par Karukinka | Déc 18, 2024 | Patagonie , Actualités locales , Actualités politiques , Environnement , Mapuches , Peuples et communautés
Il y a quelques semaines, une reconnaissance historique a eu lieu au Chili, comme la co-gouvernance entre les communautĂ©s autochtones, en l’occurrence les Mapuches, et les agences d’État pour gĂ©rer conjointement un secteur du parc national Villarrica.
Source : https://argentina.indymedia.org/2024/12/18/mientras-en-argentina-se-pierden-derechos-indigenas-en-chile-se-otorga-co-gobernanza-mapuche-en-un-parque-nacional/ traduit de l’espagnol par l’association Karukinka
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 7
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En effet, un accord a Ă©tĂ© signĂ© entre ce parc et l’Association des CommunautĂ©s Mapuche Winkulmapu de Kurarrewe, la CONAF, qui est la SociĂ©tĂ© Nationale des ForĂŞts, et le Ministère des Biens Nationaux par lequel un Conseil conjoint de Gouvernance et de Gestion a Ă©tĂ© crĂ©Ă© avec les communautĂ©s autochtones du Pusco LanĂn. secteur dudit Parc National.
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 8
Ceci est similaire au système de cogestion qui existe entre la ConfĂ©dĂ©ration mapuche de NeuquĂ©n et les parcs nationaux du parc national LanĂn.
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 9
De cette manière, les communautés Mapuche participeront efficacement à la prise de décision concernant la gestion de ce secteur du parc.
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 10
Il convient de noter que cet accord, comme toujours, est le rĂ©sultat d’un processus qui, dans ce cas, a commencĂ© en 2017, lorsque les communautĂ©s mapuches ont dĂ©cidĂ© d’entrer dans le parc pour revendiquer leurs droits territoriaux, car auparavant la restriction d’accès affectait les pratiques traditionnelles et les usages du territoire, comme la rĂ©colte des pignons de pin.
Le parc national Villarrica a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1940 et est actuellement l’un des plus emblĂ©matiques en raison de sa biodiversitĂ©, de ses paysages volcaniques et de son importance dans la culture mapuche.
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 11
Pour mieux expliquer tout ce processus, nous allons Ă©couter le tĂ©moignage du frère SimĂłn CrisĂłstomo Loncopan, Inal Lonko du Lof Txankura et prĂ©sident de l’Association Mapuche Winkulmapu de Kurarewe, du Chili,
Alors qu'en Argentine les droits des peuples autochtones se perdent, au Chili, la co-gouvernance mapuche est accordĂ©e dans un parc national (18/12/2024 par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ, "Mientras en Argentina se pierden derechos indĂgenas, en Chile se otorga co-gobernanza Mapuche en un parque nacional") 12
Photographies de Nicolas Amar
par Karukinka | Déc 14, 2024 | Actualités politiques , Actualités locales , Mapuches , Patagonie , Peuples et communautés
Comme cela menaçait, a finalement Ă©tĂ© abrogĂ©e – par le dĂ©cret 1083 – cette loi adoptĂ©e fin 2006 et qui avait Ă©tĂ© prolongĂ©e Ă plusieurs reprises. Bien qu’elle ait Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme « d’urgence », sa prolongation a Ă©tĂ© de plus de 15 ans.
Source : https://argentina.indymedia.org/2024/12/14/otro-artero-ataque-a-los-pueblos-indigenas-se-derogo-la-ley-26160/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 19
Télécharger le témoignage audio (en espagnol)
Et maintenant, avant mĂŞme d’assumer ce gouvernement, nous nous souvenons des dĂ©clarations de la vice-prĂ©sidente Villarruel dans lesquelles elle disait que cette loi ne devrait plus exister.
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 20
Donc entre cela et les rumeurs que nous entendions, cette mesure n’a pas retenu notre attention, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne nous indigne pas et ne corrobore pas la haine et le racisme en vigueur contre les communautĂ©s par ceux qui dirigent les destinĂ©es de notre pays. Il s’agit, comme le disent de nombreux frères, d’une campagne de gĂ©nocide et d’extermination des peuples indigènes.
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 21
Et bien sûr, grâce à cette mesure, les juges ou les procureurs, en complicité avec le pouvoir en place, avec des propriétaires fonciers ayant obtenu des titres au moins arbitrairement ou avec de puissantes sociétés extractives, peuvent avancer sur les territoires indigènes.
