Publié le 19/12/2023 à 12:36, mis à jour le 19/12/2023 à 12:40
Dans son dernier film, le réalisateur livre un splendide récit intérieur pour tenter de décrypter sa fascination pour ce continent magnétique. Magique.
Il est des films qui ont la saveur d’un livre. Où les mots sont si forts qu’ils pourraient se passer des images. Sauf qu’ici, ils en accentuent la beauté. Voyage au pôle Sud, de Luc Jacquet, est un long-métrage très personnel que le réalisateur raconte avec ses mots et sa voix et dans lequel il se met en scène. Trente ans exactement après avoir posé le pied pour la première fois en Antarctique, celui qui a connu un immense succès et remporté l’Oscar du meilleur documentaire en 2006 avec La Marche de l’empereur y revient pour tenter d’expliquer son addiction pour le continent magnétique.
Dans ce récit intérieur, il ne pose pas tout de suite sa caméra au pôle Sud, mais nous fait partager le long chemin qui y mène. Depuis la Terre de Feu et le cap Horn, il montre ainsi qu’atteindre cette terre hostile demande une forte dose de volonté et beaucoup d’abnégation. Promenant sa silhouette dans le parc Torres del Paine, au Chili, il en profite pour alerter sur les ravages du réchauffement climatique. Frappés par les incendies, les troncs calcinés, tels des fantômes statufiés, témoignent de cette dure réalité. Pourtant une fascinante poésie enrobe l’ensemble.
Ces habitants n’ont d’autre vérité à clamer que leur insolente capacité à apprivoiser ces territoires où l’homme reste un intermittent
Comment ne pas se sentir dépassé par les trois mètres d’envergure du condor ou la puissance des albatros? Que dire devant ces mers étales et laiteuses dont la blancheur est rehaussée par les dénivelés de gris en arrière-plan? Qu’y a-t-il de plus indescriptible que des étendues blanches où le regard s’égare et où les repères n’ont rien de commun avec ceux de notre Terre? Comment ne pas être charmé par la démarche maladroite des manchots papous, Adélie ou empereurs? Ces habitants n’ont d’autre vérité à clamer que leur insolente capacité à apprivoiser ces territoires où l’homme reste un intermittent. D’où la nécessité d’accepter ce que la nature veut bien lui donner.
Le silence de la nature
À partir du cap Horn, il faut cinq à six jours de mer pour rejoindre l’Antarctique. La traversée n’a rien de commun avec une croisière ensoleillée. Au rythme des creux provoqués par une mer agitée, la silhouette imprécise de Luc Jacquet monte le long de l’écran et redescend. Pourtant le brise-glace se heurte parfois à plus fort que lui. Le cinéaste profite de ces haltes forcées pour explorer la banquise, en sachant qu’elle peut l’engloutir. Il se transforme alors en un minuscule point noir dans des immensités blanches. Une manière d’être présent sans déborder de présence. Dans des infinis où l’esprit peut vagabonder, s’interroger, contempler. «Devant un grand espace vide, la créativité est démultipliée», confie Luc Jacquet.
Face à tant de beauté, l’utilisation des flous artistiques aurait pu être minimisée. Qu’importe. L’essentiel est dans la rêverie où le cinéaste nous embarque. Un aller simple dans ses émotions composé dans un noir et blanc artistique et parfois abstrait. Ce choix fait respirer la nature et entendre son silence. Luc Jacquet suit ses envies plus qu’un scénario bien établi. Pas d’érudition ni de grands discours dans cette heure vingt en terra incognita, mais le propos d’un homme qui réussit à faire partager sa passion et ses réflexions sur la situation de la planète.
«Voyage au pôle Sud». Documentaire de Luc Jacquet. Durée: 1 h 22.
Documentaire d’une expédition avec des membres des peuples autochtones Kawésqar et Yagán dans la réserve nationale Kawésqar, dans le sud du Chili. Ensemble, ils explorent certaines des régions marines les plus uniques et les moins étudiées de la planète, notamment de vastes forêts de varech, des glaciers et des fjords, dans le but de les protéger contre les menaces posées par l’élevage continu du saumon dans la réserve.
