Les sons du bout du monde de Lauriane Lemasson – France Musique (13 mai 2021)

https://www.francemusique.fr/emissions/musique-connectee/musique-connectee-du-jeudi-13-mai-2021-94975

A 31 ans, l’ethnomusicologue Lauriane Lemasson sillonne, depuis 2013, les étendues sauvages de Patagonie, ses micros à la main, à la rencontre des derniers descendants des populations natives.

La péninsule australe, l’immense Terre de feu, son « autre Finistère » comme l’aime l’appeler cette bretonne d’origine : c’est de ce territoire immense qu’est tombée amoureuse Lauriane Lemasson. Elle a 31 ans, elle est ethnomusicologue, c’est-à-dire qu’elle étudie notamment les relations que tissent les peuples avec leur environnement sonore. Et depuis qu’elle est enfant, Lauriane aime le vent et la montagne. A l’origine, elle est accordéoniste : elle a enseigné pendant dix ans dans des conservatoires de région parisienne, puis un accident l’a obligée à changer de cap. Lauriane s’est lancée avec feu dans l’ethnomusicologie et dans l’exploration de la Patagonie, terre du bout du monde, avec ses micros et son appareil argentique.

2000 kilomètres à pied

Depuis 2013, elle est chercheuse rattachée à la Sorbonne et elle a effectué une dizaine de missions en terre australe ; elle y reste à chaque fois entre deux et huit mois et sillonne, à pied ou en bateau, souvent seule, les fjords déserts, le dédale de canaux de la péninsule, les steppes couvertes de lichen ou encore le passage du Cap Horn… En plus des rafales qui sifflent parfois jusqu’à rendre fou, cet espace rude et immense est habité par mille petits bruits, perceptibles pour qui sait tendre l’oreille : les grincements des arbres dans la tempête, les cris d’oiseaux, le craquement lointain des glaciers, les grognements des lions de mer… 

Comprendre les liens des peuples autochtones à leur territoire

Mais Lauriane ne collecte pas les sons de la nature australe pour la seule beauté du geste. La jeune chercheuse est animée par une quête, une urgence : elle se rend en Patagonie pour débusquer les traces des populations amérindiennes qui arrivèrent en Terre de feu il y a plus de 10 000 ans, les Yagan, les Haush et les Selknam, des peuples natifs aujourd’hui hélas inconnus aux yeux et aux oreilles du grand public. A travers ses voyages, Lauriane cherche l’écho de ces populations dans les sons d’une nature qu’elles connaissaient mieux que personne. 

Retrouver l’environnement sonore des peuples natifs

Les descendants des Yagan, Haush et Selknam ont été soit exterminés par les colons européens, soit assimilés de force à la culture hispanique d’Argentine et du Chili. Pourtant, au fil de ses voyages et de ses rencontres, Lauriane a découvert que leur culture et leur langue, menacée de disparition imminente, étaient encore vives dans les mémoires. Elle s’est donné pour mission de les sauvegarder en retrouvant les traces d’occupations des peuples amérindiens qui vivaient là il y a près de 12 000 ans. Pour cela, elle multiplie les prises de sons, en reconstituant les environnements sonores des anciens lieux de vie et de culte de ces populations. En 2018, elle a notamment travaillé avec les archéologues du Centre austral d’investigation scientifique d’Ushuaia, avec lesquels elle s’est rendue sur les sites habités avec les premières tribus.

Des expéditions minutieuses 

Un travail de fourmi qui lui permet aujourd’hui de montrer que dans ces sociétés ancestrales tournées vers la nature, les chants et les rites s’inspiraient essentiellement des sons émis par les animaux, les arbres, les vagues et le vent… Lauriane constitue ainsi, petit à petit, une grande et riche base de données, une cartographie sonore de la Patagonie telle qu’elle était occupée par ses populations autochtones. Un travail qu’elle publiera peut-être un jour, avec leur accord. D’ici-là, ces recherches sont disponibles sur le site de l’association qu’elle a fondé, « Karukinka », qui signifie « la dernière terre des hommes » en langue selknam.

