[#4 Cap au nord – 2024] Ecosse : Islay et Jura

[#4 Cap au nord – 2024] Ecosse : Islay et Jura

Après avoir débarqué près de la jetée de Bruidladdich, nous sommes partis visiter le village de Port Charlotte en empruntant le chemin côtier et profitant ainsi des couleurs du couchant sur le Loch Indaal, de la vue sur le phare surplombant le Rubh’ An Duin (un peu de gaélique : Rubha : promontoire; Dun : fort, monticule) et la Kilchoman Parish Church.

Au retour à Bruidladdich, nous avons jeté un oeil aux horaires d’ouverture de la distillerie du même nom et productrice des whiskys Port Charlotte, Bruidladdich et Octomore. Cette distillerie est l’une des neuf distilleries présentes sur l’île d’Islay et nous nous décidons à la visiter demain en début d’après-midi (Le matin aussi c’était ouvert mais l’idée de déguster du whisky de bon matin réunissait peu d’amateurs…).

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Après une matinée tranquille à bord, sans houle ni vent, c’est sous un grand ciel bleu que nous quittons le bord pour la fameuse visite de la distillerie Bruidladdich. Nous nous rendons à l’accueil, faisant aussi office de point de vente, et apprenons alors que la visite guidée avait uniquement lieu le matin à 10h30. Notre interlocutrice nous propose de revenir le lendemain, sauf que le lendemain, nous avons prévu de repartir en direction de la côte nord d’Islay… Visiblement très déçus, elle nous prend en sympathie en apprenant que nous sommes venus ici en voilier, ce grand voilier tout seul dans cet immense loch, et se propose de nous faire visiter la distillerie sur le champ, demandant à sa collègue de garder au comptoir la mascotte du bord, la Toupie, le temps de cette visite.

Elle nous apprend que cette distillerie a été fondée en 1881 et que bon nombre des équipements servant à la fabrication de leurs whiskys est toujours utilisé aujourd’hui. Elle nous décrit les différentes étapes de la fabrication et machines utilisées, l’origine du malt (et les partenariats avec des producteurs locaux), nous fait sentir l’évolution de la fermentation dans plusieurs fûts de dizaines de milliers de litres chacun… Le procédé est complexe et la passion pour son métier nous font véritablement plonger dans un nouvel univers. La grande salle de distillation s’apparenterait presque à un musée, avec des objets dignes d’une plongée dans l’univers de Jules Verne. Nous sommes complètement bluffés par le contraste entre les procédés mécaniques et artisanaux que nous voyons et les volumes produits : plus de 3 millions de litres whisky par an ! (et 1 million de litre de Gin « Botanist » passant tous dans la « Ugly Betty »). Et seulement deux personnes manient tout cela sur le bout des doigts pour donner à chaque whisky son identité (plus ou moins tourbée), maintenir la tradition et créer avec audace, comme l’illustre leur Octomore, le whisky le plus tourbé au monde (et préféré de Lauriane!).

A l’issue de cette visite, nous retrouvons la Toupie au comptoir accompagnée de ses nouveaux admirateurs, et entamons l’étape de la dégustation. Le choix est fait de goûter ce qui se démarque le plus de l’ordinaire : les quatre Octomore (14.1, 14.2, 14.3 et 14.4). Finalement tous très différents, chacun trouvera celui qui lui plaît, tantôt vanillé, tantôt rappelant le cuir et l’odeur de fumée.

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Après une dernière ballade vers le fond du loch, nous retournons à bord, préparer le dîner et la navigation du lendemain.

La nuit suivante est un peu agitée par une petite houle arrivant du sud, avant le vent de la même direction prévu à la mi-journée. Nous faisons un point météo et nous préparons à lever l’ancre. Les prévisions sont bonnes, vent de sud à sud-est 4 à 6 et une mer peu agitée à agitée dans notre zone (MALIN). Nous partons en fin de matinée afin de profiter des conditions de marée favorables pour passer l’îlot An Coire ayant en arrière plan l’île Orsay surplombée par le phare de Rhinns of Islay et les villages de Port Wemyss et Portnahaven. Nous avançons à 5 noeuds, avec trinquette et artimon. Nous contournons la zone de courant et tourbillons afin d’éviter de rester trop longtemps dans une mer croisée. Il pleut et le vent se lève peu à peu, nous offrant cette « bonne » visibilité par moment…

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Après avoir passé la pointe nous empannons pour remonter l’ouest de l’île, dans des conditions plus confortables et un ciel qui se dégage par moment, nous permettant entre autre d’observer la plage de sable blanc de Machir bay.

