Épisode 18 – Un épisode qui s’intéresse à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels.
Connaissons-nous le chant, ou plutôt le ronflement des baleines ? Saurions-nous reconnaître dans la nuit le cri d’une chouette ? Tandis que l’Occident n’a eu de cesse de réduire les animaux à des instincts ou des déterminismes biologiques, d’autres cultures les considèrent dotés d’une âme et d’une intelligence capable d’apprécier le beau. La crise environnementale actuellement à l’œuvre pousse les créateurs et créatrices à nous relier de nouveau aux autres formes de vie, pour prendre le temps d’écouter ce que le reste du vivant a à nous dire.
Dans ce deuxième épisode de la saison 3 d’Il était des voix, nous avons voulu nous intéresser à celles et ceux qui tendent le micro au non-humain : aux animaux, à notre environnement, aux éléments naturels.
Il était des voix : À l’écoute du vivantavec : -David Commeillas, journaliste, co-auteur du podcast Bruit. (Brut, 2022) -Antoine Bertin, artiste sonore, auteur de Conversation Métabolite, Edge of the Forest et Species Counterpoint -Joakim, producteur, compositeur de l’album Seconde Nature (Tiger Sushi, 2021) -Lauriane Lemasson, ethnomusicologue, géographe et musicienne
Il était des voix est un podcast produit par Sonique – Le studio pour la Gaité Lyrique, en partenariat avec le Paris Podcast Festival. Animation : Christophe Payet
Réalisation : Lucile Aussel Production : Christophe Payet / Sonique – Le studio
Ce vendredi, le premier événement officiel commémorant la Journée du génocide selk’nam a eu lieu à Río Grande. Les autorités provinciales et locales, les législateurs, les conseillers, les membres du peuple Selk’nam et les résidents de la province y ont participé.
Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka. Titre original « Se llevó a cabo en Río Grande el primer acto oficial en conmemoración del Día del Genocidio Selk’nam ». Source : https://www.tierradelfuego.gob.ar/blog/2022/11/25/se-llevo-a-cano-en-rio-grande-el-primer-acto-oficial-en-conmemoracion-del-dia-del-genocidio-selknam/
L’année dernière, l’anniversaire de la Journée du génocide de Selk’nam a été institué par une loi de l’Assemblée législative de la Terre de Feu (AIAS), faisant du 25 novembre un jour de deuil provincial.
Dans son discours, la secrétaire aux Droits de l’Homme et à la Diversité, Abigail Astrada, a déclaré que « grâce au fait que l’année dernière la loi qui a établi la Journée des Aborigènes Fuégiens a été modifiée, nous célébrons aujourd’hui le premier acte officiel de la Journée du Génocide de Selk’nam ». « Il s’agit d’une étape importante pour la communauté et pour l’ensemble de la province. »
« Nous laissons derrière nous une journée de célébration et commémorons une journée de deuil provincial, en mémoire de nos peuples autochtones et en reconstruction de notre histoire fuégienne », a-t-elle ajouté.
De même, la responsable a déclaré que « nous savons bien que le peuple Selk’nam est originaire de la Terre de Feu et qu’il continue d’habiter les terres de l’État argentin. Les Selk’nam ont été victimes de la colonisation, de la misère et de la privation de leurs droits humains, comme en témoignent les enlèvements d’indigènes Selk’nam emmenés en Europe pour être exposés dans des zoos humains. « C’était l’une des atteintes à leurs droits. »
« Nous suivons le chemin de la réparation et de la visibilité du peuple Selk’nam, en le reconnaissant comme sujets vivants, comme gardiens de notre patrimoine culturel, comme sujets de droits. Ce sont ces familles qui ont résisté au génocide en Terre de Feu et qui sont avec nous aujourd’hui », a-t-elle souligné.
Enfin, Astrada a souligné que « le peuple Selk’nam est vivant et que le plus important est qu’il a résisté et continue de résister à la violation de ses droits ».
Pour sa part, Miguel Pantoja, membre de la communauté Selk’nam, a déclaré : « Je tiens à remercier toutes les personnes impliquées dans la réforme de la loi, elles étaient nombreuses et je suis sûr que devant nous, derrière nous et à nos côtés se trouvent les anciens.