« L’assemblée a approuvé dans une troisième procédure un projet issus de députées et députés qui permet d’incorporer ce peuple dans la liste des ethnies reconnues par l’Etat.
Le Chili intègre le peuple selk'nam à la liste des peuples indigènes reconnus par l'Etat (source: site internet de la chambre des députés chiliens, le 4 septembre 2023) 2
Pour pouvoir passer à l’Exécutif pour sa promulgation en tant que loi, il restait un projet (bulletin 12862) qui incorpore le peuple Selk’nam aux ethnies indigènes reconnues par l’Etat.
Ceci a été rendu possible grâce à l’approbation par l’assemblée de la Chambre des modifications de la proposition demandées par le Sénat. Les amendements en question étaient surtout de caractère formel plutôt que de contenu.
Lors de la première procédure, la Chambre avait opté pour un texte qui spécifiait l’inclusion de ce peuple dans la norme de la loi 19.253, au sujet de la Protection, de la Promotion et du Développement des Indigènes. Le Sénat a préféré se référer à cette norme et reformuler sa rédaction en incluant dedans les Selk’nam.
Sur ce plan, la disposition est devenue ainsi :
« L’Etat reconnaît comme principaux peuples ou ethnies indigènes du Chili les Mapuches, Aimara, Rapa Nui ou Pascuense; Atacameño, Quechua, Colla, Diaguita, Chango du nord du pays, Kawashkar ou Alacalufe, Yámana ou Yagán des canaux australs, et les Selk’nam. L’Etat valorise leur existence comme part essentielle des racines de la Nation chilienne, tout comme son intégrité et son développement, en accord avec leurs coutumes et valeurs. »
L’initiative est née d’une motion présentée en août 2019. L’ont apportée Claudia Mix (Comunes), Emilia Nuyado (PS), Camila Rojas (Comunes), Andrés Longton (RN), Jorge Rathgeb (RN) et Cristóbal Urruticoechea (PREP). S’y ajoutèrent également les ex-députés Jaime Bellolio, Gabriel Boric, Amaro Labra et Gabriel Silber.
Justice pour les Selk’nam
Durant le débat, la motion originale a été présentée par trois de ses auteurs : Claudia Mix, Cristóbal Urruticoechea et Emilia Nuyado. De plus, sont intervenus les indépendants Hernan Palma et Carlos Bianchi.
De manière unanime, les députés ont donné leur soutien à la proposition. Ils firent remarquer l’importance de faire un geste de justice et de restitution des droits aux survivants d’une ethnie qui s’est retrouvée au bord de l’extermination.
Dans ce cadre, plusieurs ont dirigé leurs propos et leurs regards vers les tribunes pour valoriser le travail des dirigeants des communautés Selk’nam qui ont lutté durant des années pour concrétiser cette reconnaissance légale.
Il a aussi été mis en lumière la particularité de ce peuple, avec un mode de vie unique à l’extrême sud de notre pays. Dans le même temps, a été déplorée la complicité de l’Etat chilien, entre la deuxième moitié du XIXe siècle et les débuts du XXe siècle, lors de la chasse acharnée des indigènes de ce groupe ethnique. Parmi les raisons de ce génocide il y a celle de l’appropriation de terres pour l’élevage ovin.
De plus, est intervenue la ministre du Développement Social, Javiera Toro, qui a souligné qu’aujourd’hui se répare une dette historique avec ce peuple. Elle a aussi valorisé le fait que soit inclue dans la norme le concept de peuple et non seulement d’ethnie.
Les Sables-d’Olonne devient le haut lieu des Cap-Horniers
La Ville des Sables d’Olonne, capitale mondiale de la course au large en solitaire, accueille désormais le siège de l’Association internationale des Cape Horners (International Ass. of Cape Horners – IACH).
À quelques jours du départ de la mythique Golden Globe Race, la Ville a inauguré le mercredi 31 août le «Cap Horn Hall of Fame» qui distinguera les marins les plus prestigieux ayant franchi le mythique Cap Horn. De quoi renforcer encore un peu plus les liens qui unissent les Sables d’Olonne aux aventuriers du grand large.
