Des objets inconnus apparaissent dans la sépulture d’un enfant Selk’nam en Terre de Feu (Agencia SINC, 23/10/2019)

Dans la Bahía Inútil (Chili) une équipe de scientifiques a découvert une sépulture infantile appartenant à la culture Selk’nam, avec des caractéristiques uniques. Le trousseau qui l’accompagne présente des objets méconnus, ainsi que des objets funéraires inhabituels dans cette région.

Article paru en espagnol et traduit par l’association Karukinka. Titre original (espagnol) : « Aparecen objetos desconocidos en la sepultura de un niño Selk’nam en Tierra del Fuego »

Aparecen objetos desconocidos en la sepultura de un niño Selk’nam en Tierra del Fuego

Couples mandibulaires de guanacos adultes faisant partie du mobilier funéraire unique / Photos fournies par Thierry Dupradou

Le peuple Selk’nam de la Terre de Feu était une tribu qui vivait à la pointe sud de l’Amérique du Sud. Elle était composée de chasseurs-cueilleurs nomades qui subsistaient à l’origine grâce aux guanacos sauvages, aux oiseaux, aux rongeurs, aux coquillages et aux pinnipèdes (phoques, otaries et morses) qu’ils chassaient. Au début du XXe siècle, les maladies infectieuses et un génocide perpétré par les colons britanniques, argentins et chiliens en ont anéanti la plupart.

Avec leurs voisins, les Haush, cette tribu était l’un des rares groupes de chasseurs-cueilleurs d’Amérique dont les moyens de subsistance étaient limités à une seule île. Ses archives archéologiques sont abondantes, mais on sait peu de choses sur ses pratiques mortuaires.

Une étude internationale, dirigée par l’Université de Magallanes à Punta Arenas (Chili), avec la participation de l’Institut de biologie évolutive (UPF-CSIC), a décrit l’enterrement d’un enfant de cette tribu aux caractéristiques uniques, située à Bahía Inútil. La datation au radiocarbone situe la sépulture au début de la période postcolombienne.

« Ni en Terre de Feu, chilienne ou argentine, un trousseau similaire n’avait pas été trouvé aux côtés des restes humains de chasseurs-cueilleurs terrestres. Les biens étaient beaucoup plus simples, mais en général il s’agissait de sépultures d’adultes », explique à Sinc Alfredo Prieto, chercheur à l’Université de Magallanes, qui a dirigé l’étude publiée dans la revue The Journal of Island and Coastal Archaeology.

Dans l’ouvrage, Prieto et son équipe décrivent les matériaux archéologiques trouvés à côté du squelette d’un enfant très bien conservé. Ce qui frappe, ce sont les objets funéraires qui l’accompagnent, inhabituels dans cette région.

« Il existe plusieurs éléments mystérieux dont nous ignorons l’utilité. On ne sait même pas s’il s’agit de copies ou d’outils utilisés à l’époque. Il peut s’agir par exemple de reproductions d’outils en bois qui n’ont jamais survécu. Nous ne pouvons rien oser là-dessus non plus. Certains d’entre eux simulent des outils familiers, comme des pinces à feu. D’autres, comme les boules à rainures ou les outils en pierre, on sait qu’ils ont été utilisés », ajoute le scientifique.

Lugar del hallazgo junto a la costa de la Bahía Inútil, Tierra del Fuego / Universidad de Magallanes

Crâne d’enfant. Il apparaît brisé suite à son émergence du tombeau qui avait été érodé / Photo fournie par Thierry Dupradou

Os regroupés par paires

Les restes de l’enfant étaient accompagnés de modèles uniques d’objets en os. Il s’agissait principalement de fragments de becs de manchots royaux (75 % des restes) et de mâchoires de guanaco disposés par paires pour ressembler à des becs, ce qui est inhabituel et jamais observé auparavant dans d’autres tombes. Le manchot royal fait partie de la mythologie Selk’nam.

L’abondance, la densité et la diversité des tombes témoignent d’un ensemble matériel et culturel complexe, ainsi que d’un savoir-faire technique jusqu’alors inédit chez ce groupe de chasseurs-cueilleurs.

« Les paires de mâchoires du guanaco sont remarquables. Elles sont apparues ensemble par paires et l’une d’entre elles possède même des preuves d’amarrage. En raison du type de coupe et de la taille, il semble que leur fonction était de les utiliser comme becs, ce qui est très étrange », explique Prieto. On ne trouve rien de tel dans la littérature archéologique, nulle part dans le monde.

