La communauté Kawésqar Nómades del Mar participe à un atelier de plongée « pour la mémoire historique du territoire » (Journal UChile, 04/05/2025 « Comunidad Kawésqar Nómades del Mar participa de taller de buceo “por la memoria histórica del territorio”)

Dans une interview accordée à Radio et Diario Universidad de Chile, Leticia Caro partage les expériences qui ont marqué une nouvelle édition de cette initiative réalisée dans la région de Magallanes. « Expérimenter comme le faisaient nos anciens », réfléchit-elle. [Diana Porras]

Source : https://radio.uchile.cl/2025/05/04/comunidad-kawesqar-nomades-del-mar-participa-de-taller-de-buceo-por-la-memoria-historica-del-territorio/ traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

« La récompense est pour ceux qui veulent préserver ce lien. » C’est ainsi que s’exprime Leticia Caro, représentante et cheffe de la communauté Kawésqar Nómades del Mar, lorsqu’elle partage les expériences qui ont marqué une nouvelle édition de l’atelier de plongée qui s’est tenu dans la région de Magallanes.

Lors des derniers jours de février, quatre instructeurs se sont rendus dans la zone australe pour partager leurs connaissances. Daniela Magnasco, championne nationale d’apnée et médaillée d’or panaméricaine ; Diego Hernández, instructeur de pêche sous-marine ; Enrique Guillaume, instructeur d’apnée ; et Fernando Pardo, organisateur de la rencontre.

Après trois ans, l’initiative a réuni plus de vingt participants qui ont concentré leur apprentissage sur des aspects théoriques et pratiques.

Dans une interview à Radio et Diario Universidad de Chile, Leticia Caro réfléchit : « Il faut se rappeler que les jeunes de l’atelier apprennent à subsister, à comprendre qu’en mer on vit la souveraineté alimentaire et que c’est le cœur de leur culture maritime. »

– Quelle a été l’origine de cette initiative ?

L’origine est très importante car elle donne la direction à ce qui suit… D’abord, le peuple kawésqar est connu au niveau national et international comme l’un des peuples australs victimes de génocide lors de la colonisation, ce qui a aussi entraîné de nombreuses formes d’extinction. Au fond, on a retiré aux Kawésqar leur manière de se déplacer sur le territoire et de se connecter, dans ce cas, nos anciens avec la mer.

En collaboration avec Ramón Navarro (surfeur professionnel), un jour nous avons rêvé. Il me demandait : « Quelle est la façon la plus proche de la mer ? » Je lui ai dit que dans mon cas, seulement en bateau car je ne sais pas plonger ni rien de ce genre. Il m’a dit qu’il m’apprendrait à plonger et je lui ai répondu que j’adorerais, mais que je préside une communauté et que j’aimerais que tout le monde apprenne ce lien avec la mer… que l’histoire nous a un jour retiré.

Quelques mois plus tard, il est revenu avec tout l’équipement, prêt à commencer. Au début, je ne savais pas s’il tiendrait parole, mais il a totalement respecté ce que nous avions convenu, et c’est ainsi que l’atelier de plongée a commencé.

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Leticia Caro. Image sur la chaîne YouTube de UChile Indígena.

– Après trois ans, est-ce toujours d’actualité ?

Oui, et cela a aussi un lien avec le tournage d’un documentaire intitulé « Corazón Salado » où Ramón est venu naviguer avec nous pour voir ce qui se passe avec l’industrie, nos zones de pêche et le niveau d’impact que nous subissons.

Ça a été une expérience très belle et nous avons grandi. Nous avons commencé avec les bases, mais notre idée est aussi de renforcer et de faire grandir cela autant que possible.

C’est pour cela que l’an dernier, Fernando Pardo m’a dit qu’il voulait aider, alors est née l’idée de faire venir des instructeurs pour l’atelier de plongée, et c’est ce que nous avons réalisé en 2025. Cette saison, nous avons reçu quatre experts en apnée et dans différentes disciplines comme la chasse au harpon et le sauvetage en mer. Le niveau des experts était extraordinaire, et en tant que personnes, encore plus.

