Mort de Jean Raspail, écrivain et explorateur (Le Figaro, 13/6/2020)

https://www.lefigaro.fr/culture/mort-de-jean-raspail-ecrivain-et-explorateur-auteur-du-controverse-camp-des-saints-20200613

Mort de Jean Raspail, écrivain et explorateur, auteur du «Camp des Saints»

Par Michaël Naulin Publié le 13/06/2020 à 14:22, mis à jour le 16/06/2020 à 18:52

DISPARITION – L’écrivain, journaliste et explorateur est mort samedi 13 juin à l’âge de 94 ans à l’hôpital Henry-Dunant à Paris, a appris Le Figaro. Adoré par certains, maudit par d’autres, l’auteur de Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie et du Camp des Saints a marqué la littérature française de son univers.

Le consul général de Patagonie n’est plus. Écrivain, explorateur, aventurier, poète… Jean Raspail a marqué la littérature française du XXe siècle. Avant d’être aventurier des mots, l’homme a parcouru les terres isolées. Épaisse moustache, sourcils broussailleux, visage taillé au couteau, Jean Raspail était un être obstiné, fier de ses positions, assumant de ses profonds yeux bleus sa foi catholique et son attachement à la monarchie. Un écologiste royaliste, utopiste et aventurier. Jean Raspail était un romantique.

« À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1949 »Jean Raspail, «L’île Bleue»

Né le 5 juillet 1925 à Chemillé-sur-Dême en Indre-et-Loire, Jean Raspail est un enfant de la bourgeoisie. Son père est président des Grands Moulins de Corbeil et directeur général des mines de la Sarre. Pourtant, malgré les écoles privées et une éducation stricte, le jeune Raspail a des envies d’ailleurs. Trop jeune pour s’engager dans la Résistance, il devra attendre 1949 pour prendre le large. «À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1949», écrira-t-il dans L’île Bleue (Robert Laffont, 1990).

Le pêcheur de lune de 23 ans quitte alors son monde de confort pour l’aventure. Une équipée de jeunesse annonciatrice de 30 ans de voyages autour du globe, auprès des peuples menacés et aux confins des terres hostiles. Il a posé son sac en Terre de Feu, aux Antilles, en Alaska, au bord du lac Titicaca ou encore à Macao et en a rapporté des guides et des récits. Aventurier des mots et des terres isolées, ses premiers livres sont des reportages. Son premier vrai roman, Le Vent des pins, sort chez Juillard en 1958. Récit rédigé à la suite d’un voyage au Japon. De ces aventures, Raspail tira une quasi-biographie, un monument. Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, (Albin Michel, grand prix du roman de l’Académie en 1981). Histoire d’un jeune homme de Tourtoirac partit, vers 1860, conquérir la lointaine Patagonie. Raspail s’en amuse et s’autoproclame consul général de Patagonie. Des lecteurs lui écrivent pour lui demander d’être naturalisés patagons, ils veulent partager cet état d’esprit. Le mythe est né.

Le sulfureux Camp des Saints

Raspail écrit pour s’évader. Défenseur des causes perdues, il publie en 1986, Qui se souvient des hommes, suite à ses séjours chez les Alacalufs, peuple en Terre de feu annihilé et menacé d’extinction par le progrès. Son œuvre séduit par sa force, son obstination, et gagne de nouveaux lecteurs à chaque génération. Elle divise aussi. En 1973, l’écrivain publie ce qui deviendra un brûlot: Le Camp des Saints (Robert Laffont). Roman apocalyptique dans la France de 2050, confrontée à l’arrivée massive de migrants sur ses côtes. Prophète? Il s’en défendait. Les polémiques, elles, proliférèrent.

En 2011, le livre est réédité. L’auteur y ajoute une préface coup de poing, intitulée «Big Other». Dans cette même réédition, il ajoute en annexe toutes les pages tombant sous le coup de la loi. Le PDG de Robert Laffont, Leonello Brandolini, précise alors dans un avant-propos que son opinion n’est pas celle de l’auteur qu’il publie. L’auteur est associé à l’extrême droite, ses propos sont dénoncés. Daniel Schneidermann signera une tribune au vitriol contre l’auteur avec en titre: «Appeler racistes les racistes». Les lecteurs tranchèrent: 132.000 exemplaires vendus à ce jour.

