[Cap au Sud #13] de Buenos Aires (Argentine) à Puerto Williams (Chili) – Dernière partie

[Cap au Sud #13] de Buenos Aires (Argentine) à Puerto Williams (Chili) – Dernière partie

Journal de bord de notre navigation en voilier en Terre de Feu argentine, de Rio Grande à Ushuaia, en passant par le détroit de Le Maire, séparant la Péninsule Mitre et l’Île des Etats.

Nouvelle matinée avec un soleil magnifique ! Nous quittons la Caleta Misión et saluons toutes voiles dehors la plus grande ville de la province de Terre de Feu argentine : Rio Grande.

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Une auditrice de la radio locale « Aire Libre » nous prend en photo et relaie sur les réseaux sociaux ce surprenant cliché d’un voilier en Terre de Feu !

Navigation au près à 5 nœuds, avec une bonne brise de 10/12 nœuds qui nous permet de profiter du paysage des côtes désertes de la Grande Île de Tierra del Fuego. Dans l’après-midi, nous retrouvons des amis fidèles depuis le départ de Buenos Aires : une bonne quinzaine de dauphins de Commerso ! Ils nous escortent à nouveau pendant plus d’une heure, pendant que quelques pétrels et albatros profitent des bourrasques pour planer autour de nous. Tout ce « raffut » réveille une otarie qui dormait sur le dos enroulée dans du kelp et ouvre de grands yeux étonnés à notre approche ! Encore une nouvelle journée de navigation exceptionnellement clémente alors que nous sommes par 54 degrés Sud, et suivie d’une nuit calme.

Les conditions sont toujours parfaites pour la région : sous un ciel couvert et un vent de travers de 12/15 nœuds, Milagro file, avec un peu d’aide du courant, à plus de 8 nœuds de moyenne. C’est très régulier et très confortable. Pour une fois on pourrait presque laisser trainer des affaires à bord et les retrouver au même endroit une heure après ! Vers 4h du matin, quelques gouttes de pluie tombent : les premières depuis Bahia San Blas.  

6h15, mon quart est terminé mais, avant d’aller retrouver ma couchette, je traine encore pour profiter du calme du lieu. Lauriane prépare le café pendant que mon regard s’attarde en direction de la poupe du navire. Soudain, un aileron noir sort tout droit de l’eau, et monte, monte… c’est énorme, 1,20m de haut peut-être, annonçant l’arrivée en surface d’un gros mâle orque épaulard qui fait entendre son souffle puissant dans le calme de l’aube. Il est accompagné de sa femelle, plus petite et qui se distingue par un aileron beaucoup plus petit en forme de faux, semblable à celui d’un dauphin. Sitôt aperçus, sitôt disparus dans les profondeurs mystérieuses de l’océan… puissance et joie des rencontres éphémères…

Nous atteignons au même moment la pointe San Diego, l’extrémité Est de la Terre de Feu argentine. Depuis peu cette partie de la Grande Île, appelée Péninsule Mitre, est une réserve naturelle protégée. Elle comprend de grandes étendues de tourbières, de nombreuses rivières et des montagnes jamais visitées. C’est un peu la région « oubliée » de la Terre de Feu et où se trouvent un véritable puit à carbone et un sanctuaire pour la faune et la flore fuégiennes. C’est dans ces environs que nous croisons de grands groupes d’albatros, dont un bon nombre de jeunes encore mal habiles avec leurs grandes ailes au moment du décollage.

Extrait de notre navigation à la voile et au portant dans le détroit de Le Maire

A 9h, c’est l’empannage pour entrer dans le détroit de Le Maire, passage maritime mythique. Les conditions changent et de nombreux animaux (dauphins australs, otaries, pétrels et albatros à sourcils noirs) se succèdent pour nous accompagner. Le fort courant de marée est visible à la surface, rappelant par moment à Damien et Lauriane le Corryvreckan passé il y a quelques mois en Ecosse. Au moment de traverser par ce détroit, il ne faut pas se louper car en fonction du cumul vent et courant de marée, ça peut être un vrai jackpot : des vagues statiques peuvent y dépasser les 8 mètres, soit autant de murs infranchissables une fois pris dans la tourmente. Un bref coup d’oeil à une carte des épaves suffit à faire le parallèle entre ces parages et ceux du célèbre cap Horn situé à quelques dizaines de milles nautiques plus au sud.