Ainsi, nous avons concrétisé ce dernier atelier, et il nous reste encore une saison cette année, donc nous espérons les avoir à nouveau ici, soit pour refaire la même chose, soit pour approfondir d’autres sujets comme les premiers secours et tout ce qui a trait à la sécurité. Dans ce cas, les enfants, jeunes et adultes qui se connectent avec la mer sauront qu’ils seront bien préparés.

Ces ateliers sont axés sur le peuple kawésqar, sur les Kawésqar, mais spécifiquement sur ceux qui défendent la mer. Pourquoi ? Parce que le manque d’opportunités que nous avons est vraiment préoccupant. C’est pourquoi la récompense est pour ceux qui veulent préserver ce lien avec la mer et expérimenter comme le faisaient leurs anciens. Cette année, nous avons aussi ouvert l’option à des personnes conscientes de l’importance de protéger la mer et avons intégré quatre personnes non kawésqar mais très engagées.

– Quels souvenirs et émotions ont marqué cette dernière édition de l’atelier de plongée ?

Nous sommes, de façon constante, un groupe très uni. Nous prenons toujours soin les uns des autres, ceux qui sont venus ont ressenti cette affection et c’est, au fond, ce que nous transmettons. De plus, les instructions données ont été très bien reçues et nous avons aussi eu l’opportunité de plonger à différents endroits. Notre atelier de plongée est nomade, en hommage aux Kawésqar qui se déplaçaient en canoë… Je pense que les émotions sont nombreuses et variées car ce que nous recevons n’est pas anodin. Il faut se rappeler que les jeunes de l’atelier apprennent à subsister, à comprendre qu’en mer on vit la souveraineté alimentaire et que c’est le cœur de leur culture maritime. Donc, les sentiments sont de la gratitude envers les instructeurs, chacun avec sa spécialité… c’était émouvant. Ils nous ont vus tels que nous sommes, sans déguisements.

– Où s’est déroulé l’atelier ?

L’atelier s’est déroulé à Punta Arenas, précisément dans la baie de Río Seco, la baie du 21 mai et la baie de Punta Árbol. Dans un Espace Côtier Marin (ECMPO) que nous demandons à protéger et que nous avons nommé Tawokser.

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Image sur @buceo_nomades.del.mar

– En se rappelant ces liens ancestraux, le rôle des femmes était aussi lié à la mer. Quels autres récits pouvez-vous partager ?

L’une des choses très importantes, et la raison pour laquelle nous faisons appel ici à la mémoire de la plongée, c’est que les femmes, les anciennes, étaient d’excellentes plongeuses. Elles naissaient pour cela…

Elles étaient chargées de la collecte des coquillages et autres produits de la mer, tandis que les hommes se consacraient à la chasse et à d’autres activités.

Il y a eu une rupture dans l’utilisation, dans les modes de subsistance, due à la colonisation, qui a mis fin aux activités propres au peuple kawésqar. Et ce n’est pas une vieille histoire, c’est une histoire récente. Elle n’a pas plus de deux cents ans… on a progressivement cessé de faire ce qui caractérisait les Kawésqar depuis six mille ans.

C’est à nous d’essayer de les faire revivre.

La langue aussi est mutilée et perdue, nous essayons de la récupérer d’une manière ou d’une autre. Pas comme la parlaient les anciens, car la langue est liée au territoire, aux expériences et à la vision du monde. Nous essayons d’adapter ce monde, cette langue à ce que nous avons aujourd’hui, c’est-à-dire l’espagnol. C’est ainsi que nous comprenons les taiwaselok hoyok, qui signifient littéralement les Kawésqar morts (les ancêtres), et la mer Chams waes.

Nous sommes en plein moment de ces sauvetages.

– « La colonne suivante a un but explicatif », informait la communauté dans un texte publié par la Prensa Austral intitulé Les huit étapes des ECMPO (Espaces Côtiers Marins des Peuples Autochtones). Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de rendre ce sujet visible ?

L’idée des colonnes dans la presse est de fournir des informations fiables sur la Loi Lafkenche (20.249). Elles cherchent à expliquer simplement l’objectif de ces espaces côtiers, car en Magallanes et en Aysén, ils ont été mutilés d’une certaine manière par la Commission Régionale d’Utilisation du Littoral (CRUBC).