Après Le Camp des saints, l’homme publiera une vingtaine d’ouvrages, beaucoup moins polémiques. L’âme utopiste du voyageur avait repris ses droits. Il revenait sur ses voyages à la rencontre des peuples oubliés. Un imaginaire romanesque fertile salué en 2003 par le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Ironique pour celui qui avait le sentiment de ne jamais avoir eu «la carte» auprès du milieu littéraire. Même le 9e art a dessiné ses traits émaciés et sa moustache éternelle. Le dessinateur Jacques Terpant adapte ses romans d’aventures. L’auteur de Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie fait même une apparition dans le 19e Tome des aventures du célèbre milliardaire Largo Winch. Le dessinateur, impressionné par son physique so british, lui a emprunté ses traits pour un personnage.

La monarchie au cœur

La fleur de lys. Raspail l’arborait fièrement sur ses cravates. Son œuvre en était tout aussi couverte. Le fameux Sire (1991) (qui narre le sacre de Philippe Pharamond de Bourbon en 1999), Le Jeu du roi (1976), Le Roi au-delà de la mer (2000), ont nourri cet amour pour la monarchie. Profondément chrétien, l’homme tenait à ses convictions. Dans son appartement, les ouvrages des guerres de Vendée rappelaient son attachement royaliste. Le 21 janvier 1993, il organisa contre vents et marées une commémoration des 200 ans de la mort de Louis XVI, place de la Concorde, en présence de l’ambassadeur des États-Unis Walter Curley. En 1971, Raspail avait publié le Jeu du roi, roman où il évoquait un homme rêvant de son royaume évanoui en regardant la mer. Bravant les tempêtes, l’écrivain a tenu le cap, a continué à dire et écrire ce en quoi il croyait, sans fléchir. Le consul de Patagonie est mort, vive le consul!

3 livres de Jean Raspail à avoir lu:

Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, Albin Michel, 1981

Le Camp des saints, Robert Laffont, 1973

Qui se souvient des hommes…, Robert Laffont, 1986

Haizebegi 2019 : Interview de Lauriane Lemasson par InfoFueguina « La vergüenza que se convirtió en orgullo »

La estudiante e investigadora francesa, Lauriane Lemasson, detalló las actividades que realizaron tres integrantes de los pueblos selk´nam y yagan en Paris y otras ciudades europeas. Destacó la recepción que tuvieron y la posibilidad de “acercarse al lugar del otro, para no cometer las cosas inaceptables que se hicieron, en parte de los siglos IXX y XX, en antropología”. Remarcó que sobre los pueblos originarios “el único poder que tienen los colonialistas es haber impuesto la vergüenza por la propia identidad, pero hoy esa vergüenza se convirtió en orgullo”, aseveró.

jueves, 19 de diciembre de 2019 · 08:30

“Presenté mi trabajo durante un coloquio internacional en París, eso fue en enero de 2019, y encontré a Denis Laborde que es el organizador del Festival Haizebegi. Él seguía mis investigaciones, que comenzaron  en 2011, y cuando llegó al coloquio me preguntó sobre mis trabajos”, comenzó relatando Lauriane Lemasson, investigadora francesa que realiza sus estudios en La Sorbona, elaborando su tesis sobre “Paisaje sonoro como recurso cultural, al sur del Hatitelén (Estrecho de Magallanes)”, para la cual viaja a la Patagonia chileno-argentina recurrentemente y mantiene un contacto frecuente con integrantes de pueblos originarios.

Lemasson dijo que después de la charla, Haizebegi le manifestó que tenía “carta blanca” para presentarse en el festival que se realizó el pasado mes de octubre en Bayona – Francia, con el antecedente de una entrevista que había realizado en Punta Arenas con Mirtha Salamanca, nieta de Lola Kiepja, la cual fue traducida en distintos idiomas aunque siempre “con aviso previo a la propia Mirtha, para saber si contaba con su acuerdo”, aclaró la investigadora francesa.

Luego de escuchar la entrevista, Laborde propuso invitar a Mirtha Salamanca al festival y manifestó que “se podrían invitar a dos personas más, quizás tres si contábamos con la subvención”, mencionó Lauriane Lemasson, advirtiendo que la fundación que encabeza Denis Laborde se sostiene con mucho esfuerzo, con aportes propios o de colaboradores  “pero sin financiamiento directo del estado”, remarcó.

Dijo que se trata de una fundación que “trabaja mucho con los inmigrantes, con cuestiones sociales y apoya muchas causas humanitarias”. Con ese objetivo se planteó la importancia de referirse a la situación de los pueblos originarios de la zona invitando -en consulta con Mirtha Salamanca- a Víctor Vargas Filgueira  y José González Calderón, ambos pertenecientes al pueblo yagán.