Sur notre bâbord nous apercevons au loin le relief tourmenté de l’île des Etats où se trouvent réunis le « phare du bout du monde » pour les amateurs de Jules Verne, « l’île de l’abondance » (« Chuanisin ») pour les yagan qui venaient y pêcher avec leurs canoës d’écorce, et « la Cordillère de l’Infini » que les chamans selknam n’hésitaient pas à invoquer durant leurs rituels. Apercevoir les montagnes de l’Île des États depuis le cap San Diego par mauvais temps doit avoir quelque chose d’ineffable.

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Les lumières changeantes et les bancs de brume de la Péninsule Mitre, depuis le détroit de Le Maire

Les reliefs de la côte de la péninsule Mitre sont enveloppés de nuages bas et d’écharpes de brume, donnant à l’ensemble une ambiance digne des meilleures séquences photo de Jurassik Park ! Nous enchainons les manoeuvres d’empannage, entrecoupées par un « dej » dont Aude a le secret. Tout le monde est sur le pont pour ne pas perdre une seule miette de cette traversée du détroit et contournement de la pointe de l’île de Terre de Feu. Une dizaine d’otaries à fourrure nagent et plongent sur notre arrière quand un extraordinaire « barrage flottant » se dresse devant nous : des centaines d’albatros sont posés sur l’eau pour une raison que nous ignorons, juste devant notre étrave ! C’est à peine s’ils se déplacent pour nous laisser passer et nous nous gardons bien de trop les déranger.

En début d’après-midi nous ne sommes plusqu’à 100 nautiques d’Ushuaia !! Peu avant d’aller mouiller pour la nuit dans la baie Aguirre, nous distinguons les souffles de nos 4 premiers rorquals australs ! Nous nous mettons à la cape pour mieux apprécier leur proximité et le son de leur souffle puissant et tenter d’écouter ce qu’ils se racontent sous l’eau à l’aide de l’hydrophone. En fin d’après-midi nous atteignons Puerto Español et jetons l’ancre pour profiter d’une vraie nuit avant de reprendre notre route vers l’ouest.

Réveil 6h, départ à 7h sous un ciel bas et gris et une petite pluie fine et froide : finie la période de « sécheresse » entre Buenos Aires et Rio Grande, place au climat subpolaire humide des canaux de Patagonie ! Au fil de la matinée, le ciel s’assèche, des éclaircies parviennent à s’imposer tandis que des grains tombent ici ou là dans le lointain. Comme en Islande, ce sont les 4 saisons chaque jour ici ! D’ailleurs, de subpolaire en matinée, l’atmosphère devient printanière dans l’après-midi.

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Conditions printanières dans le canal Beagle à bord du voilier Milagro

Nous approchons des premières îles marquant l’entrée du Canal Beagle : Nueva, Picton et Lennox, et c’est la profusion de couleurs : blancheur des premiers névés, nuances de verts de la forêt dense et tordue par les vents, et le panel des gris et ocres des roches nues. Une importante faune continue de nous accompagner : manchots de Magellan, otaries à fourrure, albatros, cormorans et nos premières sternes arctiques. Et le souffle puissant de plusieurs rorquals qui se prélassent au pied des falaises du canal.

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Ecoute des rorquals avec matériel (hydrophone, ampli et casque) que nous avons à bord

A la mi-journée le canal Beagle se transforme en lac et il n’y a pas un souffle d’air ! Nous sommes contraints d’avancer au moteur, en attendant que le vent revienne. En fin d’après-midi, nouvelle séquence émotion. Nous arrivons en face de Puerto Williams, la ville (3500 habitants) la plus au Sud du globe. Elle se situe sur l’île chilienne Navarino, dominée par les sommets découpés des Dientes de Navarino. Au soleil couchant, José, un ami proche et de longue date de Lauriane nous fait signe depuis la rive. Nous le distinguons au loin, accompagné de son ami Miguel et de sa petite chienne Fea-Fea, et lui faisons de grands signes. José n’est pas n’importe qui : il est l’ex-président de la communauté Yagan de l’île Navarino, pêcheur et artisan, mais aussi et surtout une encyclopédie vivante de sa culture et de la cartographie régionale.

José vient saluer notre arrivée depuis la plage (Puerto Williams, île Navarino, canaux de Patagonie, Chili)
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Milagro photographié depuis Puerto Williams par José Germán González Calderón lors de notre arrivée dans le canal Beagle

Arriver ici après un si long voyage est quelque chose d’énorme pour nous, : nos familles et amis nous suivaient grâce au tracker. Mais découvrir à quel point nous étions attendus ici par des locaux donne une dimension toute autre et puissante que nous commençons à vraiment réaliser depuis Rio Grande.