En fin d’après-midi nous passons entre Colonsay au nord et Ardnave Point, Nave Island et les Balach Rocks au sud, sous artimon, trinquette et yankee, par mer calme et à 7 nœuds avec 20 nœuds de vent : que du bonheur ! Les falaises du nord d’Islay se couvrent et se découvrent, laissant apparaître des arcs en ciel puis, progressivement, le phare de Rubha a’Mhail. Ce dernier marque l’entrée nord du Sound of Islay, séparant cette île de sa voisine encore plus sauvage : Jura.

Nous gardons le cap à l’est, et, à l’approche du chenal d’entrée, enroulons et affalons les voiles pour atteindre un petit coin de paradis dont l’approche s’avère exigeante, avec plusieurs alignements (rochers peints en blanc) à respecter pour se frayer un passage (étroit) entre les nombreux écueils et récifs.

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C’est dans un environnement illustrant la notion de sauvage et d’immensité que nous jetons l’ancre, protégés du mauvais temps prévu le lendemain, et qui nous donne l’occasion de laisser la navigation de côté pour partir randonner, visiter deux bocies (refuges) et réaliser le premier vol inaugural du drone de l’asso dont voici le résultat :

La suite ce week-end avec au programme la remontée de Jura, la traversée du Corryvreckan et le retour, vingt ans plus tard, de Damien à Loch Melfort !

[#3 Cap au nord – 2024] de Bangor (Belfast Lough) à Port Charlotte

[#3 Cap au nord – 2024] de Bangor (Belfast Lough) à Port Charlotte

Après avoir laissé passer un sérieux coup de vent, nous faisons cap vers l’Ecosse. Les prévisions sont bonnes : vent NE 3 à 5, occasionnellement 6, avec une mer belle à peu agitée et une visibilité bonne malgré de rares pluies.

Nous sortons de la baie de Belfast, laissant sur notre babord la ville de White Head et son phare, le Black Head.

Nous hissons la Grand-Voile tout en prenant un ris par précaution, hissons haut l’artimon et déroulons le yankee et la trinquette. Les falaises surplombées de verts pâturages, ainsi que les nombreux mouillages dans de petites baies repérées sur la carte défilent et nous invitent à revenir plus longuement en Irlande du Nord. La prochaine fois !

Vers 16h, c’est 20-22 noeuds qui nous arrivent pleine face, ce qui n’était pas prévu. Nous réduisons, GV 2 ris, artimon 1 ris, trinquette 2/3 et un petit bout de yankee pour continuer, au près, de dépasser l’île de Rathlin et le phare d’Altacarry Head, avec beaucoup de courant et des « eddies » (tourbillons).

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Un brin têtus nous insistons en direction du Loch Indaal, enchaînant les virements de bord pour gagner à l’ouest. Puis apparaissent les éclats du phare laissé dans notre sillage, nous rappelant que la nuit arrivera bientôt. Peu enclins à jeter l’ancre de nuit, et fatigués d’insister à 3 nœuds avec le courant devenant cette fois vraiment contraire, nous nous résignons à faire cap au nord, en direction de Kilnaughton Bay. Le pavillon de courtoisie écossais est désormais hissé pour plusieurs semaines !

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Nous jetons l’ancre en Ecosse, à Islay, près du Flying Dutchman, un voilier ancien de 28m et le lendemain la découverte du paysage autour est magique : plage de sable blanc, collines aux teintes ocres et grises,… et les fumées de la malterie de Port Ellen sur notre tribord. Tout cela rien que pour nous, Milagro étant tout seul dans cette grande baie. Port Ellen est le nom du village mais aussi celui d’une ancienne distillerie ayant fermé il y a plusieurs décennies et qui se dédie désormais à la préparation du malt pour les distilleries environnantes (elles sont neuf sur Islay). Les quelques bouteilles de whisky Port Ellen ayant été conservées se vendent aujourd’hui à des prix parfois astronomiques.

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Nous profitons de cette escale pour randonner à plusieurs reprises dans les environs, dont voici quelques images :

Et aussi, pour visiter les environs de Laophraig sous un ciel aussi beau que menaçant nous ayant fait choisir le pub de Port Ellen face à la plage, plutôt que de continuer vers Lagavullin Bay et Ardberg Bay :

Le surlendemain nous levons l’ancre, décidés à atteindre le loch Indaal, à hauteur de Bruidladdich. Les prévisions nous promettent une certaine lenteur à la voile (2 à 4 Beaufort) et nous faisons donc une partie du trajet au moteur, laissant sur notre tribord les falaises de la péninsule de Oa et le monument nommé Mull of Oa de 20m de haut, dédié à la mémoire de naufragés américains en 1918, lors de la Première Guerre Mondiale.

