A voir aussi ce soir. Gilles Santantonio suit le quotidien des membres de l’expédition « Ultima Patagonia 2017 » dans leur découverte de Madre de Dios (sur France 5 à 20 h 55).
Par Gauthier Le Bret Publié le 19 décembre 2017 à 17h30, modifié le 19 décembre 2017 à 17h30
C’est une histoire scientifique tout autant qu’une histoire d’hommes et de femmes. Celle de l’expédition « Ultima Patagonia 2017 », qui a bravé les dangers climatiques pour partir sur les traces d’un peuple oublié, les Kawesqars : une population nomade de Patagonie décimée par l’arrivée des Européens. Au nombre de 5 000 environ au XIXe siècle, il ne resterait plus qu’une dizaine de ses représentants, aujourd’hui.
Entre janvier et février, l’association franco-chilienne Centre Terre a organisé une expédition – la cinquième – sur l’île de Madre de Dios, dont plus de la moitié reste quasiment inexplorée. L’équipe, composée d’une quarantaine de scientifiques (géologues, anthropologues, spéléologues, biologistes…), a ainsi été la première à fouler la partie nord de l’île. Pour cela, ils ont dû affronter l’océan déchaîné, les tempêtes et les orages, fréquents sous ces latitudes, où il pleut près de 300 jours par an. Le but final des recherches étant d’inscrire Madre de Dios au Patrimoine mondial de l’humanité.
Peintures rupestres
Tout en découvrant un peuple et une région méconnus, le réalisateur Gilles Santantonio nous fait partager le quotidien des membres de l’expédition. Aussi bien au travail, en train de gravir un mont de calcaire pour y observer la roche ; en plongée afin d’explorer des cavités étroites, ou encore dans une grotte pour y photographier des peintures rupestres de Kaweskars, que dans les moments de partage et de convivialité qui cimentent le collectif. Telle la pendaison de crémaillère organisée pour célébrer la fin de la construction de leur base de recherche, installée à 35 mètres d’altitude pour éviter les tsunamis.
De ce portrait de groupe se détachent quelques personnages attachants, en particulier celui de Richard Maire, chercheur au CNRS et codirecteur scientifique de l’expédition, dont la passion et l’émerveillement demeurent intacts. Guidé par un souci constant de didactisme, le réalisateur met en lumière le rôle de chaque scientifique et permet de saisir les enjeux d’une telle expédition : découvrir une région reculée du monde, en comprendre sa géologie, mais aussi préserver ce territoire et faire partager au plus grand nombre le fruit de leurs découvertes à travers ce film. Mission réussie !
Patagonie. Le mot fait rêver ou reculer. Le réalisateur du documentaire et son équipe, qui ont accompagné 41 explorateurs aux confins de la Patagonie chilienne, sont partis avec la même détermination que les aventuriers. L’objectif? Ausculter l’île Madre de Dios – 80 km2 -, qui appartient au 1 % des terres de la planète encore inexplorées et qui abrite «les reliefs karstiques les plus exceptionnels du globe», selon l’un des chercheurs.
Deux ans de préparation pour une mission de deux mois: volonté, passion et empathie sont les qualités indispensables pour réussir. À chaque instant, le reportage, qui accompagne spéléologues, biologistes, archéologues et géologues au plus près, s’efforce de montrer bien plus que leur travail et leurs découvertes. Si la construction d’un chalet écologique s’éternise, toutes les séquences nous transportent dans des paysages inouïs: une barrière de calcaire vieille de 300 millions d’années culminant à 650 m, avec, à sa base, une forêt magellanique digne d’un décor de cinéma, une grotte suffisamment grande pour abriter Notre-Dame de Paris où se trouvent des ossements de baleine dont l’âge est estimé à 3 200 ans et des profondeurs aquatiques révélant des espèces cavernicoles.
Dans ce milieu hostile et extrême, où seule la nature dicte sa loi, nos Robinsons des temps modernes doivent composer avec une pluie incessante et des vents violents. Il faut accepter d’arrêter une expédition pour privilégier la sécurité. Mais les temps morts n’existent pas. À travers les dialogues entre chercheurs, on réalise que le moindre détail compte et sera mis en relation avec toutes les découvertes sur cette île. En deux mois, ils n’auront inventorié que un dixième de l’île, mais nous auront fait rêver. Ou reculer…
Un documentaire fait résonner des siècles de luttes sociales oblitérées.
