Dernières nouvelles de Patagonie (Le Monde, 13/9/2018)

Dans « Faux calme », l’écrivaine argentine Maria Sonia Cristoff retourne dans la région de son enfance, que l’oubli menace, et en rapporte d’intenses témoignages.

Par Ariane Singer (Collaboratrice du « Monde des livres ») Publié le 13 septembre 2018 à 07h30, modifié le 13 septembre 2018 à 09h24

Faux calme. Voyage dans les villes fantômes de Patagonie (Falsa Calma. Un recorrido por los pueblos fantasma de la Patagonia), de Maria Sonia Cristoff, traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet, Le Sous-sol, 240 p., 21,50 €.

Un village de la province patagonienne de Santa Cruz (Argentine).
Un village de la province patagonienne de Santa Cruz (Argentine). MICHEL GUNTHER / BIOSPHOTO

Maria Sonia Cristoff n’a pris conscience de l’isolement de la Patagonie – l’une des régions les moins densément peuplées au monde – qu’à l’adolescence, lorsque l’appel de la civilisation et la promesse d’un accès plus aisé aux livres l’ont décidée à s’installer à Buenos Aires. Vingt ans après avoir quitté sa province natale, l’écrivaine argentine, née en 1966 à Trelew, y est retournée pour saisir ce trait « éminemment patagonique » qu’est l’isolement. Le débusquer « dans ses aspects les plus extrêmes ». C’est nourrie de récits de voyage qu’elle a cherché à pénétrer l’esprit de cette contrée reculée. A mille lieues des clichés dépeignant la Patagonie comme une terre d’évasion exotique, elle a choisi à dessein cinq villages « fantômes » – plus exactement quatre villages et une petite ville –, cinq expressions d’une solitude plus ou moins assumée, plus ou moins sclérosante, qui lui ont parfois donné l’impression d’être dans un « décor de science-fiction ». Ce sentiment d’étrangeté infuse, parfois jusqu’au vertige, chacun des dix chapitres de Faux calme : un livre dense, dont l’écriture, aride et intense, ainsi que la proximité brute entre la narratrice et ses sujets d’observation rappellent certains textes de Joan Didion sur l’Amérique rurale des années 1960 et 1970.

L’auteure y évoque ainsi la légende, bien ancrée dans la population d’El Cuy, du Maruchito : un jeune garçon tué par son contremaître pour avoir joué de la guitare, et devenu un faiseur de miracles après sa mort. Malheur à qui omet de s’arrêter devant son sanctuaire et d’y déposer une offrande. La narratrice en fera l’expérience lorsque…

(La suite de l’article est réservée aux abonnés) https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/09/13/dernieres-nouvelles-de-patagonie_5354316_3260.html

Une chercheuse française réalise d’importants travaux au sujet des peuples natifs (Journal Provincia 23, Rio Grande, 01/08/2018 : « Investigadora francesa realiza un importante trabajo sobre pueblos originarios »

Une chercheuse française développe d’importants travaux sur la grande île de la Terre de Feu, pour tenter d’analyser « l’environnement sonore des peuples nomades du sud du détroit de Magellan, en considérant la ressource sonore comme ressource culturelle ». Elle a parcouru des milliers de kilomètres et enregistré plus de 50 heures de sons pour tenter de mieux comprendre la culture, la mythologie et les expériences des peuples autochtones. Ses travaux ont été sélectionnés parmi tant d’autres par la Sorbonne Université.

 

Lauriane Lemasson est une jeune française, originaire de Bretagne, qui travaille dans la région pour soutenir sa thèse de fin d’études à Sorbonne Université, basée sur une étude multidisciplinaire de l’environnement.

Elle se trouve actuellement à Río Grande, d’où elle effectue des excursions en bateau et à pied, parcourant différentes zones de la grande île de la Terre de Feu, tant chilienne qu’argentine, pour collecter des données, des informations, des sons et des expériences qui l’aident à réaliser son travail, où se combinent des domaines tels que l’ethnographie, l’écologie sonore et la géographie.

