Le président du Chili, Sebastian Piñera, a annoncé samedi la création d’un parc national de 75’000 hectares dans la zone montagneuse de Santiago afin de protéger 368 glaciers touchés par le réchauffement climatique, et qui représentent un important réservoir d’eau.
“Nous parvenons à protéger 368 glaciers”, a déclaré le chef de l’Etat, lors de l’annonce de la création du parc. “Dans les glaciers, il y a 32 fois plus d’eau que dans le lac de barrage d’El Yeso”, qui alimente Santiago, a souligné Sebastian Piñera.
Le Parc national des glaciers, situé à soixante kilomètres de Santiago, dans la cordillère des Andes, protégera environ 46% de la superficie glacée de la région de la capitale et contiendra 56% de l’eau emmagasinée dans les glaciers de la région où vivent plus de sept des dix-huit millions de Chiliennes et Chiliens.
“Au Chili, la catégorie de parc national représente le plus haut degré de protection en surface terrestre, ce qui implique que sous ce label de protection, les glaciers ne seront pas altérés ni touchés”, a ajouté un communiqué officiel.
Lutter contre la destruction de la nature
Le parc “est une mesure fondamentale prise par notre pays pour lutter contre la destruction de notre nature, la fonte des glaciers et, d’une certaine manière, pour lutter également contre la sécheresse qui nous frappe depuis treize ans”, a déclaré Sebastian Piñera.
Le Chili est l’un des dix pays possédant la plus grande masse glaciaire au monde, avec notamment le Canada, les Etats-Unis, la Chine et la Russie.
Les glaciers de Patagonie reculent plus vite que partout ailleurs
La fonte des glaciers est un phénomène naturel que le changement climatique accélère de manière “significative”, explique Jorge O’Kuinghttons, chef de l’Unité régionale de glaciologie à la Direction générale des eaux du Chili.
“Les glaciers sont un indicateur par excellence du changement climatique”, selon Alexis Segovia, un autre chercheur de cette unité. Il rappelle que le phénomène constaté dans la région d’Aysen, à 1700 kilomètres au sud de Santiago, est visible dans la quasi-totalité des 26’000 glaciers du Chili: seuls deux ont augmenté de surface.
Des données confirmées par l’Agence spatiale européenne, selon laquelle les glaciers de la Patagonie, à la fois au Chili et en Argentine, reculent plus vite que n’importe où ailleurs dans le monde.
Alexis Segovia souligne aussi qu’il s’agit d’un cercle vicieux car les surfaces glacées “renvoient une grande quantité des radiations qui arrivent sur la Terre”. Si cette surface continue à se réduire, la planète “va se réchauffer plus vite”.
Une fissure barre le glacier San Rafael et un iceberg haut comme un immeuble de dix étages s’effondre dans le lac. Dans l’extrême sud du Chili, les glaciers sont un «indicateur par excellence» des effets du réchauffement climatique, rappellent les scientifiques.
Une centaine d’icebergs flottent à la surface du lac San Rafael, situé dans la région d’Aysen, à 1700 km au sud de Santiago. Il y a 150 ans, le glacier du même nom couvrait deux tiers du lac. Il a désormais reculé de 11 km à l’intérieur de la vallée et n’est plus visible sur le lac. Au total 39 glaciers composent le Campo de Hielo Norte (Champ de glace nord de Patagonie), qui forme avec le Campo de Hielo Sur (Champ de glace sud) la troisième plus grande masse de glace du monde après l’Antarctique et le Groenland, selon les scientifiques chiliens.
«Inondation par débordement de lac glaciaire»
La fonte des glaciers est un phénomène naturel que le changement climatique accélère de manière «significative», rappelle à l’AFP Jorge O’Kuinghttons, chef de l’Unité régionale de glaciologie à la Direction générale des eaux (DGA). «Les glaciers sont un indicateur par excellence du changement climatique», souligne Alexis Segovia, 42 ans, un autre chercheur de cette unité. Il rappelle que le phénomène constaté dans la région d’Aysen est visible dans la quasi-totalité des 26.000 glaciers du Chili : seuls deux ont augmenté de surface.
Des données confirmées par l’Agence spatiale européenne, selon laquelle les glaciers de la Patagonie, à la fois au Chili et en Argentine, reculent plus vite que n’importe où ailleurs dans le monde. Alexis Segovia souligne aussi qu’il s’agit d’un cercle vicieux car les surfaces glacées «renvoient une grande quantité des radiations qui arrivent sur la Terre». Si cette surface continue à se réduire, la planète «va se réchauffer plus vite».