« Pour nous, c’est un jour de deuil. Un jour comme aujourd’hui, un massacre s’est produit, qui n’était ni le premier ni le dernier. Ce n’était pas seulement un jour, mais trois décennies du pire génocide. Des crimes contre l’humanité ont été commis et n’ont pas encore été reconnus », a-t-il déclaré, assurant que « je veux simplement rappeler que nous sommes un peuple vivant, car il existe un paradigme selon lequel nous sommes un passé sans présent, que nous existons dans des vitrines et dans les musées. Ce n’est pas le cas, nous sommes ici et nous avons besoin de promouvoir des politiques publiques plus nombreuses et meilleures pour que nous ayons une meilleure réalité. »
Pour conclure, María Salamanca, une femme Selk’nam, a déclaré que « nous sommes à 136 ans des actes commis par les explorations de ces territoires. Je tiens à remercier ceux qui ont travaillé à cette reconnaissance. Cela fait mal d’accepter que cela soit arrivé à mon peuple. Cependant, nous sommes présents ici. »
« Je voudrais demander que la reconnaissance de ce génocide soit maintenue à jamais. Nous allons rester vivants pour toujours dans nos enfants et petits-enfants, car nous portons le sang Selk’nam », a-t-elle expliqué.
L’événement s’est terminé par des interventions artistiques.
Lauriane Lemasson est photographe, ethno-musicologue et chercheuse rattachée à la Sorbonne. Depuis une expédition scientifique réalisée en 2013 pour étudier les paysages sonores et les peuples ancestraux de la Grande Île de Terre de Feu, elle est animée par une quête : faire reconnaitre l’existence des peuples du détroit d’Hatitelem (les Yagan, les Haush et les Selknam), dont les représentants ont été exterminés par les colons européens, ou assimilés de force à la culture hispanique d’Argentine et du Chili. Il est urgent de faire reconnaitre la vérité sur ces peuples, de faire connaitre leur négation par l’histoire officielle, et la spoliation de leurs terres – Elle joue un rôle de passeur, d’accompagnateur de ces peuples; et utilise l’art comme moyen de sensibiliser, comme porte d’entrée pour faire naitre de l’empathie. Elle garde un espoir de changement avec la nouvelle génération, et le revouveau indigène à l’œuvre
Samedi dernier 2 juillet au matin, chiliens et argentins, navigateurs, kayakistes, activistes, référents d’organisations sociales et membres des communautés Yagán et Kawesqar se sont réunis au centre de la ville d’Ushuaia pour célébrer l’anniversaire de la sanction de la Loi 1.355, laquele régulant l’élevage de saumons en Terre de Feu et Atlantique Sud, interdisant le développement de cette industrie en mer et positionnant le pays comme le premier à prendre une décision de telle ampleur pour la protection de l’environnement et incorporant à la création des politiques publiques la participation citoyenne et la vision des peuples autochtones sur le soin à porter à la nature.
Durant cette journée ont participé le Club Nautique AFASyN et des embarcations de la communauté nautique de Terre de Feu, le programme marin « Sin Azul No Hay Verde » (sans bleu il n’y a pas de vert), Canal Fun, Patagonia, le chef Lino Adillon, Greenpeace Andin, la Société Civile pour l’Action Climatique de Magallanes, des représentants des Communautés Yagáns de Ushuaia et de Navarino et des représentants de la Communauté Kawesqar.