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 22
Mais bon, cela nous oblige Ă nous rapprocher, Ă mieux nous organiser, Ă nous articuler avec diffĂ©rentes forces pour faire face Ă la dure rĂ©alitĂ© qui s’annonce. C’est pourquoi, Ă cette occasion, il nous a semblĂ© très positif de diffuser les paroles de Jorge Nahuel, rĂ©fĂ©rence historique de la ConfĂ©dĂ©ration Mapuche de NeuquĂ©n, dans une interview avec lui par le Frère Oscar Moreno, que nous remercions de nous avoir fourni ce matĂ©riel très intĂ©ressant.
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 23
Une autre attaque sournoise contre les peuples autochtones, la loi 26160 a Ă©tĂ© abrogĂ©e (14/12/2024, par Kay Pacha / Equipe Pueblos Originarios du SERPAJ "Otro artero ataque a los Pueblos IndĂgenas, se derogĂł la ley 26160") 24
par Karukinka | Déc 6, 2024 | Actualités politiques , Environnement , Mapuches , Patagonie , Peuples et communautés
Marche du Contrafestejo, 12 octobre 2024. Photo : Nicolás Parodi / Page 12
Le gouvernement entend Ă©liminer l’urgence territoriale autochtone qui suspend les expulsions et promeut des projets de consultation des communautĂ©s autochtones et de droit de la propriĂ©tĂ© qui exigent que les communautĂ©s aient un statut juridique pour reconnaĂ®tre leurs droits. Dans le mĂŞme temps, il abroge le registre qui fournit lesdites entitĂ©s juridiques et sanctionne le rĂ©gime d’incitation aux grands investissements visant Ă promouvoir l’extractivisme dans les territoires autochtones. La triade est implacable : capital financier, (dĂ©)rĂ©gulation territoriale et suspension du statut juridique comme verrou. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le fond, mais les formes : la rapiditĂ© de la cruautĂ©. Par Alexia Campos* |  DĂ©bats IndĂgènes.
Source : https://www.anred.org/un-desprecio-sin-descanso-la-ofensiva-de-milei-contra-los-derechos-indigenas/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka
« Il n’y a pas de rĂ©pit, vieux » « Chaque jour, une nouvelle mauvaise dĂ©cision », lit-on dans les groupes WhatsApp qui rassemblent militants indigènes et indigĂ©nistes. Le gouvernement a abrogĂ© la rĂ©solution 4811/96 qui rĂ©glementait le Registre national des communautĂ©s autochtones, un instrument administratif destinĂ© Ă enregistrer le statut juridique des communautĂ©s. Cet enregistrement est un droit et non une obligation, vu et compte tenu du caractère prĂ©existant des peuples autochtones reconnu par la Constitution nationale. La rĂ©solution suspend Ă©galement toutes les demandes en attente des communautĂ©s et « invite » les juridictions provinciales Ă cĂ©lĂ©brer les accords visant Ă unifier les critères d’inscription. De cette manière, l’ExĂ©cutif National n’enregistrera plus les communautĂ©s, se dĂ©tachant ainsi de ses obligations lĂ©gales.
Quelques jours plus tard, on divulgue un projet de dĂ©cret signĂ© par le chef de l’UnitĂ© du Cabinet Consultatif du Ministère de la SĂ©curitĂ©, qui propose d’abroger l’Ă©tat d’urgence concernant la possession et la propriĂ©tĂ© des terres traditionnellement occupĂ©es par les communautĂ©s indigènes du pays. Cette mesure affecte la loi 26.160, votĂ©e en 2006, qui suspend l’exĂ©cution des ordonnances, des actes procĂ©duraux ou administratifs, dont le but est l’expulsion ou la vacance des terres indigènes. La loi avait Ă©tĂ© prolongĂ©e par dĂ©cret Ă trois reprises et Ă nouveau en 2021 par Alberto Fernández, compte tenu de l’effondrement imminent de la loi faute d’accord au Parlement. Ce dĂ©cret est valable jusqu’en novembre 2025, mais le gouvernement Milei a dĂ©jĂ Ă©crit sa chute bureaucratique imminente.