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En fin d’après-midi nous arrivons à destination et laissons Milagro seul dans cette immense baie, au nord de Port Charlotte, entre Bruidladdich et Bowmore, des noms qui interpellent tout de suite les amateurs de whisky tourbé écossais !

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La suite dans un prochain post ! La suite dans un prochain post ! Et pour ceux qui souhaitent nous rejoindre, il reste de la place pour nos prochaines étapes consultables ici : https://karukinka-exploration.com/ecosse/, pour la remontée des fjords de Norvège jusqu’à Tromsö puis au-delà, au Finnmark.

[#2 Cap au nord – 2024] de Dublin à Bangor (baie de Belfast)

[#2 Cap au nord – 2024] de Dublin à Bangor (baie de Belfast)

Après une petite escale à Dun Laoghaire, le tampon officiel sur le passeport de Toupie la mascotte (lui donnant droit d’aller au Royaume-Uni) et le passage d’un coup de vent, Milagro et son équipage ont repris leur route vers le nord, sous des pluies éparses et un vent de O à SO 4 à 6 Beaufort. Sous Grand-Voile 2 ris, Artimon 1 ris et Yankee, Milagro fait route à 6,5 nœuds, laissant dans son sillage le phare de Baily.

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En soirée le vent mollit sérieusement et le choix est fait d’entrer dans la baie de Carlington (Carlington Lough, à la frontière entre l’Irlande et le Royaume-Uni), pour aller jeter l’ancre devant le village de Greencastle. L’entrée est étroite par le chenal nord et le balisage pas toujours éclairé la nuit tombée. Après un slalom de nuit entre les bouées de mouillage (merci la lampe torche!), nous jetons l’ancre à quelques encablures d’un ponton utilisé par les pêcheurs et les pilotes maritimes dédiés à la remontée de la rivière jusqu’aux ports de Warrenpoint et Newry.

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Le lendemain matin nous découvrons les ruines du château qui surplombent le village. Nous apprenons quelques heures plus tard, lors de la visite, qu’il a été construit au XIIIè siècle et qu’il fût le théâtre de nombreux affrontements. Autour de nous de vertes collines et prairies, et un ciel bleu qui contraste avec les infos météo de France reçues de nos proches : à Nantes, il pleut !

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Après galettes et gâteau au chocolat-bananes, nous reprenons la route pour mouiller devant le petit port de Kilkeel. Pas de vent et pas de houle, de quoi nous faire oublier que nous dormons dans un bateau ! Le lendemain matin même chose : pétole. Nous aurons la belle surprise, quelques jours plus tard, de découvrir que pendant que nous réglions un petit détail sur la Grand-Voile, Stuart Pirie a pris une belle image de Milagro et compléter sa fiche sur Marine Traffic !

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Nous choisissons d’avancer malgré l’absence de vent, l’objectif étant d’être à Bangor le soir même. Nous remontons donc au moteur près de la côte pour profiter du paysage et Damien se dédie alors à repasser deux bosses de ris qui se croisaient dans la bôme. Parmi les choses vues ce jour-là, le phare de St John’s Point, l’entrée du port de Donnaghadee avec son église et ses maisons colorées, des grands dauphins gris nous escortant dans le Donnaghadee Sound, sous un coucher de soleil, jusque dans la Belfast Lough.

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La nuit tombée et après un bref arrêt au ponton gasoil, nous nous amarrons dans la marina de Bangor. Le lendemain un fort coup de vent est prévu, nous resterons à l’abri !

[Cap Nord 2023] #1 : Petit retour en images à Ingøya, l’une de nos îles « coup de cœur » de l’été dernier.

[Cap Nord 2023] #1 : Petit retour en images à Ingøya, l’une de nos îles « coup de cœur » de l’été dernier.

Située à l’ouest du Cap Nord, cette petite île de 18km² appartient à la municipalité de Måsøy (comté du Troms og Finnmark) et est habitée par une vingtaine de personnes.

Ingøya : Au-delà de la carte postale, une immersion au cœur de l’Arctique

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Ingoya est entourée de récifs et pour accéder à son petit port de pêche les premières fois on passe de la carte à l’observation du balisage local (pas toujours conventionnel…) un paquet de fois ! Et comme nous sommes joueurs, nous y retournerons en 2026, en voilier ! https://karukinka-exploration.com

Parmi les innombrables joyaux que nous a offerts l’été arctique lors de notre expédition vers le Cap Nord, l’île d’Ingøya occupe une place à part dans nos mémoires. Plus qu’une simple escale, cette terre isolée de la municipalité de Måsøy est devenue une incarnation de ce que nous recherchons avec Karukinka : une navigation qui donne du sens, où l’aventure se nourrit de rencontres et d’histoire.