Autre signe, l’inondation de zones qui auparavant n’étaient pas touchées par le phénomène. «La chute d’icebergs génère une immense inondation appelée »inondation par débordement de lac glaciaire »», explique Jorge O’Kuinghttons. «Des secteurs sont inondés qui ne l’étaient pas auparavant», l’eau grossissant les fleuves de la région et pouvant affecter les zones urbaines et infrastructures situées plus en aval.
Sur un autre lac de la région, le lac General Carrera, deuxième lac d’Amérique du Sud, que se partagent le Chili et l’Argentine, Santos Catalan, qui gagne sa vie en élevant vaches et moutons, navigue quotidiennement à bord d’une barque sur les eaux d’un fjord dominé par le glacier Cordon Contreras. Il gagne ainsi un complément d’argent grâce au transport des touristes. Le sexagénaire est le témoin des changements qui s’opèrent : «Il y a quinze ou vingt ans, il a commencé à neiger très peu et cela fond de plus en plus car la chaleur est très forte», dit-il, à la barre du bateau. À tout moment, «un effondrement de glace peut se produire et tout balayer», prévient le marin, qui vit ce changement en première ligne.
Publié le 29 décembre 2021 à 8h25· Mis à jour le 29 décembre 2021 à 22h25
Santiago du Chili (AFP) – Dans l’extrême sud du Chili, une expédition scientifique tente de mesurer l’impact mondial du changement climatique dans les eaux préservées de ce « bout du monde » et appelle à des « décisions concrètes » pour la sauvegarde des océans.
Retardée d’un an en raison de la pandémie, l’expédition à bord du navire océanographique de la marine chilienne « Cabo de Hornos » a sillonné neuf jours fin décembre les eaux du détroit de Magellan et du canal de Beagle, entre Chili et Patagonie argentine.
Cette région de l’Etat de Magallanes présente un intérêt particulier en raison de la faible acidité et de la moindre teneur en sel et en calcium des eaux qui la baignent, par comparaison aux autres mers et océans du globe, en particulier dans les zones les moins profondes.
L’étude de ces eaux est donc essentielle car, avec la fonte de nombreux glaciers de Patagonie qui déversent de grandes quantités d’eau douce dans les océans Atlantique et Pacifique, elle préfigure les conditions qui devraient apparaître dans d’autres systèmes marins au cours des prochaines décennies.
« Nous ne savons pas comment les organismes, et en particulier les micro-organismes » présents dans l’eau « vont réagir » à mesure qu’augmente la température moyenne sur la Terre, admet le responsable scientifique de la mission, José Luis Iriarte.
L’expédition a ainsi fait 14 étapes pour prélever des échantillons d’eau à différentes profondeurs et jusqu’à 200 mètres.
La suite après la publicité
Des prélèvements de sol profond, parfois à plus de 300 mètres, ont également été effectués, de même que des collectes d’algues et de mollusques.
« Nous sommes la voix de ce que la nature ne peut pas dire », estime Wilson Castillo, un étudiant en biochimie de 24 ans, l’un des 19 scientifiques à bord. « En tant que scientifiques, nous avons beaucoup à apporter, surtout dans un scénario de changement climatique », estime-t-il.
La mission scientifique a accordé une attention particulière aux « marées rouges », ces proliférations d’algues toxiques qui tuent les poissons et cétacés et génèrent des toxines vénéneuses pour les mollusques.
Elles ont été enregistrées pour la première fois à Magallanes il y a un demi-siècle et ont depuis été responsables de la mort de 23 personnes et de l’empoisonnement de plus de 200 autres.
– « Dépassés » –
L’approche de baleines était également au centre de la mission. Scrutant des heures durant l’horizon, le biologiste marin Rodrigo Hucke recherchait leur présence pour lancer un petit bateau à moteur à leur rencontre.
Son but : tenter de prélever des excréments des cétacés pour étudier d’éventuels changements dans leur régime alimentaire. Mais cette tâche difficile s’est avérée infructueuse.
Avant de retourner dans leurs laboratoires, les scientifiques insistent sur la nécessité d’actions politiques pour faire face à l’urgence climatique.
« Les plans régionaux d’atténuation et d’adaptation au changement climatique sont dépassés par rapport à ce qui se passe dans l’environnement », alerte José Luis Iriarte.