Lauriane Lemasson aclaró que todo el material que se presentó, como así también el contenido de las charlas y las conferencias fue resuelto por  Salamanca, Vargas Filgueira  y González Calderón. “De ellos surgían la iniciativas, porque  la idea era que definieran lo que querían compartir con la gente en Francia”, señaló.

Dijo que pudieron hablar “de una variedad de temas importantes como las salmoneras, el respeto de su cultura por parte de artistas e investigadores, la importancia de dar una devolución a los pueblos cuando se realiza algún trabajo para que no se pierda”. La investigadora francesa comentó que luego los integrantes de los pueblos originarios pudieron intercambiar y compartir con referentes locales, y en esos contactos se dieron cuenta que también en Francia había pueblos originarios “entre ellos los de mis antepasados”, destacó Lauriene Lemasson, mencionando que desciende de bretones.

Otro contacto importante fue con Pascal Blanchard, quien investiga sobre los llamados “zoológicos humanos”, y con quien pudieron “darse cuenta que no había solamente shelk´nam y yaganes exhibidos, sino que también había integrantes de pueblos europeos y de otras partes del mundo, para mí también fue importante porque descubrí que había gente de mi pueblo también exhibida allí”, expresó.  

La investigadora francesa indicó que fue con los zoológicos humanos que  “nació el racismo, porque de esa época viene. Antes había desconocimiento del otro, pero no esa jerarquía entre la gente. Con la época de los zoológicos humanos nació el racismo y fue apoyado por los antropólogos y científicos de ese tiempo, en un intento por comprender como había sido la evolución humana”.

Contó que también tuvieron “acceso a los archivos de (la antropóloga franco-norteamericana Anne) Chapman, dónde fue muy emocionante ver que podían tener contacto directo con ese material. También mantuvieron contacto con el responsable de las Relaciones Exteriores de la Conferencia de los Presidentes de las Universidades Francesas, Jean Luc Nahel, con quien se planteó la posibilidad de algunos proyectos a futuro”.

La actividad tuvo, como otro punto fuerte, una charla para estudiantes franceses quienes se vieron visiblemente emocionados por los testimonios, en especial el de Mirtha Salamanca y el relato de la historia de su abuela Lola Kiepja. Como conclusión los estudiantes, por iniciativa propia, resolvieron elevar una nota con su firma para apoyar el reclamo de restitución de los restos y “pedir una respuesta”.

Lauriane Lemasson indicó, por último, que quedó en claro en el viaje que el investigador debe “acercarse al lugar del otro, para no cometer las cosas inaceptables que se hicieron en parte de los siglos IXX y XX en antropología. También fue muy importante saber que la gente se está acercando para preguntar cuando se van a repetir los talleres que se hicieron, como el de cestería, reflejando lo significativo de la relación que se estableció y como conclusión saber que el único poder que tienen los colonialistas es haber impuesto a los pueblos la vergüenza por la propia identidad, pero hoy esa vergüenza se convirtió en orgullo”, remarcó la investigadora francesa. 

Galería de fotos

Haizebegi 2019 : Mirtha Salamanca interviewée par InfoFueguina : “Trabajar para recuperar lo nuestro”

Mirtha Salamanca fue parte de una delegación de integrantes de los pueblos shelknam y yagán, que viajó a Francia para realizar distintas actividades. Relató las conferencias y los encuentros de los cuales participaron y destacó la importancia de “recuperar lo nuestro”. También expresó una mirada crítica sobre el trabajo de Anne Chapman con su bisabuela, Lola Kiepja.

CIUDAD
lunes, 11 de noviembre de 2019 · 09:24

“La invitación en lo personal fue por el linaje de Lola Kiepja, mi bisabuela. Fui con dos hermanos del pueblo yagán, Víctor Vargas de Ushuaia y José González Calderón de Puerto Williams, y estuvimos cerca de 20 días que fueron muy intensos. Participamos del festival al cual nos invitaron que se viene organizando hace ya seis años, donde hay música y se tratan temas diferentes”, relató Mirtha Salamanca, miembro del pueblo shelknam.

En declaraciones al programa radial “Desde las Bases”, contó que “en este caso, la temática era los pueblos originarios. La gran sorpresa, para quienes concurrieron, fue que había shelknam y yaganes, porque la versión que se instaló fue que ya no había más. A partir de ahí fue la invitación, hubo autoridades muy importantes, recorrimos museos, fue un precedente muy importante y vamos a seguir porque hay mucho para hacer”, expresó Salamanca.

