CAP HORN. Un moment historique: le Hall of Fame installé aux Sables-d’Olonne Vendée (Le Reporter Sablais, 11/05/2023)

Les Sables-d’Olonne devient le haut lieu des Cap-Horniers

La Ville des Sables d’Olonne, capitale mondiale de la course au large en solitaire, accueille désormais le siège de l’Association internationale des Cape Horners (International Ass. of Cape Horners – IACH).

Source : https://www.lereportersablais.com/cap-horn-un-moment-historique-le-hall-of-fame-installe-aux-sables-dolonne/

Cap Horn Hall of Fame

À quelques jours du départ de la mythique Golden Globe Race, la Ville a inauguré le mercredi 31 août le «Cap Horn Hall of Fame» qui distinguera les marins les plus prestigieux ayant franchi le mythique Cap Horn.
De quoi renforcer encore un peu plus les liens qui unissent les Sables d’Olonne aux aventuriers du grand large.

Une bourrasque au Cap Horn (ci-dessous)

Une bourrasque au Cap Horn
Une bourrasque au Cap Horn

Le passage du Cap Horn est souvent une délivrance

Des pics rocheux qui se jettent à la mer, une terre inhospitalière… et pourtant, un sentiment de délivrance. Franchir le Cap Horn, terre la plus australe de l’Amérique du sud et point de passage entre l’océan Pacifique et l’Atlantique, est une aventure en soi, un accomplissement pour tant de marins, alors que les conditions peuvent y être particulièrement éprouvantes.


« En plus d’être redouté par les marins les plus téméraires en raison des conditions extrêmement difficiles qui le caractérisent (les vagues des deux océans s’entrechoquent dans cet entonnoir et le froid y est glacial), le passage du « Cap des tempêtes », coincé, à l’extrémité de la Terre de Feu, entre la Cordillère des Andes et le Pôle Sud, est aussi symbolique. Encore peu de marins peuvent en effet se targuer d’avoir franchi ce lieu légendaire qui a acquis la réputation d’être le « cimetière marin ».
Signe de la performance, les navigateurs qui franchissent cette pointe se voient glorifier du titre de « cap-horniste ». « Un titre de noblesse », précisait sur les ondes de la RTBF Philippe De Radiguès, qui fait parti de ces rares marins détenteurs du titre.
Selon les conditions météo, le passage du Cap peut offrir aux plus chanceux un spectacle grandiose ; sa terre rouge vive éclairée par le soleil, bordée de glaciers, est semblable à un « paysage lunaire »  (Sources: DHN Dernière Heure / Belgique)


Une association fondée en 1937

Pour rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui ont fait preuve de tant de bravoure et de courage, l’Association internationale des Cape Horners, fondée en 1937, vient de dévoiler le Tableau d’honneur qui trône désormais aux Sables d’Olonne, dans la Ville du Vendée Globe.

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Tableau d’Honneur des Cap Horniers – Les Sables d’Olonne

28 Cap-Horniers intègrent le Tableau d’honneur

Une cérémonie historique et émouvante s’est déroulée en présence de trois Cap-Horniers qui ont marqué l’Histoire :
– Sir Robin Knox-Johnston, premier homme à avoir accompli un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et en course ;
– Jean-Luc Van Den Heede, a doublé 12 fois le Cap Horn et effectué 6 tours du monde en solitaire. Finisher de deux Vendée Globe et grand vainqueur de la GGR 2018 ;
– et Chay Blyth concurrent du Golden Globe Challenge en 1968.

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Sir Robin Knox-Johnston et Jean-Luc Van den Heede – Les Sables-d’Olonne 31 août 2022

Chaque marin intronisé a été sélectionné dans une liste de candidature établie par un comité indépendant et l’ensemble des membres de l’IACH s’est prononcé par la suite afin d’établir ce premier classement honorifique.