Par Mathieu Macheret Publié le 14 février 2017 à 08h40, modifié le 14 février 2017 à 08h40
L’avis du « Monde » – à voir
Existe-t-il dans notre monde surquadrillé une idée du « lointain » où l’aventure et la découverte seraient encore envisageables ? En explorant les paysages surréels de la Patagonie chilienne, à l’extrémité du monde, le photographe et chef opérateur Georgi Lazarevski, d’origine yougoslave, apporte une réponse sceptique et teintée de mélancolie : la société moderne à son stade le plus avancé, celui du tourisme, foule du pied toute terre existante et réécrit l’histoire à l’aune de ses itinéraires tout tracés.
Son beau documentaire Zona Franca, situé dans la province délaissée du détroit de Magellan, s’enroule autour de trois personnages. Le premier, Gaspar, est un vieil orpailleur vivant loin de tout dans son rancho rafistolé. L’or ne faisant plus recette, il propose aux touristes de passage de l’observer dans ses activités. Edgardo, routier très engagé politiquement, participe au blocage d’un axe touristique, en guise de manifestation contre la hausse des prix du gaz. Enfin, Patricia, gardienne silencieuse, surveille les parages de la « Zona Franca », le plus gros centre commercial de la région et espace commercial défiscalisé, où affluent les visiteurs locaux et étrangers. Chacun ouvre un point de vue différent sur les évolutions historiques, sociales, économiques de la région, mais surtout sur l’indécrottable isolement de sa population à travers les âges.
Splendeur terrible
Lors d’une visite dans un ancien abattoir réhabilité en hôtel de luxe, Edgardo rappelle que sous la domination anglaise, à la fin du XIXe siècle, les ouvriers travaillaient 14 heures par jour sans aucun droit. Un passage dans la riche demeure du pionnier et industriel Mauricio Braun, devenue musée, fait ressurgir le souvenir enfoui du génocide des aborigènes, de la spoliation des terres, de l’exploitation à tous crins – désolantes annales qu’une guide réunit sous le terme de « Patagonie tragique ».
Ce mois-ci, le n°333 du magazine « Terre Sauvage » met à l’honneur, entre autres, la Patagonie.
À l’extrême sud du Chili, les steppes de Patagonie se heurtent aux glaciers du Parc national de Torres del Paine. Stéphanie Françoise et Stefano Unterthiner ont exploré ce site unique au monde, animés d’un fol espoir: rencontrer le mystérieux puma.
Aujourd’hui sort à Santiago « Tanana » un long-métrage qui montre un habile charpentier de marine construisant son bateau et partant naviguer, comme ses ancêtres, au cœur de l’archipel du cap Horn.
Il aura fallut cinq ans pour obtenir ce documentaire d’une grande beauté scénique et surprenant d’intimité.
Dans « Tánana » (2016, 74 minutes), l’anthropologue Alberto Serrano et le réalisateur Cristóbal Azócar témoignent de comment Martín González Calderón (62 ans) est retourné naviguer dans les îles de Tierra del Fuego, sur un bateau à voile, celui qu’il a construit face à la caméra.
Neveu de Cristina Calderón, la dernière locutrice yagán, le personnage principal se souvient avec beaucoup de nostalgie qu’enfant, il a visité tous les canaux et toutes les îles.
Martin Gonzalez Calderon (photo : Alberto Serrano/Cristobal Azocar)
« Nous avons eu l’idée de voyager dans ces lieux où il n’avait jamais pu revenir, mais aussi de partager cette réalité avec son contexte. Le discours de l’extinction domine tout mais en vérité il y a des nuances. Même lorsque l’installation du Parlement européen et de l’Etat chilien a été très violente, tout n’a pas disparu d’un coup. L’héritage yagan est vivant; et il y a des personnes comme Don Martin qui continue de parcourir les archipels de manière traditionnelle » dit Serrano, directeur du Musée Martin Gusinde et vivant à Puerto Williams.
