Programme de l’exposition : Regards antarctiques (Institut Polaire, 22 septembre 2023)

Confronter imaginaires et réalités

Du 18 octobre 2023 au 14 janvier 2024

Une exposition de l’Institut polaire français

Source : https://institut-polaire.fr/fr/programme-de-lexposition-regards-antarctiques/

Passage des Arpètes, Ateliers des Capucins, Brest

Dire que l’Antarctique fascine est une évidence. Pourtant, la réalité de ces territoires peut être rude, âpre, douloureuse… mais tous, ceux qui partent comme ceux qui restent, portent un regard d’abord fasciné. Regards antarctiques propose de découvrir quelques regards portés sur l’Antarctique par des artistes mais aussi des institutions. A travers leurs créations, peintures, dessins, photos, l’exposition souhaite souligner la diversité des représentations de ce continent mais surtout questionner les imaginaires que ce continent provoque. Cette déambulation à travers ces regards nous offre la possibilité de confronter, parfois conforter, ces représentations avec la réalité du terrain, fil rouge de l’exposition illustrée sous la forme de journaux intimes.

LES DATES

Dans l’exposition

  • Jeudi 19 octobre : Job dating et Rencontres avec des professionnels des métiers polaires

Dans l’exposition et à l’auditorium de la médiathèque François Mitterrand

  • Samedi 9 décembre : Artistes, scientifiques et pôles, regards croisés
  • Mercredi 10 janvier 2024 : Archives polaires, une soirée d’Histoire

Au Cinéma Pathé, les jeudis des documentaires sur l’Antarctique

  • 9 novembre : Le poids de l’Antarctique de Marjorie Cauwel
  • 16 novembre : Antarctique de Solène Desbois
  • 23 novembre : La glace et le ciel de Luc Jacquet
  • 30 novembre : Odyssée Antarctique de Djamel Tahi
  • 7 décembre : Soirée Mario Marret en partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne SOIREE ANNULEE reportée au 10 Janvier 2024 à l’auditorium des Capucins, entrée gratuite.

Aux Curiosités de Dialogues, les mercredis autour des pôles

  • 25 octobre : lecture d’album autour des pôles
  • 22 novembre : jeu de société
  • 27 décembre : lecture d’album autour des pôles
  • 10 janvier : lecture d’album autour des pôles

Rencontres-dédicaces (Dates à préciser)

  • Voyages en Terres Australes – Collectif

Au 70.8, un musée pour l’océan

  • Samedi 9 décembre : Conférences sur les nouvelles technologies

DÉTAILS DES EVENEMENTS

Visites commentées de l’exposition par des personnels de l’Institut polaire français

Jeudi 19 octobre : Rencontre avec des professionnels des métiers polaires

Dans l’exposition

  • 15h-16h : Visites commentées de l’exposition : Inscriptions ici !
  • 16h-17h : Job dating
  • 17h-19h : Rencontre avec des anciens hivernants, des scientifiques et des permanents, professionnels des métiers recrutés chaque année pour partir travailler sur les stations polaires.

Boulanger-pâtissier, cuisinier, plombier, mécanicien engins, mécanicien centrale, électrotechnicien, chef mécanicien, outilleur, responsable technique, technicien instrumentation Des professionnels des différents types de contrats et des spécificités administratives liées au travail dans les pôles Des scientifiques spécialistes des projets de recherche déployés dans les pôles

Samedi 9 décembre : Artistes, scientifiques et pôles, regards croisés

Dans l’exposition

  • A 11h : Visite commentée de l’exposition : inscriptions
  • De 10h à 13h : Atelier de création avec l’artiste Liz Hascoët (Sur inscription, un créneau à 10h et un créneau à 11h30)
  • De 10h à midi : Venez dessiner sur le thème « Imagine ton Antarctique » : 5 dessins seront choisis pour partir en Antarctique et être exposés à la station Dumont d’Urville et à la station Concordia

