L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario)

L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario)

Le lobbyiste d’affaires Eduardo Frei a déclaré que pour que le Chili devienne un pays développé et puisse beaucoup exporter, « la première chose que nous devons faire est tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili ».

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L’ancien président Eduardo Frei et les industriels du saumon au Japon : Il faut « tuer la Loi Lafkenche (19/06/2025, Mapuche Diario) 2

Osaka, Japon, 19 juin 2025 (radiodelmar.cl) – Lors du sommet d’affaires Chili-Japon à l’Expo d’Osaka, qui s’est tenu le 16 juin au Japon, l’ancien président et actuel lobbyiste d’affaires, Eduardo Frei Ruiz-Tagle, a été invité par le gouvernement de Gabriel Boric ainsi que par les associations patronales forestières, agro-industrielles et salmonicoles, afin de défendre les groupes exportateurs chiliens et les investissements des multinationales japonaises au Chili.

Lors de cette rencontre d’affaires, cité par El Mercurio, l’ex-président a indiqué : « Par exemple, dans le secteur du saumon, nous sommes les deuxièmes producteurs mondiaux et les entreprises japonaises sont prêtes à investir pour doubler nos exportations. Mais pour cela, la première chose que nous devons faire est de tuer la Loi Lafkenche, car elle est en train de tuer l’industrie du saumon au Chili. Je le dis sans détour ! »

La Loi Lafkenche (n° 20.249) est une législation de la République qui permet aux peuples autochtones, ainsi qu’aux activités de pêche artisanale, aux communautés et entreprises locales (gastronomie, tourisme), de demander la protection de zones du littoral via la mise en place des Espaces Côtiers Marins des Peuples Autochtones (ECMPO).

Les propos de Frei ont été publiés par El Mercurio de Santiago du Chili. Ce média a également recueilli les réactions de Sady Delgado, directeur général de la méga-entreprise AquaChile, propriété du groupe AgroSuper de la famille Vial et membre du patronat Conseil du Saumon, qui a remercié « la clarté avec laquelle l’ex-président Frei a exposé les difficultés auxquelles le secteur est confronté ».

Delgado a ajouté que l’ex-président « a tout à fait raison dans ce qu’il dit, car c’est une loi qui affecte fortement le développement de la salmoniculture et qui affectera aussi d’autres industries ».

Des lois contre la “permisologie” pour accélérer l’extractivisme au Chili

Suite aux propos de Frei, Susana Jiménez, présidente de la Confédération de la Production et du Commerce (CPC), a déclaré à El Mercurio que l’ex-président « a fait référence à une situation réelle. Les processus de renouvellement de concessions et de nouveaux projets d’investissement sont bloqués. Et cela a beaucoup à voir avec la manière dont la loi a été gérée. Il ne devrait pas y avoir de demandes d’espaces incroyablement grands qui bloquent les investissements et ne finissent que par être des transferts de richesse ».

À l’Expo Osaka, Eduardo Frei a exposé deux autres points qu’il considère comme essentiels à débloquer dans notre pays : la lenteur du système politique à traiter les questions stratégiques. Il a pris pour exemple la manière dont l’Accord Transpacifique (TPP11) a été traité : « Nous avons mis quatre ans à le ratifier et nous avons perdu des marchés en Asie. Quatre ans perdus, en commerce international, c’est beaucoup ».

La deuxième revendication de Frei concerne les infrastructures : « Le Chili ne dispose d’aucun port de grande envergure et cela doit changer, sinon ce sera un frein à notre potentiel exportateur », a argumenté l’ex-président.

Ce sommet d’affaires s’est terminé par une visite du pavillon du Chili à l’Expo Osaka, où le public a pu déguster des saumons et des vins, proposés par les associations de producteurs de saumon et le groupe Vinos de Chile.