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Cap sur l’île norvégienne Ingoya

Fruholmen Fyr, le gardien silencieux de la mer de Barents

Notre approche d’Ingøya fut guidée par la silhouette emblématique de son phare, Fruholmen Fyr. Construit en 1866, il est le phare le plus septentrional de Norvège, un véritable gardien posté à la frontière entre la civilisation et l’immensité polaire. Naviguer sous son faisceau lumineux, c’est ressentir le poids de l’histoire maritime et rendre hommage aux générations de marins qui ont bravé ces eaux périlleuses. Détruit durant la Seconde Guerre mondiale puis reconstruit, il symbolise la résilience d’une communauté face aux éléments et aux tumultes de l’histoire. Pour l’équipage du Milagro, passer sous son regard n’était pas un simple point de passage, mais un dialogue silencieux avec le patrimoine norvégien.

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A l’ouest de l’île culmine le phare Fruholmen (Fruholmen fyr) qui, après avoir été détruit en 1944 par les Allemands, a été reconstruit et remis en service en 1949. Il mesure 18m et est visible à plus de 19 milles nautiques.

Une terre de contrastes, entre nature brute et enjeu stratégique

Une fois le pied à terre, Ingøya se révèle comme une terre de contrastes saisissants. D’un côté, une nature à l’état pur : la végétation arctique, tapissée de lichens et de fleurs sauvages tenaces, les falaises abruptes où nichent des milliers d’oiseaux marins dont les cris percent le silence, et des plages balayées par des vents venus du pôle. C’est un écosystème fragile et puissant, où chaque élément rappelle l’humilité nécessaire pour évoluer dans ces latitudes.

De l’autre, l’île abrite une station de relais radio d’une importance géostratégique majeure, un lien invisible mais vital connectant le continent au Svalbard. Cette infrastructure, presque incongrue dans ce décor, rappelle qu’Ingøya n’est pas seulement un bout du monde sauvage, mais aussi un point névralgique dans les communications et la surveillance de l’Arctique. C’est cette dualité qui rend l’île si fascinante : un sanctuaire naturel doublé d’un avant-poste technologique.

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Ingøya abrite la plus grande antenne de Scandinavie. Elle sert de relais radio géostratégique entre les deux extrémités de la Norvège : Oslo et le Svalbard.

L’âme d’Ingøya : la navigation comme prétexte à la rencontre

Mais ce qui transforme une escale en souvenir impérissable, ce sont les rencontres. À Ingøya, la vie s’organise autour du petit port de pêche, cœur battant d’une communauté d’e quelques dizaines’une vingtaine d’âmes. Échanger avec les habitants, c’est comprendre la réalité d’un quotidien rythmé par la météo et les marées, loin de l’agitation du monde. C’est découvrir un savoir-faire ancestral, une solidarité forgée par l’isolement et un attachement viscéral à cette terre à la fois rude et généreuse.

Pour nous, l’équipage de Karukinka, atteindre Ingøya n’était pas une fin en soi. C’était l’occasion de vivre notre philosophie : utiliser le voilier comme un camp de base flottant pour explorer, comprendre et partager. Chaque randonnée sur les sentiers de l’île, chaque discussion sur le quai et chaque moment de contemplation face à la mer de Barents ont renforcé notre conviction qu’une autre manière de voyager est possible. Une aventure plus lente, plus respectueuse, où la véritable richesse ne se mesure pas en milles parcourus, mais en liens tissés.

Quitter Ingøya, c’est laisser derrière soi bien plus qu’une île. C’est emporter avec nous un fragment de son âme, et la promesse de continuer à naviguer pour découvrir ces lieux où la nature, l’histoire et l’humanité s’entremêlent avec une force et une beauté inoubliables.