David Alday, représentant de la communauté Yagán de Navarino, afirma “Dans cette partie de la planète nous avons démontré que les limites n’existent pas pour maintenir et prendre soin de notre environnement et de ce qui y habite. La connexion avec notre cosmovision est tellement essentielle que nous ne doutons pas pour nous activer et agir, pour protéger ce qui est notre vie, nos écosystèmes, chargés d’un regard patrimonial ancestral unique au monde. Pour cela notre travail doit être à la hauteur dans des zones de protection comme l’extrême austral, aussi bien au Chili qu’en Argentine. En célébrant cette année de la loi qui interdit l’élevage de saumon du côté argentin, cela signale que le travail réalisé n’a pas été vain, que les convictions et l’effort social est puissant et véridique, avec de solides arguments qui amènent à manifester le bon sens qui nous communqiue la protection de nos espaces et environnements débordants de vie et de nature vierge. »
Lors d’un événement sans précédent en mai 2021, argentins et chiliens réunirent le Canal Beagle, déroulant une banderole pour demander la sanction de la loi qui régule l’élevage de saumons en Argentine et renforcer la réclamation commune de protéger le Canal et les écosystèmes marins du bout du monde. Cette année, pour célébrer cette décision et continuer de réunir les efforts pour la protection de chaque côté du Canal, la communauté s’est à nouveau réunie. Maintenant que l’industrie serait en train de se réactiver à Puerto Williams, et, d’un autre côté, soutenir la cause des frères chiliens qui sollicitent que le gouvernement freine l’avancée de la salmoniculture.
«C’est très émouvant de revivre l’énorme triomphe atteint en Terre de Feu où grâce aux organisations, la communauté locale et les législateurs, il a été réussi unanimement de protéger le Canal de Beagle, icône de la province. C’est un véritable exemple de comment faire les choses correctement, avec un débat ouvert et participatif, et en comprenant qu’en protégeant l’environnement nous protégeant aussi la société dans son ensemble. Le Canal de Beagle doit être protégé de manière intégrale et c’est pour cela qu’ajourd’hui, à un an de cette loi historique, nous exigeons du gouvernement chilien qu’il rejette toutes les concessions en cours à Puerto Williams, l’information technique est déjà disponible pour poser les fondements de cette décision. Il faut suivre l’exemple du côté argentin qui peut célébrer ses bonnes décision » déclaré Estefanía González, Coordinatrice du programme Océans de Greenpeace Andin.
Les salmonicultures menacent la biodiversité, la santé des habitants et le développement économique. En 2019, le village chilien Puerto Williams, en face de la ville d’Ushuaia, fût pionnier à protéger le Beagle et expulsant les élevages de saumons de sa région.
A la différence du Chili où cette industrie a occupé de nombreux territoires, la province fuéguienne est l’unique lieu du pays où l’industrie du saumon pourrait s’installer. Avec l’approbation de la Loi l’année dernière, la Terre de Feu est devenu le premier lieu du monde à interdire l’industrie avant qu’elle ne s’installe, se convertissant ainsi en exemple de la protection d’un modèle économique et productif durable, qui respecte les traditions culturelles et les pratiques artisanales qui génèrent de véritables emplois et revenus issus du tourisme et de la commercialisation de produits locaux. Cette décision a eu un impact mondial, car de nombreuses communautés côtières du monde qui souffrent des impacts de l’industrie demandent également que les cages soient retirées de la mer.
« La division entre le Chili et l’Argentine est loin d’être une réalité, elle est évidente dans les territoires allant de l’Amérique du Nord à la Patagonie. Les régions ont une dynamique qui dépasse les limites politiques. La nature et la culture sont étroitement liées et le thème des fermes de saumon du canal Beagle a été un moment fort. Ces dernières années, la situation est devenue plus que claire grâce aux actions menées ensemble ; Nous ne voulons pas d’industries destructrices, nous voulons travailler de plus en plus unis pour un avenir durable, lié à la dynamique de la nature, à travers la revalorisation de la culture des peuples autochtones, des activités comme le tourisme naturel et tout ce qu’offre la région. En 2021, cette union a permis au gouvernement argentin de comprendre ce que les élevages de saumons signifient pour son peuple, aujourd’hui l’État chilien doit le comprendre », a déclaré David Lopez Katz, membre du programme marin Sin Azul No Hay Verde.
Aujourd’hui, les communautés chiliennes demandent que les élevages de saumons quittent les zones protégées et les lieux où vivent les communautés autochtones qui voient leur mode de vie et leur développement affectés. Ils exigent également que toute expansion de l’industrie soit stoppée en rejetant de nouveaux projets et en arrêtant l’augmentation des niveaux de production. Qu’ils se retirent progressivement des zones fragiles comme les fjords et les canaux et enfin que le gouvernement sanctionne les entreprises et les centres qui ont provoqué ou subissent des catastrophes environnementales par la perte de concessions.