Ils ont également trouvé des matières premières lithiques, légèrement gravées, ce qui est relativement rare dans ces sites. Beaucoup de ces éléments n’avaient jamais été observés dans les archives archéologiques ou ethnographiques de la Terre de Feu.

« Une étrange pièce évoquant une navette révélerait des techniques de tissage de filets, mais c’est le seul fragment dont la forme semble induire une fonction. De plus, toutes les pièces sont des ensembles de paires structurelles ; entre le pointu et le fissuré, ou entre l’ouvert et le fermé, constitués de matériaux divers. Comme nous perdons l’intégrité du placement initial, nous ne savons pas vraiment s’ils faisaient partie de « mécanismes » plus vastes », poursuit-il.

« Il existe plusieurs éléments mystérieux dont nous ne connaissons pas l’utilité », explique Alfredo Prieto.

 

Une génétique particulière

Selon les archives archéologiques, il semble que la population de Selk’nam dépassait à peine 1 500 personnes, sur un territoire de près de 48 000 km2. De plus, jusqu’à présent, les scientifiques ne peuvent pas déterminer si ces individus étaient les descendants directs des premiers groupes qui ont peuplé l’île, ou s’ils sont arrivés plus tard.

Les restes humains de l’enfant révèlent qu’ils appartenaient à un jeune adolescent dont l’alimentation était majoritairement terrestre. Les analyses ostéologiques n’ont montré aucun problème osseux ni pathologie, suggérant qu’il s’agissait d’un individu sans aucune anomalie. « Nous ne connaissons pas les causes du décès », ajoute l’expert.

Les informations ethnographiques indiquent que les décès d’enfants non dus à des accidents étaient incompréhensibles pour les Selk’nam, qui les imputaient généralement à un chaman d’un groupe ennemi et encourageaient les actes de vengeance.

Une autre particularité de cette découverte est qu’elle fournit la première preuve génétique du sous-haplogroupe mitochondrial D1g5 dans la population Selk’nam de la Terre de Feu. Ce fait pourrait indiquer que ses origines remontent à la première vague de colonisation humaine de l’Amérique du Sud.

« L’haplotype mitochondrial D1g5 n’a été décrit qu’en 2012, en partie parce qu’il a une répartition assez restreinte dans le sud de l’Amérique du Sud. Localement, dans le sud du Chili et en Patagonie, cela peut être assez courant. On estime qu’il a environ 15 000 ans, c’est-à-dire le résultat de l’arrivée de certains des premiers colonisateurs de l’Amérique et de leur dispersion ultérieure dans tout le cône sud », explique Carles Lalueza Fox, chercheur à l’Institut de biologie évolutive. à Sinc ( UPF-CSIC) et co-auteur de l’étude.

Lugar del hallazgo junto a la costa de la Bahía Inútil, Tierra del Fuego / Universidad de Magallanes

Lieu de découverte à côté de la côte de Bahía Inútil, Terre de Feu / Universidad de Magallanes

C’est la première fois qu’il est décrit en Terre de Feu, mais cela concorde avec la possibilité qu’il y ait eu des contacts avec les populations locales au nord du détroit de Magellan. « Cela correspond également aux indications de restes marins, puisque l’enfant a été retrouvé sur la côte du détroit et bien que les Selk’nam étaient des chasseurs-cueilleurs terrestres, cela indiquerait moins d’isolement que ne le supposent les témoignages ethnographiques et plus de contacts avec les populations voisines, « , argumente Lalueza Fox.

Son équipe séquence actuellement certains génomes d’autochtones de la Terre de Feu pour les intégrer dans le contexte de la diversité génomique du continent américain. « Il est possible que nous trouvions des preuves de sélection naturelle et d’adaptation au froid dans certains gènes liés au métabolisme », conclut-elle.

Seuls cinq autres haplogroupes d’ADNmt ont été découverts jusqu’à présent dans des échantillons provenant d’anciennes populations de cette région : celui de cet enfant Selk’nam, deux Yamana et deux Kawesqar.

Interaction avec d’autres cultures

L’enterrement témoigne d’interactions de grande envergure avec d’autres cultures, tant sur le continent qu’ailleurs sur l’île. Leurs voisins immédiats étaient d’autres groupes nomades, deux maritimes (Yamana et Kawesqar) et deux terrestres (Haush sur l’île et Aonikenk sur le continent).

Les Selk’nam n’étaient pas des marins, donc tous les objets de ce type trouvés dans la sépulture proviendraient de l’extérieur de la Terre de Feu, obtenus auprès de leurs voisins proches.

L’équipe séquence actuellement certains génomes des peuples autochtones de la Terre de Feu.