« Enregistrez le son des oiseaux, apprenez quand ils apparaissent, découvrez l’écho qui se produit à différents endroits et lisez la forme des nuages » indique Lemasson, en faisant référence aux multiples tâches qu’elle a développées pour avancer dans une étude qui l’aidera à se transporter à l’époque où Shelknam, Yámanas et Alakalufes peuplaient la région, en harmonie avec l’environnement.

«C’est ma thèse de doctorat, car j’ai terminé le master en 2013 avec une expédition dans la partie argentine. J’ai sillonné des lieux pendant trois mois et demi avec un sac à dos, un appareil photo et un enregistreur. J’ai marché pendant 2 mille kilomètres, enregistrant des sons, parcourant le territoire occupé par les Shelknam ; essayer de faire partie de l’environnement et de comprendre un peu leur environnement, ses sons, la météorologie ; lire les marques qui apparaissent et collecter des informations », explique la chercheuse française à propos de l’étude qu’elle mène et qui a traversé différentes étapes depuis 2013.

Elle dispose de 50 heures d’enregistrements de sons différents et a pu relier « les chants qu’Anne Chapman a enregistrés de Lola Kiepja » avec les sons collectés. Les audios l’ont également aidée à comprendre « la présence des sons dans la mythologie, car il existe de nombreux mythes qui décrivent ces bruits, ces chants et toute la question sonore ».

« Il me semble que le son a un effet plus sensible, il y a une vibration, une résonance et c’est une manière de comprendre et de ressentir le territoire. Ce sont comme des signatures sonores, cela fait partie de l’identité du territoire. Les résonances, l’écho, le silence total ; C’est ce que je suis allée chercher parmi les mousses et les tourbes», raconte Lauriane Lemasson.

Le type de travail qu’elle effectue a une histoire en milieu urbain, mais pas dans cette région choisie par la professionnelle française. Elle dit qu’elle a choisi la pointe sud de la Patagonie en raison des références qu’elle avait sur la région lorsqu’elle était étudiante, et qu’elle envisageait de relever ce défi après un grave accident de voiture qui l’a amenée à ressentir le besoin de réaliser ce rêve.

Le projet de recherche qu’elle mène a été sélectionné parmi tant d’autres par Sorbonne Université, pour être mis en œuvre sur trois ans. Au cours de son voyage, elle a marqué plus de 3 mille points différents du territoire, découvrant des lieux et des sons.

« Il s’agit de comprendre une culture, et pas seulement dans sa dimension archéologique », a-t-elle fait remarquer. Elle se donne désormais pour tâche de rassembler tout le matériel de sa thèse, puis s’engage à publier l’ouvrage pour qu’il soit connu. Les personnes intéressées peuvent accéder au projet et contacter Lauriane Lamasson sur la page www.karukinka.eu

http://red23noticias.com/investigadora-francesa-realiza-importante-trabajo-sobre-pueblos-originarios/

200 Argentins se recueillent aux Malouines (Le Figaro – AFP, 27/3/2018)

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/03/27/97001-20180327FILWWW00012-200-argentins-se-recueillent-aux-malouines.php

200 Argentins se recueillent aux Malouines

Par Le Figaro.fr avec AFP

Publié le 27/03/2018 à 06:44, mis à jour le 27/03/2018 à 06:46

Environ 200 proches de 90 soldats argentins tombés aux Malouines ont pu, pour la première fois depuis la guerre en 1982, se recueillir devant leur sépulture dans le cimetière militaire de Darwin sur ces îles appelées Falkland par les Britanniques.

« Ce fut une très longue journée. Tout a été très émouvant: arriver dans notre patrie, dans les îles, au cimetière, voir le lieu de repos de mon père », a témoigné à son retour à Buenos Aires Sergio Aguirre, fils d’un marin mort durant le conflit.