La loi d’urgence 26 160 est un outil clĂ© permettant aux peuples indigènes d’empĂŞcher qu’ils soient expulsĂ©s de leurs terres. Photo de : Silvana Colombo
La défense du sacré
Deux jours seulement après la fin du procès, ils ont communiquĂ© les motifs de la condamnation des membres de la communautĂ© Lof Lafken Winkul Mapu. Ce sont les Ă©vĂ©nements survenus en novembre 2017 autour de la rĂ©cupĂ©ration territoriale rĂ©alisĂ©e par la communautĂ© des terres relevant du domaine des Parcs Nationaux. Ils sont condamnĂ©s Ă deux ans de prison pour le dĂ©lit d’« usurpation par dĂ©possession », considĂ©rant que la communautĂ© a empĂŞchĂ© l’accès Ă la propriĂ©tĂ© par les forces de sĂ©curitĂ© et les Parcs Nationaux. Nous sommes confrontĂ©s aux mĂŞmes Ă©vĂ©nements oĂą la PrĂ©fecture a assassinĂ© d’une balle dans le dos le jeune militant mapuche Rafael Nahuel. Il avait 22 ans. Mais il y a toujours une raison plus profonde. Â
Après un processus de renforcement spirituel et de levĂ©e du rewe (site cĂ©rĂ©monial et sacrĂ© du peuple Mapuche), les membres de la communautĂ© Lafken Winkul ont pris la dĂ©cision de rĂ©cupĂ©rer leur territoire pour une problĂ©matique qui nous prĂ©cède tous, mĂŞme eux : l’une des les membres ont Ă©tĂ© choisis par les ancĂŞtres pour servir d’autoritĂ© spirituelle.
La communauté Winkul a entamé le processus de récupération des terres du domaine des Parcs Nationaux car le rewe, leur site cérémoniel, devait y être implanté. Il s’agit de terres contestées par les gouvernements, les évêchés, les hommes d’affaires locaux et les intérêts immobiliers.
« Je n’ai pas choisi ce rĂ´le, mais un autre machi m’a dĂ©couvert avant ma naissance. Dès le ventre de ma mère, j’ai eu ce rĂ´le dĂ©signĂ©. Quand le moment est arrivĂ©, j’ai commencĂ© Ă me prĂ©parer pour mon rĂ´le ; C’est un esprit machi que je ne peux pas nier ou ignorer. Le lien avec le lieu existait bien avant le dĂ©but du dossier», raconte Betiana Colhuan dans la caserne militaire transformĂ©e en salle d’audience.
Le machi est l’une des autoritĂ©s politiques et spirituelles du peuple mapuche. Son rĂ´le est d’assurer la santĂ© physique et spirituelle de la communautĂ© et de ses membres, ainsi que le soin du territoire qui nĂ©cessite le lien avec les ĂŞtres non humains qui le protègent. La communautĂ© Winkul a entamĂ© le processus de rĂ©cupĂ©ration territoriale des terres du domaine des Parcs Nationaux car le rewe, leur site cĂ©rĂ©moniel, devait y ĂŞtre implantĂ©. Il s’agit de terres disputĂ©es par diffĂ©rents acteurs : gouvernements, Ă©vĂŞchĂ©s, hommes d’affaires locaux et intĂ©rĂŞts immobiliers. Ce sont les nouveautĂ©s et les forces qui ont marquĂ© les lieux.
La machi Betiana Colhuan avec d’autres rĂ©fĂ©rentes mapuches de la communautĂ© Lafken Winkul assignĂ©es Ă rĂ©sidence au Centre Mapuche de Bariloche en octobre 2022. Photo : Eugenia Neme / lavaca
Des projets de loi qui violent les droits
Deux projets de loi sur la propriĂ©tĂ© des communautĂ©s indigènes (PCI) sont en cours de promotion au Congrès national. D’une part, le projet 2390-D-2024 a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par la dĂ©putĂ©e Roxana MonzĂłn, du parti UniĂłn por la Patria ; D’autre part, le projet 0331-D-2024 a Ă©tĂ© promu par le reprĂ©sentant Gerardo Milman du parti Proposition RĂ©publicaine. Bien que les deux partis politiques aient une idĂ©ologie, une histoire et une tradition opposĂ©es, ils s’accordent sur l’apparente urgence de rĂ©glementer l’accès aux terres des peuples autochtones.
Le projet MonzĂłn rĂ©gule des droits dĂ©jĂ inclus dans le système juridique actuel et n’avance pas dans l’apport de solutions et de sĂ©curitĂ© juridique aux problèmes historiques subis par les peuples et communautĂ©s autochtones : pression immobilière, pillage des ressources naturelles, dĂ©possessions et expulsions arbitraires. Elle ne reconnaĂ®t pas non plus le territoire dans son aspect large puisqu’elle ne le couvre pas dans toutes ses dimensions et caractĂ©ristiques (espace aĂ©rien, sous-sol et gestion des ressources naturelles). En outre, il limite la reconnaissance des biens communautaires indigènes au processus d’enregistrement de la personnalitĂ© juridique de la communautĂ© lorsque le cadre juridique Ă©tablit que la personnalitĂ© est dĂ©clarative et non constitutive. Le projet ne dit rien non plus sur les modalitĂ©s d’acquisition du PCI et reste muet sur les sites sacrĂ©s et de cultes.
