Le lundi 21/10, nous quittons la Corogne. Peu de temps après avoir quitté la place du port, plus de sondeur, plus d’anémomètre et plus de pilote ! Un peu fâcheux pour naviguer…
Après des tentatives de réparation pendant que le bateau sortait de la rade avec pas mal de houle, la sagesse nous fait faire demi tour pour régler ça au calme. Nous prenons une place au Club Nautico de Sada où l’accueil y est absolument génial. Lauriane, formée à l’électronique, finit par trouver l’élément déclencheur de la panne et part en quête d’une solution en remuant le réseau local et son réseau d’amis espagnols. 2h après une solution est trouvée grâce à la solidarité des gens de mer et la menace de la fermeture de la fenêtre météo! Un grand drame pour tous les marins! Il faudra aller à Vigo demain chercher le boiter qui fait tout bugger!
Aude et Lauriane partent de bon matin en direction de Vigo, autant vous dire que le trajet fut joyeux! A 12h30 le boîtier était récupéré, accompagné des précieux et généreux conseils de José Luis (Stay Center – Vigo). Merci à lui ! Damien anticipe certains entretiens : générateur, pompe eau de mer de la cuisine,… et répare la pompe électrique des WC…
Vers 17h30, de retour au bateau avec la pièce, Lauriane s’y remet, lampe frontale vissée sur le front et pince à sertir et tournevis à la main. C’est reparti pour un tour en fond de cale… Le lendemain matin, après un petit tour dans un restaurant du port et une Estrella Galicia bien fraîche la veille, la nuit porte conseil et la panne qui s’avérait être double est terminée, des modifications sur l’installation sont faites pour empêcher la répétition ce genre de déconvenue et tout a retrouvé sa place pour un départ à 17h, non sans un au revoir préalable à Rafa, le chargé du port, qui nous apporte des polos offerts par le club pour chacun de nous.
Cap sur Vigo (Marina Davila Sport) où nous attend le lendemain José Luis, le charmant technicien rencontré la veille, pour faire un point sur l’installation avec Lauriane, en vue d’améliorer la fiabilité et la simplicité de l’ensemble pour la suite des aventures. Il faut dire que l’association Karukinka est la 5ème propriétaire de Milagro et que ce dernier est passé entre plusieurs mains, dans différents pays… faisant que les diagnostics ne sont pas toujours facilités par des étiquettes en suédois, danois, espagnol et allemand !
Le départ se fait dans une brume sur la côte, le paysage apparaît au fur et à mesure. Quant à la nuit, une lune en berceau vient nous éclairer; les pêcheurs font de même. Il faut rester vigilant avec les navires non présents à l’AIS, les pêcheurs avancent très vite (plus de 8 nœuds), font des ronds avec des sennes ou déploient leurs chaluts ou casiers.
Une nuit au moteur et une arrivée à Vigo. Nous nous rapprochons de la frontière portugaise et ça c’est une bonne nouvelle !
Nous sommes partis de bon matin mardi 15/10 pour une traversée plutôt « calme » du golfe de Gascogne; dégolfer est le terme technique.
Les prévisions pour la zone IROISE – YEU nous promettent un vent d’Ouest à Sud-Ouest, 2 à 4 virant Est à Sud-Est 3 à 4, avant de fraîchir 4 à 5 en tournant plus Sud.
Très vite, la terre disparaît, le champs d’éoliennes en mer de St Nazaire s’efface et nous voici seuls face à l’océan avec une route la plus directe possible vers la Galice. Le planning des quarts se met en place : Damien et Lauriane alterneront toutes les trois heures, et le reste de l’équipage se relaiera. Chaque équipier sera de veille et à la manœuvre pendant 3h, en binôme avec un autre équipier et avec un changement par tranche d’1h30.
Si le début du trajet nous permet une route relativement directe, la suite est moins directe. Un besoin de moteur pour combler une pénurie de vent et après c’est le début d’une route beaucoup moins droite! La mer est assez formée avec heureusement une houle longue ce qui rend le bateau plutôt stable; à défaut de nos estomacs! S’amariner disent les marins!!