Les contacts directs et indirects avec ces groupes seraient cruciaux pour avoir accès à des animaux et à des matières premières exotiques, comme par exemple le nandou de Darwin (Rhea pennata), l’obsidienne verte ou les restes du mollusque D. magellanicum trouvés dans les sites de cette région. .

Le nandou de Darwin a disparu de la Terre de Feu à la fin du Pléistocène, et sa présence parmi les tombes signifie qu’il a probablement été importé de la steppe continentale.

De l’obsidienne avait déjà été découverte à Bahía Inútil, non loin de ce lieu de sépulture. D. magellanicum habite les profondeurs marines du détroit de Magellan et a probablement été collecté par voie maritime dans des bateaux. « Les Selk’nam n’étaient pas des marins », souligne Prieto.

Cet enterrement offre une fenêtre unique pour découvrir des aspects jusque-là inconnus de la société Selk’nam.

Référence bibliographique :

Alfredo Prieto et al. “A Novel Child Burial from Tierra del Fuego: A Preliminary Report”. The Journal of Island and Coastal Archaeology

Source : https://www.agenciasinc.es/Noticias/Aparecen-objetos-desconocidos-en-la-sepultura-de-un-nino-Selk-nam-en-Tierra-del-Fuego

Le groupe Khol Hol Naa invite à la veillée pour la diversité culturelle (La Contratapa TDF, 9/10/2019)

La journée débutera le vendredi 11 octobre à partir de 20 heures.

Traduction de l’article « LA AGRUPACIÓN KHOL HOL NAA INVITA A VIGILIA POR LA DIVERSIDAD CULTURAL » publié en espagnol par le journal La Contratapa TDF, le 9 octobre 2019.


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Organisée par le groupe Khol Hol Naa (les femmes de retour en langue selk’nam), une veillée sera réalisée pour le jour de la diversité culturelle. L’évènement se déroulera dans les installations de la UNTDF (Université Nationale de Terre de Feu, [à Rio Grande]), situés dans la rue Thorne et Ameghino.

Depuis l’organisation, elles ont indiqué que « cet évènement se réalise pour se souvenir du DERNIER JOUR DE LIBERTE DES PEUPLES ORIGINAIRES », durant lequel elles cherchent à commémorer la lutte pour les peuples originaires. Ce sera un jour dédié à beaucoup de réflexion ».

En outre, elles ont ajouté que « l’objectif est d’éviter que les peuples continuent de perdre leur liberté et leurs droits, et que soit diffusé que nous, peuples originaires, sommes toujours dans la lutte ».

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Le groupe Khol Hol Naa invite à la veillée pour la diversité culturelle (La Contratapa TDF, 9/10/2019) 3

La réalité complexe des langues autochtones d’Argentine (DICYT, 08/05/2019)

Des chercheuses en sciences sociales du CONICET partagent leurs études culturelles et leurs expériences liées aux langues des peuples autochtones d’Argentine.

Les langues autochtones d’Argentine

CONICET/DICYT Cancha, poncho, gaucho, morocho, carpa, vincha, pucho… Un grand nombre de mots de notre langage quotidien proviennent du quechua, une langue inca qui est en contact avec l’espagnol depuis cinq cents ans. Le quechua est une langue indigène dynamique, sous ses diverses formes, que l’on trouve dans certaines régions d’Argentine, de Bolivie, du Pérou, du Brésil, du Chili, de Colombie et d’Équateur. Mais ce n’est pas la seule : au moins quatorze langues indigènes sont parlées aujourd’hui en Argentine, sur les trente-cinq qui étaient parlées avant l’arrivée des Espagnols. Que sait-on d’elles ? Pourquoi est-il important de prendre soin d’elles, de les valoriser et de les promouvoir ?

« Dans notre pays, nous comptons 39 groupes autochtones – Mbyá-Guaraní, Mocoví, Pilagá, Toba-Qom, Wichí et Huarpe, entre autres – certains sont nombreux, d’autres plus restreints. Selon les estimations du dernier recensement de la population (INDEC, 2010), sur les 40 millions d’habitants, 2,4 % se déclarent autochtones, soit plus de 950 000 personnes », expliquent Ana Carolina Hecht, Noelia Enriz et Mariana García Palacios, anthropologues et chercheuses du CONICET.