Tous les ans, la Ville des Sables-d’Olonne et l’IACH organiseront une cérémonie pour intégrer de nouveaux noms et faire vivre la communauté des grands marins indéfectiblement liés au Cap Horn.
Pour ce lancement, les noms de 28 Cap Horniers ont été gravés dans le bois du Tableau d’Honneur qui trônera désormais dans un espace dédié à  » l’International Association of Cape Horners  » au coeur de Port Olona.

Ci-dessous:
Chay Blyth, Jean-Luc Van den Heede, Yannick Moreau, Sir Robin Knox-Johnston, Don McIntyre, et Ashley Manton

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Personnalités lors de la cérémonie des Cap-Horniers – Les Sables-d’Olonne Vendée 31 août 2022

Ils ont dit:
Ashley Manton, Président de l’International Association of Cape Horners (IACH):
« Je me réjouis que ce nouvel événement annuel soit généreusement organisé par Les Sables d’Olonne ». Le Cape Horn Hall of Fame a vocation à encourager les générations futures à suivre les exploits de leurs aînés et à établir de nouveaux records dans les courses autour du monde les plus prestigieuses, à l’instar du Vendée Globe et de la Golden Globe Race ».

Yannick Moreau, maire des Sables-d’Olonne:
« Il est naturel pour notre cité maritime, qui a vu tant de marins traverser les océans et franchir le Cap Horn, d’accueillir l’International Association of Cape Horners.
Quel meilleur endroit, quel meilleur moment, quels meilleurs ambassadeurs pour inaugurer ce Hall of Fame des Cap-Horniers. A quelques heures du départ de la Golden Globe Race, en présence de la légende Sir Robin Knox-Johnston, une page de l’Histoire maritime s’écrit aux Sables d’Olonne».

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Les Trophées en forme de Cap Horn avec le nom des récipiendaires

Les 28 récipiendaires annoncés en août 2022
Willem Schouten (1567-1625), Pays-Bas
Jacob Le Maire (1585-1616), Belgique
Vice Admiral Robert Fitzroy (1805-1865), Angleterre
Capt. Vern Verner Björkfelt (1900-1982), Finlande
Capt. Thomas Carter (T.C) Feraron (1813 – 1869)
Capt. Adolph Hauth, Allemagne (1899 – 1975)
Capt. Louis Allaire (1880-1949), France
Alan Villiers (1903-1982), Australie
Vito Dumas (1900-1965), Argentine
Marcel Bardeaux (1950-1958), France
Sir Francis Chichester (1901-1972), Angleterre
Sir Alec Rose (1908-1991), Angleterre
Sir Robin Knox-Johnston (1939-), Angleterre
Bernard Moitessier (1925-1994), France
Sir Chay Blyth (1940-), Écossais
Ramon Carlin (1923-2016), Mexique
Éric Tabarly (1931-1998), France
Cornelis van Rietschoten (1926-2013), Pays-Bas
Dame Naomi James (1949-), Nouvelle-Zélande
Kay Cottee (1954-), Australie
Jon Sanders (1939-), Australie
Philippe Jeantot (1952-), France
Titouan Lamazou (1955-), France
Sir Peter Blake (1948-2001), Nouvelle-Zélande
Dilip Donde (1967-), Inde
Stan Honey (1955-), Amérique
Dee Caffari (1973-), Angleterre
Jean-Luc Van Den Heede (1945-), France

Il s’agit d’un Tableau d’Honneur
Vous pouvez aussi visualiser tous ceux qui sont enregistrés depuis 1969:
https://www.capehorners.club/main/roundingsregister.php



BIO n°1: Captain Adolf Hauth

Le Priwall (1917 – 1945)

Priwall
Priwall

Capitaine Adolf Hauth (1899 – 1975)
Le contournement le plus rapide d’Est en Ouest du Cap Horn par un voilier commercial a été enregistré en 1938 par le Flying P-Liner allemand « Priwall » (1917 – 1945) qui comportait 33 voiles et naviguait avec un équipage de 27 hommes.
De 1917 à 1941 il est allemand et basé à Hambourg, et de 1941 à 45 il devient chilien, comme prise de guerre, le Chili ayant soutenu les Alliés. En 1941 son nom change pour « Lautaro » et sa base est Valparaiso.