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/ex-presidente-eduardo-frei-y-el-empresariado-salmonero-en-japon-hay-que-matar-la-ley-lafkenche/ Cet article, publié en espagnol par Diario Mapuche, a été traduit par les bénévoles de l’association Karukinka

Pour en apprendre davantage sur l’actualité patagonne au Chili et en Argentine rendez-vous sur la page dédiée du blog de l’association Karukinka : ici

[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025)

[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025)

Le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, composé de cinq peuples (Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán) a dénoncé les attaques et l’invisibilisation subies au Chili malgré une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive : la loi Lafkenche. #unoc3 peuples autochtones chili

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[UNOC3 peuples autochtones] Déclaration du réseau des «Femmes Autochtones» face à la Politique Océanique du Chili à la Conférence des Océans UNOC3 (Mapuche Diario, 19/06/2025) 4

Lors de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC3), qui s’est tenue du 9 au 13 juin 2025 à Nice (France), le Chili a projeté une image de leader mondial en matière de politiques océaniques, annonçant son engagement à protéger plus de la moitié de son océan — dépassant ainsi l’objectif 30×30 —, à accueillir le Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à se porter candidat pour co-présider la prochaine Conférence des Océans (UNOC4).

Cependant, depuis cette même tribune internationale, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer, représentant les visions collectives des cinq peuples qui le composent — Diaguita, Chango, Mapuche, Kawésqar et Yagán —, ainsi que l’Identité Territoriale Lafkenche et d’autres leaders des peuples côtiers du sud du Chili, ont exposé une contradiction douloureuse : le pays qui cherche à diriger la conservation marine mondiale attaque et invisibilise chez lui une loi reconnue internationalement comme un modèle de conservation marine inclusive.

Il s’agit de la Loi 20.249, qui crée les Espaces Côtiers Maritimes des Peuples Autochtones (ECMPO), une réglementation issue de la lutte légitime des peuples autochtones. Cette loi permet d’attribuer l’administration d’espaces maritimes côtiers délimités à des communautés ayant historiquement exercé leur usage coutumier, dans le but de préserver les pratiques traditionnelles, de conserver les ressources naturelles, de garantir le bien-être et le lien ancestral avec la mer, et de promouvoir une gouvernance participative et inclusive du littoral entre les différents acteurs territoriaux.

Comme l’a expliqué Pamela Mayorga Caro, coordinatrice du Réseau, lors de la conférence, cette loi est « un outil de co-administration qui rend visibles et donne la possibilité aux communautés d’avoir une voix démocratisée sur l’avenir de leurs territoires ».

Alors que le Chili aspire à diriger la conservation marine mondiale, ses avancées océaniques n’intègrent pas de manière substantielle les côtes continentales et les eaux intérieures, épicentre des conflits socio-environnementaux. Et, paradoxalement, la Loi 20.2491, qui pourrait être l’un des outils clés pour progresser dans ce sens, ne fait pas partie de l’agenda officiel des politiques océaniques du pays et, au contraire, fait l’objet de fortes attaques de la part de secteurs industriels et politiques qui cherchent à la modifier.

Comme l’a réitéré Astrid Puentes Riaño, Rapporteuse spéciale de l’ONU, lors de plusieurs interventions à la Conférence des Océans, et dans un récent article publié dans El País, dans l’élaboration de politiques océaniques efficaces « la reconnaissance des droits des communautés côtières est essentielle, car environ 500 millions de personnes dépendent de la pêche artisanale et, tout comme le peuple mapuche lafkenche, beaucoup d’entre elles sont des peuples autochtones dont l’expérience sert à protéger la vie de l’océan. Cependant, elles sont rarement incluses dans les processus de prise de décision, alors qu’elles sont essentielles pour trouver des solutions. »2

Ingrid Echeverría Huequelef, coordinatrice du Réseau, s’est exprimée depuis Nice en affirmant qu’il s’agit « d’une loi née de la spiritualité du peuple mapuche lafkenche, une loi inclusive… mais qui, en raison de l’ignorance, est très durement attaquée par les industries extractives et par un certain mouvement politique chilien. » De son côté, Yohana Coñuecar Llancapani, coordinatrice du Réseau et représentante des peuples autochtones à la Commission régionale d’utilisation du littoral de la Région des Lacs, a ajouté qu’en tant que femmes défenseures du territoire, « nous subissons des campagnes de haine et de racisme, et sommes constamment invisibilisées par l’État. »

Cette loi et sa défense reposent sur une compréhension profonde de l’océan, que les représentantes du Réseau ont exprimée clairement : « La mer est pour nous un espace de mémoire, de subsistance, de spiritualité, de culture et de travail. » Cette perspective ancestrale, qui contraste fortement avec les politiques extractivistes de « l’Économie Bleue » promues par les gouvernements et les industries, offre des alternatives concrètes et durables pour la protection des océans, fondées sur des systèmes de gouvernance communautaire et des savoirs transmis de génération en génération. Face à un modèle qui considère la mer comme une ressource à exploiter, les femmes autochtones proposent une relation de réciprocité et de soin qui a prouvé son efficacité depuis des siècles.