Environ un mois avant la réunion de la CRUBC, on diabolise tellement les espaces marins que c’est comme si nous essayions de nous approprier un espace où personne ne pourra entrer. Nous essayons d’éclaircir ces points.

Les espaces côtiers marins sont nés de ce manque de garanties pour les peuples autochtones dans la Loi sur la pêche. Et si aujourd’hui on regarde la discussion sur la Loi sur la pêche, les peuples autochtones sont absents de leurs droits… nous ne sommes inclus nulle part. La seule chose qui garantit nos droits en tant qu’habitants côtiers, c’est la Loi Lafkenche. C’est la seule chose qui assure que nos droits d’usage coutumier seront protégés… Or, la Loi Lafkenche est orientée vers le peuple mapuche et son mode de vie sur le littoral. Celui-ci est différent de celui des Kawésqar, mais la loi peut concilier les deux. On a beaucoup dit que nous demandons des espaces très grands. Mais personne ne se rend compte que les canaux sont très étroits, personne ne se rend compte que nous sommes les descendants d’un peuple nomade de la mer où tout espace est petit et où nous n’atteignons même pas un quart de ce qu’était le territoire kawésqar dans son étendue.

Cependant, l’industrie du saumon, les privés et aussi des politiques favorables à l’industrie ont déclaré qu’ils ne nous approuveraient rien, que quoi que nous fassions, à l’arrivée devant la CRUBC, nous n’aurons aucune garantie de droits. Cela en soi est une atteinte.

Alors, nous disons : –Bon, mais nous aurons l’occasion d’informer. Parce qu’on fait croire aux gens que nous allons nous approprier et faire payer l’entrée dans ces espaces… c’est absurde. Certains marins disaient même qu’ils ne pourraient plus surveiller, leurs phares ou autres, ce qui est le comble de l’invention. La Loi Lafkenche ne prime ni sur le secrétariat des Forces armées, ni sur la Marine, ni sur rien de ce qui touche au littoral. Elle ne prime sur aucune loi qui régule aujourd’hui la pêche artisanale, l’aquaculture, etc.

Nous espérons que ces informations aideront la population à s’informer et à s’émanciper, car elle peut aussi se joindre à nous. Les droits d’usage coutumier seront les nôtres, mais les espaces sont à tous et ensemble nous pouvons les préserver.

L’appel est à s’informer, à comprendre que les peuples autochtones ne sont ennemis de personne et que, en particulier, notre communauté mise sur une reconquête. Pour une reconnexion, pour la mémoire historique du territoire et, dans ce cas, pour la défense de la mer.

Ne pas se laisser emporter par les fake news (fausses informations).

Partagé par l’Association à but non lucratif Karukinka

L’héritage du canoë Kawésqar et la résistance depuis la mer (La Prensa Austral 13/04/2025, « El legado canoero de los Kawésqar y la resistencia desde el mar »)

[Les Kawésqar et les Yagan sont des groupes nomades. La navigation en canoë se faisait pour la subsistance et dans les fjords, canaux et îles de Patagonie]

Selon les registres de la Corporation nationale indigène (Conadi) au niveau national, 3 213 communautés et 1 843 associations indigènes ont été créées à ce jour [au Chili]. La loi Lafkenche a comblé une lacune dans l’accès des peuples autochtones côtiers aux ressources et à la protection de leurs usages traditionnels. De cette manière, différents peuples autochtones pourront accéder à ce nouveau statut, selon leurs coutumes ancestrales. Le peuple Mapuche, entre les huitième et onzième régions, les peuples Chango et Diaguita au nord. Quant au peuple Kawésqar, l’extension s’applique du golfe de Penas au détroit de Magellan.

Contrairement à d’autres peuples, les Kawésqar et les Yagan se caractérisent par le fait qu’ils vivent en canoë et sont des groupes nomades. La navigation se faisait en canoë, avec un feu allumé au centre, pour la subsistance et dans chacun des fjords, canaux et îles explorés par nos Taiwaselok hoyok (ancêtres). Ces anciennes coutumes sont devenues illégales et impraticables dans le monde actuel et ses lois modernes.

