par Karukinka | Août 2, 2018 | Ecologie sonore / Acoustique / Paysages sonores, Actualités scientifiques, Environnement, Expédition 2013, Expéditions, Expéditions 2018-2020, Haush, Médias, Patagonie, Peuples et communautés, Selk'nam, Selk'nam / Ona, Yagan
Une chercheuse française développe d’importants travaux sur la grande île de la Terre de Feu, pour tenter d’analyser « l’environnement sonore des peuples nomades du sud du détroit de Magellan, en considérant la ressource sonore comme ressource culturelle ». Elle a parcouru des milliers de kilomètres et enregistré plus de 50 heures de sons pour tenter de mieux comprendre la culture, la mythologie et les expériences des peuples autochtones. Ses travaux ont été sélectionnés parmi tant d’autres par la Sorbonne Université.
Lauriane Lemasson est une jeune française, originaire de Bretagne, qui travaille dans la région pour soutenir sa thèse de fin d’études à Sorbonne Université, basée sur une étude multidisciplinaire de l’environnement.
Elle se trouve actuellement à Río Grande, d’où elle effectue des excursions en bateau et à pied, parcourant différentes zones de la grande île de la Terre de Feu, tant chilienne qu’argentine, pour collecter des données, des informations, des sons et des expériences qui l’aident à réaliser son travail, où se combinent des domaines tels que l’ethnographie, l’écologie sonore et la géographie.
« Enregistrez le son des oiseaux, apprenez quand ils apparaissent, découvrez l’écho qui se produit à différents endroits et lisez la forme des nuages » indique Lemasson, en faisant référence aux multiples tâches qu’elle a développées pour avancer dans une étude qui l’aidera à se transporter à l’époque où Shelknam, Yámanas et Alakalufes peuplaient la région, en harmonie avec l’environnement.
«C’est ma thèse de doctorat, car j’ai terminé le master en 2013 avec une expédition dans la partie argentine. J’ai sillonné des lieux pendant trois mois et demi avec un sac à dos, un appareil photo et un enregistreur. J’ai marché pendant 2 mille kilomètres, enregistrant des sons, parcourant le territoire occupé par les Shelknam ; essayer de faire partie de l’environnement et de comprendre un peu leur environnement, ses sons, la météorologie ; lire les marques qui apparaissent et collecter des informations », explique la chercheuse française à propos de l’étude qu’elle mène et qui a traversé différentes étapes depuis 2013.
Elle dispose de 50 heures d’enregistrements de sons différents et a pu relier « les chants qu’Anne Chapman a enregistrés de Lola Kiepja » avec les sons collectés. Les audios l’ont également aidée à comprendre « la présence des sons dans la mythologie, car il existe de nombreux mythes qui décrivent ces bruits, ces chants et toute la question sonore ».
« Il me semble que le son a un effet plus sensible, il y a une vibration, une résonance et c’est une manière de comprendre et de ressentir le territoire. Ce sont comme des signatures sonores, cela fait partie de l’identité du territoire. Les résonances, l’écho, le silence total ; C’est ce que je suis allée chercher parmi les mousses et les tourbes», raconte Lauriane Lemasson.
Le type de travail qu’elle effectue a une histoire en milieu urbain, mais pas dans cette région choisie par la professionnelle française. Elle dit qu’elle a choisi la pointe sud de la Patagonie en raison des références qu’elle avait sur la région lorsqu’elle était étudiante, et qu’elle envisageait de relever ce défi après un grave accident de voiture qui l’a amenée à ressentir le besoin de réaliser ce rêve.
Le projet de recherche qu’elle mène a été sélectionné parmi tant d’autres par Sorbonne Université, pour être mis en œuvre sur trois ans. Au cours de son voyage, elle a marqué plus de 3 mille points différents du territoire, découvrant des lieux et des sons.