Depuis qu’ils ont commencé à exiger un canal Beagle exempt d’élevages de saumons, les Chiliens ont réussi à obtenir que la Cour d’appel de Punta Arenas arrête le démarrage des travaux de production de l’entreprise salmonicole Nova Austral dans le canal Beagle, situé dans la région de Magallanes. Ils ont également retiré les cages déjà installées et prêtes à être produites et ont réussi à faire expirer les concessions aquacoles accordées jusque-là. En outre, ils ont stoppé l’expansion de l’industrie dans la région de Magallanes à travers différentes actions en justice. Dans le cas de Puerto Williams, la revendication est de pouvoir avancer avec l’Espace Marin Côtier pour les Peuples Autochtones (ECMPO) de la communauté Yagán, qui constitue une manière efficace et concrète de protéger cette zone de différentes menaces comme l’élevage du saumon.
Le Chili est en alerte depuis 2018 en raison de la menace constante des concessions encore administrativement actives dans le Beagle. Quatre ont été expulsées, mais huit restent, détenues par l’action de la communauté indigène à travers la présentation d’une demande ECMPO, qui permet de solliciter l’administration et paralyse en même temps tout projet existant.
Cette histoire ne s’arrête pas avec la sanction de la loi 1 355. La vision collective et globale de notre place dans le monde et de la nécessité de la protéger s’est renforcée face à sa menace imminente. La mer est une et la communauté argentine et chilienne restera unie dans la poursuite de sa conservation. La Terre de Feu a pris une décision pionnière qui est aujourd’hui célébrée par ceux qui la vivent et par le reste du monde qui veut suivre son chemin.
Le film “Terre de Feu” a été réalisé par une expédition française en 1925 et a produit un matériel filmographique sur la vue des peuples Selk’nam, Kawésqar et Yagan.
La Direction du Développement audiovisuel du Secrétariat de la Culture de la Province, à travers de l’Ambassade de France en Argentine et la Cinématèque de Toulouse, a réalisé la projection du film “Terre de Feu”, qui consiste en un enregistrement documentaire inédit des peuples indigènes de Patagonie, réalisé par une expédition française au début du XXe siècle.
Cet événement s’est terminé par une discussion avec la participation de membres du peuple Selk’nam et du peuple Yagan Paiakoala, du Secrétariat des peuples autochtones et de la Direction provinciale des musées et du patrimoine culturel.
Ce film a été tourné en 1925, lors d’une expédition en bateau organisée par la Société française de géographie à travers la Patagonie et la Terre de Feu. Sa projection a été possible grâce aux efforts du Gouvernement provincial, de l’Ambassade de France en Argentine et de la Cinémathèque de Toulouse.
La ministre de l’Éducation, de la Culture, de la Science et de la Technologie, Analía Cubino, a participé à l’événement ; la Secrétaire de Justice de la Province, Daiana Freiberger ; la secrétaire aux Peuples autochtones, Vanina Ojeda et la secrétaire à la Culture, Lucía Rossi.
Il convient de noter que Margarita Angélica Maldonado, María Angélica Salamanca, Nicole Bailone, Carmen Ojeda, María Vargas, Daniela Bogarín, femmes leaders des peuples Selk’nam et Yagan Paiakoala de notre province étaient présentes à l’activité.
À cet égard, la secrétaire aux Peuples autochtones, Vanina Ojeda, a assuré que ce qui ressort de la projection est « l’incorporation curriculaire de l’histoire des peuples autochtones, une avancée qui n’aurait pas été possible sans la participation et le soutien des peuples autochtones ». de la province ».
De son côté, le directeur provincial du développement audiovisuel, Rodrigo Tenuta, a expliqué que la projection a été rendue possible « grâce au contact avec l’espace audiovisuel de l’ambassade de France et, de là, avec la cinémathèque de Toulouse ».
« Il s’agit d’un matériel restauré de 33 minutes, qui n’avait pas été vu jusqu’à présent. « Nous avons eu accès à une copie partielle, car une partie de ce film s’est perdue avec le temps », a-t-il expliqué.