Le voyage pour les Kawésqar servait également de moyen d’enseignement par transmission orale, des adultes aux enfants, en leur faisant découvrir les noms des différents lieux, la flore et la faune, ainsi que les techniques de navigation, de chasse, de pêche et de cueillette. Le territoire qu’ils parcouraient comprenait deux grands secteurs, divisés d’est en ouest : jáutok et málte, qui étaient occupés selon les saisons de chasse, de pêche et de cueillette. Jáutok est le nom donné à la zone des canaux intérieurs, où les eaux sont plus calmes ; tandis que Malte était le nom donné à la côte extérieure faisant face au Pacifique et au détroit de Magellan aujourd’hui.

Cela dit, compte tenu du vaste territoire parcouru par nos ancêtres et celui que nous parcourons aujourd’hui, où nous pouvons légitimement revendiquer, protégés par la loi, les usages et la protection de la mer, ce serait une erreur de le considérer comme exclusif d’activités telles que la pêche artisanale. Le peuple Kawésqar avait un régime alimentaire basé principalement sur les fruits de mer, consommant de la viande de mammifères marins et terrestres, du poisson et des crustacés, complétés par des fruits sauvages, des plantes et des champignons.

La loi Lafkenche vise à harmoniser et à rendre compatibles les usages coutumiers du littoral avec les autres activités exercées dans les mêmes zones. Par rapport à la vision du monde des anciens, des activités telles que la voile, la plongée, la pêche ou, aujourd’hui, la cinématographie, le tourisme et la recherche, sont compatibles avec l’environnement maritime. L’objectif ultime est d’assurer la protection des écosystèmes, et tant que ces activités ne perturbent pas l’équilibre naturel des eaux, elles ne constitueront pas un obstacle.

Cette vision du territoire maritime est fréquemment déformée par des discours de désinformation qui cherchent à aliéner les peuples autochtones d’autres secteurs, afin de désinformer sur les demandes d’espaces marins côtiers des peuples autochtones (ECMPO), afin qu’elles soient rejetées par les autorités de l’État chilien. Le lobbying intense derrière les décisions prises a déjà été évoqué dans des chroniques précédentes, qui est loin de respecter les normes minimales de transparence et, au contraire, stigmatise et promeut les discours racistes et haineux contre les peuples autochtones du territoire.

Nous, les Kawésqar, ne réclamons pas l’exclusivité, ni ne voulons posséder quoi que ce soit, mais plutôt le droit d’exister sur notre territoire sans être étiquetés comme des obstacles au développement. La loi Lafkenche doit être considérée comme un pont, et non une barrière, entre la vie de nos ancêtres qui ont navigué sur les eaux et la vie d’un pays qui doit apprendre à coexister sans effacer leur mémoire. Face au lobbying et à la désinformation, tout ce que nous pouvons faire est de continuer à naviguer avec la vérité au premier plan, jusqu’à ce que notre droit devienne une réalité.

Groupes familiaux de nomades marins de la communauté de Kawésqar

Source: https://laprensaaustral.cl/2025/04/13/el-legado-canoero-de-los-kawesqar-y-la-resistencia-desde-el-mar/ Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Espaces Marins Côtiers pour les Peuples autochtones chiliens (ECMPO) (Subpesca.cl)

Il s’agit d’espaces marins délimités dont l’administration est confiée à des communautés autochtones ou à des associations de celles-ci qui ont exercé un usage coutumier dudit espace tel que vérifié par la CONADI.

Source (en espagnol): https://www.subpesca.cl/portal/616/w3-propertyvalue-50834.html. Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Les communautés autochtones inscrites à la CONADI (Corporation Nationale des Droits Indigènes) peuvent postuler pour ces espaces.

La délimitation nécessaire est déterminée par la surface qui assure l’exercice de l’usage traditionnel. Cet espace côtier sera cédé par le Sous-secrétariat aux Forces Armées au Sous-secrétariat aux Pêches et à l’Aquaculture, qui signera un accord d’utilisation avec l’association des communautés ou la communauté affectée une fois que la commission intersectorielle aura approuvé le plan d’administration présenté par la communauté ou association de communautés.

L’utilisation et l’administration de l’ECMPO seront la responsabilité de l’association ou de la communauté pour laquelle le plan d’administration a été approuvé. Ce plan détaille les activités à réaliser, les utilisateurs et les autres exigences établies par la réglementation. La durée de l’administration d’un espace côtier est indéterminée, sauf en cas de non-respect ou de violation.