Ne souhaitant pas arriver à notre destination de nuit et pour profiter des derniers instants de calme avant de retrouver la ville, nous mouillons à 10 milles nautiques d’Ushuaia, à 1h du matin.

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Itinéraire de notre voilier en Terre de Feu argentine

Vendredi 24 Janvier 2025, 24ème et dernière matinée de cette navigation hauturière le long des côtes argentines : nous arrivons au bout du bout de la Patagonie argentine, à Ushuaia ! Je me fais réveiller par l’équipage car, après des jours de comique de répétition à sortir la tête par la descente pour demander si nous étions enfin arrivés à Ushuaia, cette fois c’est vrai, nous y sommes ! La ville et les reliefs alentours me semblent identiques à mes souvenirs de 2013. C’est la fin d’une navigation de >2000 nautiques, 24 jours dont quelques escales pour éviter du mauvais temps ou permettre à des équipiers de retourner au travail dans les temps impartis, du chaud sec, puis du froid humide, et finalement une traversée des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants dans des conditions très favorables !

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Entrée dans la baie d’Ushuaia en voilier… un rêve qui se réalise pour notre équipage

Nous voilà amarrés au ponton du club Afasyn, face à la ville. C’est un peu mythique tout ça puisque c’est d’ici que partent les voiliers vers les canaux et la péninsule antarctique. Si on m’avait dit qu’un jour je serais sur un voilier à quai de ce ponton… je n’y aurais pas cru !

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Milagro est amarré au club Afasyn, juste derrière le voilier d’expédition Spirit of Sydney (Ushuaia, Tierra del Fuego, Argentine)

Nous rangeons rapidement Milagro afin d’aller nous dégourdir les jambes en ville et faire les démarches administratives qui s’imposent (préfecture navale et douanes). En soirée nous partons fêter notre arrivée avec quelques plats de « terriens » dignement arrosés.

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Naviguer jusqu’à Ushuaia en voilier, défi relevé !

Partis de Saint Nazaire, Milagro et son équipage sont arrivés et cette arrivée sonne aussi comme un nouveau départ : cap vers les canaux de la Réserve de Biosphère du Cap Horn, où il y a tant à étudier et à explorer.

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Pour découvrir les autres chapitres de notre journal de bord depuis Saint Nazaire, rdv sur notre blog !

Et pour rejoindre notre association et naviguer avec nous, c’est par ici : https://karukinka.eu/fr/contact/devenir-membre/

Le détail des stages de croisière est disponible dans la section club du site ou sur le site dédié : https://karukinka-exploration.com/

Lettre de la Communauté Kawésqar à l’exécutif des élevages de saumon Carlos Odebret : « Vous avez lancé une croisade de haine contre nous » (23/06/2025, Mapuche Diario)

Lettre de la Communauté Kawésqar à l’exécutif des élevages de saumon Carlos Odebret : « Vous avez lancé une croisade de haine contre nous » (23/06/2025, Mapuche Diario)

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Lettre de la Communauté Kawésqar à l’exécutif des élevages de saumon Carlos Odebret : « Vous avez lancé une croisade de haine contre nous" (23/06/2025, Mapuche Diario) 13

Dans le cadre des projets de développement d’élevages de saumon dans la région de Magallanes (Patagonie, Chili) la communauté kawesqar lutte.

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/23/carta-a-ejecutivo-salmonero-carlos-odebret-de-comunidad-kawesqar-usted-ha-iniciado-una-cruzada-de-odio-contra-nosotros/ (traduit de l’espagnol par l’association Karukinka)

Lettre ouverte à Carlos Odebret

Monsieur Carlos Odebret
Président de Salmones Magallanes

Depuis notre communauté indigène kawésqar, Groupes Familiaux Nomades de la Mer, nous vous adressons nos salutations. Nous ne répondrons pas aux arguments que vous avez publiés dimanche dans le Magallanes, car, tout comme les données de production de l’industrie que vous dirigez, ils sont faux, ce sont des mensonges.

Nous savons que ce qui vous dérange, c’est que nous ne nous soyons pas inclinés à vos pieds comme tant d’autres que vous manipulez à votre guise. Sachez que nous avons un engagement envers nos anciens et donc envers notre territoire, chose que vous ne comprenez sûrement pas, et nous pouvons le comprendre, car vous n’avez pas le cœur d’un indigène comme nous.