Carolina étudie la socialisation linguistique, la vitalité et le déplacement de la langue Toba Qom dans différents espaces (familial, domestique, scolaire) dans les communautés urbaines Qom de la province de Buenos Aires del Chaco ; Noelia travaille avec les communautés Mbyá-Guaraní de Misiones, en étudiant les connaissances qui circulent à l’intérieur et à l’extérieur de l’école interculturelle bilingue, et Mariana analyse comment les enfants des quartiers Qom de Buenos Aires et du Chaco construisent leurs connaissances du monde social, en particulier leurs connaissances religieuses, dans des contextes communautaires et scolaires interculturels. Ensemble, ils participent au projet « Interculturalité et éducation dans les communautés Toba/Qom et Mbyá-Guaraní d’Argentine : une approche historique et ethnographique de la diversité ethnique et linguistique dans les écoles », qui fait partie du programme d’anthropologie et d’éducation de l’Université de Buenos Aires.

Leurs recherches les ont même amenés à vivre des expériences de cohabitation lors de travaux de terrain. « J’ai passé du temps avec la communauté avec laquelle je travaillais. Nous avons également fait de l’observation participante : nous avons pris part à des activités communautaires », explique Noelia. « Nous essayons de développer des activités que les communautés elles-mêmes demandent », ajoute Carolina, « par exemple, des conférences et des ateliers dans des écoles bilingues interculturelles et des instituts de formation des enseignants où nous discutons de l’interculturalité, des enfants autochtones, des langues en contact, de la diversité et des inégalités. »

Langues et territoires autochtones

Selon les scientifiques, les langues indigènes argentines sont celles qui proviennent de familles linguistiques originaires de notre territoire ; Parallèlement, il existe également d’autres langues parlées en Argentine qui ont été apportées par des migrants des pays voisins. « Les peuples autochtones sont toujours plus nombreux que les langues autochtones parce que de nombreux peuples ont cessé de parler leurs propres langues en raison de processus historiques d’invisibilité, de discrimination, de déni, d’assujettissement, entre autres facteurs », note Hecht.

Aujourd’hui, l’éventail des situations est très diversifié : des langues qui ne sont plus parlées, d’autres qui n’ont qu’une seule mémoire, des situations bilingues, des communautés indigènes où l’espagnol prédomine, des communautés où la langue indigène reste vitale dans la famille et la communauté. « Ces situations peuvent même affecter la même communauté : les enfants Qom qui parlent espagnol comme première langue et d’autres qui parlent espagnol comme deuxième langue », ajoute Mariana.

La population Mbyá est un cas très particulier. Il possède sa propre langue et vit à Misiones, une partie du Paraguay et du Brésil. La langue parlée permet à ses locuteurs de communiquer dans les trois pays en tant que lingua franca. Cependant, cela s’écrit différemment dans les trois territoires. « Dans l’un, c’est influencé par le portugais ; au Paraguay, par le guarani standard ; et ici, par l’espagnol », explique Noelia. Par exemple, ce qui ressemble à un « ch » chez nous s’écrit avec un « x » au Brésil. Cela illustre la complexité de la langue indigène.

L’énorme défi de l’école

Ce scénario complexe représente un défi majeur pour l’éducation interculturelle bilingue (EIB), une forme d’éducation qui garantit les droits constitutionnels des peuples autochtones. Comme le reflète la loi sur l’éducation nationale n° 26 206 (chapitre XI, article 52), l’EIB « favorise un dialogue mutuellement enrichissant de connaissances et de valeurs entre les peuples autochtones et les populations ethniquement, linguistiquement et culturellement différentes, et favorise la reconnaissance et le respect de ces différences ».

Cependant, les chercheurs constatent que ces situations disparates et nuancées auxquelles sont confrontées les langues autochtones ne sont pas toujours prises en compte dans les politiques éducatives. « La législation relative à l’EIB s’adresse davantage aux enfants autochtones vivant en milieu rural, parlant des langues autochtones et ayant très peu de contacts avec l’espagnol. Aujourd’hui, la situation la plus répandue concerne les enfants autochtones en milieu urbain, avec des niveaux variables de maîtrise de ces langues », explique Carolina.

Pour les chercheuses en sciences sociales, l’idéal serait que ces lois prennent en compte la diversité des réalités et des nuances sociales. L’éducation interculturelle bilingue devrait être un défi commun à tous ; une forme d’éducation pour toute la société argentine, et pas seulement pour les populations ethniquement définies ; et ainsi démontrer que l’Argentine est un pays multiculturel. De plus, nous devrions envisager des interventions impliquant les communautés elles-mêmes, et pas seulement des interventions extérieures.