Le droit coutumier désigne les pratiques ou comportements réalisés par les communautés de manière régulière et qui font partie de leur culture, tels que les pratiques religieuses, économiques, récréatives, entre autres.

La province de Terre de Feu autorise l’incorporation de l’identité indigène dans les actes de naissance – InfoFueguina, 12 octobre 2023

Le Pouvoir Exécutif Provincial considère qu’il s’agit d’un « fait historique dans le pays », puisque le province de « Terre de feu est la première province qui reconnaît et élargit le droit à l’identité des peuples indigènes, donnant la possibilité d’indiquer dans les actes de naissance l’appartenance à une communauté indigène.

https://www.infofueguina.com/tu-ciudad/2023/10/12/tdf-habilito-incorporacion-de-identidad-indigena-en-partidas-de-nacimiento-74118.html

Traduction en français de l’article paru en espagnol sur le site du journal InfoFueguina le 12 octobre 2023.

Le gouvernement provincial a habilité – via une Résolution – l’incorporation de l’identité indigène dans les actes de naissance émis par le Registre Civil, à travers le Secrétariat de la Justice et le Secrétariat des Droits Humains et de la Diversité.

Le document a été remis à des représentants de peuples indigènes, durant la marche du 11 octobre à Ushuaia, en présence du Secrétaire à la Justice, Gonzalo Carrillon et de la sous-secrétaire des Peuples Autochtones, Pamela Altamirando.

Depuis le Pouvoir Exécutif Provincial il a d’ores et déjà été indiqué que la semaine prochaine sera réalisée la présentation officielle et protocolaire devant les communautés invitées.

La résolution pour l’incorporation de l’identité indigène dans les actes de naissance se base sur un solide engagement pour les droits humains et la diversité culturelle, soulignant la reconnaissance constitutionnelle de la préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes argentins (article 75, sous-section 17 de la Constitution Nationale).

De plus, cet engagement se démarque de traités internationaux, comme la Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles, la Loi Nationale 26.994 et la Loi Provinciale 235, qui soulignent l’obligation de l’Etat Provincial à fortifier les identités indigènes.

« Cette initiative représente un acte de reconnaissance, de renforcement de la diversité culturelle et une action de réparation historique pour une partie de la population qui a été marginalisée et discriminée durant très longtemps », dit Carrillo.

Le fonctionnaire a considéré « important, dans le cadre du « Dernier jour de Liberté des Peuples Autochtones », que cette résolution soit envoyée aujourd’hui, le 11 octobre, reconnaissant et respectant l’identité indigène et la diversité culturelle » ajouta-t-il.

Pour sa part, Pamela Altamirando a rappelé que « la gestation de cette initiative a eu lieu un 9 septembre, coïncidant avec le Jour de la Femme Indigène, et c’est en cette journée significative qu’a été soulevée la nécessité de réaffirmer l’identité, et aujourd’hui, le 11 octobre, nous célébrons une avancée importante pour la reconnaissance des droits, qui se résonnera au niveau provincial et national. »

« Il est crucial de souligner que notre province a toujours marqué des lignes directrices au niveau normatif, et compter maintenant sur cette reconnaissance dans une résolution est un pas significatif. Cet exploit, inscrit dans un document officiel, marquera sûrement un précédent exemplaire pour d’autres juridictions du pais », a fait remarquer la fonctionnaire.

A partir de cette nouvelle norme, toute personne née dans la province peut être inscrite ou solliciter que soit inscrite son identité indigène dans son acte de naissance. La demande doit être accompagnée par un Acte-aval de la Communauté Indigène inscrite dans le Registre National des Communautés Indigènes (ReNaCi) à laquelle il ou elle appartient. »

Documentaire à ne pas manquer : « Canoeros: Memoria Viva » (2022) | Pristine Seas | National Geographic Society

Documentaire d’une expédition avec des membres des peuples autochtones Kawésqar et Yagán dans la réserve nationale Kawésqar, dans le sud du Chili. Ensemble, ils explorent certaines des régions marines les plus uniques et les moins étudiées de la planète, notamment de vastes forêts de varech, des glaciers et des fjords, dans le but de les protéger contre les menaces posées par l’élevage continu du saumon dans la réserve.