Vous avez lancé une croisade de haine contre nous, car vous ne pouvez pas comprendre que de simples habitants, étudiants, pêcheurs, artisans indigènes puissent s’opposer à la dévastation menée par l’industrie. Vous nous privez de nos droits, comme si nous ne pouvions pas chercher les outils nécessaires pour dénoncer la destruction de notre mer.

Nous souhaitons vous préciser quelque chose de très simple : ici, personne ne dirige les communautés, et nous comprenons aussi que vous ne puissiez pas le comprendre, vous êtes habitués à avoir des chefs. Dans notre communauté, cela n’existe pas, nous n’avons pas non plus l’habitude de diriger d’autres communautés, car, comme vous le savez, chacune jouit d’une totale autonomie.

Monsieur Odebret, parlons de colonialisme. Vous osez nous désigner comme si vous étiez le patron de Magallanes, n’est-ce pas là du colonialisme ? Qui êtes-vous pour restreindre notre autodétermination ? Vous parlez de Juan Carlos Tonko comme s’il était un exemple de « bon indigène », mais vous ne dites pas qu’il jouit de toute votre sympathie et qu’il a rejoint l’industrie destructrice, comme beaucoup d’autres, ce qui est sa totale liberté, mais cela détruit toute objectivité.

Monsieur Odebret, enfin, nous voulons vous faire une invitation. La première est de ne pas mentir : mentir nuit au monde, aux personnes et aux systèmes. Un exemple clair est ce qui se passe au niveau mondial. Nous n’avons rien d’autre que la mémoire de nos anciens kawésqar, mémoire que vous voulez effacer.

La seconde, c’est qu’avant de nommer notre communauté, nos alliés et notre représentante, vous devriez laver votre bouche avec du savon, car vous ne mesurez pas le mal que vous causez.

Nous vous saluons en espérant que cette lettre parvienne à votre bureau.

Communauté Kawésqar Groupes Familiaux Nomades de la Mer
Puerto Natales, 23 juin 2025


Lettre de Carlos Odebret

Monsieur le Directeur,

A Magallanes, où plus de 99 % du littoral est sous une forme de protection, les tensions entre protection environnementale et développement productif sont structurelles. Il n’est pas surprenant que ce territoire soit devenu un terrain idéal pour les ONG internationales qui, de loin, y trouvent une vitrine parfaite pour porter des causes globales. Mais lorsque cette influence se manifeste par des litiges systématiques et sans ancrage territorial, une question inévitable surgit : quand un recours légitime devient-il une stratégie de blocage ?

Un exemple de plus en plus évident est celui du groupe Communautés Kawésqar Nomades de la Mer, dirigé par Leticia Caro, qui a mené une stratégie judiciaire soutenue avec des ONG comme FIMA, AIDA et Greenpeace. Ils ont présenté des recours devant la Cour d’Appel — y compris un récent pour le rejet d’une demande de terres fiscales — et onze plaintes devant le Tribunal de l’Environnement contre des projets d’investissement : centres d’élevage, usines, travaux publics, sans distinction d’échelle ni d’origine.

Le cas le plus illustratif est la demande d’ECMPO (Espace Marin Côtier des Peuples Autochtones) « Kawésqar – Última Esperanza », déposée en 2018, qui déclarait ouvertement vouloir « stopper l’avancée de la salmoniculture dans la région ». La demande couvre 275 421 hectares (une surface équivalente au Luxembourg) et, après quatre ans de procédure judiciaire, a été rejetée par la Cour Suprême en février 2023. Cependant, la procédure reste ouverte (il manque le Rapport d’Usage Coutumier de la CONADI et le vote au CRUBC), ce qui pourrait prolonger le blocage de plus de 40 concessions aquacoles pour une décennie supplémentaire. Les ONG connaissent les failles du système : elles obtiennent, sans refus formel, le même effet qu’une résolution défavorable.

En 2023, la communauté Kawésqar a demandé une nouvelle ECMPO de 12 000 hectares face au parc national Cabo Froward (initiative de la Fondation Rewilding et du gouvernement). Cela montre comment des instruments comme les ECMPO deviennent des outils d’occupation stratégique du territoire, coordonnés avec des ONG qui manipulent le système institutionnel.

Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit de recourir à la justice, mais la judiciarisation sans dialogue, sans liens réels avec les communautés et sans assumer les conséquences sociales du blocage des projets. C’est une intervention verticale qui instrumentalise les conflits depuis des bureaux lointains. Quand Greenpeace célèbre une décision d’un simple « like » sur les réseaux, la justice environnementale se réduit à du militantisme superficiel : un « activisme du clic » qui affecte des vies réelles.