Reconnaître l’histoire pour regarder vers le futur

« Ce n’est pas parce qu’un peuple ne parle plus activement sa langue aujourd’hui qu’il est moins autochtone », explique Carolina, qui évoque la dimension historique pour analyser cette question. Certains processus historiques ont déterminé les différentes situations que nous connaissons aujourd’hui. Si nous nous concentrons uniquement sur le présent, nous aurons tendance à privilégier les situations actuelles sans tenir compte des processus qui y ont conduit. Les liens entre langue et identité sont toujours très complexes, car même à l’école, de nombreuses personnes sont perçues comme moins autochtones parce qu’elles ne parlent pas la langue autochtone. « La langue est importante pour identifier les peuples, mais ce n’est pas le seul trait d’identification », ajoute Mariana.

Noelia demande : « Pourquoi ne pas préserver la richesse culturelle d’un pays ? Pourquoi la nier ? Pourquoi demander aux gens d’être différents ? La diversité est le patrimoine de l’Argentine. Rien n’indique que s’attaquer à la diversité ne soit pas préjudiciable à la société. De plus, dans ce cas précis, la diversité est liée aux origines de l’espace dans lequel le pays évolue actuellement, et ces populations sont antérieures aux États-nations. »

Pour prendre soin et protéger la diversité linguistique, « il faut d’abord des politiques d’aménagement linguistique et d’éducation qui découlent de cette situation complexe actuelle », résument-elles. Il serait donc intéressant de promouvoir davantage d’espaces où ces questions sont réfléchies et débattues, afin de démanteler des idées profondément ancrées dans le sens commun le plus répandu et, en fin de compte, de renforcer la législation sur l’éducation interculturelle bilingue afin qu’elle ne soit pas seulement un idéal mais qu’elle soit mise en pratique dans tout le pays.

Source: https://www.dicyt.com/noticias/la-compleja-re traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Aujourd´hui CEMENTO FRESCO Radio Acción, 88.7 fm (Rio Grande)

« Las investigaciones sobre nuestros pueblos originarios se renuevan y fortalecen con el paso del viento. Ahora en manos de una joven científica, Lauriane Lemasson, que viajó desde Bretaña, un pueblo francés, hasta el sur del Estrecho de Magallanes, empujada por la pasión que le despierta el conocimiento, la belleza de los paisajes y las voces de la naturaleza. Esta noche vamos a juntarnos a hablar con ella en Radio Acción, 88.7 fm. Para llevar a cabo un trabajo así no sólo hay que disponer de una gran fuerza de voluntad, sino además de una sensibilidad extraordinaria. No se lo pierdan. »

« El Remate de Indios » sur la Plaza de Armas de Punta Arenas (08/08/2018)

L’évènement important d’hier : « El Remate de Indios » sur la Plaza de Armas de Punta Arenas. Une première comme un point de départ, pour ne jamais oublier qu’une culture est, entre autres, histoire et mouvement. Toutes nos félicitations à Rodrigo Gonalez Vivar et Nitzamé Mayorga Gallardo pour l’organisation et la réalisation de cet évènement retraçant l’un des moments les plus sombres de l’histoire du génocide selk’nam, en présence de Mirtha Salamanca, membre de la Comunidad Indigena Rafaela Ishton de Rio Grande. 

Intervención deja muda a Punta Arenas con recreación del « remate » de 165 esclavos selk’nam

Intervención deja muda a Punta Arenas con recreación del “remate” de 165 esclavos selk’nam« No se olviden de eso, nadie conquista, porque ellos ya estaban aquí, y aunque hayan hecho un genocidio, la memoria de ellos aún vive y persiste, para que estos hechos no sucedan más », comentó una indígena en el lugar. La intervención artística fue fruto de un trabajo de un historiador y una actriz de la Universidad de Magallanes.
Una intervención urbana en la Plaza de Armas de Punta Arenas, en alusión a un « remate de indios » que hubo allí en 1895, se realizó este miércoles en la ciudad.

El 3 de agosto de ese año llegaron 165 selk’nam desde Tierra del Fuego hasta el muelle de Punta Arenas, esperando a ser repartidos entre los vecinos de Punta Arenas para incorporarlos como verdaderos esclavos, a través de servidumbre y reeducación, mientras la mayoría perecía por las enfermedades y malos tratos. El 7, 8 y 9 de agosto de 1895 se realizó el reparto, bajo el mando del gobernador Manuel Señoret.

Este triste hito histórico fue recordado por un grupo de voluntarios al mediodía, en una intervención de 20 minutos.