Grand-Voile, Artimon, Yankee et Trinquette, avec 15 -18 nœuds de vent nous font avancer à 7 nœuds sur une mer peu agitée. Dans l’après-midi, passée la latitude de l’île d’Yeu, le vent forcit et Milagro évolue dès lors à 8,5 nœuds. La houle augmente et les estomacs commencent à douter de leur capacité à garder leur contenu… La nuit tombée, nous prenons 1 ris dans la Grand Voile et 1 ris dans l’artimon afin de pouvoir jouer des voiles d’avant selon l’évolution des conditions. Les prévisions météo, en incluant les zones suivantes de notre périple pour la soirée du 15/10 et la journée du 16/10 sont :
YEU et ROCHEBONNE : Sud-Est 4 à 5, parfois 6, s’orientant Ouest 3 à 5 à la fin de journée. Mer peu agitée à agitée, devenant agitée à forte en soirée. Longue houle d’Ouest 3m à la fin.
PAZENN : Sud 3 à 5 virant Ouest 4 à 5 en fin de nuit. Mer peu agitée à agitée, devenant forte à très forte le matin. Longue houle d’Ouest 3-4m le matin.
Il faut profiter des quarts pour barrer, regarder fous de Bassan, pétrels, thons et dauphins, voir la mer se lever et s’abattre sur le bateau, éviter les embruns et les paquets d’eau qui rincent le pont, essayer d’avaler de quoi se substanter; heureusement que Lauriane est une experte en cuisine dans ces conditions car nous ne sommes pas d’une grande aide! Et le soir, profiter d’une lune pleine pour un quart de nuit sous la voûte étoilée : tourner les yeux vers le ciel devient une évidence. Nos pensées sont évidement tournées vers les marins qui nous précèdent et veillent sur nous depuis les astres lumineux de la nuit. Puis, aller se coucher du mieux qu’on peut en entendant la mer frapper sur la coque. S’habiller s’avère tout aussi rocambolesque!
Vers minuit le 16/10, le vent variable s’accompagne de bancs de brume. Progressivement le vent diminue pour passer sous la barre des 6-7 nœuds, nous contraignant à s’appuyer sur le moteur (1500tr/min) pour retrouver une vitesse convenable de 5,5 nœuds. Malgré plusieurs tentatives de l’arrêter, il nous faudra compter sur lui jusqu’à 13h30, peu de temps après avoir croisé un objet flottant, un baril. La journée durant nous nous faisons littéralement doucher par de grosses averses.
Deux virements de bord ponctuent la journée, avec un vent de 15-20 nœuds, forcissant ponctuellement 25-30, nous obligeant à sortir de notre torpeur de temps en temps pour réduire ou augmenter la surface de voilure de Milagro. En fin de journée, le vent est plus stable, 18-20 nœuds avec rafales à 25, nous faisant alors avancer à 7 nœuds. et nous passons sous la barre des 200 milles nautiques nous séparant du cap Finisterre.
La météo du bulletin Large de Météo France nous promet pour la nuit suivante et le lendemain (17/10) :
PAZENN : Ouest 4 à 5, virant Ouest à Nord-Ouest la nuit, temporairement 6 à l’ouest de la zone en fin de nuit, puis redevenant Ouest dans l’après-midi. Mer forte à très forte. Longue houle d’Ouest s’atténuant 3,5-4m. Pluie et averses, parfois orageuses, s’atténuant dans l’après-midi.