Bien qu’il dĂ©finisse et aborde le territoire sur la base de normes internationales, le projet de Milman contient des articles problĂ©matiques concernant l’accès des personnes Ă la terre. L’article 15 donne au pouvoir exĂ©cutif le pouvoir de demander l’expulsion judiciaire des communautĂ©s en cas de dissolution ou d’annulation du statut juridique. De son cĂ´tĂ©, l’article 14 dispose : « Le membre d’une communautĂ© attributaire d’un terrain qui l’abandonne ne peut revendiquer aucun droit sur les biens communautaires. » Ce qui prĂ©cède ne rĂ©pond pas aux situations de fait qui se produisent dans les territoires autochtones face Ă l’avancĂ©e de la frontière productive, Ă l’installation de grands projets extractifs et aux situations de pauvretĂ© et de violence qui permettent des migrations forcĂ©es. De plus, cela contredit les normes internationales qui dĂ©terminent que les droits territoriaux ne prescrivent pas, tant que subsiste le lien spirituel avec la terre (arrĂŞt de la Cour interamĂ©ricaine des droits de l’homme Yakye Axa vs. Paraguay).
Les communautés indigènes du Salar del Hombre Muerto résistent judiciairement à l’avancée de l’exploitation minière du lithium sur leur territoire ancestral. Photo : Susi Maresca / Vice
Un verrou sur la reconnaissance et l’exercice des droits
Le 28 octobre 2024, le gouvernement de la province de RĂo Negro a prĂ©sentĂ© un projet qui est rapidement devenu loi : « ProcĂ©dure de convocation pour rĂ©aliser la consultation prĂ©alable, libre et informĂ©e des communautĂ©s indigènes qui se trouvent dans la zone d’influence et qui ont un statut juridique reconnu par l’autoritĂ© provinciale. Nous sommes confrontĂ©s Ă un protocole de consultation (sans consultation) qui fixe un dĂ©lai de 40 jours, en contradiction avec les normes internationales actuelles qui exigent que les processus soient culturellement appropriĂ©s et respectent les Ă©poques, les institutions et les formes de gouvernement.
Par ailleurs, le travail du coordinateur du Parlement Mapuche-Tehuelche de RĂo Negro, Orlando Carriqueo, explique que seulement 40% des communautĂ©s qui habitent la province ont un statut lĂ©gal. Ce qui prĂ©cède n’est pas un fait mineur lorsqu’on analyse les projets lĂ©gislatifs du PCI et de la consultation, qui nĂ©cessitent un statut juridique pour reconnaĂ®tre les droits collectifs des peuples et des communautĂ©s. En abrogeant le registre d’enregistrement, le gouvernement construit un verrou institutionnel concernant la reconnaissance et l’exercice des droits. Rien de plus anticonstitutionnel et loin des standards internationaux.
« Ce projet a mal abouti car c’est une dĂ©cision unilatĂ©rale sans dialogue interculturel. Le projet a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par le gouverneur avec certaines sociĂ©tĂ©s minières pour promouvoir l’industrie extractive et restreindre les droits des communautĂ©s », explique le werken.
Selon le protocole, les dĂ©cisions du processus de consultation ne seront pas contraignantes et seront basĂ©es sur l’Affidavit de bonnes pratiques qui doit ĂŞtre prĂ©sentĂ© par le propriĂ©taire du projet. Ainsi, tout le processus de consultation reposera sur ladite dĂ©claration, qui devra contenir le minimum d’informations et de documentation. « Ce projet a mal abouti car c’est une dĂ©cision unilatĂ©rale sans dialogue interculturel. Le projet a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par le gouverneur avec certaines sociĂ©tĂ©s minières pour promouvoir l’industrie extractive et restreindre les droits communautaires et collectifs. Nous avons fait deux prĂ©sentations en dĂ©clarant que c’est clairement inconstitutionnel», expliquent les travailleurs du Parlement Mapuche-Tehuelche.
Les projets de loi PCI, le protocole de consultation et l’abrogation de l’urgence territoriale indigène qui suspend les expulsions, sont Ă©laborĂ©s dans un contexte oĂą le gouvernement a rĂ©ussi Ă transformer en loi le rĂ©gime d’incitation aux grands investissements (RIGI). Ce sont de formidables avantages fiscaux pour les entreprises afin de stimuler les investissements dans le pays. Il garantit la stabilitĂ© monĂ©taire, financière et douanière pendant 30 ans, ainsi que l’absence d’obligation de liquider sur le marchĂ© les bĂ©nĂ©fices obtenus après quatre ans. Les spĂ©cialistes mettent en garde contre l’élimination de la matrice productive industrielle comme effet Ă moyen terme, transformant l’Argentine en un simple exportateur de matières premières, qui se trouvent pour la plupart dans des territoires indigènes.