« Siento tristeza al ver que nuestros nativos eran maltratados, abusados, despreciados como personas; la sociedad aristocrática se unió al abuso teniéndolos como esclavos y ellos formaron parte de aquellos remates humanos », comenta Carolina Quintúl Coliboro, representante kaweskar en la performance, a la cual además asistió Mirtha Salamanca, en nombre del pueblo selk’nam, quien llegó especialmente desde Argentina.

« Sin piedad se separaron familias enteras de sus hijos y no hubo ningún apoyo de justicia para ellos. Esta sociedad, que estaba formada por gente foránea, trajo todas sus maldades a nuestros pueblos, aplastándolos sin piedad, abusando, matando, pero aquí nuestros pueblos fueron los primeros habitantes. No se olviden de eso, nadie conquista, porque ellos ya estaban aquí y, aunque hayan hecho un genocidio, la memoria de ellos aún vive y persiste, para que estos hechos no sucedan más ».

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La ceremonia

La performance fue organizada por Rodrigo González Vivar, profesor de Historia de la Universidad de Magallanes, en conjunto con Nitzamé Mayorga Gallardo, actriz y directora del grupo de teatro de la misma casa de estudios, así como el bailarín Ariel Oyarzún Sanhueza.

Inició su recorrido desde un punto cercano a la plaza, para contar los traslados desde Tierra del Fuego. Entre sus intérpretes hubo « niños, adultos, abuelos, magallánicos, nuevos migrantes, actores y no actores », destaca Mayorga.

« En su mayoría las personas no tienen experiencia escénica », explica. « Nos enfocamos en el trabajo más bien del simbolismo y significante, trabajamos con un guión que va presentando distintas estaciones, donde en cada una va desarrollando conceptos, por ejemplo, la extrañeza, el despojo, trabajamos con la imagen y lo coreográfico y luego desde el movimiento se instala la escena, siempre teniendo en cuenta no entrar en literalidad », añade.

Los voluntarios cruzaron la calle Magallanes, que alude al estrecho homónimo, hasta llegar a una de las esquinas de la plaza, donde se vio cómo los esperaban sus « rematadores », como el propio Señoret, Juan Contardi, Rodolfo Stubenrauch y Alberto Barra.

Luego las « víctimas » fueron llevadas al centro de la plaza y comenzó el remate, donde se vio cómo se produjo esta trasformación de ser indígenas hasta el momento de ser occidentalizados y con pérdida total de su idioma.

El público asistente también fue clave. En palabras de la actriz, « en el fondo ellos completan este hecho, representando a las personas que venía a ver este espectáculo, a dejarles ropas viejas para cubrirlos o rematar directamente ».

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Acontecimiento histórico

La performance apunta a una reflexión sobre el hoy y « de cómo nos sentimos rematados en este presente, de cómo es nuestro actuar con la otredad y cómo reconocemos la identidad de lo distinto. La intervención, nos habla de una negación de una cultura, un territorio, un lenguaje, cómo se suprimió y se quiso trasformar un pueblo occidentalizandolos, quitándoles hasta sus nombres, para que la sociedad de esa época no se sintiera incomoda con su presencia, hasta llegar el punto del exterminio », enfatiza la actriz.

« A la comunidad le impacta saber que hubo esclavitud en la ciudad, más aún con el pueblo selk’nam, donde la mayoría de la población siente empatía por la tragedia ocurrida con ellos. Realizar esta actividad es una novedad, ya que mucha gente se manifestó con el apoyo en asistir al lugar a ver qué es lo que iba ocurrir y también en participar dentro del equipo que realizó la intervención », complementa González Vivar.

Para él, el “remate de indios” es un acontecimiento histórico que expone la tragedia sufrida por el pueblo selk’nam producto del proceso de exterminio y destierro para el desarrollo ganadero en Tierra del Fuego.

« La memoria de nuestros ancianos aún recuerda algunos hechos de abusos en contra de ellos, por ser humildes y apacibles », comenta Quintul. « Es más, se recuerda del hecho de zoológicos humanos, en donde fueron llevados como especies raras o como exhibición de circo, y recordar cómo fueron humillados, maltratados, sacados de sus familias, pueblos, de su cultura, lengua y modismos », expresa.

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Mirtha Salamanca asistió a la performance en representación del pueblo selk’nam. Vino especialmente desde Argentina.

Actividades previas

El origen de la intervención artística tiene larga data. Mayorga inició hace un tiempo una vinculación con el Museo del Recuerdo del Instituto de la Patagonia de la universidad, y comenzó a desarrollar una línea de teatro museográfico. Este año trabajaron en una de las Casas Pioneras para hablar de la esclavitud en Magallanes, basándose en el “Sumario de los Vejámenes inferidos a Indígenas de Tierra del Fuego”, que data de 1895, se encuentra en el Archivo Judicial de Magallanes y relata el remate.

