent à douter de leur capacité à garder leur contenu… La nuit tombée, nous prenons 1 ris dans la Grand Voile et 1 ris dans l’artimon afin de pouvoir jouer des voiles d’avant selon l’évolution des conditions. Les prévisions météo, en incluant les zones suivantes de notre périple pour la soirée du 15/10 et la journée du 16/10 sont :
YEU et ROCHEBONNE : Sud-Est 4 à 5, parfois 6, s’orientant Ouest 3 à 5 à la fin de journée. Mer peu agitée à agitée, devenant agitée à forte en soirée. Longue houle d’Ouest 3m à la fin.
PAZENN : Sud 3 à 5 virant Ouest 4 à 5 en fin de nuit. Mer peu agitée à agitée, devenant forte à très forte le matin. Longue houle d’Ouest 3-4m le matin.
Il faut profiter des quarts pour barrer, regarder fous de Bassan, pétrels, thons et dauphins, voir la mer se lever et s’abattre sur le bateau, éviter les embruns et les paquets d’eau qui rincent le pont, essayer d’avaler de quoi se substanter; heureusement que Lauriane est une experte en cuisine dans ces conditions car nous ne sommes pas d’une grande aide! Et le soir, profiter d’une lune pleine pour un quart de nuit sous la voûte étoilée : tourner les yeux vers le ciel devient une évidence. Nos pensées sont évidement tournées vers les marins qui nous précèdent et veillent sur nous depuis les astres lumineux de la nuit. Puis, aller se coucher du mieux qu’on peut en entendant la mer frapper sur la coque. S’habiller s’avère tout aussi rocambolesque!
Vers minuit le 16/10, le vent variable s’accompagne de bancs de brume. Progressivement le vent diminue pour passer sous la barre des 6-7 nœuds, nous contraignant à s’appuyer sur le moteur (1500tr/min) pour retrouver une vitesse convenable de 5,5 nœuds. Malgré plusieurs tentatives de l’arrêter, il nous faudra compter sur lui jusqu’à 13h30, peu de temps après avoir croisé un objet flottant, un baril. La journée durant nous nous faisons littéralement doucher par de grosses averses.
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Deux virements de bord ponctuent la journée, avec un vent de 15-20 nœuds, forcissant ponctuellement 25-30, nous obligeant à sortir de notre torpeur de temps en temps pour réduire ou augmenter la surface de voilure de Milagro. En fin de journée, le vent est plus stable, 18-20 nœuds avec rafales à 25, nous faisant alors avancer à 7 nœuds. et nous passons sous la barre des 200 milles nautiques nous séparant du cap Finisterre.
La météo du bulletin Large de Météo France nous promet pour la nuit suivante et le lendemain (17/10) :
PAZENN : Ouest 4 à 5, virant Ouest à Nord-Ouest la nuit, temporairement 6 à l’ouest de la zone en fin de nuit, puis redevenant Ouest dans l’après-midi. Mer forte à très forte. Longue houle d’Ouest s’atténuant 3,5-4m. Pluie et averses, parfois orageuses, s’atténuant dans l’après-midi.
Peu avant l’aube, la longue houle arrive et nous avançons à 8 nœuds, avec 16-18 nœuds de vent. Progressivement le vent forcit pour atteindre 25-30 nœuds constants dans la matinée : on enroule le yankee et 1 ris supplémentaire est pris dans la GV. Vers 11h30, un gros grain vient à notre rencontre, les 40 nœuds sont dépassés et Damien et Lauriane sont à la manœuvre pour affaler la Grand Voile et attendre le retour au « calme » avec artimon 2 ris et la trinquette. Passée ce petit coup d’adrénaline, nous changeons la garde robe de Milagro : GV 2 ris, artimon 1 ris, 1/2 yankee et 2/3 de trinquette. La panoplie fonctionne : 8,5 nœuds. La journée s’enchaîne avec de rares moments passés à moins de 7 nœuds ! Nous entrons dans les eaux espagnoles et le risotto de crevettes et haricots verts fait du bien aux estomacs peu à peu rétablis.
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La nuit tombée, petit point météo pour la nouvelle zone de navigation du 17/10 à 18h au 18/10 à 18h:
FINISTERRE : Ouest 3 à 5, revenant Sud-Ouest 5 à 6 demain matin, fraîchissant localement 6 à 7 en fin d’après-midi au nord de la zone. Mer forte, localement très forte au nord au début, s’amplifiant forte à très forte en fin d’après-midi. Houle d’Ouest 3,5-4m, diminuant demain matin avant de s’amplifier 4-4,5m à la fin.
Le vendredi matin, force est de constater que la douche de la Corogne s’est bien éloignée suite aux virements de bord qui ponctuèrent la nuit! Vers 9h30, après avoir croisé deux bateaux de pêche, la côte galicienne se dévoile à l’horizon.
Le bateau fait des virements de bord à 120-130 degrés (sur de petits bateaux, c’est plutôt 90 degrés) et MILAGRO ne peut pas remonter à plus de 50-60 degrés du vent! La douche attendra, on profite du soleil revenu et d’une mer plus clémente pour enfin prendre l’air! Les virements de bord s’enchaînent… Doucement mais sûrement, nous atteignons le Cabo Prioriño Chico, porte d’entrée vers la baie de la Corogne. A 21h30, nous voilà amarrés au Real Club Nautico pour un week-end sur le plancher des vaches en attendant la bascule de vent. Après un dîner au restaurant pour fêter notre « dégolfage », c’est au tour d’une bonne douche bien méritée!
Au programme de ces deux jours d’escale, du repos et une visite rapide de la Corogne, la plus grosse ville de la province et lieu où se trouve la tour d’Hercule, le plus vieux phare au monde.