Le Werken de la Coordination du Parlement Mapuche-Tehuelche de RĂo Negro Orlando Carriqueo explique que seulement 40% des communautĂ©s qui habitent la province ont un statut lĂ©gal. Photo de : Al Margen
Face Ă l’offensive : organisation, audace et temps
Le 11 novembre, l’Argentine a Ă©tĂ© le seul pays de l’ONU Ă voter contre une rĂ©solution sur les droits des peuples indigènes. Sur la base des principes du Programme 2030, plusieurs pays ont promu une rĂ©solution qui reconnaĂ®t la nĂ©cessitĂ© impĂ©rative pour les peuples autochtones de participer aux programmes de dĂ©veloppement, de paix, de sĂ©curitĂ© et de justice. Le document met l’accent sur le renforcement de la protection et de la promotion des droits humains des personnes, ainsi que sur l’obligation des entreprises de les respecter, sur la base du principe de responsabilitĂ© sociale et environnementale. InterrogĂ© sur le vote nĂ©gatif, Milei a dĂ©clarĂ© que son gouvernement s’opposait Ă toute action allant Ă l’encontre de la libertĂ© et de la souverainetĂ© nationale.
En rĂ©ponse, le mouvement indigène organisĂ© a publiĂ© une dĂ©claration intitulĂ©e « Un vote contre cela n’efface pas notre prĂ©existence ni nos droits », dans laquelle ils dĂ©noncent une politique d’État d’« effacement et d’anĂ©antissement » des peuples indigènes d’Argentine. Ils soulignent que le vote contre ne dispense pas le pays de respecter et de se conformer Ă chacun des engagements internationaux ratifiĂ©s qui gĂ©nèrent une obligation internationale.
La matrice de l’État argentin a toujours été génocidaire, colonialiste, raciste et capitaliste. La nouveauté réside plutôt dans l’avancée du mépris sans répit et sur tous les fronts possibles, obstruant et affaiblissant l’espace de réaction.
Les violations des droits dĂ©crites dans cette chronique se sont produites entre septembre et novembre 2024. En Argentine, nous vivons aujourd’hui dans un Ă©tat d’alerte permanent, oĂą des incendies incontrĂ´lĂ©s se produisent chaque jour. L’urgence devient une structure structurante. L’immĂ©diat façonne les processus organisationnels et la vie personnelle, gĂ©nĂ©rant un climat de vertige, de frustration, de dĂ©sespoir et de confusion permanente. Une certaine manière de se rapporter au prĂ©sent, et donc au passĂ© et au futur, s’impose d’en haut. Le projet Ă©conomique du Gouvernement a pour objectif idĂ©ologique et politique de neutraliser la rĂ©sistance en brisant le cadre Ă©pistĂ©mique d’une vision gĂ©nĂ©alogique et processuelle de l’histoire, et toute possibilitĂ© d’imaginer et de construire un horizon Ă©mancipateur.
Ce qui est nouveau, ce n’est pas la politique de pillage et d’accumulation par la dépossession accumulée auprès de l’appareil institutionnel du pouvoir. La matrice de l’État argentin a toujours été génocidaire, colonialiste, raciste et capitaliste. La nouveauté réside plutôt dans l’avancée du mépris sans répit et sur tous les fronts possibles, obstruant et affaiblissant l’espace de réaction. Une stratégie de guerre typique de la légalité. À ce jour, la communauté Winkul continue de résister au territoire récupéré. Il n’y a pas de temps pour l’urgence. Le passé, le présent et le futur se produisent simultanément. Demain, nous nous attendons à un nouvel incendie. Il y a des éclairs qui éclairent le chemin.
Alexia Campos est avocate et titulaire d’une MaĂ®trise en Anthropologie Sociale (CIESAS). De plus, elle est activiste et dĂ©fenseuse des droits humains. Mail: alexiacamposbasualdo@gmail.com
par Karukinka | Nov 22, 2024 | Patagonie , Actualités locales , Actualités politiques , Mapuches , Pampa , Peuples et communautés , Ranquel , Tehuelche
Le juge fĂ©dĂ©ral Rafecas estime que le procès pour la vĂ©ritĂ© initiĂ© par Lamngen Ivana Huenelaf contre la politique d’extermination impliquĂ©e par la campagne « ConquĂŞte du dĂ©sert » doit ĂŞtre traitĂ© devant la Justice FĂ©dĂ©rale de NeuquĂ©n.