« Ya estábamos trabajando con el tema y cada vez que uno lee más sobre la historia de los pueblos originarios, te das cuenta de que es necesario hablarlo y que un gran porcentaje de la gente que vive en esta región no sabe de las atrocidades que vivieron y sobre todo los de Tierra del Fuego, porque entorpecían a los estancieros que llegaron a esa vivir tierras », dice Mayorga.

Para el Día del Patrimonio reciente, en mayo, se realizó una performance de Teatro Museográfico en el museo. Allí se intervino una casa colonial de 1877, donde se presentó una escena sobre la esclavitud selk’nam en las casas de Punta Arenas como sirvientas y empleados domésticos para los adultos, mientras los menores eran tomados como “chinitos” para los mandados.

« Tras recrear este episodio, en conjunto con el grupo de teatro de la Universidad de Magallanes, decidimos hacer una actividad sobre el remate de 1895, pero esta vez en la Plaza Benjamín Muñoz Gamero (Plaza de Armas), debido a que está en el centro de la ciudad y con una metáfora interesante, al ver, al centro de la plaza, la imponente figura de Fernando de Magallanes por sobre los pueblos originarios », explica González.

Además, como destaca Mayorga, la mayoría de las casas que están construidas alrededor de la plaza pertenecían a los principales exponentes y responsables de los vejámenes, como Sara Braun y José Menéndez.

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Monumento en Plaza de Armas.

Práctica común

El remate de esclavos fue una práctica común en América, incluso bajo la figura de “encomienda”, creada por los españoles para mantener controlada a la población indígena.

En una entrevista del año 2014, el historiador argentino Osvaldo Bayer señala que en Argentina se realizó un “remate de indios” en enero de 1879. En esa ocasión, con avisos en los diarios: “Hoy entrega de indios a toda familia de bien que lo requiera, se le entregará un indio varón como peón, una china como sirvienta y un chinito como mandadero”.

« Aquí en Punta Arenas, cuando se realizó el remate en 1895, el 7, 8 y 9 de agosto, en un galpón en las cercanías del muelle, se publicaron algunas notas en el diario e incluso carteles en la ciudad, invitando a la comunidad a participar del remate », dice González Vivar.

« Por lo que se sabe, es el único remate público del territorio, aunque también hay relatos sobre cómo se raptaba a indígenas para las faenas de trabajo, como los peleteros, buscadores de oro o navegantes que pasaban por los canales australes », detalla.

Él destaca que la población de Punta Arenas repudió la ignominia a la que fueron expuestos los fueguinos, por lo que no se concretó la totalidad del reparto.selknam3

El destino de los rematados

El objetivo principal de la intervención fue dar a conocer este hito histórico poco conocido, « ya que generalmente se habla de que hubo un genocidio y etnocidio », dice.

« Sin embargo, hubo sobrevivientes, supervivientes, a situaciones adversas, pero que lograron mezclarse en la sociedad, aunque desplazados del relato histórico: con una nueva identidad occidental, fueron olvidados y silenciados con el paso del tiempo », explica.

Poco se sabe del destino de los indígenas rematados. « Los menores de edad fueron los primeros rematados, por lo que eran bautizados bajo la religión católica con un nuevo nombre cristiano », cuenta.

« Algunos provenían desde las misiones salesianas, por lo que también venían evangelizados y con otra identidad. En la Región de Magallanes y Antártica chilena no se ha manifestado descendencia directa o indirecta », precisa.

Agrega, sin embargo, que no se puede descartar que en algún momento pudieron ser parte de un matrimonio con una pareja occidental y después formar una familia que continuaba la descendencia cultural milenaria, transmitiendo el lenguaje y el patrimonio cultural ancestral, como ocurre en Río Grande (Tierra del Fuego, Argentina), donde existe una comunidad de familiares descendientes del pueblo selk’nam que esperan continuar compartiendo su cultura.

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Aserradero de la misión San Rafael.

La actividad, en todo caso, no solo apuntó al pasado, sino también al presente, para invitar a la reflexión « sobre cómo estamos viviendo una situación similar pero con actores distintos: ayer fueron vejados los selk’nam, hoy son los migrantes, las minorías sexuales, otros pueblos originarios, las mujeres, personas con diversidad funcional y todas aquellas personas que son consideradas como ‘otros' ».

« De cierta forma es cíclico, y es nuestra misión compartir este pensamiento con nuestra comunidad e invitarles a dialogar con el otro, con lo distinto », concluye.