Cette vision intégrale se traduit par une proposition politique concrète et sans ambiguïté : « les politiques publiques ne peuvent être fondées sur le centralisme, elles doivent émaner des territoires. Elles ne peuvent être influencées par le pouvoir économique des industries. » Leur position, forgée par des années de résistance, est inébranlable : « nous, femmes de la mer, ne permettrons pas le recul des droits que nous avons obtenus de haute lutte, pour nous-mêmes et pour les gens qui vivent et travaillent sur la mer, la naviguent et récoltent non seulement des poissons, mais aussi des algues, des coquillages, pour ceux qui résistent et protègent les esprits qui habitent les territoires. » — Ingrid Echeverría Huequelef.

Cette fois depuis la Conférence sur les Océans, demain depuis différents territoires côtiers du Chili, et en novembre à Belém lors de la COP30, le Réseau des Femmes Autochtones pour la Défense de la Mer maintiendra sa voix haute et continuera d’interpeller directement le gouvernement chilien, la FAO, les organisations internationales, les bailleurs de fonds, les industries et tous les acteurs impliqués dans la gouvernance de la mer. Le message est clair :

  • Mettre fin à la marchandisation de l’océan au nom de la croissance bleue et à d’autres mesures de conservation fondées sur les aires, qui ne respectent ni nos droits ni nos modes de vie.
  • Assurer une approche interculturelle et de genre transversale dans les politiques océaniques et une participation active et centrale des peuples autochtones et des communautés de la mer dans la gouvernance marine.
  • Garantir la non-régression des droits dans les territoires côtiers-marins acquis à travers des processus de lutte légitimes.
  • Prévenir, arrêter et garantir la justice face aux menaces et à la criminalisation des défenseur·e·s de la mer.
  • Exiger de la cohérence au gouvernement chilien dans sa politique océanique pour pouvoir se porter candidat à l’accueil du Secrétariat du Traité sur la Haute Mer et à l’organisation de l’UNOC4.

Le Réseau rappelle un principe fondamental : garantir des océans sains exige d’inclure les voix de celles et ceux qui vivent de la pêche, de la récolte et de la cueillette, qui habitent les côtes et comprennent de première main l’interdépendance entre la santé des océans, les activités humaines et la justice territoriale.

Le Chili doit résoudre ses incohérences internes et honorer ses engagements et responsabilités légales envers les communautés, avant de prétendre à la reconnaissance de son leadership mondial en matière de politiques océaniques.

« Le Chili parle très bien à l’extérieur, mais à la maison, il doit régler ses comptes. » — Pérsida Cheuquenao Aillpán, Présidente de l’Identité Territoriale Lafkenche et coordinatrice du Réseau des Femmes.

Nice a montré que cette contradiction n’est pas exceptionnelle, mais fait partie d’une crise mondiale plus profonde où il existe toujours un fossé abyssal entre le discours environnemental et la pratique extractiviste, face auquel il n’y a pas de place pour la complaisance ni pour le silence complice.

Lire l’Appel à l’Action complet ici [en espagnol].

Source: https://www.mapuchediario.cl/2025/06/19/declaracion-de-la-agrupacion-mujeres-originarias-frente-a-la-politica-oceanica-de-chile-en-la-conferencia-de-oceanos/ Traduit et partagé par l’association Karukinka, dédiée à la Patagonie

Quel est l’historique du géant français [Total Eren] qui veut exporter de l’ammoniac depuis la Patagonie ? (Polar Comunicaciones, Chili, 10/05/2025)

Quel est l’historique du géant français [Total Eren] qui veut exporter de l’ammoniac depuis la Patagonie ? (Polar Comunicaciones, Chili, 10/05/2025)

​Une filiale de la multinationale TotalEnergies vient de soumettre une étude d’impact environnemental au SEA Magallanes, afin d’évaluer le plus grand projet énergétique d’Amérique du Sud et le troisième plus grand du monde. Quel a été son comportement d’entreprise au cours d’un siècle d’existence ? En accédant uniquement à des informations publiques, nous avons découvert des antécédents qui méritent d’être connus de toute la communauté.