« Il s’agit de comprendre une culture, et pas seulement dans sa dimension archéologique », a-t-elle fait remarquer. Elle se donne désormais pour tâche de rassembler tout le matériel de sa thèse, puis s’engage à publier l’ouvrage pour qu’il soit connu. Les personnes intéressées peuvent accéder au projet et contacter Lauriane Lamasson sur la page www.karukinka.eu
http://red23noticias.com/investigadora-francesa-realiza-importante-trabajo-sobre-pueblos-originarios/
par Karukinka | Mar 15, 2016 | Expéditions Karukinka, Actualités scientifiques, Actualités sportives, Expéditions 2018-2020, Patagonie, Peuples et communautés, Yagan
Appel à coéquipiers : expéditions pluridisciplinaires 2017-2019
L’association Karukinka recrute deux coéquipiers pour son projet d’expédition australe 2017-2019 en autonomie totale en kayak de mer et à pied.
La partie maritime consistera à naviguer dans les îles du sud du détroit de Magellan afin de recenser les anciens territoires yagan, de procéder à des relevés scientifiques (cartographie thématique, acoustique,…) et de collecter des images et des sons qui serviront de matière première pour témoigner de ce vécu auprès de nos partenaires et du public (cf. onglet « Projet d’expéditions 2016-2019). Les passages à la marche entrecouperont ces navigations d’îles en îles et se dérouleront en terrain montagneux et sauvage (forêt fuégienne, neige, glace, tourbières…). Elles donneront lieu à l’ascension de plusieurs sommets pouvant requérir les techniques d’approche de l’alpinisme.
Pour ce projet, nous recherchons donc des personnes expérimentées, disponibles et ayant à coeur de donner vie à cette exploration du Grand Sud patagon.
L’aventure vous tente ? Alors n’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus et/ou à nous envoyer votre candidature (CV, lettre de motivation et, si connues, vos disponibilités pour les trois prochaines années).
Au plaisir de vous compter parmi nous,
L’équipe de Karukinka
par Karukinka | Fév 23, 2014 | Peuples et communautés, Actualités scientifiques, Expéditions, Expéditions Karukinka, Haush, Karukinka, Karukinka en France, Non classé, Patagonie, Selk'nam, Selk'nam / Ona, Yagan
Les activités de KARUKINKA sont nées de la conviction que les enjeux écologiques doivent s’inscrire dans une dynamique de relations directes homme / nature. Notre vie quotidienne, l’éducation de nos enfants, nos activités économiques, se déroulent pour l’essentiel dans un cadre spatio-temporel d’où la nature est absente.
Le développement durable et l’écologie s’inscrivent chaque jour d’avantage dans l’horizon politique et intellectuel de nos sociétés modernes. Cette conscience collective émergente doit, pour s’installer durablement, trouver un relais dans les consciences individuelles, dans l’intimité de la relation qu’entretient chacun avec la nature.
Il est donc essentiel de générer des dynamiques de revitalisation du dialogue homme/nature. L’ambition de KARUKINKA est, à sa modeste mesure, de contribuer à cet objectif.
Ce projet d’expédition est de comprendre la relation entre les cultures indiennes (Haush, Selk’nam et Yahgan) et la nature au sud du détroit de Magellan, avec deux approches :
– S’immerger dans des lieux autrefois habités par les indiens et suivre leurs pas en se référant aux travaux anthropologiques antérieurs ;
– Etudier l’environnement sous différentes facettes grâce à une équipe de chercheurs de spécialités différentes ;
– Enregistrer et photographier les territoires traversés ;
– Développer une approche sensible de l’environnement et prolonger cette étude par des créations artistiques, conférences et expositions qui permettront au public d’appréhender cet espace et de s’en imprégner.
par Karukinka | Jan 29, 2014 | Expéditions Karukinka, Karukinka, Karukinka en France, Peuples et communautés, Pôles
Bonjour à tous !
Nous vous souhaitons la bienvenue sur le site officiel de KARUKINKA.
Après des années de travail, c’est désormais officiel : depuis le lundi 27 janvier, l’association KARUKINKA a été fondée suite à l’initiative de Lauriane Lemasson.