Du monde indigène, des critiques comme celles du dirigeant Juan Carlos Tonko dénoncent un « colonialisme vert », où le discours environnemental supplante les communautés dans la prise de décision. Le ministre Luis Cordero (2020) a averti : « Le procès remplace le dialogue politique, et l’action environnementale devient une tranchée idéologique ».

Les Communautés Kawésqar Nomades de la Mer représentent 3 des 18 communautés Kawésqar, mais leur cause se présente comme la voix collective. Cette simplification déforme le débat et occulte la diversité indigène. Judiciariser sans dialogue ne protège pas les droits : cela bloque les opportunités.

Ce n’est pas écologie contre économie, ni indigènes contre entreprises. Il s’agit de gouvernance environnementale avec des règles claires, une participation authentique et un développement humain. La justice environnementale ne peut pas être une tranchée idéologique : quand elle l’est, ce sont les communautés qui cherchent le progrès qui en pâtissent.

Carlos Odebret
Président des Salmoniculteurs de Magallanes

22 juin 2025
El Magallanes

L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario)

L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario)

Le lobbyiste d’affaires Eduardo Frei a déclaré que pour que le Chili devienne un pays développé et puisse beaucoup exporter, « la première chose que nous devons faire est tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili ».

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L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario) 15

Osaka, Japon, 19 juin 2025 (radiodelmar.cl) – Lors du sommet d’affaires Chili-Japon à l’Expo d’Osaka, qui s’est tenu le 16 juin au Japon, l’ancien président et actuel lobbyiste d’affaires, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, a été invité par le gouvernement de Gabriel Boric ainsi que par les associations patronales forestières, agro-industrielles et salmonicoles, afin de défendre les groupes exportateurs chiliens et les investissements des multinationales japonaises au Chili.

Lors de cette rencontre d’affaires, cité par El Mercurio, l’ex-président a indiqué : « Par exemple, dans le secteur du saumon, nous sommes les deuxièmes producteurs mondiaux et les entreprises japonaises sont prêtes à investir pour doubler nos exportations. Mais pour cela, la première chose que nous devons faire est de tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili. Je le dis sans détour ! »

La Loi Lafkenche (n° 20.249) est une législation de la République qui permet aux peuples autochtones, ainsi qu’aux activités de pêche artisanale, aux communautés et entreprises locales (gastronomie, tourisme), de demander la protection de zones du littoral via la mise en place des Espaces Côtiers Marins des Peuples Autochtones (ECMPO).

Les propos de Frei ont été publiés par El Mercurio de Santiago du Chili. Ce média a également recueilli les réactions de Sady Delgado, directeur général de la méga-entreprise AquaChile, propriété du groupe AgroSuper de la famille Vial et membre du patronat Conseil du Saumon, qui a remercié « la clarté avec laquelle l’ex-président Frei a exposé les difficultés auxquelles le secteur est confronté ».

Delgado a ajouté que l’ex-président « a tout à fait raison dans ce qu’il dit, car c’est une loi qui affecte fortement le développement de la salmoniculture et qui affectera aussi d’autres industries ».

Des lois contre la “permisologie” pour accélérer l’extractivisme au Chili

Suite aux propos de Frei, Susana Jiménez, présidente de la Confédération de la Production et du Commerce (CPC), a déclaré à El Mercurio que l’ex-président « a fait référence à une situation réelle. Les processus de renouvellement de concessions et de nouveaux projets d’investissement sont bloqués. Et cela a beaucoup à voir avec la manière dont la loi a été gérée. Il ne devrait pas y avoir de demandes d’espaces incroyablement grands qui bloquent les investissements et ne finissent que par être des transferts de richesse ».

À l’Expo Osaka, Eduardo Frei a exposé deux autres points qu’il considère comme essentiels à débloquer dans notre pays : la lenteur du système politique à traiter les questions stratégiques. Il a pris pour exemple la manière dont l’Accord Transpacifique (TPP11) a été traité : « Nous avons mis quatre ans à le ratifier et nous avons perdu des marchés en Asie. Quatre ans perdus, en commerce international, c’est beaucoup ».

La deuxième revendication de Frei concerne les infrastructures : « Le Chili ne dispose d’aucun port de grande envergure et cela doit changer, sinon ce sera un frein à notre potentiel exportateur », a argumenté l’ex-président.

Ce sommet d’affaires s’est terminé par une visite du pavillon du Chili à l’Expo Osaka, où le public a pu déguster des saumons et des vins, proposés par les associations de producteurs de saumon et le groupe Vinos de Chile.