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Guanacos à Pali Aike (Photo Luna Pérez)

Source : https://www.radiopolar.com/cual-historial-gigante-frances-exportar-amoniaco-patagonia / Traduit de l’espagnol par l’association Karukinka

Total Eren est une entreprise française spécialisée dans les énergies renouvelables. Depuis 2021, elle porte le projet H2 Magallanes, un projet de production et d’exportation d’hydrogène et d’ammoniac à grande échelle, qu’elle souhaite implanter à l’estancia Cañadón Grande, à 3,5 km du parc national Pali Aike, dans la région de Magallanes, au Chili.

Cette société est une filiale de TotalEnergies, multinationale au riche passé de dénonciations pour pratiques extractives dans des territoires vulnérables, alliances avec des dictatures, greenwashing d’entreprise, influence disproportionnée sur les politiques publiques et désastres socio-environnementaux. Ces antécédents, associés à l’ampleur de son mégaprojet, obligent à porter un regard critique et rigoureux sur ses intentions en Patagonie.

La société mère [TotalEnergies]

TotalEnergies est un groupe mondial du secteur pétrochimique et énergétique, qui produit et commercialise du pétrole, des biocarburants, du gaz naturel, des gaz verts, des énergies renouvelables et de l’électricité. Elle a été créée en 1924 sous le nom de Compagnie française des pétroles, s’attribuant la mission de « garantir l’indépendance énergétique de la France ».

Connue tout au long de son histoire comme la compagnie pétrolière Total, elle a décidé en mai 2021 de changer de nom pour « la production et la fourniture d’énergies de plus en plus abordables, fiables et propres ». C’est ainsi qu’elle a intégré des entreprises dédiées aux énergies renouvelables, comme Total Eren, acquise à 100 % en 2023.

En un siècle d’histoire, la multinationale a fait l’objet de graves accusations.

1. Conflits avec les populations autochtones et les communautés

En Afrique, l’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP), qui traverse l’Ouganda et la Tanzanie, a été remis en question par des organisations telles que Human Rights Watch. Sur la base de plus de 90 entretiens avec des familles déplacées, un rapport a documenté les impacts dévastateurs sur les moyens de subsistance des familles, en raison du processus d’acquisition des terres.

Total a acquis une participation significative dans l’entreprise Suncor en 1997, pour exploiter des sables bitumineux sur des territoires ancestraux au Canada, jusqu’à ce qu’en octobre 2023, elle vende ses opérations à la même entreprise. Une enquête publiée dans Science a révélé que la pollution atmosphérique de ces sables bitumineux dépasse les émissions déclarées par l’industrie sur les sites étudiés, de 1 900 % à plus de 6 300 %. Pendant des décennies, les communautés autochtones de la région se sont plaintes de l’impact sur la santé de l’air toxique causé par ces opérations.

En Birmanie, au début des années 1990, Total s’est associée à la compagnie pétrolière Unocal et au régime militaire birman pour construire le gazoduc de Yadana. Le régime a créé un corridor de gazoducs hautement militarisé, dans lequel il a violemment réprimé la dissidence, forcé la population locale à construire l’infrastructure du gazoduc et à fournir du carburant à l’armée, obligé des villages entiers à se relocaliser, et commis des actes de torture, des viols et des exécutions sommaires. La plainte déposée par des villageois birmans a obligé Unocal à un accord en 2005, marquant la première fois qu’une plainte pour droits humains contre une multinationale aboutissait.

2. Désastres industriels et gestion des risques

En 1999, le naufrage du navire Erika – affrété par Total – a provoqué une marée noire dévastatrice pour la vie marine, terrestre et l’économie locale, sur plus de 400 kilomètres de côtes en France. En 2001, dans son usine chimique AZF à Toulouse, 300 tonnes de nitrate d’ammonium ont explosé, causant 31 morts, plus de 2 500 blessés, un cratère de près de 30 mètres de profondeur et 200 de diamètre, et une ville marquée par la tragédie. En 2012, une fuite de gaz incontrôlée sur la plateforme Elgin, en mer du Nord, a libéré 300 000 tonnes de méthane dans l’atmosphère, générant une crise environnementale et de sécurité dont les effets persistent aujourd’hui.