Después mencionó que “el nexo lo hizo Lauriane Lemasson, a quien yo encontré en Punta Arenas por un invitación que me había hecho la universidad y entonces la conocí. Fue una gran sorpresa, ella está haciendo un trabajo magnífico en lo que tiene que ver con la toponimia de la Isla, con los sonidos de la naturaleza, y ese trabajo también se expuso durante estos días”, destacó la integrante del pueblo shelknam.

Anticipando que la científica francesa  “está próxima a volver para esta zona, así que vamos a seguir trabajando. Es muy valeroso, porque sirve para recuperar lo nuestro. En Francia estuvimos en contacto con los alumnos de las universidades, pudimos ver el archivo de Anne Chapman. Yo pude conocer algunas crónicas, es algo con lo que hay que trabajar muchísimo tenemos que aprovechar esta oportunidad”, señaló Mirtha Salamanca.

Luego comentó que también estuvieron “dando charlas en una universidad de España, tomamos contacto con el director del museo de Berlin. Realmente fue una actividad que nos dejó mucho y pudimos hacer un pedido respecto de la devolución de los restos que están en esos museos”, confirmó.

Críticas para Anne Chapman

En ese mismo sentido mencionó que durante las charlas se refirieron “a lo que fue el zoológico humano, porque fue una clara muestra de racismo. Sabemos lo que ocurrió con nuestro pueblo y pudimos exponerlo allí”, remarcó. Después, sobre el trabajo de Anne Chapman, lo cuestionó y manifestó: “siempre digo que la opinión mía, como familiar, es de disconformidad por lo que se hizo con mi abuela”.

“Muchos dicen que sirvió para dejar en resguardo algo de mi abuela, pero yo hubiera preferido que no hubiera dejado nada. Porque sabemos que los cantos chamánicos eran privados, no podía quedar ese registro y aparte se le dio un mal uso. Realmente para nosotros, como familia, es algo muy triste. Considero que Anne Chapman vino con todo el aparato, con todo pago, mi madre por ejemplo no la quiso tender porque no nos respetaban”, relató la bisnieta de Lola Kiepja.

Dijo que cuando se presentaron ante la antropóloga franco –estadounidense “nos respondió que no nos iba a atender, porque ella con “los puros” había trabajado. Desconociendo nuestro linaje y nuestra pertenencia, la gente no sabe que atrás de esos registros hay una historia muy cruel. Llegó a decir que Lola había tenido “12 hijos seis puros y seis impuros”, ¿qué es lo que significa eso? No tuvo respeto por la familia”, insistió Salamanca.

Un pueblo ultrajado y la necesidad de recuperar la historia

Durante la entrevista expresó “sabemos que nuestro pueblo fue ultrajado, violado, entonces hay que tener un poco de respeto por esa historia. Nosotros somos un pueblo que sigue en silencio, pero estamos luchando, trabajando. Descubrimos un documental en el cual aparecían imágenes nuestras que no sabíamos que existían. Tomadas sin ninguna autorización, tenemos mucho por rescatar, mucho por trabajar”, advirtió.

Indicó que “se puede hacer algo diferente, yo siempre digo que tenemos un Estado ausente. Tenemos un ente controlador que es el Instituto Nacional de Asuntos Indígenas, pero primero hay que decir que nosotros no somos un asunto. Parece que tuviéramos que estar a merced de ellos, nosotros tenemos nuestras leyes que se deben hacer respetar”, reclamó.

Mirtha Salamanca manifestó que a veces “es muy lamentable, nosotros creemos que en las escuelas siempre se tiene que decir la verdad. Por eso yo voy y digo que estamos vivos, creo que hay que contar lo que pasó con nuestro pueblo, con la mal llamada conquista que fue en realidad una invasión a nuestro pueblo y a todos los pueblos de América”.

“Porque somos un pueblo pre existente y nos sacaron todo, prácticamente nos impusieron sus leyes. Respeto el himno, la bandera, pero nos fueron impuestos. Nosotros teníamos el haruwen, nuestros grupos familiares. Se vivía libremente, en la naturaleza, en armonía, luego todo fue imposición. Hay que trabajar mucho respecto de eso, tratar de recuperar nuestra cultura y que se diga la verdad. Esa es la actividad que nos estamos planteando”, concluyó la representante del pueblo shelknam.