L’Argentine revendique la souveraineté sur ces îles stratégiques britanniques, pour le contrôle desquelles Londres et Buenos Aires se sont livré une guerre éclair de 74 jours en 1982 qui a fait 649 morts côté argentin et 255 côté britannique.

« Maintenant je sais où il est. J’ai pu parlé avec lui. Je l’ai senti proche. Cela m’apaise de savoir où est Daniel », a dit Dalal Massad, la mère de Daniel Massad, un soldat tombé le 11 juin 1982.

L’identification des restes date de 2017, quand une mission d’experts encadrés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pu mettre un nom sur 90 des 121 croix blanches du cimetière, non loin du champ de bataille.

Jusque là, l’inscription en anglais « Soldat argentin seulement connu de Dieu » apparaissait sur toutes les tombes.

Au total, 237 sépultures sont installées dans le cimetière. « Ce que nous avons vécu aujourd’hui fut très émouvant. C’est un cimetière plein de vie », a déclaré à son retour le secrétaire argentin aux droits de l’Homme, Claudio Avruj, à la radio Once Diez.

« Cela ne va pas changer l’histoire, cela va rien changer à la perte d’un être cher, mais pouvoir s’incliner devant une plaque avec son nom et son prénom, cela prend une autre valeur », avait dit aux familles le ministre argentin des Affaires étrangères, Jorge Faurie, avant leur départ pour les Malouines.

L’Argentine revendique les Iles Malouines, à 400 kilomètres de la Patagonie, un territoire qu’elle a occupé de 1820 à 1833. Les Iles ont depuis été administrées par le Royaume-Uni.

Buenos Aires demande en vain à Londres d’entamer un dialogue sur la souveraineté des Malouines, préconisé par une résolution de l’ONU de 1965.

Londres refuse, arguant que lors du référendum d’autodétermination organisé en 2013, les 3.000 habitants des Malouines ont réaffirmé leur attachement à la couronne britannique.

Podcast : « La Patagonie attire les hommes d’affaires les plus fortunés de la planète » (RTS, 01/03/2018)

La Patagonie attire les touristes en mal de grands espaces. Mais depuis les années 1990, ce sont aussi des hommes d’affaires très fortunés qui y ont élu domicile. Parmi eux, Joe Lewis, le sixième homme le plus riche d’Angleterre qui ne cesse d’étendre sa propriété privée déjà immense.

Source : https://www.rts.ch/audio-podcast/2018/audio/la-patagonie-attire-les-hommes-d-affaires-les-plus-fortunes-de-la-planete-25519495.html

TV – « Patagonie, l’île oubliée » (Le Monde, 19/12/2017)

A voir aussi ce soir. Gilles Santantonio suit le quotidien des membres de l’expédition « Ultima Patagonia 2017 » dans leur découverte de Madre de Dios (sur France 5 à 20 h 55).

Par Gauthier Le Bret Publié le 19 décembre 2017 à 17h30, modifié le 19 décembre 2017 à 17h30

Documentaire sur France 5 à 20 h 55

BANDE ANNONCE « PATAGONIE, L’ILE OUBLIEE » from GEDEON PROGRAMMES on Vimeo.

C’est une histoire scientifique tout autant qu’une histoire d’hommes et de femmes. Celle de l’expédition « Ultima Patagonia 2017 », qui a bravé les dangers climatiques pour partir sur les traces d’un peuple oublié, les Kawesqars : une population nomade de Patagonie décimée par l’arrivée des Européens. Au nombre de 5 000 environ au XIXe siècle, il ne resterait plus qu’une dizaine de ses représentants, aujourd’hui.

Entre janvier et février, l’association franco-chilienne Centre Terre a organisé une expédition – la cinquième – sur l’île de Madre de Dios, dont plus de la moitié reste quasiment inexplorée. L’équipe, composée d’une quarantaine de scientifiques (géologues, anthropologues, spéléologues, biologistes…), a ainsi été la première à fouler la partie nord de l’île. Pour cela, ils ont dû affronter l’océan déchaîné, les tempêtes et les orages, fréquents sous ces latitudes, où il pleut près de 300 jours par an. Le but final des recherches étant d’inscrire Madre de Dios au Patrimoine mondial de l’humanité.