3. Sanctions judiciaires pour corruption

En 2013, la Securities and Exchange Commission (SEC) et le Département de la Justice des États-Unis ont infligé une amende à Total pour avoir soudoyé des fonctionnaires iraniens entre 1995 et 2004, afin d’obtenir des contrats d’exploitation d’un gisement de gaz naturel dans le golfe Persique. En 2018, un tribunal de Paris l’a sanctionnée pour la même affaire.

En 2023, le Tribunal de Strasbourg l’a condamnée pour avoir enfreint le programme « Pétrole contre nourriture », créé en 1996 pour l’achat de nourriture, de médicaments et de produits à des fins humanitaires pour la population irakienne, qui subissait les sanctions imposées par l’ONU après l’invasion militaire du Koweït. Une enquête menée par l’ancien président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, a détecté des détournements de fonds pour conclure des contrats secrets avec le gouvernement de Saddam Hussein.

4. Actions en justice avec de nouveaux outils juridiques

Un groupe d’organisations a poursuivi Total devant les tribunaux pour ne pas avoir élaboré et mis en œuvre son plan de vigilance environnementale et de droits humains, exigé en France par une loi de 2017 visant à lutter contre la négligence des entreprises. Cela concerne un mégaprojet pétrolier qu’elle souhaite installer dans un parc naturel protégé en Ouganda, pour forer plus de 400 puits, extraire près de 200 000 barils de pétrole par jour et construire un oléoduc de 1 445 km.

En 2024, une plainte pénale inédite a été déposée contre elle, l’accusant d’avoir contribué à l’aggravation de catastrophes naturelles en toute connaissance de cause, de saper la transition énergétique et de s’enrichir au détriment du changement climatique.

Aujourd’hui en Patagonie [Parc éolien, électrolyse, dessalinisateur, terminal maritime…]

La compagnie pétrolière française arrive au sud du continent avec un nouveau nom, et des niveaux d’intervention pour la phase 1 de son projet qui sont inimaginables, non seulement pour tout le continent, mais aussi pour la majorité du monde, puisqu’il s’agit du troisième plus grand projet d’hydrogène de la planète. Sur une surface foncière disponible de 72 000 ha, elle prévoit d’installer :

  • un parc éolien de 5 GW avec 616 éoliennes de 8 MW,
  • sept centres d’électrolyse totalisant 3,85 GW pour la production d’hydrogène,
  • une usine de dessalement permanente d’une capacité de 1 300 litres par seconde,
  • une usine d’ammoniac qui produira jusqu’à 10 800 tonnes par jour,
  • un terminal maritime pour l’importation d’équipements et l’exportation d’ammoniac,
  • une centrale à gaz et des ouvrages auxiliaires.

Tout cela serait situé à côté de l’un des patrimoines touristiques, archéologiques, géologiques et naturels les plus importants de la steppe australe : le parc national Pali Aike, caractérisé par la forte présence de vestiges des premières occupations humaines, des paysages lunaires, des cônes volcaniques, des cratères, des grottes et des champs de lave, où vit une grande variété de faune et de flore, dont de nombreuses espèces menacées.

Connaissons-nous les véritables implications sur le territoire et nos modes de vie qu’aura l’arrivée de ce géant français, dont les ambitions sont d’atteindre une capacité de production annuelle de 1,9 million de tonnes d’ammoniac, pour approvisionner énergétiquement les pays développés ? Que ce soit pour ce projet ou d’autres en cours d’évaluation ou à l’étude, nous ne le savons pas. Nous n’avons pas non plus de clarté sur la façon dont leur fonctionnement simultané nous affectera, une question que nous avons soulevée en août 2023, par le biais d’une lettre envoyée au gouvernement régional et à d’autres autorités locales, au milieu du processus de promotion de cette méga-industrie en Patagonie.

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« Ma vie sans moustache » : Romain Puértolas sur les traces d’Hitler en Patagonie ! (Podcast France Bleu, 09/05/2025)

« Ma vie sans moustache » : Romain Puértolas sur les traces d’Hitler en Patagonie ! (Podcast France Bleu, 09/05/2025)

Après « Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès », l’auteur valentinois Romain Puértolas récidive avec « Ma vie sans moustache », un roman-quête aussi passionnant que drôle. L’hypothèse de départ : Adolf Hitler aurait trouvé refuge et coulé des jours heureux en Argentine après 1945.