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/ex-presidente-eduardo-frei-y-el-empresariado-salmonero-en-japon-hay-que-matar-la-ley-lafkenche/ Cet article, publié en espagnol par Diario Mapuche, a été traduit par les bénévoles de l’association Karukinka

Pour en apprendre davantage sur l’actualité patagonne au Chili et en Argentine rendez-vous sur la page dédiée du blog de l’association Karukinka : ici

[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025)

[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025)

Le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, composé de cinq peuples (Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán) a dénoncé les attaques et l’invisibilisation subies au Chili malgré une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive : la loi Lafkenche. #unoc3 peuples autochtones chili

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[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025) 17

Lors de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC3), qui s’est tenue du 9 au 13 juin 2025 à Nice (France), le Chili a projeté une image de leader mondial en matière de politiques océaniques, annonçant son engagement à protéger plus de la moitié de son océan — dépassant ainsi l’objectif 30×30 —, à accueillir le Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à se porter candidat pour co-présider la prochaine Conférence des Océans (UNOC4).

Cependant, depuis cette même tribune internationale, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, représentant les visions collectives des cinq peuples qui le composent — Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán —, ainsi que l’Identité Territoriale Lafkenche et d’autres leaders des peuples côtiers du sud du Chili, ont exposé une contradiction douloureuse : le pays qui cherche à diriger la conservation marine mondiale attaque et invisibilise chez lui une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive.

Il s’agit de la Loi 20.249, qui crée les Espaces Côtiers Maritimes des Peuples Autochtones (ECMPO), une réglementation issue de la lutte légitime des peuples autochtones. Cette loi permet d’attribuer l’administration d’espaces maritimes côtiers délimités à des communautés ayant historiquement exercé leur usage coutumier, dans le but de préserver les pratiques traditionnelles, de conserver les ressources naturelles, de garantir le bien-être et le lien ancestral avec la mer, et de promouvoir une gouvernance participative et inclusive du littoral entre les différents acteurs territoriaux.

Comme l’a expliqué Pamela Mayorga Caro, coordinatrice du Réseau, lors de la conférence, cette loi est « un outil de co-administration qui rend visibles et donne la possibilité aux communautés d’avoir une voix démocratisée sur l’avenir de leurs territoires ».

Alors que le Chili aspire à diriger la conservation marine mondiale, ses avancées océaniques n’intègrent pas de manière substantielle les côtes continentales et les eaux intérieures, épicentre des conflits socio-environnementaux. Et, paradoxalement, la Loi 20.2491, qui pourrait être l’un des outils clés pour progresser dans ce sens, ne fait pas partie de l’agenda officiel des politiques océaniques du pays et, au contraire, fait l’objet de fortes attaques de la part de secteurs industriels et politiques qui cherchent à la modifier.

Comme l’a réitéré Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale de l’ONU, lors de plusieurs interventions à la Conférence des Océans, et dans un récent article publié dans El País, dans l’élaboration de politiques océaniques efficaces « la reconnaissance des droits des communautés côtières est essentielle, car environ 500 millions de personnes dépendent de la pêche artisanale et, tout comme le peuple mapuche lafkenche, beaucoup d’entre elles sont des peuples autochtones dont l’expérience sert à protéger la vie de l’océan. Cependant, elles sont rarement incluses dans les processus de prise de décision, alors qu’elles sont essentielles pour trouver des solutions. »2

Ingrid Echeverría Huequelef, coordinatrice du Réseau, s’est exprimée depuis Nice en affirmant qu’il s’agit « d’une loi née de la spiritualité du peuple mapuche lafkenche, une loi inclusive… mais qui, en raison de l’ignorance, est très durement attaquée par les industries extractives et par un certain mouvement politique chilien. » De son côté, Yohana Coñuecar Llancapani, coordinatrice du Réseau et représentante des peuples autochtones à la Commission régionale d’utilisation du littoral de la Région des Lacs, a ajouté qu’en tant que femmes défenseures du territoire, « nous subissons des campagnes de haine et de racisme, et sommes constamment invisibilisées par l’État. »

Cette loi et sa défense reposent sur une compréhension profonde de l’océan, que les représentantes du Réseau ont exprimée clairement : « La mer est pour nous un espace de mémoire, de subsistance, de spiritualité, de culture et de travail. » Cette perspective ancestrale, qui contraste fortement avec les politiques extractivistes de « l’Économie Bleue » promues par les gouvernements et les industries, offre des alternatives concrètes et durables pour la protection des océans, fondées sur des systèmes de gouvernance communautaire et des savoirs transmis de génération en génération. Face à un modèle qui considère la mer comme une ressource à exploiter, les femmes autochtones proposent une relation de réciprocité et de soin qui a prouvé son efficacité depuis des siècles.