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http://www.elmostrador.cl/cultura/2018/08/09/intervencion-deja-muda-a-puntas-arenas-con-recreacion-del-remate-de-165-esclavos-selknam/?fbclid=IwAR0cdI0h2BXVp_LOl-xBEDrFsMU0vbvOpgbsSIVszP35-tWUGk-lSJ39PLo

Une chercheuse française réalise d’importants travaux au sujet des peuples natifs (Journal Provincia 23, Rio Grande, 01/08/2018 : « Investigadora francesa realiza un importante trabajo sobre pueblos originarios »

Une chercheuse française développe d’importants travaux sur la grande île de la Terre de Feu, pour tenter d’analyser « l’environnement sonore des peuples nomades du sud du détroit de Magellan, en considérant la ressource sonore comme ressource culturelle ». Elle a parcouru des milliers de kilomètres et enregistré plus de 50 heures de sons pour tenter de mieux comprendre la culture, la mythologie et les expériences des peuples autochtones. Ses travaux ont été sélectionnés parmi tant d’autres par la Sorbonne Université.

 

Lauriane Lemasson est une jeune française, originaire de Bretagne, qui travaille dans la région pour soutenir sa thèse de fin d’études à Sorbonne Université, basée sur une étude multidisciplinaire de l’environnement.

Elle se trouve actuellement à Río Grande, d’où elle effectue des excursions en bateau et à pied, parcourant différentes zones de la grande île de la Terre de Feu, tant chilienne qu’argentine, pour collecter des données, des informations, des sons et des expériences qui l’aident à réaliser son travail, où se combinent des domaines tels que l’ethnographie, l’écologie sonore et la géographie.

« Enregistrez le son des oiseaux, apprenez quand ils apparaissent, découvrez l’écho qui se produit à différents endroits et lisez la forme des nuages » indique Lemasson, en faisant référence aux multiples tâches qu’elle a développées pour avancer dans une étude qui l’aidera à se transporter à l’époque où Shelknam, Yámanas et Alakalufes peuplaient la région, en harmonie avec l’environnement.

«C’est ma thèse de doctorat, car j’ai terminé le master en 2013 avec une expédition dans la partie argentine. J’ai sillonné des lieux pendant trois mois et demi avec un sac à dos, un appareil photo et un enregistreur. J’ai marché pendant 2 mille kilomètres, enregistrant des sons, parcourant le territoire occupé par les Shelknam ; essayer de faire partie de l’environnement et de comprendre un peu leur environnement, ses sons, la météorologie ; lire les marques qui apparaissent et collecter des informations », explique la chercheuse française à propos de l’étude qu’elle mène et qui a traversé différentes étapes depuis 2013.

Elle dispose de 50 heures d’enregistrements de sons différents et a pu relier « les chants qu’Anne Chapman a enregistrés de Lola Kiepja » avec les sons collectés. Les audios l’ont également aidée à comprendre « la présence des sons dans la mythologie, car il existe de nombreux mythes qui décrivent ces bruits, ces chants et toute la question sonore ».

« Il me semble que le son a un effet plus sensible, il y a une vibration, une résonance et c’est une manière de comprendre et de ressentir le territoire. Ce sont comme des signatures sonores, cela fait partie de l’identité du territoire. Les résonances, l’écho, le silence total ; C’est ce que je suis allée chercher parmi les mousses et les tourbes», raconte Lauriane Lemasson.

Le type de travail qu’elle effectue a une histoire en milieu urbain, mais pas dans cette région choisie par la professionnelle française. Elle dit qu’elle a choisi la pointe sud de la Patagonie en raison des références qu’elle avait sur la région lorsqu’elle était étudiante, et qu’elle envisageait de relever ce défi après un grave accident de voiture qui l’a amenée à ressentir le besoin de réaliser ce rêve.

Le projet de recherche qu’elle mène a été sélectionné parmi tant d’autres par Sorbonne Université, pour être mis en œuvre sur trois ans. Au cours de son voyage, elle a marqué plus de 3 mille points différents du territoire, découvrant des lieux et des sons.

« Il s’agit de comprendre une culture, et pas seulement dans sa dimension archéologique », a-t-elle fait remarquer. Elle se donne désormais pour tâche de rassembler tout le matériel de sa thèse, puis s’engage à publier l’ouvrage pour qu’il soit connu. Les personnes intéressées peuvent accéder au projet et contacter Lauriane Lamasson sur la page www.karukinka.eu

http://red23noticias.com/investigadora-francesa-realiza-importante-trabajo-sobre-pueblos-originarios/