Source : https://ctaa.org.ar/se-avanza-en-el-juicio-al-genocidio-conquista-del-desierto/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka
La plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e par Ivana Noemi Huenelaf, une femme indigène Mapuche Tehuelche, de son propre chef et conjointement avec son avocat parrain, l’avocat Fernando Cabaleiro. Dans sa prĂ©sentation, elle demande qu’un procès pour la vĂ©ritĂ© soit initiĂ© pour enquĂŞter sur la commission d’Ă©vĂ©nements qui entreraient dans le cadre lĂ©gal du « gĂ©nocide », commis par l’État argentin au cours des annĂ©es 1878 et 1890, durant ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© la politique d’État « ConquĂŞte du DĂ©sert », dĂ©finissant ledit processus comme un objectif systĂ©matique, planifiĂ© et prĂ©mĂ©ditĂ© d’extermination de tous les membres des peuples indigènes Mapuche, Tehuelche, Pampa et Ranquel qui habitaient les territoires de la rĂ©gion bio patagonienne-pampĂ©enne.
Il y est indiquĂ© que ce plan « comprenait des fusillades, des disparitions et des abandons de populations indigènes, la coercition illĂ©gale, la torture, des actes cruels et inhumains visant Ă causer la mort ou des atteintes graves Ă l’intĂ©gritĂ© physique et mentale, le recrutement de femmes, de personnes âgĂ©es, de garçons, de filles et d’adolescents avec transferts et dĂ©placements forcĂ©s vers des camps de concentration, discipline, dĂ©personnalisation et annulation de la langue, de la culture et des croyances, vol de leur identitĂ© ancestrale, dĂ©sintĂ©gration et sĂ©paration des communautĂ©s pour Ă©viter les naissances au sein des familles indigènes, appropriation des mineurs puis soumission Ă la servitude, traite des ĂŞtres humains, voire esclavage.
Elle affirme Ă©galement que « Bien que les auteurs intellectuels et matĂ©riels de tous les crimes commis dans le cadre de la campagne de « ConquĂŞte du dĂ©sert » soient morts, l’État argentin est responsable des consĂ©quences nĂ©fastes, atroces, perverses et sanguinaires qu’il a reprĂ©sentĂ©es et reprĂ©sente dans la mĂ©moire vivante de chaque membre des peuples Mapuche, Tehuelche, Ranquel et Pampa, une situation qui s’aggrave inĂ©vitablement car il n’y a pas eu de justice ni mĂŞme de reconnaissance explicite par l’État argentin du gĂ©nocide. Cette campagne a signifiĂ©, avec la politique nĂ©gationniste constante des droits des peuples indigènes Ă la vĂ©ritĂ© et Ă la rĂ©paration historique, Ă leur propre identitĂ©, Ă la rĂ©cupĂ©ration de leurs territoires ancestraux et au dĂ©veloppement de la personnalitĂ© et de la vision du monde indigènes, des droits de l’homme dont la violation persiste malgrĂ© le texte constitutionnel.
En ce sens, elle demande qu’un jugement dĂ©claratoire soit rendu en rĂ©fĂ©rence Ă l’ensemble du processus appelĂ© «ConquĂŞte du DĂ©sert» comme gĂ©nocide et que la juridiction soit ordonnĂ©e par les mesures ordonnatoires et les actes rĂ©parateurs qui correspondent Ă la loi.
Ensuite, elle met en lumière divers travaux de recherche qui documentent le gĂ©nocide que reprĂ©sente la « conquĂŞte du dĂ©sert », impliquant des recherches et des thèses de doctorat rĂ©alisĂ©es par des historiens, des anthropologues, des sociologues, des politologues, qui abordent la question indigène dans notre pays, « qui ont fait il est possible d’analyser, de rĂ©viser et de systĂ©matiser les donnĂ©es et les documents qui se rĂ©fèrent audit sujet, permettant ainsi de reconstruire et de rĂ©vĂ©ler fidèlement et objectivement des faits qui font partie des processus historiques qui ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s, rĂ©duits au silence, non racontĂ©s devant la suprĂ©matie des rĂ©cits officiels Ă©manant des institutions Ă©tatiques elles-mĂŞmes, dans le but inacceptable de prĂ©senter la conquĂŞte du dĂ©sert comme un projet civilisationnel (y compris dans les contenus curriculaires des niveaux moyen et universitaire du système Ă©ducatif public) ), et qu’Ă la lumière de la pleine validitĂ© des droits de l’homme, la Constitution nationale de l’Argentine elle-mĂŞme, en vigueur depuis 1853, a une entitĂ© gĂ©nocidaire claire et incontestable.