Chiliens et argentins ont prolongé la réclamation de protection du Beagle contre les élevages de saumons (InfoTDF, 5/7/2022, « Chilenos y argentinos extendieron el reclamo de protección del Beagle contra las salmoneras »)

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Chiliens et argentins ont prolongé la réclamation de protection du Beagle contre les élevages de saumons (InfoTDF, 5/7/2022, "Chilenos y argentinos extendieron el reclamo de protección del Beagle contra las salmoneras") 4

Samedi dernier 2 juillet au matin, chiliens et argentins, navigateurs, kayakistes, activistes, référents d’organisations sociales et membres des communautés Yagán et Kawesqar se sont réunis au centre de la ville d’Ushuaia pour célébrer l’anniversaire de la sanction de la Loi 1.355, laquele régulant l’élevage de saumons en Terre de Feu et Atlantique Sud, interdisant le développement de cette industrie en mer et positionnant le pays comme le premier à prendre une décision de telle ampleur pour la protection de l’environnement et incorporant à la création des politiques publiques la participation citoyenne et la vision des peuples autochtones sur le soin à porter à la nature.

Durant cette journée ont participé le Club Nautique AFASyN et des embarcations de la communauté nautique de Terre de Feu, le programme marin « Sin Azul No Hay Verde » (sans bleu il n’y a pas de vert), Canal Fun, Patagonia, le chef Lino Adillon, Greenpeace Andin, la Société Civile pour l’Action Climatique de Magallanes, des représentants des Communautés Yagáns de Ushuaia et de Navarino et des représentants de la Communauté Kawesqar.

David Alday, représentant de la communauté Yagán de Navarino, afirma “Dans cette partie de la planète nous avons démontré que les limites n’existent pas pour maintenir et prendre soin de notre environnement et de ce qui y habite. La connexion avec notre cosmovision est tellement essentielle que nous ne doutons pas pour nous activer et agir, pour protéger ce qui est notre vie, nos écosystèmes, chargés d’un regard patrimonial ancestral unique au monde. Pour cela notre travail doit être à la hauteur dans des zones de protection comme l’extrême austral, aussi bien au Chili qu’en Argentine. En célébrant cette année de la loi qui interdit l’élevage de saumon du côté argentin, cela signale que le travail réalisé n’a pas été vain, que les convictions et l’effort social est puissant et véridique, avec de solides arguments qui amènent à manifester le bon sens qui nous communqiue la protection de nos espaces et environnements débordants de vie et de nature vierge. »

Lors d’un événement sans précédent en mai 2021, argentins et chiliens réunirent le Canal Beagle, déroulant une banderole pour demander la sanction de la loi qui régule l’élevage de saumons en Argentine et renforcer la réclamation commune de protéger le Canal et les écosystèmes marins du bout du monde. Cette année, pour célébrer cette décision et continuer de réunir les efforts pour la protection de chaque côté du Canal, la communauté s’est à nouveau réunie. Maintenant que l’industrie serait en train de se réactiver à Puerto Williams, et, d’un autre côté, soutenir la cause des frères chiliens qui sollicitent que le gouvernement freine l’avancée de la salmoniculture.

«C’est très émouvant de revivre l’énorme triomphe atteint en Terre de Feu où grâce aux organisations, la communauté locale et les législateurs, il a été réussi unanimement de protéger le Canal de Beagle, icône de la province. C’est un véritable exemple de comment faire les choses correctement, avec un débat ouvert et participatif, et en comprenant qu’en protégeant l’environnement nous protégeant aussi la société dans son ensemble. Le Canal de Beagle doit être protégé de manière intégrale et c’est pour cela qu’ajourd’hui, à un an de cette loi historique, nous exigeons du gouvernement chilien qu’il rejette toutes les concessions en cours à Puerto Williams, l’information technique est déjà disponible pour poser les fondements de cette décision. Il faut suivre l’exemple du côté argentin qui peut célébrer ses bonnes décision » déclaré Estefanía González, Coordinatrice du programme Océans de Greenpeace Andin.