Cette vision intégrale se traduit par une proposition politique concrète et sans ambiguïté : « les politiques publiques ne peuvent être fondées sur le centralisme, elles doivent émaner des territoires. Elles ne peuvent être influencées par le pouvoir économique des industries. » Leur position, forgée par des années de résistance, est inébranlable : « nous, femmes de la mer, ne permettrons pas le recul des droits que nous avons obtenus de haute lutte, pour nous-mêmes et pour les gens qui vivent et travaillent sur la mer, la naviguent et récoltent non seulement des poissons, mais aussi des algues, des coquillages, pour ceux qui résistent et protègent les esprits qui habitent les territoires. » — Ingrid Echeverría Huequelef.

Cette fois depuis la Conférence sur les Océans, demain depuis différents territoires côtiers du Chili, et en novembre à Belém lors de la COP30, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer maintiendra sa voix haute et continuera d’interpeller directement le gouvernement chilien, la FAO, les organisations internationales, les bailleurs de fonds, les industries et tous les acteurs impliqués dans la gouvernance de la mer. Le message est clair :

  • Mettre fin à la marchandisation de l’océan au nom de la croissance bleue et à d’autres mesures de conservation fondées sur les aires, qui ne respectent ni nos droits ni nos modes de vie.
  • Assurer une approche interculturelle et de genre transversale dans les politiques océaniques et une participation active et centrale des peuples autochtones et des communautés de la mer dans la gouvernance marine.
  • Garantir la non-régression des droits dans les territoires côtiers-marins acquis à travers des processus de lutte légitimes.
  • Prévenir, arrêter et garantir la justice face aux menaces et à la criminalisation des défenseur·e·s de la mer.
  • Exiger de la cohérence au gouvernement chilien dans sa politique océanique pour pouvoir se porter candidat à l’accueil du Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à l’organisation de l’UNOC4.

Le Réseau rappelle un principe fondamental : garantir des océans sains exige d’inclure les voix de celles et ceux qui vivent de la pêche, de la récolte et de la cueillette, qui habitent les côtes et comprennent de première main l’interdépendance entre la santé des océans, les activités humaines et la justice territoriale.

Le Chili doit résoudre ses incohérences internes et honorer ses engagements et responsabilités légales envers les communautés, avant de prétendre à la reconnaissance de son leadership mondial en matière de politiques océaniques.

« Le Chili parle très bien à l’extérieur, mais à la maison, il doit régler ses comptes. » — Pérsida Cheuquenao Aillpán, Présidente de l’Identité Territoriale Lafkenche et coordinatrice du Réseau des Femmes.

Nice a montré que cette contradiction n’est pas exceptionnelle, mais fait partie d’une crise mondiale plus profonde où il existe toujours un fossé abyssal entre le discours environnemental et la pratique extractiviste, face auquel il n’y a pas de place pour la complaisance ni pour le silence complice.

Lire l’Appel à l’Action complet ici [en espagnol].

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/declaracion-de-la-agrupacion-mujeres-originarias-frente-a-la-politica-oceanica-de-chile-en-la-conferencia-de-oceanos/ Traduit et partagé par l’association Karukinka, dédiée à la Patagonie

Escalade en Patagonie : l’histoire de Julia Niles mêlant grimpe et résilience à Cochamó (PlanetGrimpe, 05/06/2025)

Nous vous invitons à découvrir le récit d’une expédition d’escalade en Patagonie publiée par le magazine Planet Grimp

Source: https://planetgrimpe.com/escalade-et-resilience-lhistoire-de-julia-niles-a-cochamo/

« Climbing Through », vous n’en avez jamais entendu parler ? Il s’agit d’un récit publié sur le blog de la marque Arc’teryx, où la guide de montagne et thérapeute Julia Niles revient sur une expédition singulière qu’elle a vécu dans la vallée de Cochamó, au Chili. Plus qu’un simple retour à l’escalade, cette aventure marque pour elle une forme de renaissance. Avec ses mots, elle nous raconte comment l’escalade, longtemps mise entre parenthèses, est redevenue un point d’ancrage dans sa vie. Une histoire intime, avec en toile de fond une grimpe qui aide à retrouver son équilibre.