Ensuite, comme toile de fond, elle se rĂ©fère au massacre de NapalpĂ, qui, dans le procès pour la vĂ©ritĂ©, a dĂ©clarĂ© la responsabilitĂ© de l’État national argentin « dans le processus de planification, d’exĂ©cution et de dissimulation dans la commission du crime d’homicide aggravĂ© de cruautĂ© » « avec pulsions de perversitĂ© brutale » (art. 80, inc. 2 du C.P-selon la rĂ©daction de 1921-) dans la rĂ©itĂ©ration de faits qui se concurrencent et la rĂ©duction Ă la servitude (art. 140 CP) en rĂ©itĂ©ration d’Ă©vĂ©nements qui se font concurrence, tous deux en compĂ©tition rĂ©elle (art. 55 du CP.) -, par lesquels entre 400 et 500 personnes des peuples Moqovit et Qom ont Ă©tĂ© assassinĂ©es lors de la concentration d’Indiens NapalpĂ situĂ©s sur le territoire national du Chaco.
Concernant la compĂ©tence territoriale, elle souligne que « bien que nous soyons confrontĂ©s Ă la prĂ©sence de plusieurs Ă©vĂ©nements atroces survenus dans plusieurs juridictions (dont la Ville autonome de Buenos Aires), nous considĂ©rons qu’ils font partie d’un plan gĂ©nocidaire systĂ©matique, formant un plexus d’action qui a pour origine les actes de l’État Ă©manant du Pouvoir ExĂ©cutif National, c’est-Ă -dire les instructions donnĂ©es par le PrĂ©sident de la Nation Nicolás Avellaneda lui-mĂŞme et par le Ministre de la Guerre de la Nation Julio Argentino Roca avec siège Ă la ville de Buenos Aires pour l’exĂ©cution des expĂ©ditions qui faisaient partie de la ConquĂŞte du DĂ©sert”, en sollicitant l’unification de l’enquĂŞte des faits devant cette juridiction.
« L’Ă©vĂ©nement signalĂ© a atteint un point oĂą il n’y a aucun Ă©lĂ©ment dans cette juridiction qui justifie la poursuite de l’enquĂŞte dans la ville autonome de Buenos Aires, Ă©tant entendu que c’est la Justice fĂ©dĂ©rale de la province de NeuquĂ©n qui doit se concentrer sur l’Ă©tude de cette affaire. Je considère que toute preuve qui pourrait ĂŞtre dĂ©veloppĂ©e dans ces archives (telles que les archives appartenant Ă la province oĂą auraient eu lieu les Ă©vĂ©nements, la vĂ©rification des antĂ©cĂ©dents des archives des peuples indigènes Ă travers un système de recensement effectuĂ© avant ladite province, les actes de naissance (et certificats qui prouvent ces liens, entre autres) auront leur Ă©picentre dans la province de NeuquĂ©n », a dĂ©clarĂ© le juge Rafecas.
par Karukinka | Juin 6, 2024 | Actualités politiques , Mapuches , Médias , Patagonie , Peuples et communautés
À l’occasion du Green Shift Festival, qui se tient du 5 au 7 juin à Monaco, Jorge Quilaqueo, chamane Mapuche, a échangé avec Sabah Rahmani, journaliste anthropologue, et Hélène Collongues, anthropologue spécialiste du peuple Jivaro.
Le 06/06/2024 par Florence Santrot
Sur la scène du Green Shift Festival, de gauche à droite, Jorge Quilaqueo, Sabah Rahmani, Hélène Collongues et Sébastien Uscher (mdérateur). Crédit : Philippe Fitte / FPA2
Jorge Quilaqueo est chamane Mapuche. Ce peuple autochtone du Chili et d’Argentine occupait, jusqu’à l’arrivée des Espagnols, une grande partie du territoire de part et d’autre de la cordillère des Andes, de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique. Jorge Quilaqueo défend les droits de son peuple qui a été spolié d’une grande partie de ses terres et a été décimé au fil des siècles – il resterait moins d’un million de Mapuches aujourd’hui. Il œuvre aussi pour inciter les peuples, tous les peuples, à se reconnecter au vivant.