A l’auditorium de la médiathèque des Capucins (entrée libre dans la limite des places disponibles)

  • 14h-15h : Film et échange autour du thème « l’art au service de la diffusion des sciences » avec Cyril Gallut, chercheur et Eduardo Da Forno, photographe.
  • 15h15-16h15 : table-ronde « Imaginer l’Antarctique » Isabelle Bianquis, anthropologue et Liz Hascoet, illustratrice, animée par Aude Sonneville
  • 16h30-17h30 : Projection du film de Marjorie Cauwel, « White out » suivie d’une discussion

Aux Curiosités de Dialogues

  • 16h30 Séance dédicaces
    • Jean-Yves Besselièvre et Lénaig L’Aot-Lombart : Voyages en Terres Australes

Au 70.8, un musée pour l’océan

Tarif d’entrée exceptionnellement à 4€ au lieu de 9€ pour un adulte.

  • 20 minutes de conférences et discussions autour d’innovations techniques au service de la recherche polaire :
    • 14h Agnès Lewden
    • 15h Emma Bent
    • 16h Théophile Lebrun

Mercredi 10 janvier : Archives polaires, une soirée d’Histoire

Dans l’exposition

Auditorium (195 places, inscription préférable ici)

  • 19h : projection de film(s) d’archives
    • Terre Adélie (1951, 22 min)
    • Bjorn et Yfaut, chiens polaires (1955, 18 min)
    • Nous avons vingt ans (1969, 23 min)
  • 20h : échange avec la Cinémathèque de Bretagne sur la conservation des archives
  • 20h30 discussion avec des anciens hivernants

Partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne

Au Cinéma Pathé, les jeudis

Entrée à 9 euros – Diffusion à 19h30

  • 9 novembre : White out de Marjorie Cauwel
  • 16 novembre : Antarctique de Solène Desbois
  • 23 novembre : La glace et le ciel de Luc Jacquet : Hommage à Claude Lorius 
  • 30 novembre : Odyssée Antarctique de Djamel Tahi

La nuit polaire de Mark Mahaney (Le Monde, 23/1/2020)

The road into the cemetery, South of Utqiagvik, 8:16 PM.
Mark Mahaney

Par Stéphanie Le Bars Publié le 23 janvier 2020 à 07h15, modifié le 23 janvier 2020 à 08h05

Les faits: De novembre à mi-janvier, les 4 500 habitants d’Utqiagvik, en Alaska, ne voient jamais le jour se lever. Le photographe californien Mark Mahaney s’est plongé dans l’ambiance lunaire de cette nuit sans fin.

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/01/23/la-nuit-polaire-de-mark-mahaney_6026931_4500055.html

Comment donner vie à la nuit, illustrer un monde en sursis ? Il y a un an, débarquant pour une douzaine de jours à Utqiagvik (Alaska), la ville la plus au nord des Etats-Unis, le photographe américain Mark Mahaney s’est plié à l’exercice. Venu de Californie, il a plongé dans la nuit sans fin de ce coin du cercle arctique, où, de novembre à mi-janvier, le soleil ne se lève pas. Un lieu infini où, lorsque l’œil cherche l’horizon, il ne voit rien qu’une immensité blanche et plate.

Ce défi à la lumière aurait pu suffire à l’objectif. Mais l’expérience photographique s’est doublée d’un intérêt politique pour « cet épicentre du changement climatique », comme le résume Mark Mahaney. « A cet endroit, même si le sol est recouvert de neige, que le phénomène n’est pas immédiatement apparent, la terre se réchauffe deux fois plus vite qu’ailleurs. La couche de glace, de plus en plus fine, ne protège plus la côte des tempêtes. La ville s’enfonce. » Parti avec l’intention de documenter la vie de ses 4 500 habitants, le photographe en est revenu avec une série d’images fantomatiques, témoignages glacés d’un monde figé, extraterrestre, rassemblées dans un ouvrage, Polar Night (Trespasser).