Peintures rupestres

Tout en découvrant un peuple et une région méconnus, le réalisateur Gilles Santantonio nous fait partager le quotidien des membres de l’expédition. Aussi bien au travail, en train de gravir un mont de calcaire pour y observer la roche ; en plongée afin d’explorer des cavités étroites, ou encore dans une grotte pour y photographier des peintures rupestres de Kaweskars, que dans les moments de partage et de convivialité qui cimentent le collectif. Telle la pendaison de crémaillère organisée pour célébrer la fin de la construction de leur base de recherche, installée à 35 mètres d’altitude pour éviter les tsunamis.

De ce portrait de groupe se détachent quelques personnages attachants, en particulier celui de Richard Maire, chercheur au CNRS et codirecteur scientifique de l’expédition, dont la passion et l’émerveillement demeurent intacts. Guidé par un souci constant de didactisme, le réalisateur met en lumière le rôle de chaque scientifique et permet de saisir les enjeux d’une telle expédition : découvrir une région reculée du monde, en comprendre sa géologie, mais aussi préserver ce territoire et faire partager au plus grand nombre le fruit de leurs découvertes à travers ce film. Mission réussie !

Patagonie : l’île oubliée,de Gilles Santantonio (Fr., 2017, 90 min).

Gauthier Le Bret

https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2017/12/19/tv-patagonie-l-ile-oubliee_5232004_1655027.html

« Patagonie, l’île oubliée : les Robinsons des temps modernes » (Le Figaro, 19/12/2017)

Patagonie, l’île oubliée : les Robinsons des temps modernes

Par Florence Vierron

Publié le 19/12/2017 à 14:30, mis à jour le 19/12/2017 à 16:39

FRANCE5/20H55 – Ce documentaire propose la découverte d’un lieu inexploré. Géant !

https://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/patagonie-l-ile-oubliee-les-robinsons-des-temps-modernes_d0b7294e-e4af-11e7-bf17-4de11cee9913

Patagonie. Le mot fait rêver ou reculer. Le réalisateur du documentaire et son équipe, qui ont accompagné 41 explorateurs aux confins de la Patagonie chilienne, sont partis avec la même détermination que les aventuriers. L’objectif? Ausculter l’île Madre de Dios – 80 km2 -, qui appartient au 1 % des terres de la planète encore inexplorées et qui abrite «les reliefs karstiques les plus exceptionnels du globe», selon l’un des chercheurs.

Deux ans de préparation pour une mission de deux mois: volonté, passion et empathie sont les qualités indispensables pour réussir. À chaque instant, le reportage, qui accompagne spéléologues, biologistes, archéologues et géologues au plus près, s’efforce de montrer bien plus que leur travail et leurs découvertes. Si la construction d’un chalet écologique s’éternise, toutes les séquences nous transportent dans des paysages inouïs: une barrière de calcaire vieille de 300 millions d’années culminant à 650 m, avec, à sa base, une forêt magellanique digne d’un décor de cinéma, une grotte suffisamment grande pour abriter Notre-Dame de Paris où se trouvent des ossements de baleine dont l’âge est estimé à 3 200 ans et des profondeurs aquatiques révélant des espèces cavernicoles.

Dans ce milieu hostile et extrême, où seule la nature dicte sa loi, nos Robinsons des temps modernes doivent composer avec une pluie incessante et des vents violents. Il faut accepter d’arrêter une expédition pour privilégier la sécurité. Mais les temps morts n’existent pas. À travers les dialogues entre chercheurs, on réalise que le moindre détail compte et sera mis en relation avec toutes les découvertes sur cette île. En deux mois, ils n’auront inventorié que un dixième de l’île, mais nous auront fait rêver. Ou reculer…