De passage en Europe, il a ouvert, mercredi 5 juin, le Green Shift Festival 2024  de Monaco par une cérémonie de l’eau. Cet événement, dédié aux nouveaux imaginaires d’un monde plus durable, est l’occasion d’aborder « l’écologie du sensible plus que du rationnel » , comme l’a expliqué Olivier Wenden, vice-président de la Fondation Prince Albert II de Monaco , qui organise le festival et dont WE DEMAIN est partenaire.
la suite sur leur site : https://www.wedemain.fr/respirer/peuples-racines-5-a-6-de-lhumanite-preserve-80-de-la-biodiversite-de-la-planete/
par Karukinka | Déc 9, 2021 | Actualités artistiques , Mapuches , Patagonie , Peuples et communautés
L’invitĂ©e: Marì Alessandrini, « Zahorì » / Vertigo / 13 min. / le 1 dĂ©cembre 2021
« Zahori », tournĂ© dans la steppe, raconte l’amitiĂ© inattendue entre une jeune fille de 13 ans originaire du Tessin et un vieil indien Mapuche. C’est le premier film de Mari Alessandrini, une Argentine qui a fait son Ă©cole de cinĂ©ma Ă Genève. A voir sur les Ă©crans romands.
« C’est, je crois, le premier film tournĂ© par une Patagonienne », dit Ă la RTS Mari Alessandrini, nĂ©e et Ă©levĂ©e en Argentine. Mais c’est Ă Genève qu’elle vit aujourd’hui. Genève oĂą, sur recommandation d’une amie, elle a fait ses Ă©tudes Ă la HEAD (Haute Ă©cole d’art et de design), après avoir fait de la photo et du cirque contemporain. « A la suite d’un accident d’acrobatie Ă 25 ans, j’ai su que je ne pouvais plus faire d’activitĂ©s physiques intenses. Le cinĂ©ma s’est prĂ©sentĂ© comme l’aboutissement de tous les arts que j’avais pratiquĂ©s », poursuit-elle.
Pour son premier film, en compĂ©tition cet Ă©tĂ© au Festival de Locarno, elle n’a pas choisi la facilitĂ©. Elle a tournĂ© dans la steppe sauvage, qui recouvre 80% de la Patagonie, loin de tout, et a travaillĂ© avec ce qu’il y a de plus difficile au cinĂ©ma: des animaux, des enfants et des acteurs amateurs.
RĂ©cit initiatique
« Zahori » raconte l’histoire de Mora (13 ans) qui veut devenir « gaucho ». Elle se rebelle contre l’Ă©cole et s’affirme auprès de ses parents, des Ă©cologistes suisses italiens et vĂ©gĂ©tariens, dont le rĂŞve d’autonomie s’est transformĂ© en cauchemar. Car dans ce coin du monde, la terre refuse d’ĂŞtre cultivĂ©e.
Mora a pour amis un vieil Indien et son cheval blanc, baptisĂ© « Zahori ». Une nuit de tempĂŞte, l’animal s’enfuit. Mora se met en tĂŞte de le retrouver. En le cherchant, la jeune fille entame sa quĂŞte vers l’Ă©mancipation et passera de l’enfance Ă l’adolescence.
NĂ©e en Argentine mais de père italien, Mari Alessandrini a-t-elle fait un film autobiographique? « Un peu oui, mais c’est surtout de la fiction, de la poĂ©sie, mes rĂŞves et les conflits contemporains qui animent cette rĂ©gion du monde ». Parmi ces conflits, la rĂ©alisatrice cite la grande solitude de ses habitants, les internats sous domination militaire ou religieuse, la rudesse d’une terre oĂą il est plus facile de chasser que de labourer ainsi que les diffĂ©rentes cultures entre les peuples d’origine et ceux de l’immigration, la plupart europĂ©ens ou nord-amĂ©ricains, qui rĂŞvent d’un ultime Eldorado.
L’humour Ă travers deux missionnaires burlesques
La question religieuse est aussi présente, notamment à travers les figures burlesques de deux missionnaires roux, sortes de Laurel et Hardy mormons, portant la bonne parole dans la pampa.
Il y a beaucoup de télévangélistes, de mormons et de témoins de Jehovah; ils sont très insistants et ont remplacé les missionnaires catholiques.Mari Alessandrini, réalisatrice de « Zahori »
« Zahori » est un film plutĂ´t contemplatif, qui met en valeur une nature Ă la fois sublime et d’une extrĂŞme violence qui peut permettre la rĂ©alisation de ses idĂ©aux ou les briser, Ă l’image de ceux des parents de Mora qui s’y accrochent malgrĂ© tout, au dĂ©triment de leur bonheur et de celui de leurs enfants: « Je voulais montrer la puissance des lieux qui obligent Ă changer de philosophie ou Ă s’adapter ».
Propos recueillis par Anne-Laure Gannac
Adaptation web: mcm
Source : https://www.rts.ch/info/culture/cinema/12698367-zahori-passage-a-ladolescence-dans-la-steppe-patagonienne.html