L’emprise de la glace

« Cet endroit raconte une histoire de survie, d’endurance. » Traverser la nuit polaire, résister au froid et, paradoxalement, survivre au réchauffement climatique. « Quand, durant soixante-cinq jours, la journée n’a ni commencement ni fin, cela laisse une impression bizarre, psychologiquement et physiologiquement. Cette période d’énergie sombre, la “solastalgie”, est propice à la dépression, au suicide, à la consommation de drogues et d’alcool. »

L’emprise de la glace, le poids de la neige, la semi-obscurité troublée par la lumière orangée des réverbères, le froid intense (jusqu’à – 30 °C) dévoilent un univers claquemuré, sans végétation ni humain. « Il n’y a personne dans les rues et je ne voulais pas forcer les portes », explique Mark Mahaney, réticent à jouer « l’homme blanc » exploitant un supposé folklore des Iñupiat, le peuple d’origine de la plupart des habitants. Ces derniers se refusent de toute façon à parler de l’érosion de leur terre et de leur culture. « Ils tirent leurs revenus, plutôt confortables, de l’exploitation pétrolière, qui elle-même contribue au réchauffement climatique… », rappelle le photographe.

Le travail de Mark Mahaney s’attache ici à montrer un « paysage post-apocalyptique, plus proche de la Lune que de la Terre, vide de toute forme de vie ».

Son travail en extérieur s’attache donc à montrer un « paysage post-apocalyptique, plus proche de la Lune que de la Terre, vide de toute forme de vie ». On imagine le crissement de pas isolés sur la neige, la gifle du vent. Des voitures abandonnées, portières ouvertes, semblent prises dans un étau de neige, des maisons paraissent inhabitées avant que l’on n’aperçoive une lueur derrière des vitres glacées ou une fumée sortant de la cheminée. « L’esthétique n’est pas une priorité dans ces contrées et on trouve toutes sortes de vieux objets s’empilant dans les cours et les jardins », autant de formes figées dans le froid.

Le photographe a trouvé des signes de vie dans cet étrange vide. Un graffiti sur un mur. La gueule béante de chiens de traîneaux, impatients de reprendre leur course. Le photographe y signe au passage un hommage à la tradition de ces ­équipages iconiques, dont l’utilisation est elle aussi en voie de disparition, et fait un clin d’œil à l’expression locale « three dogs night » (« une nuit à trois chiens »), qui mesure la froideur de la nuit. « Plus il fait froid, plus il faut de chiens autour de toi pour survivre. » A l’issue de son séjour, Mark Mahaney a capté les rayons de la première aube revenue, teintant cet unique cliché d’un rose bleuté réconfortant. Car, lorsque le soleil se relève enfin, « le temps peut de nouveau exister ».

Polar Night, de Mark Mahaney, Trespasser, 52 pages, 36 euros. trespasser.pub

A la périphérie d’Utqiagvik, 19 h 55.
A la périphérie d’Utqiagvik, 19 h 55. MARK MAHANEY
Un chien de traîneau, 11 h 13.
Un chien de traîneau, 11 h 13. MARK MAHANEY
La route du cimetière, 20 h 16.
La route du cimetière, 20 h 16. MARK MAHANEY
Une maison typique d’Utqiagvik, 10 h 44.
Une maison typique d’Utqiagvik, 10 h 44. MARK MAHANEY
Le cimetière d’Imaiqsaun, 18 h 4.
Le cimetière d’Imaiqsaun, 18 h 4. MARK MAHANEY
Le poste de police, Kiogak Street, 16 h 48.
Le poste de police, Kiogak Street, 16 h 48. MARK MAHANEY
Midnight, un des derniers chiens de traîneau du nord de l’Alaska, 11 h 14.
Midnight, un des derniers chiens de traîneau du nord de l’Alaska, 11 h 14. MARK MAHANEY

Stéphanie Le Bars