Le Priwall fut transformé en navire-école en 1926, notamment sous le commandement (entre 1937 et 39) du capitaine Adolf Hauth.
Celui-ci a effectué le passage du Cap Horn à 14 reprises dont 4 fois en tant que capitaine du « Priwall ».

Lors de l’un de ces passages sur le « Priwall » en 1938, le tour d’Est en Ouest du Cap Horn (50ème parallèle de l’Atlantique vers le 50ème du Pacifique) a été effectué par Adolph Hauth dans le temps record de 5 jours et 14 heures.
Sa coque de plaques d’acier rivetées lui permettait de naviguer dans l’Atlantique sud dont le Cap Horn.

Le bateau faisait du commerce de salpêtre (nitrate de potassium) vers le Chili, et de blé vers l’Australie. Le 28 février 1945, le salpêtre emballé dans des sacs prend feu (le salpêtre servait notamment pour la poudre de canon); de nombreux marins meurent à cause des fumées inhalées ou de brûlures.
Un vapeur remorque le navire mais celui-ci coule en route, le 8 mars 1945, faisant encore des morts dont le capitaine du navire, Enrique Garcia Gonzalez.
Le naufrage est considéré comme une catastrophe nationale au Chili.

(Sources: Nicole Erler / Condor)

Le Priwall peint par Robert Carter (© Photo: DR)

Priwall Robert Carter
Priwall by Robert Carter
© Photo: DR

Suite des BIOS prochainement


Note:
Le Cap Horn fait partie de la commune de Cabo de Hornos (Chili).

https://www.lereportersablais.com



VIDEO de la cérémonie des Cap-Horniers – 31 août 2022
(Note: pour des raisons pratiques, nous avons volontairement laissée la vidéo brute).



Philippe Brossard-Lotz

Source : Le Reporter sablais

Parce que nous aussi, au sein de l’association, nous nous dédions à la région du cap Horn, nous vous invitons à découvrir nos travaux avec plusieurs membres des communautés natives (yagan, haush et selk’nam). Dans le cadre de nos recherches toponymiques, le cap Horn a retrouvé son nom d’avant la colonisation. Il s’agit de Lököshpi, en langue yagan.

Pour en savoir plus : https://karukinka.eu/fr/expedition-cap-nord-cap-horn-2023-2024/

[PARTENARIAT] Parlement des Liens : conférence, «Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie» (Libération)

Lauriane Lemasson, musicienne et ethnomusicologue, va réaliser un «portrait sonore de région» dans le cadre du forum du Parlement des Liens organisé à Uzès.

par Didier Arnaud publié le 11 octobre 2022 à 15h43. Lien : https://www.liberation.fr/forums/le-nom-du-lieu-est-le-premier-son-quon-associe-a-notre-lieu-de-vie-20221011_VXFMHZ6WK5DUZPURZ2X6GWWPYM/

Avec quels mots répondre aux grands défis de notre temps ? Pour y répondre, trois jours de débats à Uzès (Gard), du 14 au 16 octobre 2022, organisés par le Parlement des Liens et Libération.

Lauriane Lemasson est musicienne, photographe et… ethnomusicologue, spécialiste de l’étude des musiques du monde, des sons et de leur signification. Dans le cadre du Parlement des Liens à Uzès, avec son collègue Antonin-Tri Hoang, elle va réaliser un «portrait sonore de la région» en captant la musicalité des paysages, des rivières, de certains bois ou forêts avec des espèces remarquables… Dans un second temps, elle travaillera sur le patrimoine historique. Il s’agit de comprendre la vie à Uzès ces vingt dernières années, en récoltant des témoignages autour des projets en cours, passés et à venir. Ici, la région est vallonnée, la roche calcaire. Il y a des vignes et de l’olive. On y pratique des métiers comme la taille de pierre ou la céramique. La région est un gros vivier d’artistes et d’artisans céramistes, détaille Lauriane Lemasson qui ajoute : «L’intérêt d’un portrait sonore de région, c’est aussi d’y inclure les langues locales. On n’obtiendrait pas les mêmes résultats ailleurs.»