Retrouver la falaise après des années d’éloignement

Lorsque Julia accepte l’invitation de la grimpeuse pro Émilie Pellerin à la rejoindre pour une expédition en Patagonie, elle ne s’est pas préparée à l’impact que ce retour en falaise allait avoir sur elle. Ancienne grimpeuse très expérimentée, Julia avait depuis longtemps troqué les grandes voies pour une vie bien remplie : celle d’une mère célibataire et d’une femme pleinement investie dans sa vie professionnelle. Une vie à cent à l’heure où l’escalade était devenue un lointain souvenir, un passé qu’elle pensait avoir rangé dans un coin de sa tête. Mais Cochamó, avec ses parois de granite imposantes, ses marches d’approches sauvages et son ambiance brute, aura réveillé en elle quelque chose de profond.

L’escalade m’avait déjà sauvée par le passé ; elle pouvait peut-être me sauver à nouveau. | Julia Niles

Une aventure portée par la solidarité féminine

Ce qui marque  Julia au cours de cette expédition, c’est la composition inédite de l’équipe : un groupe presque entièrement féminin, une première dans son parcours. Cette configuration génère une dynamique singulière, loin des modèles parfois dominés par la recherche de performance ou la rivalité. L’ambiance qui s’installe est faite de bienveillance, d’écoute et de respect. Chacune peut exprimer ses doutes, ses émotions, ou sa fatigue sans crainte d’être jugée. Une atmosphère rare, où la vulnérabilité devient une force partagée.

C’était une mission hors du commun. Pour la première fois, parmi tous les tournages, séances photo et expéditions auxquels j’avais participé, nous étions plus de femmes que d’hommes. | Julia Niles

Pour Julia, cette cohésion entre femmes joue un rôle central dans sa redécouverte de l’escalade. Elle y retrouve une pratique attentive aux ressentis et aux besoins de chacune. Ce climat de confiance transforme l’expédition en une expérience marquante, où le lien humain compte autant que la grimpe en elle même.

La montagne comme outil thérapeutique

En tant que psychothérapeute, Julia fait rapidement le lien entre les émotions traversées en paroi et les mécanismes psychologiques mis en oeuvre dans un parcours de reconstruction personnelle.

Là-haut sur la paroi, j’étais plongée dans mes pensées. Tandis que mes yeux absorbaient le paysage magnifique, j’examinais ma vie en démêlant mes problèmes. Je me suis aperçue que j’avais profondément besoin de ça. | Julia Niles 

À Cochamó, chaque mouvement, chaque prise, chaque décision engage des ressources mentales importantes — confiance, résilience, gestion de la peur, capacité à accepter l’imprévu. Dans son récit, elle nous rappelle également que  la grimpe exige une grande concentration: paradoxalement, loin de s’ajouter à la charge mentale, elle offre au contraire un soulagement, une bouffée d’air frais face à la pression constante du quotidien.

Ralentir pour mieux ressentir

Une autre dimension du récit de Julia tient à la lenteur imposée par l’environnement de Cochamó. Ici, pas de chrono, pas de course à la cotation. L’approche se fait à pied, parfois sur plusieurs jours. Les longues fissures de granite se méritent, les bivouacs en paroi demandent de la patience, beaucoup de patience. Ce rythme ralenti tranche net avec l’agitation du quotidien, et met en avant une pratique de l’escalade plus épurée, presque proche de la méditation.

Je me suis immergée dans le rythme qu’inspire la nature. Au soir, descendant en rappel dans le ciel pourpre, je me suis fondue dans le paysage, comblée, en paix, n’ayant plus besoin de rien d’autre. | Julia Niles

Dans ce retour à l’essentiel, Julia redécouvre le plaisir simple de grimper pour elle-même, sans attente de performance. Une grimpe qui apaise, qui recentre, qui donne du sens. Dans un monde où tout va vite, l’escalade devient pour elle un espace rare où le temps reprend sa juste place.

Une histoire personnelle sans exploit ni paillettes

Climbing Through n’est ni un récit d’exploit, ni un palmarès de performances. C’est une histoire humaine et sincère, ancrée dans la réalité d’une femme qui cherche à concilier passion, travail, maternité et équilibre personnel. C’est également un beau témoignage sur le rôle que peut jouer l’escalade dans les parcours de vie, y compris les plus intimes.

En revenant à l’escalade, Julia Niles nous démontre que la grimpe ne se limite pas à l’effort physique : elle ouvre un espace intérieur, fait de remises en question, d’instants de joie et de reconquête de soi.

Et voici la vidéo de cette aventure grandiose :

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