Les salmonicultures menacent la biodiversité, la santé des habitants et le développement économique. En 2019, le village chilien Puerto Williams, en face de la ville d’Ushuaia, fût pionnier à protéger le Beagle et expulsant les élevages de saumons de sa région.

A la différence du Chili où cette industrie a occupé de nombreux territoires, la province fuéguienne est l’unique lieu du pays où l’industrie du saumon pourrait s’installer. Avec l’approbation de la Loi l’année dernière, la Terre de Feu est devenu le premier lieu du monde à interdire l’industrie avant qu’elle ne s’installe, se convertissant ainsi en exemple de la protection d’un modèle économique et productif durable, qui respecte les traditions culturelles et les pratiques artisanales qui génèrent de véritables emplois et revenus issus du tourisme et de la commercialisation de produits locaux. Cette décision a eu un impact mondial, car de nombreuses communautés côtières du monde qui souffrent des impacts de l’industrie demandent également que les cages soient retirées de la mer.

« La division entre le Chili et l’Argentine est loin d’être une réalité, elle est évidente dans les territoires allant de l’Amérique du Nord à la Patagonie. Les régions ont une dynamique qui dépasse les limites politiques. La nature et la culture sont étroitement liées et le thème des fermes de saumon du canal Beagle a été un moment fort. Ces dernières années, la situation est devenue plus que claire grâce aux actions menées ensemble ; Nous ne voulons pas d’industries destructrices, nous voulons travailler de plus en plus unis pour un avenir durable, lié à la dynamique de la nature, à travers la revalorisation de la culture des peuples autochtones, des activités comme le tourisme naturel et tout ce qu’offre la région. En 2021, cette union a permis au gouvernement argentin de comprendre ce que les élevages de saumons signifient pour son peuple, aujourd’hui l’État chilien doit le comprendre », a déclaré David Lopez Katz, membre du programme marin Sin Azul No Hay Verde.

Aujourd’hui, les communautés chiliennes demandent que les élevages de saumons quittent les zones protégées et les lieux où vivent les communautés autochtones qui voient leur mode de vie et leur développement affectés. Ils exigent également que toute expansion de l’industrie soit stoppée en rejetant de nouveaux projets et en arrêtant l’augmentation des niveaux de production. Qu’ils se retirent progressivement des zones fragiles comme les fjords et les canaux et enfin que le gouvernement sanctionne les entreprises et les centres qui ont provoqué ou subissent des catastrophes environnementales par la perte de concessions.

Depuis qu’ils ont commencé à exiger un canal Beagle exempt d’élevages de saumons, les Chiliens ont réussi à obtenir que la Cour d’appel de Punta Arenas arrête le démarrage des travaux de production de l’entreprise salmonicole Nova Austral dans le canal Beagle, situé dans la région de Magallanes. Ils ont également retiré les cages déjà installées et prêtes à être produites et ont réussi à faire expirer les concessions aquacoles accordées jusque-là. En outre, ils ont stoppé l’expansion de l’industrie dans la région de Magallanes à travers différentes actions en justice. Dans le cas de Puerto Williams, la revendication est de pouvoir avancer avec l’Espace Marin Côtier pour les Peuples Autochtones (ECMPO) de la communauté Yagán, qui constitue une manière efficace et concrète de protéger cette zone de différentes menaces comme l’élevage du saumon.

Le Chili est en alerte depuis 2018 en raison de la menace constante des concessions encore administrativement actives dans le Beagle. Quatre ont été expulsées, mais huit restent, détenues par l’action de la communauté indigène à travers la présentation d’une demande ECMPO, qui permet de solliciter l’administration et paralyse en même temps tout projet existant.

Cette histoire ne s’arrête pas avec la sanction de la loi 1 355. La vision collective et globale de notre place dans le monde et de la nécessité de la protéger s’est renforcée face à sa menace imminente. La mer est une et la communauté argentine et chilienne restera unie dans la poursuite de sa conservation. La Terre de Feu a pris une décision pionnière qui est aujourd’hui célébrée par ceux qui la vivent et par le reste du monde qui veut suivre son chemin.

Source: https://infotdf.com/provinciales/chilenos-y-argentinos-extendieron-el-reclamo-de-proteccion-del-beagle-contra-las-salmoneras/ (Crítica Sur) Traduction : Karukinka