Si la musicologue note la «diminution drastique du nombre de locuteurs», elle insiste aussi sur cette revendication nouvelle qui «passe par la langue». «Les gens n’ont plus cette honte du parler rural vis-à-vis du parler urbain, comme le basque et le breton. Il existe un intérêt toujours plus grand pour la préservation et l’enseignement de ces dialectes, qui vont nous expliquer les lieux dans lesquels on vit. Le nom du lieu est le premier son qu’on associe à notre lieu de vie. On arrive à comprendre pourquoi tel nom est associé à tel endroit. La carte et la manière dont on nomme le lieu font partie de notre héritage et sont des éléments qui restent.»

La musicologue a longtemps travaillé en Patagonie, où l’une des premières volontés des colons a été d’empêcher la sauvegarde de la langue autochtone. «On ne s’exprime pas de la même manière si on retire cette richesse-là en vous imposant un autre système de pensée.» L’uniformisation et appauvrissement linguistique, «ce sont des savoirs qui se perdent».

Entre Vendée Globe et Terre de Feu, c’est quoi penser le sauvage demain ? Marc Thiercelin et Lauriane Lemasson aux Rencontres de la prospective sportive (Musée de l’Homme, 24/11/2021)

Invitation de François Bellanger
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On en parle ce mercredi de 11h45 à 12h45 lors des deuxièmes Rencontres de la Prospective Sportive organisée au musée de l’Homme autour de la question « Et si le sauvage devenait le nouvel horizon du sport ? »  

Nos invités :

– Lauriane LEMASSON, ethnomusicologue qui parcourt la Patagonie sur les traces des populations natives.

– Marc THIERCELIN – navigateur, auteur de la série « À la rencontre des peuples des mers. »

C’est gratuit et ouvert à tous.

Pour s’inscrire, .

https://transit-city.blogspot.com/2021/11/entre-vendee-globe-et-terre-de-feu-cest.html

Agir pour le vivant et Libération publient une tribune de Lauriane Lemasson, fondatrice de notre association (1ère partie)

Patagonie : mais où sont donc les peuples Yagan, Haush et Selk’nam ? (partie 1)

Si l’on regarde une carte de Terre de feu, l’une des premières sensations est celle de vide, un criant vide de sens. Le territoire est immense mais les toponymes manquent pour décrire ce qui m’entoure.

par Lauriane Lemasson, chercheuse en ethnomusicologie, acoustique et géographie à Sorbonne Université et fondatrice de l’association Karukinka – publié le 14 juin 2021 à 10h58

En 2011 j’ai posé pour la première fois mon regard sur ce Finistère américain : l’extrême sud de la Patagonie, au sud du détroit Hatitelen, plus connu sous le nom de détroit de Magellan. Après avoir étudié un large corpus d’ouvrages disponibles en Europe, les conclusions étaient sans appel concernant les premiers habitants de ces terres : il ne restait plus qu’une seule femme yagan à Villa Ukika, au Chili, et plus aucun Haush ou Selk’nam en Patagonie. Tous avaient disparu à la suite des maladies importées d’Europe, malgré les bonnes volontés des missions anglicanes et salésiennes qui tentèrent de les sauver en leur apportant refuge, nourriture, vêtements, et surtout «civilisation».

Voici en résumé ce que dit l’histoire officielle. Je décidai malgré tout de m’y rendre pour la première fois en janvier 2013 et pendant un peu plus de trois mois. Je savais que j’allais sûrement sillonner un désert vidé de ses premiers habitants pendant toute cette période, mais peut-être que les paysages, eux, auraient encore des choses à me conter. Je partis donc, principalement seule et en autonomie complète, avec pour compagnons d’expédition mon sac à dos, ma tente, mon duvet, et de quoi manger, photographier et enregistrer. Passés ces trois premiers mois d’exploration et beaucoup d’autres missions à la suite, je peux vous assurer que oui, ces lieux devenus espaces continuent de beaucoup m’apprendre sur l’horreur du génocide dont ont été victimes les peuples Yagan, Haush et Selk’nam.