Foto: Facebook Lauriane Lemasson

Haizebegi 2019 : interview commune pour le journal basque Berria «Orduko zeremoniak oraingo eskolak ziren»

Europara etorri dira, europarren arbasoek ‘gogaitu’ zituztenetik zertan diren kontatzera: «Hilzorian».
Jose Gonzalez Calderon, Lauriane Lemasson, Victor Vargas Filgueira eta Myrtha Salamanca.

Jose Gonzalez Calderon, Lauriane Lemasson, Victor Vargas Filgueira eta Myrtha Salamanca. FRANÇOIS BERLAND 
2019ko urriak 22

   0  

Haizebegi musikaren munduak festibala kari gomitatu dituzte Victor Gabriel Vargas Filgueira eta Jose German Gonzalez Calderon yagan populukoak; eta Myrtha Salamanga Selk’nam populukoa, Argentina eta Txileko Suaren Lurraldetik, Lauriane Lemasson antropologoaren bidez, zeinak tesiaren gaia, preseski, bi populuen memoria baitu. Beraien lekukotasuna garraiatu dute, populu horiek jasandako genozidioa odolean daramate, baina bizirik daudela aldarrikatzen dute, biziaren alde borrokatzen dira.

Zertara etorri zarete?

MYRTHA SALAMANCA: Selk’nam populuko jatorrizko gisa etorri naiz gure egia kontatzera.

VICTOR GABRIEL VARGAS: Konkista bat izan delarik, badelako beti menperatua eta menperatzailea. Eta kultura batek desagertu beharra du bertzearen supremaziarekin. Eta horixe egin dute; Argentinako leku askotan islatua dago kolonoaren eta konkistatzailearen pasaia: estatuetan, beirateetan… Alta, denboraren pasearekin ohartzen zara gauzak ez direla horrela.

Zer ekarri duzue hona?

M.S.: Lola izena eman zion zuriak, baina egiazki Kiepja zuen. Amama kendu egin didate, haren memoria. Ez zen bizi erraza izan emakumeentzat. Haren kantuak xamanikoak ziren, sendatzeko balio zuten. Eta antropologoek edatera eman zioten kanta zezan, eta oraingo egunean musika ere ematen diote. Baina kantu horiek bazuten beraien funtzioa. Eta hori oso barnetik daramat. Funtsean, nire herriko emazteek bizi izandakoa da: bakardadea, bortxaketak, misio salestarrera eramandako seme-alabengandik bereizketak, eta gizonen hilketak.

V.G.V.: Badugu soroa hiritik kanpo, zalapartatik urrun. Eta geure buruari galdetzen diogu ea gure aitatxi-amamek nahi ote zuten 2×2 metroko etxetxorik? Nahi ote zuten sedentarioa izan? Jakinez herri nomada zela eta enbor-azalezko kanoetan nabigatzen zutela. Historia ez da ehiztari indigenena. Edo lanaren truke gure jendeari ematen ez zitzaien saria. Bada nagusitasun gaitza. Erabakitzeko botere horrek gu baztertzen segitzen gaitu.

Bortxak zizelkaturiko herriak zarete.

V.G.V.: [Jose de] San Martinek Andeak gurutzatu omen zituen, eta indioekin, mulatoekin eta gautxoekin —Argentinako gautxoa ere bazterkina izan zen—, idatzia utzi zuenez. Haiekin zeharkatu zuen, ez baitzuten erabakitzeko botererik: «Bazatozte, edo bazatozte». Eta kontatzen du Buenos Airesko aberatsek hiru zerbitzari ematen zizkiotela beraien haurrak harekin joan ez zitezen.

M.S.: Amak beti uste izan zuen ez zuela amarik, harik eta 1979an agertu zen arte. Orduan kolpeak, arropa pozoituaren banaketa kontatu zizkigun, haurrei banatzen zitzaizkien goxoki pozoituak… Behin baino gehiagotan eskapatu zen herrietatik hamaika kilometrora zegoen misiotik, baina Poliziak harrapatzen zuen bakoitzean zafratzen zuen. Esklabotza modu bat zen. Bizkarra sahats adarrez jotzen zioten, odoletan uzteraino.

Amamaren bizkar.

M.S.: Horregatik, amamaren argazkia denetan ikusten dudalarik, musika modernoarekin… errespetua eskatzen dut. Eta inork baldin badu dudarik, etor dadila baimena eskatzera, ez dezala liburutik har; galde diezagula. Egia ez da asmatzen. Baina borrokatzen gara bizirik garela errateko; gure amama ez zen azkena: hor gaude gu.