Peu avant l’aube, la longue houle arrive et nous avançons à 8 nœuds, avec 16-18 nœuds de vent. Progressivement le vent forcit pour atteindre 25-30 nœuds constants dans la matinée : on enroule le yankee et 1 ris supplémentaire est pris dans la GV. Vers 11h30, un gros grain vient à notre rencontre, les 40 nœuds sont dépassés et Damien et Lauriane sont à la manœuvre pour affaler la Grand Voile et attendre le retour au « calme » avec artimon 2 ris et la trinquette. Passée ce petit coup d’adrénaline, nous changeons la garde robe de Milagro : GV 2 ris, artimon 1 ris, 1/2 yankee et 2/3 de trinquette. La panoplie fonctionne : 8,5 nœuds. La journée s’enchaîne avec de rares moments passés à moins de 7 nœuds ! Nous entrons dans les eaux espagnoles et le risotto de crevettes et haricots verts fait du bien aux estomacs peu à peu rétablis.
La nuit tombée, petit point météo pour la nouvelle zone de navigation du 17/10 à 18h au 18/10 à 18h:
FINISTERRE : Ouest 3 à 5, revenant Sud-Ouest 5 à 6 demain matin, fraîchissant localement 6 à 7 en fin d’après-midi au nord de la zone. Mer forte, localement très forte au nord au début, s’amplifiant forte à très forte en fin d’après-midi. Houle d’Ouest 3,5-4m, diminuant demain matin avant de s’amplifier 4-4,5m à la fin.
Le vendredi matin, force est de constater que la douche de la Corogne s’est bien éloignée suite aux virements de bord qui ponctuèrent la nuit! Vers 9h30, après avoir croisé deux bateaux de pêche, la côte galicienne se dévoile à l’horizon.
Le bateau fait des virements de bord à 120-130 degrés (sur de petits bateaux, c’est plutôt 90 degrés) et MILAGRO ne peut pas remonter à plus de 50-60 degrés du vent! La douche attendra, on profite du soleil revenu et d’une mer plus clémente pour enfin prendre l’air! Les virements de bord s’enchaînent… Doucement mais sûrement, nous atteignons le Cabo Prioriño Chico, porte d’entrée vers la baie de la Corogne. A 21h30, nous voilà amarrés au Real Club Nautico pour un week-end sur le plancher des vaches en attendant la bascule de vent. Après un dîner au restaurant pour fêter notre « dégolfage », c’est au tour d’une bonne douche bien méritée!
Au programme de ces deux jours d’escale, du repos et une visite rapide de la Corogne, la plus grosse ville de la province et lieu où se trouve la tour d’Hercule, le plus vieux phare au monde.
Milagro quitte le bassin de la base sous marine de Saint Nazaire (14/10/2024) (c)Association Karukinka
Le moment tant attendu a eu lieu, avec l’intensité des grands départs : avitaillement, derniers détails techniques et surtout les « au revoir » pleins d’émotion avec la famille et les amis venus saluer l’équipage de la première étape vers les Canaries (8 personnes).
A 16h Milagro était dans l’écluse Est, laissant dans son sillage le bassin de la base sous marine où les autorités portuaires lui avait fait la faveur exceptionnelle de rester quelques jours. Cette autorisation aura été vraiment géniale pour les derniers préparatifs de la seconde étape « plein sud » de notre projet « Cap Nord – Cap Horn« , soit plusieurs mois de navigation de Bretagne à la Terre de Feu et aux canaux de Patagonie, en passant par la Galice, les Canaries, le Cap Vert, le Brésil et l’Argentine.
Après un bref arrêt au port de Pornichet pour le plein de gasoil, c’est au mouillage aux Events que se déroule la nuit suivant ce départ, avant la traversée du Golfe de Gascogne prévue demain et qui s’annonce propice (et houleuse).
PS: pour ceux qui le souhaitent, il reste 2 places pour traverser l’Atlantique ensemble et 2 places de Salvador de Bahia à Buenos Aires! Et pour ceux qui souhaiteraient nous rejoindre encore plus au sud, il reste des places pour explorer les canaux de Patagonie.
Superbes escale et rencontres à Wicklow, avec un accueil chaleureux des habitants et du Wicklow Sailing Club ! Quoi de mieux que de rencontrer d’autres passionnés de voile en Irlande autour d’une Guinness ?
Bientôt nous publierons un petit résumé de cette escale à Wicklow qui est le port de départ de la régate du tour de l’Irlande (Round Ireland).