Un podcast de 4min de Héloïse Erignac, avec Romain Puértolas,

Tout commence en 2015, lorsque Romain Puértolas reçoit un étrange message d’une centenaire argentine. Cette femme affirme avoir été la cuisinière d’Adolf Hitler en Patagonie de 1945 à 1963. Une affirmation qui, à première vue, semble farfelue.  L’Histoire nous apprend que le dictateur se serait en effet donné la mort en 1945 dans son bunker berlinois. Intrigué par cette déclaration, Puértolas fait quelques recherche et découvre qu’en Argentine, il est communément admis que le Führer aurait coulé des jours heureux pendant près de vingt années après la fin de la guerre à San Carlos de Bariloche, commune de Patagonie. Il ne lui en faut pas plus pour prendre son billet d’avion et entreprendre une enquête sur les traces du tyran.

« Il n’y a aucune preuve à cent pour cent qu’Adolf Hitler s’est bien suicidé à Berlin en 1945 » Romain Puértolas

Rappelons que Romain Puértolas fut par le passé Lieutenant de police et que le « débunkage » de théories complotistes est son dada. Rappelons aussi qu’il est le facétieux auteur de Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès,  mi-enquête mi-roman, drôlissime et passionnant. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour qu’il récidive avec un roman-quête consacré cette fois au plus grand criminel de l’Histoire.

« C’est sérieux. C’est pas sérieux. Il y en a pour tous les goûts. C’est ce que j’aime faire ! » Romain Puértolas

Ma vie sans moustache, c’est une enquête fouillée et bourrée de références historiques. C’est aussi une aventure exotique qui nous embarque de Malaga à la Patagonie, en passant par Jérusalem et Beyrouth. C’est enfin un roman réjouissant où l’auteur nous mène par le bout du nez jusqu’au tour de passe-passe final !

Ma vie sans moustache de Romain Puértolas est paru chez Albin Michel

Source : https://www.radiofrance.fr/francebleu/podcasts/toujours-a-la-page/ma-vie-sans-moustache-romain-puertolas-sur-les-traces-d-hitler-en-patagonie-6025212

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Pour trois mètres en Patagonie… (France Inter, 18/06/2024)

Pour trois mètres en Patagonie… (France Inter, 18/06/2024)

Le Chili et l’Argentine en sont presque arrivés aux mains pour un empiètement de trois mètres d’un poste militaire argentin en territoire chilien, en Patagonie, aux confins sud des deux pays.

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Paysage hivernal dans les confins sud de la Patagonie chilienne (c) Lauriane Lemasson, 2018

Le président chilien Gabriel BORIC était hier à Paris pour une visite officielle… Il en a profité pour faire une drôle de déclaration destinée à l’Argentine :

« Si les Argentins ne retirent pas leurs panneaux solaires de notre territoire au plus vite, nous nous en chargerons nous-mêmes ! ». Une déclaration qui a d’autant plus surpris que les deux pays se donnent d’ordinaire du « pays frère » et « nation sœur ».

Que s’est-il passé pour en arriver à une telle tension ?

Tout commence le 29 avril dernier, lors de la rénovation d’un « Poste de surveillance et de contrôle maritime » de l’Armée argentine à l’extrême sud du pays, en Patagonie.

Il se trouve que ce territoire battu par les vents australs est partagé depuis le 19esiècle entre les deux pays. Or, ce poste militaire est – à l’agacement permanent des Chiliens, installé pile sur la frontière. Sauf qu’avec ces travaux, ils ont débordé un peu, côté chilien.

Comment ça ils ont débordé « un peu » ?

De trois mètres exactement, et pour y installer des panneaux solaires ! Fureur des Chiliens qui réclament leur retrait. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Argentins ne se sont pas pressés : Ils ont d’abord minimisé l’affaire, parlant d’un unique panneau solaire. Puis ils ont tenté d’expliquer que l’erreur était due à l’installateur qui s’est fié au tracé d’une vieille palissade.

Mais, devant le ton glacial adopté par le président chilien hier, le président argentin Milei a tout de même donné l’ordre hier de tout retirer au plus vite.