C’est au sein de cette structure à but non lucratif que nous allons pouvoir concrétiser de nouveaux projets en régions polaires et subpolaires, avec en ligne de mire pour cette année :
-la diffusion des actualités politiques, scientifiques et artistiques de la Patagonie insulaire;
-et l’organisation d’une expédition pluri-disciplinaire dans les îles du sud du détroit de Magellan pendant l’hiver austral 2018.
Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous dans les différentes rubriques de notre site internet pour découvrir qui nous sommes et ce que nous faisons.
Vous avez des questions ? Vous voulez vous joindre à nous ? N’hésitez pas à remplir notre formulaire d’adhésion ou, pour un engagement plus poussé, à nous contacter directement. Nous vous répondrons dans les plus brefs délais.
Bonne lecture et à très bientôt pour de nouvelles aventures.
L’équipe de KARUKINKA
par Karukinka | Mai 7, 2013 | Expédition 2013, Karukinka, Médias
Lauriane Lemasson était l’invitée de Marie-Hélène Fraïssé sur France Culture, en compagnie du géograaphe François-Michel Le Tourneau, mardi 7/5 de 15h à 16h pour parler de son retour d’expédition en Terre de Feu de janvier à mars 2013 et du projet Explora’sons.
par Karukinka | Avr 2, 2013 | Expédition 2013, Karukinka, Partenariats
http://leicastoreparis.org/expedition-explorasons-4eme-partie/
Face à nous Lëm se couche et Hanuxa fait son entrée, devant le regard de Watauineiwa résidant sous nos pieds…
Au réveil, le soleil fait monter la température à 25°C à l’intérieur de la tente, 18°C relevés à l’extérieur et à l’abri, avec des rafales de vent de 4 km/h en moyenne, 6km/h maximum relevé à onze heures. La pression atmosphérique est de bonne augure : 1000 hPa ! Les choses s’annoncent bien. Nous contemplons l’immense baie d’Ushuaia jusqu’à sa disparition complète de notre champs de vision après avoir repris notre chemin en direction des estancias Punta Segunda et Encajonado.
Les paysages se suivent, toujours grandioses, sous un soleil fidèle et de nombreux et beaux nuages. Vers 17h30, nous arrivons à l’estancia Encajonado. Des troupeaux de vaches, moutons et chevaux entourent cette exploitation et sont répartis sur plusieurs centaines de mètres de clôtures. Nous rencontrons un homme d’une trentaine d’années occupé à retirer la selle de son alezan et qui nous indique où passer dans ce labyrinthe. Une route rarement empruntée par son pickup se dessine sur le littoral du canal. Elle serpente en direction de la préfecture maritime de Puerto Almanza.
Sur cette route verdoyante, toute l’immensité de la Terre de Feu s’exprime : la plaine interminable ponctuée de sombres buissons d’épineux d’une quarantaine de centimètres, la largeur du canal au courant peu prononcé, et les sommets tachetés de neige de la sierra Sorondo faisant face aux sommets de l’île chilienne… Au beau milieu de cet environnement grandiose, nous finissons par trouver un lieu de bivouac juste à côté d’un ruisseau, à quelques mètres du canal et tourné vers l’ouest.
Le ciel est dégagé et progressivement le soleil descend face à nous. J’enregistre, prends des notes, photographie et contemple cet ancien territoire indien. Le coucher de soleil de ce jour restera pour longtemps dans nos mémoires. Face à nous, la chaleur du feu solaire rencontre les miroitements argentés du canal et du ruisseau. Les nuages vaporeux donnent à voir toutes les nuances de gris possibles, laissant passer peu de lumière sur les sombres montagnes des chaînes environnantes. Lëm (le dieu du Soleil) part se coucher et sa belle-sœur, la déesse Hanuxa (la Lune) arrive, sous le regard du dieu suprême des Yagans : Watauineiwa, la Terre.
Nous restons assis, silencieux, jusqu’à la disparition complète de Lëm et les premières apparitions des étoiles du Sud derrière nous, doucement accompagnés par les cris des goélands et des ibis (manifestations de la déesse Lexuwa), le léger flux et reflux du canal et le débit régulier du ruisseau s’écoulant de manière imperturbable à quelques mètres de notre tente.