Indigenaren kosmobisioa aipatu duzu?

V.G.V.: Farmaziako medikamentuetan indigenok ez ditugu kutxak ikusten, baizik eta zein landaretatik atera diren. Landareotatik kutxetara iristeko bide bihurria eginarazten dizute, eta hori da kapitalismoa. Eta zein da Argentinaren eta Txileren etsairik handiena? Indigena; indigenak nahi duelako zuzen joan, bide bihurririk gabe.

Kosmobisio horretan, gizakiok badugu arima bat, eta hura badoalarik, gorpuak lurperatzen genituen saiengandik babesteko… Zientziak dio: «Mitologia!». Ez, ordea: gizakiak ziren, eta orduko zeremonia horiek oraingo eskola eta hezkuntza ziren.

Haizebegi 2019 : Journal du CNRS « La musique ouvre sur tous les univers de la culture » (10/10/2019, par Fabien Trécourt)

haizebegi5 1

À Bayonne en 2017, la fondation Tumac est l’invitée d’honneur du festival Haizebegi. En Colombie, elle œuvre à la socialisation des enfants en utilisant la musique et la facture instrumentale, la danse et la couture, comme armes face aux guérillas.
La sixième édition du festival Haizebegi, consacré aux « mondes de la musique » et aux sciences sociales, s’ouvre aujourd’hui à Bayonne. Pour son directeur, l’anthropologue Denis Laborde, l’étude des œuvres et des façons de faire de la musique offre un éclairage crucial sur les rapports sociaux.

Vous avez créé en 2014 à Bayonne un centre de recherche sur les musiques du monde (ARI) et le festival Haizebegi, qui mélange musique et recherche. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce festival ?
Denis Laborde1 : En langue basque, « haize begi » signifie « regard du vent ». La musique, comme le vent, ignore les frontières et porte témoignage. Elle dit quelque chose de celles et ceux qui la font, et elle constitue une magnifique porte d’entrée sur tous les univers de culture. Ce festival, que nous avons créé avec mes doctorants de l’EHESS, est unique en son genre. Il conjugue les sciences sociales (conférences, débats, colloques, publications) et la musique (concerts, films, expositions, danse).

Pour cette sixième édition, qui se déroulera jusqu’au 20 octobre, nous accueillons des musiciens syriens, cubains, argentins, kanaks, et des créateurs basques qui seront à l’honneur avec Rain of Music, un invraisemblable opéra pour robots, à la pointe des nouvelles technologies et composé dans le cadre d’un projet scientifique international2. Nous accueillons aussi des Selk’nam et des Yagán de l’extrême sud de la Patagonie, grâce à l’ethnomusicologue Lauriane Lemasson qui leur consacre sa thèse. Ils viennent d’Ushuaïa, de Puerto Williams et du Cap Horn ; leurs ancêtres ont été exhibés dans des « zoos humains » lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889, ou encore vendus aux enchères à Punta Arenas en 1895.

Pour évoquer cette mémoire douloureuse, nous organisons le 12 octobre une cérémonie de résilience : Lars Christian Koch, qui dirige le Phonogramm-Archiv de Berlin, leur remettra solennellement des copies des enregistrements sonores qui furent réalisés entre 1907 et 1923, par des missions ethnographiques allemandes en Terre de Feu. C’est une manière très symbolique de leur rendre la voix de leurs ancêtres.

zoo humain

Des Selk’nam ont été exhibés durant l’Exposition universelle de Paris en 1889.

Le festival, tel que nous le concevons, ne considère pas du tout la musique comme un instrument de divertissement : c’est un outil d’intelligibilité des sociétés humaines, qui fait de l’art de l’écoute une attitude de connaissance qui s’étend bien au-delà de la musique. C’est pourquoi un festival organisé par des chercheurs n’est pas la même chose qu’un festival organisé par des opérateurs culturels, ne serait-ce que parce que nous y associons un « programme » de 332 pages en forme de revue scientifique. 

En quoi l’anthropologie de la musique consiste-t-elle ?
D. L. : C’est une manière spécifique de saisir les « faits de musique ». Tout est parti d’une curiosité, d’une libido sciendi, et d’un désir de sauvetage, à quoi s’est ajouté un outil providentiel : l’écriture musicale sur portée de cinq lignes. Pendant plusieurs siècles, les transcriptions musicales permettent de « sauver » les musiques des autres ; les recueils et les chansonniers en portent témoignage. 