Une bourrasque au Cap Horn (ci-dessous)
Une bourrasque au Cap Horn
Le passage du Cap Horn est souvent une délivrance
Des pics rocheux qui se jettent à la mer, une terre inhospitalière… et pourtant, un sentiment de délivrance. Franchir le Cap Horn, terre la plus australe de l’Amérique du sud et point de passage entre l’océan Pacifique et l’Atlantique, est une aventure en soi, un accomplissement pour tant de marins, alors que les conditions peuvent y être particulièrement éprouvantes.
« En plus d’être redouté par les marins les plus téméraires en raison des conditions extrêmement difficiles qui le caractérisent (les vagues des deux océans s’entrechoquent dans cet entonnoir et le froid y est glacial), le passage du « Cap des tempêtes », coincé, à l’extrémité de la Terre de Feu, entre la Cordillère des Andes et le Pôle Sud, est aussi symbolique. Encore peu de marins peuvent en effet se targuer d’avoir franchi ce lieu légendaire qui a acquis la réputation d’être le « cimetière marin ». Signe de la performance, les navigateurs qui franchissent cette pointe se voient glorifier du titre de « cap-horniste ». « Un titre de noblesse », précisait sur les ondes de la RTBF Philippe De Radiguès, qui fait parti de ces rares marins détenteurs du titre. Selon les conditions météo, le passage du Cap peut offrir aux plus chanceux un spectacle grandiose ; sa terre rouge vive éclairée par le soleil, bordée de glaciers, est semblable à un « paysage lunaire » (Sources: DHN Dernière Heure / Belgique)
Une association fondée en 1937
Pour rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui ont fait preuve de tant de bravoure et de courage, l’Association internationale des Cape Horners, fondée en 1937, vient de dévoiler le Tableau d’honneur qui trône désormais aux Sables d’Olonne, dans la Ville du Vendée Globe.
Tableau d’Honneur des Cap Horniers – Les Sables d’Olonne
28 Cap-Horniers intègrent le Tableau d’honneur
Une cérémonie historique et émouvante s’est déroulée en présence de trois Cap-Horniers qui ont marqué l’Histoire : – Sir Robin Knox-Johnston, premier homme à avoir accompli un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et en course ; – Jean-Luc Van Den Heede, a doublé 12 fois le Cap Horn et effectué 6 tours du monde en solitaire. Finisher de deux Vendée Globe et grand vainqueur de la GGR 2018 ; – et Chay Blyth concurrent du Golden Globe Challenge en 1968.
Sir Robin Knox-Johnston et Jean-Luc Van den Heede – Les Sables-d’Olonne 31 août 2022
Chaque marin intronisé a été sélectionné dans une liste de candidature établie par un comité indépendant et l’ensemble des membres de l’IACH s’est prononcé par la suite afin d’établir ce premier classement honorifique.
Tous les ans, la Ville des Sables-d’Olonne et l’IACH organiseront une cérémonie pour intégrer de nouveaux noms et faire vivre la communauté des grands marins indéfectiblement liés au Cap Horn. Pour ce lancement, les noms de 28 Cap Horniers ont été gravés dans le bois du Tableau d’Honneur qui trônera désormais dans un espace dédié à » l’International Association of Cape Horners » au coeur de Port Olona.
Ci-dessous: Chay Blyth, Jean-Luc Van den Heede, Yannick Moreau, Sir Robin Knox-Johnston, Don McIntyre, et Ashley Manton
Personnalités lors de la cérémonie des Cap-Horniers – Les Sables-d’Olonne Vendée 31 août 2022
Ils ont dit: Ashley Manton, Président de l’International Association of Cape Horners (IACH): « Je me réjouis que ce nouvel événement annuel soit généreusement organisé par Les Sables d’Olonne ». Le Cape Horn Hall of Fame a vocation à encourager les générations futures à suivre les exploits de leurs aînés et à établir de nouveaux records dans les courses autour du monde les plus prestigieuses, à l’instar du Vendée Globe et de la Golden Globe Race ».