Podcast « Les Baladeurs » (Les Others) : Les ombres de la Terre de Feu (Lauriane Lemasson) #31 par Camille Juzeau

À l’extrême sud du continent sud-américain se trouve la Terre de feu, une terre composée d’îles réparties entre l’Argentine et le Chili longtemps baptisée « bout du monde ». En 2013, l’ethnomusicologue Lauriane Lemasson part en autonomie complète pour enregistrer les sonorités des paysages. Dans cette quête entêtante, la jeune chercheuse espère trouver les traces d’occupations des peuples amérindiens qui vivaient là il y a près de 12 000 ans.

Une chercheuse française réalise d’importants travaux au sujet des peuples natifs (Journal Provincia 23, Rio Grande, 01/08/2018 : « Investigadora francesa realiza un importante trabajo sobre pueblos originarios »

Une chercheuse française développe d’importants travaux sur la grande île de la Terre de Feu, pour tenter d’analyser « l’environnement sonore des peuples nomades du sud du détroit de Magellan, en considérant la ressource sonore comme ressource culturelle ». Elle a parcouru des milliers de kilomètres et enregistré plus de 50 heures de sons pour tenter de mieux comprendre la culture, la mythologie et les expériences des peuples autochtones. Ses travaux ont été sélectionnés parmi tant d’autres par la Sorbonne Université.

 

Lauriane Lemasson est une jeune française, originaire de Bretagne, qui travaille dans la région pour soutenir sa thèse de fin d’études à Sorbonne Université, basée sur une étude multidisciplinaire de l’environnement.

Elle se trouve actuellement à Río Grande, d’où elle effectue des excursions en bateau et à pied, parcourant différentes zones de la grande île de la Terre de Feu, tant chilienne qu’argentine, pour collecter des données, des informations, des sons et des expériences qui l’aident à réaliser son travail, où se combinent des domaines tels que l’ethnographie, l’écologie sonore et la géographie.

« Enregistrez le son des oiseaux, apprenez quand ils apparaissent, découvrez l’écho qui se produit à différents endroits et lisez la forme des nuages » indique Lemasson, en faisant référence aux multiples tâches qu’elle a développées pour avancer dans une étude qui l’aidera à se transporter à l’époque où Shelknam, Yámanas et Alakalufes peuplaient la région, en harmonie avec l’environnement.

«C’est ma thèse de doctorat, car j’ai terminé le master en 2013 avec une expédition dans la partie argentine. J’ai sillonné des lieux pendant trois mois et demi avec un sac à dos, un appareil photo et un enregistreur. J’ai marché pendant 2 mille kilomètres, enregistrant des sons, parcourant le territoire occupé par les Shelknam ; essayer de faire partie de l’environnement et de comprendre un peu leur environnement, ses sons, la météorologie ; lire les marques qui apparaissent et collecter des informations », explique la chercheuse française à propos de l’étude qu’elle mène et qui a traversé différentes étapes depuis 2013.

Elle dispose de 50 heures d’enregistrements de sons différents et a pu relier « les chants qu’Anne Chapman a enregistrés de Lola Kiepja » avec les sons collectés. Les audios l’ont également aidée à comprendre « la présence des sons dans la mythologie, car il existe de nombreux mythes qui décrivent ces bruits, ces chants et toute la question sonore ».

« Il me semble que le son a un effet plus sensible, il y a une vibration, une résonance et c’est une manière de comprendre et de ressentir le territoire. Ce sont comme des signatures sonores, cela fait partie de l’identité du territoire. Les résonances, l’écho, le silence total ; C’est ce que je suis allée chercher parmi les mousses et les tourbes», raconte Lauriane Lemasson.

Le type de travail qu’elle effectue a une histoire en milieu urbain, mais pas dans cette région choisie par la professionnelle française. Elle dit qu’elle a choisi la pointe sud de la Patagonie en raison des références qu’elle avait sur la région lorsqu’elle était étudiante, et qu’elle envisageait de relever ce défi après un grave accident de voiture qui l’a amenée à ressentir le besoin de réaliser ce rêve.

Le projet de recherche qu’elle mène a été sélectionné parmi tant d’autres par Sorbonne Université, pour être mis en œuvre sur trois ans. Au cours de son voyage, elle a marqué plus de 3 mille points différents du territoire, découvrant des lieux et des sons.