« It was a delight to host Milagro & Karukinka Sailing School in WSC this week on route from North Cape to Cape of Horn – check out their great project in the southern hemisphere. »
Vous l’avez peut-être remarqué, le programme des stages pour la saison 2024-2025 est en ligne. Avec des navigations côtières et hauturières au nord et au sud, il y en a pour tous les goûts !
Milagro est actuellement en Irlande et Ecosse pour des stages côtiers au départ de Dublin jusqu’à mi-septembre, puis ce sera au tour des navigations hauturières avec deux aller-retour entre Dublin et la Loire Atlantique en septembre et octobre, avant de faire franchement cap au sud, sur la Patagonie, le bout du monde auquel est dédié Karukinka depuis ses débuts.
Karukinka est le nom de la Terre de Feu en selk’nam, peuple vivant entre le sud du détroit de Magellan et le canal Beagle. Certains travaux indiquent qu’il signifierait aussi « la dernière terre des hommes » ce qui dans l’histoire des migrations prend tout son sens puisqu’il s’agit de la dernière terre atteinte à pied de l’histoire des migrations humaines.
Nous retournerons donc cette année dans les canaux de Patagonie de la réserve de biosphère du cap Horn pour compléter les travaux de Lauriane dans le cadre du projet « Cap Nord – Cap Horn » débuté en 2022. Nous proposons également quatre stages de voile de 18 jours au départ d’Ushuaia ou Puerto Williams entre février et avril 2025 pour explorer ensemble ces îles, fjords, montagnes et glaciers aussi beaux que passionnants.
Et avant cela, entre octobre 2024 et janvier 2025, nous vous proposons une série de stages haute mer durant les plus de 7000mn qui composent ce voyage, avec de belles escales en perspectives : Bretagne – Canaries (14 jours), Canaries – Cap Vert (9 jours), transatlantique Cap Vert – Brésil (20 jours), Brésil – Argentine (15 jours) et Buenos Aires – Terre de Feu (21 jours).
Depuis quelques semaines il est possible de réserver nos stages directement en ligne via la plateforme HelloAsso et toutes les dates sont indiquées sur les pages des stages, avec un résumé des tarifs et conditions dans l’onglet « Demande de réservation« . Pour toute question nous sommes aussi joignables par mail (contact@karukinka.eu) téléphone et messagerie WhatsApp (+33 6 72 83 03 94).
Au plaisir de naviguer ensemble « ici », « là » ou « là-bas », nous comptons toujours sur vous pour que le bouche à oreille et la soif d’aventure continuent de nous composer de belles équipes à bord !
Damien
PS: nous prévoyons de caréner Milagro à la Turballe la deuxième quinzaine de septembre: avis aux amateurs de dépense d’huile de coude pour nous filer un coup de main !
Si vous prévoyez de passer à la Rochelle cet été, ne manquez pas ce voyage au bout du monde ! Créée par Sébastien Laurier et en partenariat avec l’association du phare du bout du monde et la ville de la Rochelle, cette fiction sonore et immersive vous transporte pendant une heure à l’extrême sud de la Patagonie, au départ du bureau du port de la pointe des Minimes.
Plusieurs membres de l’association Karukinka ont participé à ce projet, dont Mirtha Salamanca (femme selk’nam membre du conseil participatif indigène d’Argentine) et confiant sa voix française à Marie-Pierre Lemasson, trésorière de l’association et que Mirtha connaît depuis 2019, lors de sa première venue en France, dans le cadre du projet Haizebegi. Et oui, le personnage principal, Lauriane, n’est pas sans faire écho à la fondatrice de Karukinka…
Et si vous voulez aller encore plus loin, venez avec nous visiter le « vrai » phare du bout du monde avec nous l’hiver et le printemps (du nord!) prochains (février-avril 2025) à bord du voilier de l’association : Milagro. Plus d’informations sur : https://karukinka-exploration.com/patagonie-2025/