Yannick Moreau, maire des Sables-d’Olonne: « Il est naturel pour notre cité maritime, qui a vu tant de marins traverser les océans et franchir le Cap Horn, d’accueillir l’International Association of Cape Horners. Quel meilleur endroit, quel meilleur moment, quels meilleurs ambassadeurs pour inaugurer ce Hall of Fame des Cap-Horniers. A quelques heures du départ de la Golden Globe Race, en présence de la légende Sir Robin Knox-Johnston, une page de l’Histoire maritime s’écrit aux Sables d’Olonne».
Les Trophées en forme de Cap Horn avec le nom des récipiendaires
Les 28 récipiendaires annoncés en août 2022 Willem Schouten (1567-1625), Pays-Bas Jacob Le Maire (1585-1616), Belgique Vice Admiral Robert Fitzroy (1805-1865), Angleterre Capt. Vern Verner Björkfelt (1900-1982), Finlande Capt. Thomas Carter (T.C) Feraron (1813 – 1869) Capt. Adolph Hauth, Allemagne (1899 – 1975) Capt. Louis Allaire (1880-1949), France Alan Villiers (1903-1982), Australie Vito Dumas (1900-1965), Argentine Marcel Bardeaux (1950-1958), France Sir Francis Chichester (1901-1972), Angleterre Sir Alec Rose (1908-1991), Angleterre Sir Robin Knox-Johnston (1939-), Angleterre Bernard Moitessier (1925-1994), France Sir Chay Blyth (1940-), Écossais Ramon Carlin (1923-2016), Mexique Éric Tabarly (1931-1998), France Cornelis van Rietschoten (1926-2013), Pays-Bas Dame Naomi James (1949-), Nouvelle-Zélande Kay Cottee (1954-), Australie Jon Sanders (1939-), Australie Philippe Jeantot (1952-), France Titouan Lamazou (1955-), France Sir Peter Blake (1948-2001), Nouvelle-Zélande Dilip Donde (1967-), Inde Stan Honey (1955-), Amérique Dee Caffari (1973-), Angleterre Jean-Luc Van Den Heede (1945-), France
Il s’agit d’un Tableau d’Honneur Vous pouvez aussi visualiser tous ceux qui sont enregistrés depuis 1969: https://www.capehorners.club/main/roundingsregister.php
BIO n°1: Captain Adolf Hauth Le Priwall (1917 – 1945)
Priwall
Capitaine Adolf Hauth (1899 – 1975) Le contournement le plus rapide d’Est en Ouest du Cap Horn par un voilier commercial a été enregistré en 1938 par le Flying P-Liner allemand « Priwall » (1917 – 1945) qui comportait 33 voiles et naviguait avec un équipage de 27 hommes. De 1917 à 1941 il est allemand et basé à Hambourg, et de 1941 à 45 il devient chilien, comme prise de guerre, le Chili ayant soutenu les Alliés. En 1941 son nom change pour « Lautaro » et sa base est Valparaiso.
Le Priwall fut transformé en navire-école en 1926, notamment sous le commandement (entre 1937 et 39) du capitaine Adolf Hauth. Celui-ci a effectué le passage du Cap Horn à 14 reprises dont 4 fois en tant que capitaine du « Priwall ».
Lors de l’un de ces passages sur le « Priwall » en 1938, le tour d’Est en Ouest du Cap Horn (50ème parallèle de l’Atlantique vers le 50ème du Pacifique) a été effectué par Adolph Hauth dans le temps record de 5 jours et 14 heures. Sa coque de plaques d’acier rivetées lui permettait de naviguer dans l’Atlantique sud dont le Cap Horn.
Le bateau faisait du commerce de salpêtre (nitrate de potassium) vers le Chili, et de blé vers l’Australie. Le 28 février 1945, le salpêtre emballé dans des sacs prend feu (le salpêtre servait notamment pour la poudre de canon); de nombreux marins meurent à cause des fumées inhalées ou de brûlures. Un vapeur remorque le navire mais celui-ci coule en route, le 8 mars 1945, faisant encore des morts dont le capitaine du navire, Enrique Garcia Gonzalez. Le naufrage est considéré comme une catastrophe nationale au Chili.