« Il s’agit de comprendre une culture, et pas seulement dans sa dimension archéologique », a-t-elle fait remarquer. Elle se donne désormais pour tâche de rassembler tout le matériel de sa thèse, puis s’engage à publier l’ouvrage pour qu’il soit connu. Les personnes intéressées peuvent accéder au projet et contacter Lauriane Lamasson sur la page www.karukinka.eu

http://red23noticias.com/investigadora-francesa-realiza-importante-trabajo-sobre-pueblos-originarios/

Appel à coéquipiers : expéditions pluridisciplinaires 2017-2019

Appel à coéquipiers : expéditions pluridisciplinaires 2017-2019

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L’association Karukinka recrute deux coéquipiers pour son projet d’expédition australe 2017-2019 en autonomie totale en kayak de mer et à pied.

La partie maritime consistera à naviguer dans les îles du sud du détroit de Magellan afin de recenser les anciens territoires yagan, de procéder à des relevés scientifiques (cartographie thématique, acoustique,…) et de collecter des images et des sons qui serviront de matière première pour témoigner de ce vécu auprès de nos partenaires et du public (cf. onglet « Projet d’expéditions 2016-2019). Les passages à la marche entrecouperont ces navigations d’îles en îles et se dérouleront en terrain montagneux et sauvage (forêt fuégienne, neige, glace, tourbières…). Elles donneront lieu à l’ascension de plusieurs sommets pouvant requérir les techniques d’approche de l’alpinisme.

Pour ce projet, nous recherchons donc des personnes expérimentées, disponibles et ayant à coeur de donner vie à cette exploration du Grand Sud patagon.

L’aventure vous tente ? Alors n’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus et/ou à nous envoyer votre candidature (CV, lettre de motivation et, si connues, vos disponibilités pour les trois prochaines années).

Au plaisir de vous compter parmi nous,

L’équipe de Karukinka

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L’Homme et la Nature, une même communauté

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Les activités de KARUKINKA sont nées de la conviction que les enjeux écologiques doivent s’inscrire dans une dynamique de relations directes homme / nature. Notre vie quotidienne, l’éducation de nos enfants, nos activités économiques, se déroulent pour l’essentiel dans un cadre spatio-temporel d’où la nature est absente.

Le développement durable et l’écologie s’inscrivent chaque jour d’avantage dans l’horizon politique et intellectuel de nos sociétés modernes. Cette conscience collective émergente doit, pour s’installer durablement, trouver un relais dans les consciences individuelles, dans l’intimité de la relation qu’entretient chacun avec la nature.

Il est donc essentiel de générer des dynamiques de revitalisation du dialogue homme/nature. L’ambition de KARUKINKA est, à sa modeste mesure, de contribuer à cet objectif.

Ce projet d’expédition est de comprendre la relation entre les cultures indiennes (Haush, Selk’nam et Yahgan) et la nature au sud du détroit de Magellan, avec deux approches :

– S’immerger dans des lieux autrefois habités par les indiens et suivre leurs pas en se référant aux travaux anthropologiques antérieurs ;

– Etudier l’environnement sous différentes facettes grâce à une équipe de chercheurs de spécialités différentes ;

– Enregistrer et photographier les territoires traversés ;

– Développer une approche sensible de l’environnement et prolonger cette étude par des créations artistiques, conférences et expositions qui permettront au public d’appréhender cet espace et de s’en imprégner.

Ouverture du site internet de l’association Karukinka

Bonjour à tous !

Nous vous souhaitons la bienvenue sur le site officiel de KARUKINKA.

Après des années de travail, c’est désormais officiel : depuis le lundi 27 janvier, l’association KARUKINKA a été fondée suite à l’initiative de Lauriane Lemasson.

C’est au sein de cette structure à but non lucratif que nous allons pouvoir concrétiser de nouveaux projets en régions polaires et subpolaires, avec en ligne de mire pour cette année :

-la diffusion des actualités politiques, scientifiques et artistiques de la Patagonie insulaire;

-et l’organisation d’une expédition pluri-disciplinaire dans les îles du sud du détroit de Magellan pendant l’hiver austral 2018.

Vous voulez en savoir plus ? Rendez-vous dans les différentes rubriques de notre site internet pour découvrir qui nous sommes et ce que nous faisons.

Vous avez des questions ? Vous voulez vous joindre à nous ? N’hésitez pas à remplir notre formulaire d’adhésion ou, pour un engagement plus poussé, à nous contacter directement. Nous vous répondrons dans les plus brefs délais.

Bonne lecture et à très bientôt pour de nouvelles aventures.

L’équipe de KARUKINKA