Il utilisèrent le format digital Full-HD et le tournage dura quatre mois. Ils ont filmé tout le processus de construction du bateau, soit quatre mois depuis le choix des arbres et un important témoignage de la grande maîtrise du protagoniste dans l’art de la charpente marine. Et puis, quand il leva les voiles, les réalisateurs le suivirent pendant quinze jours. Ainsi, ils voyagèrent dans des îles où plus personne ne vit et où les maisons sont devenues des ruines. Ils furent étonnés par les peintures rupestres et les lieux secrets. « Par sa géographie, c’est un lieu unique, très extrême. En hiver il n’y a pas de jour et il n’y a pas de nuit en été. J’apprécie beaucoup la faune: les oies, baleines et dauphins sont à portée de main. Et les condors volent au ras de la mer. », ajouta Azócar.
Les histoires du protagoniste sont concises et pleines de sens. Il a traversé quatre fois le faux cap Horn. La première fois fut avec son père et la plus difficile car une tempête avait endommagé le petit bateau. Son père a commencé à le réparer puis il su que c’était à son tour de gérer la navigation. Il avait 12 ans.
« Le plus puissant et important de la navigation traditionnelle est son lien avec le lieu; chaque baie est une maison. Don Martin a une sagesse qui lui a été transmise par l’amour de son espace de vie. Mais cette connaissance est en train de disparaître, il se trouve donc dans une phase charnière : ses parents ont toujours navigué mais ses enfants n’en ont pas la possibilité », ajoute Serrano.
« Tánana » (« être prêt à naviguer », en langue yagán) reçu le premier prix au Festival de Cinéma de la Patagonie, et sera présenté ce soir à Santiago, au Matucana 100 (19:30). L’accès est gratuit mais sur inscription en envoyant un mail à l’adresse suivante: matucana100@m100.cl.
« Cette année nous allons faire voyager le film pour le présenter de manière personnelle, et nous croyons qu’il pourrait être un bon outil au niveau scolaire. » suggère Serrano. Le documentaire a pu compter sur le financement d’un Fonds Audiovisuel.
Romina de la Sotta Donoso pour le journal « El Mercurio » (http://diario.elmercurio.com/2016/06/20/actividad_cultural/actividad_cultural/noticias/FB718A3F-12C4-40C1-9EB3-975EA0F5DEC0.htm?id={FB718A3F-12C4-40C1-9EB3-975EA0F5DEC0})
Publiée le 11 août 2015 à 06:24 par Carole Lafontan (http://www.montagnes-magazine.com/actus-la-patagonie-8k)
Il n’aura fallu pas moins de 6 semaines de tournage, 100 000 clichés et 7 500 km de route avalés entre le Chili et l’Argentine pour que la Patagonie, terre indomptable par excellence, révèle toute sa beauté et sa grandeur dans un time-lapse en 8k (ultra haute-définition) savamment orchestré par le réalisateur allemand Martin Heck (Timestorm Films). M-a-g-i-q-u-e-.
Si la vidéo ne fait que 4 minutes et des poussières, elle suffit à lever le voile sur une terre lointaine, une contrée sauvage aux histoires légendaires et aux paysages indociles. La Patagonie et son lot de reliefs incroyables (ciels étoilés saisissants, pampa à perte de vue, glaciers gigantesques, fjords escarpés, vertes vallées ou sommets acérés) défilent ainsi sous nos yeux, dans un time-lapse inédit.
Parti de Santiago, la capitale chilienne, le jeune réalisateur allemand Martin Heck, qui avait déjà créé le buzz en juin dernier avec sa vidéo en time-lapse de l’éruption du volcan Calbuco (en accéléré), une pépite visuelle et sonore, a terminé son périple à la pointe méridionale de l’Amérique du Sud, dans le détroit de Magellan, 6 semaines plus tard, avec 100 000 photos en poche et 7 500 km au compteur. Mais surtout, un film novateur, baptisé Patagonia 8k en référence à la résolution d’image adoptée (de l’ultra haute-définition soit une image capable d’afficher jusqu’à 33 millions de pixels) qui montre une nouvelle fois la montée en puissance de Timestorm Films.