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[Patagonie alpinisme] Trois Chiliennes explorent la calotte glaciaire patagone et ouvrent au Cerro Arenales

Le mois dernier, les alpinistes chiliennes Nadine Lehrner, Isidora Llarena et Rebeca Caceres se sont offert une aventure de 19 jours à travers la calotte de glace nord de Patagonie au Chili, le tout ponctuée par l’ouverture d’une voie sur Cerro Arenales (3 437 m). #patagonie alpinisme

Par Thomas Vennin

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[Patagonie alpinisme] Trois Chiliennes explorent la calotte glaciaire patagone et ouvrent au Cerro Arenales 139

Nadine Lehrner, Isidora Llarena et Rebeca Caceres. © Nadine Lehrner

Un énorme potentiel pour l’exploration et l’alpinisme

C’était l’une des expéditions de l’année 2022 estampillées Grit&Rock, fondation initiée par l’aventurière et femme d’affaire britannico-russe Masha Gordon, dont l’objectif est, depuis 2017, de soutenir les expéditions féminines à travers le monde. L’été dernier, déjà, les Américains Jeff et Priti Wright avaient bénéficié d’une bourse pour leur aventure dans la face nord du K7, au Pakistan. Pour leur projet sur le Cerro Arenales, les jeunes Chiliennes Nadine Lehrner, Isidora Llarena et Rebeca Caceres avaient, elles, reçu 2 000 $ de la fondation.

« La calotte glaciaire nord de Patagonie a un énorme potentiel pour l’exploration et l’alpinisme », peut-on lire dans un article publié dans l’American Alpine Journal en 2018. De quoi donner envie d’aller préparer son sac à dos. Situé au sud du Chili, dans la cordillère des Andes, la calotte de glace nord de Patagonie s’étend sur une centaine de kilomètres de long et cinquante de large, pour une superficie totale de plus de 4 000 km².

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À travers la calotte de glace nord de Patagonie. © Nadine Lehrner

Troisième séjour sur la calotte glaciaire nord de Patagonie

Pour Nadine Lehrner, Isidora Llarena et Rebeca Caceres, l’aventure débute en janvier 2021, avec une première excursion à travers ce gigantesque champ de glace, ponctuée par une belle première sur le Cerro Nora (2 460 m). Prenant l’information de l’American Alpine Journal au pied de la lettre, le trio revient à l’automne suivant et gravit cette fois-ci la face nord-est du Cerro Silva (2 770 m), avant de buter sur le Cerro Arenales en raison du vent.

À l’automne 2022, les trois Chiliennes, qui jouent à domicile, reprennent la route du Campo de Hielo Norte avec l’idée d’une nouvelle tentative sur le Cerro Arenales, dont la première ascension date de 1958 et une expédition conjointement organisée par le club alpin japonais et la Chilean Federación de Andinismo. La seconde est l’œuvre d’Eric Shipton, la légende britannique, accompagné d’une poignée de locaux, en 1963.

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Dans la face nord du Cerro Arenales. © Nadine Lehrner

Approche à pied, à skis et en kayak

Après plusieurs jours d’approche en kayak, à pied et à skis, Lehrner, Llarena et Caceres atteignent finalement le pied du Cerro Arenales et lancent leur ascension le 4 novembre, via la face nord de ce qui est en fait un volcan. Face aux crevasses qui barrent l’accès au sommet, elles envisagent un temps de faire demi-tour mais découvrent finalement une grande rampe, invisible depuis le camp de base, qui les mène jusqu’au champignon de glace sommital à travers un labyrinthe glacé parsemé de ponts de neige fragiles.

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Attente dans la grotte de glace. © Nadine Lehrner

« Il est difficile de ne pas rêver d’y retourner. »

La tempête qui les cueille à la descente les oblige à passer plusieurs jours au frais dans une grotte de glace avant de retrouver skis, traineaux et kayaks pour le long chemin du retour vers la civilisation : « Les 19 jours que nous avons passés dans et autour de la calotte glaciaire nous ont énormément marquées en tant qu’alpinistes et en tant qu’humains. Notre ascension d’Arenales est le résultat de deux années de recherche, de planification, de formation et de travail acharné pour réaliser ce rêve. La traversée du champ de glace nous a amenées dans des endroits plus éloignés et inspirants que nous n’aurions pu l’imaginer, et il est difficile de ne pas rêver d’y retourner », peut-on lire dans leur communiqué publié par Grit&Rock.

ARTICLE RECOMMANDÉ : Grit & Rock 2022 : les lauréates de la bourse d’expéditions féminines

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La voie ouverte dans la face nord du Cerro Arenales. © Nadine Lehrner

Tara en Patagonie (France Inter, 17/03/2021)

Le voilier scientifique Tara est en mission en Patagonie

La goélette scientifique, véritable laboratoire flottant, est partie de Lorient en décembre dernier pour une mission de 2 ans sur les microbiomes de l’océan. Tara est aujourd’hui en Patagonie et prélève des litres d’eau chaque jour pour comprendre ce qui influence ou contrarie le peuple invisible des profondeurs…

Pour en savoir plus et visionner la vidéo, rdv sur la page de France Inter

Pour découvrir d’autres actualités scientifiques liées aux régions polaires et subpoalires, rdv sur notre blog !