Pour Rodrigo Hucke, l’un des principaux problèmes est historiquement le manque d’ambition pour la sauvegarde des océans, qui couvrent 70% de la surface de la planète.
Il espère que la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP27 en Egypte, marquera un véritable changement de cap dans ce domaine.
« Il faut que tout cela change en 2022 et que des décisions concrètes soient prises pour avancer vers de profondes politiques de changement dans la façon dont nous, les humains, faisons les choses », a déclaré M. Hucke.
Scrutant les eaux limpides, il s’inquiète que cette région reculée du Chili ne devienne « l’un des derniers bastions de la biodiversité sur Terre ».
Enquête sur le saumon d’élevage, une industrie florissante responsable d’importants problèmes environnementaux et sociétaux, qui fait la fortune de la Norvège. A couper le souffle… et l’appétit.
Par Martine Valo Publié le 09 novembre 2021 à 19h00
ARTE – MARDI 9 NOVEMBRE À 20 H 50 – DOCUMENTAIRE
Cette ode au saumon atlantique ne plaira pas à tout le monde. Les végétariens pourraient être déçus. L’auteur, Albert Knechtel, livre certes un vibrant hommage à cet animal musculeux, capable d’entreprendre un long périple dans l’océan, puis de franchir de multiples obstacles pour remonter la rivière où il est né. Mais le documentariste n’envisage jamais d’épargner à ce vaillant athlète une fin pathétique, accroché à la ligne d’un pêcheur.
En Norvège, il resterait 530 000 saumons sauvages, tandis que près de 400 millions sont élevés dans des cages flottant dans les fjords. Faut-il, dès lors, miser sur la pisciculture pour préserver l’animal, emblématique du pays ? Sous cet angle, ce sont les consommateurs qui risquent de digérer de travers le pavé rosé posé dans leur assiette.
Car les conditions dans lesquelles grandissent ces animaux entassés dans des fermes marines sont loin de servir l’image de nature resplendissante que la Norvège voudrait promouvoir. Il s’agit d’un des pires élevages industriels, explique en substance Ulrich Pulg, de l’institut de recherches Norce, à Bergen : « Près de 20 % des saumons meurent dans leurs enclos, ce serait inacceptable dans des élevages de porcs ou de bovins. » En 2018, environ 50 millions de saumons ont succombé à la surpopulation et aux maladies.
Produire toujours plus
Entre images des fjords magnifiques et chiffres implacables, le documentaire dresse un tableau sans concession du deuxième secteur économique de la Norvège, après celui du pétrole. Il donne la mesure de ce très « bon filon », comme le dit le titre. A l’aéroport d’Oslo, pas un vol international de passagers ne décolle sans un chargement de saumons dans les soutes, se félicite le directeur du fret. Lui ne souhaite qu’une chose : le développement et l’industrialisation toujours plus poussée de la salmoniculture dans son pays.
En janvier 2020, les exportations ont atteint 88 millions de tonnes, 3 % supérieures à 2019, pour une valeur de 677 millions d’euros, soit un bond de 21 %. Et le gouvernement encourage le mouvement, en accordant massivement de nouvelles concessions sur les côtes (plus de 1 400 en 2019).
Pour produire toujours plus, les firmes norvégiennes essaiment jusque dans le Pacifique. Le film donne un aperçu refroidissant des conditions de travail sur les côtes chiliennes, où cinquante décès ont été recensés parmi les employés en sept ans. L’industrie laisse sur place une grave pollution marine, tout en exportant la quasi-totalité de sa production, trop chère pour les marchés locaux. « Ici, les entreprises norvégiennes font tout ce qu’on leur interdit dans leur pays. Elles se comportent comme des colons », accuse Juan Carlos Cardenas, un vétérinaire qui se bat depuis vingt ans contre les conséquences sociales qu’elles imposent.
Dans sa dernière partie, l’auteur se perd un peu en digressions inutiles. Son propos se passerait aisément de la recette de l’escalope du saumon à l’oseille du prestigieux restaurant Troisgros, à Roanne (Loire) – qui l’a d’ailleurs rayée de sa carte –, ou de l’évocation plutôt mal expliquée d’une tentative de repeuplement d’un affluent du Rhin, en Allemagne. Les dernières images valent pourtant le coup : elles sont tournées dans les paysages vierges de Patagonie, sur lesquels lorgne la salmoniculture.