Si l’on regarde une carte de Terre de feu, l’une des premières sensations est celle de vide, un criant vide de sens. Le territoire est immense mais les toponymes manquent pour décrire ce qui m’entoure. Des rivières, montagnes, collines, plaines… devaient pourtant avoir des noms, avant, lorsqu’ils faisaient partie d’un quotidien, que des voix troublaient le silence. Où sont-ils désormais ? Et ces restes de vie, ces ustensiles de pierre taillée qui jonchent le sol de ces anciens campements, ne sont-ils pas les témoins de l’exode, de la fuite face à l’arrivée des génocidaires ? Imaginez un dîner familial et faites-en disparaître tous les membres assis autour de la table : voici la sensation qui vous prend aux tripes quand vous vous retrouvez là. Le temps s’y est arrêté et ces bribes de vie quotidienne vous entourent, sans leurs acteurs. Où sont-ils ? Qu’ont-ils vécu ici ? Ont-ils pu s’en sortir en s’engouffrant dans l’inextricable forêt fuégienne ? Ou bien ont-ils été capturés et déportés comme tant d’autres vers les missions, la prison de Rawson ou le camp de concentration de l’île Dawson, séparés de leur territoire, pour favoriser l’expansion des élevages d’ovins et de bovins ? Tout cela s’est déroulé durant la conquête d’un désert qui n’en était pas un : la colonisation aussi macabre que rapide initiée par l’Argentine et le Chili entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles en Patagonie.

Sinistre trafic humain

Durant la même période se développèrent en Europe occidentale les théories d’anthropologie physique. Convaincus d’avoir trouvé en Patagonie le chaînon manquant entre l’homme et l’animal, de nombreux chercheurs firent appel à des explorateurs ou se rendirent sur place pour les étudier. L’objectif était de confirmer leurs théories empreintes des conclusions de Charles Darwin lors de son passage dans l’extrême sud patagon. Il était difficile de convaincre les Selk’nam, Haush et Yagan de se soumettre à toutes sortes de mesures anthropométriques, comme le montrent certains témoignages, dont ceux de Paul Hyades. Ces personnes connaissaient depuis plusieurs décennies déjà le cruel traitement que leur réservaient les Blancs en ces terres de non-droit. Le réflexe était donc celui de la fuite. Alors les chercheurs et explorateurs se mirent à déterrer les cadavres, malgré l’opposition des familles, et à les envoyer vers différents musées, dont le musée d’Ethnographie du Trocadéro, devenu en 1937 musée de l’Homme, faisant fi de l’éthique et violant les pratiques funéraires des populations concernées.

Ce sinistre trafic se déroula principalement entre 1880 et 1920 en Patagonie. Ces personnes, une fois arrivées par bateau, furent morcelées, classées et stockées, comme objets d’une collection. Ils font partie aujourd’hui encore de la collection de restes humains modernes du musée de l’Homme qui regroupent officiellement plus de 1 000 squelettes et 18 000 crânes. Les restes humains de Terre de feu ont entre autres été collectés par la mission scientifique du cap Horn dans la baie Orange (1882-1883) et la mission de Henri Rousson et Polydore Willems en péninsule Mitre (1890-1891), mais aussi grâce aux dons réalisés par Martin Gusinde et Perito Moreno, ce dernier étant aussi l’un des principaux collecteurs et collectionneurs des restes humains composant la collection du musée de La Plata en Argentine. Et au musée de La Plata se trouvent aussi… des Français ! Agriculteurs, cordonniers, trappeurs, couturières, tisseuses… Ils y sont classés par sexe, métier et lieu d’origine.

https://www.liberation.fr/plus/patagonie-mais-ou-sont-donc-les-peuples-yagan-haush-et-selknam-20210614_5VTJJIATRNESFGFDRJV6LLMNIQ/