Un festival organisé par des chercheurs n’est pas la même chose qu’un festival organisé par des opérateurs culturels.

Mais lorsque Thomas Edison invente son phonographe à cylindre, ce sont les sons que l’on conserve, et ce dès 1889. Que faire alors de ces rouleaux de cire ? On leur dédie de grandes phonothèques : à Vienne, Berlin ou encore Paris, avec les Archives de la paroles, créées par Ferdinand Brunot et Émile Pathé en 

Les études sur les musiques de tradition orale se développent donc dans les musées. C’est une manière de préserver ce que l’on nommerait aujourd’hui un « patrimoine de l’humanité ». Puis les ethnomusicologues se posent des questions passionnantes : comment les répertoires s’inventent-ils, se stabilisent-ils, se diffusent-ils, s’influencent-ils ? Comment les transcrire, quelles sont leurs propriétés ? Comment peuvent-ils résonner en nous, susciter des pensées, des émotions, des états d’âme ? Comment mettent-ils les corps en mouvement dans la danse ou dans la transe ? Au-delà, nous pouvons analyser la façon dont des personnes se réunissent, font de la musique ensemble ; découvrir les significations culturelles qui leur sont attachées et la vie sociale de ceux qui fabriquent ces musiques.

h6s08ph08 72dpi

Préparation des robots pour le spectacle Rain of Music, un opéra pour robots créé par les artistes et les informaticiens de l’Université du Pays basque, du Scrime et de l’ESTIA.

La musique a-t-elle une dimension universelle ou des significations diverses selon les cultures et les peuples ?
D. L. : La musique a ceci en commun avec le langage qu’elle est une capacité de l’espèce humaine. Tous les êtres humains peuvent parler et faire de la musique. Il n’empêche que l’humanité parle des langues très différentes et joue des musiques distinctes. Les capacités humaines sont « phylogénétiquement déterminées et culturellement déterminantes », nous dit Dan Sperber3. C’est cela, l’universalisme de la musique. Mon chien Mugi essaie de parler, de chanter même. Je sens bien qu’il progresse, mais ça ne vient pas. J’ai dû renoncer : il lui manque une détermination phylogénétique.

Donc pour répondre à votre question : oui, la musique a une dimension universelle en ce sens que c’est une capacité commune à l’espèce humaine. Pour autant, être universaliste ne signifie pas que l’on cherche à construire une théorie générale de la musique qui vaudrait de tout temps et en tous lieux. Chaque occasion de musique est unique et nous l’étudions en tant que telle. Ensuite, nous mettons en série tous les cas étudiés, et nous voyons si nous pouvons généraliser, ou pas. Mais le souci de généralisation n’intervient qu’après les analyses in situ, sinon le regard est biaisé.

(…) Les personnes en déshérence peuvent être des porteuses de traditions qu’elles mettent en partage.

Pourriez-vous donner une illustration concrète, d’une étude que vous mèneriez actuellement par exemple ? 
D. L. : Depuis 2015, je m’intéresse aux pratiques musicales des personnes qui se trouvent en situation de migration forcée. Il y a désormais un fort afflux de migrants au Pays basque. Ils traversent la péninsule Ibérique et se retrouvent à Bayonne, où l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS vient d’installer notre institut ARI (pour Anthropological Research Institute on Music)4.

Cet afflux est remarquablement géré par la ville et par les bénévoles regroupés en associations. Il faut que cela se sache : le centre Pausa a accueilli 10 000 migrants en moins d’un an dans une dynamique extrêmement positive. Dans le cadre de l’institut, nous développons un programme pour comprendre ce qui se joue lorsque des migrants font de la musique dans ces lieux de répit.

Festival Haizebegi 2017, Ritos de la Tunda

À l’automne 2015 par exemple, le village de Baïgorry a accueilli pendant trois mois cinquante migrants venus de Calais : à la fin de l’hiver, ces migrants veulent remercier ce village qu’ils s’apprêtent à quitter. Ils demandent des instruments, on leur apporte un violon, une flûte, des percussions… Et cette « fête interculturelle » du 31 janvier va devenir pour les habitants un moment de sidération : chacun découvre que ces personnes en déshérence peuvent être des porteuses de traditions qu’elles mettent en partage. Cela change radicalement le regard que l’on porte sur elles. C’est à cela que nous nous intéressons, avec l’appui de l’Institut Convergences Migrations dont nous sommes partie intégrante.