Les deux pays se sont déjà fait la guerre ?

Les seules fois où Buenos Aires et Santiago ont failli s’affronter, c’est justement en Patagonie au 19e siècle, puis une autre en 1978.

Mais, l’arrivée au pouvoir du président Milei a tendu les relations : à Santiago, le gouvernement est très à gauche alors qu’à Buenos Aires, le président Milei n’a pas de mots assez durs contre le Brésil et la Colombie, eux aussi gouvernés à gauche.

Jusqu’à présent, Gabriel Boric avait été épargné. Peut-être parce que le président chilien a assisté à l’investiture de son homologue argentin le 10 décembre, contrairement au Brésilien Lula et au Colombien Gustavo Petro qui s’étaient fait porter pâle.

Comment expliquer cette poussée de fièvre ?

En fait, il y a un éléphant dans le magasin de porcelaine patagonien : les Etats-Unis. Sitôt arrivé au pouvoir, Javier Milei a retiré son pays des BRICS, cette association de pays du sud-global où l’Argentine côtoyait la Chine et la Russie, pour s’aligner entièrement, complétement, sur Washington.

Une position qui s’est immédiatement traduite, au début de ce mois, par des exercices militaires maritimes conjoints entre les marines argentine et étasunienne. Et, devinez où ? Pile dans cette région de Patagonie.

Le Chili n’a probablement pas apprécié cette démonstration de forces à ses frontières… ni donc les panneaux solaires argentins débordant de trois mètres sur son territoire.

Lien vers la source (France Inter, Radio France) : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/les-histoires-du-monde/histoires-du-monde-du-mardi-18-juin-2024-2281691

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Cette base chinoise en Patagonie qui inquiète l’Argentine (Courrier International / La Nación, 21 avril 2024)

L’observatoire spatial chinois Espace lointain, installé sur un terrain cédé par le pays sud-américain en 2012, est désormais fortement soupçonné d’abriter des activités militaires. Le nouveau gouvernement argentin de Javier Milei et les États-Unis réclament un contrôle plus strict, comme l’explique cet éditorial de “La Nación”.

Quelques jours avant le dixième anniversaire de l’accord de coopération entre l’Argentine et la République populaire de Chine – accord qui prévoyait l’installation dans la province de Neuquén d’une base controversée, sous le contrôle de l’armée chinoise –, Buenos Aires a annoncé qu’il inspecterait les lieux pour garantir que les activités qui s’y déroulent soient conformes au traité.

Cette annonce a coïncidé avec la visite en Argentine de Laura Richardson, à la tête du commandement sud de l’armée américaine. Elle a eu lieu peu après que l’ambassadeur américain, Marc Stanley, a lui-même signalé une présence militaire chinoise dans cette région du nord-ouest de la Patagonie :

“Je m’étonne que l’Argentine laisse les forces armées chinoises opérer en secret dans le Neuquén.”

“Si je comprends bien, ce sont des soldats de l’armée chinoise qui manœuvrent ce télescope, a-t-il ajouté. Je ne sais pas ce qu’ils font, je crois que les Argentins ne le savent pas non plus, ils devraient savoir pourquoi ces hommes sont déployés dans cette région.

L’origine de la station chinoise Espace lointain, installée à Bajada del Agrio, une localité située à 250 kilomètres de la capitale provinciale, remonte à juillet 2012. L’Agence chinoise de lancement et de contrôle des satellites (CLTC) a signé un accord avec la Commission nationale des activités spatiales (Conae), l’organisme argentin compétent en la matière. But de l’opération : créer les conditions d’aménagement dans le Neuquén d’installations d’acquisition de données, ainsi que d’une antenne pour l’exploration de l’espace.

Un terrain cédé pour cinquante ans

En 2014, les gouvernements argentin et chinois, avec à leur tête respectivement Cristina Kirchner et Xi Jinping, signaient un accord de coopération visant à mettre en œuvre des mesures fiscales, douanières, migratoires et consulaires, dans le prolongement de l’accord de 2012. À ce moment-là, la construction de la base chinoise avait déjà commencé.

La suite (réservée aux abonnés) via ce lien : https://www.courrierinternational.com/article/analyse-cette-base-chinoise-en-patagonie-qui-inquiete-l-argentine