Mais nous voulons aller plus loin. Si l’expression musicale transforme les représentations que nous nous faisons des migrants, pourquoi les chercheurs ne travailleraient-ils pas avec les institutions culturelles pour faire de la musique l’instrument d’une dignité retrouvée, voire un outil d’intégration ? C’est tout l’enjeu de l’extension aux pratiques artistiques du Programme national d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques en exil (Pause) du Collège de France, auquel nous sommes associés. L’expertise acquise à Bayonne montre que cet enjeu est tout à fait considérable.

Une large partie de vos travaux portent aussi sur la création musicale et l’improvisation…
D. L. : Cela me passionne ! On associe les musiques traditionnelles à la répétition à l’identique de schémas dont « la tradition » interdirait de sortir. Or, c’est tout le contraire ! L’histoire des traditions musicales est faite de moments de stabilisation des répertoires, puis de gestes déviants produits par des musiciens inventifs. La plupart de ces gestes passent inaperçus, d’autres créent des polémiques, d’autres enfin sont implémentés et modifient durablement les manières de faire. C’est de cette manière qu’une tradition reste elle-même, en changeant au fil du temps. Le cas de l’improvisation est un cas extrême. On a tendance à penser que tout se passe spontanément, qu’il suffit de laisser libre cours à son inspiration. Or, on ne s’improvise pas improvisateur…

Dans La Mémoire et l’Instant5j’ai montré que ces poètes basques qu’on appelle bertsulari (faiseurs de vers) rencontrent peu de succès lorsqu’ils s’enferment dans leur paysage mental. Les meilleurs improvisateurs et les meilleures improvisatrices – car les femmes sont aujourd’hui les championnes – sont celles ou ceux qui entrent en communication avec le public. Ils intègrent ses réactions dans leurs improvisations et chaque spectateur a le sentiment d’en devenir un coauteur. 

Haizebegi 2017

Vous étiez musicien avant de basculer dans la recherche. Comment avez-vous bifurqué ?

D. L. : J’ai fait mes études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. J’ai donc grandi dans ce monde très concurrentiel de la musique savante occidentale, un monde dans lequel on est déjà trop vieux à 14 ans ! Mon dernier engagement comme chef d’orchestre fut la direction des Crystal Psalms d’Alvin Curran à Radio France pour New Albion Records, une firme de San Francisco. Puis ce fut l’anthropologie. Je me suis alors départi de ces jugements de valeurs que j’avais intégrés à mesure de ces années, et le monde est devenu plus vaste. 

Haizebegi 2015

 

Depuis, je cherche à investir dans la recherche scientifique les capacités créatives développées dans la pratique artistique. Dans ma pratique de l’anthropologie, je m’inspire de Bach qui envisageait la composition musicale par l’action. Bach n’était pas un théoricien en ce sens qu’il n’a jamais écrit de traité de fugue. Mais il a composé L’Art de la Fugue… auquel tous les traités se réfèrent comme à un chef-d’œuvre de l’esprit humain. C’est dans cette approche active que s’inscrit le festival Haizebegi.

Je suis de ceux qui cherchent à réinventer le métier de chercheur en sciences sociales. Je ne travaille donc pas à construire une théorie universelle de la musique, mais je fais de mon engagement dans le monde un exemplum. Alors non, je ne joue plus de piano, je ne compose plus, ni ne fabrique de musique. Mais c’est parce que nous sommes en situation d’urgence. L’anthropologie exige un engagement total. Ça vous prend la vie. 

—————————-
Festival Haizebegi, les mondes de la musique, du 10 au 20 octobre 2019 à Bayonne. Consulter le programme.
—————————-
À écouter : https://lejournal.cnrs.fr/audios/les-chants-des-peuples

Notes

  • 1.Ethnologue, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, Denis Laborde est spécialiste d’anthropologie de la musique.
  • 2.Ce projet fait collaborer les artistes de l’Université du Pays basque (Bilbao), les informaticiens du Scrime (LaBRI, unité CNRS/Université de Bordeaux, Bordeaux INP) et de Estia-Recherche à Bidart.
  • 3.D. Sperber, Le Symbolisme en général, Paris, Hermann, 1974.
  • 4.Basque Anthropological Research Institute on Music, Emotion and Human Societies. Équipe du Centre Georg Simmel (unité CNRS/EHESS).
  • 5.La Mémoire et l’Instant. Les improvisations chantées du bertsulari basque, Donostia, Elkar, 2005, 349 p.

 

https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-musique-ouvre-sur-tous-les-univers-de-culture